19/03/2016
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La forteresse de Sankt Josef

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Festung Hohensalzburg Salzburg

Autre-fois décrit comme le centre de la réaction Kaulthe, la forteresse de Sankt Josef est maintenant le cœur battant d'une toute autre administration. Il y grouille tout un ensemble d'enquêteurs, de juges, de fonctionnaires, étrangers comme Mähreniens. On y décide de l'avenir de deux millions d'âme, dans un empressement tout révolutionnaire.

Pas de paix sans justice.








Six de denier

Concernant la problématique économique, et les moyens d'y répondre,

Capitaine-inquisitrice.

Conformément à vos instructions, nous avons entamé une réflexion sur les conditions nécessaires à l’établissement en Mährenie d’un État de droit moderne et démocratique, dans un souci de réalisation pratique et d’action concrète rapide. Cette réflexion s’est d’abord organisée au sein du collège des Haut-Enquêteurs puis avec la cellule logistique et économique de la force militaire déployée pour sécuriser le Duché. Nous avons pour se faire pu baser notre réflexion sur les documents déjà à disposition de l’administration ducale, et sur un inventaire réalisé avec l’aide de cette dernière. En effet, en ce qui concerne notre mission la Mährenie présente autant de complications que d’éléments facilitateurs : il faut comprendre que la situation politique du duché et intrinsèquement liée sa situation économique, et que tout l’ordre social découle de ces deux aspects. L’économie fonctionnant encore selon un régime de propriété féodal au sein duquel évolue une aristocratie échappant à l’impôt et gérant de façon autonome leurs terres, il est relativement compliqué d’obtenir rapidement une liste précise des biens, richesses et outils de production présents sur le territoire. Cependant, ce régime de propriété féodal fait la part belle à ce que nous appellerons des « supers-propriétaires », parmi lesquels l’Ordre Rosique et leurs alliés. Ce qui présente un avantage évident : l’Ordre n’est plus, ses biens sont techniquement à notre disposition, et il est en fait plus facile de moderniser cette économie en nous attaquant à l’aristocratie qu’il ne l’aurait été de le faire face à un régime de propriété capitaliste incluant des intérêts étrangers et des myriades de dispositifs écrans et indirects. Nous savons qui cibler, et la déshérence provoquée par la guerre civile et l’invasion nous ouvre de nombreuses opportunités. Pour le moment, les supers-propriétaires ont peur. Certains sont sonnés par la défaite de leurs protecteurs, d’autres craignent qu’au moindre mouvement nous ne leur tombions dessus. Ils n’agiront pas dans l’immédiat, et c’est donc à nous de le faire.

J’ai personnellement ordonné que soit réalisé un Códice de bienes y propiedades. À notre grande surprise, le bas et moyen fonctionnariat s’est montré extrêmement professionnel dans la réalisation de cette tâche. Il semblerait qu’une partie importante de la population soit moins fidèle à l’idéologie réactionnaire qu’à son confort de vie immédiat, or ce dernier s’est trouvé extrêmement menacé par la situation de guerre civile, d’instabilité et, même avant ça, par la simple réalité socio-économique d’un duché aussi arriéré. Le fonctionnariat, donc, a reconnu notre droit à gouverner, ou au moins à lui donner des ordres, et s’est attelé aux tâches que nous lui avons donnés avec diligence et efficacité. Il va de soi que nous avons déjà établis des réseaux de surveillance et de mouchard pour nous assurer que cette diligence ne soit pas feinte, et que ce professionnalisme ne cache pas de l’espionnage, du sabotage ou, ce serait le pire, de la peur. Notre but, j’y reviendrai, doit être de gagner les cœurs et les esprits par des actes concrets permettant à la population de rapidement évaluer l’efficacité de nos méthodes et les gains immédiats que leur permettront nos objectifs.

Le Códice a démontré ce que nous pressentions déjà. La Mährenie est un duché sous-développé par rapport à ses perspectives économiques optimales, mais riche. Cette situation s’explique par la conjonction économique déjà exposée en amont. Le système féodal, extrêmement hiérarchisé, ne permets pas le développement d’opportunités communales et populaires, et impose l’aspiration systématique de toute richesse formée vers une consommation de luxe dont le seul rôle est un rôle social, limité par ailleurs aux aristocrates. Tout l’appareil économique de la région est soumis à leurs demandes et sert avant tout à les enrichir. Comme dans un système capitaliste terminal, la Mährenie s’en retrouve comme colonisée par son élite. Les routes et infrastructures – éducatives, sanitaires – servent principalement à assurer le bon fonctionnement de la machine économique, qui elle-même voit ses bénéfices aspirés par l’aristocratie. Les investissements dans le territoire et la population ne servent que ce but, et ne suivent pas une logique planificatrice cohérente, faute de coordination entre les familles nobles. Celles-là développent individuellement leurs outils de production en s’adaptant par nécessité aux développements de ceux de leurs voisins. Il n’y a pas réellement de communication, ce qui se traduit par un tissu économique désorganisé et instable, à l’image de celui d’un pays capitaliste standard, mais suivant un fonctionnement moins technocratique et régis par des règles plus culturelles. Avec un produit intérieur brut estimé à 41 176 470 588,24 Devlib-kah pour une population d’un peu moins de deux millions d’habitants (1 905 931 d’après les dernières estimations en date, réalisées pour le Códice), la Mährenie est un territoire riche. C’est un territoire qui, en termes de pure production économique, est en mesure de rapidement se moderniser et de rapidement répondre aux besoins de sa population. Comme dit, c’est aussi un territoire à l’économie désorganisée, et ne profitant qu’à un petit nombre. Enfin, cette situation économique déjà désavantageuse souffre du contexte régional. En effet, jusqu’à récemment l’économie de la Mährenie s’incluait dans l’ensemble Kaulthique, générant une forme artificielle de stabilité tout à fait naturelle et saine au sein d’un même pays, via l’interaction entre les acteurs économiques ducales et confédéraux. Ce lien économique a été grandement endommagé au début de la guerre civile, a empiré avec la dissolution de l’OTK et s’est pour ainsi dire proprement effondré avec l’élimination des Rosiques, qui entretenaient encore quelques liens occultes avec des acteurs confédéraux conservateurs. En d’autres termes l’économie de Mährenie est une économique dont l’excédent de production n’a pas de débouchées formelles, qui n’importe pas ou peu et dont la production locale était jusqu’à récemment grevée par une industrie militaire hypertrophiée, suivant une logique de guerre.

Dans l’état actuel des choses, nous estimons que l’inflation sera de 18 % pour la seule année 2008 – 2009. Une inflation que la population acceptait du fait de la situation de guerre, permettant de créer un narratif déresponsabilisant l’aristocratie et le gouvernement régional, mais qui a pris fin avec notre arrivée.

Notre première recommandation et de communiquer très clairement à la population civile les raisons de cette situation économique, en mettant l’accent sur la responsabilité des grands propriétaires, de leur manque de bon sens et de leur gestion hors-sol des problèmes économiques. Une campagne de communication jouant sur l’augmentation des prix des biens de première nécessité, comparés à l’opulence relative dans laquelle continuent d’exister les hyper-propriétaires serait par exemple très efficace. Dans le même temps, nous recommandons – à vrai dire j’ai déjà pris cette initiative, mais je vous soumets la demande de la maintenir – de faire surveiller l’ensemble des aristocrates et grands propriétaires, et de bloquer l’ensemble de leurs actifs, biens financiers, etc. Dans un premier temps, pour éviter la panique, il suffira de leur dire qu’ils peuvent bien entendu disposer de leurs biens et de leur argent comme ils le souhaitent, mais uniquement au sein de la Mährenie, pour participer à l’effort de restauration de l’économie. Ces mesures seraient, bien entendu, temporaires. Et puisqu’ils conserveraient leur train de vie et leurs biens, dans la limite fixée, ils ne paniqueront pas. Nous pourrons ensuite organiser la saisie en bonne et due forme de tous les moyens de production de la région, et de toutes les richesses mal-acquises. Car nous auront besoin de ces bijoux, produits de luxe, grandes maisons, œuvres d’art familiales, chevaux de race, armes anciennes. Nous aurons besoin de chaque tête de bétail, chaque manufacture de pulpe de bois, chaque scierie. Nous aurons besoin de chaque champ. Je me dois d’insister lourdement sur ce point : une rationalisation rapide de l’économie doit avoir lieu. Et le moyen le plus sûr d’y arriver est d’organiser dans les plus brefs délais des investissements massifs dans la région. Puisqu’il est hors de propos de demander de l’Aide à l’Union – nous savons que les implications politiques seraient trop élevées, quand-bien même nos camarades accepteraient de nous aider – il nous faut générer notre propre richesse dans les plus brefs délais.

Selon les estimations du groupe de réflexion, une somme de presque 32 352 941 100 Devlib-kah sera nécessaire pour achever cette réorganisation économique. Si on prend en compte l’inflation le prix réel de cet investissement devrait plutôt monter dans les 38 176 470 600 Devlib-kah.

