Il se propose un retour d’expérience et se destine à servir de guide et de base de réflexion pour l’intégration potentielle future de nouvelles populations dans ces régions.
Migration, accueil et intégration, retour sur le nouveau pacte de fraternité
L'accueil de deux millions de réfugiés met à l'épreuve la capacité de planification des économies pharoise et prodnovienne
Introduction :
Le 1er janvier 2009, les douanes navales du Pharois Syndikaali, appuyées des ministres pharois et prodnovien de la Planification, rendaient publique leur décision d’accueillir sur leurs sols plus de deux millions de réfugiés et immigrants, Kah-Tanais, Damans, Vasques et à grande majorité Tahokais, ces deux derniers groupes fuyant respectivement les persécutions et discriminations dans leurs pays d’origine.
Comment les pays du nord de l’Eurysie ont-ils organisé l’accueil de ces populations, comment ces-dernières ont-elles commencé à s’intégrer au sein de ces territoires et cultures étrangères, quelles furent les raisons qui poussèrent plusieurs gouvernement à s’organiser ensemble pour accueillir un tel afflux de main d’œuvre ?
Et surtout, quels enseignements en tirer ? Quels échecs et quelles réussites ? Retour sur l’un des plus vaste déplacement de population du XXIème siècle et la manière dont celui-ci a été organisé par les pays d’accueil.
1. Recontextualisation :
L’accueil de quelques deux millions cinq êtres humains, a fortiori dans un territoire initialement peu peuplé (Note : Albigärk – Pharois Syndikaali – République Sociale du Prodnov – Porto Mundo cumulaient à eux quatre environ vingt-et-un millions d’habitants avant la migration), est un processus risqué requérant pour être mené à bien de bénéficier non seulement d’un contexte politique et économique favorable, mais également de s’appuyer sur la préparation pensée en amont des conditions d’accueil effective des populations concernées.
Une responsabilité attribuée au ministère pharois de la planification, en concertation avec son homologue prodnovien et les autorités albiennes et mundistes. Ces dernières appartenant à la sphère de libre circulation albienne, les questions démographiques sont traitées de manière collective.
Dans cette première partie nous énumérerons pour chacune de ces quatre entités politiques les causes et raisons ayant poussé à passer un appel à l’immigration, ainsi que les arguments les ayant justifiées auprès des populations autochtones.
Les raisons de la volonté pharoise d’accueillir sur son sol un nombre conséquent de migrants tiennent en deux points : économique et culturel.
Commençons par la question économique. Depuis 2004 et l’ouverture du Syndikaali au reste du monde, le pays a connu une croissance soutenue et ininterrompue ayant conduit à un enrichissement rapide d’une part conséquente de la population. Le système de circulation de la monnaie pharoise favorisant les investissements plutôt que l’épargne, la prospérité économique du pays s’est très concrètement réalisée dans un grand nombre de travaux de modernisation de l’environnement urbain, une montée en gamme – et donc en productivité – des outils et des conditions de travail, l’accès à la propriété privée et la réalisation d’ambitieux projets d’aménagement du territoire, notamment grâce à la création de nouveaux espaces industriels et d’investissements dans la recherche et développement.
Ce petit miracle économique, s’il a en moyenne permis de doubler le niveau économique de la population pharoise en cinq ans (note : cette statistique ne rend pas compte des fortes inégalités et du fait que la richesse soit principalement réinvestie dans l’appareil de production), a également eu un effet pernicieux dont le gouvernement n’a pas tardé à mesurer l'importance du danger : la pénurie de main d’œuvre.
Avec la montée du niveau de vie général, l’attractivité des emplois sous-qualifiés ou pénibles baisse. L’organisation du territoire en libres marchés locaux a permis d’augmenter significativement la rémunération des travailleurs de ces secteurs, mais elle n’a pas été suffisante pour compenser effectivement l’augmentation toujours croissante de la demande de main d’œuvre dans certains secteurs.
Note économique : le système autogestionnaire des quartiers, villes et régions laisse à ces petites échelles la responsabilité de subvenir elles-mêmes à certains de leurs besoins, tel que l’entretien du mobilier urbain, des routes et des canalisations, du réseau énergétique, etc. De fait, l’enrichissement des collectivités et sous-divisions locales a également augmenté le budget susceptible d’être alloué à ce type de travaux et donc a permis l’augmentation des prix. Dans un contexte de très faible chômage, la concurrence joue assez peu et valorise les salaires des travailleurs de ces secteurs.
