21/02/2015
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[Encyclopédie] Le Grand Kah

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Encyclopédie du Grand Kah


Torche cerclée

DrapeauTorche cerclée

Nom officiel : Union des Communes, Républiques et Syndicats du Grand Kah
Nom courant : Le Grand Kah, Kah-Shi-Xtlec, l'Union, la Confédération

Forme de l'État : Union confédérale avec régime communaliste libertaire directorial
Fête nationale : Fête de la Confédération, 26 Mai
Capitale : Aucune (de jure)
Commune administrative spéciale d'Axis Mundis (de facto)

Monnaie nationale : Bon de consommation Bc (Boncos) (interne)
Devise Libertaire Kah-tanaise Dlk (Devlib-kah), dédiée au commerce extérieur

Idéologie officielle : Kah (communalisme libertaire)
Langue officielle : Syncrelangue (langue artificielle mélangeant des éléments de langues latines et japonaise.)
Langues reconnues : Japonais, chinois, coréens, nahuatl, quechua, espagnol, portugais, français.

Devise officielle : Union, gloire, liberté ou la mort !
Hymne officiel : Chant des Peuples

Devise officieuse : Sachons vaincre ou sachons périr
Hymne officieux : Ôde à l'Être Suprême

Population (données Décembre 2007) : 73 738 629
Densité : 86 hab./km²
Gentilé : Kah-tanais/Kah-tanaise
Plus grandes villes : Lac-Rouge, Heon-Kuang, Tlacuahian, Nayoga Lamanai
Superficie totale : 850 479km² (739 294km² en Paltoterra)
Territoires de l'UnionCarte Grand Kah
Eaux nationales non-représentatives


Sommaire
Généralités
Étymologie
Religion
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Généralités



Le Grand Kah, en forme longue Communes Unies du Grand Kah, est une confédération transcontinentale de territoires souverains dont le territoire métropolitain de facto est situé en Paltoterra du nord et dont le territoire dit exclave est situé Afarée du nord, dans les océans d'Espérance et Sukaretto, au Nazum ainsi qu’en Aleucie de l'Ouest. L’Union a des frontières terrestres avec le Maronhi, le Yuhanaca, le Vinheimur, le Carnavale, le Burujoa et l'Izcalie.

Avec une population estimée en 2007 à 73 738 629 habitants, le Grand Kah se classe dans la moyenne haute des pays les plus peuplés. La population se concentre principalement au nord des territoires Paltoterrans, sur les côtes colonisées où se trouvaient déjà les métropoles autochtones. Un compte aussi un très important foyer de population au nazum. De bonnes conditions de vie ont permis une croissance rapide de la population dès le 19ᵉ siècle, qui s’est depuis calmée suite à la prolifération des moyens de contraception.

Plus de 75% des Kah-tanais parlent le syncrelangue (généralement en seconde langue). Les langues régionales ont droit à un niveau de reconnaissance égale, ce qui se traduit par une grande diversité des langues parlées. La charte constituante confédérale protège le droit des communes à employer la langue de leur choix dans leur fonctionnement quotidien. Cette spécificité s’accompagne d’une très importante multiculturalité. En conséquence, le Grand Kah est une nation au sens civique du terme : faute d’unicité culturelle ou linguistique évidente, la Confédération tient grâce à un important sentiment d’appartenance à la communauté kah-tanaise, fondé sur une importante histoire commune ainsi que sur un socle de valeurs partagées, telles que le communalisme, la démocratie directe et le syncrétisme culturel.

Politiquement, le Grand Kah est une confédération communale, composée de territoires souverains hautement autonomes liés par une charte constituante. La principale mission de la confédération est de coordonner les efforts communaux et la défense du territoire. Le Grand Kah se caractérise et défini comme une union, dont la Confédération est une administration commune plus qu’un gouvernement au sens unitaire du terme. Le Grand Kah servit d’exemple et contre-exemple à de nombreux textes, y compris parmi ceux ayant justement fondés le principe moderne de nation.

