Il est conseillé d’avoir lu au moins le résumé rapide de la Confédération kaulthique d’avant-guerre, et le « résumé » de la Guerre kaulthique, pour comprendre les enjeux de ce sommet.

21 avril 2009, Warenburg
Les citoyens warenbourgeois ont connu une peur constante ces derniers mois.
La ville a d’abord croulé sous les manifestations de mai et juin 2006 menée par les Libéraux contre le régime impérial en place. L’esprit des manifestants était animé par un agacement et une fatigue continus, cumulés depuis des années. Le régime isolationniste et élitiste du régime que l’on nomme désormais le « Premier Empire » était encore un régime privilégiant l’aristocratie, et, plus tardivement, la haute bourgeoisie.
Le mouvement libéral de Warenburg rassemblait à la fois des ouvriers voulant plus de libertés, des petits patrons voulant s’émanciper du système corporatiste limitant toute innovation venant du bas, mais aussi des intellectuels dénonçant un régime fermé et en déclin.
Ces manifestations, présentées ainsi, semblent être pleine d’espoir. Mais, pour ces manifestants, c’était le dernier souffle d’un peuple épuisé. Un souffle animé par la peur de ne plus voir d’avenir, et d’être enfermé dans le cycle constant de l’obéissance et du travail.
Toutefois, ce souffle eut la chance de rencontrer les querelles politiques des élites, et l’Empereur Franz vit dans ce mouvement une opportunité pour évincer les têtes couronnées qui s’opposaient directement ou indirectement à son pouvoir. Les déclarations de ce jeune empereur se tournèrent presque constamment vers la cause libérale, celle de la souveraineté du peuple et de la garantie des libertés individuelles. Mais son discours furent aussi tournés vers une Kaulthie unifiée, émancipé des gouvernements locaux hérités d’une féodalité encore récente.
Cependant, les discours de l’Empereur ne suffirent pas à atténuer la peur des Warenbourgeois. En Arovaquie, l’armée impériale rencontrait de la résistance, et à tout moment, les Arovaques pourraient renverser la balance, et punir les Kaulthes de leurs ambitions impérialistes. Dans le sud-est de la Confédération kaulthique, les Communalistes, aspirant à une démocratie décentralisée et sociale, prirent les armes et refusèrent l’autorité des dirigeants locaux. Les Libéraux kaulthes ne virent pas cette insurrection comme celle de leur démocratie, mais comme celle de ce qu’ils nommaient avec mépris « Anarchistes », et qu’ils considéraient comme des idéalistes révolutionnaires, qui cherchaient constamment le combat, et défiaient constamment l’autorité.
L’ « Anarchisme » subit alors les attaques d’une propagande intense non seulement de la part de la Couronne impériale, mais aussi des gouvernements locaux, des entreprises et des corporations. On pointait du doigt un discours incohérent et divisé au sein de ce mouvement, régie uniquement par un désir destruction. L’Anarchisme, pour les Kaulthes, ce n’était pas l’avènement d’un nouvel espoir démocratique : c’était l’anéantissement de la civilisation par des furies vengeresses.
Enfin, après la menace des Arovaques et des Communalistes, il y avait la menace de l’OTSK, l’Organisation du Traité pour la Sainte Kaulthie, une organisation réactionnaire menée par des dirigeants féodaux ligués contre l’Empereur. Au sein de l’OTSK, on comptait des fanatiques religieux rigoristes, dont le conservatisme effraierait même le plus conservateur des paysans. Si l’OTSK marchait un jour sur Warenburg, la croix sur les libertés du Peuple serait définitive. Et l’OTSK présentait une menace d’autant plus importante qu’elle était soutenue par de nombreux provinciaux, avides de voir s’effacer la menace du changement, annoncé par le régime impérial : on préférait le risque effrayant de devoir appliquer des principes moraux inimaginables pour le petit paysan plutôt que de laisser place à un régime libéral instable incapable de remplir une des fonctions fondamentales de l’Etat : protéger des sujets.
Toutefois, les Libéraux de Warenburg connurent au fur et à mesure de la guerre de petites victoires. L’avènement du Second Empire posait les premières pierres d’un régime certes fragile mais démocratique. Face à une majorité apolitique de la population, le mouvement libéral avait une chance assez forte de pouvoir enfin assoir ses revendications, et de les inscrire pour la première fois sur le papier kaulthe.
En octobre 2007, l’OTSK s’effondre. La Réaction paraissait vaincue, au moins sur le plan militaire, malgré la fuite de nombreux de ses leaders en Mährenie.