Le problème du Syndikaali est tout simplement structurel : ayant favorisé une politique d’émigration de sa population pendant plusieurs siècles, il se trouve aujourd’hui en manque de bras pour faire tourner une économie qui, malgré ses succès, demeure dépendante de certains basses besognes pour continuer de tourner.
Malgré des salaires attractifs, pourquoi se faire éboueur lorsque tant d’emplois se créent dans des secteurs bien plus rentables et avec des conditions de travail plus agréables ?
La perception de plus en plus concrète de ce blocage structurel a sans doute permis au gouvernement Pharois de faire accepter assez simplement une forte immigration à sa population. Une immigration d’autant plus supportable qu’elle se concentre dans les grands centres urbains et industriels de la côte nord et des ports-libres, ce qui préserve les Pharois les plus traditionnalistes installés dans des zones moins peuplées et de toute façon moins modernes dont moins touchées par la pénurie de main d’œuvre.
La concentration de l’immigration dans la région du Détroit, historiquement cosmopolite car volontairement ouverte au reste du monde et située au carrefour de deux continents et de plusieurs pays albiens, lui a également permis de passer d’avantage inaperçue, les ports-libres ayant l’habitude de la présence de quartiers ethniques.
La seconde raison justifiant de lancer un appel à l’immigration est à chercher dans la culture pharoise, historiquement tournée vers l’émigration. Nous ne reviendrons pas en détail sur les raisons climatiques et économique qui ont poussé les habitants de cette région du monde à la fuir, mais une grande part de l’imaginaire des Pharois s’est structuré autour du départ, de l’exploration d’autres territoires et de la recherche d’opportunités loin de chez eux. On retrouve un grand nombre d’œuvres littéraires notamment pour en témoigner, mais cet état d’esprit se voit également dans les mœurs et les traditions pharoises.
Reste que sans doute pour la première fois, les Pharois ont un solde démographique supérieur à 1%. On estime en effet celui-ci autour des 5% de croissance démographique par an, du jamais vu dans cette région du monde.
Avoir recours à l’immigration est donc en partie perçu par les Pharois comme une forme de revanche et une démonstration de leurs succès, adressée au reste du monde. En d’autres termes et au risque de surprendre quand on sait les crispations que ce thème peut entraîner dans d’autres pays du monde : les Pharois sont fiers d’accueillir. Cela est vu comme particulièrement prestigieux et résonne très fort dans la culture nationale, habituée à se dénigrer et à reconnaître les limites du pays. Pour la première fois, celui-ci attire et peut se permettre d’être l’hôte d’autres populations. Parce qu'ils ont de tous temps été migrants, les Pharois sont plus susceptibles d'éprouver de l'empathie vis-à-vis de ceux qui choisissent à leur tour la voie du départ.
A cela s’ajoute également une certaine forme d’aversion pour les frontières et pour l’autoritarisme de manière générale, qui pousse les Pharois à faire preuve d’une certaine bienveillance vis-à-vis des réfugiés des dictatures ou pays oppresseurs, tels que les Vasques et Tahokais.
Il faut dire par ailleurs que ces populations accueillies, bien que beaucoup plus nombreuses, bénéficient d’un précédent. En effet, le Syndikaali a déjà accueilli plusieurs dizaines de milliers de Francisquiens, des anciens esclaves Elpides, des Prodnoviens fuyant la guerre et a intégré un grand nombre de Listoniens au sein de son corps social. Le phénomène d’immigration est donc connu et moins susceptible de susciter la peur et le rejet face à l’étranger.
Au-delà de ces situations de détresse, ce n’est pas la première fois que le Syndikaali appelle à l’immigration. On se souvient par exemple que celui-ci avait négocié avec les ports-libres plus de cinq-cents milles visas de travail en échange de concessions militaires. L’afflux de travailleurs étrangers est donc bel et bien un phénomène auquel les autorités pharoises ont eu plusieurs fois l’occasion de se confronter et de se préparer.
Ces deux aspects, économique et culturel, permettent de mieux comprendre les raisons ayant poussé le gouvernement Pharois à avoir recours à l’immigration.
Le cas de Porto Mundo est plus simple à comprendre puisqu’il relève quasiment d’une pure logique comptable. Au moment de l’intégration de Porto Mundo au Pharois Syndikaali sous le statut de port-libre, la ville a connu une forte émigration pour des raisons politiques et économiques.
