25/02/2015
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TRANSBLÊMIE - L'heure des loups

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- Viens seul et tu connaitras la vérité.

Dans les collines du nord, l’homme masqué de noir pénètre une maison de brique, recouverte de mousse. Les fenêtres fermées d’épais rideaux ne laissent passer nulle lumière et bien qu’il fasse jour au dehors, seuls des chandelles éclairent l’intérieur d’une couleur tamisée.

- Mihai Cojocaru, le Grand Inquisiteur, quel honneur pour notre confrérie.

Trois femmes, une vieille, une jeune, et une d’âge moyen, se tiennent assises au fond de la maison. Leurs cheveux longs sont respectivement blanc, roux et gris. Elles ont les yeux clairs et des robes en toile et en chanvre, sur lesquelles on devine des motifs colorés.

Lui, debout, de noir et de cuir. Haut et musculeux, le visage dissimulé derrière son voile, sa tenue militaire et ses bottes boueuses contrastent avec la peau laiteuse et immaculée des pieds nus des trois femmes.

- Sorcières.

Il n’y a nulle hostilité dans sa voix, le constat est celui du bourreau. C’est au moins une voix d’homme qui résonne dans la maison, et non pas une de robot. Les soldats du Grand-Duc gardent leurs vibrateurs vocaux pour les palais et les bals. A la guerre, on doit pouvoir respirer correctement.

- D’autres que toi aurais déjà brûlé cette maison, sans oser y pénétrer, Mihai Cojocaru, qui es-tu que veux-tu savoir ?

L’homme se tait. Dehors il n’y a pas un bruit. Sa troupe est restée en bas des collinnes, laissant, à l’incompréhension des officiers, le temps au coven de s’enfuir. Il ne sera pas réduit aujourd’hui, mais deux-cents cavaliers vont plus vite que des femmes qui courent pieds nus dans les bois. Mihai Cojocaru a une radio dans sa veste. D’un mot d’ordre, il lance la grande chasse.

Il n’en fait rien. La radio est éteinte. Loin en contre-bas ses hommes ignorent ce qui se joue dans cette maison de sorcière. Il dégrafe son col, dépose son chapeau sur le sol. Il retire son voile.

- Changelin, souffle la sorcière.
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Autour d’un grand feu, un spectacle étrange se dessine dans les collines de Transblêmie. Hommes et femmes rient de bon cœur assis sur des troncs d’arbres abbattus. Des sorcières sur les genoux des cavaliers du Grand-Duc, têtes nus, les mains caressent les visages et se glissent sous l’ourlet des robes, on a retiré ses bottes et plutôt que les pistolets, les hommes tiennent des godets en bois remplis d’alcool de miel. Il y a autant de femmes que d’hommes, le coven a rallié les militaires, ou les militaires ont rallié le coven, c’est difficile à dire. Ce petit miracle s’explique par un autre spectacle, plus loin dans les bois. Cloués aux arbres, des officiers de Blêmes pendouillent en marmonnant la langue arrachée. Un sacrifice pour les anciennes croyances et les vieux dieux des bois, qui ont précédé l’avènement du régime fasciste du Grand-Duc. L’avènement des Blêmiens.

Au milieu de la troupe, le Grand Inquisiteur Mihai Cojocaru contemple son œuvre. C'est un allé sans retour, il le sait. Loin dans le sud, à Levanști, ses pairs complotent contre lui et montent des accusations. Il a jugé tant des leurs, son tour est venu à présent. Mihai Cojocaru doit tomber pour que le Grand Inquisitorat survive. Ils ne sont plus si nombreux que cela, désormais. Mais Cojocaru est loin, loin dans le nord, dans les collines, monté mater le coven qui fait tant parler depuis quelques mois, écraser la révolte des sorcières avec deux-cents hommes. C’est peau de chagrin, pensent Laurensiu Dalca et Alexandru Silivasi. Deux cents hommes, même fidèles, ça s’écrase dans une embuscade. Les chemins qui mènent au nord se ramifient, il faudra bien que Cojocaru emprunte la route des héros et suivent la rivière Râu. Alors on lui tombera dessus, on le traînera devant les tribunaux et on lui passera la muselière. Alors on sera débarrassé de lui.

Et tant pis si l’on n’a pas de nouvelles de Flavius Ionescu, l’officier infiltré. Les collines du nord sont loin, on ne peut pas lui demander d’être devant sa radio en permanence. Cela serait suspect.

