27/03/2015
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[CULTURE]L'alimentation au Jashuria

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L'alimentation au Jashuria

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«Grasse cuisine fait maigre testament. »


SOMMAIRE

  • Le riz : une plante dominante et tyrannique
  • Que boit-on au Jashuria ?
  • La culture des algues au Jashuria : une ressource alimentaire d’intérêt national
  • Le natto : un aliment prisé
  • Le poids des traditions : la consommation de la nourriture dans une population bouddhiste et hindoue sécularisée
  • L'art de la table et l'étiquette
  • Les fruits au Jashuria
  • La consommation des viandes
  • Les dabbawalas



Cette section vise à rendre compte de la complexité de l’alimentation jashurienne, de ses us, ses coutumes et ses traditions. Le lecteur trouvera ici les différentes spécialités du Jashuria, mais aussi des aliments plus communs, qui façonnent la vie quotidienne de ce peuple. Au-delà du simple fait de bien manger, il s’agit aussi de rendre compte de la symbolique sociale de la nourriture et du fait de partager un bon repas.

"Schématiquement, on dira que toute la cuisine hindoue s'articule, encore aujourd'hui, autour du souci de pureté, le couple pureté/impureté constituant la clé du code brahmanique fondant la base symbolique de l'organisation de la société hindoue. Cette conception est l'un des legs de la tradition brahmanique ou védique pour laquelle cuisiner ne revient pas à préparer un repas mais à répéter le sacrifice cosmique dans lequel le monde « se cuit » ou, ce qui revient au même, à opérer le sacrifice védique originel par lequel l'hindou va « cuire le monde ». La symbolique du feu, sorte de trait d'union entre le sacrifice et la cuisine dès lors qu'au feu des dieux correspond celui des hommes, marque ainsi les rites les plus élevés et les gestes culinaires les plus communs. Chaque aliment porté au feu constitue en quelque sorte une oblation et est donc, nécessairement, objet des rites les plus attentifs et détaillés. L'essence même de l'homme est d'être à la fois le sujet du sacrifice (il est alors le sacrificiant) et son objet éventuel (il est alors lui-même un aliment porté aux dieux dans le sacrifice de l'immolation). Au risque de ramasser le tout en une seule formule simplificatrice, on dira non seulement que la cuisine est un sacrifice, mais encore que le sacrifice lui-même est une cuisine. Telle est la raison fondamentale pour laquelle l'acte de cuisiner constitue un enjeu majeur pour l'hindou : inscrite dans une vision globale du monde, chaque préparation de repas revient pour lui à se remettre personnellement et perpétuellement en cause." Max-Jean Zins, spécialiste de la cuisine hindoue

À rebours des apparences, les Jashuriens, plutôt fluets, sont très gourmands. Ils ont ceci de commun avec les Eurysiens qu’ils aiment la bonne chère, laquelle nourrit les conversations et constitue le menu de nombreux programmes de télévision, de magazines, d’émissions de radio, de sites Internet et de livres. Toute occasion est prétexte à gobichonner. Ils se délectent chez eux en famille mais aussi très fréquemment à l’extérieur, dans les innombrables restaurants souvent situés en sous-sol ou aux derniers étages des buildings commerciaux, grands magasins ou hôtels de luxe, debout dans les échoppes dans les couloirs et sur les quais de gare ou bien encore dans les tavernes et gargotes situées sous les voies aux abords des stations ferroviaires. Les Jashuriens invitent peu chez eux, en revanche, ils fréquentent alternativement tous ces lieux de restauration, après le travail entre collègues, le week-end seuls, entre amis ou en famille. Ils se goinfrent lors des fréquents banquets institutionnels, lors des représentations de théâtre, pendant les tournois de sport, dans les cafétérias des parcs de loisirs ou des musées, dans les auberges traditionnelles et les luxueux restaurants traditionnels –, après un bain prolongé dans une source d’eau chaude en plein air, dans les trains au retour d’un bref voyage. Où qu’ils séjournent, les Jashuriens ne partent pas sans s’être renseignés sur les restaurants à ne pas rater. Ils ne quittent généralement pas leur lieu de villégiature sans avoir goûté les spécialités locales et dilapidé quelques milliers de Dollars Jashuriens en gâteries souvenirs, pour eux-mêmes et les proches.


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Le riz : une plante dominante et tyrannique


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Une rizière jashurienne dans la région d'Azur

Le riz est une plante dominante, tyrannique.

C’est dans ces mots que l’historien Pramanat Yongjaiyut synthétise la relation conflictuelle que cet aliment entretient avec les Jashuriens depuis l’aube de l’agriculture dans la Péninsule du Nazum. Graminé originaire des pays secs, le riz s’est par la suite transformé en cette plante des rizières que tous les Jashuriens connaissent sur le bout des doigts. Nécessitant beaucoup d’oxygène pour pouvoir grandir, le riz est une plante exigeante. L’eau stagnante ne lui convient pas, pas plus que les grandes chaleurs. Prince capricieux, il ne se satisfait que d’une eau en mouvement, dont les rizières sont les plus parfaits exemples, organisant ainsi un paysage particulier : au repos, puis en mouvement, selon des temps précis. Le riz est, au Jashuria, une puissance sacrée, dont les savoirs agricoles se transmettent de générations en générations.

Le riz domine et organise la vie jashurienne depuis des temps immémoriaux, tout en ordonnant une sculpture particulière du paysage, dont les Jashuriens se sont faits les plus fervents défenseurs et ingénieurs. Se conservant mieux que le blé et nourrissant mieux la population que les affreux rendements de son concurrent, le riz s’est imposé dans la Péninsule comme la nourriture la plus commune. Mais surtout, le riz, par sa nature-même et son organisation dans les parcelles, propose un rendement supérieur à celui du blé. Mais … contrairement au blé, le riz est un maître exigeant, détenant le record des manipulations humaines nécessaires à sa production et des aménagements nécessaires à sa culture. Cultivé et consommé sur place, il a permis l’installation pérenne des populations dans la Péninsule, au prix de défrichements systématiques et d’aménagements particuliers.

Lorsque le riz commence à s’installer dans la Péninsule il y a de cela plusieurs millénaires, les populations nazumies se nourrissaient essentiellement de millet et de sorgho, des plantes qui à l’époque, s’échangeaient à meilleur marché que le riz. La culture du millet du sorgho y dominait alors, principalement pour son intérêt nutritif et sa transformation en bouillie ou galette une fois le grain pilé dans un mortier. Malheureusement, pas de farine de millet, celui-ci devenant rapidement rance une fois moulu. Quant au sorgho, ce « blé cémétien », bien qu’ayant un cycle court de croissance, il fut principalement utilisé pour les fourrages, grâce à ses longues tiges, et transformé en farine servant à la réalisation du jowar, un pain encore produit aujourd’hui dans certaines régions du Nazum. Ce n’est que bien plus tard que le sorgho fut utilisé dans la production de teinture rouge et de sucre, grâce à l’ingéniosité des peuples d’Afarée, où cette plante pousse particulièrement bien.

Au Jashuria, le millet et le sorgho, avant la généralisation du riz, sont complétés par des ignames, des fruits exotiques – bananes, papayes, … -, des taros, … La patate douce d’Aleucie n’arrivera dans la Péninsule qu’à l’aube du XVIIIe siècle, par le biais des marchands, mais ne s’implantera durablement qu’au XIXe siècle, malgré la résistance de la civilisation du riz. Le manioc suivra un destin similaire et même si on le retrouve aujourd’hui dans les assiettes jashuriennes, le riz reste la céréale dominante de l’alimentation.

Le riz atteint la Péninsule au travers de l’ancienne Aryèdie et ne s’y installe que vers le second millénaire avant notre ère. Les premières expérimentations ont été réalisées en culture sèche, c’est-à-dire sans système de rizière, avec des rendements pauvres, peinant à concurrencer le millet et le sorgho. La culture sèche ne reprendra son essor que lorsque le système des rizières sera pleinement opérationnel, permettant de constituer une nouvelle récolte lorsque les rizières sont vides, et que le sol vidé de son eau est recouvert de micro-organismes et bien aéré. C’est lors de cette période de rotation des cultures que les plantes dites du « dixième mois » continuaient d’être cultivées à la place du riz des rizières. Les paysans exploitaient alors la fertilité du sol limoneux vidé de son eau avec l’ajout d’une fumure abondante constituée de déchets animaux et végétaux, après quelques jours de labours. Les légumineux étaient alors cultivés lors de cette saison, tandis que les aménagements des sols étaient refaits pour les prochaines semences de riz.

La culture sèche du riz est rapidement remplacée par une culture dite de rizière. En effet, le riz produisant une récolte tous les cinq mois, les paysans pouvaient alors réaliser deux récoltes par an, et garantir deux mois durant lesquels l’exploitation des rizières vides permettaient de cultiver sans trop de risques les tubercules, légumes, et autres plantes à cycle court, mais aux rendements plus faibles, venant agrémenter l’ordinaire nazumi. Ce type de culture permet de nourrir en théorie une cinquantaine de Nazumis sur un hectare, à supposer que le sol soit parfaitement exploitable, ce qui est rarement le cas. Les rizières ont marqué le paysage jashurien pendant des siècles, alimentant l’imaginaire des voyageurs eurysiens (on se souvient tous des belles estampes se vendant à prix d’or sur les marchés eurysiens). Les plus anciens traités d’ingénierie du Jashuria font état du paysage des rizières, de l’occupation systématique du sol et des ouvrages nécessaires à l’entretien et à la construction des rizières avec une précision redoutable, si bien que peu de doutes sont permis quant aux connaissances de l’époque en matière d’agriculture, surtout dans un territoire aussi vaste et compliqué à façonner que le Jashuria.