Soit un investissement équivalent au PIB annuel du pays. Vous comprendrez donc que des mesures d’urgence soit nécessaires. Fort heureusement les premiers 4 411 764 700 Devlib-kah obtenus lors de la prise de Saint-Joseph ont permis de prendre les mesures que nous avions recommandés, dont les effets désirables sont d’ores-et-déjà à l’œuvre. Nous avons pu éviter une fuite des actifs, maintenir le salaire du personnel spécialisé, éviter une rupture d’approvisionnement dans les secteurs clefs et payer la restauration des infrastructures abîmées lors de l’opération d’inquisition, ainsi que celles sabotées par nos ennemis.

Je vous ferais bientôt parvenir la comptabilité exacte de nos besoins. Selon nos premières analyses, les opportunités économiques régionales ont déjà été globalement déblayées par les efforts désordonnés des hyper-propriétaires, ce qui signifie qu’il ne sera pas nécessaire de respécialiser l’économie, mais plutôt de la rationaliser, de l’organiser selon des principes plus fonctionnels et de modifier les circuits par lesquels les fonds transite, de façon à organiser à ce que les bénéfices profitent à la politique que nous souhaitons mettre en place. Cette politique, conformément aux buts exprimés dans la Circulaire Perpétuelle, doivent être de concevoir un système politique, économique et légal apte à accueillir la civilisation. En d’autres termes, la transition vers un système de propriété communale et d’État providence.

Les grands secteurs économiques existant au sein de la région sont :

L’agriculture, organisée autour de grandes exploitations propriétés de l’aristocratie ou de l’ancien ordre Rosique au nord de la région, répartis à part à peu près égales entre les cultures et l’élevage, une part non-négligeable de ce dernier est plutôt situé sur les collines adjacentes à la plaine du Subrödia, notamment via un important réseau de bergers. Les céréales cultivées sont presque exclusivement dédiées à la consommation du marché intérieur. Soit pour nourrir les bêtes d’élevage, soit pour nourrir la population. Il existe aussi plusieurs usines de transformation alimentaire, et une industrie du vêtement tricoté et de la chaussure profitant de la production de laine et de cuire de la région.

En termes de pistes pouvant permettre l'entrée de devises via l'exportation il faut compter, concernant le tissu économique préexistant, la production d'eau-de-vie, l'exploitation minière, le traitement du diamant, la création de machines-outils spécialisées dans les deux activités suscitées, la création de machines de forge et de pressage, la conception de moteurs électriques, l’exploitation de la soie, d'instruments, de camions, et une jeune industrie de la microélectronique et du logiciel. Il existe aussi des usines de produit chimiques, que nous recommandons de fermer. Si elle est aussi vétuste que le reste de l’industrie locale, elle représente un risque sanitaire et environnemental considérable. Les ouvriers et ingénieurs spécialisés pourraient se voir proposés des emplois plus avantageux dans l’expansion prévue. Enfin, il faut noter une industrie très vivace de la coupe de bois, avec plusieurs scieries, usines de traitement de bois (pulpe de bois, papier) et des ateliers de création de meuble. Nos analyses démontrent qu’il serait simple de rationaliser ce secteur en rassemblant l’ensemble des sites de production au sein d’une même administration gérée par les travailleurs et travaillant de concert. Nous pensons aussi souhaitable d’étendre la production de meubles, jouant par exemple sur une éventuelle image de marque via la qualité de la production locale, qui est indéniable et a des racines ancestrales.

Le tissu économique régional, comme vous l’aurez constaté, semble pouvoir fonctionner en relative autarcie : la plupart des sites de transformation de matière transforment des matières qui sont extraites ou cultivées au sein même du duché, ce qui joue à notre avantage. Certaines pièces nécessaires à la conception de camions ou de micro-électroniques sont importées, mais nous recommandons de ne pas les abandonner pour autant : d’une part il est essentiel de pouvoir maintenir par nos propres moyens la capacité de fret de la Mährenie, concernant les camions, de l’autre, concernant la micro-électronique, c’est un domaine prestigieux attirant du personnel d’un haut niveau de formation. En fait, nous avons découvert avec surprise que les écoles supérieures de Saint-Joseph formaient des ingénieurs informaticiens tout à fait capables. Nous recommandons de favoriser l’expansion de ce domaine d’activité, nous arrivons à une époque où les programmateurs seront aussi essentiels à l’économique que l’étaient les ouvriers de hier, c’est un pari sur l’avenir qui est dors-et-déjà rentable.

Concernant maintenant, nos pistes pour étendre et diversifier l’activité économique. Il ne s’agit pas de nos recommendations sur la méthode de restructuration, mais bien de pistes de réflexion pour la création de nouveaux pans de l’économie régionale. Premièrement, le tourisme. Pour le moment c’est une perspective lointaine et compliquée à organiser du fait de la situation de guerre et du malaise que génère encore notre présence, mais la Mährenie est dotée de paysages exceptionnels et de hauts sommets propices à l’installation de centres de sport d’hivers accessibles aux clients de bas, moyens et hauts revenus. Le tourisme est, comme nous le savons, un excellent moyen de faire entrer des devises étrangères sur le sol national. Second point, visant le même objectif, l’édification d’une structure financière et fiscale favorable aux entreprises étrangères. L’économie communalisée fonctionnant selon une logique quasi autarcique, il est possible de profiter du système financier international, plus précisément de jouer sur l’instabilité bien connue de l’Eurysie, en faisant de la Mährenie une zone tampon aisément accessible par avion et capable d’entretenir un puissant secret bancaire et des tarifs favorables. D’une part cela rassurera les puissances capitalistes en leur donnant la sensation que nous comptons jouer le jeu du capitalisme, de l’autre c’est un bon moyen d’obtenir des fonds sans avoir à exporter de la production. Ce service de location, en quelque sorte, est peut-être notre opportunité la plus immédiate pour obtenir rapidement les fonds nécessaires à la réorganisation économique régionale.


Documents attachés :

Analyse exacte des biens et propriétés du Duché.
Analyse protectionnelle de l’inflation selon les réformes prévues.
Proposition sur les méthodes de communalisation de l’économie.
Rapport synthétique sur l'histoire des grandes familles de la région.








6443
Rapport du 14 juin 2008 concernant les enquêtes sur la situation sociale des Mähreniens,

Enquêteurs : Sigismond Necahual et Imai Eru
Secteur d’enquête : Principautés du Laschborn (Est mährenien)
Méthode : Interrogation directe et volontaire de 300 habitants du Laschborn


Capitaine-Inquisitrice,

Après l’interrogation de 300 Laschbornais, l’agent Necahual et moi-même avont découvert des informations sur la présence d’un pouvoir secret qui dominait une bonne partie de la région en parallèle à l’Ordre des Rosiques. Les habitants interrogés ont eu tendance à surnommer ce pouvoir « le Prince de Mährenie », mais rien ne prouve que ce pouvoir soit incarné par une seule personne.

Pour resituer le contexte, nous devons nous pencher sur la période d’avant-guerre. L’Ordre des Rosiques est encore publiquement de confession catholique impériale, et ne contrôle qu’une partie de la Mährenie. Le reste est contrôlé par des seigneurs locaux, à l’ouest par les deux Princes du Walschar, à l’Est par le Prince de Laschborn. Cependant il existe aussi, au Sud-Ouest, la République d’Ustarine, une petite république dirigée par la même famille depuis plus de 70 ans, famille qui, toutefois, a toujours eu l’approbation des habitants par le vote, selon le rapport des nos collègues à Ustarine. Les quatre états, très féodaux, ont tous été annexés par l’Ordre des Rosiques lorsque celui-ci a intégré l’OTSK. Ces états ne présentaient pas de réelle résistance, faute de moyens.

Maintenant, concernant le Laschborn. Le Prince de Laschborn, Reinhart von Westerburg, fait partie d’une très riche famille aristocrate d’origine walserreichienne, famille cependant très peu présente en Laschborn et qui vit très majoritairement – voire totalement, selon certains laschbornais – au Walserreich. La famille est propriétaire de plusieurs entreprises walserreichiennes, dont elle s’occupe bien plus que de son territoire féodal. Quand mon collègue et moi sommes arrivés en Laschborn, après l’avoir étudié sur dossiers, nous pensions donc que le pouvoir était presque absent, et que les habitants montagnards vivaient plutôt en petite communautés sans réelles lois mais avec de petits pouvoir municipaux.

Nous ne nous sommes jamais autant trompés. C’était effectivement le cas il y a 20 ans, mais, depuis, le « Prince de Mährenie » et ses lois semblent régner sur tout le Laschborn. Et, à en croire les habitants, pas seulement.

Pour expliquer ce qu’est (ou en tout cas ce que parait être le Prince de Mährenie), il faut savoir que c’est une notion presque unanime, puisque 286 interrogés nous en ont parlé, sans qu’on le leur demande. Au quotidien, le « Prince » se manifeste avant tout via les quelques éléments numériques présents dans la région. Les habitants parlent d’une entité qui les surveillent, leur envoie des sms anonymes, des e-mails, qui coupe leurs appels en cours avec d’autres personnes dès que les utilisateurs mentionnent la religion, que les propos soient explicites ou non.