En mars 2008, l’Empereur abdique, laissant place à un gouvernement mené par le libéral Konrad Lindenbaum. Un cessez-le-feu avec le Valheim, le nouvel Etat proclamé par les Communalistes, est alors signé, et des élections sont annoncées.
La victoire libérale est très vite annoncée, bénéficiant de l’abstention de la majeure partie de la population, encore apolitique. Les trois partis qui se disputent la majorité sont tous trois libéral : le Parti Libéral défend un libéralisme politique et économique, et une ouverture très forte au monde ; le Parti National-Libéral défend un libéralisme politique et une économie nationaliste et protectionniste ; enfin, le Parti Chrétien défend un libéralisme, toutefois limité sur le plan moral.
La course au pouvoir se fait dans les règles de l’art. Les intellectuels, dont l’influence a redoublé grâce à ces victoires, s’assurent que les élections ne seront pas truquées. De nombreux mécènes permettent à tous les partis kaulthes de bénéficier d’un financement pour leur campagne.
Le Parti National-Libéral avait rencontré un succès fulgurant dans les sondages à l’annonce de sa création, se plaçant entre le Parti Libéral et le Parti Chrétien, et donc remportant les voix de nombreux indécis.
Cependant, la campagne a été bouleversée par un scandale médiatique autour des cadres du Parti Chrétien, notamment son dirigeant Christoph Popper, accusé de viols sur mineurs. Le Parti Chrétien s’est donc effondré, entrainant une réaction en chaîne : les électeurs les plus à droite du Parti Chrétien se tournent vers l’extrême droite, illustrée par la Ligue Conservatrice. Un climat de peur s’instaure alors parmi de nombreux hésitants, progressistes, face à un possible retour en arrière. Le Parti Libéral connait alors une hausse nette dans les sondages, hausse accentuée par une présence médiatique très forte, un soutien des intellectuels et une habileté rhétorique de ses meneurs, dont Jakob Möser, déjà connu comme l’un des premiers grands dirigeants du mouvement libéral, et Jorg Feigenspan, le dirigeant du parti.
Ainsi, le Parti Libéral a réussi à obtenir la majorité à l’Assemblée populaire, chambre basse du Parlement kaulthique. Après une habile négociation avec le Parti National-Libéral, Jorg Feigenspan a réussi à se faire élire Prince-Régent sur un programme d’unification national, de progrès en matière de liberté, mais aussi sur une ouverture au monde inédite pour la Kaulthie.
Après des mois de tensions et des années d’épuisement, c’est un nouvel espoir qui nait chez les Warenbourgeois. Feigenspan leur a promis la liberté, individuelle et collective, politique et économique, et la liberté garantie.
Aussi, Feigenspan s’est tourné vers le monde. Il veut ouvrir le mandat du Parti Libéral dans un spectacle sans précédent. Dans les heures qui suivent, il annoncera officiellement les trois premières mesures de son gouvernement, des mesures majeures :
- L’unification de la Kaulthie : les gouvernements féodaux seront officiellement abolis, même si la Mährenie et le Valheim resteront, de fait, indépendants pour l’instant.
- La proclamation de la République kaulthe : Feigenspan confirmera ainsi l’avènement d’un régime écarté du joug aristocratique, et dont la démocratie sera une valeur fondamentale.
- L’ouverture de la Kaulthie : Feigenspan proclamera officiellement la fin de l’isolation kaulthe, diplomatique autant que culturelle et économique. Il le fera devant plusieurs grands dirigeants de démocraties libérales. Aussi, Feigenspan devrait probablement annoncer la candidature de la Kaulthie à l’ONC, entamant ainsi un processus long, qui ne s’aboutira sûrement qu’après la guerre.
Il reste cependant plusieurs enjeux pour les Kaulthes, qui sont encore loin d’avoir atteint leurs objectifs : Feigenspan va-t-il entamer des réformes sociales, pour le peuple kaulthe encore trop exploité par les propriétaires terriens ? Va-t-il protéger l’économie et la souveraineté nationales, comme le voulait son homologue du Parti National-Libéral, Konrad Lindenbaum ? Va-t-il continuer la guerre contre le Valheim, ou va-t-il entamer des négociations pacifiques ? Va-t-il abolir toutes les institutions aristocratiques qui résident encore dans le système démocratique actuel ? Va-t-il réussir à convaincre à la fois les dirigeants internationaux et le reste du Parlement pour que la Kaulthie intègre l’ONC ?