Les rizières ont l’avantage de s’organiser en cases alimentées par des rigoles d’irrigation et délimitées par des diguettes. L’eau stagnante, peu profonde (généralement 20 à 25 centimètres), se retrouve piégée dans des cases d’environ cinquante mètres par cinquante. Amenée par des systèmes de pompes depuis les cours d’eau, l’eau remplit les cases labourées en amont, puis est contenue par des systèmes de batardeaux amovibles, qui, une fois retirés, permettent d’évacuer l’eau boueuse, chargée de sédiments. La culture en rizière s’adapte particulièrement bien aux reliefs montagneux, où les paysans utilisent l’eau en amont pour remplir les cases sans avoir à manipuler longuement les pompes d’irrigation. Dans la plupart des cas, les rizières sont situées dans des zones de faible inondation, mais des pays comme le Jashuria, disposant de grandes zones agricoles inondables, ont dû s’adapter et bâtir des rizières d’eaux profondes, où la récolte du riz se fait non pas à pieds joints dans la rizière, mais par bateaux lors de la mousson. Mais le jeu en vaut la chandelle. Non content de pouvoir réutiliser sans fin la même parcelle, la rizière permet aussi des rendements impressionnants qui nourrissent l’ensemble du Nazum.

Il ne faut pas oublier que le riz, malgré ses hauts rendements et la possibilité de faire plusieurs récoltes par an, est un maître exigeant, qui nécessite un soin et des aménagements particuliers. Le prince de l’alimentation nazumi n’accepte guère d’être cultivé sur un sol peu préparé. Il réclame un écrin pour pouvoir se sublimer. Mais plus encore, il nécessite une série de manipulations et de préparations en amont de la récolte qui rendent le travail laborieux. La simple préparation de l’irrigation, l’actionnement des pompes et le remplissage des cases est un travail harassant, qui préfigure un travail encore plus laborieux : celui du piquage du riz. Si l’eau de pluie parvient parfois à alléger le travail en remplissant les cases, les agriculteurs jashuriens ont pendant longtemps compté sur la seule force de leurs bras, jusqu’à ce que les animaux viennent les aider, notamment sur les roues des machines d’irrigation. Le riz nécessite alors une grande concentration de main d’œuvre, mais aussi une planification attentive, qui pendant des siècles, reste l’apanage des pouvoirs centraux. L’agriculteur, bien que cultivant la terre, est supervisé par les autorités locales, qui surveillent depuis les tours de guet les plantations et organisent les rotations des cultures et notent les rendements. A mesure que la culture du riz progresse, la société s’organise, aussi bien socialement que spatialement, et se consolide autour de ce maître si particulier. Car il ne s’agit pas seulement de cultiver des rizières et de les façonner ! Il faut les surveiller, ce qui nécessite des soldats, mais aussi veiller à ce que la production soit soigneusement consignée, afin de prévenir d’éventuelles famines et remplir correctement les greniers, ce qui suppose des administrateurs dédiés. Et c’est sans compter la multitude de métiers qui vivent du riz : restaurateurs, meuniers, éleveurs, … et qui s’organisent au rythme de ses récoltes.

La gestion de l’eau a également façonné la mentalité des paysans, notamment ceux des montagnes. De l’amont à l’aval, l’eau passe selon l’ordre social établi, avec le jeu des alliances et des convenances entre les villages voisins. La répartition de l’eau, ressource précieuse, devient alors un enjeu collectif, de proches en proches, puis de villages en villages, de sorte que tout le monde est lié par la rizière et son irrigation. L’intérêt individuel s’efface alors devant la recherche de l’efficacité et de l’utilisation raisonnable des ressources naturelles. Ce jeu des alliances entre village a de nombreux avantages, car il permet aussi d’obtenir de l’aide pendant les inondations, car tout le monde se sent responsable de la survie de l’autre, tout comme il peut avoir ses mauvais côtés, notamment des rivalités d’une rivière à une autre, ou d’un amont face à un aval.

Le riz, nous l’avons vu, souhaite un écrin particulier. Mais il est aussi … précieux. Il n’est pas question, comme le blé eurysien, de le semer à la volée, le laissant à la merci des oiseaux. Non ! Il est prélevé avec précaution dans des serres et des pépinières dédiées où il pousse serré, afin d’être replanté dès la période des semences dans les rizières. Cette période de repiquage du riz est particulièrement importante et a créé toute une lignée de professionnels de la sélection rituelle des plants de riz. Se voir confier la tâche de préparer et de sélectionner les plants de riz dignes d’être repiqués était alors un grand honneur et suivait un rituel particulier dans les grandes rizières. La gestion du calendrier était alors particulièrement ritualisée et organisait non seulement la prochaine récolte, mais aussi le passage des saisons. A l’organisation spatiale et sociale des rizières s’ajoute alors l’organisation quasi-religieuse de l’agriculture, où chaque geste est à la fois un acte technique soigneusement pensé, mais aussi une manière d’honorer les esprits de la fertilité et des récoltes. La riziculture permet la sédentarisation, mais cette sédentarisation permet aussi de créer des mythes collectifs. De la préparation des rizières à la récolte des épis de riz, chaque étape de la vie de la rizière est rythmée par des offrandes, des fêtes et des rites en l’honneur des dieux des rizières. Les divertissements liés à ces célébrations sont encore aujourd’hui très populaires du Jashuria, notamment dans les campagnes. Qu’il s’agisse de rites théâtraux mimant la plantation du riz où les complexes techniques de sélection et de repiquage, c’est tout une tradition qui s’est organisée, souvent dans la pratique théâtrale, où les acteurs deviennent, le temps d’une représentation, les avatars des dieux de la fertilité. Ainsi, l’ensemble de la société paysanne traditionnelle se rassemble autour de mythes communs, qui organisent le temps et l’espace. Il est toujours d’usage, aujourd’hui, d’offrir aux divinités de l’alcool de riz et des boulettes de pâte de riz aromatisées.

Le riz, cuit à l’eau, se présente en de nombreuses variétés et constitue l’ordinaire du citoyen jashurien. Avant l’essor de l’époque moderne, la ration basique d’un Jashurien pouvait être constituée de plusieurs bols de riz cuit et de quelques grammes de graisse de porc et quelques fruits pour agrémenter le tout, sans compter les divers légumes, pois et haricots venant s’ajouter au repas de base. L’essentiel du régime alimentaire est alors végétarien, le poisson, les œufs et la viande étant rares sur la table. Les épices restent un moyen d’améliorer l’ordinaire et d’ajouter de la saveur à ce qui reste à l’époque plutôt fade. Le riz est aussi utilisé dans la fabrication des eaux-de-vie fortes dont les Nazumis ont le secret. Etant donné la tyrannie du riz dans l’alimentation du Nazum, l’art culinaire s’est pendant longtemps borné à savoir comment agrémenter le riz et décupler les saveurs des aliments pour faire en sorte que chaque bouchée en vaille la peine.

La modernisation de l’agriculture au sein du Jashuria a été entamée au cours du XIXe siècle. La minutie avec laquelle les Jashuriens ont entretenu les rizières et mis en place des traités d’agronomie en prise avec la géographie particulière de leur pays leur a permis d’obtenir d’excellents rendements. La moyenne actuelle des rendements de situe aujourd’hui à environ 50 quintaux de riz l’hectare. Cette moyenne compte les deux récoltes, mais omet les cultures d’hiver, comme le blé, l’orge, ou les légumes. Les raisons de cette réussite alimentaire tiennent dans l’utilisation intensive des produits agricoles modernes comme les fertilisants, mais aussi dans la perpétuation des rites de sélection des plants de riz à repiquer, qui au fil des siècles, est devenue le fer-de-lance de la recherche agronomique jashurienne. Le développement de la recherche sur les organismes génétiquement modifiés a conduit le pays à tester et introduire de nouvelles variétés de riz et de plantes, qui compensent le manque de vitamines A dans l’assiette jashurienne quotidienne. Nous pouvons notamment citer le « riz doré », qui contient beaucoup plus de béta-carotènes que le riz blanc ordinaire. Ce riz, riche en vitamines A, a largement permis de compenser les problèmes liés au manque de vitamines A dans le régime alimentaire jashurien et même s’il se heurte à la méfiance des associations anti-OGM, ses réussites ne sont pas à négliger. Il est aujourd’hui exporté dans les pays d’Afarée et de Paltoterra, qui subissent aussi ces carences.

La modernisation de la culture en rizière a considérablement réduit le temps de travail nécessaire pour une récolte. Les techniques d’irrigation s’étant mécanisées et automatisées dans les industries agro-alimentaires, l’agriculteur jashurien ne consacre désormais par an que 1800 heures de travail pour la culture d’un hectare de rizière (soit environ 225 jours par an). L’ajout de machines de plus en plus performantes a aussi joué dans cette réduction du temps de travail, la plantation des semis étant désormais automatisée à l’aide de grandes machines se déplaçant le long des rizières. Les hectares sont donc moins longs à valoriser, tandis que le poids du riz dans l’alimentation jashurienne moderne diminue dans les grandes villes. La consommation annuelle de riz par habitant dans les grandes métropoles est passée de 146kg par an au début du siècle dernier à 100kg par an au début du XXIe siècle.

Aujourd’hui encore, le monde de la petite exploitation agricole familiale jashurienne vit dans une symbiose avec celui de l’industrie agroalimentaire. Le partage du monde entre les besoins d’un rapport familier avec la nature et les besoins plus prosaïques de nourrir le plus de monde possible a nécessité au sein de la société jashurienne la création d’une harmonie fragile tentant de ménager la chèvre et le chou. Si dans les plaines, la production agricole est désormais l’apanage des grandes firmes dédiées à la production alimentaire basique, les agriculteurs des montagnes et des régions reculées restent encore les détenteurs de ce rapport ancestral des Jashuriens à leur environnement. Ces deux visions du monde s’imprègnent inévitablement l’une de l’autre tant la société jashurienne est habitée par le respect des esprits et des traditions, mais aussi éprise de modernité. Ainsi, l’agriculture familiale persiste au Jashuria, avec le développement de l’industrie agroalimentaire. La question est de savoir comment le Jashuria pourra arriver à trouver le point d’équilibre entre le respect de ses traditions et de ses mythes tout en parvenant à une industrialisation raisonnée de sa production agricole. Le riz est, à cet égard, le fer-de-lance de cette transformation agricole.