Ainsi, tout le réseau numérique du Laschborn semble faire l’objet d’une censure permanente de la part du « Prince », qui agit toujours anonymement, et, lorsqu’un pseudo est nécessaire, jamais avec le même. Certains habitants parlent de menaces de la part du « Prince », notamment de la diffamation. 2 interrogés affirment avoir été l’objet de menaces appliquées par le « Prince », l’un des deux étant aujourd’hui un prisonnier, l’autre étant un patient dans un hôpital psychiatrique ayant de forts troubles de la personnalité. Les 2 interrogés nous ont confirmé être dans leur situation actuelle depuis que le « Prince » les a menacés.

Le phénomène est d’une ampleur impressionnante, le Laschborn étant peuplé par plusieurs milliers de personnes, qui vivent la même chose au quotidien. Si les Laschbornais sont majoritairement croyants, très peu sont pratiquants, justement par peur de représailles du « Prince ». L’athéisme, selon les interrogés, est en augmentation constante malgré l’invasion rosique du territoire. Le « Prince » est la source d’une peur constante de la religion et des cultes. Et c’est pour cela que moi et le lieutenant Necahual pensons qu’il est impossible que le « Prince » ne soit qu’une seule personne.

Mais est-ce que le phénomène a lieu exclusivement sur les réseaux numériques ? Selon les interrogés, non. Les églises locales sont souvent désertes, les prêtres se font très souvent moines rosiques pour fuir le territoire et être protégés par l’Ordre. Aujourd’hui, l’Ordre n’existe plus, mais il semble que certaines de ses branches subsistent (en tous cas en Laschborn) pour accueillir les ecclésiastiques désireux de pratiquer leur religion en restant protégés du « Prince ».

Dans les faits, le phénomène n’a jamais été physique, le « Prince » n’a jamais envoyé personne violenter les personnes le provoquant, et n’a jamais fait de dégâts matériels. Il joue exclusivement sur le harcèlement, la diffamation ou le hacking des machines. En 2004, il aurait, selon une vingtaine d’interrogés, gelé toute la production agricole d’une corporative dont deux de ses membres auraient été les organisateurs de messes secrètes.

Selon l’ensemble des 286 interrogés nous ayant parlé du « Prince », celui-ci ne sévirait pas qu’en Laschborn, mais dans toute la Mährenie. Certains d’entre eux nous ont expliqué que le silence absolu sur le sujet par les autres Mähreniens non-laschbornais serait lié à une très forte répression de la part des dirigeants locaux, à qui le « Prince » aurait demandé de maintenir un silence sur son « règne » pour éviter que la Confédération kaulthique ou d’autres Etats n’interviennent sur le territoire pour évincer la menace du « Prince ». Les Laschbornais n’ayant plus vraiment de réel dirigeant – excepté le « Prince » –, le silence a eu du mal à être maintenu, le « Prince » ne pouvant pas – ou difficilement – identifier les Laschbornais ayant brisé le silence. Cependant, l’information n’a jamais vraiment dépassé les frontières de la Mährenie. Certains interrogés disent qu’on ne les prend pas au sérieux en dehors de la Mährenie, ou que l’on minimise la situation à un simple hackeur.

Dans les faits, les conséquences sont désastreuses. La lutte pour l’athéisme de la part du prince a entraîné une réaction de la part de l’Eglise, et surtout des Rosiques. Tandis que l’athéisme augmente, les croyants sont de plus en plus fanatiques, la menace du « Prince » fait monter un réel zèle chez eux. Si les plus modérés restent en campagne et se contente seulement de ne plus prier publiquement ou parler religion en présence d’une machine numérique, les plus zélotes vont à Sankt-Josef pour intégrer un ordre monastique et consacrer leur vie à leur dieu, nuit et jour, jouissant de la protection de l’Ordre. La peur des machines se développe partout dans la région, à tel point que de nombreux agriculteurs sont revenus aux modes de production préindustriels.

Capitaine-Inquisitrice, nous ne connaissons ni les motivations, ni la nature du « Prince de Mährenie », et il semble être un enjeu majeur si nous voulons moderniser la région. Ainsi, je vous demande la permission d’entamer une enquête exclusivement consacrée à ce sujet, accompagné par le lieutenant Necahual.

Nous vainquerons, nos ennemis périrons, la Liberté fleurira de leurs tombes.

Lieutenant Imai Eru

Documents attachés :

Rapport du sondage sur la situation sociale des Laschbornais
13013








Deux de Coupe.

Concernant la question de la population et de la culture,

Capitaine-inquisitrice,

Citoyenne, dans ma précédente note à votre intention vous vous souviendrez peut-être qu’il avait été expliqué en quoi l’aspect social de la question Mährenienne était intrinsèquement lié à l’aspect économique, en ça qu’ici plus qu’ailleurs on ne sépare les deux que pour éviter à la population la réalisation qu’on les exploite pleinement et totalement. Fort de l’analyse permise par la réalisation du Códice de bienes y propiedades, nous avons aussi été en mesure de nous offrir la devise qui nous manquait le plus : le temps. Ce qui nous permettra de moins agir dans la précipitation et de nous préparer en connaissance de cause à des décisions qui passeront, sans doute, difficilement auprès d’une partie de la population toute entièrement dévouée au système politique même qui l’écrasait et la maintenait dans la misère de l’exploitation. En bref, il convient de dire qu’en ce qui concerne ce duché, la question de l’éducation politique de la population reste encore à traiter, ce qui veut dire que nous risquons de rencontrer à chaque étape du processus de démocratisation une opposition moins basée sur des principes logiques et d’intérêts véritables que sur des principes "culturels" ou "traditionnels". La liquidation économique de la classe aristocratique ne suffira pas, à elle seule, à déraciner des siècles d’aliénation. Cependant elle nous libère les mains et nous offre les moyens de démontrer clairement au peuple où se trouve son intérêt, pour que de peuple il devienne citoyen. Si vous me permettez une allusion elpide, nous allons devoir les attraper par le col et les tirer hors de la caverne.

Ici, je ne vais pas perdre de temps à exposer ce que nous savons déjà tous du fonctionnement du duché, et qui a déjà été longuement explicité dans la démarche précédente liée à son fonctionnement économique. Il est aussi inutile de répéter ce qui se trouvait dans le Livre Blanc qui nous a été distribué en prévision de la prise en charge de la province : nous savons que le système local fonctionne sous une forme de capitalisme archaïque, avec ce que cela sous-entend de société de classe, d’organisation cellulaire de la société et de rigidité dans les rapports sociaux et les possibilités d’évolution des individus d’une classe à une autre. Nous savons qu’une structure aussi rigide peut présenter autant de complications qu’il n’y a d’étape pour la démembrer, et nous savons aussi que la population civile, habituée traditionnellement à cette position d’enfants que lui impose l’aristocratie, pourrait réagir soit extrêmement positivement, soit extrêmement négativement à toute évolution dans un sens ou dans l’autre. Cette réaction, qui doit être comprise dans son sens politique d’opposition systématique au changement s’organisant autour d’acteurs et propos populistes partant généralement d’une base réelle pour créer un narratif faux, est logique puisque l’évolution que nous allons proposer à la région est par essence de nature révolutionnaire.

La première étape, donc, consiste à contrôler tout ce qui pourrait servir de support à une réaction et à nous arranger pour que cette dernière prenne une forme constructive et utile. En cela les premières décisions de la Circulaire perpétuelle, ayant traits à l’interdiction de certaines idéologies et de leur apologie est un bon début. La conception d’un réseau de mouchard est aussi utile, bien qu’insuffisante. Nous préconisons de nous entourer des leaders locaux, de celles et ceux qui ont déjà voix au chapitre ou qui souhaiteraient se faire entendre et/ou représenter leur communauté. Certes, à ce stade ces individus ne jouissent pas d’une légitimité démocratique quelle qu’elle soit, et ne représentent que des pans extrêmement minoritaires de la population : la basse, moyenne et haute bourgeoisie (quasi inexistante et remplacée par l’aristocratie), les nobles éduqués et proches des idées humanistes et/ou modernisatrices, les leaders religieux n’ayant pas été purgés, etc. Ces individus sont ce que l’on appelle en sociologie révolutionnaire, la classe dominante, toujours prompte à protéger son pouvoir, et n’ayant d’autre idéologie, à vrai dire, que cette dite protection du pouvoir. Si nous leur faisons miroiter la possibilité de protéger certains de leurs acquis, ils accepteront de travailler avec nous, ce qui nous permettra de pleinement profiter de leur légitimité, sans nous contraindre à les écouter ou, plus précisément, à nous embarrasser de leur présence plus que de raison. Il s’agit de faire entrer le loup dans la bergerie. En effet, en appelant ces individus à se constituer en un genre de conseil assistant les travaux de notre administration, nous créons dans les esprits un précédent : celui d’une chambre politique assistant le pouvoir dans sa prise de décision. Précédent dont la structure administrative pourra être ensuite employée, purgée de la bourgeoisie et remplie de prolétaires formés, capables cette fois de ne pas être qu’un outil de communication, mais de s’ériger en vraie force de proposition. Un tel système pourrait à terme permettre la création d’institutions syndicalistes ou corporatistes composant un bon compromis avec la vision communale devant à terme être atteinte, et dans des temps extrêmement rapides.