Politiques d’abord : la gestion de la politique intérieure de la ville par le maire et ex-Gouverneur impérial Edmundo Estrella, qualifiée d’autoritaire par nombre de ses concitoyens, a contribué à faire fuir certains des éléments les plus progressistes et libéraux de la société mundiste. Ces derniers se sont en majorité dirigés vers un autre port-libre : la Caprice Coast, ex-colonie listonienne et ancien territoire albien rattaché au Syndikaali en même temps qu'Albigärk. La proximité géographique et la présence d’une grande communauté lusophone d’avantage acquise aux idées libertaires a encouragé une émigration politique pour fuir les formes larvées de répression d’Edmundo Estrella, ce-dernier n’hésitant pas à abuser de son autorité de maire pour compliquer la vie des ses administrés n’ayant pas ses faveurs, ou simplement pour favoriser ses proches.
Économique ensuite : si l’intégration de Porto Mundo au Syndikaali lui a permis d’éviter la ruine, l’adaptation du tissu économique et des infrastructures de la ville ne s’est pas faite en un jour. Alors que cette-dernière était encore en pleine reconfiguration politique, la proximité de la prospère Caprice Coast ou, face à la baie d’Albi, de la Commune d’Albigärk, ont naturellement encouragé à l’émigration d’une partie conséquente de la population, estimée autour de cinq-cents milles individus, soit presque un quart des habitants.
Amputé d’une grande partie de son capital humain, Porto Mundo a opéré plusieurs choix stratégiques pour attirer les financements, notamment pharois, afin de retrouver une forme d’équilibre économique. Demeurait un manque de population laissant des quartiers entiers à l’abandon et des services dysfonctionnels faute de main d’œuvre, allant jusqu’à pousser le maire à s’exprimer à ce sujet dans plusieurs interviews.
C’est finalement le recours à l’immigration, principalement tahokaise, qui relance certains secteurs économiques vidés de leur main d’œuvre. Une installation d’autant plus naturel que la plupart des infrastructures urbaines nécessaires à l’installation de nouveaux citoyens se trouvait déjà sur place et ne nécessitait donc qu’assez peu de travaux supplémentaires.
Par ailleurs, la croissance économique rapide de Porto Mundo dont le PIB a été multiplié par six depuis que la région a rejoint le Syndikaali, permet d’amortir une arrivée de main d’œuvre en situation de pauvreté. La reconfiguration rapide de l’économie mundiste pour venir irriguer les gourmandes infrastructures militaires pharoises et l’entrée dans le premier marché mondialisé ont obligé à une rapide et brutale adaptation du tissu économique locale, jusqu’alors centré quasi exclusivement sur le commerce. De sa décolonisation à janvier 2009, Porto Mundo se repensée et transformée d'une société à mi-chemin entre économie industrielle et économie de service. Un changement radical pour ce territoire dont la richesse était jusque-là à plus de 80% le fruit du secteur tertiaire.
Problème : l'absence de classe ouvrière, historiquement située à Listonia et du savoir faire professionnel qui l'accompagne empêche la bonne reconfiguration du tissu économique mundiste. Les colonies, dont la vocation était avant tout l’exploitation des matières premières ou des routes commerciales dans le nord de l'Eurysie, n'ont ni la population ni l'expérience nécessaire pour se réindustrialiser rapidement. Des travailleurs qualifiés et cadres du secteur tertiaire peuvent en effet difficilement reprendre le chemin de l’usine du jour au lendemain, quand bien même les salaires y seraient élevés. Il faut dire que le Syndikaali, dont les Mundistes sont désormais citoyens à part entière, offre des opportunités professionnelles infiniment plus attrayantes que la chaîne de production. Il fallait donc que Porto Mundo se reconstitue une classe laborieuse prête à fournir ses usines d’armement en ouvriers, et quoi de mieux pour cela qu’une population pauvre, globalement peu diplômée, et religieusement fascinée par la mécanique et l'industrie ?
En favorisant l’implantation de quelques cinq-cents milles Tahokais à Porto Mundo, Estrella garantit la paix civile et s'épargne une crise politique et ociale puisqu’il évite à sa population de se déclasser en confiant le sale boulot aux étrangers.
La question de l’accueil de populations immigrées par la Commune d’Albigärk est, bien que très documentée, sans doute la plus complexe et multifactorielle des quatre.
