Activités étrangères au Gondo
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Posté le : 28 août 2022 à 10:43:18
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Posté le : 27 mai 2023 à 18:19:02
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Depuis de nombreuses années, le pays regardait avec méfiance le Gondo. Durant la guerre d'indépendance, celui-ci dans les premières années, (1924-1935), le pays n'intervient que peu, car se remettant difficilement de sa période fasciste. Mais la guerre s'intensifiant vers 1936, le second Empire du Nord officialise une position pro-ducale en soutenant les autorités de la métropole et en militarisant sa frontière et en envoyant un petit contingent de volontaires et de soldats réservistes. En tout, 5000 soldats professionnels sont envoyés pour soutenir l'armée ducale. Après sept mois de participations, l'Empire retira ses troupes en voyant la décadence des armes ducales. Près de la moitié des troupes sont tuées et l'Empire se retire diplomatiquement également.
L'opération Majesty est donc un échec et, mais elle a permis à la métropole de faire durer un peu le combat et lui a permis de faire débarquer de nouvelles troupes.
En 1945, le pays s'intéresse à nouveau à la guerre au Gondo pour plusieurs raisons. Des obus ont atterri dans ses territoires et ont fait 32 morts. De plus, les révolutionnaires progressent et divergent totalement des intérêts de l'Empire. Celui-ci renvoie 2 bataillions de 500 hommes pour stabiliser la région la plus proche de ses territoires (qui étaient à l'époque des colonies). Le 04 août, l'Empire lance ses hommes dans les territoires inoccupés pour les occuper et avoir une tête de pont. Il n'y rencontre que de faible résistance et ne compte aucune perte sauf matérielles. Le 13 octobre 1945, 1000 soldats impériaux entre au Gondo dans une province qui contenait assez peu de troupes ducales. En 2 mois, l'Empire occupe 450 km² après d'intense combats de rues contre les révolutionnaires. Peu de pertes du côté de l'Empire (~32) mais plus du côté des insurgés (~846). L'Empire continu donc son avancée et occupe cette zone en mars 1946. Charles V, l'Empereur de l'époque, annonce arrêter son avancée et stabiliser la région, son occupation. Une contre-offensive des révolutionnaires éclate et en représailles, l'Empire renforce sa position en mobilisant 500 hommes supplémentaires et investi Port-en-Truite. La petite poche est éradiquée et l'Empire se retire de la ville. Il se retire totalement du Gondo 3 mois après, estimant que ses objectifs sont atteints. En effet, l'Empire a relancé une campagne d'alphabétisation, vaccination, construction de route, d'écoles, d'hôpitaux, de ponts...
La zone devient donc bien plus calme qu'auparavant et les combats s'éloignent de la frontière. L'Empire postera par prévention une garnison à cette même frontière.
Après cette intervention qui fut ne fut pas égalé depuis, l'Empire ne s'ingéra plus dans la révolution gondolaise mais continua à l'observer avec méfiance. À la victoire révolutionnaire, l'Empire ne proteste pas et reconnait le pays, mais le garda en observation.
En 1978, après un énième coup d'État particulièrement meurtrier, l'Empire envoie au Gondo ses services d'espionnages pour prévenir de nouveaux coups d'États ou de nouvelles menaces. Cela permit au pays de se préparer et encaisser les instabilités apportées par les coups d'États suivants.
Depuis le dernier changement de gouvernance en 1994, le pays commence de plus en plus à s'ingérer au Gondo, car l'économie locale de ses territoires afaréens en sont déstabilisés et surtout par l'immigration émanant de la République et puisque le Gondo est endetté à hauteur de 1 milliard de dollars auprès de l'Empire. De nombreuses entreprises sont achetées par l'organisation "le Murmure des Corbeaux" qui est une organisation non gouvernementale servant tout de même les intérêts de l'Empire, car celui-ci ferme les yeux sur ses activités illégales. C'est un moyen détourné pour le gouvernement de contrôler une partie (minime) de l'économie du Gondo.
Actuellement, aucune alliances ou rivalités politiques officielles n'existe, mais l'Empire compte bel et bien installer un régime démocratique et stable au Gondo, et ceux, par tous les moyens... et pour commencer, les services secrets impériaux vont redoubler d'activités.
Posté le : 29 mai 2023 à 17:34:55
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Une fois de retour en Clovanie, Pétroléon V avait longuement discuté de l'opération, qu'on avait alors baptisée Opération Chrysope, avec son Ministre Impérial de la Guerre et des Armées Paul Joffrin. Celui-ci avait trouvé le nom de l'opération en fouillant dans ses connaissances animalières. La chrysope, aussi appelée Lion des pucerons, est un animal très utile pour les jardiniers. Si vos plantes se font dévorer par des pucerons et vous empêchent de faire fleurir un écosystème stable et harmonieux dans votre jardin, placez quelques chrysopes sur vos plantes et elles ne feront qu'une bouchée de la vermine vorace qui nuit à votre développement. Le Ministère de la Guerre et des Armées était situé à l'Est de Legkibourg, capitale de la Clovanie, et avait été le lieu dans lequel tout s'était décidé. Tous les généraux qui allaient participer à l'opération avaient été convoqués pendant de longues semaines afin de peaufiner les moindre détails du voyage et de l'installation des troupes dans le petit pays afaréen.
Le plan était toutefois simple : neuf mille soldats à Sainte-Loublance, neuf mille à Porzh-Erwan.
La nuit du 5 septembre, les derniers avions atterrissaient sur les pistes de Sainte-Loublance et de Porzh-Erwan avec fracas, portant dans leurs ventres les soldats les plus impatients, ceux qu'on avait fait attendre le plus longtemps avant de les faire monter dans les ultimes fournées d'avions.
Deux navires cargos des Guerriers des Mers avaient débarqués dans les deux villes pour acheminer un grand nombre de véhicules et d'armes nécessaires aux dix-huit mille soldats présents sur le sol gondolais.
Posté le : 31 mai 2023 à 11:18:56
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Mais Pétroléon V avait mis un coup de projecteur sur la nation du Président Flavier-Bolwou. Il avait véritablement montré et démontré que le Gondo renfermait un potentiel incroyable sur d'innombrables plans s'il venait à être pacifié et exploité correctement. Une amitié avec ce Président semblait donc relever de la plus grande évidence pour l'ensemble du peuple clovanien. Déjà, la plupart envisageait les potentialités touristiques du pays, mais d'autres pensaient aux découvertes que les scientifiques de la patrie pourraient faire en cette petite contrée à la flore foisonnante. Le Gondo était aussi un terrain de test pour les militaires clovaniens. Allaient-ils se rendre dignes de leur mission, à savoir de la juste volonté pacificatrice de leur souverain ? Le Gondo était devenu en l'espace de quelques mois un eldorado, un horizon de tous les possibles, au sein duquel des milliers de jeunes hommes et femmes étaient près à s'aventurer pour changer leur vie. La télévison retranscrivait dans les grandes lignes les avancées des militaires zone gondolaise, alors même que l'on en était qu'à l'établissement des bases. Une passion était née en même temps qu'une amitié.
Dans le Palais de la Gloire, cette passion était tout aussi vive. Les secrétaires marchaient à grands pas dans les couloirs avec des dossiers portant un drapeau gondolais sur leur couverture, faisant claquer à un rythme effréné leurs talons sur le parquet ciré. Lorsque l'on s'approchait des quelques employés en pause pour leur subtiliser une bribe de conversation, le mot Gondo ne manquait jamais de résonner dans les corridors luxueux. Pétroléon V, dans son bureau, y réfléchissait longuement. D'ailleurs, il avait pris une décision concernant le pays afaréen. Afin de faciliter les échanges entre les deux pays, il créa le poste de Délégué Impérial aux Affaires Gondolaises. Cette nouveauté flatterait sûrement son ami Flavier-Bolwou, heureux de voir attribué à son pays un service spécial dans l'administration clovanienne. Il avait déjà donné des indications à sa secrétaire, qui frappa vivement à sa porte, le tirant de ses pensées.
"Entrez."
Une femme d'âge moyen passa la tête dans la large pièce, découvrant un joli visage cerné par des boucles brunes.
"Son Excellence Impériale, Monsieur de Tholosé est arrivé.
- Très bien. Faites-le entrer."
Le petit homme replet pénétra en souriant dans le bureau, n'oubliant pas de poser le genou à terre devant son souverain. Celui-ci se leva et répondit à son salut.
"Sa Seigneurie Impériale me demande."
Ives de Tholosé était un aristocrate clovanien dont la famille était présente et influente dans le pays depuis plusieurs siècles. Certains de ses ancêtres avaient beaucoup gravité autour des souverains de Clovanie et le nom de Tholosé n'était inconnu de personne. L'homme qui se tenait alors devant Pétroléon V exerçait depuis longtemps un poste important dans le Ministère de la Guerre et des Armées, et il avait eu une grande carrière. Passé dans les écoles les plus prestigieuses du pays, il avait été membre des sphères les plus influentes de Clovanie. Son choix pour exercer cette nouvelle fonction semblait logique.
