Posté le : 02 juin 2023 à 19:58:26
2699
« C’est bien simple, messieurs, je ne suis pas sûre que l’on trouve meilleur fusil dans la région. Ce que je veux dire, en fait, c’est que je ne crois pas qu’on ait déjà vu meilleur fusil fouler le sol du coin. »
La jeune kah-tanais parlait doucement, mais avec engouement. Depuis la première réunion, les choses s'étaient faite très rapidement, et les espions libertaires avaient, sans révéler l'ampleur de leur réseau et de leurs moyens, activement travaillé à l'accomplissement de la révolution promise. Elle était accompagnée par Camarilla, comme toujours, et il n'était pas bien clair si elle s'adressait à lui ou à ses amis.
« Pas que je sois une bandeuse d'armes, soyons clairs.
– Naturellement.
– Mais j'ai pu avoir un aperçu, c'est vraiment du beau modèle. Vraiment. »
L'autre acquiesça sans rien dire. D'une part parce qu'il n'avait rien à ajouter, de l'autre parce qu'il venait de repérer, un peu plus loin dans le grand hall, un type qu'il savait être un des agents de la conspiration. Dans les faits, eux-d'eux venaient coordonner l'opération depuis le terrain. En un sens ça avait toujours été leur mission ici. Distribuer des pots-de-vin. S'assurer que des camions banalisés attendent avec les autres, dans la zone de chargement, vérifier que les avions – il en arrivait assez peu, à part depuis la Loduarie – passent bien pour des appareils autorisés. On avait récupéré des transpondeurs civils qui avaient fuité lorsque certains appareils avaient été stoppés au-dessus du Vogimska. On avait établi tout un faux plan de vol, faisant passer l'avion par plusieurs pays alliés, au nom d'une société fictive d'import-export de machines-outils, qui devraient ensuite partir pour la rase campagne. A terme, une inspection minutieuse de la part des services secrets pourrait révéler la supercherie, sauf qu’à terme, il serait évidemment trop tard pour ça. De toute façon cela demandait déjà que les services secrets s’inquiètent, et il n’était pas dit que l’opération les alertes. Tout devait se faire avec le verni de la légalité. Ou, pour citer Mage, de façon « smooooth ».
Elle et Camarille se placèrent sur l'un des bancs, à côté de la grande baie vitrée donnant sur les pistes, comme s'ils attendaient que leur vol soit annoncé. D'ici ils pourraient observer l'opération. L'arrivée de l'action, l'arrivée des camionnettes de chargement, le transfert des caisses de munition.
« Hâte que ça soit fait. Mais tant qu'à faire on aurait dû amener des fringues.
– Pardon ?
– Tout le monde se sape en gris, ça commence à me taper sur le système. »
Il sourit à la plaisanterie, et enfila ses écouteurs. Lui devait surveiller les fréquences de la sécurité, juste au cas où. Elle allait, pour sa part, coordonner l'opération si nécessaire. Elle avait plusieurs agents dans la zone, qui pourraient réagir en cas d'urgence, et extraire le matériel avant l'arrivée de l'armée. Tout de même, les choses ne devraient pas se passer comme ça : on avait l’appuie de la police. En d’autres termes, c’était déjà gagné. Elle bailla, fit mine de trouver le journal de propagande qu'elle tenait très intéressant, et se renfonça dans son siège.
Bientôt.