Posté le : 03 sep. 2023 à 23:55:10
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Son treillis intégral, ses rangers, son béret rouge (couleur du socialisme), apanage des forces spéciales, tout ça était invisible dans l’obscurité du port à conteneurs de Cap-Franc. Yahnik Sangaré avançait furtivement vers le point de rendez-vous, un pistolet à la main. Deux derrière, deux devant, quatre soldats l’escortaient avec des fusils d’assaut, en plus de trois autres positionnés en amont pour prévenir de toute arrivé des républicains. Arrivé au niveau du débarcadère numéro huit, le général confia son arme à son escorte. Il avait demandé à Tholossé de venir sans armes, il ferait de même. En guise de précaution, un fusilier de l’Armée Démocratique veillait depuis une grue. On est jamais trop prudent.
Il se positionna près du quai, de sorte qu’on ne puisse pas le pousser en une seule fois dans la rade mais sans être trop près des piles de conteneurs pouvant cacher un soldat clovanien, afin de laisser les plus larges possible ses options de fuite. Il n’avait jamais exclu que ça tournerait mal. En effet, il ne savait pas à quoi s’attendre de cet entretient. Il connaissait de Tholossé de réputation, c’était l’homme de confiance de l’empereur, un proche du Président, qui avait orchestré les manœuvres militaires de la République Impériale, mais aussi planifié (et on l’avait bien remarqué dans cette région) l’accaparement des ressources touristiques par les clovaniens. Un un mot : l’ennemi. Pour Sangaré, pas forcément l’ennemi numéro un, l’homme à abattre. Mais pour ses hommes oui, ça ne faisait aucun doute. Il était donc dans son intérêt que ce rendez-vous ne soit pas divulgué.
Il attendit cinq minutes avant que Tholossé arrive à son tour, également seul, visiblement désarmé. Sangaré ne savait pas s’il était escorté ou pas. Son escorte à lui avait ordre de ne pas tirer la première.
Il entama le dialogue, avec un ton toujours très policé qui n’en était pas pour autant un signe de bienveillance.
« Bonsoir, monsieur le délégué. Puis-je vous demander ce que me vaut l’honneur de vous rencontrer ? »