"Nous vous avons demandé, en effet, pour vous confier une tâche de la plus haute importance. Comme vous le savez, nos affaires au Gondo vont bon train. Mais les communications Nous semblent trop difficiles au vu de la distance. Nous pourrions tout faire par téléphone, mais ça ne Nous plait guère, voyez-vous. Il faut du contact humain, un vrai échange entre personnes afin de mener des opération d'une telle importance. Aussi, Nous inaugurons avec vous la fonction de Délégué Impérial aux Affaires Gondolaises. Au Gondo, vous serez logé à Sainte-Loublance et serez en contact direct avec le Président Flavier-Bolwou. Vous serez Nos yeux, Nos oreilles, mais surtout Notre bouche au Gondo. Préparez vos affaires, vous partez dans trois jours."
Ives de Tholosé était extrêmement flatté par une telle considération de la part de l'Empereur, mais il se demandait comment il allait annoncer cette nouvelle à sa femme et à ses enfants. Dans trois jours, il serait transporté à l'autre bout du monde, et ce pour plusieurs années. Une certaine appréhension était donc inévitable. Il allait toutefois réaliser les aspirations de la majorité de ses compatriotes, à savoir découvrir ce pays dont il entendait tant parler depuis des mois. Surtout, c'était par sa personne que Son Excellence Impériale allait communiquer ses volontés concernant le Gondo. Grâce à lui, le Gondo pourrait enfin se développer et nourrir une grande amitié avec la Clovanie, que même la distance intercontinentale ne pourrait enrayer.
Posté le : 31 mai 2023 à 19:20:09
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La situation n'était pas claire. Ce pays Afaréen était discret, un acteur toutefois de l'Afarée centrale et des abords du Delta Cruzando. Les Tamurt n Althalj ne disposaient de peu d'intérêts économiques ou politiques directs au sein de ce pays, néanmoins la couverture de Bienveillance de l'Althalj s'était agrandie depuis les évènements en cours au Kodeda et le conflit terrible entre l'UNCS et l'ONC dans l'espace Kronosien d'Afarée.
Les nouvelles technologies électroniques et radars permettaient une plus grand latitude en terme d'observation de l'espace aérien et, dans un espace d'ordinaire peu employé, relativement parlant, un convoi aérien avait tôt fait de faire tâche sur les écrans.
Les transpondeurs Clovaniens n'étaient pas tous clairement identifiables et une vérification auprès de l'Organisation Mondiale de l'Aviation et des autorisations civiles prodiguées par Icemlet avaient tôt fait de faire sonner des alarmes à chaque coin de l'Etat Major.
"Alsaqr à proximité, interception en cours."
"... écoutez, il y a en ligne "droite" 11,700 kilomètres.
Toutefois c'est impossible, la direction semble bien être le Gondo si le convoi poursuit sa route, néanmoins les capacités de ce pays ne permettent pas d'effectuer un voyage aussi long.
L'Euyin ne peut pas confirmer les intentions de la Clovanie.
Il est fortement improbable pour que les Etats Majors Impériaux se soient trompés... les avions tomberaient dans la Mer d'Emeraude.
Ils sont ainsi épaulés, mais nous ne disposons d'aucunes informations à disposition..."
La cheffe inspira profondément et se tourna vers la carte interactive.
Le convoi aérien passait à 1000 kilomètres des frontières Althaljirs.
Nul besoin d'affirmer une position Althaljir forte, toutefois le passage d'un convoi aérien d'origine Clovanienne, d'après les transpondeurs civils, n'était pas sans soulever de nombreuses questions.
La Maktaba avait demandé cette interception. Les Eurysiens avaient toujours émis une certaine convoitise vis à vis de l'Afarée, moins développée, plus attrayante avec ses ressources immaculées et une main d'oeuvre peu chère.
"Alsaqr, au contact du convoi aérien, émission du message en cours."
Posté le : 07 juin 2023 à 14:10:48
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Mais les Clovaniens étaient là pour redonner au Gondo toute sa force, pour révéler au monde le potentiel incroyable que cette nation renfermait dans ses profondeurs. Cet enthousiasme, cette vigueur ambitieuse se percevaient immédiatement dans les sourires des ouvriers gondolais qui aidaient admirablement les régiments clovaniens à édifier les futures grandes bases militaires de l'Empire en territoire Gondolais. La joie de ces hommes était double. Ils assistaient dans un premier temps à un déploiement de puissance considérable de la part de l'Armée Impériale. Cette puissance allait les débarrasser des vermines qui pullulaient dans leur patrie depuis déjà trop longtemps. Mais dans un second temps, ils trouvaient déjà, avant même que ces cafards ne soient exterminés, une occasion de mettre du cœur à l'ouvrage. Les Gondolais voyaient leur nation s'embellir sous leurs mains. Ils étaient en train de changer profondément leur propre pays. Après des années de pauvreté et d'errance, de petites besognes en petites besognes, ils participaient enfin à un projet national qui les dépassait.
Au début du mois d'octobre, les deux bases étaient terminées et tous les soldats clovaniens pouvaient alors bénéficier du minimum de décence qu'on puisse accorder à un homme chargé d'une mission de cette importance. Certes, ce n'était pas du luxe, mais les conditions allaient s'améliorer, et le début des activités militaires était sur le point de redonner du courage à ces soldats impatients.
Posté le : 07 juin 2023 à 14:33:08
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Cela ne pouvait que l'encourager à braver cette grande tâche que l'Empereur lui avait confiée, celle de remettre ce pays sur pied et de fonder avec lui une amitié des plus fraternelles. Rien n'allait l'arrêter dans l'accomplissement de cette grande œuvre diplomatique à laquelle il avait été assignée. Bientôt, la voiture dans laquelle il se trouvait se gara devant une très belle maison, une des plus belles qu'il avait vu jusque là. Il s'agissait de la bâtisse dans laquelle il allait loger avec sa famille pour les prochaines années, et peut-être même pour le restant de sa vie. Il rencontra là un émissaire du Président Flavier-Bolwou avec lequel il échangea une poignée de main ferme et amicale. Il grimpa ensuite les marches qui le séparaient de la porte d'entrée et entreprit d'apprivoiser sa nouvelles demeure.
En une paire de jours, le cabinet du Délégué Impérial aux Affaires Gondolaise était presque entièrement aménagée. Ives de Tholosé pouvait commencer à exécuter les premières consignes de son souverain.
Posté le : 08 juin 2023 à 01:18:02
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"Alsaqr, les appareils ne répondent pas."
Les appareils, les avions dont la suspicion se tournait vers une nationalité Clovanienne, semblaient être les premiers en direction du Sud de l'Afarée par la côte Ouest.
Les raisons d'une organisation logistique aussi militaire avait une raison spécifique et les ordres de la Maktaba étaient clairs.
Il fallait de ce pas donner une voie de sortie à ces avions Clovaniens, qui ne réussiraient pas à atteindre le Gondo dans un premier temps ou en tirant sur le fil.
Dans un second temps, ils ne pouvaient pas rebrousser chemin, car ils n'avaient pas le carburant nécessaire pour rejoindre la Clovanie.
Est que les Forces Matriarcales ont confirmé ?
La situation n'était pas aussi "simple" qu'un ultimatum des Tamurt n Althalj.
Par des communications cryptées, les pilotes des avions Althaljirs reçurent de nouvelles instructions.
A quelques centaines de mètres des avions Clovaniens, les chasseurs Althaljirs changèrent de posture. L'un se mit à l'arrière du convoi, tandis que l'autre se rapproche à une distance plus proche de l'avion de tête du convoi Clovanien.
"Alsaqr, vous avez vos instructions."
سنضطر إلى إطلاق النار إذا لم توافق على اتباع الأوامر.
Nous serons obligés de tirer si vous n'acceptez pas de suivre les ordres.
Posté le : 16 juin 2023 à 17:25:02
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Les intercepteurs, sans plus amples instructions ou indications, avaient quitté la proximité de l'aviation confirmée comme Clovanienne.
Les effectifs Althaljirs regardaient avec intérêt le ballet de l'aviation militaro-civile faisant des allers retours vers le Gondo.
La confirmation de l'Euyn et surtout de la Maktaba, quant à l'objectif de ces innombrables soldats Eurysiens en Afarée, avait soulevé une nouvelle crainte de néocolonialisme et d'autant plus ici entièrement assumé.
Les rapports de force n'étaient pas le sujet.
L'Afarée ne voulait pas une exportation de l'instabilité internationale au sein de ses contrées et les Tamurt n Althalj, du fait de leur politique de Bienveillance, subissaient impuissantes la déception de ne pouvoir empêcher les escalades des conflits et de l'opportunisme internationale.
