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Base militaire de Porto Mundo - brève de conscrits

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Fin 2008, le Pharois Syndikaali vote l'installation de son centre de formation militaire à Porto Mundo, la ville sur le Fjord.
L'objectif assumé de ce changement est de forcer l'intégration des jeunes Pharois au cœur du monde cosmopolite des ports libres durant leurs deux années de service militaire.

Pays longtemps isolé du fait de sa géographie, séparé en communautés coupées les unes des autres, à la culture atypique, la montée en puissance du Syndikaali amène la prise de conscience qu'il ne peut plus vivre hors du monde.
Beaucoup de jeunes Pharois ayant grandi dans des petits villages portuaires ou des communautés de pêcheurs, les encourager à découvrir la richesse du monde extérieur est un enjeu qualifié de "civilisationnel" par les députés ayant voté le texte.
Le multiculturalisme, le multilinguisme sont autant d'atouts cruciaux pour la nation pirate, dont l'influence hors de ses eaux repose presque exclusivement sur les initiatives privées de ses diasporas et aventuriers.

Porto Mundo est une ville à la fois Listonienne et Albienne, située à la porte du Détroit, elle est choisie pour accueillir les cent-milles nouvelles recrues pharoises formées chaque année.

Ceci est leur histoire.
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ORDRE DE MOBILISATION
MARINE PHAROISE


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Petit poisson échappe mieux au harpon


Émis le : 24/10/2008
Ordre adressé au : citoyenne Eevi
Base militaire d'Helmi


Citoyenne,

J'ai l'honneur de vous adresser ce jour votre ordre de mobilisation à servir sous le drapeau noir, conformément à la loi du 18 septembre 1967 stipulant que tout Pharois et toute Pharoise est tenu de réaliser deux ans de formations militaires dans les cinq années qui suivent sa majorité.

La liberté n'est pas chose creuse. Elle ne s'improvise pas. L'histoire a prouvé que ses ennemis sont nombreux et que la tentation de la brader sont fortes lorsque les êtres humains ne sont pas outillés pour la défendre.

Ces deux années, citoyenne, ont pour objectif de vous former physiquement et conceptuellement afin de prendre les futures décisions de votre vie en femme libre et avertie. Elles comprennent, entre autre chose : formation à la navigation, au maniement des armes, apprentissage des langues étrangères, permis de conduire, formation en mécanique, sociologie, philosophie, économie et épistémologie, apprentissage approfondi de la nage et des sports aquatiques, présentation générale du Pharois Syndikaali et des services offerts ainsi que des filières académiques de manière générale (une attention particulière sera accordée à celles jugées stratégiques par le gouvernement).

Vous apprendrez entre autre la vie en communauté, les bases de l'hygiène, des premiers secours, la gestion du stress et de la panique.

De manière plus large, la formation se veut initiatique, elle vise à la fois à donner les bases et réflexes nécessaires pour les activités et entreprises collectives, tout en permettant à l'individu de se découvrir personnellement, dépasser ses limites et ses peurs dans un cadre sécurisant et exotique. Le contact avec les autres cultures et géographie est mis en avant pour permettre aux Pharois n'ayant jamais quitté le territoire du Syndikaali d'avoir un aperçu du monde extérieur et de ses potentialités.

Conformément au programme décidé le 9 octobre 2004 et réaffirmé ce 7 octobre 2008, votre formation suivra les étapes suivantes :

  • Accueil et formation premier secours, maniement des armes, organisation logistique.
  • Départ du port militaire d'Helmi pour un an et demi de voyage à travers le monde à bord de l'Opettaja, la frégate école du Syndikaali.
  • Retour au Syndikaali pour six mois de spécialisation militaire dans le domaine de votre choix, possibilité de passer ces six derniers mois à l'étranger, soit dans le cadre d'un partenariat militaire, soit dans une des bases militaires pharoises d'outre-mer (liste disponible en pièce jointe).
  • Cérémonie rituelle du bain de mer, validation de la formation et fin du contrat.

Vous trouverez ci-joint le détail des deux années sous forme de livrets thématiques.

Veuillez prêter une attention particulière aux pièces justificatives demandées par l'administration et l'armée, notamment celles portant sur les formes de maladie ou de handicape que vous pourriez avoir.

