Posté le : 13 oct. 2022 à 22:56:22
3968
LES OMBRES DE KARAIMU
Cela faisait des mois, non des années que Shinjitsu Takayama et ses amis Tatsurou Shibata et Hiromitsu Tokuta s’étaient reclus dans ce pauvre petit village de Thoukotan, un modeste hameau de 120 âmes nichés entre 2 collines touffus d’Ylma Jinu à des centaines de kilomètres de la capitale, Karaimu.
Shinjitsu, Takayama et Tatsurou étaient 3 jeunes hommes tous issus de Seopo, une des villes les plus pauvres du Grand Karaimu. Ayant grandi dans la misère qui caractérise la préfecture d’Asadaka ils ont partagé les mêmes bancs à l’école mais aussi les mêmes déboires scolaires, les mêmes échecs aux examens, les mêmes châtiments d’humiliations de leurs parents, les mêmes échecs professionnels mais après avoir vu leurs chemins séparés par des mois de prisons. Après des années d'errances solitaires, les 3 jeunes hommes se croisèrent à la sortie du bureau des chômeurs du 27e district de Karaimu. Après avoir longuement discuté autour d’un verre, les 3 amis emménagèrent dans le même petit appartement de 16m2 pour échapper à l’expulsion de leurs logements respectifs.
C’est alors que commença une longue et rampante radicalisation des 3 jeunes burujois, ne sachant que faire de leur longue et monotone journée de chômeurs, à surfer sur le net, mais pas l’internet burujois classique qui permet au simplet sujet de l’empereur d’accéder au site internet de la P-TV, de consulter les décrets royals ou de consulter la météo ou des recettes de cuisine. Non ! Ils consultaient des sites de plus en plus sombres, des petits sites de niche reécrivant totalement l’histoire coloniale burujoise, présentant le peuple burujois comme le peuple élu par les dieux pour répandre le progrès et la connaissance dans le monde. Ils découvrirent également les mouvances anti décolonialisme, dénonçant les actes d’indépendances du Majanda, de la Marohni et des autres territoires décolonisés. Ces sites accusaient le peuple, anciennement burujois, de ces pays d’avoir causé la ruine de l’empire, de plonger ces habitants dans la misère, de les avoir privés de leurs ressources légitimes. Ils sombraient de plus en plus dans une forme de paranoïa impérialiste. Lors des rares fois où ils quittaient leur appartement, la moindre vue d’une personne étrangère faisait naître en eux une violente envie de se prendre physiquement à eux. Ils étaient convaincus que ces “étrangers” étaient des agents de l’ennemi et qu’ils étaient là pour faire chuter le pouvoir impérial. Une fois, Tatsurou n’a pas pu contenir en lui sa rage et attaqua “l’étranger” qui sortait de l’épicerie qu’ils fréquentaient régulièrement. il lui sauta dessus puis lui donna de multiples coups au visage. L’épicier sortit aussitôt de sa boutique pour protéger cet “étranger”, en réalité un burujois originaire de Cendane vivant à Karaimu depuis 34 ans. Un client appela la police qui arriva rapidement sur les lieux et arrêta le jeune homme. Après 57 heures de garde à vue et une expertise psychiatrique, Tatsurou est jugé psychologiquement irresponsable et est libéré avec une obligation de soins. Cependant cet épisode ne fera que renforcer leur radicalisation et leur mise à l’écart de la société.
Les trois amis se dirent alors qu’ils fallaient s’en prendre à davantage d’étrangers, petit à petit ils échafaudèrent divers plans lors des torrides nuits d’étés de karaimu, plan tombé à l’eau le lendemain, en même temps que les effluves d'alcool. Mais ils commencèrent tout de même à acheter divers objets qui attirèrent l’attention des voisins, comme des couteaux, des bouteilles d’acides, des valises, des cordes… Après plusieurs dénonciations et plusieurs visites surprises de la police. Les 3 amis fuirent Karaimu du jour au lendemain et commença alors un très long et discret cache cache avec la police impériale puis avec les très puissants services de l’Inperiaru Naibu Tero Taisaku Sabisu, l’INTTS, l’immense service de l’anti terrorisme intérieur, branche semi scrète des colossaux services de renseignement burujois. Après de longs mois à changer de logement tous les 4 matins, à fuir dans des villages de plus en plus petits et reculés. Les 3 amis laissèrent toutes leurs affaires dans leur planque de Thoukotan, se rendirent à l’aéroport de Bong Dang, grimé en honorable vieillard de 75 ans et quittèrent le territoire impérial pour rejoindre la Mahronie avec un seul objectif : faire un attentat pour tuer et terroriser le plus de Maronhiens ou Maronhiennes possible. Et Et faire comprendre au peuple maronhien impie qu’il faut revenir dans le droit chemin.