Le Kodeda passait, non comme un orage politique, mais comme un ouragan d'instabilité avec des suspicions de ficelles tirées par les voix et crédits outre-Althaljs.
Obtenir des pieds à terre sur la côte Ouest Afaréenne par l'entremise des difficultés de l'Empire Colonial de Listonia semblait être une répétition grossière de méthodes hégémoniques.
Le monde se faisait face indirectement au Kodeda, le temps comme suspendu, dans l'attente d'une résolution.
Kronos et l'UNCS faisaient face à la plus grande et puissante organisation au monde, l'ONC.
La défaite navale majeure de l'UNCS avait créé non seulement une marée noire, un massacre de marins, mais pouvait être des prémices d'une invasion terrestre, l'Afarée limitrophe à l'Eurysie par le détroit de la Leucytalée pouvant à tout moment se transformer en brasero.
La Mandrarika échouait pour l'instant à stabiliser un pays morcelé par les seigneurs de guerre, le Sarranid aspirait à un changement politique et le nouveau voisin Ptolémaïque avait traversé une naissance dans d'affreuses circonstances sécuritaires.
Le Gondo, pour sa part, a une histoire longue et tumultueuse. Néanmoins nous n'étions plus au siècle dernier et c'est le président Désiré Flavier-Bolwou qui relance les violences inter et intra-communautaires, après près de 10 à 15 ans d'apaisement. Dans un objectif de sécuriser son pouvoir et assumer ses actions belliqueuses, il fait appel à une armée Eurysienne.
Cette sous-traitance confirmée par la Clovanie implique dés lors une contrepartie qui malheureusement ressemble grandement à un autre contrat à long terme d'achats de matériels militaires, comme ce fut le cas au Varanya.
La Maktaba estime qu'il est dorénavant prioritaire de pousser la régionalité de la Bienveillance au delà de la Mer d'Emeraude et assigne à l'Euyn des objectifs de compréhensions contextuelles et factuelles, sur place.
Icemlet sera dans l'obligation, meurtrie par ce dérapage politique Gondolais, de faire valoir les ressources Afaréennes, telle une actrice qui arrive après le début de la bataille.
La première étape est officielle et c'est un message envoyé par l'ambassade Althaljir à Sainte-Loublance aux autorités officielles afin qu'un briefing mensuel soit accéléré par rapport à la norme. Les informations seraient assurément un premier lieu de collecte d'information plus à jour et sous le prisme biaisé de la présidence de Désiré Flavier-Bolwou.
Une demande officielle de rejoindre les territoires "instables" serait alors effectuée afin de permettre à une délégation Althaljir de contacter les parties prenantes des tensions actuelles et à venir.
La demande serait sûrement refusée, mais la demande ne viendrait pas d'une cheffe de service consulaire, mais bien de la qari Sofines Berek, dont le franc parler n'était plus un secret diplomatique.
La demande suivit la même semaine que l'arrivée des troupes Clovaniennes au Gondo.
Posté le : 03 jui. 2023 à 15:45:53
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L'Histoire avait tourné une nouvelle page lorsque les premiers rebelles qui rencontrèrent l'Armée Impériale furent évacués des côtes gondolaises. Le 1er décembre, les troupes clovaniennes s'étaient déployées pour aller à la rencontre du peuple gondolais. Leur déplacement s'était pour l'instant cantonné aux côtes maritimes du pays, là où passe la route principale du pays, permettant de rejoindre plus rapidement les bases militaires.
Les premières rencontres avaient donc fatalement eu lieu avec les rebelles. Deux groupes avaient croisé la route de l'Armée Impériale. D'abord, les factionnaires du GALK (Groupement Armé Légitimiste Kwandaoui) qui occupaient un petit territoire au Sud-est de Sainte-Loublance fuirent à la vue des trois mille soldats clovaniens qui marchaient sur leur position. Ils rejoignirent la base de leur groupement non loin au Nord-est de la capitale.
Cependant, au Sud-est du pays, la rencontre des trois mille soldats clovaniens du 5e régiment Joffrin avec les membres du MLL ne se fit pas sans un échange de coups de feu. De nombreuses pertes furent infligées à l'ennemi, et la zone fut reprise par les soldats de l'Armée Impériale.
Les côtes du Gondo étaient pacifiées. Le chemin était encore long avant de voir l'ensemble du pays stabilisé, mais l'espoir avait envahi les cœurs, plus que jamais.
Posté le : 10 jui. 2023 à 23:20:06
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C’est en tout cas ce que persistaient à croire les quelque 1 300 membres de l’Armée Démocratique, dont le nom seul était un excellent présage pour les volontaires kah-tanais qui considéraient, comme la plupart de leurs concitoyens, que le socialisme réel n’était jamais que l’application de la démocratie à toutes les strates de la société. En d’autres termes, les communalistes voyaient d’un bon œil ce mouvement qui abandonnait les principes autoritaires des eurycommunistes au profit de la douce rêverie auto-gestionnaire. Douce à condition que l’on admette la révolution armée comme telle, et rêverie à condition d’oublier les nombreux territoires où elle s’appliquait sans heurt, au profit d’une population largement sortie de la misère par la destruction des oligarchies politiques et économiques.
Et le Gondo, dans tout ça, pouvait bien espérer devenir un jour le dernier enfant d’une grande fratrie de nations dont les peuples, souverains et égaux, luttaient ensemble pour la justice, l’égalité et la démocratie populaire et généralisée. Bien sûr, pour ça, il fallait gagner la guerre, et ce n’était pas chose aisée.
Loin d’être la milice la plus armée de ce petit pays fracturé et incontrôlable, l’Armée Démocratique comptait peu de personnel, n’occupait aucun centre urbain majeur, faisait directement face aux régions où tenait encore l’influence du président et de son armée nationale… Et sans compter les difficultés propres à la situation intérieure du pays, il y avait maintenant l’intervention Clovanienne. Une intervention néo-impérialiste et déplacée, qui avait mobilisé environs vingt mille hommes. Une quantité qui suffisait amplement à écraser le pays sous un poids militaire qui, à défaut de calmer la situation intérieure, empêcherait tout renversement du régime. C’est que la Clovanie avait été invitée dans la région, et s’y déployait dans un cadre tout ce qu’il y a de plus légal. Dans ces conditions, de tels effectifs n’avaient rien de choquant. Ou plutôt, dans de telles conditions, de tels effectifs ne sauraient provoquer une intervention des puissances régionales. Le Gondo, c’était là toute la subtilité de la situation, demandait à être soumis à une puissance étrangère.
Et même s’ils avaient souhaité faire de même (et ce n’était de toute façon pas le cas), les révolutionnaires démocrates n’avaient pas cette légitimité pour eux. S’ils exigeaient l’aide du Grand Kah, il y aurait certes une guerre importante sur leur territoire, mais elle pouvait dégénérer, appeler à l’intervention directe ou indirecte de nombreux autres acteurs. Il n’y avait rien de positif à tirer d’une telle situation.
Sauf que sans intervention ouverte de la part de la Confédération, on pouvait légitimement se demander s’il existerait assez de volontaires intéressés par les mésaventures du Gondo, petit pays sub-équatoriens, ruiné, excentré des grandes régions développées et des grandes luttes politiques du monde modernes, pour offrir l’avantage numérique aux forces du progrès et du socialisme.
Pas nécessairement. Mais là où il y avait une aventure à vivre, des combats à mener, il y aurait des aventuriers pour les vivres, et des mercenaires pour les mener. Du reste, les volontaires kah-tanais, comme les mercenaires de la Confédération, profitaient d’un avantage technologique certain sur la plupart de leurs opposants. La place-forte de la Révolution dotait ses fils avec un soin rare. Ne disait-on pas que l’Anarchie aimait ses enfants ?
Ils arrivèrent les uns après les autres, profitant de l’effervescence qu’avaient provoqué l’installation des troupes étrangères, et les importantes dotations en capitaux soudainement octroyés au gouvernement de la république. Comme souvent dans ces régimes, cet argent était réparti entre différentes mains et la corruption ambiante permettait de justifier bien des anomalies. Ces grappes de révolutionnaires, venant avec ou sans papiers, avec ou sans alibi, débarquèrent pour la plupart à Port-en-Truite ou dans d’autres petits ports de la région, s’aidant pour se faire des nombreux réseaux de passeurs qui avaient alimenté les marchés noirs et l’émigration durant l’histoire de la jeune république. Ces hommes et femmes étaient pour beaucoup les vétérans de nombreuses luttes. Anciens membres de la Garde Communale, volontaires ayant combattu l’insurrection damanniste au sud du Grand Kah, diplômés des écoles d’auto-défense et d’insurrection de l’Union. Tous, d’ailleurs, n’étaient pas kah-tanais. On trouvait de nombreux étrangers liés aux réseaux communalistes, et des afaréens de tout le continent, venus lutter contre le néo-colonialisme, parfois sans idées politiques précises. Pour beaucoup ils ne vinrent pas équipés. En effet, ce groupe de volontaire était commandé par une nébuleuse de conseils qui organisèrent une division logistique entièrement tournée vers l’importation de matériel militaire de pointe dans la région.
