07/07/2016
23:01:18
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đŸ„© [CULTURE] L'alimentation au Jashuria

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L'alimentation au Jashuria

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«Grasse cuisine fait maigre testament. »


SOMMAIRE

  • Le riz : une plante dominante et tyrannique
  • Que boit-on au Jashuria ?
  • La culture des algues au Jashuria : une ressource alimentaire d’intĂ©rĂȘt national
  • Le natto : un aliment prisĂ©
  • Le poids des traditions : la consommation de la nourriture dans une population bouddhiste et hindoue sĂ©cularisĂ©e
  • L'art de la table et l'Ă©tiquette
  • Les fruits au Jashuria
  • La consommation des viandes
  • Les dabbawalas



Cette section vise Ă  rendre compte de la complexitĂ© de l’alimentation jashurienne, de ses us, ses coutumes et ses traditions. Le lecteur trouvera ici les diffĂ©rentes spĂ©cialitĂ©s du Jashuria, mais aussi des aliments plus communs, qui façonnent la vie quotidienne de ce peuple. Au-delĂ  du simple fait de bien manger, il s’agit aussi de rendre compte de la symbolique sociale de la nourriture et du fait de partager un bon repas.

"SchĂ©matiquement, on dira que toute la cuisine hindoue s'articule, encore aujourd'hui, autour du souci de puretĂ©, le couple puretĂ©/impuretĂ© constituant la clĂ© du code brahmanique fondant la base symbolique de l'organisation de la sociĂ©tĂ© hindoue. Cette conception est l'un des legs de la tradition brahmanique ou vĂ©dique pour laquelle cuisiner ne revient pas Ă  prĂ©parer un repas mais Ă  rĂ©pĂ©ter le sacrifice cosmique dans lequel le monde « se cuit » ou, ce qui revient au mĂȘme, Ă  opĂ©rer le sacrifice vĂ©dique originel par lequel l'hindou va « cuire le monde ». La symbolique du feu, sorte de trait d'union entre le sacrifice et la cuisine dĂšs lors qu'au feu des dieux correspond celui des hommes, marque ainsi les rites les plus Ă©levĂ©s et les gestes culinaires les plus communs. Chaque aliment portĂ© au feu constitue en quelque sorte une oblation et est donc, nĂ©cessairement, objet des rites les plus attentifs et dĂ©taillĂ©s. L'essence mĂȘme de l'homme est d'ĂȘtre Ă  la fois le sujet du sacrifice (il est alors le sacrificiant) et son objet Ă©ventuel (il est alors lui-mĂȘme un aliment portĂ© aux dieux dans le sacrifice de l'immolation). Au risque de ramasser le tout en une seule formule simplificatrice, on dira non seulement que la cuisine est un sacrifice, mais encore que le sacrifice lui-mĂȘme est une cuisine. Telle est la raison fondamentale pour laquelle l'acte de cuisiner constitue un enjeu majeur pour l'hindou : inscrite dans une vision globale du monde, chaque prĂ©paration de repas revient pour lui Ă  se remettre personnellement et perpĂ©tuellement en cause." Max-Jean Zins, spĂ©cialiste de la cuisine hindoue

À rebours des apparences, les Jashuriens, plutĂŽt fluets, sont trĂšs gourmands. Ils ont ceci de commun avec les Eurysiens qu’ils aiment la bonne chĂšre, laquelle nourrit les conversations et constitue le menu de nombreux programmes de tĂ©lĂ©vision, de magazines, d’émissions de radio, de sites Internet et de livres. Toute occasion est prĂ©texte Ă  gobichonner. Ils se dĂ©lectent chez eux en famille mais aussi trĂšs frĂ©quemment Ă  l’extĂ©rieur, dans les innombrables restaurants souvent situĂ©s en sous-sol ou aux derniers Ă©tages des buildings commerciaux, grands magasins ou hĂŽtels de luxe, debout dans les Ă©choppes dans les couloirs et sur les quais de gare ou bien encore dans les tavernes et gargotes situĂ©es sous les voies aux abords des stations ferroviaires. Les Jashuriens invitent peu chez eux, en revanche, ils frĂ©quentent alternativement tous ces lieux de restauration, aprĂšs le travail entre collĂšgues, le week-end seuls, entre amis ou en famille. Ils se goinfrent lors des frĂ©quents banquets institutionnels, lors des reprĂ©sentations de théùtre, pendant les tournois de sport, dans les cafĂ©tĂ©rias des parcs de loisirs ou des musĂ©es, dans les auberges traditionnelles et les luxueux restaurants traditionnels –, aprĂšs un bain prolongĂ© dans une source d’eau chaude en plein air, dans les trains au retour d’un bref voyage. OĂč qu’ils sĂ©journent, les Jashuriens ne partent pas sans s’ĂȘtre renseignĂ©s sur les restaurants Ă  ne pas rater. Ils ne quittent gĂ©nĂ©ralement pas leur lieu de villĂ©giature sans avoir goĂ»tĂ© les spĂ©cialitĂ©s locales et dilapidĂ© quelques milliers de Dollars Jashuriens en gĂąteries souvenirs, pour eux-mĂȘmes et les proches.


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Le riz : une plante dominante et tyrannique


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Une riziÚre jashurienne dans la région d'Azur

Le riz est une plante dominante, tyrannique.

C’est dans ces mots que l’historien Pramanat Yongjaiyut synthĂ©tise la relation conflictuelle que cet aliment entretient avec les Jashuriens depuis l’aube de l’agriculture dans la PĂ©ninsule du Nazum. GraminĂ© originaire des pays secs, le riz s’est par la suite transformĂ© en cette plante des riziĂšres que tous les Jashuriens connaissent sur le bout des doigts. NĂ©cessitant beaucoup d’oxygĂšne pour pouvoir grandir, le riz est une plante exigeante. L’eau stagnante ne lui convient pas, pas plus que les grandes chaleurs. Prince capricieux, il ne se satisfait que d’une eau en mouvement, dont les riziĂšres sont les plus parfaits exemples, organisant ainsi un paysage particulier : au repos, puis en mouvement, selon des temps prĂ©cis. Le riz est, au Jashuria, une puissance sacrĂ©e, dont les savoirs agricoles se transmettent de gĂ©nĂ©rations en gĂ©nĂ©rations.

Le riz domine et organise la vie jashurienne depuis des temps immĂ©moriaux, tout en ordonnant une sculpture particuliĂšre du paysage, dont les Jashuriens se sont faits les plus fervents dĂ©fenseurs et ingĂ©nieurs. Se conservant mieux que le blĂ© et nourrissant mieux la population que les affreux rendements de son concurrent, le riz s’est imposĂ© dans la PĂ©ninsule comme la nourriture la plus commune. Mais surtout, le riz, par sa nature-mĂȘme et son organisation dans les parcelles, propose un rendement supĂ©rieur Ă  celui du blĂ©. Mais 
 contrairement au blĂ©, le riz est un maĂźtre exigeant, dĂ©tenant le record des manipulations humaines nĂ©cessaires Ă  sa production et des amĂ©nagements nĂ©cessaires Ă  sa culture. CultivĂ© et consommĂ© sur place, il a permis l’installation pĂ©renne des populations dans la PĂ©ninsule, au prix de dĂ©frichements systĂ©matiques et d’amĂ©nagements particuliers.

Lorsque le riz commence Ă  s’installer dans la PĂ©ninsule il y a de cela plusieurs millĂ©naires, les populations nazumies se nourrissaient essentiellement de millet et de sorgho, des plantes qui Ă  l’époque, s’échangeaient Ă  meilleur marchĂ© que le riz. La culture du millet du sorgho y dominait alors, principalement pour son intĂ©rĂȘt nutritif et sa transformation en bouillie ou galette une fois le grain pilĂ© dans un mortier. Malheureusement, pas de farine de millet, celui-ci devenant rapidement rance une fois moulu. Quant au sorgho, ce « blĂ© cĂ©mĂ©tien », bien qu’ayant un cycle court de croissance, il fut principalement utilisĂ© pour les fourrages, grĂące Ă  ses longues tiges, et transformĂ© en farine servant Ă  la rĂ©alisation du jowar, un pain encore produit aujourd’hui dans certaines rĂ©gions du Nazum. Ce n’est que bien plus tard que le sorgho fut utilisĂ© dans la production de teinture rouge et de sucre, grĂące Ă  l’ingĂ©niositĂ© des peuples d’AfarĂ©e, oĂč cette plante pousse particuliĂšrement bien.

Au Jashuria, le millet et le sorgho, avant la gĂ©nĂ©ralisation du riz, sont complĂ©tĂ©s par des ignames, des fruits exotiques – bananes, papayes, 
 -, des taros, 
 La patate douce d’Aleucie n’arrivera dans la PĂ©ninsule qu’à l’aube du XVIIIe siĂšcle, par le biais des marchands, mais ne s’implantera durablement qu’au XIXe siĂšcle, malgrĂ© la rĂ©sistance de la civilisation du riz. Le manioc suivra un destin similaire et mĂȘme si on le retrouve aujourd’hui dans les assiettes jashuriennes, le riz reste la cĂ©rĂ©ale dominante de l’alimentation.

Le riz atteint la PĂ©ninsule au travers de l’ancienne AryĂšdie et ne s’y installe que vers le second millĂ©naire avant notre Ăšre. Les premiĂšres expĂ©rimentations ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es en culture sĂšche, c’est-Ă -dire sans systĂšme de riziĂšre, avec des rendements pauvres, peinant Ă  concurrencer le millet et le sorgho. La culture sĂšche ne reprendra son essor que lorsque le systĂšme des riziĂšres sera pleinement opĂ©rationnel, permettant de constituer une nouvelle rĂ©colte lorsque les riziĂšres sont vides, et que le sol vidĂ© de son eau est recouvert de micro-organismes et bien aĂ©rĂ©. C’est lors de cette pĂ©riode de rotation des cultures que les plantes dites du « dixiĂšme mois » continuaient d’ĂȘtre cultivĂ©es Ă  la place du riz des riziĂšres. Les paysans exploitaient alors la fertilitĂ© du sol limoneux vidĂ© de son eau avec l’ajout d’une fumure abondante constituĂ©e de dĂ©chets animaux et vĂ©gĂ©taux, aprĂšs quelques jours de labours. Les lĂ©gumineux Ă©taient alors cultivĂ©s lors de cette saison, tandis que les amĂ©nagements des sols Ă©taient refaits pour les prochaines semences de riz.

La culture sĂšche du riz est rapidement remplacĂ©e par une culture dite de riziĂšre. En effet, le riz produisant une rĂ©colte tous les cinq mois, les paysans pouvaient alors rĂ©aliser deux rĂ©coltes par an, et garantir deux mois durant lesquels l’exploitation des riziĂšres vides permettaient de cultiver sans trop de risques les tubercules, lĂ©gumes, et autres plantes Ă  cycle court, mais aux rendements plus faibles, venant agrĂ©menter l’ordinaire nazumi. Ce type de culture permet de nourrir en thĂ©orie une cinquantaine de Nazumis sur un hectare, Ă  supposer que le sol soit parfaitement exploitable, ce qui est rarement le cas. Les riziĂšres ont marquĂ© le paysage jashurien pendant des siĂšcles, alimentant l’imaginaire des voyageurs eurysiens (on se souvient tous des belles estampes se vendant Ă  prix d’or sur les marchĂ©s eurysiens). Les plus anciens traitĂ©s d’ingĂ©nierie du Jashuria font Ă©tat du paysage des riziĂšres, de l’occupation systĂ©matique du sol et des ouvrages nĂ©cessaires Ă  l’entretien et Ă  la construction des riziĂšres avec une prĂ©cision redoutable, si bien que peu de doutes sont permis quant aux connaissances de l’époque en matiĂšre d’agriculture, surtout dans un territoire aussi vaste et compliquĂ© Ă  façonner que le Jashuria.