Veuillez également noter que cette année, la formation se déroulera sur la nouvelle base militaire de Porto Mundo. Le lieu de convocation est précisé, un document vous précisera tous les détails. Veuillez conserver à l'abri le ticket de bateau également dans l'enveloppe, en cas de perte ou de vol celui-ci ne sera pas remboursé.


Si ce document ou votre fiche personnelle comportait des erreurs factuelles, merci de nous en informer sans tarder afin d'opérer les rectifications nécessaires AVANT votre prise en charge par la base militaire de Porto Mundo.

Pour toute question supplémentaire, le numéro de téléphone inscrit au dos de la présente lettre vous est accessible de 8h à 18h tous les jours de la semaine sauf le dimanche.


SI POUR UNE RAISON PARTICULIÈRE VOUS NE POUVIEZ ÊTRE PRÉSENTE A LA DATE FIXÉE POUR LE RENDEZ-VOUS,
MERCI DE NOUS INFORMER SOUS 24H SANS QUOI VOUS SERIEZ CONSIDÉRÉE COMME DÉSERTEUSE.


Veuillez agréer citoyenne l'expression de mes salutations,
Au plaisir de vous compter bientôt dans nos rangs,
Capitaine Hannele, marine pharoise


Ce document est classifié stratégique. Si les circonstances faisaient qu'il vous soit délivré par erreur, merci de le retourner sans délais aux autorités administratives les plus proches géographiquement.
Les frais engagés à cet effet feront l'objet d'un remboursement, nous vous saurions gré de privilégier la vitesse.
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Première vague de cadets pour la base militaire de Porto Mundo

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Pour la cérémonie, chaque corps d'armée arbore les armes spécifiques à son domaine d'action.
Le masque à gaz en fait partie pour certaines unités spécialisées.

Ce n’était pas une mince affaire, tant les problèmes de retard sur le chantier de la base militaire de Porto Mundo faisaient craindre le pire, mais la cérémonie de passage des cadets de marine s’est déroulé avec succès, en présence du Doyen Makku et du ministre de la Défense territoriale, le Citoyen Sakari. Un baptême du feu pour le jeune ministre qui, deux ans plus tôt, se trouvait lui-même dans les rangs des cadets où il achevait ses deux années de service militaire obligatoire. Une situation amusante que n'a pas manqué de souligner rapidement le ministre dans son discours.

C’est un passage obligé pour les Pharois, à l’âge de dix-huit ans, ces derniers doivent quitter le foyer pour embarquer sur les navires écoles pour un voyage d’un an autour du monde. Voyage suivi d’une seconde année de professionnalisation, à terre cette-fois, dans les divers métiers de la marine. Une façon pour le Syndikaali de compenser des effectifs militaires numériquement relativement faibles comparés à certaines autres armées professionnelles du monde. Si on sait d’expérience que le Pharois peut compter sur la mobilisation de capitaines indépendants lorsque la mer est agitée, c’est en partie grâce à sa tradition de service militaire obligatoire que sa capacité de mobilisation s’en trouve accrue. Une tradition qui n’épargne d’ailleurs pas les diasporas pharoises : à moins que celles-ci aient choisi de renoncer à leur nationalité, les enfants nés à l’étranger n’échappent pas au devoir de conscription et sont appelés à se rendre au Syndikaali – parfois pour la première fois – pour y recevoir la formation aux armes et à la navigation.

C’est l’occasion pour les diasporas pharoises de se rencontrer et de nouer des liens. Dans un pays où une part conséquente de la population n’a cessé d’émigrer depuis plusieurs siècles, les communautés pharoises, dont la nationalité se transmet par le sol et par le sang, font montre d’un éclatement assez exceptionnel à travers le globe. A noter toutefois que le Syndikaali n’insiste guère si ses jeunes veulent se soustraire au service militaire, comprenant que des descendants de diasporas ayant coupé les ponts avec leur pays d’origine depuis plusieurs générations ne souhaitent sans doute pas couper dans leur vie pour deux années de service. Néanmoins, celui-ci est nécessaire pour un certain nombre de documents administratifs, dont la très précieuse licence de navigation dont tout officier de bord doit disposer s’il souhaite travailler sur un navire de la marine – y compris marchande.

