29 juin 2011, Port-Franc, Gondo.
Le rendez-vous entre le Délégué Impérial aux Affaires Gondolaises et le chef autoproclamé de l'Armée Démocratique avait été recouvert du secret le plus absolu. Sa tenue n'était parvenue à la connaissance que d'une poignée de haut gradés du système clovanien, et les hommes qui escortaient Ives de Tholossé au débarcadaire 8 du port nord-gondolais n'avaient probablement aucune idée de l'importance de cette courte entrevue pour l'avenir du pays qu'ils foulaient de leurs bottes. Le Délégué, comme on aimait à raccourcir son titre, trop long et évocateur d'une bureaucratie verbeuse, glissait son large corps entre les containers vides, espérant que le secret avait aussi été conservé de l'autre côté. La bonhommie dont il faisait parade la journée auprès du Président Flavier-Bolwou, lorsqu'il épongeait d'une feinte maladresse les gouttes de sueur perlant sur sa tempe sous les coups du soleil afaréen, contrastait largement avec la finesse de son regard, perçant la brume du port ce soir-là. Ses membres, se déplaçant furtivement et précisément, semblaient tout à coup allégés, et même si son obésité était toujours visible dans la nuit, on eut pu le confondre aisément avec un félin s'avançant sereinement dans le silence de la nuit, les paupières plissées cachant deux pupilles dilatées par l'obscurité.
Apercevant l'homme en qui il reconnut celui avec qui il devait s'entretenir, Ives de Tholossé fit signe aux soldats qui l'accompagnaient de rester en retrait. Cette conversation ne devaient être entendue de personne d'autre que ses interlocuteurs.
Apercevant l'homme en qui il reconnut celui avec qui il devait s'entretenir, Ives de Tholossé fit signe aux soldats qui l'accompagnaient de rester en retrait. Cette conversation ne devaient être entendue de personne d'autre que ses interlocuteurs.