Le riz est aujourd’hui encore l’aliment de base des Jashuriens et d’une large partie de la Péninsule. Au fur et à mesure que le niveau de vie de la population s’améliore, le besoin en riz s’est considérablement transformé de la quantité vers la recherche de la qualité. Aujourd’hui, la production n’étant plus un problème, la recherche de la qualité du riz cultivé est devenue un sujet important dans la gastronomie jashurienne et l’industrie agroalimentaire. Qu’il s’agisse du riz préparé à la maison, pris sur le vif dans les gargotes ou directement cuisiné sur le lieu de travail, la cuisson et la nature du riz font débat.

A mesure que la population du Jashuria grandit, le besoin de passer d’une alimentation individuelle et familiale à une alimentation de masse se fait sentir, notamment pour les écoles, les grands groupes industriels et les hôpitaux. Les déjeuners dans les grandes entreprises et les grandes centrales, mais aussi pour les repas en vol, doivent désormais être assurés par des services de restauration qui doivent privilégier non seulement la quantité de riz, mais aussi sa qualité. Cette « industrie de la cuisson » fait partie de la chaîne de l'industrie du riz. Elle est influencée par la culture en amont, le stockage à sec, la mouture du riz et la distribution et la consommation en aval. La recherche d’un riz à la fois riche en apport calorique et goûteux a amené les industriels à se pencher non seulement sur les OGM, comme nous avons pu le voir plus haut, mais aussi à expérimenter des technologies de calibrage et de cuisson afin de certifier la qualité du riz et de toutes les étapes post-récolte. Les entreprises de traitement du riz cherchent alors à améliorer la qualité de leur produit par le biais de la sélection des plants, des systèmes de séchage du riz non décortiqué, des systèmes de polissage et d’autres procédés de certification en aval de la récolte.

Il va de soi qu'aujourd'hui encore, le riz continue de jouer son rôle tyrannique et dominateur dans la gastronomie jashurienne tant la population est aux petits soins avec lui. Le riz jashurien sert aussi à produire des nouilles, appelées aussi pâtes de riz. Préparées à l’aide de farine de riz, elles servent dans la préparation des soupes, de divers sautés et de salades. Nommées idiappam ou sevai, les nouilles de riz sont ont gagné leurs lettres de noblesse dans la culture gastronomie jashurienne. On les consomme aussi bien au quotidien que durant les festivals. Elles peuvent aussi être préparées en vermicelle de riz, un dérivé très fin.


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Les rizières de la région des lacs, un patrimoine mondial en devenir ?
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Que boit-on au Jashuria ?


💧 L’eau potable

L’eau potable est considérée par le Jashuria comme un bien de première nécessité et sa gestion est extrêmement surveillée par le biais de régies publiques. On dit d’ailleurs que pour concevoir un Jashurien adulte, il faut du riz et de l’eau. Suite à ce constat, l’eau potable au Jashuria est l’un des rares biens dont la gestion est assurée par l’Etat, qui pourvoit au raccordement et s’assure de la qualité de l’eau. Le pilotage de la gestion des ressources en eau potable est assuré historiquement par le ministère de l’Agriculture. Cette compétence a été réattribuée au Ministère de l’Ecologie en 2003, suite une redistribution des compétences en interne. Le Ministère de l’Ecologie délègue la gestion de l’eau à une régie nationale contrôlée par une commission indépendante constituée de députés et de fonctionnaires régionaux. Les importantes campagnes d’accès l’eau potable au cours du XXe siècle ont achevé de faire du pays un territoire où l’accès à l’eau potable est garanti pour presque 99% de la population. Le pourcentage restant est malheureusement le lot des rares villages trop isolés pour être raccordés à des réseaux d’eau potable garantis par l’Etat et dont les composants sont surveillés par les régies publiques.

L’Etat doit le raccordement en eau des parcelles. Etant donné la proactivité des Jashuriens sur la viabilisation des terres, le raccordement au réseau d’eau potable est un sujet pris très au sérieux. Chaque appartement nouvellement construit doit disposer d’un accès à l’eau potable et d’évacuation des eaux usées. L’eau potable est collectée au robinet dans les appartements. L’eau ne se vend pas en bouteille au Jashuria. Les personnes désirant de l’eau potable en supermarché « font le plein » avec des bidons de plastique sur des robinets au fond des magasins et sont facturées à la pesée en caisse. Ceci permet d’éviter les bouteilles en plastique et la surconsommation d’eau potable. Des entreprises ont fait fortune en vendant des gourdes au Jashuria et il existe un véritable engouement pour la décoration et la personnalisation des gourdes d’eau dans le pays. Avec le développement des technologies de partage et des réseaux sociaux, la gourde est devenue un instrument de valorisation sociale. Si vous n’avez pas votre gourde signée par un artiste célèbre à 40 ans, vous avez raté votre vie.

Le Jashuria tient à son eau et n’accepte pas de l’exporter. Les importations d’eau potable ne peuvent se faire, étant donné l’isolationnisme de ses voisins. Par conséquent, peu d’actions ont été entreprises pour l’exportation de l’eau potable et le pays rechigne à se développer dans cette direction. Il faut savoir qu’au Jashuria, l’eau fait l’objet d’un contrôle particulier étant donné l’enjeu autour des rizières et des accès à l’eau potable. Les rapports concernant les substances contenues dans l’eau sont publiés quotidiennement et consultables par le public à l’envie.

🥛 Lait

Au Jashuria, la consommation annuelle de lait par personne est de l’ordre de 50kg par an. On boit essentiellement du lait de soja, de vache et de chèvre. Le Jashuria étant une terre assez chaude et humide, la conservation du lait est une problématique assez compliquée à gérer. Il en ressort que les produits laitiers restent surtout utilisés en cuisine, mais qu’ils sont très peu consommés en-dehors de la maison. Le scandale du lait frelaté d’Eurysie en 1997 a créé une méfiance à l’égard des produits laitiers eurysiens, qui a pendant longtemps freiné l’importation de lait de vache. Cette tendance tend à se résorber ces dernières années, notamment avec le récent engouement de la jeunesse jashurienne pour le fromage eurysien. Le problème reste que l’absence d’alimentation basée sur la consommation régulière de produits laitiers issus du monde animal a créé une population très largement intolérante au lactose. Afin de remédier au problème, les autorités de santé jashuriennes ont recommandé à la population une plus grande consommation de produits laitiers durant l’enfance afin de résorber la problématique de l’intolérance au lactose. En parallèle, des firmes sont en train de mettre au point des laits sans lactose afin de s’ancrer dans un marché en pleine expansion. Le lait de soja reste cependant le principal lait consommé par les Jashuriens au petit déjeuner, bien qu’il ne soit pas un lait à proprement parler. Consommé tel quel ou transformé en yahourt ou en tofu, ou accompagnant les œufs et les légumes, il reste le produit laitier le plus consommé et le plus facilement produit au Jashuria en ce qui concerne les produits laitiers car il est un excellent produit de substitution. Il n’en reste pas moins que son appellation de « lait de soja » reste controversée sur les marchés étrangers, certains pays le considérant comme un simple « jus de soja » car ne provenant pas de sécrétions mammaires d’animaux.

Le Jashuria n’est cependant pas un grand producteur de lait. La seule production notable de lait est celui de soja, qui sert aux besoins quotidiens. Cette production est peu exportée dans le monde et dépasse rarement les limites de la Péninsule du Nazum. Les Jashuriens produisent essentiellement des laits végétaux et leur intolérance au lait fait que les produits laitiers peinent à trouver leur public. Il faut savoir que la population du Jashuria est intolérante au lactose à 85%. L’absence d’alimentation basée sur la consommation de produits laitiers issus du monde animal a fait que les Jashuriens sont pour la plupart intolérants au lactose, ce sucre qui ne peut être digéré que par l’addition de la lactase, une enzyme présente chez le nourrisson (et qui diminue au fil du temps). Cette intolérance au lactose n’est cependant pas totale, les Jashuriens pouvant consommer une petite portion de lactose par jour (entre 7 et 8 g). Les cas d’intolérance totale existent cependant, comme dans toutes populations.

🥴 Alcools

Le Jashuria fait partie de ces pays qui produisent un alcool local à base de plantes et de riz. Ces alcools, très forts, sont consommés dans les grandes occasions principalement, et pour des usages privés – quand ils ne sont pas utilisés comme désinfectants de secours. La consommation d’alcool est légale à partir de la majorité et tolérée dans le cadre privé. La production privée d’alcool est soumise à réglementation dès lors que l’on cherche à en faire commerce. Le Jashuria vend une partie de sa production à l’international, où la qualité de ses alcools forts est réputée.

La consommation d’alcool est traditionnellement réservée au domaine de l’hospitalité. Il est d’usage d’accueillir les invités de marque avec du thé, et les amis avec de l’alcool fort pour le diner. Cependant, la consommation reste du domaine du privé, ou doit se tenir dans des bars. L’ébriété sur la voie publique est signe d’irrespect et de décadence de l’esprit et du corps. Le Jashuria ayant la tradition chevillée au corps, l’alcoolisme est vu comme un échec personnel et socialement déconsidéré, sauf dans des lieux bien spécifiques comme les bars. Il est d’usage de faire des offrandes d’alcool de riz ou de diverses plantes aux dieux locaux. On retrouve cette pratique dans le Thanisme et dans le Taoïsme des régions du centre et du nord du pays. Pourtant, malgré son côté privé et réglementé socialement, l’alcool est considéré comme la « reine des panacées » et une source de sociabilité, liée au sens esthétique et à l’expression des sentiments … tant que ceux-ci restent dans la sphère policée du privé. Les débats ont longtemps agités les moines et les philosophes sur la primauté de l’alcool ou du thé et force est de constater que le Jashuria n’a jamais voulu véritablement trancher sur cette question … Question qui fait naturellement couler beaucoup de thé et d’alcool, faisant les caisses pleines des distributeurs de boisson.