De manière plus générale, le contrôle du narratif doit aussi s’organiser grâce à des alliés de confiance. Soit parce que nous savons exactement ce qu’ils veulent - comme pour la petite bourgeoisie et autre population dont l’insignifiance, sur le plan économique, permet la conservation, et dont l’ambition permet l’utilisation (boutiquiers, propriétaires de petite envergure, riches paysans, totalement soumis au tissu macroéconomique et pleinement satisfaits de contrôler leur participation micro-économique), soit parce qu’ils sont des alliés sincères de la cause.

Ceux-là existent en Mährenie. Une fois encore les faits font mentir les idées reçues, et il est évident que ce duché, malgré un gouvernement fanatique, reste un creusé d’idées sociales et d’ambitions humanistes. D’autant plus renforcées que la chute et l’annihilation finale de l’Ordre Rosique a désorganisé toutes les organisations conservatrices, et que la propagande proférée par l’Ordre avant notre arrivait avait participé à plonger ses plus fervents partisans dans un état d’exaltation que nous avons brisés dans une merveilleuse dissonance cognitive en remportant cette guerre. En d’autres termes, la gauche exulte, la droite ramasse les morceaux brisés de sa psychologie, et reprend son souffle. Mais difficilement.

Je ne veux pas paraître triomphaliste mais, au moins sur ce plan, il faut avouer que la situation est exceptionnellement avantageuse. Il est rare d’occuper un territoire dont la population potentiellement adverse a été plongée dans une position de pur et simple désespoir. Il n’y a aucun espoir pour les pro-rosiques. C’est en tout cas ce qu’ils pensent. Nous devons nous assurer qu’ils restent dans cet état d’esprit jusqu’à ce que leur esprit fasse la transition vers un mode de pensé plus adéquat, par l’éducation populaire ou la simple adaptation au nouveau paradigme que nous organisons. La population vaincue est une population inoffensive lorsqu’elle ne croit pas à sa propre force. A contrario, les forces populaires oppressées par les rosiques se sont déjà exprimée en notre faveur, et les forces plus modérées, elles, attendent encore de voir ce que nous ferons du pouvoir dont nous avons hérités.

Selon moi, nous ne pouvons pas imposer à la population du duché un changement de mentalité concernant la plupart des questions sociales et religieuses ayant aboutis aux massacres que l’on connaît. Mais nous pouvons cependant créer un traumatisme suffisant pour qu’on ne l’y reprenne plus. Ce pourquoi je propose de créer des programmes d’exposition : des musés entièrement dédiés aux crimes rosiques. Des films que l’on montrera à la population, montrant en détail la carbonisation des corps sur le bûché et les témoignages des proches, des reportages nombreux sur l’indécence du niveau de vie des hauts membres de l’Ordre. Montrer tout ce qui peut les décrédibiliser; Ceux qui avaient des maîtresses, ceux qui étaient en fait bi ou homosexuels, ceux qui se droguaient. Nous devons démontrer que l’Idéologie réactionnaire est une falsification, et imposer à la population de réaliser, très clairement, d’être confrontée à un degré personnel, au niveau absolu de violence et de démence que provoque cette idéologie.

Ce programme d’éducation populaire pourrait se faire en parallèle un second programme, cette fois non-pas centré sur la création d’un traumatisme national, mais sur la création d’un environnement social plus sain. Des programmes, reportages et cours (non-obligatoires mais pouvant être rémunérés, par exemple), visant à exposer la culture d’autres nations, les théories scientifiques remises en cause par le dévotisme, l’aspect naturel et "normal" des minorités sexuelles, religieuses etc.

Enfin, une propagande intensive devant faire la liaison entre ces deux programmes, et fonctionnant sur le narratif suivant : toute l’idéologie conservatrice défendue par le duché et l’Aristocratie était un mensonge hypocrite qui servait à manipuler la population et à la maintenir dans un important degré de pauvreté, mettant systématiquement en valeur les crimes, la violence, les sacrifices inutiles d’un côté, le luxe, l’exploitation de l’autre, et accompagnant les réformes économiques rapides déjà exposée dans une précédente note. En termes brefs il s’agit de faire assimiler à la population que sa situation économique s’améliore parce que le système dans lequel elle vivait avant notre arrivée s’est effondré, et de démontrer par ailleurs comme le système précédent ne créerait en somme rien d’autre que de la pauvreté et de la violence cruelle.

Pour ce faire nous pensions aussi remettre l’accent sur les enseignements primaires de la religion catholique. Aime ton prochain, partage ce qui est à toi, ainsi de suite. Il est bien connu que les premiers chrétiens refusaient la propriété personnelle et vivaient en petites communautés d’égaux. Si nous éclairons les principes religieux à la lumière de ce qu’ils sont réellement, en expurgeant les éléments les plus archaïques, nous pourrions pousser, sans heurter, la population à adopter des vues socialisantes. Après tout l’humanisme - dont est en parti issu le Kah - a des valeurs occidentales, donc des valeurs assez chrétiennes.

Accessoirement nous ne devons pas nous contenter de casser la population pour l’élever vers des standards humains. Nous devons aussi nous appuyer sur celles et ceux qui sont déjà nos alliés. Ils sont nombreux. Je tiens par exemple à rappeler le cas de Emilia Reisenmann, qui bien que conservant des idées relativement conservatrices sur un certain nombre de sujets, reste une communaliste importante issue de la région. Malgré le gouvernement et le système féodal, il existe en Mährenie une pensée socialisante. Discrète, secrète et, jusqu’à assez récemment brûlée sur des bûchés. Bien entendu le martyr n’était pas réservé aux potentiels socialistes/communalistes/libéraux, mais aussi à un certain nombre d’innocents brûlés, lapidés, torturés ou plus simplement emprisonnés à tort. Il y a aussi toutes les minorités religieuses – juifs, catholiques pontificaux, protestants – et les minorités sexuelles, présente dans des chiffres normaux dans la région, mais particulièrement discrètes du fait de violence déployée contre elles.

Il est à noter que ces minorités sexuelles – et les mouvements plus généralement féministes qui existaient déjà, bien que totalement absent de la scène médiatique et servant principalement de discrets réseaux d’entre-aide entre femmes battues/violées – peuvent nous être d’une précieuse aide. Leur haut degré de solidarité et d’organisation les rends potentiellement capables de rapidement utiliser les médias comme une tribune particulièrement efficace, si nous leurs en donnons les moyens. Globalement, les femmes savent qu’elles sont considérées comme inférieures à l’homme, et se rallieront en partie à nous si nous leur donnons rapidement des droits élémentaires et les moyens de vivre une existence libre.

Avec ça il faut aussi noter toute la classe laborieuse, qui se moque traditionnellement de la politique mais commencera à s’y intéresser si nous lui donnons les moyens d’en tirer un bénéfice concret (établissement de la démocratie en entreprise, autorisation rapide et sans détour des syndicats) et une vie moins dure.

Enfin, il faut considérer le fait que toute population, qu’elle le veuille ou non, est sujette à un degré important d’exotisme. Les gens sont, naturellement, attirés autant qu’effrayés par l’étranger. C’est une question de packaging. Je sais ce que vous en pensez et je sais que cela ne vous plaît pas particulièrement, mais je pense que nous devrions laisser les hommes (et les femmes, dans un contexte aussi conservateur c’est à elles d’effectuer le travail) entrer en contact avec la population et servir d’avocats. Les troupes savent parler allemand, pour la plupart. Si elles consomment en bons clients dans les boutiques et bars, si elles aident les gens, si à chaque fois qu’une aide sociale, juridique, qu’une assistance médicale est procurée, elle l’est par un joli minois kah-tanais, à l’accent vaguement exotique, notre peuple finira par jouir d’une meilleure image que celle qu’on souhaite lui accoler. Du reste notre production audiovisuelle a beaucoup plus de moyens que celles qu’on peut trouver en Eurysie. Une politique d’importation de biens culturels kah-tanais pourrait avoir son effet : nos valeurs et nos ambitions transparaissent dans nos films, et la population ne saurait s’opposer à un spectacle impressionnant et bon marché, en témoigne le succès international des Ailes de Kotios, entre-autre chose. Il y a aussi la question de la littérature jeunesse et de la bande dessinées, ou encore des jeux vidéos (l’informatique est relativement peu diffusé dans la région, mais l’un des pilotes m’a proposé d’organiser un cybercafé dans la forteresse, pour les hommes; Je pense que nous devrions accepter, mais le créer en ville, ainsi qu’une salle d’arcade. On n’entre jamais mieux dans la modernité que par le loisir).

Un large chantier nous attends, mais sur le principe je ne vois à priori pas de complications dépassant ce à quoi nous nous attendions.