Et allez les grands flamme ! Un peu de l’échafaud de bois qui brûle s’écroule sur lui-même tirant quelques hourra des hommes assemblés dans la forêt. Et les chevaux d’hennir et les soldats s’apostrophent, réclament les femmes qui remplissent leurs verres. Les diablesses ne sont pas que serveuse ce soir, elles murmurent à l’oreille des histoires interdites et tracent sur la peau nue, frissonnante, des messages en langues anciennes. On se couvre de rune, on se vêt de peinture tandis qu’on se dévêt. Mihai Cojocaru observe l’effusion générale. La vieille sorcière a posé sa tête sur son épaule, ses cheveux gris rigolent en cascade sur son uniforme. La jeune a passé une jambe par-dessus la sienne, d’un air négligeant elle dessine du bout du doigt une spirale infinie sur la paume de sa main. La troisième est absente. Celle d’âge moyen. D’âge fort. Elle a des rituels à parachever avant l’aube.

- Demain ils dessaouleront, Mihai Cojocaru, et se rendront compte que le plus dur est à venir.

- Pour des corps cintrés depuis si longtemps, leur faire goûter quelques heures au sabbat t’attirera leur fidélité.

Le Grand Inquisiteur demeure muet. Son poing s’ouvre et se serre, délivré de son gant.
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ARBITRAGE DE L'ESCARMOUCHE DE LA RIVIÈRE RÂU

ARBITRAGE CONFLIT

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Feu folet (ou d'alarme) sur la rivière Râu


MJ Conflit a écrit :A retenir:

  • EMBUSCADE ISOLÉE VISANT A SE SAISIR DE LA PERSONNE DE MIHAI COJOCARU POUR LE TRADUIRE DEVANT LES TRIBUNAUX

  • Grand Inquisiteur Mihai Cojocaru [document crypté], justificatif RP possible : [document crypté]
    Grands Inquisiteurs Laurensiu Dalca et Alexandru Silivasi [document crypté], justificatif RP possible : [document crypté]


PERTES*


UNITÉS DE GARDE-LOUP ENGAGÉES :

178 soldats professionnels (-32)
200 armes d’infanterie de niveau 11 (-32)
200 sorcières des collines du nord (-2)

UNITÉS INQUISITORIALES ENGAGÉES :

500 soldats professionnels (-121)
600 armes d’infanterie de niveau 11 (-121)

* les pertes de soldats annoncées sont assimilables à des combattants tués, blessés/mutilés, démissionnaires/déserteurs, capturés. Les ratios entre chaque cas sont à l'appréciation des parties concernées.

PERTES NON DÉCOMPTÉES, AFFRONTEMENT RP SOUHAITE PAR LE JOUEUR
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ARBITRAGE DE L'ESCARMOUCHE DE LA POURSUITE DE LA RIVIÈRE RÂU

ARBITRAGE CONFLIT

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Mise en déroute après l'échec de son embuscade, la cavalerie inquisitoriale tente de se replier dans les hauteurs des monts, les forces de Cojocaru sur ses talons.


MJ Conflit a écrit :A retenir:

  • POURSUITE DE L'EMBUSCADE, LAURENSIU DALCA, QUI MENAIT SON CORPS INQUISITORIAL, EST DÉSORMAIS EN DÉROUTE.
  • L'OBJECTIF DE COJOCARU EST DE LE CAPTURER.

  • Grand Inquisiteur Mihai Cojocaru [document crypté], justificatif RP possible : [document crypté]
    Grands Inquisiteurs Laurensiu Dalca et Alexandru Silivasi [document crypté], justificatif RP possible : [document crypté]


PERTES*


UNITÉS DE GARDE-LOUP ENGAGÉES :

146 soldats professionnels (-1)
168 armes d’infanterie de niveau 11 (-1)
198 sorcières des collines du nord (=)

UNITÉS INQUISITORIALES ENGAGÉES :

379 soldats professionnels (-202)
479 armes d’infanterie de niveau 11 (-202)

* les pertes de soldats annoncées sont assimilables à des combattants tués, blessés/mutilés, démissionnaires/déserteurs, capturés. Les ratios entre chaque cas sont à l'appréciation des parties concernées.

