- Divertissement - TÉLÉVISION
Posté le : 03 août 2023 à 16:39:33
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Posté le : 04 août 2023 à 13:08:46
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Bonsoir et bon retour à tous sur Cultura13, la Culture sur votre écran ! Ce soir, mesdames et messieurs, est un grand soir, et pas des moindres, puisque j'ai l'honneur d'avoir à mon bureau le fameux écrivain clovanien Léonard Molliac ! Monsieur Molliac, vous enchaînez les best-sellers depuis 5 ans, les femmes vous adorent et les hommes vous jalousent, et vous nous présentez aujourd'hui votre tout dernier roman : L'homme à la guitare. Pourquoi ce titre, Monsieur Molliac ?
Léonard Molliac :
Bonsoir. Et bien... avant d'écrire ce livre, j'ai été confronté à... comment dire ? Une crise existentielle. Rien n'allait dans ma vie, et mon existence sur terre commençait à me donner le vertige. Je ne me sentais plus à ma place dans ce monde ! Alors, un soir d'automne, je suis remonté dans le grenier familial. Stupéfait, j'y trouvai une petite boîte en carton, contenant les souvenirs écornés d'une enfance regrettée. Dedans, une photographie flétrie d'un homme rencontré sur une plage, et qui tenait une guitare. Immédiatement, la mélodie de ses accords parvint à nouveau à mes oreilles, et son regard enjoué me pénétra comme il l'avait fait alors. Cet homme, qui était devenu l'ami de mes parents, avait une histoire, et c'est cette histoire que j'ai choisi de raconter dans mon roman L'homme à la guitare, disponible chez votre libraire au modique prix de 28 Nariols.
Présentateur :
Quelle poignante histoire. Je n'ai pas encore eu le temps d'acheter votre roman, il me faut d'abord finir le précédent ! À propos, il semble que vous ayez trouvé un excellent rythme de publication, puisqu'il s'agit de votre cinquième roman du mois ! Mieux qu'en février, selon mes statistiques. Où puisez-vous toute cette inspiration ?
Léonard Molliac :
L'inspiration... Source de jouvence... Ou silence impalpable... Ha ha ! Je la trouve souvent en marchant dans mon village natal et en observant la nature, les paysans que je connais si bien. M'asseyant au bord d'un ruisseau et tendant l'oreille vers le chant d'un merle. Il se pose à mes pieds, et ses plumes blanches me sourient. Je marche encore plus loin, le long des champs, regardant le blé tomber sous les coups de pioche de ceux auprès de qui j'ai grandi...
Présentateur :
Passionnant, mais j'avais une autre question...
Léonard Molliac :
...ceux qui me regardent maintenant avec les prunelles emplies d'une légère fierté, et c'est d'abord en ces regards que je trouve l'inspiration, mais aussi dans les regards de tous ceux qui me lisent. Rien ne peut davantage me donner d'inspiration que de voir ces immenses files d'attente à mes séances de dédicaces. Tous ces gens qui achètent mes livres ! Tant d'individus prêts à débourser individuellement 28 Nariols chacun pour se procurer mon livre L'homme à la guitare disponible dès aujourd'hui chez votre libraire ! C'est principalement là que je puise la force de produire tant de romans : satisfaire mon public.
Présentateur :
À ce propos, quel rapport entretenez-vous avec vos lecteurs ?
Léonard Molliac :
C'est un rapport d'amour, avant tout. Beaucoup m'accusent d'écrire uniquement pour l'argent, mais l'argent ne tient qu'une place secondaire derrière tout l'amour qui existe entre mes lecteurs et moi. Je n'ai que faire que mon roman de la semaine dernière ne se soit vendus qu'à 13 256 000 d'exemplaires, je vous laisse faire la conversion en argent chez vous. Même si l'argent m'est nécessaire pour vivre, et que les fins de mois sont parfois difficiles, l'alchimie avec mon public pèse plus que tout. Cette relation est distanciée, certes, et je ne peux pas rencontrer tous mes lecteurs, vu leur nombre. Je ne peux entrer dans leur vie que par mon livre, et c'est cela qui est magnifiquement beau dans notre relation. Mon lecteur n'est personne pour moi, mais au moment où il achète un de mes romans, un phénomène immensément enrichissant a lieu, un lien à distance s'établit qui me lie à lui. Et à vrai dire, tant mieux si ce lien reste distancié, car en vérité je ne connais aucun de mes lecteurs. En dehors des séances de dédicaces où ils se procurent mes livres, il est inutile que nous nous rencontrions : l'alchimie aurait disparu. C'est aussi cet aspect de ma vie que j'ai souhaité retranscrire dans mon dernier roman Le prix de l'écriture, disponible chez tous vos libraires au prix de 28 Nariols, trois achetés, le quatrième offert.