Documents attachés :

Synthèse des mouvements sociaux et progressistes clandestins existant en Mährenie.
Statistiques mettant en valeur les effets de la discrimination religieuse et sexiste sur l'économie.
Synthèse des violences commises sur la population durant la guerre.
Listes des condamnés à morts ou à la torture et synthèse sur leurs familles et proches.







645
Note à l'enquêteur Imai Eru.
Concernant le "Prince"

Excellent travail, ce rapport est édifiant. Vous et le citoyen Necahual avez mon autorisation pour procéder à votre enquête dans la mesure où vous le jugerez nécessaire. Je vous laisse fixer les objectifs de cette dernière et vous organiser en conséquence. Le collège des Haut-Enquêteurs vous accorde son soutien hiérarchique et matériel pour cette opération, j'informerai le Lieutenant-maître que vous passez sous la supervision du collège.

Si vous rencontrez des difficultés inattendues ou une situation nécessitant plus ample mobilisation de nos moyens, faites-le immédiatement savoir. Je vous fais confiance pour la suite

Godeliève Thiers, Capitaine-inquisitrice.
1768
Rapport du 26 juin 2008 concernant l'enquête sur l'organisation dite "Prince de Mährenie",

Enquêteurs : Sigismond Necahual et Imai Eru
Secteur d’enquête : Principautés du Walschar (Ouest mährenien
Méthode : Surveillance des médias locaux, écoute de rumeurs et interrogations sur la base du volontariat


Capitaine-Inquisitrice,

Suite à nos découvertes au Laschborn, nous avons poursuivi notre enquête sur le "Prince de Mährenie" au Walschar. Nous avons rigoureusement suivi les médias, et écouté les rumeurs dans les bars, les rues ou encore les salons de coiffure - l'agent Necahual a sacrifié ses cheveux pour cette enquête.

Nous avons effectivement noté qu'il existait une certaine censure dans les propos des Mähreniens, qui évitent de parler explicitement de la Religion, même dans la rue.

Il semblerait également que le phénomène de censure des Mähreniens ait aussi lieu à l'étranger : un Mährenien ne serait, selon les rumeurs, pas revenu de Damanie à cause "de Lui". "Lui" est un pronom qui a été fréquemment utilisé par des Mähreniens que nous n'avons pas vu interagir entre eux. "Lui" désigne très probablement le Prince.

Cependant, nous avons aussi interrogés directement 21 Mähreniens dans la rue sur "le Prince", et ils ont tous nié connaitre ce "Prince". Nous avons remarqué des signes de nervosité lorsque cette question a été posée, ce qui pourrait prouver l'existence d'une certaine pression, d'un interdit.

Notez toutefois qu'il reste possible que les interrogés n'aient pas la même appellation pour le "Prince" que leurs semblables du Laschborn. Pourtant, quand nous leur avons demandé quelles pressions ont-il subi dernièrement, aucun n'a mentionné celle d'une organisation ressemblant au "Prince".

Nous allons continuer notre enquête avec les mêmes méthodes, espérant que nous tomberons sur quelqu'un qui ait le courage de nous donner des indices.

Nous vainquerons, nos ennemis périrons, la Liberté fleurira de leurs tombes.

Lieutenant Imai Eru
938
Rapport du 19 mars 2009 concernant l'enquête sur l'organisation dite "Prince de Mährenie",

URGENT


Enquêteurs : Sigismond Necahual
Secteur d’enquête : Principautés du Walschar (Ouest mährenien)
Méthode : Surveillance des médias locaux, écoute de rumeurs et interrogations sur la base du volontariat


Capitaine-Inquisitrice,

La Lieutenant Imai Eru a disparu alors qu'elle enquêtait dans un petit village montagnard du Walschar.

Cela fait suite à un piratage de nos données informatiques concernant l'enquête.

Nous soupçonnons évidemment l'organisation du "Prince de Mährenie", qui nous a prouvé, à plusieurs reprises, maitriser assez aisément les technologies informatiques.

Concernant l'hypothèse d'une attaque rosique, nous n'avons aucun indice qui prouverait une telle attaque pour l'instant.

Capitaine-Inquistrice, nous avons besoin de renforts armés pour continuer cette enquête. A l'heure qu'il est, la Lieutenant est peut-être déjà morte.

Nous vainquerons, nos ennemis périrons, la Liberté fleurira de leurs tombes.

Sergent Sigismond Necahual.
743
Attention, un programme tiers semble prendre contrôle de votre réseau. Attention, un programme tiers semble prendre contrôle de votre réseau. Attention, un pro...

...


042


Salut salut, Kah-tanais

Je suis 042. Je fais parti de la Légion pour la Lumière. Notre dirigeant est le "Prince de Mährenie". Nous avons pu observer que vous le connaissez.

Nous voulons la fin de l'Etat. Nous voulons la Liberté des Mähreniens. Puis des Kaulthes. Si vous n'êtes pas l'Etat, alors nous ne sommes pas vos ennemis.

Kah-tanais, abandonnez la Mährenie. Nous saurons la diriger seuls. Nous le faisons déjà. C'est à nous que les citoyens mähreniens obéissent.

Partez, et nous ne vous ferons aucun mal.

Partez, et nous serons peut-être vos alliés contre l'impérialisme et la dictature.

Partez, et nous vous rendrons votre camarade saine et sauve.

Partez, ou perissez.



Fin de la transmission.

4556
Note à l'enquêteur Sigismond Necahual.
Concernant le "Prince"


Concernant la question des renforts armés : il est évident que l’enlèvement de la citoyenne Imai Eru nous impose une réponse d’un nouveau niveau. Conformément à nos méthodes celle-là sera graduée. Du matériel de brouillage radio et des outils de haute technologie seront envoyés depuis le Grand Kah pour aider la neutralisation du groupe terroriste.

Bien que les risques de fuite technologique soient considérés réels, nous sommes obligés de considérer la situation sous l’angle de l’attaque ou terroriste, ou téléguidée par des services secrets étrangers. À ce titre, les communes centrales et le reste de l’Égide nous soutiennent dans notre démarche et, par conséquent, je suis en mesure de vous soutenir dans la vôtre.

Les activités de recensement continueront sous une forme normale. Pour l'enquête, elle se prolongera par voies physiques et dématérialisées. Si absolument nécessaire, des contrôles et des barrages de police pourront être organisés, cependant l’enlèvement d’une agente seule ne nous impose pas encore une montée en gamme de l’arsenal sécuritaire déployé.

Agissez discrètement et de façon rapide.

Communication de Sigmüür Ivanovna.
Votre nouvelle chargée de la cybersécurité.


Vous n'aurez pas manqué de remarquer le petit coup d'éclat de nos amis de la "Légion pour la Lumière" il y a quelques jours. Et je suis sûre qu'aucun d'entre nous n'a paniqué ou ne s'est senti coupable, c'est un peu le problème.

En théorie ce genre de communication ne mériterait même pas de commentaire, exception faite d'un rappel des règles de sécurité élémentaire, mais il est concomitant à l'enlèvement d'une de nos camarades et je suis à peu près sûre que ce détail ne vous a pas échappé. Bien.

La camarade Protectrice de la Mährenie m'a nommée à la tête de notre section cybersécurité. Ce qui est, pour moi qui suis mährenienne de souche, un grand honneur. Je vais maintenant vous demander d'écouter attentivement et d'appliquer mes instructions sans quoi l'honneur risque rapidement de se transformer en frustration : nous n'avons pas besoin de ça.

Concernant la faille de sécurité, pour commencer. Il est possible qu'une infiltration ait eu lieu en passant par voie satellitaire mais cela ne suffirait pas à déchiffrer le matériel crypté envoyé et reçu depuis l'orbite. L'option la plus probable serait, selon nous, une infiltration à l'ancienne : mail frauduleux, intrusion de matériel USB dans un ordinateur connecté au réseau intranet de l'Ordre, opération pouvant avoir été commise ou accidentellement ou consciemment, ce second point n'est cependant pas de mon ressort et le sergent Tedduem se charge déjà de s'assurer de la fidélité de chaque inquisiteur et auxiliaire déployé dans la région.

Quoi qu’il en soit la gestion de la sécurité informatique est déplorable, et nous allons changer ça. L’ensemble de l’intranet va être à nouveau segmenté en niveaux d’accréditation et de sécurité accessibles par des mots de passes. De nouveaux mots de passe, évidemment. Les ports USB seront verrouillés et uniquement accessibles sur présentation d’une demande motivée à un inquisiteur de rang intermédiaire ou supérieur. Les membres de l’Égide ont interdiction d’emporter du matériel informatique hors des locaux de l’Organisation, et inversement ont interdiction d’amener du matériel informatique étranger à l’Organisation dans ses locaux. Nous allons découpler au maximum les réseaux de l’Inquisition et ceux du gouvernement civil. Enfin, les lignes de communications seront cryptées selon de nouvelles méthodes et les télécommunications sans-fils seront remplacées au maximum par des réseaux filaires ne pouvant, en gros, être hackés au vol.

À partir de maintenant tous les mails entrant et sortant dans le réseau seront accessibles par les agents de mon bureau, qui auront la tâche fastidieuse mais – je le soupçonne – nécessaire de trier ce que les algorithmes ne sont pas encore capables de traiter. Spam, hameçons, liens dangereux etc.