Les riziĂšres ont l’avantage de s’organiser en cases alimentĂ©es par des rigoles d’irrigation et dĂ©limitĂ©es par des diguettes. L’eau stagnante, peu profonde (gĂ©nĂ©ralement 20 Ă  25 centimĂštres), se retrouve piĂ©gĂ©e dans des cases d’environ cinquante mĂštres par cinquante. AmenĂ©e par des systĂšmes de pompes depuis les cours d’eau, l’eau remplit les cases labourĂ©es en amont, puis est contenue par des systĂšmes de batardeaux amovibles, qui, une fois retirĂ©s, permettent d’évacuer l’eau boueuse, chargĂ©e de sĂ©diments. La culture en riziĂšre s’adapte particuliĂšrement bien aux reliefs montagneux, oĂč les paysans utilisent l’eau en amont pour remplir les cases sans avoir Ă  manipuler longuement les pompes d’irrigation. Dans la plupart des cas, les riziĂšres sont situĂ©es dans des zones de faible inondation, mais des pays comme le Jashuria, disposant de grandes zones agricoles inondables, ont dĂ» s’adapter et bĂątir des riziĂšres d’eaux profondes, oĂč la rĂ©colte du riz se fait non pas Ă  pieds joints dans la riziĂšre, mais par bateaux lors de la mousson. Mais le jeu en vaut la chandelle. Non content de pouvoir rĂ©utiliser sans fin la mĂȘme parcelle, la riziĂšre permet aussi des rendements impressionnants qui nourrissent l’ensemble du Nazum.

Il ne faut pas oublier que le riz, malgrĂ© ses hauts rendements et la possibilitĂ© de faire plusieurs rĂ©coltes par an, est un maĂźtre exigeant, qui nĂ©cessite un soin et des amĂ©nagements particuliers. Le prince de l’alimentation nazumi n’accepte guĂšre d’ĂȘtre cultivĂ© sur un sol peu prĂ©parĂ©. Il rĂ©clame un Ă©crin pour pouvoir se sublimer. Mais plus encore, il nĂ©cessite une sĂ©rie de manipulations et de prĂ©parations en amont de la rĂ©colte qui rendent le travail laborieux. La simple prĂ©paration de l’irrigation, l’actionnement des pompes et le remplissage des cases est un travail harassant, qui prĂ©figure un travail encore plus laborieux : celui du piquage du riz. Si l’eau de pluie parvient parfois Ă  allĂ©ger le travail en remplissant les cases, les agriculteurs jashuriens ont pendant longtemps comptĂ© sur la seule force de leurs bras, jusqu’à ce que les animaux viennent les aider, notamment sur les roues des machines d’irrigation. Le riz nĂ©cessite alors une grande concentration de main d’Ɠuvre, mais aussi une planification attentive, qui pendant des siĂšcles, reste l’apanage des pouvoirs centraux. L’agriculteur, bien que cultivant la terre, est supervisĂ© par les autoritĂ©s locales, qui surveillent depuis les tours de guet les plantations et organisent les rotations des cultures et notent les rendements. A mesure que la culture du riz progresse, la sociĂ©tĂ© s’organise, aussi bien socialement que spatialement, et se consolide autour de ce maĂźtre si particulier. Car il ne s’agit pas seulement de cultiver des riziĂšres et de les façonner ! Il faut les surveiller, ce qui nĂ©cessite des soldats, mais aussi veiller Ă  ce que la production soit soigneusement consignĂ©e, afin de prĂ©venir d’éventuelles famines et remplir correctement les greniers, ce qui suppose des administrateurs dĂ©diĂ©s. Et c’est sans compter la multitude de mĂ©tiers qui vivent du riz : restaurateurs, meuniers, Ă©leveurs, 
 et qui s’organisent au rythme de ses rĂ©coltes.

La gestion de l’eau a Ă©galement façonnĂ© la mentalitĂ© des paysans, notamment ceux des montagnes. De l’amont Ă  l’aval, l’eau passe selon l’ordre social Ă©tabli, avec le jeu des alliances et des convenances entre les villages voisins. La rĂ©partition de l’eau, ressource prĂ©cieuse, devient alors un enjeu collectif, de proches en proches, puis de villages en villages, de sorte que tout le monde est liĂ© par la riziĂšre et son irrigation. L’intĂ©rĂȘt individuel s’efface alors devant la recherche de l’efficacitĂ© et de l’utilisation raisonnable des ressources naturelles. Ce jeu des alliances entre village a de nombreux avantages, car il permet aussi d’obtenir de l’aide pendant les inondations, car tout le monde se sent responsable de la survie de l’autre, tout comme il peut avoir ses mauvais cĂŽtĂ©s, notamment des rivalitĂ©s d’une riviĂšre Ă  une autre, ou d’un amont face Ă  un aval.

Le riz, nous l’avons vu, souhaite un Ă©crin particulier. Mais il est aussi 
 prĂ©cieux. Il n’est pas question, comme le blĂ© eurysien, de le semer Ă  la volĂ©e, le laissant Ă  la merci des oiseaux. Non ! Il est prĂ©levĂ© avec prĂ©caution dans des serres et des pĂ©piniĂšres dĂ©diĂ©es oĂč il pousse serrĂ©, afin d’ĂȘtre replantĂ© dĂšs la pĂ©riode des semences dans les riziĂšres. Cette pĂ©riode de repiquage du riz est particuliĂšrement importante et a créé toute une lignĂ©e de professionnels de la sĂ©lection rituelle des plants de riz. Se voir confier la tĂąche de prĂ©parer et de sĂ©lectionner les plants de riz dignes d’ĂȘtre repiquĂ©s Ă©tait alors un grand honneur et suivait un rituel particulier dans les grandes riziĂšres. La gestion du calendrier Ă©tait alors particuliĂšrement ritualisĂ©e et organisait non seulement la prochaine rĂ©colte, mais aussi le passage des saisons. A l’organisation spatiale et sociale des riziĂšres s’ajoute alors l’organisation quasi-religieuse de l’agriculture, oĂč chaque geste est Ă  la fois un acte technique soigneusement pensĂ©, mais aussi une maniĂšre d’honorer les esprits de la fertilitĂ© et des rĂ©coltes. La riziculture permet la sĂ©dentarisation, mais cette sĂ©dentarisation permet aussi de crĂ©er des mythes collectifs. De la prĂ©paration des riziĂšres Ă  la rĂ©colte des Ă©pis de riz, chaque Ă©tape de la vie de la riziĂšre est rythmĂ©e par des offrandes, des fĂȘtes et des rites en l’honneur des dieux des riziĂšres. Les divertissements liĂ©s Ă  ces cĂ©lĂ©brations sont encore aujourd’hui trĂšs populaires du Jashuria, notamment dans les campagnes. Qu’il s’agisse de rites théùtraux mimant la plantation du riz oĂč les complexes techniques de sĂ©lection et de repiquage, c’est tout une tradition qui s’est organisĂ©e, souvent dans la pratique théùtrale, oĂč les acteurs deviennent, le temps d’une reprĂ©sentation, les avatars des dieux de la fertilitĂ©. Ainsi, l’ensemble de la sociĂ©tĂ© paysanne traditionnelle se rassemble autour de mythes communs, qui organisent le temps et l’espace. Il est toujours d’usage, aujourd’hui, d’offrir aux divinitĂ©s de l’alcool de riz et des boulettes de pĂąte de riz aromatisĂ©es.

Le riz, cuit Ă  l’eau, se prĂ©sente en de nombreuses variĂ©tĂ©s et constitue l’ordinaire du citoyen jashurien. Avant l’essor de l’époque moderne, la ration basique d’un Jashurien pouvait ĂȘtre constituĂ©e de plusieurs bols de riz cuit et de quelques grammes de graisse de porc et quelques fruits pour agrĂ©menter le tout, sans compter les divers lĂ©gumes, pois et haricots venant s’ajouter au repas de base. L’essentiel du rĂ©gime alimentaire est alors vĂ©gĂ©tarien, le poisson, les Ɠufs et la viande Ă©tant rares sur la table. Les Ă©pices restent un moyen d’amĂ©liorer l’ordinaire et d’ajouter de la saveur Ă  ce qui reste Ă  l’époque plutĂŽt fade. Le riz est aussi utilisĂ© dans la fabrication des eaux-de-vie fortes dont les Nazumis ont le secret. Etant donnĂ© la tyrannie du riz dans l’alimentation du Nazum, l’art culinaire s’est pendant longtemps bornĂ© Ă  savoir comment agrĂ©menter le riz et dĂ©cupler les saveurs des aliments pour faire en sorte que chaque bouchĂ©e en vaille la peine.

La modernisation de l’agriculture au sein du Jashuria a Ă©tĂ© entamĂ©e au cours du XIXe siĂšcle. La minutie avec laquelle les Jashuriens ont entretenu les riziĂšres et mis en place des traitĂ©s d’agronomie en prise avec la gĂ©ographie particuliĂšre de leur pays leur a permis d’obtenir d’excellents rendements. La moyenne actuelle des rendements de situe aujourd’hui Ă  environ 50 quintaux de riz l’hectare. Cette moyenne compte les deux rĂ©coltes, mais omet les cultures d’hiver, comme le blĂ©, l’orge, ou les lĂ©gumes. Les raisons de cette rĂ©ussite alimentaire tiennent dans l’utilisation intensive des produits agricoles modernes comme les fertilisants, mais aussi dans la perpĂ©tuation des rites de sĂ©lection des plants de riz Ă  repiquer, qui au fil des siĂšcles, est devenue le fer-de-lance de la recherche agronomique jashurienne. Le dĂ©veloppement de la recherche sur les organismes gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©s a conduit le pays Ă  tester et introduire de nouvelles variĂ©tĂ©s de riz et de plantes, qui compensent le manque de vitamines A dans l’assiette jashurienne quotidienne. Nous pouvons notamment citer le « riz dorĂ© », qui contient beaucoup plus de bĂ©ta-carotĂšnes que le riz blanc ordinaire. Ce riz, riche en vitamines A, a largement permis de compenser les problĂšmes liĂ©s au manque de vitamines A dans le rĂ©gime alimentaire jashurien et mĂȘme s’il se heurte Ă  la mĂ©fiance des associations anti-OGM, ses rĂ©ussites ne sont pas Ă  nĂ©gliger. Il est aujourd’hui exportĂ© dans les pays d’AfarĂ©e et de Paltoterra, qui subissent aussi ces carences.

La modernisation de la culture en riziĂšre a considĂ©rablement rĂ©duit le temps de travail nĂ©cessaire pour une rĂ©colte. Les techniques d’irrigation s’étant mĂ©canisĂ©es et automatisĂ©es dans les industries agro-alimentaires, l’agriculteur jashurien ne consacre dĂ©sormais par an que 1800 heures de travail pour la culture d’un hectare de riziĂšre (soit environ 225 jours par an). L’ajout de machines de plus en plus performantes a aussi jouĂ© dans cette rĂ©duction du temps de travail, la plantation des semis Ă©tant dĂ©sormais automatisĂ©e Ă  l’aide de grandes machines se dĂ©plaçant le long des riziĂšres. Les hectares sont donc moins longs Ă  valoriser, tandis que le poids du riz dans l’alimentation jashurienne moderne diminue dans les grandes villes. La consommation annuelle de riz par habitant dans les grandes mĂ©tropoles est passĂ©e de 146kg par an au dĂ©but du siĂšcle dernier Ă  100kg par an au dĂ©but du XXIe siĂšcle.

Aujourd’hui encore, le monde de la petite exploitation agricole familiale jashurienne vit dans une symbiose avec celui de l’industrie agroalimentaire. Le partage du monde entre les besoins d’un rapport familier avec la nature et les besoins plus prosaĂŻques de nourrir le plus de monde possible a nĂ©cessitĂ© au sein de la sociĂ©tĂ© jashurienne la crĂ©ation d’une harmonie fragile tentant de mĂ©nager la chĂšvre et le chou. Si dans les plaines, la production agricole est dĂ©sormais l’apanage des grandes firmes dĂ©diĂ©es Ă  la production alimentaire basique, les agriculteurs des montagnes et des rĂ©gions reculĂ©es restent encore les dĂ©tenteurs de ce rapport ancestral des Jashuriens Ă  leur environnement. Ces deux visions du monde s’imprĂšgnent inĂ©vitablement l’une de l’autre tant la sociĂ©tĂ© jashurienne est habitĂ©e par le respect des esprits et des traditions, mais aussi Ă©prise de modernitĂ©. Ainsi, l’agriculture familiale persiste au Jashuria, avec le dĂ©veloppement de l’industrie agroalimentaire. La question est de savoir comment le Jashuria pourra arriver Ă  trouver le point d’équilibre entre le respect de ses traditions et de ses mythes tout en parvenant Ă  une industrialisation raisonnĂ©e de sa production agricole. Le riz est, Ă  cet Ă©gard, le fer-de-lance de cette transformation agricole.