Les Jashuriens produisent de l’alcool à partir de plantes diverses, mais surtout des alcools de riz, dont le secret s’est transmis entre les nations du Fujiwa, du Yokaï, du Burujoa et du Jashuria. Les liqueurs sont prisées, comme les liqueurs de ginseng, de roses ou encore des whiskys. Si le Jashuria produit quelques bières, celles-ci restent très en-deçà des standards eurysiens et aleuciens en matière de qualité et sont peu alcoolisées, si bien qu’elles ont une réputation de « bières pour enfants ». Les sakés et alcools de prunes umeshu sont beaucoup plus connus à l’international et font la fierté des distilleries jashuriennes. Les Jashuriens produisent aussi du Baiju, une liqueur très forte (60°) qui était traditionnellement réservée aux grands officiers de l’armée jashuriens et aux notables. Le demi-litre de Baiju se monnaie particulièrement cher et les Jashuriens n’encouragent pas sa diffusion et sa standardisation afin de maintenir la rareté et la préciosité du produit.

La mondialisation a nécessairement eu un impact décisif sur le monde jashurien, notamment dans les habitudes de consommation d’alcools. Les Jashuriens consomment essentiellement des alcools forts, des liqueurs et des whiskys de qualité lors des grandes occasions ou tout simplement pour se détendre dans le confort feutré des bars. Si les Jashuriens avaient une large préférence pour les alcools locaux, la mondialisation a apporté sur le marché de nouveaux produits de luxe, notamment des vins et des liqueurs eurysiennes, qui font le régal des riches jashuriens. Les vins et les liqueurs de la Confédération Kaulthique ont le vent en poupe au Jashuria et ces produits d’importation sont devenus des biens positionnels, des marques de distinction, au sein même de l’élite du pays. Sortir un « bon vin eurysien » est devenu un signe de richesse et d’attention. Les classes moyennes, quant à elles, se contentent de bières peu alcoolisées ou de sakés. Les cocktails ont de plus en plus le vent en poupe auprès de la nouvelle génération.

Les dernières études ont monté que les Jashuriens consomment au total environ 5,5 L d’alcool par personne par an. Dans ce chiffre sont répartis le vin (10%), la bière (25%), les spiritueux (30%) et les autres alcools (35%).


🧃 Autres boissons

- ☕ Café
Un Jashurien moyen consomme environ 1Kg de café par an. Le café n’a jamais véritablement fait concurrence au thé jashurien jusqu’à très récemment. Les grains de café produits au Jashuria sont généralement du café vert et destiné à l’exportation. Ils profitent de conditions exceptionnelles pour leur croissance étant donné le climat subtropical du Jashuria. Les productions destinées à la vente locale sont généralement considérées comme trop amères pour les Jashuriens, qui préfèrent largement le thé. Le café jashurien est cependant vendu en Afarée et en Eurysie , ainsi qu’en Aleucie où il est apprécié. Pourtant, la consommation de café a été multipliée par 10 en moins de 20 ans au Jashuria. Ce phénomène est dû à la recherche de la distinction sociale. Les grains de café ont gagné en qualité ces dernières années et ont commencé à séduire une partie aisée de la population, soucieuse de se distinguer du commun des mortels.

- 🍵 Thé
Si le café est un produit d’exportation au Jashuria, le thé, lui, est une institution. Le Jashuria est l’un des plus grands producteurs de thé au monde et de loin, mais aussi l’un de ses principaux consommateurs, le Jashurien moyen buvant 2,5kg de thé par an. Cultivant de nombreuses variétés de thé depuis des millénaires, les Jashuriens ont développé autour du thé une véritable culture qui relève de l’art le plus pur. Qu’il s’agisse des cérémonies du thé, ou de rituels plus quotidiens, le thé reste la boisson préférée des Jashuriens et sa consommation, un signe de bonne éducation. Le thé du Jashuria est exporté dans le monde entier et est réputé pour sa qualité exceptionnelle.

- 🥤 Sodas :
Boisson préférée des jeunes et des jeunes cadres dynamiques, le soda a fait son entrée au Jashuria relativement tôt dans l’histoire, par le biais des Fortunéens. La consommation de soda au Jashuria reste surveillée par les autorités de santé, au vu des dégâts que peuvent causer ces boissons sur la santé de la population. Pourtant, les sodas restent populaires, notamment dans les universités, où l’addiction au café et au thé sont remplacées par les boissons sucrées .

- 🌾 Laits végétaux :
Etant donné l’intolérance des Jashuriens au lactose, les laits végétaux ont le vent en poupe au Jashuria et remplacent efficacement les laits d’origine animale. Le lait de soja et de noix de coco est particulièrement apprécié, mais les Jashuriens développent dans les laboratoires d’autres types de laits. Etant donné la proactivité des Jashuriens sur les OGM, les recherches vont bon train pour palier à l’intolérance au lactose de la population. Les Jashuriens consomment beaucoup de laits végétaux, notamment celui de soja, qui sert à créer des yahourts et du tofu.
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La culture des algues au Jashuria : une ressource alimentaire d’intérêt national


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La culture des algues au Jashuria : un secteur alimentaire aux applications variées


La République des Deux Océans ne porte pas son surnom pour rien. Depuis des millénaires, le littoral du Jashuria est le sujet d’une culture presque aussi importante que celle du riz : la culture des algues. La culture des algues, de même que la pisciculture, est une institution importante dans la région des Perles et d’Azur, et témoigne de la relation complexe que les Jashuriens ont avec la mer. Dans un pays où les surfaces exploitables sont recouvertes de forêts et de jungles, la mer est depuis toujours porteuse d’espoir : le fait de pouvoir « cultiver la mer » devenant une sorte d’Eldorado de l’agriculture.

La culture est algues est à ce titre particulièrement intéressante car elle ne se limite pas à l’image peu flatteuse des marées vertes que l’on peut retrouver en Eurysie. Les enjeux de la culture des algues dépassent les simples questions alimentaires, allant désormais s’intégrer dans les marchés des industries pharmaceutiques, énergétiques, … si bien que la valeur de la tonne d’algue se monnaie fort cher sur le marché international. La valeur monétaire et industrielle de l’algue est devenue un sujet discret sur le plan médiatique, mais particulièrement important, notamment dans le développement de produits pharmaceutiques à forte valeur ajouté. Elle a aussi introduit, depuis l’aube de sa culture, des stratégies différentes en matière d’aménagement du territoire et de gestion des littoraux.

L’essentiel de la production d’algue aujourd’hui provient du Nazum, pour une production mondiale dépassant les 16 millions de tonnes pour l’année 2008. Le Jashuria fait parti des principaux producteurs et consommateurs pour plusieurs raisons, la plus importante étant que le pays en est le principal consommateur, notamment pour des raisons alimentaires et historiques. Les algues, cultivées dans d’immenses bassins, constituent un complément particulièrement important dans la cuisine traditionnelle jashurienne, de par la multiplicité de ses applications, mais aussi son abondance. Consommées sous formes bouillies, ou encore dans des soupes fraiches ou en feuilles séchées accompagnant les makis, les algues, bien que discrètes, façonnent l’univers culinaire jashurien. Les algues servent à l’alimentation, mais aussi à l’industrie textile et pharmaceutique. Dès les années 20, les algues sont utilisées dans l’industrie textile comme fixateur de couleurs dans les tissus et dans les fabriques de papier. Ce n’est que bien plus tard que les algues sont employées dans les cosmétiques, les desserts, mais aussi les dentifrices, permettant ainsi de créer de larges gammes de produits.

Le Jashuria cultive principalement deux familles d’algues dans ses bassins d’algoculture : les brunes et les rouges. Ces deux grandes familles d’algues regroupent environ une vingtaine d’espèces d’algues destinées à la consommation. Ces algues sont consommées depuis au moins un millénaire avant notre ère, si l’on en croit les écrits gastronomiques que les chercheurs ont pu retrouver dans les anciennes archives impériales de l’époque. L’algue sert alors non seulement d’aliment, récoltée sur l’estran, mais aussi de fourrage pour les animaux et parfois comme engrais. La culture traditionnelle des algues, par simple ramassage et sélection, ne se constitua en industrie qu’au milieu du XIXe siècle, où elle fit l’objet d’une attention renouvelée, notamment pour ses qualités pharmaceutiques.

La culture des macro-algues brunes comporte trois étapes : un stade en écloserie pour la fécondation des spores - à l’image des plants de riz sélectionnés dans les serres -, une étape de germination et de croissance des plants et une étape de transfert des plants dans les bassins marins, où ils sont fixés à des cordages et des toiles spéciales. Ce système permet de respecter le temps de croissance des plantes : une étape de croissance en hiver et une deuxième phase à la fin de l’été. Les cultures des plants d’algues sont réalisées en radeaux, sensibles aux vagues et aux intempéries, dans des baies abritées pour éviter les dégâts sur les installations et la dégradation des cultures.