Vous aurez tous droit à un cours de formation supplémentaire sur la cybersécurité et les bonnes pratiques à avoir. Ce cours est obligatoire.

Concernant 042 et ses amis : nous sommes en train de travailler à identifier la faille et, peut-être, l’origine de sa communication. Il y a de forte de chances que ce soit un message filmé en amont et injecté avec un logiciel d’override, classique, alors inutile de vous faire de faux espoirs. Mais à ce petit jeu là nous avons plus de moyens technologiques, matériels et humains, alors j’ai bon espoir qu’on ne les y reprenne plus. Si absolument nécessaire mon bureau organisera une chasse à l’homme. Nous en avons maintenant les moyens.

Ces gens parlent de diriger la Mährenie, d'obéissance des citoyens, appliquent des méthodes synarchistes. Par conséquent ce ne sont pas des alliés idéologiques et leur mouvement est réactionnaire, notre travail consiste justement à déraciner ce genre de menaces. Vous concernant, et concernant mon domaine d'expertise, considérez ce que je dis comme parole d'évangile. C'est bien simple, "Concernant la sécurité informatique, Ivanova est Dieu". Imprimez-le sur un post-it au lieu de vos mots de passe.
15771
Note de l'enquêtrice Sigmüür Ivanovna.
Conclusions concernant le coup d’État des droites


Je doute faire beaucoup de surpris en annonçant que la tentative de coup d'État menée récemment par la droite mährenienne a mis en lumière les faiblesses politiques et sociales du pays, tout en soulignant la menace persistante que représentent certains groupes réactionnaires.

L'opération, soutenue par la Ligue Impériale Mährenienne et le Parti Catholique de Mährenie, visait à renverser le gouvernement de la Confédération, à rétablir un ordre politique conservateur et à expulser l'influence kah-tanaise. Le complot était conçu pour paralyser l’appareil gouvernemental en attaquant simultanément des points stratégiques à travers le pays, tout en espérant inciter à une mobilisation populaire contre le régime actuel. Des groupes armés devaient saisir des villes clés au sud et à l’est du pays, tandis qu’une déclaration publique devait donner le signal d’un soulèvement plus large. Comme vous le savez, cette opération a échoué de manière spectaculaire. En dépit de plusieurs années de préparation, l’assaut a été déjoué par une riposte rapide et efficace de la part des forces loyalistes, soutenues par nos unités militarisées en coordination avec les services de sécurité locaux. L’échec a été total et sans appel, avec une élimination rapide des insurgés. La plupart des principaux instigateurs ont été capturés, et plusieurs caches d'armes ont été neutralisées avant que les forces ennemies n'aient pu organiser une résistance prolongée. Toutefois, cet échec n’a pas totalement effacé l’instabilité qu’il a engendrée. Bien que la tentative de coup d'État ait échoué sur le plan militaire, elle a laissé un sentiment de vulnérabilité au sein de la population, pouvant à terme accentuer les divisions idéologiques au sein de la Mährenie.

Les motivations derrière le coup d'État sont ancrées dans un désir profond de rétablir un ordre conservateur en Mährenie, opposé au modèle progressiste instauré par la Confédération. Les forces armées rebelles, menées par la Ligue Impériale Mährenienne et le Parti Catholique de Mährenie, aspiraient à renverser un gouvernement jugé sous tutelle de notre Chapitre, en guerre contre les modes de vie traditionnelle et trop laxiste sur les questions sociales et économiques. Ces groupes réactionnaires, en particulier issus des anciens milieux aristocratiques et religieux, avaient pour objectif de restaurer un régime féodal traditionnel, où l'élite conserverait son pouvoir et ses privilèges, tout en réprimant les mouvements progressistes. Le coup d'État devait être la réponse à ce qu'ils percevaient comme une « décadence » du système, qu'ils attribuaient à l'influence croissante des idées communistes et des réformes sociales. Leur idéal était un retour à un modèle plus autoritaire, où l'ordre et la hiérarchie sociale seraient rétablis, et où les réformes démocratiques et égalitaires seraient étouffées.

Le déroulement de l’opération, bien que méticuleusement planifié, a révélé plusieurs failles stratégiques majeures. Les insurgés espéraient paralyser le gouvernement en prenant simultanément plusieurs points névralgiques à travers le pays, notamment des postes clés dans les zones frontalières et industrielles. Ils pensaient pouvoir déclencher une réaction en chaîne, avec des soulèvements populaires soutenant leurs actions, mais cette stratégie reposait sur une vision irréaliste du soutien populaire. Les groupes armés étaient mal équipés et leur coordination déficiente. En l’absence d’un véritable soutien de masse, les attaques ont échoué à désorganiser suffisamment les forces gouvernementales. À cela s’ajoutait un facteur humain : les leaders militaires sous-estimaient largement la capacité de réaction du gouvernement et de notre chapitre, lequel était de toute façon préparé à cette éventualité. L’intervention rapide de l’armée, alliée à un dispositif de surveillance préexistant, a permis de contrer les offensives rebelles avant qu’elles ne gagnent du terrain. Sur ce plan, nous pouvons nous féliciter.

Sur le plan social, l’échec de ce coup d'État a créé un choc dans la population. Si les insurgés comptaient sur un soulèvement populaire pour renforcer leur cause, la répression rapide et efficace des forces gouvernementales a, au contraire, provoqué un sentiment de soulagement chez une majorité de citoyens. Les échecs militaires et la capture rapide des principaux instigateurs ont déstabilisé les forces de la droite mährenienne, qui, malgré leur rhétorique enflammée, ont montré leur incompétence face à une résistance bien préparée. L’ampleur de l’échec a créé un paradoxe : au lieu d’affaiblir le gouvernement, il a renforcé la perception de sa solidité et de sa capacité à maintenir l’ordre dans un contexte déjà tendu. La population, bien que partagée idéologiquement, a eu tendance à voir dans la défaite des insurgés une confirmation de la nécessité du maintien d’un gouvernement confédéral sous sa forme actuelle. Il semble en effet que l’opinion publique, accablée par des années d’instabilité, de règne théocratique et de guerre civile, a largement réagi par un rejet de la violence et des méthodes extrémistes, favorisant, par défaut, la légitimité du gouvernement actuel. Les réformes démocratiques entreprises, bien que lentes et incomplètes, sont perçues comme un excellent moyen de garantir une certaine stabilité et d’éviter un retour à la violence politique.

Malgré l'échec retentissant du coup d'État, les menaces de subversion politique qui pèsent sur la Mährenie demeurent multiples et persistantes. Si la tentative de renversement a été déjouée, elle a aussi révélé la résilience et la persistance des forces hostiles à l'actuel gouvernement. Ces menaces, tant internes qu'externes, continueront à chercher à déstabiliser la Confédération, en particulier au sein des anciennes élites économiques et militaires.

Les leviers de la subversion reposent sur plusieurs acteurs clés. D’une part, les forces internes, notamment les anciennes élites économiques et militaires, qui perçoivent les réformes sociales et économiques comme une menace à leurs privilèges. Les grandes familles aristocratiques et les anciennes institutions féodales, bien que largement stétilisées par les réformes, continuent à exercer une influence et ce y compris après l’échec de leur tentative de renversement. Elles conservent un pouvoir discret mais réel sur des secteurs stratégiques de l’économie, et sont en mesure de manipuler des réseaux de clients et de loyautés dans les régions périphériques du pays. D'autre part, certains membres des forces armées, particulièrement ceux qui ont des liens avec les anciennes puissances impériales ou qui sont issus de milieux réactionnaires, restent attachés à l'idée d'une Mährenie gouvernée par un ordre plus autoritaire et hiérarchisé. Ces factions au sein de l'armée, bien qu’isolées après l'échec de leur insurrection, cherchent encore à maintenir leur emprise sur les structures de pouvoir. Ces forces pourraient par ailleurs soutenues par des puissances étrangères qui, de manière informelle, cherchent à exploiter l’instabilité pour affaiblir l'influence de la Mährenie dans la région. L’instauration de commissaires politiques pourrait devenir utile.

Les réseaux réactionnaires continuent de se structurer en dépit des déboires militaires. Leurs actions ne se limitent plus aux attaques directes, mais s'inscrivent désormais dans une stratégie à long terme de contre-insurrection et de résistance culturelle. Ces réseaux, souvent interconnectés entre les différents pays d’Eurysie, trouvent des zones d’implantation privilégiées dans les régions rurales et les zones moins surveillées, où les anciennes structures de pouvoir féodal subsistent. Ces territoires, encore marqués par les traces de l’aristocratie et des anciennes institutions religieuses, deviennent des foyers potentiels pour la radicalisation. Les milices locales, parfois composées de partisans de l'ancienne élite ou de groupes ultranationalistes, continuent d’agir en dehors des contrôles de notre Chapitre, commettant des actes de sabotage, des attaques ciblées contre des responsables politiques ou des militants progressistes, et maintenant une atmosphère de peur et d'insécurité. En parallèle, des réseaux clandestins de propagande continuent de diffuser des messages d’opposition à l’actuel gouvernement, alimentant l'hostilité envers les réformes sociales et économiques.