Le riz est aujourd’hui encore l’aliment de base des Jashuriens et d’une large partie de la PĂ©ninsule. Au fur et Ă  mesure que le niveau de vie de la population s’amĂ©liore, le besoin en riz s’est considĂ©rablement transformĂ© de la quantitĂ© vers la recherche de la qualitĂ©. Aujourd’hui, la production n’étant plus un problĂšme, la recherche de la qualitĂ© du riz cultivĂ© est devenue un sujet important dans la gastronomie jashurienne et l’industrie agroalimentaire. Qu’il s’agisse du riz prĂ©parĂ© Ă  la maison, pris sur le vif dans les gargotes ou directement cuisinĂ© sur le lieu de travail, la cuisson et la nature du riz font dĂ©bat.

A mesure que la population du Jashuria grandit, le besoin de passer d’une alimentation individuelle et familiale Ă  une alimentation de masse se fait sentir, notamment pour les Ă©coles, les grands groupes industriels et les hĂŽpitaux. Les dĂ©jeuners dans les grandes entreprises et les grandes centrales, mais aussi pour les repas en vol, doivent dĂ©sormais ĂȘtre assurĂ©s par des services de restauration qui doivent privilĂ©gier non seulement la quantitĂ© de riz, mais aussi sa qualitĂ©. Cette « industrie de la cuisson » fait partie de la chaĂźne de l'industrie du riz. Elle est influencĂ©e par la culture en amont, le stockage Ă  sec, la mouture du riz et la distribution et la consommation en aval. La recherche d’un riz Ă  la fois riche en apport calorique et goĂ»teux a amenĂ© les industriels Ă  se pencher non seulement sur les OGM, comme nous avons pu le voir plus haut, mais aussi Ă  expĂ©rimenter des technologies de calibrage et de cuisson afin de certifier la qualitĂ© du riz et de toutes les Ă©tapes post-rĂ©colte. Les entreprises de traitement du riz cherchent alors Ă  amĂ©liorer la qualitĂ© de leur produit par le biais de la sĂ©lection des plants, des systĂšmes de sĂ©chage du riz non dĂ©cortiquĂ©, des systĂšmes de polissage et d’autres procĂ©dĂ©s de certification en aval de la rĂ©colte.

Il va de soi qu'aujourd'hui encore, le riz continue de jouer son rĂŽle tyrannique et dominateur dans la gastronomie jashurienne tant la population est aux petits soins avec lui. Le riz jashurien sert aussi Ă  produire des nouilles, appelĂ©es aussi pĂątes de riz. PrĂ©parĂ©es Ă  l’aide de farine de riz, elles servent dans la prĂ©paration des soupes, de divers sautĂ©s et de salades. NommĂ©es idiappam ou sevai, les nouilles de riz sont ont gagnĂ© leurs lettres de noblesse dans la culture gastronomie jashurienne. On les consomme aussi bien au quotidien que durant les festivals. Elles peuvent aussi ĂȘtre prĂ©parĂ©es en vermicelle de riz, un dĂ©rivĂ© trĂšs fin.


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Les riziÚres de la région des lacs, un patrimoine mondial en devenir ?
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Que boit-on au Jashuria ?


💧 L’eau potable

L’eau potable est considĂ©rĂ©e par le Jashuria comme un bien de premiĂšre nĂ©cessitĂ© et sa gestion est extrĂȘmement surveillĂ©e par le biais de rĂ©gies publiques. On dit d’ailleurs que pour concevoir un Jashurien adulte, il faut du riz et de l’eau. Suite Ă  ce constat, l’eau potable au Jashuria est l’un des rares biens dont la gestion est assurĂ©e par l’Etat, qui pourvoit au raccordement et s’assure de la qualitĂ© de l’eau. Le pilotage de la gestion des ressources en eau potable est assurĂ© historiquement par le ministĂšre de l’Agriculture. Cette compĂ©tence a Ă©tĂ© rĂ©attribuĂ©e au MinistĂšre de l’Ecologie en 2003, suite une redistribution des compĂ©tences en interne. Le MinistĂšre de l’Ecologie dĂ©lĂšgue la gestion de l’eau Ă  une rĂ©gie nationale contrĂŽlĂ©e par une commission indĂ©pendante constituĂ©e de dĂ©putĂ©s et de fonctionnaires rĂ©gionaux. Les importantes campagnes d’accĂšs l’eau potable au cours du XXe siĂšcle ont achevĂ© de faire du pays un territoire oĂč l’accĂšs Ă  l’eau potable est garanti pour presque 99% de la population. Le pourcentage restant est malheureusement le lot des rares villages trop isolĂ©s pour ĂȘtre raccordĂ©s Ă  des rĂ©seaux d’eau potable garantis par l’Etat et dont les composants sont surveillĂ©s par les rĂ©gies publiques.

L’Etat doit le raccordement en eau des parcelles. Etant donnĂ© la proactivitĂ© des Jashuriens sur la viabilisation des terres, le raccordement au rĂ©seau d’eau potable est un sujet pris trĂšs au sĂ©rieux. Chaque appartement nouvellement construit doit disposer d’un accĂšs Ă  l’eau potable et d’évacuation des eaux usĂ©es. L’eau potable est collectĂ©e au robinet dans les appartements. L’eau ne se vend pas en bouteille au Jashuria. Les personnes dĂ©sirant de l’eau potable en supermarchĂ© « font le plein » avec des bidons de plastique sur des robinets au fond des magasins et sont facturĂ©es Ă  la pesĂ©e en caisse. Ceci permet d’éviter les bouteilles en plastique et la surconsommation d’eau potable. Des entreprises ont fait fortune en vendant des gourdes au Jashuria et il existe un vĂ©ritable engouement pour la dĂ©coration et la personnalisation des gourdes d’eau dans le pays. Avec le dĂ©veloppement des technologies de partage et des rĂ©seaux sociaux, la gourde est devenue un instrument de valorisation sociale. Si vous n’avez pas votre gourde signĂ©e par un artiste cĂ©lĂšbre Ă  40 ans, vous avez ratĂ© votre vie.

Le Jashuria tient Ă  son eau et n’accepte pas de l’exporter. Les importations d’eau potable ne peuvent se faire, Ă©tant donnĂ© l’isolationnisme de ses voisins. Par consĂ©quent, peu d’actions ont Ă©tĂ© entreprises pour l’exportation de l’eau potable et le pays rechigne Ă  se dĂ©velopper dans cette direction. Il faut savoir qu’au Jashuria, l’eau fait l’objet d’un contrĂŽle particulier Ă©tant donnĂ© l’enjeu autour des riziĂšres et des accĂšs Ă  l’eau potable. Les rapports concernant les substances contenues dans l’eau sont publiĂ©s quotidiennement et consultables par le public Ă  l’envie.

đŸ„› Lait

Au Jashuria, la consommation annuelle de lait par personne est de l’ordre de 50kg par an. On boit essentiellement du lait de soja, de vache et de chĂšvre. Le Jashuria Ă©tant une terre assez chaude et humide, la conservation du lait est une problĂ©matique assez compliquĂ©e Ă  gĂ©rer. Il en ressort que les produits laitiers restent surtout utilisĂ©s en cuisine, mais qu’ils sont trĂšs peu consommĂ©s en-dehors de la maison. Le scandale du lait frelatĂ© d’Eurysie en 1997 a créé une mĂ©fiance Ă  l’égard des produits laitiers eurysiens, qui a pendant longtemps freinĂ© l’importation de lait de vache. Cette tendance tend Ă  se rĂ©sorber ces derniĂšres annĂ©es, notamment avec le rĂ©cent engouement de la jeunesse jashurienne pour le fromage eurysien. Le problĂšme reste que l’absence d’alimentation basĂ©e sur la consommation rĂ©guliĂšre de produits laitiers issus du monde animal a créé une population trĂšs largement intolĂ©rante au lactose. Afin de remĂ©dier au problĂšme, les autoritĂ©s de santĂ© jashuriennes ont recommandĂ© Ă  la population une plus grande consommation de produits laitiers durant l’enfance afin de rĂ©sorber la problĂ©matique de l’intolĂ©rance au lactose. En parallĂšle, des firmes sont en train de mettre au point des laits sans lactose afin de s’ancrer dans un marchĂ© en pleine expansion. Le lait de soja reste cependant le principal lait consommĂ© par les Jashuriens au petit dĂ©jeuner, bien qu’il ne soit pas un lait Ă  proprement parler. ConsommĂ© tel quel ou transformĂ© en yahourt ou en tofu, ou accompagnant les Ɠufs et les lĂ©gumes, il reste le produit laitier le plus consommĂ© et le plus facilement produit au Jashuria en ce qui concerne les produits laitiers car il est un excellent produit de substitution. Il n’en reste pas moins que son appellation de « lait de soja » reste controversĂ©e sur les marchĂ©s Ă©trangers, certains pays le considĂ©rant comme un simple « jus de soja » car ne provenant pas de sĂ©crĂ©tions mammaires d’animaux.

Le Jashuria n’est cependant pas un grand producteur de lait. La seule production notable de lait est celui de soja, qui sert aux besoins quotidiens. Cette production est peu exportĂ©e dans le monde et dĂ©passe rarement les limites de la PĂ©ninsule du Nazum. Les Jashuriens produisent essentiellement des laits vĂ©gĂ©taux et leur intolĂ©rance au lait fait que les produits laitiers peinent Ă  trouver leur public. Il faut savoir que la population du Jashuria est intolĂ©rante au lactose Ă  85%. L’absence d’alimentation basĂ©e sur la consommation de produits laitiers issus du monde animal a fait que les Jashuriens sont pour la plupart intolĂ©rants au lactose, ce sucre qui ne peut ĂȘtre digĂ©rĂ© que par l’addition de la lactase, une enzyme prĂ©sente chez le nourrisson (et qui diminue au fil du temps). Cette intolĂ©rance au lactose n’est cependant pas totale, les Jashuriens pouvant consommer une petite portion de lactose par jour (entre 7 et 8 g). Les cas d’intolĂ©rance totale existent cependant, comme dans toutes populations.

đŸ„Ž Alcools

Le Jashuria fait partie de ces pays qui produisent un alcool local Ă  base de plantes et de riz. Ces alcools, trĂšs forts, sont consommĂ©s dans les grandes occasions principalement, et pour des usages privĂ©s – quand ils ne sont pas utilisĂ©s comme dĂ©sinfectants de secours. La consommation d’alcool est lĂ©gale Ă  partir de la majoritĂ© et tolĂ©rĂ©e dans le cadre privĂ©. La production privĂ©e d’alcool est soumise Ă  rĂ©glementation dĂšs lors que l’on cherche Ă  en faire commerce. Le Jashuria vend une partie de sa production Ă  l’international, oĂč la qualitĂ© de ses alcools forts est rĂ©putĂ©e.

La consommation d’alcool est traditionnellement rĂ©servĂ©e au domaine de l’hospitalitĂ©. Il est d’usage d’accueillir les invitĂ©s de marque avec du thĂ©, et les amis avec de l’alcool fort pour le diner. Cependant, la consommation reste du domaine du privĂ©, ou doit se tenir dans des bars. L’ébriĂ©tĂ© sur la voie publique est signe d’irrespect et de dĂ©cadence de l’esprit et du corps. Le Jashuria ayant la tradition chevillĂ©e au corps, l’alcoolisme est vu comme un Ă©chec personnel et socialement dĂ©considĂ©rĂ©, sauf dans des lieux bien spĂ©cifiques comme les bars. Il est d’usage de faire des offrandes d’alcool de riz ou de diverses plantes aux dieux locaux. On retrouve cette pratique dans le Thanisme et dans le TaoĂŻsme des rĂ©gions du centre et du nord du pays. Pourtant, malgrĂ© son cĂŽtĂ© privĂ© et rĂ©glementĂ© socialement, l’alcool est considĂ©rĂ© comme la « reine des panacĂ©es » et une source de sociabilitĂ©, liĂ©e au sens esthĂ©tique et Ă  l’expression des sentiments 
 tant que ceux-ci restent dans la sphĂšre policĂ©e du privĂ©. Les dĂ©bats ont longtemps agitĂ©s les moines et les philosophes sur la primautĂ© de l’alcool ou du thĂ© et force est de constater que le Jashuria n’a jamais voulu vĂ©ritablement trancher sur cette question 
 Question qui fait naturellement couler beaucoup de thĂ© et d’alcool, faisant les caisses pleines des distributeurs de boisson.