Bien-sûr on ne parlait pas de blindés ou d’avions de combat. Il s’agissait de toute façon de mener une guerre d’attrition coûteuse pour la Clovanie. Selon les stratèges et experts insurrectionnels kah-tanais, faute d’effectifs suffisants pour mener une guerre frontale, il fallait étendre un réseau d’influence tenace mais discret. Port-au-truite ne pourrait être occupée militairement, par exemple. Il fallait donc laisser la ville, mais s’assurer de la coopération de ses instances. De même, on ne pouvait pas venir à bout des bases militaires clovaniennes sans risquer une riposte brutale. Donc il fallait temporiser. Miner le terrain, attaquer des convois exposés, assassiner les officiers ou les patrouilles, trouver des points sensibles, des maillons faibles que l’on pourrait exploiter pour espionner les étrangers.
Dans le même ordre d’idée, la stratégie concernant les autres mouvements révolutionnaires devait évoluer. Notamment concernant le MIPL et le MLL. Ces mouvements existaient en opposition à d’anciennes pratiques gouvernementales, génocidaires et centralisatrices, inadaptées à l’existence d’un état pluriethnique moderne. Si pour le moment l’Armée Démocratique pouvait difficilement prétendre au leadership d’un quelconque mouvement insurrectionnel fédéré – un tel mouvement restait de toute façon à construire – il était sans doute possible d’obtenir le soutien de plusieurs des chefs de ces mouvements, et d’une part importante de leurs hommes en pratiquant une diplomatie efficace et intelligente et en jouant sur leurs revendications. De toute façon personne n’avait le choix : c’était le seul moyen d’obtenir assez d’hommes pour lutter – sinon à armes égales, au moins de façon redoutable – contre la Clovanie.
Ainsi donc les quelques clandestins passèrent la frontière. Puis leurs armes. Leurs munitions. Leur matériel d’entretien. Ce n’était pas vingt mille hommes, ce n’était pas une grande armée étatique.
C’était simplement quelques rêveurs et les moyens de leurs ambitions.
Posté le : 11 jui. 2023 à 00:08:56
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– Les clovaniens sont bien loin de chez-eux, commença tranquillement Marc Moke, avant de poser une main sur le pupitre où était projetée la grande carte du Gondo. Il y eut quelques acquiescements goguenards.
Marc était l’un de ceux que l’on surnommait les "caporaux". Un de ces chefs qui avait émergé au sein des mouvements volontaires lorsqu’il avait été question de les organiser. Originaire d’Afarée, il s’était révélé populaire pour son charisme certain et, plus importante, sa bonne capacité organisationnelle, qui s’était révélée très utile lorsqu’il avait été question d’organiser l’arrivée des troupes et de leur matériel. Depuis, on attendait encore de voir ce qu’il valait en situation opérationnelle. De toute façon, d’autres des caporaux avaient une expérience de combat avérée, et il n’y avait aucun doute que le fonctionnement collégial de leur petite armée leur permettrait de rattraper les éventuels manquements de celui qui, pour le moment, semblait s’ériger progressivement en grand stratège de la guérilla.
En tout cas si cette réunion servait un but politique, c’était sans doute celui-là : confirmer le pouvoir acquis par Moke, et établir les bases d’un plan d’attaque contre un adversaire qui s’avérait totalement inaccessible pour le moment.
– Leur nombre ne fait pas tout. Parce qu’ils restent des étrangers, et contrairement à nous, des étrangers qui ne comprennent pas et ne veulent pas comprendre ce pays. Ce sont des oppresseurs comme la junte avant eux, et les colonisateurs encore avant. Maintenant c’est vrai, au jeu du cœur la Clovanie peut s’en tirer gagnante ; Elle a des fonds, elle peut investir dans le pays. Construire toutes ces choses qui ne servent qu’à peine les populations locales mais servent l’exploitation économique du coin. Les fameuses routes, écoles, hôpitaux. On ne crée pas un pays, on ne crée par la stabilité, on ne crée par une démocratie avec des infrastructures seules. Mais ça sera leur problème dans quelques années, s’ils gagnent. Ce qui, je le rappelle, n’arrivera pas. Oui ?
De nouveaux acquiescements, quelques oui fusèrent ça-et-là. Le caporal semblait satisfait. Il regarda sa carte un instant avant de sourire.
– Mais bon. Les clovaniens ne sont pas le vrai ennemi. Et ça nous le savons bien. Ils défendent un régime, et c’est lui qu’on fait tomber. Après tout dépendra de leur réaction. S’ils décident de plier bagages c’est une victoire. S’ils restent, le conflit prendra une autre tournure. On avisera à ce moment. Pour le moment voilà la stratégie que j’aimerai que l’on souffle à nos partenaires de l’Armée Démocratique. Avec les armes que nous lui amenons, nos amis pourraient techniquement écraser l’armée nationale du Gondo. Et c’est exactement ce que nous allons faire. Nous allons liquider les troupes fidèles au président, et faire en sorte qu’il ne puisse plus que s’appuyer sur les forces étrangères. En termes d’image, c’est un truc dont il ne se relèvera pas. Reste la question de la Clovanie mais ne vous en faites pas pour ça, on a un plan. C’est bien simple : on va rendre ça totalement insupportable pour eux.
Il fit un signe à la jeune femme qui se tenait à côté du projecteur. Elle acquiesça et actionna un bouton. Le panier de la machine s’activa dans un claquement métallique, et une nouvelle diapositive remplaça la précédente. Désormais c’était une carte qui se concentrait sur le sud-ouest du pays, où se dessinait un important réseau de routes. Marc attrapa une baguette de bois et pointa la base indiquée au niveau de Sainte-Loublance.
– Les Clovaniens peuvent prendre le territoire, mais peuvent-ils le tenir ? Plus ils avancent, plus leurs forces sont divisées et vulnérables. Pour pleinement exploiter cet avantage il faudrait que les têtes dures des mouvements indépendantistes acceptent de se coordonner avec nous. Pour le moment on va considérer que ça n’arrivera pas. La question est donc : si nous avançons, les hommes du président ne vont pas pouvoir rester sans rien faire. Donc ils vont sans doute se déployer et venir essayer de nous empêcher de mener nos opérations comme on l’entend.
Et donc que pouvons-nous faire ?
Eh bien nous pouvons miner les principales voies d’accès au territoire que nous occupons, ou aux territoires que nous comptons attaquer. Le but n’est pas de tenir tête à la Clovanie et nous allons devoir éviter toute confrontation frontale avant un bon, long moment ; Mais ça ne signifie pas que nous ne pouvons pas leur faire essuyer des pertes. La quantité de matériel vraiment à la disposition du corps expéditionnaire ennemi reste à déterminer, mais je pense que si leur logistique et leurs blindés sautent sur des mines à chaque fois qu’ils essaient d’intervenir, ça va les calmer. Et pas qu’un peu.
Il claqua le bout de la baguette au sol.
– Faut les faire hésiter à se déployer. Pour le moment ils se sentent chez eux. Si à chaque fois qu’ils se déploient pour défendre une zone ils subissent des pertes avant-même d’avoir quitté la route, ils vont peut-être revoir leur façon de faire et nous laisser plus de liberté d’action si on ne s’en prend pas à des cibles trop sensibles. Et s’ils essaient de répartir leurs forces partout sur le territoire pour neutraliser notre stratégie, alors il y aura forcément de zones plus exposées, que l’on pourra attaquer de façon à réduire leur capacité opérationnelle totale.
Le caporal grogna. La situation était encore très difficile et l’avantage évident des étrangers leur permettait de presser le pas, privant les mouvements insurrectionnels de la seule stratégie vraiment viable à leur disposition : jouer la montre. Cependant il ne considérait pas la situation inextricable. Si ce premier plan pour interrompre l’avancée clovanienne ne fonctionnait pas, il faudrait sans doute assumer les méthodes de guérilla. Les sabotages, les assassinats, les escarmouches éclaires. De toute façon les communistes étaient peut nombreux et peu équipés. S’ils souhaitaient gagner, il faudrait passer par des moyens détournés. Sinon…
Il secoua la tête.
– À terme, qu’on arrive ou non à s’entendre avec les indépendantistes, il faudra prendre Port-en-truite. Sinon officiellement, au moins en se mettant les forces de police, les garnisons locales et les politiciens du coin dans la poche. Je veux qu’on ait un port digne de ce nom pour importer les quelques canons que les réseaux internationaux pourraient tenter de nous envoyer. C’est notre principal objectif pour le moment.
Il n’ajouta rien pour le moment, mais savait déjà ce que pourrait provoquer la chute de la grande ville du nord. Il y avait des moyens de gagner ce conflit, pas tous propres ou honorables. Et les volontaires rouges les utiliseraient tous si nécessaire.