Dans un premier temps, il faut rappeler qu’à l’image des ports-libres, Albigärk est une ville largement cosmopolite, peut-être même d’avantage que ces-derniers. Ancienne capitale du Royaume d’Albi elle a vu coexister les nombreuses identités culturelles et ethniques de la péninsule pendant plusieurs siècles de domination de la part de la Couronne. Durant la deuxième moitié du XXème siècle, c’est la forte immigration de peuplement impulsée par l'Empire Listonien qui a forcé le mélange des populations locales à ces nouveaux arrivants. Enfin, au XXIème siècle, la reconstruction des universités et l’accueil de larges populations étudiantes dans le cadre d’accords de recherche internationaux a achevé de contribuer à la mixité sociale historique de la Commune, du moins au sein de ses cercles universitaires.
Si cette dernière ne s’est pas faite sans heurts, il demeure que le nationalisme albien a peu de sens à Albigärk où il n’existe pas vraiment d’ethnie majoritaire bien définie et dont la tradition politique anarchiste a peu favorisé le développement d’une conscience nationaliste. L'héritage de la Royauté demeure, mais il a été en grande partie étouffé par un autre récit national : celui de la révolution de 1820 qui a consacré la Commune comme un carrefour de culture et une matrice pour les valeurs universalistes.
Les frictions entre communautés albiennes et listoniennes sont toujours un sujet, mais elles sont d’avantage perçues comme émanant d’un contexte historique spécifique que d’un problème lié à l’immigration en elle-même, celle des listoniens étant trop spécifique pour être comparée à d'autres. Il est toutefois important de noter que le souvenir des tentatives de colonisation de peuplement impulsées par l’Empire a pu faire naître une certaine forme de suspicion de la part de certains couches de la population, y compris d'origine listonienne, vis-à-vis de l’installation massive de nouveaux arrivants.
Ce qui sauve la Commune d’Albigärk de ses démons est certainement son fonctionnement politique organisé autour d’Assemblée Générales qui fonctionne comme un garde-fou. Ces assemblées citoyennes, dominées par les étudiants, sont moins des organes de décision que des espaces d’appréciation de l’opinion publique quant à telle ou telle mesure politique et dont les différents acteurs de la société tiendront compte au moment d'agir.
Pour le dire plus simplement, Albigärk n’a jamais réellement eu à s’assumer comme un pays souverain dont la voix pèserait à l’internationale et devrait donc rendre des comptes de ses initiatives. En tant que capitale du Royaume d’Albi, elle n’était qu’une sous-partie d’un territoire plus vaste. Puis, ayant conquis son autonomie lors de la guerre civile, elle se greffe au voisin Pharois qui assure son approvisionnement énergétique, en nourriture et en matières premières. Presque exclusivement composée d'études et d'enquêtes sorties de ses universités, la production économique réelle de la Commune ne vaut pas grand-chose en dehors du cadre d’une entité politique plus large ce qui n’en fait, dans les faits, pas un véritable pays souverain économiquement. Le Syndikaali, qui s’appuie encore à cette époque sur les élites albiennes, tolère les extravagances de la Commune qui expérimente alors beaucoup sur le plan social.
Lors de la conquête par l’Empire Listonien, Albigärk passe sous contrôle d’un gouvernement colonial et perd donc sa souveraineté politique.
Ayant finalement repris son indépendance en 2006, la Commune revient à un modèle proche de celui en vigueur pré-colonisation, dans une forme de mélange entre autonomie politique et symbiose économique avec le Pharois Syndikaali.
En d’autres termes, la Commune d’Albigärk n’a jamais ressenti le besoin de se doter d’un véritable gouvernement et sa grande porosité avec le territoire pharois en fait plus une sous-entité politique régionale qu’une nation souveraine, ce qu’elle prétend pourtant être en théorie.
Considérant cela, l’accueil de populations étrangères est une décision prise avant tout pour s'aligner sur la politique d’accueil de son voisin. Faute de frontières étanches, Albigärk se contente de demander des financements pour l’accueil des réfugiés, et d’organiser leur installation en fonction de la planification pharoise.
D’un point de vue idéologique enfin, les facultés d’art et de sciences humaines se prononcent majoritairement en faveur de l’abolition des frontières et de la libre circulation des peuples. L’arrivée d’étudiants et d’enseignements étrangers étant globalement perçu comme une chose positive et enrichissante.
Le cas de la République Sociale du Prodnov est quelque peu similaire à celui de Porto Mundo et, dans une certaine mesure, du Syndikaali, mais demande malgré tout quelques précisions en raison du contexte politique très différent.