La cérémonie joyeuse, quoique emprunte de mélancolie, où le Doyen Makku insista comme toujours pour réciter de la poésie devant les cadets, puis d’enchaîner sur une retrospective des deux années, un discours du ministre Sakari, puis des officiers en charge de la base militaire. Tout ça a duré trois longues heures jusqu’à ce que l’Amirale Iines ne conclue la journée sur un coup de carabine tiré en l’air. Comment souvent, le Syndikaali se passe de cérémonieux, l’important est ailleurs, et principalement dans la traditionnelle fête qui s’en suit la promotion des cadets. L’occasion de se « venger » des officiers-instructeurs qui ne se sont pas toujours montré très coulant pendant la formation. Le Capitaine Kaarle a ainsi fini jeté dans la mer aux alentours de 23h.

Banquet, chansons et tirs de feux d’artifices auront réuni plus de cinquante-mille nouvelles recrues qui réintégreront dès demain la société civile pharoise, après avoir rangé leurs affaires. Il s’agit certainement de la plus grande fournée de réservistes qu’ait formé le Syndikaali depuis très longtemps. Cela a été permis grâce aux travaux réalisés sur la base de Porto Mundo – travaux toujours pas terminés soit dit en passant, comme l’ont rapporté plusieurs cadets. Mais au-delà de la joie des cadets, ces chiffres sont, s’il en fallait encore, la preuve de la militarisation générale du monde, y compris de pays comme le Syndikaali où l’armée nationale n’a jamais véritablement été un élément culturel et politique central.

Reste que ce sont cinquante-mille jeunes gens que le Syndikaali s’apprête à relâcher à travers le globe, comme autant de petites vagues venant éroder distances et frontières entre les Pharois et le reste du monde. A raison de cent milles nouveaux réservistes par an, le pays pourrait bien, en quelques années, devenir la nation dont la plus grande part de la population est formée aux armes. Rien de bien surprenant pour le Syndikaali qui a toujours compté sur la société civile pour épauler ses forces militaires, mais depuis quelques années le gouvernement semble avoir pris le parti d’organiser un peu mieux tout cela. De là à penser que la société se disciplinera un peu, il y encore un faussé que nous ne prendrons pas la responsabilité de franchir.

Soulagement pour les familles, en tout cas, qui seront heureuses de retrouver fils et filles après deux longues années d’absence – entrecoupées de permissions, évidemment – à Porto Mundo. Ces-dernières ont d’ailleurs été conviées à la cérémonie, mais pour respecter la tradition, ne se sont pas jointes à la fête nocturne, dernier moment de camaraderie pour les cadets, avant d’être éparpillés tous azimuts. Une autre petite spécificité de cette promotion : elle est la première à se voir proposer, pour le retour, la prise en charge de billets d’avions pour des vols intérieurs et internationaux. Signe que le pays s’est définitivement tourné vers l’aviation civile ? En tout cas le gouvernement semble donner son approbation pour ces nouveaux moyens de transport, tranchant avec la tradition maritime pharoise. Il faut aussi dire que dans le lots des cadets, plusieurs centaines d’entre eux ont choisi de se spécialiser dans l’armée de l’air, formations ouvertes seulement depuis 2007.

Plus traditionnel mais particulièrement prisé est le cursus de sous-mariniers, une formation que, le gouvernement l'espère, pourrait créer des vocations dans le secteur civil où plusieurs projets d'exploration et d'exploitation des fonds marins ont déjà été mis sur le tapis. Cela concerne également le corps du génie, toujours demandeurs en architectes, techniciens et ingénieurs pour poursuivre la modernisation et le développement des infrastructures du pays. Plus que jamais, le Syndikaali opère sa mue et se transforme à vive-allure, requérant une main d’œuvre disposée à se plonger dans les arcanes de la science. Au-delà de l'aspect strictement militaire des formations proposées par la marine aux cadets, l'objectif est surtout de créer des vocations en donnant à voir le potentiel des secteurs en tension pour le gouvernement. Une manière, pour le Syndikaali, d'orienter un peu son économie, sans contrevenir aux grands tabous d'une société ultra-libertaire, et fière de l'être.
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Après plusieurs mois de travaux, la base militaire de Porto Mundo enfin achevée !