La présence humaine au Grand Kah paltoterran remonté à plus de 40 000 ans avant notre ère. Un ensemble de conditions favorables permirent l’émergence d'importantes cultures autochtones, dites méso-paltoterranes. On compte notamment les civilisations Nahualtèques, Chan-Chans, Zoeltèques, Ayan et les confédérations Nueltèques. Certaines de ces civilisations avaient déjà disparu avant l'arrivée des colons eurysiens et nazuméens. Les cultures autochtones, d’abord menacées par la colonisation, ont laissées un important héritage, redécouvert dès le 18ᵉ siècle lorsque les premiers mouvements humanistes et indépendantistes apparaissent du sein du Grand Kah. Sur bien des aspects on peut considérer l’actuel Grand Kah comme une continuation de ces civilisations méso-paltoterranes, faisant de l’Union l’une des plus anciennes civilisations du monde.

Le Grand Kah apparaît après la guerre d'indépendance de 1774, qui prit fin en 1784 lors du sacrifice rituel du Daïmio colonial Burujoen et de la capture des derniers avant-postes eurysiens par les troupes autochtones confédérées. Cette première confédération, menée par une junte de chefs indigènes et de jeunes politiciens issues des populations colonnes, opte pour un système décentralisé lors d'un vote à 301 contre 299. Il s'agissait d'abord de répondre à la nature extrêmement compliquée à gouverner du territoire national, et de ménager les sensibilités des différentes cultures et tribus de la jeune nation. La première confédération durera jusqu'en 1801, date à laquelle les mouvements les plus conservateurs de la société, inquiétés par la montée en puissances de ceux qu'ils surnomment les "enragés" à la Convention nationale, organisent un coup d’État mettant au pouvoir le général Jin Sukaretto (second choix des conspirateurs, le premier général choisi s'était désisté du fait de son grand âge.) C'est la période dite de l'Empire.

L'Empire durera de 1801 à 1816. L'administration de Jin Sukaretto se caractérise par un fort désir de centraliser le pouvoir, un rejet des particularismes régionaux, une tentative de réinstaurer un système d'Haciendas et de grandes propriétés, abolies par la révolution, et un nationalisme militant amenant à de nombreuses guerres continentales. L'Empire chutera finalement suite à une série de défaites militaires, largement rendues possibles par l'action de guérillas révolutionnaires, qui s'organiseront ensuite pour saisira le pouvoir laissé vacant par l'empereur, et éviter la conquête du Grand Kah par ses ennemis. Cette prise de pouvoir donnera lieu à ce que les historiens qualifient parfois de purge ou de terreur : de grands procès des conjurés à l’origine du putsch, des généraux et ministres impériaux, des grands propriétaires. La seconde confédération s’emploiera à définitivement abattre la réaction, et poussera les idées humanistes et libertaires de la révolution à leur conclusion logique, installant un régime que l’on peut qualifier de socialiste.

Cette politique inquiétera les puissances régionales et internationales, notamment après l'inclusion au Grand Kah de territoires Aleuciens et Afaréens, suite à des révolutions d'esclaves ou d'ouvriers largement assistées par l'Union. Un cartel de pays financeront un retour à la monarchie, incarnée par une invasion doublée d'un putsch militaire. Ce second Empire durera de 1848 à 1864. Plus libéral et moins nationaliste que son ainé, cet empire fut caractérisé par le souci de l'Empereur Obuo Sukaretto de respecter la culture naissante du Grand Kah, et certaines des institutions ayant précédées son arrivée au pouvoir. Mettant en place une libéralisation de l'économie et conservant une certaine forme de parlementarisme, il sera finalement renversé lors d'une révolution de velours, qui ne fera pas de morts ou presque, mais amènera tout de même aux guerres de Réaction, lorsque les partisans du régime, effrayés à l'idée d'une nouvelle Terreur, se réfugièrent dans le sud du pays pour y mener une guérilla largement financée par l'étranger. Cette guerre s'étendra jusqu'aux années 30 où elle évoluera en conflit majeur lorsque les mouvements fascistes internationaux tentèrent une incursion au Grand Kah, qui reçu en soutient l'aide de plusieurs puissances libérales et de l'ensemble des mouvements socialisants de la planète. De manière tristement ironique, ni Obuo Sukaretto ni ses proches ne furent inquiétés suite à la révolution de velours, et une partie de l'ancienne famille impériale vécu au sein de l'Union en tant que simples citoyens.

