En tenue cérémonielle, la Duchesse Alexandra accueillit avec grâce Awara Koyouri, s'inclinant avec respect.
-Bonjour à vous, Grand Man de Maronhi, je vous souhaite la bienvenue dans le Duché. C'est un plaisir de vous rencontrer, avec vous fais un bon voyage ?
L'air était étouffant. C'était l'hiver dans l'hémisphère sud, ce qui signifiait que dans les tropiques il faisait chaud ET humide. En effet, la journée était ponctuée de pluies, qui transformaient le bitume du tarmac en sauna sous le soleil de Sylva. Ne souhaitant pas s'attarder dans ces conditions, et puisque de toute façon les lieux n'y étaient pas destinés, Alexandra invita son invitée à la suivre dans une limousine. L'intérieur était climatisé, mais à une température raisonnable pour ne pas provoquer un choc thermique, et aussi parce que la Duchesse était si frileuse qu'elle pouvait avoir froid juste après avoir cuit au soleil.
Le trajet jusqu'au palais se fit sans encombre, escorté par quelques voitures et motos. L'hôte en profitait pour tenir la discussion et faire la présentation des avenues visitées et bâtiments observés dehors. En parlant de bâtiments, le voyage s'acheva au Palais de la Duchesse, édifice admirable de pierre et de bois. C'était un enchevêtrement de colonnes et voûtes de marbre dans lesquelles s'enlaçaient des charpentes de bois massifs. Étrange mélange typiquement sylvois.
L'aménagement intérieur était lui aussi d'un style sylvois assez bipolaire. Il y avait clairement un héritage traditionnelle dans l'ébénisterie, les tapisseries sur les murs, ou sur les fresques murales, mais le tout était élégamment marié dans un ameublement moderne : panneaux et lattes de bois ou encore des miroirs habillaient certains pans de mur, des rubans de LED serpentaient les couloirs pour fournir un éclairage tamisé, et des œuvres d'art modernes abstraite (que ce soit des cultures ou des peintures) ornaient les coins. Ces œuvres d'art, par ailleurs, attiraient l'attention. Elles étaient colorées, avec du caractère. S'il n'y avait de sens dans ce qui était représenté, ça l'était avec force. Les sculptures mêlaient spirales et pointes avec violence, et les peintures fusionnaient délicats brossages et brutaux coups de pinceaux.
La délégation déboucha dans un grand salon, s'installant sur de confortables fauteuils autour d'une table. Une grande baie vitrée donnait sur le fleuve, et des plantes habillaient la pièce. L'air était frais et pourtant il n'y avait pas de climatisation, seulement un toit bien isolé et une aération bien pensée pour maintenir frais l'intérieur sans dépenser d'énergie.
Les majordomes mirent à disposition quelques boissons (non alcoolisées) allant de l'eau aux jus de fruits en passant par des thés. La Duchesse prit un verre de citron-annanas-orange et pris la parole.
-Il y a plusieurs points que je souhaiterais aborder durant cette réunion, à savoir l'ouverture d'échanges économiques, académiques, culturelles, et la facilitation de la circulation de nos citoyens entre nos deux nations.
Pour commencer avec les échanges académiques et la libre circulation, je souhaiterais savoir si la Maronhi accueille des étudiants et travailleurs étrangers. Le Duché de Sylva souhaite se constituer une main d'œuvre qualifiée et multiplie les partenariats dans ce sens. Il est bénéfique de confronter les ingénieurs à différentes façons de faire pour enrichir leur savoir-faire. C'est tout naturellement que cette demande serait réciproque. Le Duché de Sylva est tout à fait d'accord pour accueillir des travailleurs et académiciens, et encourager ses enseignants à voyager à l'étranger aussi.
Elle ne tournait pas autour du pot, elle n'appréciait franchement pas ça et cela ne faisait pas partie de ses habitudes.