Posté le : 06 avr. 2023 à 08:39:47
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Chronique : Prolégomènes à une vengeance
Chapitre I
Le poste de télévision cathodique illumine la vaste pièce enténébrée de ses lumières de couleur pales et blafardes. La cinquantaine de clarisses de la charité (OCC) du couvent de saint Belmont - qui est un orphelinat en Prima - regarde les informations dans la salle de détente du couvent comme elle le fait tout les soirs entre dîner et vêpres. Mais il semblerait que les nouvelles soient mauvaises en ce jour et le présentateur affiche un air plus grave qu'à l'ordinaire, un air de catastrophe comme il en arrive parfois en Prima, notamment quand il se déclare une guerre privée entre deux fiefs ou qu'un duel opposant deux personnalités célèbres a engendrer la mort tragique d'un des deux :
« Étrangers. Nous pouvons enfin confirmer le terrible bruit qui cour depuis quelques temps : les maisons des sœurs de l'OCC en Carnavale ne sont plus. Toute les sœurs ont étés arrêtée arbitrairement par les vassaux de la famille Dalyoha, une famille de bourgeois-apothicaires enrichie.
Le Roy a longuement manœuvré pour leur libération mais n'a pu rien obtenir de la crapule ou de ses complices. Les moyens de projection du Royaume étant limités, et le Royaume lui-même étant enclavé comme vous le savez, le Roy a estimé ne pas pouvoir monter d'opération de sauvetage à court ou moyen terme. Les sœurs, au nombre de mille, ont étés déportées dans une île du nom de Grand Hôpital, sise au large de la Mégalopole de Carnaval. Elle font l'objet de traitements dégradants, notamment attentant à leur vertu et leur honneur, et sont également droguée via les médecines de la famille Dalyoha.
Le Roy a déclaré ces dames perdues, et l'abbesse générale en fait son deuil. Sa sainteté le Pape vient de se fendre d'une bulle exceptionnelle excommuniant le chef de la famille Dalyoha, un certain Blaise, et invitant tout les fidèles le pouvant à lui nuire par tout les moyens à leur disposition... »
Une rumeur s’élève dans la salle tandis que le présentateur, pressé de changer de sujet, aborde une thématique moins grave dans l’indifférence générale. Des cris de colères, d'horreurs, des pleurs, raisonnes et l'hystérie s'empare de l'assemblée. La mère Louise de la Purification de NSJC, la jeune abbesse de 25 ans qui règne sur ce couvent, se lève de sa chaise au premier rang et se retourne vers ses ouailles pour les calmer par d'amples gestes qui ne parviennent cependant pas à cacher sa peine.
Elle parvient tant bien que mal à garder un semblant de calme et à inviter tout le monde à se rendre au Chœur pour prier. Les sœurs obtempères tant bien que mal, dans un certain désordre, et toutes se rendent à la chapelle sous le regard de quelques jeunes enfants que ce raffut à fait se lever du dortoir. Ils sont rapidement recouchés. Une bonne partie de la nuit passera en prières et cantiques pour la salut des sœurs en Carnavale. Ensuite, tout le monde retourne en cellule pour être en mesure de reprendre son travail le lendemain matin, au levé des enfants.
La mère Louise, qui depuis quelques nuits et contrairement à ses usages – usages contractés depuis ses seize ans (elle avait été élue abbesse à douze ans par pression familiale)- dormait seule du fait de ce que toutes ses « proches amies » étaient tombées entre les mains des carnavalais de la famille Dalyoha. Elle pleurait amèrement, moins la perte de religieuses de son ordre, que d'amantes de son cœur. Comme elle pleurait, elle ne fut pas réveillée quand une dizaine de sœurs entra dans sa cellule sans frapper et avec un grand fracas, la plupart d'un aspect hommasse et patibulaire et qui, pour la majorité d'entre elles, la plupart n'était pas du couvent mais n'étaient que des sœurs convers d'extraction paysanne et accueillies que pour l'entretien du bâti.
Elles sont toutes armées d'armes à feu (la possession d'arme est libre en Prima, mais pas le port qui est limité à la Noblesse et défendu aux Travailleurs et au Clergé) et semblant vouloir en découdre, Une géante musclée, la dégaine masculine presque caricaturale se détache du groupe et prend la parole une fois qu'elle est au pied du lit de la mère Louise qui, en chemise de nuit, semble terrifiée :
« C'est l'heure de la guerre, ma mère, habillez-vous vite, tout est prévue pour la Croisade... »
C'est ainsi que commence l'histoire curieuse du non moins curieux Ordre Militaire des Moniales Auxiliatrices du Seigneur. Le premier ordre monastique militaire féminin de l'histoire de la Chriétienté...