La troisième confédération du Grand Kah souffre donc d'une histoire marquée par la guérilla et l'hostilité d'une partie du monde extérieur. C'est pourtant une période d'intense prospérité économique et de grande influence culturelle à l'échelle mondiale. Le Grand Kah, véritable refuge pour les pauvres et les intellectuels de toute la planète, devient une nation de diasporas, finançant largement le progrès technique et les arts. Son cinéma connaît un succès international très important des années 30 aux années 80, son système politique se raffine avec la création de nouveaux commissariats, son territoire morcelé se fait de plus en plus unifié à mesure que les lignes de train se créent. Cet âge d'or verra aussi l'avènement des mouvements technocratiques, qui arriveront au pouvoir sur un programme d'ultra-modernisation amenant à la création du tout premier réseau informatique mondial, qui cherchait à stocker des données sur l'ensemble de la production de chaque commune pour moderniser la gestion de leur économie. Plusieurs tentatives économiques eurent aussi lieu, telle que la relative libéralisation économique des années 20, la création de premiers groupes kah-tanais internationaux indépendants de la confédération, et une politique plus favorable aux échanges économiques. Cet âge d'or prendra fin en 1985, soit trois ans après l'arrivée au pouvoir du Comité dit Cybernéticien, lors d'un nouveau coup d’État réactionnaire, notamment financé par la dictature Izcale. Cette nouvelle junte, divisée dans ses aspirations concrètes, surpassera largement les précédentes dans son incohérence politique et sa brutalité envers la population. S'en suivront de longues années de troubles civiques, le régime survivant principalement grâce aux perfusions de ses mécènes, il s'effondrera finalement lors de la Quatrième Révolution, qui amènera à la victoire finale des communalistes en 1992, et ouvrira l'ère actuelle de l'Union. La période de reconstruction s’étendant de 1992 à 2005 est surnommée Miracle économique Kah-tanais.

En 2007, le Grand Kah est la troisième puissance mondiale, avec un produit intérieur brut de 995 milliards de Dlk. Largement industrialisé, la plupart des indicateurs économiques rendent difficilement état de sa situation particulière. Les indicateurs de démocratie, de liberté de la presse, de probité de la vie publique et de qualité environnementale et de vie sont tous parmi les plus élevés au monde, malgré une économie dépendant de la propriété collective (et donc pas libérale au sens classique du terme) et une justice appliquant très largement la peine de mort. C'est aussi l'une des premières destinations touristique au monde. C'est un pays dit "mégadivers", abritant 10 % à 15% de la biodiversité mondiale et comprenant plus de quatorze mille espèces endémiques.

C'est l'une des nations fondatrices de l'Internationale Libertaire. Elle est aussi signataire du traité de Tiarmina.
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Étymologie



Le territoire que couvre actuellement la partie dite continentale (Paltoterranne) de l'Union avait de nombreux noms avant et pendant la colonisation. Outre les noms régionaux, les envahisseurs parlaient notamment de "Nouveau Burujoas", des "Seize Colonies", des "Hautes terres". Le nom de Grand Kah, cependant, Kah-Shi-Xtlec dans la variation locale du nahuatl, a des origines antiques, sa trace se trouvant sur plusieurs codex aussi vieux que le IIIème siècles, et ses racines sémantiques remonteraient pour leur part à l'antiquité classique.

"Grand Kah" fait référence à un principe mystique, l’Éternel Recommencement, élevé en précepte moral et philosophique par les révolutionnaires. La Roue du Kah est caractérisée par la fusion des volontés populaires. Un Kah est une alliance. Un syndicat. Une commune. Un Kah est un regroupement d'individus autours de notions ou d’intérêts communs, mais développant à terme des liens de fidélité ou de compagnonnage plus forts, dépassant les raisons initiales du rassemblement. C'est en quelques sortes une version autochtone du contrat sociale, qui transcenderait sa nature d'entente strictement raisonnable. Un Kah est un ensemble agissant pour l’intérêt général de son groupe. Il existe différentes façons de le concevoir – comme une métaphore politique, une réalité mystique, un impératif moral.

Le Kah est souvent représenté par une roue donc chaque membre est un rayon. La roue avant, reprenant systématiquement une position similaire à force de tours, mais progresse sur la route vers sa destination. Grand Kah pourrait donc être, très imparfaitement traduit, pas la "Grande Roue", mais il s'agit plutôt, dans sa conception philosophique ou dans les traductions les plus tortueuses des termes nahuatl, d'un rassemblement de plusieurs Kah, d'une union de volontés.