Les Jashuriens produisent de l’alcool Ă  partir de plantes diverses, mais surtout des alcools de riz, dont le secret s’est transmis entre les nations du Fujiwa, du YokaĂŻ, du Burujoa et du Jashuria. Les liqueurs sont prisĂ©es, comme les liqueurs de ginseng, de roses ou encore des whiskys. Si le Jashuria produit quelques biĂšres, celles-ci restent trĂšs en-deçà des standards eurysiens et aleuciens en matiĂšre de qualitĂ© et sont peu alcoolisĂ©es, si bien qu’elles ont une rĂ©putation de « biĂšres pour enfants ». Les sakĂ©s et alcools de prunes umeshu sont beaucoup plus connus Ă  l’international et font la fiertĂ© des distilleries jashuriennes. Les Jashuriens produisent aussi du Baiju, une liqueur trĂšs forte (60°) qui Ă©tait traditionnellement rĂ©servĂ©e aux grands officiers de l’armĂ©e jashuriens et aux notables. Le demi-litre de Baiju se monnaie particuliĂšrement cher et les Jashuriens n’encouragent pas sa diffusion et sa standardisation afin de maintenir la raretĂ© et la prĂ©ciositĂ© du produit.

La mondialisation a nĂ©cessairement eu un impact dĂ©cisif sur le monde jashurien, notamment dans les habitudes de consommation d’alcools. Les Jashuriens consomment essentiellement des alcools forts, des liqueurs et des whiskys de qualitĂ© lors des grandes occasions ou tout simplement pour se dĂ©tendre dans le confort feutrĂ© des bars. Si les Jashuriens avaient une large prĂ©fĂ©rence pour les alcools locaux, la mondialisation a apportĂ© sur le marchĂ© de nouveaux produits de luxe, notamment des vins et des liqueurs eurysiennes, qui font le rĂ©gal des riches jashuriens. Les vins et les liqueurs de la ConfĂ©dĂ©ration Kaulthique ont le vent en poupe au Jashuria et ces produits d’importation sont devenus des biens positionnels, des marques de distinction, au sein mĂȘme de l’élite du pays. Sortir un « bon vin eurysien » est devenu un signe de richesse et d’attention. Les classes moyennes, quant Ă  elles, se contentent de biĂšres peu alcoolisĂ©es ou de sakĂ©s. Les cocktails ont de plus en plus le vent en poupe auprĂšs de la nouvelle gĂ©nĂ©ration.

Les derniĂšres Ă©tudes ont montĂ© que les Jashuriens consomment au total environ 5,5 L d’alcool par personne par an. Dans ce chiffre sont rĂ©partis le vin (10%), la biĂšre (25%), les spiritueux (30%) et les autres alcools (35%).


🧃 Autres boissons

- ☕ CafĂ©
Un Jashurien moyen consomme environ 1Kg de cafĂ© par an. Le cafĂ© n’a jamais vĂ©ritablement fait concurrence au thĂ© jashurien jusqu’à trĂšs rĂ©cemment. Les grains de cafĂ© produits au Jashuria sont gĂ©nĂ©ralement du cafĂ© vert et destinĂ© Ă  l’exportation. Ils profitent de conditions exceptionnelles pour leur croissance Ă©tant donnĂ© le climat subtropical du Jashuria. Les productions destinĂ©es Ă  la vente locale sont gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©es comme trop amĂšres pour les Jashuriens, qui prĂ©fĂšrent largement le thĂ©. Le cafĂ© jashurien est cependant vendu en AfarĂ©e et en Eurysie , ainsi qu’en Aleucie oĂč il est apprĂ©ciĂ©. Pourtant, la consommation de cafĂ© a Ă©tĂ© multipliĂ©e par 10 en moins de 20 ans au Jashuria. Ce phĂ©nomĂšne est dĂ» Ă  la recherche de la distinction sociale. Les grains de cafĂ© ont gagnĂ© en qualitĂ© ces derniĂšres annĂ©es et ont commencĂ© Ă  sĂ©duire une partie aisĂ©e de la population, soucieuse de se distinguer du commun des mortels.

- đŸ” ThĂ©
Si le cafĂ© est un produit d’exportation au Jashuria, le thĂ©, lui, est une institution. Le Jashuria est l’un des plus grands producteurs de thĂ© au monde et de loin, mais aussi l’un de ses principaux consommateurs, le Jashurien moyen buvant 2,5kg de thĂ© par an. Cultivant de nombreuses variĂ©tĂ©s de thĂ© depuis des millĂ©naires, les Jashuriens ont dĂ©veloppĂ© autour du thĂ© une vĂ©ritable culture qui relĂšve de l’art le plus pur. Qu’il s’agisse des cĂ©rĂ©monies du thĂ©, ou de rituels plus quotidiens, le thĂ© reste la boisson prĂ©fĂ©rĂ©e des Jashuriens et sa consommation, un signe de bonne Ă©ducation. Le thĂ© du Jashuria est exportĂ© dans le monde entier et est rĂ©putĂ© pour sa qualitĂ© exceptionnelle.

- đŸ„€ Sodas :
Boisson prĂ©fĂ©rĂ©e des jeunes et des jeunes cadres dynamiques, le soda a fait son entrĂ©e au Jashuria relativement tĂŽt dans l’histoire, par le biais des FortunĂ©ens. La consommation de soda au Jashuria reste surveillĂ©e par les autoritĂ©s de santĂ©, au vu des dĂ©gĂąts que peuvent causer ces boissons sur la santĂ© de la population. Pourtant, les sodas restent populaires, notamment dans les universitĂ©s, oĂč l’addiction au cafĂ© et au thĂ© sont remplacĂ©es par les boissons sucrĂ©es .

- đŸŒŸ Laits vĂ©gĂ©taux :
Etant donnĂ© l’intolĂ©rance des Jashuriens au lactose, les laits vĂ©gĂ©taux ont le vent en poupe au Jashuria et remplacent efficacement les laits d’origine animale. Le lait de soja et de noix de coco est particuliĂšrement apprĂ©ciĂ©, mais les Jashuriens dĂ©veloppent dans les laboratoires d’autres types de laits. Etant donnĂ© la proactivitĂ© des Jashuriens sur les OGM, les recherches vont bon train pour palier Ă  l’intolĂ©rance au lactose de la population. Les Jashuriens consomment beaucoup de laits vĂ©gĂ©taux, notamment celui de soja, qui sert Ă  crĂ©er des yahourts et du tofu.
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La culture des algues au Jashuria : une ressource alimentaire d’intĂ©rĂȘt national


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La culture des algues au Jashuria : un secteur alimentaire aux applications variées


La RĂ©publique des Deux OcĂ©ans ne porte pas son surnom pour rien. Depuis des millĂ©naires, le littoral du Jashuria est le sujet d’une culture presque aussi importante que celle du riz : la culture des algues. La culture des algues, de mĂȘme que la pisciculture, est une institution importante dans la rĂ©gion des Perles et d’Azur, et tĂ©moigne de la relation complexe que les Jashuriens ont avec la mer. Dans un pays oĂč les surfaces exploitables sont recouvertes de forĂȘts et de jungles, la mer est depuis toujours porteuse d’espoir : le fait de pouvoir « cultiver la mer » devenant une sorte d’Eldorado de l’agriculture.

La culture est algues est Ă  ce titre particuliĂšrement intĂ©ressante car elle ne se limite pas Ă  l’image peu flatteuse des marĂ©es vertes que l’on peut retrouver en Eurysie. Les enjeux de la culture des algues dĂ©passent les simples questions alimentaires, allant dĂ©sormais s’intĂ©grer dans les marchĂ©s des industries pharmaceutiques, Ă©nergĂ©tiques, 
 si bien que la valeur de la tonne d’algue se monnaie fort cher sur le marchĂ© international. La valeur monĂ©taire et industrielle de l’algue est devenue un sujet discret sur le plan mĂ©diatique, mais particuliĂšrement important, notamment dans le dĂ©veloppement de produits pharmaceutiques Ă  forte valeur ajoutĂ©. Elle a aussi introduit, depuis l’aube de sa culture, des stratĂ©gies diffĂ©rentes en matiĂšre d’amĂ©nagement du territoire et de gestion des littoraux.

L’essentiel de la production d’algue aujourd’hui provient du Nazum, pour une production mondiale dĂ©passant les 16 millions de tonnes pour l’annĂ©e 2008. Le Jashuria fait parti des principaux producteurs et consommateurs pour plusieurs raisons, la plus importante Ă©tant que le pays en est le principal consommateur, notamment pour des raisons alimentaires et historiques. Les algues, cultivĂ©es dans d’immenses bassins, constituent un complĂ©ment particuliĂšrement important dans la cuisine traditionnelle jashurienne, de par la multiplicitĂ© de ses applications, mais aussi son abondance. ConsommĂ©es sous formes bouillies, ou encore dans des soupes fraiches ou en feuilles sĂ©chĂ©es accompagnant les makis, les algues, bien que discrĂštes, façonnent l’univers culinaire jashurien. Les algues servent Ă  l’alimentation, mais aussi Ă  l’industrie textile et pharmaceutique. DĂšs les annĂ©es 20, les algues sont utilisĂ©es dans l’industrie textile comme fixateur de couleurs dans les tissus et dans les fabriques de papier. Ce n’est que bien plus tard que les algues sont employĂ©es dans les cosmĂ©tiques, les desserts, mais aussi les dentifrices, permettant ainsi de crĂ©er de larges gammes de produits.

Le Jashuria cultive principalement deux familles d’algues dans ses bassins d’algoculture : les brunes et les rouges. Ces deux grandes familles d’algues regroupent environ une vingtaine d’espĂšces d’algues destinĂ©es Ă  la consommation. Ces algues sont consommĂ©es depuis au moins un millĂ©naire avant notre Ăšre, si l’on en croit les Ă©crits gastronomiques que les chercheurs ont pu retrouver dans les anciennes archives impĂ©riales de l’époque. L’algue sert alors non seulement d’aliment, rĂ©coltĂ©e sur l’estran, mais aussi de fourrage pour les animaux et parfois comme engrais. La culture traditionnelle des algues, par simple ramassage et sĂ©lection, ne se constitua en industrie qu’au milieu du XIXe siĂšcle, oĂč elle fit l’objet d’une attention renouvelĂ©e, notamment pour ses qualitĂ©s pharmaceutiques.

La culture des macro-algues brunes comporte trois Ă©tapes : un stade en Ă©closerie pour la fĂ©condation des spores - Ă  l’image des plants de riz sĂ©lectionnĂ©s dans les serres -, une Ă©tape de germination et de croissance des plants et une Ă©tape de transfert des plants dans les bassins marins, oĂč ils sont fixĂ©s Ă  des cordages et des toiles spĂ©ciales. Ce systĂšme permet de respecter le temps de croissance des plantes : une Ă©tape de croissance en hiver et une deuxiĂšme phase Ă  la fin de l’étĂ©. Les cultures des plants d’algues sont rĂ©alisĂ©es en radeaux, sensibles aux vagues et aux intempĂ©ries, dans des baies abritĂ©es pour Ă©viter les dĂ©gĂąts sur les installations et la dĂ©gradation des cultures.

La culture des algues doit respecter certains critĂšres, notamment la nature des sols marins, qui doivent ĂȘtre sableux et meubles afin de fixer les radeaux sur lesquels sont Ă©tendus et accrochĂ©s les plants d’algue. Les eaux choisies sont gĂ©nĂ©ralement peu profondes afin de limiter les plongĂ©es et les Ă©quipements d’extraction pour la rĂ©colte. Mais surtout, il convient de recherche des sols entre 8 et 15m de profondeur pour des raisons de luminositĂ©, les algues ayant besoin d’une certaine intensitĂ© lumineuse pour pouvoir grandir. De mĂȘme, l’eau doit ĂȘtre claire, contrairement aux carrĂ©s de riziĂšre, afin de ne pas nuire Ă  la photosynthĂšse et les courants doivent ĂȘtre organisĂ©s parallĂšlement aux cultures afin de ne pas nuire Ă  l’absorption des nutriments par les algues. L’algoculture trouve alors ses conditions idĂ©ales de rendements au Jashuria, grĂące Ă  son climat, notamment au nord, oĂč les tempĂȘtes tropicales sont moins prononcĂ©es. La culture des algues trouve donc ses meilleures conditions d’exploitation dans des baies lumineuses, sableuses, de faible profondeur, mais surtout protĂ©gĂ©es des courants marins et des grosses tempĂȘtes.