Bien que très marginaux, ces réseaux représentent potentiellement les graines d’un mouvement plus ample, et la propagande et les idéologies conservatrices restent des instruments puissants dans la lutte pour l’opinion publique. Bien que l’opposition au gouvernement ait perdu en crédibilité après l'échec de la tentative de coup d’État, les groupes réactionnaires n'ont pas cessé de diffuser leurs messages dans la population, en particulier à travers des canaux informels tels que les médias sociaux, les journaux partisans, et les rassemblements communautaires. Les messages de droite et d'extrême droite s’appuient sur des arguments traditionnels, tels que la défense de la « famille » et des « valeurs chrétiennes », et sur une critique acerbe de l’idéologie progressiste, qualifiée de dangereuse pour l'identité nationale et la stabilité sociale. Ces idéologies trouvent un terrain fertile parmi les segments de la population qui se sentent laissés pour compte par les réformes en cours – ancienne noblesse, ancien clergé, ancienne bourgeoisie et une fraction des habitants des régions où la modernisation et l’industrialisation tardent à venir. En dehors des milieux ayant dominés la vie politique et sociale sous l’empire, aucun phénomène de nostalgie politique n’est observée au sein de la population.

Par conséquent menace de subversion, bien que très faible, demeure présente, nourrie par des acteurs internes et des réseaux externes qui continuent à soutenir des projets de déstabilisation. La lutte contre cette subversion passe non seulement par une surveillance renforcée des milieux réactionnaires, mais aussi par une stratégie d’éradication des sources de mécontentement en offrant des solutions concrètes aux défis économiques et sociaux du pays. Il est essentiel de contrer cette propagande en développant une contre-narrative qui mette en avant les réussites des réformes en cours et qui démontre les avantages à long terme du modèle progressiste mis en place par le gouvernement de la Confédération.

Ainsi, il est crucial de renforcer les mesures de sécurité et d’assurer la continuité des réformes progressistes dans le pays. La réponse à la subversion ne peut se limiter à une simple répression ; elle nécessite une approche globale, intégrant à la fois la surveillance, l’éducation populaire, et des réformes politiques et économiques visant à consolider les acquis démocratiques. Le premier axe de notre réponse à la subversion doit être le renforcement de la sécurité intérieure pour prévenir toute nouvelle tentative de déstabilisation. À cet égard, la surveillance des frontières, des infrastructures critiques, et des réseaux de communication est primordiale et nous devons accentuer les efforts déjà initiés à cette fin. Le contrôle renforcé des frontières, notamment dans les zones frontalières où les réseaux réactionnaires ont encore une influence, est indispensable pour éviter l’infiltration de milices ou de groupes armés venant de l’extérieur. En parallèle, les infrastructures stratégiques – notamment celles liées à l’énergie, aux transports, et aux systèmes de communication – doivent être protégées contre les sabotages ou les cyberattaques. Nous préconisons un renforcement de la Protection Civile.

Les réseaux de communication, qu’ils soient numériques ou physiques, doivent faire l’objet d’une surveillance systématique pour empêcher la propagation de messages subversifs. L’intelligence numérique et la cybersécurité doivent être renforcées, notamment par la création de protocoles de surveillance des contenus en ligne. Les forces de sécurité doivent, cependant, s’efforcer de maintenir un équilibre, garantissant la sécurité tout en préservant les libertés individuelles et en évitant un contrôle excessif de la population. Une vigilance accrue dans les espaces publics et privés, combinée à une meilleure coordination entre les différentes agences de sécurité, permettra de détecter rapidement toute tentative de soulèvement ou de manipulation par des réseaux subversifs. Nous ne devons pas surveiller les idées, mais les actions anti-citoyennes qu’elles pourraient provoquer.

Le rôle de l’Égide, en tant que force centrale de sécurité de la Mährenie, doit être consolidé sans tomber dans un autoritarisme excessif. Tout en restant un instrument clé de maintien de l’ordre, nous devons accepter de jouer un rôle de soutien aux réformes démocratiques et de promotion de l’unité nationale. Les forces militaires et policières doivent être utilisées de manière ciblée, avec un accent sur la prévention plutôt que sur la répression aveugle. Sur ce point, donc, notre politique ne doit pas changer malgré la situation : il est important de garantir que les institutions de sécurité, notamment les forces armées et de police, respectent les principes démocratiques, tout en assurant la stabilité du pays. Pour ce faire, il est nécessaire d’établir des mécanismes de contrôle parlementaire et citoyen sur les actions des forces de sécurité, afin de prévenir tout abus de pouvoir. Des formations régulières sur les droits humains et les principes démocratiques doivent être organisées pour les agents de l’Égide, pour garantir qu’ils agissent conformément à l’éthique et au respect des libertés individuelles. Cela renforcera la confiance de la population dans les institutions de sécurité et empêchera toute dérive autoritaire. Cette confiance est notre bien le plus précieux et le seul garant que nous pouvons obtenir pour le maintien de notre mission dans la région.

De plus il est essentiel de développer une contre-narrative par le biais d’un programme éducatif et médiatique structuré. La subversion politique se nourrit d’idées et de récits qui divisent la population et créent un sentiment de déconnexion avec les réformes en cours. Une éducation populaire axée sur l’unité nationale, l’histoire des luttes pour la liberté et la démocratie, et les valeurs progressistes est indispensable pour construire une société plus résiliente face à la subversion. Il s’agit de mettre en place des programmes éducatifs, notamment dans les écoles et les communautés locales, qui mettent l’accent sur l’importance de la solidarité, de l’égalité et de la démocratie. Le contrôle du narratif se fait aussi par les médias : il est essentiel de soutenir les initiatives médiatiques progressistes, tout en freinant la propagation de messages de haine ou de division, souvent portés par les réseaux réactionnaires. Les campagnes médiatiques doivent mettre en avant les succès des réformes en cours, tout en soulignant la nécessité de l’unité nationale pour éviter un retour à l’instabilité. La politique culturelle de la Mährenie a été relativement timide, le gouvernement civil a jusque-là considéré que l’instauration de la démocratie confédérale pouvait se passer de commentaire : nous préconisons qu’il revoit sa position.

Nous devons aussi nous intéresser au cas de la Confédération Kaulthique : bien qu'ayant enregistré des progrès significatifs depuis la révolution, certaines régions, notamment celles plus rurales ou périphériques, restent confrontées à des taux de pauvreté élevés, à une administration défaillante et à des infrastructures obsolètes. Cette situation est exacerbée par une faible coordination entre les communes et un manque de cohésion au sein des différents territoires, ce qui rend la mise en place de mesures de sécurité et de protection efficaces encore plus ardue. De plus, les capacités administratives et logistiques dans ces régions sont largement insuffisantes pour gérer la transition vers un système politique et économique plus stable. Les inégalités entre les différentes zones de la Confédération créent des foyers de mécontentement, qui sont parfois exploités par des réseaux réactionnaires ou subversifs. Les tentatives de subversion dans des zones périphériques sont donc d’autant plus difficiles à anticiper et à contrer sans une stratégie d’intégration à long terme.

L’extension des mesures de protection aux régions périphériques de la Confédération rencontre plusieurs obstacles majeurs. Le premier est le manque d’infrastructures. Les zones rurales et isolées souffrent d’un accès limité aux services de base, tels que l’éducation, les soins de santé et les transports. Cette insuffisance des infrastructures empêche l'État de déployer une présence effective et de garantir un niveau de sécurité suffisant face aux risques de subversion. Le second défi réside dans les ressources limitées disponibles pour mener à bien une telle entreprise. Les régions périphériques, en particulier, manquent des investissements nécessaires pour moderniser leurs économies locales, développer des institutions efficaces et fournir des services publics adaptés. L’absence d’un réseau de communication efficace entre ces régions complique également la mise en place d’un contrôle centralisé et d’une gestion des crises rapide. Que nos partenaires l’acceptent ou non, il faudra étendre notre parapluie anti-subversif à l’ensemble des territoires Kaulthes et prendre à notre charge la défense des intérêts confédéraux.

Bien entendu la marge de manœuvre de l’Égide est fortement diminuée depuis les réformes politiques, je vous laisse voir ce qu'il faudra caviarder avant de faire suivre cette note à nos chers amis du Commissariat à la Sécurité Intérieure.
3935
Note de situation - Commissariat aux Affaires Étrangères et à la Conciliation
Rédaction validée par la Commissaire Confédérale Layla Rosenstock
Classification : Restreinte - Usage interne - Diffusion contrôlée

Objet : Suivi de la candidature conjointe Manticore / Bandarhan – Situation générale et recommandations

La progression du dossier Manticore/Bandarhan suit pour l’heure un cours conforme aux prévisions initiales établies par le Commissariat. Les expressions critiques, bien que présentes, demeurent dans des proportions acceptables et n'affectent pas la dynamique générale du processus. La rhétorique adverse s'articule principalement autour du risque supposé d'une satellisation par le Grand Kah, argument qui connaît une circulation modérée dans les canaux attendus, notamment au sein des cercles diplomatiques teylans et de certains relais de l’ancienne OND.