Présentateur :
Monsieur Molliac, vous confondez ! Vous parlez de votre roman de la semaine dernière.
Léonard Molliac :
Oh ! Au temps pour moi. Enfin, peu importe. D'ailleurs, procurez-vous vite mon tout dernier roman La parole est d'argent, qui vient tout juste de sortir au moment où nous parlons. Seulement 26 Nariols chez votre libraire, avec 20% de réduction si vous en achetez 5 !
Présentateur :
Eh bien, ça nous fait de la lecture, n'est-ce pas ? Je rappelle que le nouveau roman de Léonard Molliac L'homme à la guitare est disponible chez votre libraire pour la modique somme de 28 Nariols, ou 30 Nariols avec une dédicace ! Chers téléspectateurs, l'interview touche malheureusement à sa fin, je vous souhaite une excellente soirée à toutes et à tous, on se retrouve demain soir sur Cultura13.
Posté le : 30 oct. 2023 à 21:26:37
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Avec Quiz et Compagnie, fini l'ennui ! Du bruit, du QI, et tout ce qui s'ensuit, pour grands et petits, c'est la folie jour et nuit !
Le tout nouveau jeu de société de MoneauxJeux vient tout juste de sortir dans les rayons des magasins et peut d'ores et déjà trouver sa place sous le sapin !
Conçu pour amuser petits et grands, Quiz et Compagnie permet un enrichissement culturel et émotionnel exceptionnel pour toute la famille !
Avancez sur le plateau, gagnez des points, et tentez d'arriver le premier ! Durant votre parcours, vous aurez à répondre à des questions sur tous les domaines de la culture : sport, histoire, littérature, et même sciences !
Jeux pour tous !
Posté le : 27 nov. 2023 à 17:45:58
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Posté le : 28 nov. 2023 à 00:49:27
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Notre héros, dans lequel nos téléspectateurs ont reconnu le célèbre acteur Robert Herlianovitch, est entouré de quatre camarades qui avancent de concert dans la végétation, braquant avec méfiance leurs armes devant eux. Tous avancent lentement. Les yeux gris de l'homme que nous avons déjà décrit sont fixés sans aucun trouble vers l'avant, scrutant l'épaisseur inconnue de la jungle. Soudain, un filet tombe des arbres et enserre les cinq soldats clovaniens. Ces derniers tentent de tirer au hasard mais une dizaine de soldats noirs sortent des broussailles pour les désarmer. Leur but est de faire des prisonniers. La poignée d'homme qui vient de surgir est habillée de vêtements informels, tous plus ou moins abimés, et à leurs poings sont rivés des pistolets. Leurs armes sont diverses, témoignant d'un manque d'organisation et du fait que ces malfrats ne sont point issus d'une armée étatique, mais bien d'une milice illégale. C'étaient eux que les soldats du Lion venaient débusquer, et voilà qu'ils sont eux-mêmes pris au piège et doivent se ranger en fils indienne, les mains ligotées et la tête basse. Le groupe de miliciens les guide vers quelques motos garées en contrebas, sur lesquelles les prisonniers clovaniens doivent monter, derrière un pilote noir. Avant cette courte manœuvre, les soldats ennemis demandent à chacun nom et prénom afin de le noter sur un petit registre. Lorsque le tour de notre héros arrive, il lève ses yeux clairs vers son adversaire. Montrant les dents, le dos droit et les épaules en arrière, il déclare d'un ton ferme et imposant : "Pierre Vincentévitch de Malmaison."
Les cinq soldats clovaniens sont donc ligotés derrière les motos des malfrats, lesquels entreprennent au plus vite de sillonner la jungle. Les visages des Clovaniens demeurent impassibles, à la surprise de leurs ravisseurs. Peu à peu, un gros plan se fixe sur les mains de Pierre de Malmaison, ligotées au-dessus de la roue arrière. Le soldat aguerri avait remarqué un petit bout de métal qui dépassait du garde boue, probablement formé par un accident ou par une fabrication maladroite. Cette péninsule salvatrice pouvait très bien convenir pour trancher toute sorte d'objet, comme par exemple les liens qui retenaient les puissants bras du solide soldat. Aussi, Pierre de Malmaison profite du bruit et des cahots de la route pour commencer de rompre les cordes qui lui attachent les poignets. Une fois la corde coupée, il s'en empare et, d'un seul coup, entoure la gorge de son conducteur. Celui-ci tente de se débattre, lâchant le guidon des mains. Pierre de Malmaison se redresse alors tout à fait, et d'un coup de pied habile, s'éjecte de la moto avant que celle-ci ne voie sa course stoppée par une chute mortelle. Se réceptionnant difficilement sur le sol de la jungle, il se relève et vérifie que son adversaire est hors d'état de nuire. Les véhicules qui conduisaient ses compagnons ont déjà fait volte face et se dirigent droit vers lui. Des coups de feu fusent, mais le soldat parvient à se faufiler parmi les arbres. Alors qu'une moto passe à côté de lui, il lui assène un vigoureux coup de pied dans la roue arrière tout en agrippant le bras du soldat ligoté derrière le chauffeur. Le deux-roues valdingue alors dans les broussailles et le camarade de Pierre de Malmaison se retrouve sur le sol. Les deux hommes se dirigent droit vers l'endroit de chute de la moto, trouvent leur ennemi écrasé sous celle-ci et s'emparent de son arme ainsi que du fusil d'assaut clovanien qui était stocké derrière lui. La bataille reprend alors, à deux contre huit. Avec une éclatante virtuosité martiale, Pierre de Malmaison abat deux hommes en moto qui se ruaient vers sa position. Les six autres décident alors de prendre la fuite, se contentant des trois soldats clovaniens dont ils avaient fait la capture.