Posté le : 11 jui. 2023 à 07:52:05
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C’est bien simple, depuis son indépendance, la région n’a connu que la guerre. Sous divers formes et à différents niveaux d’intensité, les dictatures et juntes successives ont toujours été soumises à des pressions intérieures rendant l’organisation d’une politique intérieure digne de ce nom plus ou moins inconcevable. Ce qui existe présentement au Gondo, culturellement et économiquement, existe malgré la situation intérieure et en aucun cas grâce à elle.
Pour des acteurs étrangers pas particulièrement au fait du découpage ethnique de la région, la situation peut sembler opaque voir totalement indéchiffrable : la multiplication des mouvements indépendantistes peut être vaguement comprise, mais pas dans les détails d’une politique encore tribale par de nombreux aspects. De même, la survivance de mouvements armés se disant héritiers de tel ou tel régime précédent, soit héritiers d’années de lutte armées et de quelques années, souvent désastreuses, de gestion de l’État, peut être difficile à comprendre sous un prisme proprement politique. En bref toute la situation de la république peut être résumée, d’un premier coup d’œil, à une lutte de pouvoir entre différents seigneur de guerre dont les objectifs affichés sont pour beaucoup des prétextes justifiant l’accaparation du pouvoir. La question même des ethnies peut sembler proprement apolitique tant il peut sembler difficile de déterminer en quoi le démantèlement du Gondo ou le remplacement au pouvoir d’un groupe ethnique (et donc clanique) par un autre permettrait ou non de répondre aux problématiques réelles du territoire.
Cette situation particulièrement compliquée et cette difficulté à voir ce qui permettrait concrètement la victoire d’un mouvement ou d’un autre est intensifiée par la relative stabilité d’une quatrième république dont la jeunesse ne retire rien aux relatifs accomplissements : s’il est difficile de déterminer s’il s’agit de conséquences directes d’une politique menée par le gouvernement ou d’une simple accumulation de circonstances favorables mais indépendantes les unes des autres, la paix très relative qu’a connue la région au cours des onze dernières années peut donner l’illusion que le Gondo se dirigeait en fait vers une normalisation de sa situation intérieure, sapant par la même, au moins sur un plan général, les revendications des mouvements armés insurrectionnels. La population même peut avoir du mal à comprendre les revendications concrètes de ces mouvements et, dans un pays qui peut encore sembler irrémédiablement excentré du monde moderne économique et politique, ces conflits risquent de passer pour de bon pour la pure émanation de luttes d’influente entre seigneur de guerre.
Pour un mouvement comme l’armée démocratique, c’est un risque contre lequel il convient de lutter activement. La dépolitisation symbolique de la guerre civile et la dépolitisation de la population sapent la légitimité des revendications communalistes et empêchent l’évolution du conflit larvé vers une forme insurrectionnelle pourtant souhaitable. Du reste, le soutien même des mouvements socialistes internationaux reposé autant sur la capacité de l’Armée Démocratique à gagner ce conflit que sur sa capacité à représenter une alternative politique et systématique viable à la quatrième république aux yeux des populations locales. Pour le moment le constat semble être que l’on est très loin d’un tel cas de figure.
La principale difficulté est évidemment l’héritage lointain de la République Socialiste du Gondo, qui au-delà de son nom et de ses revendications officielles peine à passer pour un exemple rutilant de socialisme afaréen. Cette république, comme la plupart des régimes lui ayant précédé, était en somme un état pompier : dont la principale activité fut de lutter contre les foyers d’incendies à travers son territoire. Faute de politique sociale ou économique, la République Socialiste du Gondo ne se différencie par des juntes et républiques lui ayant succédé et n’a pas laissée un impact culture fort sur la région, qui aurait permis de jouer sur la fibre nostalgique d’une part de la population pour obtenir son soutien. Pire encore, le régime a pris part (ou organisé, la question reste ouverte) des plusieurs massacres que certains veulent maintenant faire reconnaître comme des génocides. Son héritage pour le Gondo est un héritage repoussoir, au même titre que les autres régimes ayant dirigé la région, et il convient donc d’assumer une séparation nette entre la république socialiste et l’Armée Démocratique. Le principal avantage de l’Armée Démocratique dans ce but reste encore le fossé historique qui la sépare de la république, un fossé d’environs cinquante ans, rendant toute comparaison moins évidente et éliminant progressivement les quelques vieillards associant encore socialisme et dictature sur la base de leurs expériences. Leurs héritiers n’ayant pas vécu sous la domination de la république, il est possible de les convaincre ou de négocier avec eux.
L’Armée Démocratique, donc, doit construire sa légitimité sur une base nouvelle et adaptée à l’époque. Son adoption des doctrines anarchisantes du communalisme va dans ce sens en la dotant d’un corpus idéologique et opérationnel cohérent et flexible, pouvant très facilement s’adapter au contexte très particulier de cette région éternellement post-coloniale. Du reste, l’absence de politique économique ou sociale signifie que tout reste encore à faire pour les gondolais : la justification d’une révolution socialisante est plus simple à justifier dans une région aux pratiques archaïques et au capitalisme sauvage que dans une démocratie libérale bien organisée et moderne, plus capable, par essence, d’absorber les revendications de la gauche politique.
La priorité est donc de présenter l’Armée Démocratique comme un pourvoyeur de politiques utiles. En termes politiques, dans la terminologie kah-tanaise, on parle alors de "créer une légende". Ce qui signifie en fait, doter le mouvement d’une personnalité propre utile à la conception d’un ensemble de propagande permettant de le rendre reconnaissable par une population vouée à se l’approprier. Cette légende, strictement théorique et esthétique, devra aussi s’accompagner de politiques concrètes dans les zones contrôlées par le mouvement, servant à démontrer à une gauche internationale bien souvent méfiante des mouvements politiques armés pouvant apparaître dans les pays émergeant les plus défavorisés, que les revendications socialistes de l’Armée Démocratique n’est pas qu’une justification. Selon les volontaires kah-tanais déployés dans la région, l’organisation rapide de politiques sociales permettrait à la fois de donner une légitimité forte au mouvement sur le plan international, permettant dès-lors à la sphère libertaire d’agir en sa faveur sans craindre d’alimenter un quelconque seigneur de guerre utilisant le socialisme en camouflage, et de doter le mouvement d’une légitimité plus importante auprès de populations pour laquelle il n’est encore qu’une armée à la rhétorique vaguement utopistes.
Plusieurs méthodes ont été envisagées pour permettre l’édification d’une telle légitimité. Les politiques concrètes citées plus haut ne peuvent pas s’appliquer par automatisme, sans une étude de terrain complète permettant de mettre à jour la situation réelle du Gondo en termes de division répartition économique et politique.
Si son nom d’Armée Démocratique et ses revendications de démocratie totale pourrait laisser penser que la priorité immédiate du mouvement devrait être l’organisation d’un système plus démocratique, il est compliqué de le faire auprès d’une population habituée à la corruption d’une oligarchie en constante guerre civile. Les pratiques démocratiques, si elles peuvent s’apprendre et se diffuser, s’opposeront à ce qu’une part importante de la population gondolais à l’habitude de trouver normale concernant la chose politique. De même, de nombreux acteurs locaux conservent un pouvoir ancestral fort qu’il est difficile de démanteler rapidement. Anciens, groupements ethniques, clans, etc. Si les exemples kah-tanais et shuharis démontrent qu’il est possible de concilier démocratie réelle et traditionalisme, ils démontrent aussi que toute réforme politique d’ampleur ne peut préfacer l’obtention d’une légitimité plus importante pour un mouvement politique. Ce serait très concrètement mettre la charrue avant les bœufs. Les réformes politiques concrètes devront attendre la consolidation du mouvement, qui passera comme dit par une consolidation de son image et de sa réputation.
Pour autant, des efforts peuvent déjà être organisés dans ce sens en ça qu’ils permettraient l’organisation d’une évangélisation politique sur le modèle appliqué au Mokhai ou en Mährenie, deux autres territoires, l’un post-colonial et l’autre sortant d’une longue période de soumission à un ordre religieux archaïque, où le Grand Kah et ses volontaires ont pu expérimenter sur leurs méthodes d’action politiques et révolutionnaires.