Dans l’état actuel, il est préconisé de maintenir une posture de retenue vigilante. Aucune intervention corrective directe ne s’impose tant que ces critiques ne franchissent pas le seuil de perturbation tangible du calendrier ou des procédures associées. La cellule d’observation demeure toutefois mobilisée afin de détecter toute inflexion significative des discours ou des alliances autour de ce thème.

Au chapitre des oppositions identifiées, la Couronne de Teyla manifeste une hostilité prévisible, concentrée sur des leviers consultatifs sans incidence décisive à ce stade. Il est cependant noté une volonté naissante d’instrumentalisation intérieure de ce dossier, ce qui justifie le maintien d’un suivi rapproché.

S’agissant du Grand Kah, les signaux recueillis indiquent une approche d’observation pragmatique. Aucune implication manifeste n’a été relevée, ce qui limite pour l’heure le risque d’une captation symbolique du processus à leur bénéfice. La vigilance reste néanmoins de mise, notamment par un contrôle attentif des expressions kah-tanaises dans les enceintes multilatérales et une préparation discrète de contre-discours en cas de nécessité.

Les instances actuelles de l’OND témoignent quant à elles d’une disposition favorable, orientée avant tout par des considérations de solidité logistique et de cohérence normative. Les efforts de consolidation engagés doivent être poursuivis avec rigueur afin de maintenir ce courant favorable jusqu’à la stabilisation définitive du dossier.

Dans cette optique, le Commissariat recommande :

– Le maintien affirmé de l’image d’autonomie stratégique de la candidature, notamment par l’activation visible de partenariats extérieurs diversifiés et le rappel, en opportunité, des fragilités inhérentes à une orientation exclusive vers Teyla.

– Une exigence accrue de rigueur dans le suivi administratif et procédural du dossier, afin d’écarter toute faille exploitable dans le cadre des arbitrages à venir.

– La mise en avant proactive d’initiatives de stabilisation régionale susceptibles de renforcer la légitimité de la candidature, telles qu’une intervention humanitaire ciblée ou une médiation technique dans un différend périphérique.

– La maîtrise stricte du récit accompagnant la candidature, organisée autour des axes suivants :

  • Stabilisation régionale.
  • Convergence normative.
  • Pleine souveraineté coopérative.

À ce jour, la situation demeure sous contrôle. Le niveau de menace se concentre essentiellement sur les risques de perturbations procédurales internes, que le dispositif actuel permet de contenir.

Le risque majeur identifié concerne la possibilité d’une obstruction prolongée au sein des commissions de travail. Pour y répondre, il est envisagé de renforcer la démonstration des apports concrets de la candidature au système multilatéral, y compris en consentant, si nécessaire, certains ajustements tactiques sur des points symboliques afin de préserver l’avancée générale.

En complément, une attention particulière doit être portée à toute tentative d’appropriation discursive excessive par des partenaires tiers, notamment le Grand Kah. Des dispositifs d’ajustement sont d’ores et déjà prêts à être déployés afin de garantir une présentation équilibrée et conforme aux intérêts confédéraux.

Le Commissariat aux Affaires Étrangères et à la Conciliation reste mobilisé pour accompagner, encadrer et sécuriser l’ensemble des phases restantes du processus, en coordination avec nos partenaires agréés et sous l’autorité constante de Madame Layla Rosenstock.
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Émise par la Protectrice de la Révolution, capitaine inquisitrice Godelière Thiers
Classification : Restreinte – À l’attention exclusive du Commissariat aux Affaires Étrangères et à la Conciliation de Mährenie

Objet : Accusé de réception et soutien tactique au processus en cours

Citoyenne Layla Rosenstock,

Je prends acte avec considération du rapport établi par vos services relatif à la candidature conjointe Manticore / Bandarhan, dont j’ai pu apprécier la rigueur analytique et l’équilibre diplomatique.

Bien que cette note ne m’ait pas été destinée formellement, elle m’est parvenue par les circuits ordinaires de l’Égide, ce qui m’offre l’opportunité de manifester ici, en toute transparence et bonne volonté, la pleine disposition des autorités kah-tanaises de secteur à faciliter la conduite harmonieuse du processus, ainsi qu’à soutenir discrètement les efforts stabilisateurs que la Confédération mährenienne promeut dans la région.

Je confirme à cet égard que toutes mesures jugées opportunes seront mises en œuvre localement afin d’éviter que des dynamiques parasitaires ou des initiatives non concertées ne viennent troubler l’avancée du dossier. Le Grand Kah, en sa sagesse, ne nourrit aucune velléité de captation ou d’ingérence dans ce contexte précis, et je veillerai personnellement à ce que cela demeure le cas.

Soyez donc assurée de mon entière coopération, tant dans la fluidification des interfaces logistiques que dans la neutralisation discrète de toute interférence externe susceptible de compromettre la stabilité des travaux engagés.

Veuillez considérer cette transmission comme un geste de confiance et de continuité constructive entre nos administrations respectives, dans l’esprit de respect mutuel qui préside aux relations entre le Grand Kah et la Confédération de Mährenie.

Je me tiens à votre disposition pour tout échange plus approfondi ou pour la mise en place de dispositifs complémentaires qui vous sembleraient opportuns.

Salut et fraternité,

Godeliève Thiers
Protectrice de la Révolution
Capitaine Inquisitrice du Grand Kah



Transmis à la Protectrice de la Révolution, Citoyenne Godeliève Thiers
Classification : Restreinte – Voies prioritaires Égide

Objet : Re : Accusé de réception et soutien tactique au processus en cours

Citoyenne Godeliève,

Je prends bonne note de votre communication et vous remercie d’avoir pris l’initiative d’en partager la teneur. Il est, à n’en pas douter, rassurant pour nos services comme pour nos institutions de pouvoir compter sur la vigilance constante et la coopération avisée des autorités kah-tanaises, dont vous êtes l’expression éminente sur notre territoire.

La mémoire collective mährenienne conserve la trace nette et durable du rôle que vous avez joué dans les circonstances décisives qui ont permis la libération de notre territoire et la mise en place du cadre communaliste que nous faisons vivre depuis lors. Il convient de souligner, sans flatterie déplacée, la justesse de votre retrait, en son temps, et la lucidité dont vous avez su faire preuve pour laisser place à l’initiative démocratique locale sans emprise ni interférence.

Cependant, vous comprendrez que la présence active de l’Égide, bien qu’appréciée pour ses capacités de stabilisation et son expertise, demeure source de préoccupation pour une partie non négligeable de notre population et de nos cadres administratifs, en particulier parmi ceux qui veillent à préserver l’autonomie confédérale dans toutes ses dimensions.

Nombreux sont ceux qui, à terme, envisagent favorablement l’idée d’un rapprochement stratégique approfondi entre nos Confédérations respectives, mais ce chemin demeure encore incertain, tant les équilibres politiques et sociaux internes à la Mährenie imposent mesure et prudence.

Dans ce contexte, je salue la retenue que vous appliquez dans la conduite de vos prérogatives, et me permets d’espérer que cette posture, équilibrée et respectueuse, puisse perdurer, assurant ainsi des conditions de travail optimales pour nos administrations respectives et, au-delà, pour nos populations.

Je vous propose que nos services demeurent en contact rapproché afin d’ajuster, au besoin et de manière concertée, nos dispositifs respectifs, dans l’intérêt commun et selon les principes qui nous animent.

Salut et fraternité,

Layla Rosenstock
Commissaire Confédérale aux Affaires Étrangères et à la Conciliation de Mährenie



Transmis à la Commissaire Confédérale Layla Rosenstock
Classification : Restreinte – Voies ordinaires Égide

Objet : Re : Re : Accusé de réception et soutien tactique au processus en cours

Citoyenne Layla Rosenstock,

Il est toujours réconfortant, dans ce genre de dossier où la technicité l’emporte souvent sur la simplicité des rapports humains, de pouvoir échanger dans cet esprit clairvoyant et cordial. La mesure et la finesse de votre réponse honorent la haute fonction que vous incarnez

Et puisque nous parlons de mesure et de prudence, je me permets d’introduire ici une suggestion beaucoup moins protocolaire : si votre emploi du temps et vos prérogatives le tolèrent, accepteriez-vous de discuter de ces éléments autour d'un dîner ? Mon premier choix s’était naturellement porté sur La Forge, mais mes agents — qui, comme vous le savez, prêtent une attention scrupuleuse aux détails les plus anodins — m’ont soufflé que vous tentiez de limiter votre consommation carnée.

Aussi, je me permets de vous recommander plutôt Le Second Quais, qui propose une carte végétale fort créative et une vue tout à fait acceptable sur le bassin est. Je vous promet d'attendre le plat principal pour mentionner le Grand Kah.

Faites-moi savoir si cela vous semble acceptable. Je tâcherai de libérer un créneau dans mes activités officielles.

Salut et fraternité,

Godeliève Thiers
Protectrice de la Révolution
Capitaine Inquisitrice du Grand Kah
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