Malheureusement, mĂȘme si les conditions sont optimales pour la culture des macro-algues au Jashuria, l’extension de l’industrie contemporaine a créé de nouvelles problĂ©matiques pour la culture, notamment par le biais de la pollution marine. Les niveaux de pollution chimique, s’ils sont importants, sont de nature Ă  dĂ©stabiliser la production des algues et Ă  nuire aux rendements des radeaux. Les autoritĂ©s en charge des littoraux ont mis en place une sĂ©rie de mesures et capteurs destinĂ©s Ă  gĂ©rer ces problĂšmes en amont et de nombreuses conventions ont Ă©tĂ© signĂ©es entre les industries d’algoculture et les industries positionnĂ©es prĂšs des mers afin de garantir l’harmonie et de prĂ©server les fonds marins. Malheureusement, le dĂ©veloppement intensif de la poldĂ©risation et des industries continue de menacer aujourd’hui le dĂ©veloppement de l’algoculture sur les littoraux. Face Ă  cette situation, les Jashuriens travaillent d’arrache-pied avec les diffĂ©rents partenaires sociaux et privĂ©s afin de parvenir Ă  des accords sur la rĂ©partition des sols et des concessions marines afin d’éviter les conflits d’usages sur les littoraux, notamment le tourisme 
 qui s’implante Ă©trangement 
 sur les littoraux sablonneux et ensoleillĂ©s (allez comprendre
)

Le dĂ©veloppement effrĂ©nĂ© des littoraux jashuriens par poldĂ©risation a amenĂ© les scientifiques du Jashuria Ă  travailler sur de nouvelles algues, modifiĂ©es gĂ©nĂ©tiquement afin de survivre Ă  la modification de la pollution des eaux et aux nouvelles conditions de culture. L’enjeu, pour le pays, est de parvenir Ă  dĂ©velopper une algoculture capable de s’implanter dans des fonds marins plus variĂ©s que les zones historiques de culture. Face Ă  la rĂ©duction des concessions d’algoculture au profit de la diversification des usages du littoral, les scientifiques et les industries agro-alimentaires disposant des concessions d’algoculture sont parvenues Ă  des rĂ©sultats intĂ©ressants en mĂ©langeant les cultures sur un mĂȘme secteur. En effet, la fusion des cultures dans un seul et mĂȘme espace donne des rĂ©sultats intĂ©ressants en matiĂšre de crĂ©ation de biodiversitĂ© et de cycle vertueux de reproduction des espĂšces dans des espaces contraints. Ainsi, les algues grandissent aujourd’hui aux cĂŽtĂ©s de poissons, de coquillages et d’autres plantes marines servant Ă  l’alimentation jashurienne. Ces bassins de biodiversitĂ© deviennent de vĂ©ritables solutions durables pour l’aquaculture et la pisciculture au Jashuria. MalgrĂ© les risques de maladie constatĂ©s dans les bassins trop contraints, les rĂ©sultats sont aujourd’hui encore, Ă  la hauteur des espĂ©rances et font l’objet d’un suivi tout particulier par la communautĂ© scientifique, par le biais de capteurs et de nouveaux dispositifs de surveillance et de protection des secteurs cultivĂ©s. Cette aquaculture multi-trophique reste actuellement l’une des solutions les plus probantes du Jashuria face aux problĂ©matiques liĂ©es Ă  la diversification des usages des littoraux et Ă  la demande sans cesse croissante des populations et des industries en matiĂšre de macro-algues.

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Le natto jashurien : un aliment prisé


Le natto est un aliment fermentĂ© jashurien traditionnel Ă  base de graines de soja fermentĂ©es, consommĂ© le plus souvent comme accompagnement avec le riz. Fort au goĂ»t et en odeur, il est un des aliments traditionnels de la cuisine jashurienne depuis des gĂ©nĂ©rations, mais ne s’est que peu dĂ©veloppĂ© en-dehors du Nazum. Sa texture unique, pĂąteuse et douce, fait qu’il est aussi bien utilisĂ© en entrĂ©e qu’en accompagnement des plats principaux. Riche en protĂ©ines, il a Ă©tĂ© consommĂ© en complĂ©ment ou remplacement de la viande, toujours difficile Ă  trouver au Jashuria.

Le natto, sous sa forme de graines de soja fermentĂ©es, a Ă©tĂ© vraisemblablement introduit au Jashuria du nord il y a plus de milles ans. Bien qu’il existe traditionnellement trois grandes maniĂšres de produire le natto, la principale mĂ©thode consiste en l’introduction du Bacillus Subtilis dans des graines de soja vertes ou noires cuites Ă  la vapeur. ConsommĂ© tel quel ou en complĂ©ments des plats, le natto peut ĂȘtre utilisĂ© dans la prĂ©paration des viandes, des poissons, ou mĂȘme des desserts. DotĂ© de propriĂ©tĂ©s mĂ©dicinales, le natto est utilisĂ© dans certaines variĂ©tĂ©s pour ses propriĂ©tĂ©s bĂ©nĂ©fiques pour l’homme, notamment sur la flore intestinale.

Le natto frais prend une belle couleur dorĂ©e et semble, une fois capturĂ© avec des baguettes, couvert de mucus odorant. S’il Ă©tait autrefois consommĂ© dans des nattes de pailles et conservĂ© Ă  l’intĂ©rieur, c’est Ă  partir de l’invention de la rĂ©frigĂ©ration que le natto a pu prendre son essor dans la cuisine jashurienne, le froid permettant une conservation de longue durĂ©e. Progressivement, le natto a quittĂ© la cuisine traditionnelle pour pouvoir ĂȘtre distribuĂ© dans les grandes surfaces et faire l’objet d’un suivi attentif et de standards de qualitĂ© pour l’industrie agroalimentaire – la premiĂšre norme jashurienne concernant le natto date de 1977.

Le natto est riche en de nombreux nutriments, dont la vitamine K2 qui aide Ă  soutenir la santĂ© du cƓur et des os. La fermentation du natto rend les fĂšves de soja plus faciles Ă  digĂ©rer et dĂ©truit leurs anti-nutriments. On peut alors profiter des bienfaits du soja sans ses dĂ©savantages.

Le natto est aussi un alliĂ© du microbiote. Il contient des milliards de bactĂ©ries probiotiques ainsi que des composĂ©s prĂ©biotiques, qui soutiennent et nourrissent notre propre microbiote. Le microbiote joue des rĂŽles importants dans le corps humain, dont le maintien d’un systĂšme immunitaire sain et la rĂ©gulation du taux de cholestĂ©rol sanguin.

MalgrĂ© ses propriĂ©tĂ©s mĂ©dicinales indĂ©niables et sa popularitĂ© au Nazum, le natto peine Ă  dĂ©passer les frontiĂšres du continent. En effet, le natto, de par sa texture et son odeur, est peu apprĂ©ciĂ© par les Eurysiens et les Aleuciens, pourtant habituĂ©s aux fromages odorants. Sa texture peut rebuter, de mĂȘme que son odeur rappelant de l’ammoniaque. Le natto est trĂšs nourrissant. Il est riche en protĂ©ine, en fibres, en calcium et en vitamines K1, K2 et B2. Comme il ne possĂšde pas cholestĂ©rol, il reste bon pour la santĂ© et ses enzymes sont connues pour avoir une efficacitĂ© connue pour Ă©viter les attaques cardiaques.
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Le poids des traditions : la consommation de la nourriture dans une population bouddhiste et hindoue sécularisée


Il est difficile d'analyser de maniĂšre globale l'Ă©volution des comportements alimentaires Ă  l'Ă©chelle du celle du sud-est du Nazum et surtout du Jashuria : environ 60 millions de personnes composent une sociĂ©tĂ© plus multiforme que jamais : certes, une grande partie de la population est de confession bouddhiste ou hindoue, mais, au-delĂ  de la lettre des textes, les habitudes alimentaires varient suivant les ethnies et les rĂ©gions. Or ces religions, bien que sĂ©cularisĂ©es depuis longtemps, supposent un certain nombre de rĂšgles strictes concernant l'alimentation. Cependant, la modification des modes de vie, du fait de l'urbanisation et de l'Ă©volution du pouvoir d'achat, peut ĂȘtre lourde de consĂ©quences, bien que ces changements soient lents au Jashuria et ne soient apparus que durant la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle.

Dans la tradition bouddhiste et hindoue, la nourriture fait partie intĂ©grante des rituels du quotidien et conditionnent les obligations communautaires. Bien que le pays se soit grandement laĂŻcisĂ© et uniformisĂ© depuis ces derniĂšres dĂ©cennies, le poids de la tradition reste fort dans les multiples ethnies jashuriennes. Les concepts de puretĂ© et de sacrĂ© ordonnent les aliments au sein du foyer et la cuisson constitue un moment important des rituels Ă  observer. Les Jashuriens de confession hindoue et bouddhiste organisent la cuisson, la prĂ©sentation et la sĂ©lection des aliments selon des critĂšres de puretĂ© et de vulnĂ©rabilitĂ© aux impuretĂ©s. Si l’on s’en tient Ă  cette thĂ©orie, c’est avant tout l’observance des rituels qui constitue le critĂšre de choix et non les prĂ©fĂ©rences culinaires. Pourtant, il n’existe pas une doxa unifiĂ©e au sein du bouddhisme et de l’hindouisme jashurien. Les rĂšgles Ă©dictĂ©es varient d’un groupe Ă  l’autre et si l’on retrouve des similaritĂ©s, il n’existe pas un clergĂ© unifiĂ© capable de dĂ©crĂ©ter une liste de ce qui est pur et impur.

Gardons-nous des gĂ©nĂ©ralisations car c’est aller un peu vite en besogne. Toujours est-il qu’au-delĂ  de la cuisson et de la sĂ©lection des aliments, la cuisine possĂšde un caractĂšre tout aussi sacrĂ© dans l’imaginaire religieux jashurien. Le foyer a une place cruciale, divisĂ© en trois sous-espaces : celui de la cuisson, le plus protĂ©gĂ©, celui de la conservation des aliments (les aliments non-cuisinĂ©s conservant leur caractĂšre imparfait et impur) et l’espace du service. Dans la tradition hindoue et bouddhiste jashurienne, c’est d’ordinaire la femme qui lors de la prise de possession de la maison, rĂ©partit rituellement les espaces : l’autel, la cuisine, l’espace impur des ordures et les autres espaces neutres. Ce rituel, observĂ© par de nombreux Jashuriens, mĂȘme les moins religieux, consiste au versement d’une eau claire dans les diffĂ©rentes piĂšces de la maison, accompagnĂ© de priĂšres spĂ©ciales.

Il va de soi que la symbolique de la nourriture est encore plus forte dans les pĂ©riodes cruciales de la vie familiale, telles que la naissance, le mariage, la mort. C’est lors de ces rituels que l'impĂ©ratif de puretĂ© et les risques de pollution rituelle se trouvent multipliĂ©s. Dans le cas de la naissance d'un enfant, plusieurs Ă©tapes de modes d'alimentation et de festivitĂ©s marquent la rĂ©intĂ©gration de la mĂšre dans le cercle familial et l'accueil du bĂ©bĂ©. Ceci est accompagnĂ© de cĂ©rĂ©monies de purification, et la jeune mĂšre, rituellement polluĂ©e, est tenue Ă  l'Ă©cart des activitĂ©s de prĂ©paration des aliments et des lieux de cuisine.

En ce qui concerne la vĂ©nĂ©ration de la vache, cet animal commence Ă  prendre une valeur symbolique Ă  l'Ă©poque antiques, alors que s'organisent les rĂšgles de la puretĂ© et de l'impuretĂ© qui vont structurer le bouddhisme et l’hindouisme jashurien. A cette Ă©poque, le lait et ses dĂ©rivĂ©s, yaourt et beurre clarifiĂ© (ghee) ont une grande place dans l'alimentation, tandis que la viande de vache est consommĂ©e par tous. C'est l'animal prĂ©fĂ©rĂ© des sacrifices, et l'on voit apparaĂźtre bientĂŽt une hĂ©sitation : la vache, parce qu'elle est source de bienfaits et "sacrĂ©e", est-elle de ce fait le type mĂȘme de l'animal du sacrifice, ou au contraire, doit-on la soustraire Ă  la violence et en refuser l'abattage ?