La culture des algues doit respecter certains critères, notamment la nature des sols marins, qui doivent être sableux et meubles afin de fixer les radeaux sur lesquels sont étendus et accrochés les plants d’algue. Les eaux choisies sont généralement peu profondes afin de limiter les plongées et les équipements d’extraction pour la récolte. Mais surtout, il convient de recherche des sols entre 8 et 15m de profondeur pour des raisons de luminosité, les algues ayant besoin d’une certaine intensité lumineuse pour pouvoir grandir. De même, l’eau doit être claire, contrairement aux carrés de rizière, afin de ne pas nuire à la photosynthèse et les courants doivent être organisés parallèlement aux cultures afin de ne pas nuire à l’absorption des nutriments par les algues. L’algoculture trouve alors ses conditions idéales de rendements au Jashuria, grâce à son climat, notamment au nord, où les tempêtes tropicales sont moins prononcées. La culture des algues trouve donc ses meilleures conditions d’exploitation dans des baies lumineuses, sableuses, de faible profondeur, mais surtout protégées des courants marins et des grosses tempêtes.

Malheureusement, même si les conditions sont optimales pour la culture des macro-algues au Jashuria, l’extension de l’industrie contemporaine a créé de nouvelles problématiques pour la culture, notamment par le biais de la pollution marine. Les niveaux de pollution chimique, s’ils sont importants, sont de nature à déstabiliser la production des algues et à nuire aux rendements des radeaux. Les autorités en charge des littoraux ont mis en place une série de mesures et capteurs destinés à gérer ces problèmes en amont et de nombreuses conventions ont été signées entre les industries d’algoculture et les industries positionnées près des mers afin de garantir l’harmonie et de préserver les fonds marins. Malheureusement, le développement intensif de la poldérisation et des industries continue de menacer aujourd’hui le développement de l’algoculture sur les littoraux. Face à cette situation, les Jashuriens travaillent d’arrache-pied avec les différents partenaires sociaux et privés afin de parvenir à des accords sur la répartition des sols et des concessions marines afin d’éviter les conflits d’usages sur les littoraux, notamment le tourisme … qui s’implante étrangement … sur les littoraux sablonneux et ensoleillés (allez comprendre…)

Le développement effréné des littoraux jashuriens par poldérisation a amené les scientifiques du Jashuria à travailler sur de nouvelles algues, modifiées génétiquement afin de survivre à la modification de la pollution des eaux et aux nouvelles conditions de culture. L’enjeu, pour le pays, est de parvenir à développer une algoculture capable de s’implanter dans des fonds marins plus variés que les zones historiques de culture. Face à la réduction des concessions d’algoculture au profit de la diversification des usages du littoral, les scientifiques et les industries agro-alimentaires disposant des concessions d’algoculture sont parvenues à des résultats intéressants en mélangeant les cultures sur un même secteur. En effet, la fusion des cultures dans un seul et même espace donne des résultats intéressants en matière de création de biodiversité et de cycle vertueux de reproduction des espèces dans des espaces contraints. Ainsi, les algues grandissent aujourd’hui aux côtés de poissons, de coquillages et d’autres plantes marines servant à l’alimentation jashurienne. Ces bassins de biodiversité deviennent de véritables solutions durables pour l’aquaculture et la pisciculture au Jashuria. Malgré les risques de maladie constatés dans les bassins trop contraints, les résultats sont aujourd’hui encore, à la hauteur des espérances et font l’objet d’un suivi tout particulier par la communauté scientifique, par le biais de capteurs et de nouveaux dispositifs de surveillance et de protection des secteurs cultivés. Cette aquaculture multi-trophique reste actuellement l’une des solutions les plus probantes du Jashuria face aux problématiques liées à la diversification des usages des littoraux et à la demande sans cesse croissante des populations et des industries en matière de macro-algues.

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Le natto jashurien : un aliment prisé


Le natto est un aliment fermenté jashurien traditionnel à base de graines de soja fermentées, consommé le plus souvent comme accompagnement avec le riz. Fort au goût et en odeur, il est un des aliments traditionnels de la cuisine jashurienne depuis des générations, mais ne s’est que peu développé en-dehors du Nazum. Sa texture unique, pâteuse et douce, fait qu’il est aussi bien utilisé en entrée qu’en accompagnement des plats principaux. Riche en protéines, il a été consommé en complément ou remplacement de la viande, toujours difficile à trouver au Jashuria.

Le natto, sous sa forme de graines de soja fermentées, a été vraisemblablement introduit au Jashuria du nord il y a plus de milles ans. Bien qu’il existe traditionnellement trois grandes manières de produire le natto, la principale méthode consiste en l’introduction du Bacillus Subtilis dans des graines de soja vertes ou noires cuites à la vapeur. Consommé tel quel ou en compléments des plats, le natto peut être utilisé dans la préparation des viandes, des poissons, ou même des desserts. Doté de propriétés médicinales, le natto est utilisé dans certaines variétés pour ses propriétés bénéfiques pour l’homme, notamment sur la flore intestinale.

Le natto frais prend une belle couleur dorée et semble, une fois capturé avec des baguettes, couvert de mucus odorant. S’il était autrefois consommé dans des nattes de pailles et conservé à l’intérieur, c’est à partir de l’invention de la réfrigération que le natto a pu prendre son essor dans la cuisine jashurienne, le froid permettant une conservation de longue durée. Progressivement, le natto a quitté la cuisine traditionnelle pour pouvoir être distribué dans les grandes surfaces et faire l’objet d’un suivi attentif et de standards de qualité pour l’industrie agroalimentaire – la première norme jashurienne concernant le natto date de 1977.

Le natto est riche en de nombreux nutriments, dont la vitamine K2 qui aide à soutenir la santé du cœur et des os. La fermentation du natto rend les fèves de soja plus faciles à digérer et détruit leurs anti-nutriments. On peut alors profiter des bienfaits du soja sans ses désavantages.

Le natto est aussi un allié du microbiote. Il contient des milliards de bactéries probiotiques ainsi que des composés prébiotiques, qui soutiennent et nourrissent notre propre microbiote. Le microbiote joue des rôles importants dans le corps humain, dont le maintien d’un système immunitaire sain et la régulation du taux de cholestérol sanguin.

Malgré ses propriétés médicinales indéniables et sa popularité au Nazum, le natto peine à dépasser les frontières du continent. En effet, le natto, de par sa texture et son odeur, est peu apprécié par les Eurysiens et les Aleuciens, pourtant habitués aux fromages odorants. Sa texture peut rebuter, de même que son odeur rappelant de l’ammoniaque. Le natto est très nourrissant. Il est riche en protéine, en fibres, en calcium et en vitamines K1, K2 et B2. Comme il ne possède pas cholestérol, il reste bon pour la santé et ses enzymes sont connues pour avoir une efficacité connue pour éviter les attaques cardiaques.
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Le poids des traditions : la consommation de la nourriture dans une population bouddhiste et hindoue sécularisée


Il est difficile d'analyser de manière globale l'évolution des comportements alimentaires à l'échelle du celle du sud-est du Nazum et surtout du Jashuria : environ 60 millions de personnes composent une société plus multiforme que jamais : certes, une grande partie de la population est de confession bouddhiste ou hindoue, mais, au-delà de la lettre des textes, les habitudes alimentaires varient suivant les ethnies et les régions. Or ces religions, bien que sécularisées depuis longtemps, supposent un certain nombre de règles strictes concernant l'alimentation. Cependant, la modification des modes de vie, du fait de l'urbanisation et de l'évolution du pouvoir d'achat, peut être lourde de conséquences, bien que ces changements soient lents au Jashuria et ne soient apparus que durant la seconde moitié du XXe siècle.

Dans la tradition bouddhiste et hindoue, la nourriture fait partie intégrante des rituels du quotidien et conditionnent les obligations communautaires. Bien que le pays se soit grandement laïcisé et uniformisé depuis ces dernières décennies, le poids de la tradition reste fort dans les multiples ethnies jashuriennes. Les concepts de pureté et de sacré ordonnent les aliments au sein du foyer et la cuisson constitue un moment important des rituels à observer. Les Jashuriens de confession hindoue et bouddhiste organisent la cuisson, la présentation et la sélection des aliments selon des critères de pureté et de vulnérabilité aux impuretés. Si l’on s’en tient à cette théorie, c’est avant tout l’observance des rituels qui constitue le critère de choix et non les préférences culinaires. Pourtant, il n’existe pas une doxa unifiée au sein du bouddhisme et de l’hindouisme jashurien. Les règles édictées varient d’un groupe à l’autre et si l’on retrouve des similarités, il n’existe pas un clergé unifié capable de décréter une liste de ce qui est pur et impur.

Gardons-nous des généralisations car c’est aller un peu vite en besogne. Toujours est-il qu’au-delà de la cuisson et de la sélection des aliments, la cuisine possède un caractère tout aussi sacré dans l’imaginaire religieux jashurien. Le foyer a une place cruciale, divisé en trois sous-espaces : celui de la cuisson, le plus protégé, celui de la conservation des aliments (les aliments non-cuisinés conservant leur caractère imparfait et impur) et l’espace du service. Dans la tradition hindoue et bouddhiste jashurienne, c’est d’ordinaire la femme qui lors de la prise de possession de la maison, répartit rituellement les espaces : l’autel, la cuisine, l’espace impur des ordures et les autres espaces neutres. Ce rituel, observé par de nombreux Jashuriens, même les moins religieux, consiste au versement d’une eau claire dans les différentes pièces de la maison, accompagné de prières spéciales.

Il va de soi que la symbolique de la nourriture est encore plus forte dans les périodes cruciales de la vie familiale, telles que la naissance, le mariage, la mort. C’est lors de ces rituels que l'impératif de pureté et les risques de pollution rituelle se trouvent multipliés. Dans le cas de la naissance d'un enfant, plusieurs étapes de modes d'alimentation et de festivités marquent la réintégration de la mère dans le cercle familial et l'accueil du bébé. Ceci est accompagné de cérémonies de purification, et la jeune mère, rituellement polluée, est tenue à l'écart des activités de préparation des aliments et des lieux de cuisine.