Si à terme ce nom est devenu celui d'un pays, il était à la base pensée moins pour désigner des frontières géographiques données que des individus rassemblés par une volonté commune. Le Grand Kah était à l'origine le terme désignant les révolutionnaires, puis tous les hommes "libres". Techniquement, sur le plan du sens et des mots, tout révolutionnaire, tout libertaire, peut se désigner de kah-tanais. Le Grand Kah, en lui-même, est une notion strictement confédérale.

Globalement, les kah-tanais utilisent très rarement le terme "Kah" pour désigner leur nation. Le Kah est un concept philosophique distinct du Grand Kah en tant que confédération. Cet abus de langage est toléré chez les étrangers. Concernant les "kah-tanais", le terme est utilisé pour désigner les habitants du Grand Kah géographique, mais aussi ceux se réclamant de sa philosophie et, parfois, des révolutionnaires alliés de l'Union. Seules des informations contextuelles exprimées par ailleurs permettent de vraiment déterminer le cas de figure. Cependant les kah-tanais ont développés plusieurs expressions pour s'y retrouver. On parle ainsi de kah-tanais pour ceux habitant l'Union, de personne du Kah pour ceux ayant quitté le sol de l'Union pour habiter ou travailler à l'étranger, partisans du Kah pour les personnes qui ne sont pas né ou n'ont pas habités l'Union mais se réclament de sa philosophie. Ces termes n'ont aucun aspect officiel et le terme "Kah-tanais" et utilisé de façon interchangeable pour désigner l'ensemble des cas de figure.
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Religions



Et ouais. Rien que ça.

Il existe de nombreuses religions au Grand Kah, dont les principales sont le shintoïsme et le catholicisme, importées par les colons, et le teotlisme, natif de la région. Ces dernières peuvent être exprimées simultanément grâce un syncrétisme largement défendu par l’Union dans les premières années de son histoire et trouvant ses origines dans la période coloniale. Il n’est pas rare de voir des rites, des traditions ou des mythes de religions différentes être mélangés à l’échelle locale, notamment grâce à l’aspect animiste d’un certain nombre de cultes se prêtant à ce genre de réappropriation. Les kah-tanais ont un rapport assez neutres aux religions, ceux d'entre-eux qui entretiennent une vie spirituelle et en pratiquent souvent plusieurs en même temps.

Le Grand Kah ne dispose pas de statistiques officielles permettant d’établir le poids exact de chaque communauté religieuse, ainsi les estimations doivent se fonder sur des enquêtes d’opinion dont l’exactitude reste relativement discutée. On peut cependant affirmer que l’Union est un pays très divers du point de vue des religions, doté d’une forte tendance à la mobilité des croyants malgré une décroissance relativement constante du nombre estimés d’individus se réclamant d’une religion. Durant les siècles coloniaux, les esclaves déportés d’Afarée et du Nazum du sud ont amenés leurs propres cultes qui se développèrent malgré les pressions gouvernementales et se mélangent aux cultes officiels, donnant naissance à d’importants mouvements afro-kah-tanais. De même, la relative liberté offerte par le contexte colonial poussa plusieurs communautés persécutées - protestants, juifs, sikh, sectes musulmanes - à tenter l’aventure coloniale. Ce phénomène d’immigration religieuse s'intensifie largement après la révolution, qui octroya des droits égaux à chaque individu quelle que soit son origine, sa couleur de peau et sa foi - puis encore durant le XIXème siècle, durant lequel l’Union organisa une politique pro-migratoire favorisant l’exil de communautés religieuses.

Depuis la fin du XXème siècle et la dernière révolution, les religions organisées subissent une forte décroissance du nombre de leurs adeptes en partie due à des politiques confédérales laïcistes, en partie due à la perception populaire faisant des cultes organisés (notamment l’Église Catholique) des collaborateurs actifs de la Junte renversée. Le nombre de personnes se déclarant agnostique ou sans religion augmente fortement, dépassant les 60%, et le taux de pratique religieuse est relativement faible.

Malgré le caractère hostile aux religions et à leur influence du régime communaliste, la pratique religieuse est autorisée et défendue par les textes et accords révolutionnaires, tant que cette dernière ne cherche pas à “exercer une influence sur le fonctionnement démocratique de la société”. De nombreuses législations communales et accords confédéraux encadrent ainsi son fonctionnement, visant à assurer qu’aucune forme de culte ne puisse émerger comme pouvoir politique. Le Grand Kah est, en pratique, une nation laïque. De même, le système économique Kah-tanais rend difficile l’installation d’un temple sans l’accord des communes, qui seules peuvent prêter leur terre, et est structurellement impropre à toute accumulation de richesses par un culte.