Mais c'était sans compter le dévouement de Pierre de Malmaison et de son camarade, qui sont bien décidés à revoir leurs trois frères d'armes vivants. La course poursuite s'engage donc après que les deux guerriers aient enfourché les motos de leurs défunts adversaires. Zigzagant entre les arbres, les motos vrombissent dans un tonnerre de moteur. Lâchant son guidon d'une main, Pierre de Malmaison empoigne le rustique pistolet dont il vient de faire l'acquisition sur la dépouille d'un des malfaiteurs et vise la roue arrière d'un des fuyards. D'une unique tentative, il crève le pneu arrière de la moto et répète le même procédé sur les autres miliciens, qui finissent par ralentir. De Malmaison ne voulait pas, en abattant les pilotes, provoquer un accident qui aurait coûté la vie aux hommes qu'il considérait comme frères. Il attend alors que les motos soient descendues à une vitesse moins dangereuse pour les dépasser et entreprendre de viser leurs conducteurs. Avec une dextérité affolante, il envoie au Ciel trois de ses ennemis, offrant à ses compagnons la possibilité de se libérer. Alors en infériorité numérique, les miliciens, connaissant la naturelle magnanimité de leurs adversaires Clovaniens, décident de se rendre en lâchant leurs armes et en plaçant leurs bras au-dessus de leurs têtes.
La scène suivante, Pierre de Malmaison est vêtu du même uniforme mais propre et repassé. Ses cheveux sont impeccablement coiffés et il semble savourer un moment intense. Notre héros clovanien se trouve sur le siège d'un avion de l'Armée Impériale. Derrière le hublot s'étale les eaux claires du golfe des Merveilles, annonçant le retour triomphant du soldat sur le sol de sa patrie. Il est informé que l'avion atterri de manière imminente à Legkibourg. Pierre de Malmaison entame alors une courte conversation avec son voisin, qui lève alors les yeux d'un livre. Les deux évoquent ce qu'ils vont pouvoir retrouver en Clovanie. Pierre de Malmaison parle de sa femme avec passion. Voilà sept années qu'ils sont ensemble, mariés depuis trois ans. Ils projettent depuis longtemps de faire un enfant, et Pierre de Malmaison informe son compagnon que la couple voit dans les mois qui suivent une opportunité rêvée de concrétiser ce projet - celui d'une vie.
Mais avant le retour au bercail, l'heure est à la cérémonie. L'exploit que nous avons décrit vaut à Pierre de Malmaison l'étoile de guerre. Le respect qu'on lui accorde dans le bataillon est unanime et en lui se fondent de grands espoirs. Le plan suivant montre Pierre de Malmaison, entouré des autres membres du bataillon du Lion, dans une cour carrée entourée de colonnes de marbres, se faire décerné cet honneur national. Toutefois, malgré la joie de ce moment, une sombre lueur se dessine sur le visage du supérieur de Pierre de Malmaison. Il réclame à lui parler en privé, et Pierre obtempère. D'une voix grave, le Général lui annonce la triste nouvelle : sa femme a été enlevée en son absence, on ne sait par qui et pourquoi.
Posté le : 02 déc. 2023 à 11:36:49
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La route paraît longue, tant l'attente est grande, mais Pierre garde le pied enfoncé sur la pédale d'accélérateur jusqu'à l'apparition du panneau annonçant son arrivée à Grémielle. De là, il se gare devant sa maison, située en périphérie du village, non loin de l'église. Le village de Grémielle est principalement composé de fermiers et d'agriculteurs, mais aussi de pêcheurs, puisque la mer peut s'atteindre après quelques pas. Le centre du village est réputé dans les environs pour son marché, carrefour des produits régionaux. La vue de cet endroit tant chéri dont il avait été privé pendant plusieurs mois aurait dû causer à Pierre de Malmaison des larmes de joie, et aurait dû être accompagné d'une sincère et fusionnelle effusion avec sa femme tant aimée. Pourtant, aujourd'hui, l'ambiance est terne et le regard morne du soldat semble ne pas avoir quitté le champ de bataille. Pierre surveille son environnement, à l'affût du moindre indice ou de la moindre menace. Son premier réflexe, après avoir ouvert la porte de la maison, est de se diriger vers la cave, là où est rangé son fusil. S'en saisissant, il peut entamer une inspection méthodique de sa propre maison. Ayant effectué trois tours des lieux, Pierre de Malmaison s'assoit sur le fauteuil du salon, stupéfait. Rien n'a bougé, absolument rien. On aurait presque dit que le temps s'était arrêté depuis son départ en mission, mais il manquait quelque chose pour valider cette hypothèse, ou plutôt quelqu'un.