Durant l’AntiquitĂ©, on tue encore le bƓuf et la chĂšvre, mais pour un invitĂ© seulement, pour lui faire honneur. En fait, dans cette pĂ©riode oĂč naissent le Bouddhisme et l’Hindouisme au Jashuria, les habitants ne sont pas vĂ©gĂ©tariens. L'Ă©volution vers le vĂ©gĂ©tarisme correspond, un peu plus tard, Ă  la fois Ă  des prises de position philosophique (le refus de tuer), et au passage d'une civilisation pastorale Ă  une civilisation agraire. Les vaches possĂšdent toujours aujourd’hui une valeur symbolique, mais ces derniĂšres sont dĂ©sormais tenues dans les enceintes des temples sacrĂ©s. Le Jashuria a bien compris quel problĂšme pouvait poser la transhumance des bovins dans l’espace public et a largement prĂ©fĂ©rĂ© mettre en place des sanctuaires pour bovins et des Ă©levages spĂ©ciaux, plutĂŽt que de laisser la situation dĂ©gĂ©nĂ©rer. Aujourd’hui, et contrairement aux temps anciens, la vache reste un aliment qui reste rĂ©servĂ© pour les grandes occasions. Le bƓuf et la vache ne sont pas servis Ă  la lĂ©gĂšre et il est considĂ©rĂ© comme une preuve de respect lorsqu’ils sont servis Ă  une table.

Aujourd’hui, le vĂ©gĂ©tarisme est particuliĂšrement important au Jashuria et tient aussi bien Ă  la tradition hindouiste et bouddhiste qu’à la raretĂ© de la viande. Le respect de l’interdit du meurtre s’est progressivement dĂ©placĂ© dans l’assiette jashurienne, si bien que la viande n’est abattue qu’en cas de nĂ©cessitĂ©, notamment pour combler les carences alimentaires. En effet, le meurtre de l’animal souille la viande. L’acte-mĂȘme, reste, et contamine la nourriture, ce qui, d’un point de vue plutĂŽt orthodoxe, est inacceptable. La consommation de la viande est donc vĂ©cue comme quelque chose de particuliĂšrement important et n’est pas pris Ă  la lĂ©gĂšre dans les familles les plus religieuses. La pratique du vĂ©gĂ©tarisme s’est cependant heurtĂ©e aux carences alimentaires et Ă  la modernisation de la vie jashurienne. L’accĂšs de plus en plus facilitĂ© Ă  la viande, mais aussi aux produits laitiers et la sĂ©cularisation de la sociĂ©tĂ© ; a modifiĂ© les maniĂšres de s’alimenter. Les prescriptions rituelles, en particulier dans le modĂšle hindou, sont si lourdes Ă  observer que, au nom de la modernitĂ©, apparaissent de nouveaux critĂšres d'efficacitĂ©, d'Ă©conomies de place, de gestes, de coĂ»t d'achat et de prĂ©paration. Il s'agit d'impĂ©ratifs de la vie quotidienne Ă  prendre en compte, et pas vraiment de laxisme vis-Ă -vis d'un modĂšle jugĂ© trop sĂ©vĂšre.

La vie en ville a largement modifiĂ© le rapport des Jashuriens hindous et bouddhistes Ă  la nourriture. Le fait de vivre dans des appartements modernes oblige Ă  faire des concessions quant au respect des traditions religieuses et sur la prĂ©paration des repas. La multiplication des mĂ©tiers hors du domicile a conduit Ă  une nouvelle rĂ©partition des rĂŽles au sein de la maisonnĂ©e et Ă  des temporalitĂ©s diffĂ©rentes, qui impactent les rituels de la vie quotidienne : impossible d’élaborer des cuisines Ă  l’ancienne lorsque les femmes jashuriennes travaillent Ă  l’extĂ©rieur. La multiplication des restaurants et des fast-foods rompt complĂštement avec la tradition du pur et de l’impur ; cela va de soi.

En parallĂšle de l’urbanisation, c’est bien l’émergence d’une classe moyenne parfaitement Ă  l’aise dans la mondialisation et moins Ă  cheval sur les traditions religieuses qui a changĂ© les habitudes alimentaires des Jashuriens. La cuisine vĂ©gĂ©tarienne se voit dĂ©sormais assortie d’impĂ©ratifs hygiĂ©niques au nom d’un mode de vie plus sain, plutĂŽt que justifiĂ©e par une morale religieuse. La cuisine jashurienne des classes moyennes est largement moins coincĂ©e sur ses traditions que celle des classes rurales.

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L’art de la table et l’étiquette


Les habitudes alimentaires et les maniĂšres Ă  table diffĂšrent au Jashuria selon les ethnies et les classes sociales. Les Jashuriens mangent gĂ©nĂ©ralement Ă  table sur des chaises ou assis sur des tatamis. Il est d’usage de se laver les mains avant de passer Ă  table en les trempant dans une vasque remplie d’eau Ă  l’entrĂ©e de la salle Ă  manger ou directement dans les salles de bains. Il est considĂ©rĂ© comme particuliĂšrement peu courtois pour des invitĂ©s de se laver les mains dans la cuisine, la question de la puretĂ© alimentaire entrant en jeu.

Un repas typique au Jashuria peut inclure une douzaine de plats, gĂ©nĂ©ralement prĂ©sentĂ©s dans des bols et assemblĂ©s de maniĂšre Ă  constituer une reprĂ©sentation idĂ©ale du monde culinaire sur un plat gĂ©nĂ©ralement laquĂ©. La vaisselle jashurienne est gĂ©nĂ©ralement richement dĂ©corĂ©e, notamment lors des diners chez l’habitant. Les Jashuriens se servent directement dans les plats et les bols avec des cuillĂšres et des baguettes pour remplir leurs propres assiettes. Les couteaux et les fourchettes sont surtout trouvĂ©s chez les hautes sphĂšres jashuriennes. Il est considĂ©rĂ© comme important de ne jamais se servir de ses propres couverts pour remplir son assiette. Il s’agit d’une vieille coutume hĂ©ritĂ©e de la distinction sociale d’un vieux systĂšme de caste tombĂ© en dĂ©suĂ©tude : les hautes sphĂšres de la sociĂ©tĂ© ne doivent pas toucher la salive des pauvres.

Il est d’usage de remercier la personne qui a prĂ©parĂ© le repas avant et aprĂšs, de mĂȘme qu’il est d’usage d’utiliser la serviette pour s’essuyer. Il est trĂšs mal vu dans le pays de manger avec les doigts et de les lĂ©cher. La culture jashurienne aimant la propretĂ© et les maniĂšres, les contrevenants sont gĂ©nĂ©ralement purement et simplement rappelĂ©s Ă  l’ordre par les hĂŽtes. Quand les Jashuriens invitent Ă  la maison, il est considĂ©rĂ© comme impoli de refuser. Par habitude, c’est la personne n’ayant pas participĂ© Ă  la prĂ©paration du repas qui sert les invitĂ©s, une maniĂšre de prouver que le maĂźtre ou la maĂźtresse de la maison a confiance dans les compĂ©tences culinaires de son conjoint. Gare Ă  l’invitĂ© qui se servirait lui-mĂȘme lors du premier tour de service.

Le petit déjeuner se prend au lever du soleil, entre 6h30 et 8h du matin. Le déjeuner est servi de 12h à 14h et le diner se prend entre 20h30 et 22h. La journée typique d'un Jashurien est rythmée par ces trois repas - les goûters sont rares - ainsi que par les pauses thé.

L’étiquette liĂ©e Ă  la boisson est importante au Jashuria. Les Jashuriens attendent gĂ©nĂ©ralement que l’hĂŽte porte le toast avant de commencer Ă  boire. Il est intĂ©ressant de constater que les Jashuriens et le Fujiwans utilisent le mĂȘme mot pour porter un toast. Lors des repas familiaux, c’est d’abord le plus vieux des invitĂ©s qui est servi, avant que la famille de l’hĂŽte, en signe de respect. Les Jashuriens ne gardent pas ombrage des Ă©trangers qui ne respectent pas scrupuleusement cette pratique et sont gĂ©nĂ©ralement plutĂŽt coulant avec les transgressions Ă©trangĂšres. Il n’en va pas de mĂȘme Ă  l’intĂ©rieur de leur culture, qui considĂšre le fait de boire avant le toast comme un manque de politesse. De plus, ce respect des anciens se retrouve aussi dans la maniĂšre dont les Jashuriens boivent en face de personnes ĂągĂ©es. Un Jashurien buvant devant un ancien dĂ©tournera lĂ©gĂšrement la tĂȘte pour ne pas faire face Ă  son ainĂ© s’il est d’un certain Ăąge. Cette pratique est considĂ©rĂ©e comme respectueuse envers les anciens.

Les Jashuriens apprennent trĂšs tĂŽt Ă  servir leur partenaire de boisson avant de se servir. Les Jashuriens utilisent les deux mains pour porter la bouteille et servir leurs pairs. Il s’agit d’un geste rassurant, signifiant que l’on ne porte pas un couteau ou un poignard dans sa main livre. Il est d’usage d’accepter l’alcool lorsqu’il est offert pour la premiĂšre fois et de tendre en retour le verre avec ses deux mains pour les mĂȘmes raisons. Si vous ne souhaitez pas boire plus que de raison, il est tolĂ©rĂ© de ne boire que peu. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, un Jashurien acceptera poliment que vous lui remplissiez son verre et refusera poliment que vous le resserviez. Il est important de savoir que contrairement Ă  d’autres cultures, au Jashuria, on attend qu’un verre soit vide pour proposer de le remplir Ă  nouveau.

Les Jashuriens ne mangent pas en se baladant dans la rue. Il s'agit là de mauvaises maniÚres. Les Jashuriens considÚrent que marcher en mangeant est indécent au regard des pauvres. La consommation de glaces, de chouchous et autres denrées se fait toujours assise, ce qui est un signe de politesse apprécié. Bien entendu, en fonction des régions, cette coutume est plus ou moins bien observée.

Il est considĂ©rĂ© comme impoli de lĂ©cher ses doigts ou de se moucher lorsque l’on mange au Jashuria. Les personnes indisposĂ©es sont priĂ©es de sortir de table et d’aller se nettoyer dehors afin de ne pas offenser le restaurateur ou la maĂźtresse de maison. De mĂȘme, bailler, roter ou Ă©mettre de grands bruits de mastication est Ă  proscrire si l’on veut ĂȘtre rĂ©invitĂ© quelque part. Faire du bruit de dĂ©glutition en avalant des soupes ou des nouilles est gĂ©nĂ©ralement trĂšs mal vu et il est communĂ©ment admis que les personnes qui font ça sont mal Ă©levĂ©es. Il est aussi trĂšs mal vu de fumer Ă  table et les bars et restaurants sont frappĂ©s d’une interdiction de laisser les gens fumer en intĂ©rieur.

Dans les restaurants, il est considĂ©rĂ© comme barbare de sĂ©parer l’addition entre les participants de maniĂšre publique. Il est considĂ©rĂ© comme honorable de payer l’addition complĂšte au restaurateur, puis que les participants usent de discrĂ©tion pour payer leur part Ă  celui qui a supportĂ© le coĂ»t. Cette pratique est respectĂ©e de maniĂšre assez claire par les Jashuriens, qui estiment qu’il est particuliĂšrement poli et bien Ă©levĂ© de faire ainsi, et de laisser les remboursements Ă  la discrĂ©tion des participants. Cela permet ainsi Ă  ceux qui ne disposent pas nĂ©cessairement des finances nĂ©cessaires de prĂ©server les apparences auprĂšs du plus grand nombre. Quant au pourboire, il est pratiquĂ© de maniĂšre assez variable en fonction des restaurants et des bars. Il est cependant trĂšs rare de voir des Jashuriens inscrire le pourboire sur les additions, par souci de transparence.

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Les fruits au Jashuria


Le Jashuria est un pays capable de produire de bonnes quantitĂ©s de fruits exotiques. Sur ces terres tropicales fertiles, les fruits y sont d’une qualitĂ© exceptionnelle et remplissent les assiettes des Jashuriens, notamment pour les desserts. Les principaux fruits consommĂ©s et produits au Jashuria sont les ananas, les bananes, les noix de coco, les mangues, les papayes, mais aussi les mangoustes, les litchis, les pommes canelles, les fruits de l’arbre Ă  pain, les pomelos, les fruits de la passion, les durians ou les caramboles, ainsi que les goyaves et les fameux fruits du dragon.