En ce qui concerne la vénération de la vache, cet animal commence à prendre une valeur symbolique à l'époque antiques, alors que s'organisent les règles de la pureté et de l'impureté qui vont structurer le bouddhisme et l’hindouisme jashurien. A cette époque, le lait et ses dérivés, yaourt et beurre clarifié (ghee) ont une grande place dans l'alimentation, tandis que la viande de vache est consommée par tous. C'est l'animal préféré des sacrifices, et l'on voit apparaître bientôt une hésitation : la vache, parce qu'elle est source de bienfaits et "sacrée", est-elle de ce fait le type même de l'animal du sacrifice, ou au contraire, doit-on la soustraire à la violence et en refuser l'abattage ?

Durant l’Antiquité, on tue encore le bœuf et la chèvre, mais pour un invité seulement, pour lui faire honneur. En fait, dans cette période où naissent le Bouddhisme et l’Hindouisme au Jashuria, les habitants ne sont pas végétariens. L'évolution vers le végétarisme correspond, un peu plus tard, à la fois à des prises de position philosophique (le refus de tuer), et au passage d'une civilisation pastorale à une civilisation agraire. Les vaches possèdent toujours aujourd’hui une valeur symbolique, mais ces dernières sont désormais tenues dans les enceintes des temples sacrés. Le Jashuria a bien compris quel problème pouvait poser la transhumance des bovins dans l’espace public et a largement préféré mettre en place des sanctuaires pour bovins et des élevages spéciaux, plutôt que de laisser la situation dégénérer. Aujourd’hui, et contrairement aux temps anciens, la vache reste un aliment qui reste réservé pour les grandes occasions. Le bœuf et la vache ne sont pas servis à la légère et il est considéré comme une preuve de respect lorsqu’ils sont servis à une table.

Aujourd’hui, le végétarisme est particulièrement important au Jashuria et tient aussi bien à la tradition hindouiste et bouddhiste qu’à la rareté de la viande. Le respect de l’interdit du meurtre s’est progressivement déplacé dans l’assiette jashurienne, si bien que la viande n’est abattue qu’en cas de nécessité, notamment pour combler les carences alimentaires. En effet, le meurtre de l’animal souille la viande. L’acte-même, reste, et contamine la nourriture, ce qui, d’un point de vue plutôt orthodoxe, est inacceptable. La consommation de la viande est donc vécue comme quelque chose de particulièrement important et n’est pas pris à la légère dans les familles les plus religieuses. La pratique du végétarisme s’est cependant heurtée aux carences alimentaires et à la modernisation de la vie jashurienne. L’accès de plus en plus facilité à la viande, mais aussi aux produits laitiers et la sécularisation de la société ; a modifié les manières de s’alimenter. Les prescriptions rituelles, en particulier dans le modèle hindou, sont si lourdes à observer que, au nom de la modernité, apparaissent de nouveaux critères d'efficacité, d'économies de place, de gestes, de coût d'achat et de préparation. Il s'agit d'impératifs de la vie quotidienne à prendre en compte, et pas vraiment de laxisme vis-à-vis d'un modèle jugé trop sévère.

La vie en ville a largement modifié le rapport des Jashuriens hindous et bouddhistes à la nourriture. Le fait de vivre dans des appartements modernes oblige à faire des concessions quant au respect des traditions religieuses et sur la préparation des repas. La multiplication des métiers hors du domicile a conduit à une nouvelle répartition des rôles au sein de la maisonnée et à des temporalités différentes, qui impactent les rituels de la vie quotidienne : impossible d’élaborer des cuisines à l’ancienne lorsque les femmes jashuriennes travaillent à l’extérieur. La multiplication des restaurants et des fast-foods rompt complètement avec la tradition du pur et de l’impur ; cela va de soi.

En parallèle de l’urbanisation, c’est bien l’émergence d’une classe moyenne parfaitement à l’aise dans la mondialisation et moins à cheval sur les traditions religieuses qui a changé les habitudes alimentaires des Jashuriens. La cuisine végétarienne se voit désormais assortie d’impératifs hygiéniques au nom d’un mode de vie plus sain, plutôt que justifiée par une morale religieuse. La cuisine jashurienne des classes moyennes est largement moins coincée sur ses traditions que celle des classes rurales.

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L’art de la table et l’étiquette


Les habitudes alimentaires et les manières à table diffèrent au Jashuria selon les ethnies et les classes sociales. Les Jashuriens mangent généralement à table sur des chaises ou assis sur des tatamis. Il est d’usage de se laver les mains avant de passer à table en les trempant dans une vasque remplie d’eau à l’entrée de la salle à manger ou directement dans les salles de bains. Il est considéré comme particulièrement peu courtois pour des invités de se laver les mains dans la cuisine, la question de la pureté alimentaire entrant en jeu.

Un repas typique au Jashuria peut inclure une douzaine de plats, généralement présentés dans des bols et assemblés de manière à constituer une représentation idéale du monde culinaire sur un plat généralement laqué. La vaisselle jashurienne est généralement richement décorée, notamment lors des diners chez l’habitant. Les Jashuriens se servent directement dans les plats et les bols avec des cuillères et des baguettes pour remplir leurs propres assiettes. Les couteaux et les fourchettes sont surtout trouvés chez les hautes sphères jashuriennes. Il est considéré comme important de ne jamais se servir de ses propres couverts pour remplir son assiette. Il s’agit d’une vieille coutume héritée de la distinction sociale d’un vieux système de caste tombé en désuétude : les hautes sphères de la société ne doivent pas toucher la salive des pauvres.

Il est d’usage de remercier la personne qui a préparé le repas avant et après, de même qu’il est d’usage d’utiliser la serviette pour s’essuyer. Il est très mal vu dans le pays de manger avec les doigts et de les lécher. La culture jashurienne aimant la propreté et les manières, les contrevenants sont généralement purement et simplement rappelés à l’ordre par les hôtes. Quand les Jashuriens invitent à la maison, il est considéré comme impoli de refuser. Par habitude, c’est la personne n’ayant pas participé à la préparation du repas qui sert les invités, une manière de prouver que le maître ou la maîtresse de la maison a confiance dans les compétences culinaires de son conjoint. Gare à l’invité qui se servirait lui-même lors du premier tour de service.

Le petit déjeuner se prend au lever du soleil, entre 6h30 et 8h du matin. Le déjeuner est servi de 12h à 14h et le diner se prend entre 20h30 et 22h. La journée typique d'un Jashurien est rythmée par ces trois repas - les goûters sont rares - ainsi que par les pauses thé.

L’étiquette liée à la boisson est importante au Jashuria. Les Jashuriens attendent généralement que l’hôte porte le toast avant de commencer à boire. Il est intéressant de constater que les Jashuriens et le Fujiwans utilisent le même mot pour porter un toast. Lors des repas familiaux, c’est d’abord le plus vieux des invités qui est servi, avant que la famille de l’hôte, en signe de respect. Les Jashuriens ne gardent pas ombrage des étrangers qui ne respectent pas scrupuleusement cette pratique et sont généralement plutôt coulant avec les transgressions étrangères. Il n’en va pas de même à l’intérieur de leur culture, qui considère le fait de boire avant le toast comme un manque de politesse. De plus, ce respect des anciens se retrouve aussi dans la manière dont les Jashuriens boivent en face de personnes âgées. Un Jashurien buvant devant un ancien détournera légèrement la tête pour ne pas faire face à son ainé s’il est d’un certain âge. Cette pratique est considérée comme respectueuse envers les anciens.

Les Jashuriens apprennent très tôt à servir leur partenaire de boisson avant de se servir. Les Jashuriens utilisent les deux mains pour porter la bouteille et servir leurs pairs. Il s’agit d’un geste rassurant, signifiant que l’on ne porte pas un couteau ou un poignard dans sa main livre. Il est d’usage d’accepter l’alcool lorsqu’il est offert pour la première fois et de tendre en retour le verre avec ses deux mains pour les mêmes raisons. Si vous ne souhaitez pas boire plus que de raison, il est toléré de ne boire que peu. De manière générale, un Jashurien acceptera poliment que vous lui remplissiez son verre et refusera poliment que vous le resserviez. Il est important de savoir que contrairement à d’autres cultures, au Jashuria, on attend qu’un verre soit vide pour proposer de le remplir à nouveau.

Les Jashuriens ne mangent pas en se baladant dans la rue. Il s'agit là de mauvaises manières. Les Jashuriens considèrent que marcher en mangeant est indécent au regard des pauvres. La consommation de glaces, de chouchous et autres denrées se fait toujours assise, ce qui est un signe de politesse apprécié. Bien entendu, en fonction des régions, cette coutume est plus ou moins bien observée.

Il est considéré comme impoli de lécher ses doigts ou de se moucher lorsque l’on mange au Jashuria. Les personnes indisposées sont priées de sortir de table et d’aller se nettoyer dehors afin de ne pas offenser le restaurateur ou la maîtresse de maison. De même, bailler, roter ou émettre de grands bruits de mastication est à proscrire si l’on veut être réinvité quelque part. Faire du bruit de déglutition en avalant des soupes ou des nouilles est généralement très mal vu et il est communément admis que les personnes qui font ça sont mal élevées. Il est aussi très mal vu de fumer à table et les bars et restaurants sont frappés d’une interdiction de laisser les gens fumer en intérieur.

Dans les restaurants, il est considéré comme barbare de séparer l’addition entre les participants de manière publique. Il est considéré comme honorable de payer l’addition complète au restaurateur, puis que les participants usent de discrétion pour payer leur part à celui qui a supporté le coût. Cette pratique est respectée de manière assez claire par les Jashuriens, qui estiment qu’il est particulièrement poli et bien élevé de faire ainsi, et de laisser les remboursements à la discrétion des participants. Cela permet ainsi à ceux qui ne disposent pas nécessairement des finances nécessaires de préserver les apparences auprès du plus grand nombre. Quant au pourboire, il est pratiqué de manière assez variable en fonction des restaurants et des bars. Il est cependant très rare de voir des Jashuriens inscrire le pourboire sur les additions, par souci de transparence.