Enfin, les communes exclaves sont dotées de leurs propres spécificités religieuses et socio-culturelles liées à leur éloignement géographique avec les communes continentales. On note par exemple que les communes afaréennes sont à majorité musulmanes. Cependant le développement de la tendance irréligieuse y suit le même cours que dans le reste de l’Union.


Teotlisme

Le terme même de Teotlisme est assez discutable. Donnant l’impression qu’une religion soudée et unitaire existerait, similaire parmi les différentes grandes sociétés organisées du continent Paltoterra. Et si on ne peut pas nier des racines communes et un important métissage entre les religions de l’Empire Yuhanaca et celle des différentes sociétés de la corne nord, où se trouve désormais le Grand Kah, le terme teotlisme reste relativement insuffisant pour désigner la réalité historique et culturelle de ces cultes.

Le teotlisme qualifie ainsi la foultitude de panthéon animistes et de religions organisées dont le principal lien, outre la proximité géographique et culturelle, et une conception panthéiste des choses : les dieux et esprits ne sont pas distincts des choses, les dieux et esprits sont les choses. C’est le principe du "teotl" auquel cette désignation doit son nom.

Diversement présent et diffusé à travers les âges, le teotl est un terme nahuatl désignant l'aspect sacré ou divin d'une chose. Plus précisément, il faut concevoir le teotl de façon similaire au concept de "mana". Le teotl est, en somme, un pouvoir. Une énergie en mouvement et mutation constante. Qui crée, forme, guide et dépend de la réalité physique. Le teotl est à la fois l'univers et son contenu. Les dieux y tiennent une fonction duale de divinités (personnages auxquels on voue un culte) et d'énergie que l'on peut incarner, invoquer, se traduisant dans des formes ou des phénomènes tels que le sang, le cours d'une rivière, le feu mais aussi le chant, l'art, l'expertise, la science. Le terme teotl n'était pas utilisé par tous les peuples et différentes langues utilisent différents termes pour le désigner.

D’autres caractéristiques du teotlisme sont le recours à des calendriers astronomiques extrêmement détaillés et précis, la construction de temples monumentaux de forme pyramidale, le recours au sacrifice d’objets, d’animaux et d’humains, généralement de prisonniers de guerre. D’importants débats divisent les théologues et historiens sur l’aspect religieux ou culturel de ces aspects : le teotlisme s’incarne-t-il dans la construction de temples et l’organisation de cérémonies selon des principes astraux ? Ces cultes sont-ils caractérisés par leur aspect esthétique où sont-ils avant tout une forme d’animisme panthéiste ? Ces questions sont importantes, car plusieurs religions sud-paltoterrannes, disparues ou encore pratiquées, s’éloignent des définitions les plus englobantes du teotlisme en omettant certains aspects (sacrifices, cultes astraux, pyramides) tout en conservant des conceptions similaires telle que la présence d’un concept proche du teotl.

Les kah-tanais parlent ainsi plus volontiers de “religions natives”, “religions meso-paltoterrannes”. Le terme teotlisme sera cependant utilisé ici pour désigner l’ensemble des cultes natifs de la région, ceux-là partageant de toute façon de nombreux syncrétisme, aspects similaires, auxquels la seule distinction culturelle ou religieuse ne suffirait pas à retirer toute signifiance.


Christianisme

Le Christianisme représente, au sein du Grand Kah, un cas particulier. Comparable au Shintoïsme en ça qu’il s’agit d’une religion importée par des colons et diffusée à des fins de contrôle de la population et de légitimation du pouvoir politique, la conquête graduelle de l’ensemble du territoire par les damïo nazuméens plaça finalement l’importante population eurysienne de la côte Est du Grand Kah dans une position défavorable faisant de leur religion une religion minoritaire et relativement réprimée.