Les volontaires viendront donc en compagnie de véritables petits prêtes rouges, qui auront pour mission principale de faire le tour des villes et villages pour entendre les réclamations de la population et apprendre à connaître tant leur culture que leurs besoins. Ces hommes devront dispenser, sur un modèle humanitaire, soins, éducation et formation à la population et leur glisser des préceptes communalistes, soit en pointant du doigt les exemples concrets de nations tiers-mondistes s’étant développés par ce biais, soit en indiquant la nature systémique des problèmes encombrant la vie de ces hommes et femmes. De même, l’Armée Démocratique pourra commencer à éduquer ses hommes via un système de formation interne, commencer à implanter des éléments communalistes à son fonctionnement ou dans les zones qu’elle contrôle : rendre habituel l’organisation d’assemblées générales dans les villages et quartiers pour échanger des problématiques, mettre en place des banques communes tenues par la communauté permettant un partage des ressources envers les familles défavorisées – avec la guerre elles ne manquent pas – organiser en somme des embryons de socialisme économique et de démocratie réelle qui, s’ils seront encore sous la tutelle concrète d’une avant-garde armée et équipée idéologiquement, préparera en douceur la transition politique de la région tout en rendant les revendications de l’Armée Démocratique tangibles pour les populations habitant sur les territoires qu’elle occupe.
Ces assemblées générales et ces systèmes de partage devraient permettre de donner le change à la population en démontrant que l’Armée Démocratique a des visées politiques réelles. Cela participera aussi à la différencier de la République Socialiste. Le but à terme est que tout recul de l’Armée Démocratique se fasse de telle façon que les populations ainsi « libérées » par le gouvernement central n’abandonnent pas leurs pratiques socialisantes voir rejettent le chaos et l’anomie propre à ce que propose la quatrième république. Il faut développer un fort esprit communautaire (pouvant à terme muter vers une forme d’esprit de classe) au sein de la population de telle façon qu’une éventuelle défaite militaire du mouvement ne signifie pas pour autant la fin des revendications ou des pratiques socialisantes. En d’autres termes, la relative stagnation d’une armée démocratique retranchée dans le nord du pays doit devenir une opportunité pour elle de se renforcer. Dans le cas improbable où elle arriverait à se désenclaver, elle profiterait d’une légitimité populaire et internationale solide, et d’un appui sérieux au sein d’une population qui deviendrait alors le meilleur avocat du mouvement. Ou en d’autres termes, l’armée démocratique doit devenir le vecteur de repolitisation de la société, sous un format où tout serait politique. Il faut que le socialisme ne devienne non-plus un mot creux, mais un set d’actions concrètes – de praxis – pouvant être appropriée par la population avec ou sans l’action d’une milice armée, et pouvant se diffuser avec ou sans l’action armée de celle-là. Il faut, à terme, que l’image de l’Armée Démocratique soit telle qu’elle puisse prendre des villages et des petites villes sans que cela ne s’oppose à la volonté des populations locales.
Au-delà des praxis politiques citées plus haut, deux autres grandes missions peuvent participer à ce but.
La première est la lutte contre la corruption. L’assainissement d’un mouvement armé est toujours compliqué, et l’assainissement d’une administration régionale habituée à plus d’un siècle de mauvaises pratique représente un défi massif que l’instauration des assemblées générales cité plus haut facilitera largement. Le mot clef est en bref celui de transparence. Transparence et justice. Pas au sens d’une justice complexe et savante, difficile à organiser dans les circonstances actuelles, mais au sens plus populaire des cours où l’on rassemblait des jurés pour établir ensemble des meilleures solutions pour un problème donné. Le but n’est pas évidemment d’organiser des pogroms et autres massacres populaires, aussi l’organisation de la justice sur un modèle social et participatif ne saurait se faire sans une formation express des appelés et la création de codes de conduite poussant la population vers des objectifs plus réhabilitatifs en ce qui concerne les délits. Concernant les crimes il faudra faire en sorte que la population acquière le réflexe voulut que la justice ne soit pas la vengeance sur le prévenu, mais la réparation pour les victimes. Cette réorganisation de la justice et sa prise en charge par le mouvement de l’Armée Démocratique doit participer à la transformation de cette dernière en gouvernement de facto. La lutte contre la corruption sera elle aussi organisée de manière plus centralisée, premièrement en imposant des pratiques de transparence pouvant être vérifiées par des inspecteurs ou des commissaires dédiés à la question – le principal objectif sera d’assurer que les aides humanitaires provenant de la gauche internationale participent comme prévu à organiser la construction d’une base arrière solide pour l’Armée Démocratique et la modernisation des régions qu’elle occupe – ensuite en créant un réseau de renseignement interne pouvant seconder la police voir la remplacer sur un modèle de protection civile milicien tel qu’expérimenté au Grand Kah ou plus récemment au Mokhaï.
En bref il faut que l’Armée Démocratique assume pleinement ses objectifs politiques, et que le territoire qu’elle occupe subisse une mutation. Ce territoire doit se découpler pour de bon de la quatrième république. Ses habitudes systémiques et son fonctionnement institutionnel devront être démantelés point par point et remplacés par des bases plus saines et pleinement démocratiques qui, si elles seront encore sous la tutelle de l’armée, seront en mesure de prendre leur indépendance au moment opportun. Encore que l’objectif réel d’une telle démarche est autrement plus simple, et autrement plus cynique. En effet, le but réel est de transformer la région, montagneuse et isolée, qu’occupe l’Armée du Nord en immense affiche de propagande. Il existe une forte migration en direction de la frontière du Fortuna. Cette migration pourrait s’arrêter dans les villages modèles, représentatifs du nouvel idéal communiste, et goûter à l’avenir que promet le mouvement démocratique. Cette nouvelle république dans la république, avec ses institutions propres et son collectivisme pacifié, pourrait ainsi s’ériger en exemple brillant de ce que pourrait devenir le Gondo, et ainsi s’attirer la bienveillance d’une part importante de la population.
Cela étant dit, une telle transformation ne saurait être complète sans un pendant économique complet. Le Gondo est, dans l’ensemble, un pays plutôt pauvre. La guerre civile et la corruption ont jusque-là empêché la pleine exploitation de ses richesses naturelles et géographiques, et le capitalisme de connivence caractérisant son fonctionnement économique n’a profité qu’à une part réduite de la population. Il existe, dans ce pays post-colonial, une véritable question de classe ne demandant qu’à être saisi au vol.
Il existe, dans la doxa socialiste, une idée selon laquelle les organisations d’aide humanitaire en Afarée et au Nazum ne sont jamais que la soupape d’un capitalisme qui, pour éviter de devenir trop intolérable pour les populations les plus exposées à ses caprices, finance une forme extrêmement réduite et arbitraire de redistribution. En d’autres termes, la construction d’une école dans un village permettra la formation de futurs techniciens utiles au capital, et la création de réserves d’eau ou de nourriture aidera évidemment les populations à moins subir la famine ou la sécheresse. Maintenant est-ce que moins souffrir d’un problème est satisfaisant ? Rappelons que le socialisme est à la base un modèle de pensé théorique organisé autour de l’observation du réel. La critique du capitalisme à l’origine du communisme était une critique scientifique, formulée d’après l’observation empirique des systèmes d’oppression économique et politique, puis enrichies par des années de pratiques, d’expériences, et la création de meilleurs outils théoriques et concrets pour comprendre l’économie. En d’autres termes, le socialisme a un idéal, mais n’est pas idéaliste. Quant il s’agit d’économie, la doctrine communiste, appliquée avec sérieux, ne se perd pas en rêverie ou en utopiste déplacé, mais observe les problèmes, et cherche à y répondre.
Le Gondo a des richesses, c’est indéniable. Le Gondo a une base économique générant environs trente milliards de dollars chaque année. Ce qui est peu et conséquent à la fois. Le Gondo, surtout, souffre de problèmes de classe, et tout le projet socialiste est un projet de démocratisation totale de la société. En d’autres termes, il faut, pour permettre la victoire de l’Armée Démocratique, qu’elle se penche très sérieusement sur la question de l’économie.
Il existe parmi les nombreuses familles de socialisme, celle des socialismes agraires, réfutant la théorie faisant de l’industrialisation le présupposé de toute révolution, et pointant du doigt les mécanismes faisant du monde rural un milieu particulièrement oppressé et apte à se révolter.
Dans le cas du Gondo, et plus précisément de la région tenue par les socialistes, l’adoption d’une doctrine socialiste rurale semble tout à fait adapter. La région est dotée de quelques poches d’artisanat et manufacturières, mais pas d’un tissu industriel important. Dans l’ensemble, l’économie est rurale. Petits agriculteurs et bergers cohabitent avec quelques grands propriétaires et autres figures profitant généralement d’exploitation saisies et redistribuées aux proches du pouvoir dans l’immédiate décolonisation. Ces exploitations calquées sur les découpages coloniaux sont un classique dans ces régions longtemps soumises à une domination étrangère, et représentent une aubaine pour quiconque souhaite appliquer concrètement et rapidement une politique socialiste au service de la population.