Le durian (Durio zibethinus), appelĂ© Ă©galement dourian ou durion est un fruit exotique, courant sur les Ă©tals du Nazum et du Jashuria plus gĂ©nĂ©ralement, mais attention, il est non seulement original dans sa forme mais en plus, particuliĂšrement repoussant par son odeur nausĂ©abonde et son goĂ»t puissant peu habituel et tenace. TrĂšs apprĂ©ciĂ© par les autochtones qui l'appellent souvent le "roi des fruits", les Ă©trangers ont souvent du mal Ă  l'apprĂ©cier immĂ©diatement. L’arbre produisant le durian peut atteindre 40m de hauteur et porte des feuilles alternes, oblongues, au revers argentĂ© et velu, mesurant 20cm maximum de long. Les fleurs jaune pĂąle qui s'Ă©panouissent forment des bouquets qui dĂ©jĂ  dĂ©gagent une odeur de lait caillĂ© assez curieuse. Elles sont pollinisĂ©es par les chauves-souris.

Les fruits qui suivent la floraison sont recouverts d'une sorte de carapace Ă©pineuse, et sont d'un calibre imposant puisqu'ils peuvent mesurer jusqu'Ă  30cm de long et peser 3kg voire davantage. Ils sentent fort mauvais avec une senteur qui ressemble Ă  un mĂ©lange discordant mĂȘlant le fromage, l'oignon, le caramel, le vin, l'ananas, la vanille
 Ils sont souvent installĂ©s sur des Ă©tals Ă  part et mĂȘme parfois interdits dans les lieux publics et transports en commun tant ils puent ! La consistance de la chair, une pulpe jaune, est lĂ  encore dĂ©routante : dense et crĂ©meuse, sans jus. Le durian contient des graines Ă©galement comestibles et est consommĂ© tel quel ou en jus. Au vu de l’odeur des durians, il est considĂ©rĂ© comme poli de ne pas les exposer dans des endroits pouvant incommoder les passants.

Entre son odeur difficilement supportable, et sa carapace sertie d’épines : le durian n’est pas un fruit naturellement attractif. Pourtant, il est particuliĂšrement prisĂ© au Jashuria, oĂč il est d’ailleurs surnommĂ© le "roi des fruits". Il y serait d’ailleurs responsable chaque annĂ©e de plusieurs dĂ©cĂšs par excĂšs de consommation. Dommage ! On trouve le durian un peu partout au Jashuria et il est rĂ©coltĂ© en fonction de son type. La pĂ©riode de rĂ©colte du durian au Jashuria dĂ©pend de la variĂ©tĂ© et de la rĂ©gion.

  • Monthong: La variĂ©tĂ© la plus commune, rĂ©coltĂ©e d'avril Ă  juin.
  • Chanee: Une variĂ©tĂ© plus rare, rĂ©coltĂ©e de mai Ă  juillet.
  • Kradum: Une variĂ©tĂ© Ă  la peau verte, rĂ©coltĂ©e de juin Ă  aoĂ»t.
  • Kob: Une variĂ©tĂ© Ă  la chair orange, rĂ©coltĂ©e de juillet Ă  septembre.

Les durians sont généralement récoltés pendant la saison sÚche, lorsque les températures sont élevées et l'humidité est faible. Des pluies excessives peuvent retarder la récolte.


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La consommation des viandes


Les rĂ©cents chiffre obtenus au Jashuria font Ă©tat d’un phĂ©nomĂšne certain. La consommation de viande au Jashuria augmente lĂ©gĂšrement depuis 1993, notamment dans les milieux aisĂ©s. Bien que le Jashuria soit une terre frugale en matiĂšre de consommation de viande, les activitĂ©s bouchĂšres existent depuis des gĂ©nĂ©rations et il est fait grand cas de la maniĂšre dont les animaux sont Ă©levĂ©s puis abattus et mis Ă  disposition des personnes.

Au Jashuria, les principales viandes consommĂ©es sont les fruits de la pisciculture. La proximitĂ© du pays avec deux ocĂ©ans a grandement participĂ© au dĂ©veloppement des activitĂ©s nourriciĂšres maritimes. Les Jashuriens, contrairement au stĂ©rĂ©otype commun, ne sont pas des vĂ©gĂ©tariens au sens strict du terme. Seule 30% de la population l’est rĂ©ellement. L’autre partie de la population, la grande majoritĂ©, consomme de la viande rouge ou blanche, dans des proportions trĂšs variĂ©es. Pourtant, la consommation elle-mĂȘme reste trĂšs faible dans le pays pour des raisons Ă  la fois culturelles, Ă©conomiques et politiques. Pour celles et ceux qui en mangent, la viande est un accompagnement dont on limite souvent volontairement la consommation, par frugalitĂ©, mais aussi par souci d’économie et de tradition.

A ce titre, plusieurs logiques de consommation de viande peuvent ĂȘtre identifiĂ©es au Jashuria. Pour les Hindous, la logique de puretĂ© marginalise les produits carnĂ©s : les Hindous se privent souvent de viandes lors de jours spĂ©cifiques pour se purifier (visite Ă  un temple, mort d’un proche, 
). La pratique du vĂ©gĂ©tarisme ou mĂȘme dans les cas les plus extrĂȘmes, du jeĂ»ne, permet de purifier son corps et de privilĂ©gier l’ascĂšse : s’abstenir de manger de la viande, c’est affirmer la maĂźtrise de soi, s’élever au-dessus de l’animal (du moins, si l’on en croit les pratiques de diffĂ©renciations de certaines ethnies jashuriennes).

Si la consommation de viande a augmentĂ© ces derniĂšres annĂ©es, les Jashuriens restent bien en-dessous de la moyenne des pays aleuciens et eurysiens. L’étude des statistiques de consommation fournies par les instituts de statistiques du gouvernement jashurien relativise cependant l’existence de cette transition vers des rĂ©gimes carnĂ©s. Si la quantitĂ© de graisse et de sucre consommĂ©e est bien en augmentation depuis les annĂ©es 1990, celle de viande reste trĂšs faible. Ainsi, en 2011, la consommation individuelle moyenne aurait Ă©tĂ© de 500 g de bƓuf, 720 g de mouton, 90 g de porc et 1690 g de poulet, soit un total de 3 kg (pour une moyenne de prĂšs de 100 kg par an en Eurysie).

Le restaurant est l’espace emblĂ©matique de cette hausse de consommation de la viande. Si la consommation publique de viande a longtemps Ă©tĂ© freinĂ©e par des impĂ©ratifs religieux, ce n’est plus le cas aujourd’hui, les Jashuriens ayant un rapport beaucoup plus libĂ©ral avec les tabous religieux. Si, durant longtemps, la consommation publique de viande ne pouvait se faire qu’avec l’assurance que la viande Ă©tait bien purifiĂ©e avant sa consommation, cet Ă©tat de fait s’est progressivement perdu sous l’administration fortunĂ©enne, faisant du Jashuria une contrĂ©e oĂč la consommation de nourriture au restaurant est devenue plutĂŽt commune et a permis l’essor de la culture gastronomique. À prĂ©sent, le restaurant et le stand de rue forment des contextes spatiaux qui rĂ©pondent Ă  la fois Ă  la nĂ©cessitĂ© quotidienne de se nourrir, mais aussi Ă  des pratiques plus Ă©litistes.

Au Jashuria, l’offre publique alimentaire se diversifie grĂące Ă  l’introduction des nouvelles viandes. Des soupes de mouton aux nouilles sautĂ©es au porc pour les Ă©tudiants en passant par des viandes haut de gamme pour les cols blancs, l’offre de restauration est le vecteur par lequel les Jashuriens peuvent consommer plus simplement de la viande. Si dans les zones rurales, la viande Ă©tait avant tout la nourriture du sacrifice et n’était mangĂ©e qu’à de rares occasions, ce n’était pas le cas dans les zones urbaines, oĂč le rĂ©gime alimentaire Ă©tait beaucoup plus omnivore. Les marchĂ©s rĂ©gulent la distribution et des rĂ©seaux de boucherie correctement instituĂ©s permettent d’écouler un stock consĂ©quent de viandes tuĂ©es le matin-mĂȘme, tandis que la viande devient pour beaucoup de plus en plus abordable. C’est Ă  la fois le rapport moins dĂ©complexĂ© Ă  la religion et la modernisation des techniques d’élevage d’abattage qui facilite le transport de la viande de l’élevage jusqu’à l’assiette et les restaurants ont ici leur part Ă  jour.

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Les Dabbawalas


Le plus ancien systĂšme de livraison des repas dans les mĂ©tropoles est Jashurien ! Les nouvelles plateformes de livraison n’ont pas inventĂ© la roue. Les dabbawalas, livreurs Ă  pied -et parfois Ă  vĂ©los) sont les livreurs les plus emblĂ©matiques du pays. En Jashurien, dabbawala signifie littĂ©ralement « celui qui porte la boite ». ChargĂ©s de dĂ©livrer les repas depuis plus d’un siĂšcle, ces travailleurs du quotidien acheminent chaque jour des centaines de milliers de repas sur les lieux de travail des Jashuriens. Ce systĂšme, particuliĂšrement prisĂ©, s’est perpĂ©tuĂ© dans la sociĂ©tĂ© jashurienne pour en faire une particularitĂ© inĂ©dite : ce n’est pas Ă  vous d’aller chercher votre repas, mais le repas qui vient Ă  vous 
 Et pas n’importe quel repas ! Votre repas-maison !

Le systĂšme des dabbawalas est le rĂ©sultat d’une organisation millimĂ©trĂ©e au sein de la sociĂ©tĂ© jashurienne mais aussi de la mosaĂŻque d’ethnies qui peuplent le pays. Le systĂšme de restauration ne pouvant accommoder les interdits alimentaires et les goĂ»ts d’ethnies aussi diffĂ©rentes, les travailleurs jashuriens Ă©taient gĂ©nĂ©ralement rĂ©solus Ă  consommer les repas prĂ©parĂ©s Ă  la maison sur leur lieu de travail, dans des conditions oĂč en maintenir la fraicheur ou la chaleur Ă©tait totalement impossible, les anciens lieux de travail n’étant pas Ă©quipĂ©s pour cela. Face Ă  cette situation oĂč le systĂšme de restauration privĂ© Ă©tait trop peu fourni ou trop onĂ©reux et oĂč les lieux de travail Ă©taient sous-Ă©quipĂ©s, les Jashuriens en Ă©taient rĂ©duits Ă  manger froid tous les jours, voire Ă  ne pas manger. C’est alors que quelques individus dĂ©brouillards eurent l’idĂ©e de lancer la premiĂšre entreprise de livraison de repas-maison Ă  Agartha au XIXe siĂšcle : si vous ne pouviez rĂ©chauffer votre repas Ă  midi, alors votre repas arriverait chaud Ă  vous.

Les dabbawalas fonctionnent sur un systĂšme basĂ© sur la confiance. Chaque jour, des milliers de ces travailleurs journaliers collectent les repas-maisons prĂ©parĂ©s par les travailleurs avant de les amener Ă  leur point de collecte. Les porteurs Ă  pieds ou Ă  vĂ©los vont alors conserver les repas Ă  leur point de collecte et prĂ©parer de leur cĂŽtĂ© les livraisons. Quand l’heure du repas arrive, des Ă©quipes de porteurs collectent les repas et font les dĂ©livrer sur les lieux de travail. Cette prestation, destinĂ©e essentiellement Ă  la classe moyenne, aux petits commerçants ou aux petits managers, s’est Ă©largie aux ouvriers et opĂšre 25 jours par mois dans les grandes mĂ©tropoles du pays. Elle n’est pas trĂšs onĂ©reuse et permet Ă  de nombreux porteurs avec de faibles qualifications de vivre correctement. On estime aujourd’hui que 100 000 repas sont livrĂ©s quotidiennement dans la mĂ©galopole d’Agartha et qu’un minimum de 5000 personnes sont employĂ©es en tant que porteurs au quotidien.