Ainsi, lors de la révolution, le démantèlement des cultes organisés répondant au pouvoir politique colonial ne fut pas appliqué à un christianisme aux institutions moribondes et dont les fidèles parmi les plus fervents s’étaient largement ralliés à la révolution. Le christianisme, et plus précisément son pendant catholique, partait ainsi sur de bonnes bases dans le nouveau régime. Cependant, et sans surprise, l’Église favorisa rapidement les courants les plus conservateurs de la société et se rallia ainsi au premier puis au second Empire, perdant en popularité et, peu à peu, la lutte culturelle l’opposant à une union de plus en plus laïcisée. Le coup final fut donné en 1992, lorsque la quatrième révolution mit un terme à la Junte militaire réactionnaire à laquelle s’étaient ralliées une partie de l’institution religieuse. La peuple comme des révolutionnaires ne supportèrent pas cette énième trahison et l’Église Catholique n’évita l’interdiction pure et simple que par l’action de certains de ses membres qui, s’étant illustrés par des actes de résistance et de lutte durant la dictature, prirent à leur charge la réorganisation de ce que l’on qualifiait alors de « Vieille pourrie ».

C’est que le christianisme kah-tanais, malgré une nette résistance des institutions, s’est adapté au contexte culturel national pour devenir une religion de plus en plus progressive, se concentrant sur les messages d’amour, de paix et de partage du Nouveau testament et effaçant progressivement l’ensemble des héritages les plus conservateurs. Ce phénomène, particulièrement observable au sein des mouvements protestants, toucha aussi le catholicisme par l’intermédiaire de la Théologie de la Libération, mélangeant chrétienté et influences socialistes. Le cas particulier catholique est concrètement l’expression de la purge des éléments traditionnels de l’Église après la révolution et de leur remplacement par les tenants de la Libération.

Ainsi, l’Église Catholique kah-tanaise est un genre de compromis : reconnaissant encore le Saint Siège qui les reconnaît aussi, l’Église refuse cependant de nombreux aspects du dogme équivalent. Reprenant des éléments du protestantisme kah-tanais, elle ordonne des femmes prêtes et évêques, autorise le mariage de ses membres, a des positions relativement ouverte (en comparaison aux tenants traditionnels du catholicisme) sur les questions de genre, d’identité et de droit de bioéthique. Véritable anomalie, beaucoup d’observateurs s’attendent à ce qu’un pape un peu conservateur finisse par acter le divorce entre la Catholagne et l’enfant rebelle.

Les autres mouvements religieux tenant du christianisme se sont importés avec les vagues d'immigrations successives. On compte ainsi quelques églises orthodoxes, temples protestants et, depuis peu, une influence limitée mais notable des EAU.


Shintoïsme

Le Shintoïsme kah-tanais n’existe pas, en tant que telle, sous la forme d’une religion réellement organisée. S’il serait de toute façon absurde de parler du shintoïsme au singulier, et de nier la nature multiple et protéiforme de cet ensemble de croyances, la remarque tient son importance du fait que, fut un temps, il existait une doctrine Shinto organisée, gérée par l’État et fermement régulée sur les territoires paltoterrans de l’actuelle union.

D’abord apporté par les marins chargés par la couronne burujoise d’établir des comptoirs au "Nouveau Monde", le Shinto ses répandus comme les autres croyances nazuménnes au gré de la colonisation. Une importante résistance des religions organisées autochtones amena à une série de conflits sanglants, mais le shintoïsme obtint une position dominante dans la région lorsque cette dernière fut finalement entièrement conquise par les colons burujois. C’est à ce moment que le Shinto passe du statut de croyance désorganisée à foi institutionnalisée et au contrôle centralisé : soucieux d’éliminer les religions antérieures et de lutter contre l’influence encore importante de la chrétienté, les daïmios burujois organisent des chasses aux sorcières et des inquisitions. Si aucune action trop radicale n’est prise contre les temples et textes indigènes, la situation demeurant particulièrement explosive dans plusieurs régions du pays, une évangélisation est organisée aux plus hauts niveaux de l’administration coloniale, donnant une forme de Shinto d’État dont le clergé avait un statut de fonctionnariat et la doctrine faisait de la famille du daïmio de lointains descendants de la déesse du soleil Amaterasu.

Le Shintoïsme fut brusquement abandonné en 1783, lorsque les révolutionnaires obtinrent les manettes du pouvoir et décapitèrent le dernier daïmio colonial. La politique de démantèlement des cultes voulu par les franges les plus radicales de la population donna lieu à des saisies massives de biens matériels et immobiliers, à la destruction de nombreux autres, à des autodafés, des assassinats, et une intense propagande visant spécifiquement les croyances Shintoïstes. La répression s’arrêta progressivement, et pris finalement fin avec l’avènement du premier empire. Le Shintoïsme institutionnel, totalement détruit, avait disparu pour de bon.