PERTES NON DÉCOMPTÉES, AFFRONTEMENT RP SOUHAITE PAR LE JOUEUR
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On a bloqué la mâchoire de Dalca dans une muselière de fer, comprimant ses dents dans une crispation douloureuse et maintenue. La force mécanique contre le corps humain, comme une effroyable subversion. Pourfendue par la sombre magie des sorcières du coven, les troupes inquisitoriales ont été mises en déroute au bord de la rivière Râu. Des feux follets ont donné l’alarme à Mihai Cojocaru et à ses forces, leur permettant de déjouer l’effet de surprise et de repousser la première attaque. Moins nombreux mais appuyés par des alliées inattendues, les sorcières embrasèrent les collines à la fin de la nuit et les cavaliers loups de se broyer les uns contre les autre, la supériorité de leurs armes anéantie face à une force égale en puissance.

Il faut les voir, les garde-loups de Transblêmie, silencieux et de noir vêtus, fondre dans la nuit, mélange archaïque de chevaliers eurysiens, harnachés comme des commandos modernes. L’œil sur la lunette, équipée d’infra-rouge et d’assistance de visée, le bruit étouffé du tir des snipers fend la forêt, les balles trouvent leurs chemins à travers les pins. Elles ne cueillent cependant que des leurres, l’armée de Cocjocaru avance par ailleurs, non pas à découvert comme le ferait une troupe en son pays, mais embusquée des embusqués. Les balles crèvent des illusions et l’infrarouge peine à percer la folie et le brouillard qui ne se dissipe pas. Il y a un parfum de sorcellerie.

Essoufflé, Dalca sait sa fin proche. Son cheval s’est brisé la jambe sur une racine, de toute façon il faut continuer à pied. Ses hommes débandent dans la forêt, seuls quelques-uns de ses fidèles l’accompagnent encore, sachant que Cojocaru n’aura pour eux aucune clémence. Leurs chapeaux pointus se griffent dans les branches basses, Dalca ôte son voile, imité par ses hommes qui y voient une permission. Il dévoile un visage grimaçant, cerné et balafré de trouille. L’aube. La nuit se dissipe et l’on sort du brouillard, enfin, quel enfer que ces montagnes. Quel enfer pour Dacla, d’avantage juge que chef de guerre, habile à manier la loi et la Question, moins à guider des forces pour tuer dans les bois.

Soudain, trois femmes sont devant lui. Il tire son épée d’apparat. Elle ne devrait jamais lui servir, hormis pour quelques exécutions rituelles. Devient-il fou ? Cojocaru s’est allié aux forces du coven, tout est clair, tout est devenu clair depuis que son armée a été massacrée par des rires et des flammes lointaines. Massacrée par la peur. Les inquisiteurs dévoilent fusils et pistolets automatiques.

- Au moins aurons-nous ces trois-là, dit l’un d’eux, plus revenchard que Dalca.

Lui, il les laisserait cent fois s’enfuir pourvu qu’on lui épargne la défaite et de tomber entre les mains de la Garde-Loup. La terreur qu’il déployait hier sur ses proies s’abat sur lui et il sent, dans le secret de sa cuirasse, qu’il s’urine dessus. La plus vieilles des trois femmes lui adresse un rictus alors il dérape, il s’étale dans les aiguilles de pin. Les femmes rient, Dalca garde le visage tourné vers le sol tandis que le bruit des fusils mitrailleurs se déchaîne pour les faire taire. Il attend que tout cela cesse avant de relever la tête. Un inquisiteur l’observe avec morgue. Qu’est-ce que cet homme qui prétend guider la croisade contre le sabbat et se pisse dessus devant trois sorcières désarmées ?

On l’abandonne. On reprend la course inutile. On ne fuit pas la Transblêmie. On ne fuit pas les montagnes. Derrière, le bruit des cavaliers se fait entendre dans la forêt et pour la seconde fois, Dalca s’urine dessus.
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La bataille de Levanști n’aura pas lieu

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Dans une hypocrisie effroyable, que seule l’impersonnalité des voiles permet, Alexandru Silivasi s’était rendu aux portes de la ville, entourée de ses inquisiteurs, pour saluer ses pairs. Face à lui, les deux cents hommes de Cojocaru, amputés d’un quart, tenaient en laisse Laurensiu Dalca et ses proches. Des cinq-cents qui étaient partis aux côtés de l’ex Grand Inquisiteur ne restait que peau de chagrin, et de nombreux bûchers sur la route de la rivière Râu. Cojocaru allait en tête, monté à cheval, Silivasi également. La plupart du temps, rien ne distinguait les Grands Inquisiteurs en apparence, pas même leurs voix modulées par les déformateurs, et ils se seraient tournés autour qu’on n’aurait plus su lequel était lequel. Mais Cojocaru avait les bottes crottée et l’uniforme plissé quand Silivasi s’avançait repassé de frais.