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Les fruits au Jashuria


Le Jashuria est un pays capable de produire de bonnes quantités de fruits exotiques. Sur ces terres tropicales fertiles, les fruits y sont d’une qualité exceptionnelle et remplissent les assiettes des Jashuriens, notamment pour les desserts. Les principaux fruits consommés et produits au Jashuria sont les ananas, les bananes, les noix de coco, les mangues, les papayes, mais aussi les mangoustes, les litchis, les pommes canelles, les fruits de l’arbre à pain, les pomelos, les fruits de la passion, les durians ou les caramboles, ainsi que les goyaves et les fameux fruits du dragon.

Le durian (Durio zibethinus), appelé également dourian ou durion est un fruit exotique, courant sur les étals du Nazum et du Jashuria plus généralement, mais attention, il est non seulement original dans sa forme mais en plus, particulièrement repoussant par son odeur nauséabonde et son goût puissant peu habituel et tenace. Très apprécié par les autochtones qui l'appellent souvent le "roi des fruits", les étrangers ont souvent du mal à l'apprécier immédiatement. L’arbre produisant le durian peut atteindre 40m de hauteur et porte des feuilles alternes, oblongues, au revers argenté et velu, mesurant 20cm maximum de long. Les fleurs jaune pâle qui s'épanouissent forment des bouquets qui déjà dégagent une odeur de lait caillé assez curieuse. Elles sont pollinisées par les chauves-souris.

Les fruits qui suivent la floraison sont recouverts d'une sorte de carapace épineuse, et sont d'un calibre imposant puisqu'ils peuvent mesurer jusqu'à 30cm de long et peser 3kg voire davantage. Ils sentent fort mauvais avec une senteur qui ressemble à un mélange discordant mêlant le fromage, l'oignon, le caramel, le vin, l'ananas, la vanille… Ils sont souvent installés sur des étals à part et même parfois interdits dans les lieux publics et transports en commun tant ils puent ! La consistance de la chair, une pulpe jaune, est là encore déroutante : dense et crémeuse, sans jus. Le durian contient des graines également comestibles et est consommé tel quel ou en jus. Au vu de l’odeur des durians, il est considéré comme poli de ne pas les exposer dans des endroits pouvant incommoder les passants.

Entre son odeur difficilement supportable, et sa carapace sertie d’épines : le durian n’est pas un fruit naturellement attractif. Pourtant, il est particulièrement prisé au Jashuria, où il est d’ailleurs surnommé le "roi des fruits". Il y serait d’ailleurs responsable chaque année de plusieurs décès par excès de consommation. Dommage ! On trouve le durian un peu partout au Jashuria et il est récolté en fonction de son type. La période de récolte du durian au Jashuria dépend de la variété et de la région.

  • Monthong: La variété la plus commune, récoltée d'avril à juin.
  • Chanee: Une variété plus rare, récoltée de mai à juillet.
  • Kradum: Une variété à la peau verte, récoltée de juin à août.
  • Kob: Une variété à la chair orange, récoltée de juillet à septembre.

Les durians sont généralement récoltés pendant la saison sèche, lorsque les températures sont élevées et l'humidité est faible. Des pluies excessives peuvent retarder la récolte.


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La consommation des viandes


Les récents chiffre obtenus au Jashuria font état d’un phénomène certain. La consommation de viande au Jashuria augmente légèrement depuis 1993, notamment dans les milieux aisés. Bien que le Jashuria soit une terre frugale en matière de consommation de viande, les activités bouchères existent depuis des générations et il est fait grand cas de la manière dont les animaux sont élevés puis abattus et mis à disposition des personnes.

Au Jashuria, les principales viandes consommées sont les fruits de la pisciculture. La proximité du pays avec deux océans a grandement participé au développement des activités nourricières maritimes. Les Jashuriens, contrairement au stéréotype commun, ne sont pas des végétariens au sens strict du terme. Seule 30% de la population l’est réellement. L’autre partie de la population, la grande majorité, consomme de la viande rouge ou blanche, dans des proportions très variées. Pourtant, la consommation elle-même reste très faible dans le pays pour des raisons à la fois culturelles, économiques et politiques. Pour celles et ceux qui en mangent, la viande est un accompagnement dont on limite souvent volontairement la consommation, par frugalité, mais aussi par souci d’économie et de tradition.

A ce titre, plusieurs logiques de consommation de viande peuvent être identifiées au Jashuria. Pour les Hindous, la logique de pureté marginalise les produits carnés : les Hindous se privent souvent de viandes lors de jours spécifiques pour se purifier (visite à un temple, mort d’un proche, …). La pratique du végétarisme ou même dans les cas les plus extrêmes, du jeûne, permet de purifier son corps et de privilégier l’ascèse : s’abstenir de manger de la viande, c’est affirmer la maîtrise de soi, s’élever au-dessus de l’animal (du moins, si l’on en croit les pratiques de différenciations de certaines ethnies jashuriennes).

Si la consommation de viande a augmenté ces dernières années, les Jashuriens restent bien en-dessous de la moyenne des pays aleuciens et eurysiens. L’étude des statistiques de consommation fournies par les instituts de statistiques du gouvernement jashurien relativise cependant l’existence de cette transition vers des régimes carnés. Si la quantité de graisse et de sucre consommée est bien en augmentation depuis les années 1990, celle de viande reste très faible. Ainsi, en 2011, la consommation individuelle moyenne aurait été de 500 g de bœuf, 720 g de mouton, 90 g de porc et 1690 g de poulet, soit un total de 3 kg (pour une moyenne de près de 100 kg par an en Eurysie).

Le restaurant est l’espace emblématique de cette hausse de consommation de la viande. Si la consommation publique de viande a longtemps été freinée par des impératifs religieux, ce n’est plus le cas aujourd’hui, les Jashuriens ayant un rapport beaucoup plus libéral avec les tabous religieux. Si, durant longtemps, la consommation publique de viande ne pouvait se faire qu’avec l’assurance que la viande était bien purifiée avant sa consommation, cet état de fait s’est progressivement perdu sous l’administration fortunéenne, faisant du Jashuria une contrée où la consommation de nourriture au restaurant est devenue plutôt commune et a permis l’essor de la culture gastronomique. À présent, le restaurant et le stand de rue forment des contextes spatiaux qui répondent à la fois à la nécessité quotidienne de se nourrir, mais aussi à des pratiques plus élitistes.

Au Jashuria, l’offre publique alimentaire se diversifie grâce à l’introduction des nouvelles viandes. Des soupes de mouton aux nouilles sautées au porc pour les étudiants en passant par des viandes haut de gamme pour les cols blancs, l’offre de restauration est le vecteur par lequel les Jashuriens peuvent consommer plus simplement de la viande. Si dans les zones rurales, la viande était avant tout la nourriture du sacrifice et n’était mangée qu’à de rares occasions, ce n’était pas le cas dans les zones urbaines, où le régime alimentaire était beaucoup plus omnivore. Les marchés régulent la distribution et des réseaux de boucherie correctement institués permettent d’écouler un stock conséquent de viandes tuées le matin-même, tandis que la viande devient pour beaucoup de plus en plus abordable. C’est à la fois le rapport moins décomplexé à la religion et la modernisation des techniques d’élevage d’abattage qui facilite le transport de la viande de l’élevage jusqu’à l’assiette et les restaurants ont ici leur part à jour.

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Les Dabbawalas


Le plus ancien système de livraison des repas dans les métropoles est Jashurien ! Les nouvelles plateformes de livraison n’ont pas inventé la roue. Les dabbawalas, livreurs à pied -et parfois à vélos) sont les livreurs les plus emblématiques du pays. En Jashurien, dabbawala signifie littéralement « celui qui porte la boite ». Chargés de délivrer les repas depuis plus d’un siècle, ces travailleurs du quotidien acheminent chaque jour des centaines de milliers de repas sur les lieux de travail des Jashuriens. Ce système, particulièrement prisé, s’est perpétué dans la société jashurienne pour en faire une particularité inédite : ce n’est pas à vous d’aller chercher votre repas, mais le repas qui vient à vous … Et pas n’importe quel repas ! Votre repas-maison !

Le système des dabbawalas est le résultat d’une organisation millimétrée au sein de la société jashurienne mais aussi de la mosaïque d’ethnies qui peuplent le pays. Le système de restauration ne pouvant accommoder les interdits alimentaires et les goûts d’ethnies aussi différentes, les travailleurs jashuriens étaient généralement résolus à consommer les repas préparés à la maison sur leur lieu de travail, dans des conditions où en maintenir la fraicheur ou la chaleur était totalement impossible, les anciens lieux de travail n’étant pas équipés pour cela. Face à cette situation où le système de restauration privé était trop peu fourni ou trop onéreux et où les lieux de travail étaient sous-équipés, les Jashuriens en étaient réduits à manger froid tous les jours, voire à ne pas manger. C’est alors que quelques individus débrouillards eurent l’idée de lancer la première entreprise de livraison de repas-maison à Agartha au XIXe siècle : si vous ne pouviez réchauffer votre repas à midi, alors votre repas arriverait chaud à vous.

Les dabbawalas fonctionnent sur un système basé sur la confiance. Chaque jour, des milliers de ces travailleurs journaliers collectent les repas-maisons préparés par les travailleurs avant de les amener à leur point de collecte. Les porteurs à pieds ou à vélos vont alors conserver les repas à leur point de collecte et préparer de leur côté les livraisons. Quand l’heure du repas arrive, des équipes de porteurs collectent les repas et font les délivrer sur les lieux de travail. Cette prestation, destinée essentiellement à la classe moyenne, aux petits commerçants ou aux petits managers, s’est élargie aux ouvriers et opère 25 jours par mois dans les grandes métropoles du pays. Elle n’est pas très onéreuse et permet à de nombreux porteurs avec de faibles qualifications de vivre correctement. On estime aujourd’hui que 100 000 repas sont livrés quotidiennement dans la mégalopole d’Agartha et qu’un minimum de 5000 personnes sont employées en tant que porteurs au quotidien.