Pierre de Malmaison s'entête et entreprend d'effectuer un dernier tour des lieux. Inspectant une énième fois la salle de bain, il s'arrête devant le miroir. Sa face est bourrue, et sa barbe cache une mâchoire contractée par la colère. Soudain, il retourne son fusil et, de la crosse, assène un violent coup sur le miroir. Celui-ci vole en éclats. L'intuition du soldat expérimenté s'avère confirmée : une caméra se cachait derrière la glace, le fixant de son œil froid et mécanique. Pierre arrache la caméra de sa cachette et l'examine d'un air calme. Il se dirige vers sa caisse à outil et, à l'aide d'un tournevis, décompose l'engin afin de le désactiver. Il y cherche aussi le moindre indice qui pourrait le mettre sur la piste de sa femme. Rien. Une caméra absolument banale et bon marché. Cependant, une certitude a émergé dans l'esprit du militaire : cet enlèvement n'est pas l'œuvre d'un fou ou d'un simple voleur, il a été prémédité, préparé, et exécuté avec méthode, dans un but précis. Lequel ? Pierre de Malmaison n'a aucun moyen de le savoir.
Il sort de sa maison, respirant l'air du soir en réfléchissant à toutes les possibilités. Qui pouvait vouloir du mal à Alice ? Quel intérêt à l'enlever ? Était-il visé, lui-même ? Les malfaiteurs ont dû inspecter tous les agissements du couple. Ils savaient quand Pierre partirait en mission, quand la maison serait inoccupée pour y placer des caméras. Or, tout le monde se connaît à Grémielle. Des commerçants, des voisins auraient-ils participé à cet enlèvement ? Pierre prend une décision ferme : quitter la maison. Il n'y avait trouvé aucun indice, et il s'y trouvait potentiellement en danger. Jugeant que sa voiture était peut-être également pistée, Pierre se dirige vers l'écurie, là où se trouve Joseph, un beau cheval brun affectionné par Alice. Pierre l'enfourche et se met sur la route, sans but ni destination.
Son fusil dans la main gauche, il tient de la main droite les rennes de Joseph, s'éloignant sur un fond de soleil couchant.
Posté le : 17 juin 2024 à 20:20:14
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C'est du moins ainsi que se rassurait Pierre de Malmaison en chevauchant nerveusement sa fébrile monture, laquelle semblait partager les craintes de son maître. Joseph remuait en effet ses courtes oreilles et respirait bruyamment, comme pour manifester à son cavalier qu'il n'était pas totalement seul dans les plaines clovaniennes.
Le guerrier croisa la route d'une camionnette chargée de blé, et qu'un homme d'âge mur conduisait en fumant une vieille cigarette. Pierre décida de l'arrêter pour qu'il lui indique la distance à parcourir avant d'arriver au bourg le plus proche. Il avait tellement ressassé les dernières heures de sa vie qu'il n'avait pas fait attention au cruel passage du temps, lequel ne connaît pas assez la misère des hommes pour ralentir son cours. Le conducteur fronça les sourcils à la vue du fusil que tenait Pierre, mais daigna tout de même lui adresser une réponse.
"Encore trois bornes avant Pleural."
Pierre hocha la tête en guise de remerciement et poursuivit sa route, décidé à chercher dans ce village la trace perdue de sa femme Alice. Arrivé aux abords de Pleural, il reconnut quelques maisons, puis le parvis de l'église centrale : son père l'emmenait parfois dans ce village, à l'occasion des grandes fêtes. L'ambiance actuelle de la bourgade était bien éloignée de celle de ses souvenirs : les quelques mines entrevues par Pierre reflétaient la fatigue du travail et la préoccupation des besoins vitaux. Mais quelques éclats de voix parvinrent aux oreilles du militaire lorsqu'il s'approcha du Vieux Poltron, enseigne historique qui tenait lieu d'auberge et de débit de boisson, et dont quelques hommes décrépits que l'on appelle souvent "piliers de bar" soutenaient les croulantes fondations.
Pierre se dirigea vers l'édifice et en tira la lourde porte.