On se doute du regard que dû lui adresser Dalca à ce moment, celui avec qui il avait comploté et sans doute sur qui il avait compté pour le délivrer dans une ultime bataille, celui-ci par lâcheté se rendait à l’ennemi et consentait à rejoindre le tribunal inquisitorial pour le juger. Passé d’allié à bourreau, sur une défaite militaire. Ainsi était la guerre. Les mémoires veulent que tout le monde entende ce qui se dit entre deux grands hommes, mais l’histoire de Transblêmie restait à écrire et jusqu’à ce que le vainqueur soit définitivement déclaré, le vent emporta les mots feutrés que se prononcèrent Cojocaru et Silivasi. Aucun scribe n’est toujours dans le secret des dieux, il faut souvent attendre que ces derniers consentent à le révéler.

Quelques témoins affirmèrent avoir vu Silivasi hocher la tête et puis, faisant tourner son cheval, invita la troupe à rentrer dans Levanști. Le siège n’aurait pas lieu, la guerre se mènerait dans les salons.

Pendant quelques jours ce fut comme si rien n’avait changé en Transblêmie. Sur cinq Grands Inquisiteurs, il n’en restait certes plus que deux, et encore, un dont l’autorité semblait suspendue à sa docilité vis-à-vis du second. Il est difficile de savoir comment vivent les Transblêmiens au jour le jour, en particulier dans les grandes villes. Les montagnes secrètes ne portent pas ce nom pour rien et la concentration de bureaucrates et de militaires à la capitale en faisait d’avantage une ville-caserne qu’un véritable lieu de vie, pour nos standards contemporains. Toujours est-il que la Transblêmie ne sembla pas donner signe de frémissement et si le sleaks s’étaient faits plus nombreux ces derniers temps, ils ne donnaient qu’une vague idée de ce qui se jouait en vérité dans le pays. Une écume d’information, seule témoignage pour l’observateur étranger des vagues.

Officiellement, le Grand Inquisitorat préparait le procès de Laurensiu Dalca. Contrairement à ce que pouvaient raconter quelques grossiers commentateurs, la Transblêmie ne manquait ni de règles honnêtes, ni de recours et même l’ennemi vaincu sur le champ de bataille avait droit à une défense équitable. Pire que ça, le soin accordé au processus judiciaire, pour tout folklorique qu’il paraisse, était parfois bien plus respectueux des droits du prévenu que certains tribunaux modernes. Déjà, la justice avait des moyens conséquents, un budget honnête et assez d’employés pour ne pas précipiter les choses et offrir aux jurys et magistrats un temps raisonnable de réflexion et d’enquête, ce dont nos propres tribunaux manquent bien souvent. Certes la Question n’était pas, pour le prévenu, une partie de plaisir et certes il n’était pas rare d’arracher des aveux sous la contraire, mais la Transblêmie n’ignorait aucune des limites des tortures qu’elle infligeait et savait rendre irrecevable des témoignages extorqués par des procédés malhonnêtes ou peu fiables.

Comme dans de nombreux pays libéraux, la législation avait valeur politique. Rendre un jugement, c’était écrire la loi, par l’effet de jurisprudence. Or, la Transblêmie travaillait activement à faire advenir le millénaire et pour nombre de ses fonctionnaires, la mission du Grand-Duché avait une valeur existentielle. On ne jouait donc pas avec la loi, celle-ci venait structurer la société, une société martiale, avec les conséquences que cela implique, destinée à la guerre et à l’accomplissement des prophéties archéologiques, mais une société qui devait, à termes, incarner l’ordre et la prospérité de l'Empire. Quiconque aurait cherché à instrumentaliser la loi à des fins bassement carriéristes prenait le risque de voir ses pairs se retourner contre lui à un moment où un autre. Car les Grands Inquisiteurs n'étaient pas dupes et entraînés à aiguiser leur jugement pour dénicher les secrets des ennemis de Blême, ils ne perdaient pas leur lucidité lorsqu'il était question de se juger entre-eux. Après tout, sorcières, changelins et socialistes étaient des créatures rusées, les combattre demandait une attention de tous les instants.

Tout cela pour dire : la bataille de Levanști n’eut certes pas lieu, mais une autre se préparait à présent, une bataille juridique. Et les conséquences de celle-ci dépasseraient largement le simple cadre de l’énième exécution d’un Grand Inquisiteur.
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