Mais de nombreuses croyances Shinto y survécurent, soit parce que leur caractère animiste et certains éléments de leur philosophe se prêtait à un mélange avec les doctrines mystiques autochtones, soit par l’action de populations continuant de pratiquer leur foi dans le secret, puis réinvestissant les temples à la fin de la période insurrectionnelle. Désormais le Shintoïsme kah-tanais est avant-tout une histoire de quartier. Les temples sont entretenus par leurs communautés communales, les croyances mystiques dans certains flux d’énergie et kamis persistent dans les régions à forte population nazuméenne, l'ensemble se mélange à d'autres croyances dans des mesures comparables à celles du vaudou, et le Shinto n’a plus aucune vocation politique, moralisatrice ou évangélisatrice. Elle persiste, sans plus.


Les religions territoriales

Sont surnommées religions territoriales celles que l'on trouve dans les communes exclaves. Bien que profitant aussi de l'important syncrétisme kah-tanais, ces territoires lointains jouissent de leurs propres conditions historiques amenant à des paysages culturels et, dans le cas présent religieux, divers.

Les Communes Exclaves de Heon-Kuang sont par exemple un important foyer de taoïsme Zhuangzi qui s’y est développé durant tout le moyen-âge avant d’être progressivement repoussé par l’apparition du bouddhisme. Ancienne capitale du royaume d’Ishimura, la région que couvrent les actuelles communes comptait de nombreux temples et universités des deux croyances. La pensée taoïste fut finalement adoptée par la classe politique du royaume, amenant à son développement et à sa survie. Ce furent même, en partie, des leaders religieux adeptes des écrits de Zhuangzi qui poussèrent le territoire à rejoindre l’Union du Grand Kah. En dehors de cette importance présence du taoïsme et du bouddhisme, Heon-Kuang et le siège d’un nombre important de sectes, sans cesse transformées par le va-et-vient des visiteurs, travailleurs expatriés et immigrés. Une office intercommunale de la religion a d’ailleurs été organisée avec pour objectif explicite de surveiller leur activité et de réduire leurs moyens d’action, empêchant la consolidation de nouvelles religions mais maintenant un certain chaos au sein du petit monde spirituel régional.

A Reavin, le culte organisé n’est pas de mise et l’anti-cléricalisme ouvrier du vingtième siècle évolua en de véritables politiques publiques de répression durant la révolution. Si une faible population catholique existe encore, et que les fois individuelles sont tolérées, l’immense majorité des lieux de cultes installés par les colons vinhois sont à l’abandon, ou utilisés pour d’autres rôles. Des règles très strictes sur la laïcité et la limitation de la parole religieuse dans l’espace public ont été décidées par les communes, qui les renouvellent fréquemment. Il reste cependant un certain nombre de spiritualités locales, mélange de croyances de marin et de pensée autochtones, donnant lieu à un discret culte des esprits selon lequel la ville aurait son propre avatar, la Reavinoise. On peut parfois voir fleurir d’éphémères autels lui étant dédié à elle, ou à quelques citoyens importants, morts en martyr durant la révolution ou disparus en mer.

Les Îles Marquises, en important centre marchand puis principale porte entre l’Eurysie et l’Aleucie, fut un important lieu de brassage religieux. Chaque communauté qui s’y étant attardé voulant y laisser sa marque, la plupart des religions y glissèrent plutôt comme l’écume sur le sable, ne laissant derrière elle qu’un peu d’humidité. La culture celtique aidant, on y trouve des formes lointaines de paganisme daman, et quelques églises chrétiennes de petite taille. Un culte des esprits et des fées y est aussi pratique, évoluant en parallèle au renouveau Wicca. Les Îles Marquises sont d’ailleurs un important lieu de pèlerinage pour les adeptes de cette nouvelle religion, et connut un grand tourisme spirituel durant les années 70, en pleine période New Age.

A Nellnely, ce sont les spiritualités polynésiennes qui dominent, depuis le démantèlement du shintoïsme d’État. On y trouve un important corpus mythologique accompagnant un culte des ancêtres désorganisé. L'adaptation locale des concepts de Kah s’est faite en l’assimilant à celui, comparable, du Mana. Une résurgence des anciennes croyances s’est faite pour répondre au vide laissé par la destruction systématique d’un culte shintoïste qui avait cherché à occuper tout l’espace spirituel de l’île. Il s’est renforcé avec l’arrivée des premiers penseurs décolonialistes, incitant les populations locales à revendiquer leur identité culturelle en réponse à l’occupation des territoires insulaires par des empires étrangers.