Il convient donc d’organiser une réforme agraire digne de ce nom. Le modèle centralisateur eurycommunsite est à proscrire au profit d’un modèle de propriété d’usage communaliste. En d’autres termes, plutôt que d’organiser la mise en commun totale des terres, il convient d’organiser le partage de celles-là auprès de la population. Les fonds des mouvements internationaux permettront d’éviter les démarches sanguinaires de saisie de force, au profit d’une « communalisation » revenant à dédommager les grands propriétaires dont la terre aura été saisie. Du reste, la véritable mise en commun se fera au niveau des outils de production. Si la terre appartient à ceux qui la cultivent – ce qui signifie en termes clairs qu’il n’y aura plus des petits producteurs et une poignée de grands producteurs, mais une région entière de producteurs intermédiaires – les outils de production, limités dans un pays aussi pauvre, seront partagés. Les ingénieurs agraires et les vétérinaires deviendront autant de fonctionnaires au service de la communauté. Les tracteurs, machines-outils, camions de transport etc seront répartis dans les villages et petites villes, sous une administration gérée par les assemblées générales précédemment organisée. La production des agriculteurs ne sera pas saisie par l’Armée Démocratique mais vendue sur un marché régulé assurant que la nourriture soit répartie à travers le territoire occupé. Une part de ces transactions seront taxées, à la hauteur demande par les assemblées générales, en vue de financer la modernisation progressive des champs via l’obtention de nouveaux outils, de nouvelles semences, etc.
Un tel plan agraire constitue en fait un régime de transition : il ne s’agit pas de priver les agriculteurs de leur liberté, ce serait contraire aux objectifs réels du communisme. Il faut que ceux-là possèdent encore leur terre, et soient capables d’obtenir un bénéfice sur sa production. Cependant cette notion de bénéfice pourra être progressivement effacée, d’une régulation à l’autre, à mesure que l’économie sera capable de transiter vers un modèle du tout partage et de la toute communalisation. En attendant, ce régime de démocratie sur le lieu de travail, démocratie dans la gestion financière, de proto-planification économique et de proto-communalisation de la vie publique permettra l’émergence d’une conscience de classe et de région et – c’est le sujet principal – la construction d’une identité socialiste réelle basée sur l’augmentation du niveau de vie des populations. On espère ainsi éliminer la famine et la malnutrition et permettre en enrichissement de la région basé sur la répartition et le réinvestissement des richesses jusque-là accaparées par la corruption et l’oligarchie.
Cette transformation progressive de la société permettra de rendre perceptibles les objectifs de l’Armée Démocratique et d’ainsi lui attirer les faveurs de populations traditionnellement délaissées par les gouvernements successifs de la région. Le modèle participatif de cette réorganisation communaliste de la société permettra la repolitisation de la société civile selon un modèle socialiste pouvant à terme faire des émules dans d’autres régions et préparer ou le renforcement du mouvement révolutionnaire socialiste dans le pays, ou sa réémergence sous d’autres formes en cas de défaite militaire.
Comment créer un idéal socialiste et comment le défendre.
Les pays post-coloniaux tendent à ne pas fonctionner de cette façon. La transition post-coloniale étant ce qu’elle est, soit généralement un abandon de territoire jusque-là entièrement tourné vers l’exploitation brutale de ses actifs économiques par une métropole au demeurant très soucieuse d’éliminer la contestation locale par tous les moyens policiers et armés à sa disposition, ces régions tendent à ne pas réellement disposer de principes politiques et de société civiles idéologisées tel qu’on les comprend habituellement. De manière plus générale la politique publique dans les républiques post-coloniales tend à prendre la forme d’une grande opération de clientélisme, au mieux, ou d’affrontement entre figures de l’oligarchie, au pire.
Naturellement un communaliste expliquerait que dans l’ensemble, les systèmes de dictatures représentatives que les pays du nord appellent démocraties sont, in fine, eux aussi représentatifs de guerre d’influence entre oligarques issus d’une même classe, mais ceux-là se parent tout de même d’un revêtement idéologique visant à s’adresser au plus grand nombre possible. Ce n’est, traditionnellement, pas la façon de faire des républiques post-coloniales. Là-bas, quand on parle de guerres d’oligarques pour le pouvoir, il faut comprendre ça non-pas comme une comparaison, mais comme un fait établit : il n’est généralement pas question d’être le représentant d’un parti-idée, portant des valeurs, mais d’être le représentant d’une somme de clients acceptant de donner le pouvoir à telle ou telle figure en échange d’avantages en nature. Loin du pragmatisme rêvé par certains libéraux modernes, cette absence d’idéologie signifie en général une absence de vision politique au-delà de la stabilité permettant à l’oligarque au pouvoir de maintenir sa position et l’enrichissement de son clan.
De fait, dans les régions post-coloniales, la politique est suspecte. Et si des foules peuvent se déplacer pour voter pour tel ou tel figure, celles-là vont coaliser autour non-pas de projets, mais de leur personnalité propre. Il s’agit d’une logique, une fois encore, proprement tribal. Dans ces conditions, la repolitisation de la population offre en fait une opportunité d’action proprement immense, car un citoyen politisé, conscient de ses intérêts, est un citoyen tendant à devenir exigent. Exigence pouvant à terme le pousser à se ranger du côté du mouvement répondant le mieux à ses besoins et envie, ce qui tend à exclure les oligarques sans projets et à favoriser les mouvements existant mais minoritaires visant à promouvoir une vraie vision politique.
En Afarée au même titre qu’ailleurs, il n’y a pas de fatalité. Et si certains au nord aimeraient croire qu’il y a dans la situation délétère que les colons ont laissée dans leurs anciennes colonies, quelque-chose de proprement culture, ou en d’autres termes, si ceux-là aimeraient croire que l’Afarée souffre de ses propres manquement et pas du résultat de siècles de pillage et de destruction, il convient de rappeler que la situation des régions post-coloniale ressemble beaucoup à celle des régimes coloniaux paltoterran et féodaux eurysien qu’ont renversée tant de révolutions populaires. Pour citer Tabata Jun, responsable de l’édupop dans la cellule des volontaires kah-tanais, « les paysans paltoterrans qui ont fait le Grand Kah n’étaient pas plus politisés que le gondolais moyen ». On pourrait aussi ajouter que le paysan kah-tanais de l’époque ne savait même pas ce qu’était le communalisme, ni si ses rêves d’égalité pouvait aboutir, là où le gondolais a au moins plusieurs exemples historiques sur lesquels se baser. Un atout essentiel pour quiconque espère pouvoir former la population du pays à la révolution.
L’entreprise de politisation de la société est, de toute façon, une entreprise plus simple qu’on ne pourrait le croire au premier abord. Il est simple d’amasser les mécontentements. Et le populisme a bien montré qu’une foule pouvait rapidement devenir un parti, à condition qu’on arrive à orienter son mécontentement. Ce n’est pas le mécontentement qui manque au Gondo, et chaque difficulté à laquelle est confrontée le pays représente une opportunité essentielle pour les forces du socialisme international.
Le principal aspect de cette campagne de politisation est, en fait, une campagne d’information. Certains parleraient plutôt de réinformation, mais le terme n’est pas à sa place dans un pays qui manque globalement de structures culturelles et journalistiques globales dignes de ce nom. Il ne s’agit pas de désapprendre les conceptions libérales au profit de conceptions socialisantes, mais bien d’apprendre, tout court, la nature mécanique profonde du système d’oligarchie en place.
Pour se faire les volontaires internationaux jouissent d’une arme rare est utile : des fonds extrêmement importants. S’il est totalement impensable pour le Grand Kah et consort de financer une guerre civile et de s’engager activement dans un conflit pouvant ternir son image ou l’associer à des mouvements révolutionnaires desquels on ne sait pas encore s’ils sont seulement fiables et dignes de porter le drapeau rouge du socialisme, rien n’interdit aux communes de participer à l’édification de structures journalistiques populaires dans une région qui en a grand besoin. Une telle démarche est de toute façon moins gourmande en fond que le puits sans fond que représente la modernisation d’une armée et la dotation de celle-là en équipements.
Concernant l’organisation de cette initiative au sein même du gondo, tout sera géré comme à l’accoutumée par une organisation propre à l’Armée Démocratique, mais intégrant des aides et experts issus des volontaires internationaux. L’argent aidant, le mouvement pourra se fournir le meilleur personnel journalistique gondolais que l’argent peut acheter, ou former quelques personnalités locales aux nombreux rôles nécessaires à l’organisation d’une bonne campagne de communication. Pour le reste, l’initiative sera divisée en plusieurs sections travaillant parallèlement à divers objectifs servant tous le même dessein : générer une conscience sociale et révolutionnaire théorique.