Lors de la crise du Prodnov, les deux oblasts de Galkovine et de Peprolov se trouvent du jour au lendemain coupés du reste du pays, soit des deux tiers de sa population active. Une perte sèche de travailleurs, de ressources et une destruction presque complète de l’administration qui requiert une réorganisation rapide de la société et de l’économie, alors perfusés aux capitaux pharois.
Le ballet électoral et la reconfiguration politique du pays à trois reprises avec l'élection de coalitions gouvernementales distinctes aboutit à l'arrivée au pouvoir de partis politiques ayant une conception particulièrement verticale et hiérarchisée de la société. Cette vision du bon fonctionnement d'un pays, basée sur la fermeté de l'exécutif, favorise l’émergence d’une nouvelle élite économique et politique, choisie en raison de sa proximité idéologique avec le nouveau gouvernement.
De manière générale, la séparation brutale de la République Sociale du Prodnov avec Staïglad la capitale dans un pays autrefois particulièrement centralisé laisse vacants un grand nombre de postes de cadres et d’emplois à hautes responsabilités et fortes rémunérations. L’avènement d’une société socialiste en voie de modernisation et la porosité des frontières avec la République Libre du Prodnov, couplée à une forte croissance économique entraîne une hausse du niveau de vie de la population et favorise des opportunités de carrière inédites.
L’ascenseur social est très rapide en raison de la doctrine communiste tournée vers l’éducation des classes populaires et le besoin de former en peu de temps de nouveaux cadres capables de faire tourner le pays.
Dans un cas similaire à celui du Syndikaali, le Prodnov se retrouve alors en manque de travailleurs manuels, faute, pour sa part, de pouvoir s’appuyer sur une industrie mécanisée à forte valeur ajoutée. Il faut pourtant des bras pour travailler aux champs et faire tourner les usines de la jeune République qui se rêve auto-suffisante sur le plan agricole d’ici quelques années. Le ministère de la planification passe alors plusieurs appels pour recruter de la main d’œuvre, en proposant des régimes spéciaux avantageux pour les fonctionnaires.
Par ailleurs, la nature a minima illibérale du régime de la République Sociale du Prodnov et la tradition historique de soumission au chef en vigueur dans la région favorise les prises de décisions unilatérales et sans réelle concertation de la société civile. A noter également qu'avec la double victoire du Parti Républicain Communiste du Prodnov aux élections et la réunification de Galkovine et de Peprolov, largement saluée par l'armée autant que la société civile, le gouvernement actuel bénéficie d'un certain état de grâce auprès de la population.
Pour ce qui est de la justification de la politique d’accueil du Prodnov, le gouvernement Malyshev a invoqué la tradition internationaliste et les intérêts partagés des classes populaires à travers le monde. Une récit qui s’inscrit parfaitement dans le projet politique et culturel défendu par la République Sociale et correspond assez bien au narratif élaboré par le régime prodnovien avant même que ne commence la crise. Si dans les faits l’immigration demeurait assez peu intense au Prodnov, en raison notamment de la faible attractivité économique et politique du pays, la croissance de la République Sociale justifie désormais d’accueillir chez soi des prolétaires étrangers. Il n’est à ce propos pas exclu que le gouvernement prodnovien soit sincère dans sa volonté de bâtir des ponts entre les différents peuples, le recours aux universités albiennes pour former les nouvelles élites politiques du pays ayant précisément été justifié par le souhait d’ouvrir la société prodnovienne à l’internationale. Un impératif politique aussi bien pour désenclaver le Prodnov, société historiquement centrée sur elle-même et tournées exclusivement vers les autres républiques communistes slaves, que pour acquérir des savoirs étrangers et procéder au rattrapage économique et scientifique promis par le gouvernement.
Conclusion recontextualisation
On voit dans chacun des cas décrits plus haut que la motivation pour avoir recours à l’immigration est principalement économique, mais s’appuie également sur des éléments culturels ou politiques mobilisés par les autorités pour présenter et justifier l’accueil des réfugiés à leurs électeurs.
Si à Porto Mundo, au Prodnov et au Pharois Syndikaali le recours à des travailleurs étrangers s’est révélé impérieux pour maintenir à flot des économies amputées ou risquant une crise de production, ce sont d’abord des éléments historiques et liés à la structure sociale des territoires qui sont convoqués.
Seul le cas de Porto Mundo se démarque de ce point de vue, l’immigration ayant été imposée par le haut, mais c’est également le territoire qui se destinait le plus naturellement à l’accueil, puisque souffrant d’une désertion de ses usines et quartiers résidentiels qui menaçait de faire trébucher le tissu économique locale ou d'entrainer un déclassement de la population.