La particularité de ce système de porteurs est qu’il est représentatif de la manière dont les Jashuriens conçoivent des organisations de travail efficaces et pérennes. Les dabbawalas ont travaillé sans interruption depuis plus d’un siècle et présentent un taux d’erreur dans la livraison des repas particulièrement faible au vu du nombre de repas à livrer et du peu de moyens dont ils disposent. Pourtant, les statistiques de l’université d’Etat d’Agartha montrent qu’aujourd’hui, le taux d’erreur des dabbawalas d’Agartha est d’environ 6 erreurs sur 13 millions de transactions. Organisés en coopératives pour chaque métropole, les porteurs sont organisés en équipes de huit personnes, puis en groupes de plusieurs équipes, puis en une coopérative de plusieurs groupes. On estime qu’une bonne coopérative de dabbawalas fait environ 120 personnes pour fonctionner à plein régime sans accuser de retards sur un secteur. Chaque porteur est identifié par le même type d’uniforme depuis des générations. Celui-ci comporte à minima un pantalon de lin blanc, un chapeau blanc, et une broche dorée portée au niveau du cœur.

Une coopérative de dabbawalas fonctionne toujours sur le même principe organisationnel. Chaque dabbawala gère quotidiennement un portefeuille d’une trentaine de clients, généralement dans le même quartier. Sa première action en arrivant le matin est de faire la tournée de ses clients et de récupérer sur son charriot les différents repas. Une fois sa tournée faite, le porteur se rend à la plateforme de tri la plus proche pour trier avec son équipe les boites afin de les diriger vers leur zone de livraison. Chaque boite à repas possède un système de couleur et d’abréviations permettant au livreur de se repérer dans la livraison. Ce système comporte :

  • L’abréviation du lieu de collecte : le client
  • Le code couleur du point tri
  • Le code couleur du point de livraison
  • Des annotations de livraison : bâtiment, étage, lieu

Les boites sont ensuite transportées par plusieurs porteurs sur leurs plateformes de livraison, généralement en utilisant le système ferroviaire ou le métro. A l’arrivée, les boites sont à nouveau triées, puis réparties selon les secteurs de livraison et les équipes. A l’heure du repas, l’ensemble des équipes de livraison entament leur tournée. Une fois les repas livrés, les porteurs reviennent quelques heures plus tard, généralement en milieu d’après-midi pour collecter les boites vides et les renvoyer par le même système vers leur point d’origine. Du point de vue du client émetteur, la boite revient sur le pas de sa porte. Une fois les boites à repas rapportées, le travail des dabbawalas est terminé pour la journée.

Les dabbawalas sont supposés être capable de transporter une bonne charge sur leurs vélos ou à pied. Ils travaillent généralement du matin jusqu’à la fin de l’après-midi et possèdent tous un badge d’accès spécial pour le train et le métro. Au Jashuria, chaque train dispose d’un wagon dédié au petit transport de marchandises, comme les paniers repas. Ce wagon est généralement placé en tête de train ou à la fin. Le point crucial de toute l’opération reste bien entendu le chargement et le déchargement des boites à l’aller et au retour.

La particularité de ce système réside dans la confiance que les Jashuriens lui donnent et aussi dans une organisation particulièrement efficace pour livrer les repas. L’appui du réseau ferroviaire permet aux livreurs d’acheminer de grandes quantités de nourriture avec peu d’efforts dans les grandes métropoles, ce qui facilite grandement la rapidité du système. Le système, bien que très rustique, reste particulièrement efficace et n’a pas eu besoin de sauter le pas des nouvelles technologies pour s’améliorer. La codification simple des boites, l’organisation millimétrée de la collecte et du tri, ainsi que la quasi-absence d’outils technologiques (le plus utilisé reste le SMS pour signaler l’arrivée du dabbawala), font que ces coopératives peuvent fonctionner avec du personnel peu qualifié, ce qui a favorisé l’insertion sociale de nombreux défavorisés du Jashuria. Les dabbawalas, pour le service qu’ils rendent, sont particulièrement bien considérés. Livreurs de confiance, ils sont connus de leurs clients et apparaissent comme des figures aisément identifiables dans le paysage des villes jashuriennes.
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Le thé du Jashuria

Le thé est connu dans la région du Jashuria depuis environ 400 av. J.-C. Il est utilisé depuis des siècles comme boisson, mais aussi comme remède. Bu à l’origine pour ses vertus médicinales, le thé devient une boisson à la mode durant les différentes dynasties qui contrôlèrent tout ou partie du Jashuria durant le premier millénaire. Le thé était alors couramment vendu sous forme de briques estampillées aux symboles des producteurs, puis rôti et pulvérisé avant d’être ajouté dans de l’eau. Le thé jashurien contemporain est encore aujourd'hui consommé de cette manière, qui demande certes plus de préparation, mais qui reste une méthode particulièrement intéressante pour le processus de purification propre à la cuisine jashurienne.

Le thé au Jashuria est une histoire ancienne, mais il est de notoriété commune que c’est sous l’administration fortunéenne que le thé prend véritablement son essor au-delà du Jashuria et qu’il fait l’objet d’une véritable exportation au-delà du continent. Lorsque les Fortunéens s’installent au Jashuria et mettent en place leurs comptoirs dans les cités-franches, l’attrait procuré par la culture du thé au niveau local leur fait prendre conscience du potentiel qu’il y a à mettre en œuvre leurs propres productions de thé dans un pays à la main-d’œuvre peu chère. Les cités jashuriennes de l’époque possédaient les connaissances liées au thé, mais elles étaient chasse-gardée des grandes corporations, qui voyaient leur intérêt dans la vente des feuilles déjà préparées aux Fortunéens.

Les Fortunéens parvinrent à mettre la main sur les secrets de fabrication du thé jashurien par des biais détournés. Ils repérèrent une variété indigène de théier, qui poussait dans la région des lacs. Jusque-là, sa feuille n’était utilisée que comme remède par les Jashuriens, car trop forte à leur goût. Les premiers essais pour produire du thé en grande quantité à partir de camellia sinensis assamica sont cependant un échec : les Fortunéens se rendent compte qu’ils vont avoir besoin des connaissances techniques et de l’expérience des Jashuriens concernant la culture du thé.

Se rapprochant des corporations du thé après s’être emparés en toute discrétion de plusieurs centaines de pieds de théiers inusités, les Fortunéens appâtèrent par le biais de l’argent des ouvriers des grandes corporations qui ne pouvaient s’élever socialement. En leur promettant richesse et statut social, ces ouvriers du thé tournèrent casaque et se mirent à travailler dans les plantations et les manufactures fortunéennes. Cependant, cette production de thé n’est pas destinée aux Jashuriens : le thé des Fortunéens produit localement reste trop fort et loin des standards locaux. Il est donc un produit d’exportation pur, qui se rend par convois entiers en Eurysie et en Aleucie. L'exportation du thé eut un effet saisissant sur l'industrie jashurienne. Voyant que le thé s'exportait par cargaisons entières, les Jashuriens se mirent à exporter vers l'Eurysie avec un effort redoublé, mais le monopole détenu par les Fortunéens sur les exportations en Eurysie rendirent compliquée l'exportation des produits quand ceux-ci n'étaient pas estampillés des compagnies fortunéennes. Il en résultat que les produits jashuriens sans approbation de l'administration fortunéenne ne s'exportèrent que sous le manteau, ou par petites quantités hors du Nazum vers l'Eurysie, limitant grandement l'impact culturel jashurien dans le continent du Vieux Monde.

Le Jashuria classe les thés locaux en plusieurs catégories afin de mieux s’y retrouver. Tout d’abord, les Jashuriens produisent du thé noir. Riche en théine – autre nom de la caféine – les thés noirs du Jashuria ont une couleur cuivré foncé et ont généralement une saveur plus forte et plus robuste que les autres types de thé. On produit le thé noir en récoltant les feuilles de thé et en les écrasant légèrement avant de les laisser s’oxyder. C’est cette préparation qui donnera à ce thé sa robustesse. Deuxièmement, le thé vert, qui lui, est récolté puis cuit à la vapeur ou à la poêle afin d’en freiner puis d’en stopper le processus d’oxydation des feuilles. L’oxydation, ainsi stoppée, donne au thé sa couleur verte et son goût léger. Troisièmement, le thé blanc, qui lui, est peu transformé avant d’être séché et emballé. Le thé blanc a tendance à être très faible en théine, bien que certains thés à pointe argentée puissent en avoir une teneur légèrement plus élevée. Le thé oolong est un thé qui lui, sera partiellement oxydé : une sorte de compromis entre le thé noir et le thé vert, ce qui lui donne une belle variété de saveurs. Les Jashuriens produisent aussi un thé spécial nommé le thé pu-erh, qui est issu d’un processus d’arrêt de l’oxydation de ses feuilles, puis de fermentation sur plusieurs années, sous la forme de briquettes estampillées. Le thé violet est quant à lui endémique du Jashuria. Cultivé depuis plusieurs dizaines d’années, il s’agit des feuilles d’un théier violet qui pousse aussi très bien dans le sud et dans l’est de l’Afarée. On produit le thé violet de la même manière que le Oolong. Le Matcha est quant à lui produit à partir de plants de thé spécialement sélectionnés et laissés à l’ombre quelques semaines avant la récolte, ce qui leur donne une couleur vert émeraude appréciée au nord du Jashuria. Les feuilles des Matchas sont immédiatement cuite à la vapeur dès la récolte, pour donner une forme spécifique de thé vert avant d’être broyées en poudre très fine.
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