La première section aura sans doute la tâche la plus aisée : entièrement tournée vers l’intérieur, à comprendre les régions contrôlées par l’Armée Démocratique et destinée à une mutation selon les principes communalistes évoqués précédemment, cette section aura la charge d’organiser un maillage médiatique permettant d’informer les habitants de la région dans un esprit communaliste. S’il n’y aura pas de monopole de l’information par l’Armée Démocratique, cela serait contraire à ses objectifs assumés et il faut au contraire pousser chaque assemblée générale à se munir de ses propres journaux officiels, il est important de communiquer sur l’action de l’armée démocratique en vue de mettre en valeur sa mission et ses réalisations. Un journal officiel, une radio, une chaîne de télévision, des affiches. Ces outils permettront de tenir la population informée des décisions politiques les concernant, de la mise en place de la communalisation de l’économie, de les informer, aussi, de l’état du front et, dans une optique contestataire, des décisions du gouvernement de la quatrième république et des derniers scandales de son régime corrompu. Cette propagande, dite blanche, assumera pleinement sa nature d’organe de communication officiel et visera avant tout à informer la population et à rendre une position de canal d’information viable et fiable. Elle pourra s’accompagner d’émissions de divertissement et culturelles visant toujours des objectifs d’éducation populaire, mais aussi à rendre ces canaux d’information attractifs.
Dans un tout autre ordre d’idée, la construction de la politisation de la société signifie aussi la création d’une personnalité propre au mouvement politique communaliste. Pour ce faire il convient de créer une esthétique du communalisme et de la diffuser auprès de la population pour la rendre facilement reconnaissable et en faire un objet culturel pouvant être approprié par la population. Les radios pourront ainsi diffuser des morceaux de musique de nature révolutionnaire ou prolétarienne, les chaînes de télévision des films de propagande ou des documentaires, les affiches, elles, devront être dotés d’une cohérence d’ensemble permettant d’introduire un certain nombre de codes esthétiques visant à créer le langage pictural de la révolution.
La seconde section sera destinée à l’extérieur. Plutôt qualifiée de propagande grise elle n’assumera pas sa nature socialisante et prendra plutôt la forme de médias indépendants et relativement neutres, tel que des chaînes d’informations, des journaux indépendants, etc. Celle-là devront mener un travail de politisation par la sape. Plutôt que de porter en avant les accomplissements de la région communalisée, ces médias à l’intention des citoyens des zones encore occupées par la quatrième république viseront plutôt à les politiser en pointant du doigt les très nombreux dysfonctionnements du Gondo. Il s’agira de systématiquement s’intéresser aux faits divers de corruption, de violence policière et militaire. De mettre en avant un narratif décolonial ulcéré par l’intervention de la Clovanie. De diffuser des médias et des informations propres à transformer le gouvernement, son administration et ses alliés en repoussoir. Là encore, chaînes d’information, télévisées et journaux devront mélanger variété et émissions d’information, et créer un climat politique de tension et de polémique propre à pousser la population vers un mécontentement politisé. À terme, les propagandistes des chaînes de cette seconde section devront être de ces figures centrales à la vie publique du Gondo, faisant et défaisant des idées et des demandes et devant à terme obtenir la légitimité nécessaire pour aller continuer leur travail de sape sur d’autres plateaux, dans d’autres colonnes, dans d’autres studios que ceux des médias révolutionnaire. Cette section aura sans doute le travail nécessitant le plus de finesse, devant impérativement éviter que ses différents médias ne passent pour ce qu’ils sont : des canaux de communication socialisant. Pour se faire il conviendra d’investir des médias préexistant, soit en les rachetant par des moyens détournés, soit en y intégrant assez de personnel révolutionnaire pour mettre le personnel d’origine en minorité. Dans l’ensemble, la politisation de la population via des moyens médiatiques est une méthode éprouvée, notamment par les mouvements d’extrême droite. Il fait peu de doute que la population se politisera effectivement dans une optique contestataire.
La récupération de cette contestation, maintenant, sera du domaine de la troisième section, qui emploiera plutôt des moyens ouvertement subversifs. Journaux et radios officieuses, ouvertement socialistes, syndicats et associations secrètes, agents provocateurs envoyés dans les universités et les lieux de pouvoir pour capter les mécontents et les tirer vers la pensée socialisante, cette troisième section aura pour mission la création de mouvements communalistes hors des zones contrôlées par l’Armée Démocratique. Ne visant pas nécessairement la révolution, la subversion engendrée servira plutôt à ancrer le communalisme dans le temps en lui offrant plusieurs bases arrière ainsi que plusieurs canaux de soutien populaires hors de sa zone de contrôle. A terme, l’action de l’Armée Démocratique pourrait être secondée par des mouvements civils importants faisant de la résistance passive et de l’auto-organisation un moyen comme un autre de déstabiliser la République. S’il il est évident qu’aucune grève, aucune opération de sécession citoyenne, aucun mouvement de contestation ne saurait venir à bout d’un régime si fermement militarisé, la conception progressive de cellules communalistes et d’un certain courant de sympathie jouera en la faveur de l’Armée Démocratique en lui permettant de s’étendre sans rencontrer une trop forte opposition de la population civile ou, plus précisément, de s’étendre en rencontrant des alliés et des collaborateurs où qu’elle aille.
Reste donc la question de savoir quel corpus idéologique et contestataire travailler pour permettre à la population du Gondo d’entamer cette transition de façon optimale. Une telle question ne saurait être répondue sans une étude de terrain poussée, mais un certain nombre de grands axes peuvent déjà être dessinés à la lumière de l’histoire nationale et des traumatismes à répétition que représentent les différentes guerres civiles. Naturellement jouer sur la fierté post-coloniale et la nature soumise aux caprices eurysiens du régime actuel. Réfuter les dix années de stabilité du nouveau millénaire en mettant l’accent sur les manquements – corruption, violence, etc – du régime. Jouer sur les nombreuses revendications indépendantistes en pointant du doigt la nature confédérale des mouvements démocratiques réels (dits « communalistes »). Jouer sur le pacifisme et les souffrances de populations soumises à la guerre civile. L’Armée Démocratique reste un mouvement armé, mais il est possible de le faire passer pour autre-chose. Un genre d’émanation de la société civile, une milice d’auto-défense. Y aurait-il eu des génocides si la population s’était organisée en une grande armée démocratique, pour se défendre du gouvernement central ? Jouer aussi sur la figure du président et de ses proches. En fait un épouvantail, un véritable repoussoir. Enfin jouer sur la qualité de la vie du Gondo. La faim, les maladies, la misère, la saleté. Les problèmes très concrets des habitants du Gondo, qui en poussent tant et tant à émigrer en direction de Fortuna, peuvent s’expliquer de manière simple – mais pas simpliste. Les mécanismes propres à l’organisation post-coloniale de la société sont observables et, une fois soulignés, n’échapperont plus à la population. Concentration des pouvoirs économiques au sein d’une même élite, absence d’investissement dans l’arrière-pays, vente systématique des ressources et talents du pays au continent Eurysien, etc. Il est simple de vanter les mérites du socialisme dans un pays en proie à une telle débâcle socio-économique, surtout lorsqu’on se met à parler en exemples. Ce qu’il faut au Gondo, s’est prendre son indépendance, éliminer les reliquats de sa colonisation, et lutter contre les profiteurs. Pour le reste, ce n’est qu’une question de discours, la suite viendra naturellement.
Posté le : 13 jui. 2023 à 16:02:02
1941
Problème migratoire :
Dans l'optique de garantir la sécurité de la région de Owenbo, des potes frontières plus réguliers seront établis à la frontière avec le Gondo ainsi que des centres d'accueil migratoires. Suite à l'établissement de quota d'immigration dans les régions de Owenbo et de Makola, une frontière clairement délimitée sera tracée entre le Gondo et l'Empire afin d'éviter un surplus d'immigrés. Cette frontière est longue de 230 km est sera parsemée de 260 postes frontières, afin que l'immigration massive depuis le Gondo soit contrôlée et régulée, des murs barbelés seront installés le long de la frontière pour un coût d'environ 15'000$. Le maximum de réfugiés gondolais que l'Empire peut accueillir dans de bonnes conditions est 25'000 par an, sachant que l'Empire peut accueillir 200'000 réfugiés par ans dans de bonnes conditions. Or, actuellement, plus de 38'000, soit plus de 50% que ce qui est possible. Avec cette procédure, la région de Owenbo aura moins de mal à gérer les réfugiés et ceux-ci seront presque assurer à 100% de trouver un emploi et un logement. À partir de 25'000 réfugiés, les personnes passant à la frontière devront justifier leurs venues et seront acceptées. Si celles-ci sont venues immigrer, elles seront refusées et si celles-ci arrivent à passer, la police devra les exclure du territoire. Des cas exceptionnels comme des réfugiés politiques ou autres pourrons être acceptés. Pour le moment, l'immigration trop forte dans la région amène à une augmentation du nombre de sans abris, de délits pour survivre, pas assez de logements et de d'emplois pour certaines personnes et autres phénomènes qui déstabilisent l'économie de la région. Avec cette mesure, les migrants acceptés seront assurer d'avoir un travail et un logement, ce qui fera baisser le chômage, réduira la pauvreté...
Les personnes en irrégularité migratoire seront exclues du territoire national après un avertissement et devront signaler aux autorités frontalières leurs départs.
Afin de limiter les malentendus et autres situations complexes, le gouvernement prendra contact avec le Gondo en vue d'un accord migratoire.
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