A Somagoumbé et Gokiary, c’est principalement l’islam qui domine depuis les invasions arabes dans le nord de l’Afarée, malgré une longue histoire de tolérance religieuse. Gokary, notamment, devint dès le douzième siècle un important port libre, où des flottes de navires de cabotage passaient pour acheminer des biens (puis des esclaves). Le conseil urbain de ce port édicta au cours des siècles plusieurs décrets visant à favoriser le commerce avec les étrangers et la tolérance religieuse. Plusieurs communautés de population opprimée ailleurs se mirent dès-lors à y émigrer. Cultes animistes pré-islamiques, juifs venant parfois même d’Eurysie, de très nombreuses confréries soufies dont l’influence changea définitivement la face de la ville. La seule particularité de Somagoumbé, sur le plan religieux, fut l'implantation de communautés composées d'esclaves afro-aleuciens libérés, qui y établirent de petites colonies où l'on pratique encore à ce jours un mélange unique du catholicisme imposé à leurs ancêtres et des doctrines animistes plus anciennes. Les deux communes afaréenens sont à ce jour les plus ouvertement spirituelles de l’Union. L’islam soufi de Gokiary et les croyances vaudous des habitants de Somagoumbé restent à ce jour unique par leur force et leur vigueur dans une union tendant plutôt vers la laïcisation progressive de la société.


Les "Religions naturelles"

Aussi surnommée religions philosophiques, cultes philosophiques, cultes de la raison, religions révolutionnaires, les religions naturelles sont en fait un ensemble des systèmes de pensée organisés selon des principes se voulant plus "rationnels", tel que ceux prêchés par certains penseurs de Lumières. Leur histoire suit celle de la pensée rationaliste et matérialiste, et d'un besoin de concilier la nouvelle conception philosophique et scientifique du monde et un certain désir de mysticisme que les Lumières et certains de leurs héritiers considéraient innées à l'humain et nécessaire au bon fonctionnement des sociétés humaines.

Si on peut rattacher les religions naturelles à quelques auteurs ou textes précis du dix-huitième siècle, soit critiquant l’importance de la religion dans le fonctionnement de l’État, soit mettant en avant les contradictions de plus en plus évidentes entre les différents mythes fondateurs, croyances mystiques et les dernières découvertes scientifique, le premier culte naturel véritablement établit fut le Culte de la Raison. Organisé par plusieurs penseurs révolutionnaires dans l’un des temples désaffectés de Lac-Rouge, l’organisation obtint rapidement une ampleur lorsqu’elle reçut le patronage du Protecteur de la Révolution, Talebot Lavigne. Le but premier de ce culte était d’établir une Église nationale, partant des savoirs scientifiques pour interpréter le divin, plutôt que le contraire. Plusieurs cérémonies publiques, festivals et manifestations furent organisées et plusieurs temples de la Vérité furent ainsi établit. Leur fonctionnement communal et décentralisé amena cependant à de nombreuses différences, tant dans les buts recherchés que dans les méthodes des adeptes. Le principal point commun était la reconnaissance d’un Être Suprême, genre de dieu absolu, émanation de l’ensemble de la vérité et, par conséquent, de l’action de ceux qui la modifiaient, soit un avatar du peuple. Cette inversion des valeurs scandalisa certains groupes plus conservateurs, et la simple notion de l’Être suprême poussa les partisans d’une laïcisation de la vie publique à accuser le Culte de chercher à restaurer le pouvoir politique des Églises à son profit. Le culte disparu avec l’accalmi révolutionnaire, puis fut interdit sous le premier empire. Son influence historique est encore visible dans certains documents légaux, ainsi que dans le titre d’un des hymnes kah-tanais.

De nombreux mouvements se développèrent dans sa continuité tout au long du dix-neuvième siècle. Le plus souvent autour de philosophes ou de prêtres réfractaires à la ligne de leur culte d’origine. Ces mouvements philosophiques et religieux continuent d’exister à ce genre, dans une pratique généralement individuelle des préceptes de tel ou tel philosophe, et plus rarement sous la forme de tradition communales héritées de la grande influence que pu avoir l’une de ces Églises naturelle sur la région.
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