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C’est sous une pluie torrentielle qu’Edmundo Estrella, accompagné de plusieurs officiers de l’état-major pharois, ont inauguré le dernier bâtiment militaire de la base : la piste d’aviation et ses infrastructures de contrôle. « Les promesses ont été tenues. » déclare laconiquement le maire face aux caméras.
C’était en effet un accord passé entre le port-libre et le gouvernement pharois peu après l’intégration de Porto Mundo au territoire du Syndikaali : 50 milliards d'écailles pour la ville. Comme bien des choses avec ce-dernier, alliances et amitiés se confondent dans des contrats juteux. Pour Porto Mundo, c’était un accès à la route du nord, l’un sinon le plus riche marché du monde, et la protection de la flotte militaire pharoise. Pour le Syndikaali, un nouvel avant-poste dans le Détroit et le renforcement de sa position dominante dans cet espace maritime, historiquement sous contrôle du Royaume d’Albi. Sa capacité de déploiement désormais étendue à l’entrée ET à la sortie du Détroit, le Syndikaali achève de s’imposer comme le protecteur légitime de ces eaux.

En ce qui concerne la base de Porto Mundo, c’est également un soulagement pour les cadets qui se sont vu offrir plusieurs nouveaux espaces de vie et des équipements de dernière génération. La base militaire ressemble désormais presque à une ville dans la ville, devenue garnison. Des accords qui pérennisent la richesse du territoire, soumis à l’extrême concurrence des trois autres port-libres. Dans un espace maritime où les taxes sont réduites à peau de chagrin, occuper le secteur de l’armement en accueillant presque un quart de l’armée pharoise en garnison est une manne de revenus intarissable et promise à grossir encore.
C’est d’ailleurs tout le tissu économique de la ville qui semble en pleine transformation depuis bientôt deux ans, pour s’adapter à la nouvelle demande. Une aubaine pour les oligarques et fidèles d’Estrella – ce que ne manquera pas de souligner l’opposition au pouvoir municipal – car après avoir négocié l’auto-détermination de sa politique économique, Porto Mundo a fait le choix de ne pas lancer d’appel d’offre pour les grands marchés publics, mais plutôt de les distribuer à une poignée de mercenaires et capitaines d’industries arrivistes et triés sur des critères de loyauté envers l'hôtel de ville. Un choix qui en vaut bien un autre, selon les commentateurs proches du maire, bien qu’il tranche quelque peu avec les coutumes très libérales pharoises.

« Porto Mundo, ce n’est pas la Listonie, mais ce n’est pas Albi non plus. » conclue Edmundo Estrella avant de prendre ses distances, suivi tant bien que mal par son porteur de parapluie. On jurerait en effet voir s'éloigner sous la pluie battante un reliquat impérial, où le pouvoir se distribuait moins selon la valeur que la noblesse du sang ou la proximité affinitaire avec l'Empereur. Estrella règne sur Porto Mundo comme peut le faire Philipe Ongro III sur Listonia : en s'entourant de fidèles qui lui doivent tout, et à qui tout peut être repris.

Il n’aura donc suffit que de deux ans au maire de Porto Mundo pour trouver sa place dans l’écosystème des mers du nord et dans l’appareil stratégique du Syndikaali. Reste que face à pareil ascension, le mythe d’Icare doit nous revenir en mémoire. Les débats et l’attention médiatique entourant le processus de décolonisation listonienne mettent Porto Mundo sous le feu des projecteurs pour quelque temps, le rendant virtuellement intouchable, mais aucune situation n’est forgée d’airain. Si Edmundo Estrella ne parvient pas à se rendre indispensable, nul doute que les Pharois pourraient un jour ou l’autre envisager le projet de le remplacer, pour se débarrasser de la dernière épine listonienne fichées dans les territoires albiens.
Révélatrice de l’air du temps, cette plaisanterie qui se murmure dans les bars de la ville sur le Fjord : « Pourquoi Edmundo Estrella est-il surnommé le pilote du Syndikaali ? Parce qu’il est assis sur un siège éjectable ! »
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