La particularitĂ© de ce systĂšme de porteurs est qu’il est reprĂ©sentatif de la maniĂšre dont les Jashuriens conçoivent des organisations de travail efficaces et pĂ©rennes. Les dabbawalas ont travaillĂ© sans interruption depuis plus d’un siĂšcle et prĂ©sentent un taux d’erreur dans la livraison des repas particuliĂšrement faible au vu du nombre de repas Ă  livrer et du peu de moyens dont ils disposent. Pourtant, les statistiques de l’universitĂ© d’Etat d’Agartha montrent qu’aujourd’hui, le taux d’erreur des dabbawalas d’Agartha est d’environ 6 erreurs sur 13 millions de transactions. OrganisĂ©s en coopĂ©ratives pour chaque mĂ©tropole, les porteurs sont organisĂ©s en Ă©quipes de huit personnes, puis en groupes de plusieurs Ă©quipes, puis en une coopĂ©rative de plusieurs groupes. On estime qu’une bonne coopĂ©rative de dabbawalas fait environ 120 personnes pour fonctionner Ă  plein rĂ©gime sans accuser de retards sur un secteur. Chaque porteur est identifiĂ© par le mĂȘme type d’uniforme depuis des gĂ©nĂ©rations. Celui-ci comporte Ă  minima un pantalon de lin blanc, un chapeau blanc, et une broche dorĂ©e portĂ©e au niveau du cƓur.

Une coopĂ©rative de dabbawalas fonctionne toujours sur le mĂȘme principe organisationnel. Chaque dabbawala gĂšre quotidiennement un portefeuille d’une trentaine de clients, gĂ©nĂ©ralement dans le mĂȘme quartier. Sa premiĂšre action en arrivant le matin est de faire la tournĂ©e de ses clients et de rĂ©cupĂ©rer sur son charriot les diffĂ©rents repas. Une fois sa tournĂ©e faite, le porteur se rend Ă  la plateforme de tri la plus proche pour trier avec son Ă©quipe les boites afin de les diriger vers leur zone de livraison. Chaque boite Ă  repas possĂšde un systĂšme de couleur et d’abrĂ©viations permettant au livreur de se repĂ©rer dans la livraison. Ce systĂšme comporte :

  • L’abrĂ©viation du lieu de collecte : le client
  • Le code couleur du point tri
  • Le code couleur du point de livraison
  • Des annotations de livraison : bĂątiment, Ă©tage, lieu

Les boites sont ensuite transportĂ©es par plusieurs porteurs sur leurs plateformes de livraison, gĂ©nĂ©ralement en utilisant le systĂšme ferroviaire ou le mĂ©tro. A l’arrivĂ©e, les boites sont Ă  nouveau triĂ©es, puis rĂ©parties selon les secteurs de livraison et les Ă©quipes. A l’heure du repas, l’ensemble des Ă©quipes de livraison entament leur tournĂ©e. Une fois les repas livrĂ©s, les porteurs reviennent quelques heures plus tard, gĂ©nĂ©ralement en milieu d’aprĂšs-midi pour collecter les boites vides et les renvoyer par le mĂȘme systĂšme vers leur point d’origine. Du point de vue du client Ă©metteur, la boite revient sur le pas de sa porte. Une fois les boites Ă  repas rapportĂ©es, le travail des dabbawalas est terminĂ© pour la journĂ©e.

Les dabbawalas sont supposĂ©s ĂȘtre capable de transporter une bonne charge sur leurs vĂ©los ou Ă  pied. Ils travaillent gĂ©nĂ©ralement du matin jusqu’à la fin de l’aprĂšs-midi et possĂšdent tous un badge d’accĂšs spĂ©cial pour le train et le mĂ©tro. Au Jashuria, chaque train dispose d’un wagon dĂ©diĂ© au petit transport de marchandises, comme les paniers repas. Ce wagon est gĂ©nĂ©ralement placĂ© en tĂȘte de train ou Ă  la fin. Le point crucial de toute l’opĂ©ration reste bien entendu le chargement et le dĂ©chargement des boites Ă  l’aller et au retour.

La particularitĂ© de ce systĂšme rĂ©side dans la confiance que les Jashuriens lui donnent et aussi dans une organisation particuliĂšrement efficace pour livrer les repas. L’appui du rĂ©seau ferroviaire permet aux livreurs d’acheminer de grandes quantitĂ©s de nourriture avec peu d’efforts dans les grandes mĂ©tropoles, ce qui facilite grandement la rapiditĂ© du systĂšme. Le systĂšme, bien que trĂšs rustique, reste particuliĂšrement efficace et n’a pas eu besoin de sauter le pas des nouvelles technologies pour s’amĂ©liorer. La codification simple des boites, l’organisation millimĂ©trĂ©e de la collecte et du tri, ainsi que la quasi-absence d’outils technologiques (le plus utilisĂ© reste le SMS pour signaler l’arrivĂ©e du dabbawala), font que ces coopĂ©ratives peuvent fonctionner avec du personnel peu qualifiĂ©, ce qui a favorisĂ© l’insertion sociale de nombreux dĂ©favorisĂ©s du Jashuria. Les dabbawalas, pour le service qu’ils rendent, sont particuliĂšrement bien considĂ©rĂ©s. Livreurs de confiance, ils sont connus de leurs clients et apparaissent comme des figures aisĂ©ment identifiables dans le paysage des villes jashuriennes.
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Le thé du Jashuria

Le thĂ© est connu dans la rĂ©gion du Jashuria depuis environ 400 av. J.-C. Il est utilisĂ© depuis des siĂšcles comme boisson, mais aussi comme remĂšde. Bu Ă  l’origine pour ses vertus mĂ©dicinales, le thĂ© devient une boisson Ă  la mode durant les diffĂ©rentes dynasties qui contrĂŽlĂšrent tout ou partie du Jashuria durant le premier millĂ©naire. Le thĂ© Ă©tait alors couramment vendu sous forme de briques estampillĂ©es aux symboles des producteurs, puis rĂŽti et pulvĂ©risĂ© avant d’ĂȘtre ajoutĂ© dans de l’eau. Le thĂ© jashurien contemporain est encore aujourd'hui consommĂ© de cette maniĂšre, qui demande certes plus de prĂ©paration, mais qui reste une mĂ©thode particuliĂšrement intĂ©ressante pour le processus de purification propre Ă  la cuisine jashurienne.

Le thĂ© au Jashuria est une histoire ancienne, mais il est de notoriĂ©tĂ© commune que c’est sous l’administration fortunĂ©enne que le thĂ© prend vĂ©ritablement son essor au-delĂ  du Jashuria et qu’il fait l’objet d’une vĂ©ritable exportation au-delĂ  du continent. Lorsque les FortunĂ©ens s’installent au Jashuria et mettent en place leurs comptoirs dans les citĂ©s-franches, l’attrait procurĂ© par la culture du thĂ© au niveau local leur fait prendre conscience du potentiel qu’il y a Ă  mettre en Ɠuvre leurs propres productions de thĂ© dans un pays Ă  la main-d’Ɠuvre peu chĂšre. Les citĂ©s jashuriennes de l’époque possĂ©daient les connaissances liĂ©es au thĂ©, mais elles Ă©taient chasse-gardĂ©e des grandes corporations, qui voyaient leur intĂ©rĂȘt dans la vente des feuilles dĂ©jĂ  prĂ©parĂ©es aux FortunĂ©ens.

Les FortunĂ©ens parvinrent Ă  mettre la main sur les secrets de fabrication du thĂ© jashurien par des biais dĂ©tournĂ©s. Ils repĂ©rĂšrent une variĂ©tĂ© indigĂšne de thĂ©ier, qui poussait dans la rĂ©gion des lacs. Jusque-lĂ , sa feuille n’était utilisĂ©e que comme remĂšde par les Jashuriens, car trop forte Ă  leur goĂ»t. Les premiers essais pour produire du thĂ© en grande quantitĂ© Ă  partir de camellia sinensis assamica sont cependant un Ă©chec : les FortunĂ©ens se rendent compte qu’ils vont avoir besoin des connaissances techniques et de l’expĂ©rience des Jashuriens concernant la culture du thĂ©.

Se rapprochant des corporations du thĂ© aprĂšs s’ĂȘtre emparĂ©s en toute discrĂ©tion de plusieurs centaines de pieds de thĂ©iers inusitĂ©s, les FortunĂ©ens appĂątĂšrent par le biais de l’argent des ouvriers des grandes corporations qui ne pouvaient s’élever socialement. En leur promettant richesse et statut social, ces ouvriers du thĂ© tournĂšrent casaque et se mirent Ă  travailler dans les plantations et les manufactures fortunĂ©ennes. Cependant, cette production de thĂ© n’est pas destinĂ©e aux Jashuriens : le thĂ© des FortunĂ©ens produit localement reste trop fort et loin des standards locaux. Il est donc un produit d’exportation pur, qui se rend par convois entiers en Eurysie et en Aleucie. L'exportation du thĂ© eut un effet saisissant sur l'industrie jashurienne. Voyant que le thĂ© s'exportait par cargaisons entiĂšres, les Jashuriens se mirent Ă  exporter vers l'Eurysie avec un effort redoublĂ©, mais le monopole dĂ©tenu par les FortunĂ©ens sur les exportations en Eurysie rendirent compliquĂ©e l'exportation des produits quand ceux-ci n'Ă©taient pas estampillĂ©s des compagnies fortunĂ©ennes. Il en rĂ©sultat que les produits jashuriens sans approbation de l'administration fortunĂ©enne ne s'exportĂšrent que sous le manteau, ou par petites quantitĂ©s hors du Nazum vers l'Eurysie, limitant grandement l'impact culturel jashurien dans le continent du Vieux Monde.

Le Jashuria classe les thĂ©s locaux en plusieurs catĂ©gories afin de mieux s’y retrouver. Tout d’abord, les Jashuriens produisent du thĂ© noir. Riche en thĂ©ine – autre nom de la cafĂ©ine – les thĂ©s noirs du Jashuria ont une couleur cuivrĂ© foncĂ© et ont gĂ©nĂ©ralement une saveur plus forte et plus robuste que les autres types de thĂ©. On produit le thĂ© noir en rĂ©coltant les feuilles de thĂ© et en les Ă©crasant lĂ©gĂšrement avant de les laisser s’oxyder. C’est cette prĂ©paration qui donnera Ă  ce thĂ© sa robustesse. DeuxiĂšmement, le thĂ© vert, qui lui, est rĂ©coltĂ© puis cuit Ă  la vapeur ou Ă  la poĂȘle afin d’en freiner puis d’en stopper le processus d’oxydation des feuilles. L’oxydation, ainsi stoppĂ©e, donne au thĂ© sa couleur verte et son goĂ»t lĂ©ger. TroisiĂšmement, le thĂ© blanc, qui lui, est peu transformĂ© avant d’ĂȘtre sĂ©chĂ© et emballĂ©. Le thĂ© blanc a tendance Ă  ĂȘtre trĂšs faible en thĂ©ine, bien que certains thĂ©s Ă  pointe argentĂ©e puissent en avoir une teneur lĂ©gĂšrement plus Ă©levĂ©e. Le thĂ© oolong est un thĂ© qui lui, sera partiellement oxydĂ© : une sorte de compromis entre le thĂ© noir et le thĂ© vert, ce qui lui donne une belle variĂ©tĂ© de saveurs. Les Jashuriens produisent aussi un thĂ© spĂ©cial nommĂ© le thĂ© pu-erh, qui est issu d’un processus d’arrĂȘt de l’oxydation de ses feuilles, puis de fermentation sur plusieurs annĂ©es, sous la forme de briquettes estampillĂ©es. Le thĂ© violet est quant Ă  lui endĂ©mique du Jashuria. CultivĂ© depuis plusieurs dizaines d’annĂ©es, il s’agit des feuilles d’un thĂ©ier violet qui pousse aussi trĂšs bien dans le sud et dans l’est de l’AfarĂ©e. On produit le thĂ© violet de la mĂȘme maniĂšre que le Oolong. Le Matcha est quant Ă  lui produit Ă  partir de plants de thĂ© spĂ©cialement sĂ©lectionnĂ©s et laissĂ©s Ă  l’ombre quelques semaines avant la rĂ©colte, ce qui leur donne une couleur vert Ă©meraude apprĂ©ciĂ©e au nord du Jashuria. Les feuilles des Matchas sont immĂ©diatement cuite Ă  la vapeur dĂšs la rĂ©colte, pour donner une forme spĂ©cifique de thĂ© vert avant d’ĂȘtre broyĂ©es en poudre trĂšs fine.


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