
Boris Slobodyan
Ministre des Armées de l'État de Réclamation Nationale d'Hotsaline
Vice-Président du Conseil de Réclamation Nationale de la République d'HotsalineMes chers collègues,
J'ai pris l'initiative de convoquer cette session afin que nous puissions traiter ensemble de plusieurs sujets relatifs à la défense de notre confédération. Bien que les économies de nos nations se soient plutôt bien remises des dommages subis pendant la guerre de 1994, force est de constater que, sur le plan défensif, la Kresetchnie souffre toujours des stigmates laissés par ce conflit. La défédéralisation opérée en urgence pour permettre la formation rapide d'unités locales assurant la défense des territoires bergrorish et avourgeois lorsque le pays a été coupé en deux par les forces raskenoises n'a pas été sans entamer solidement la cohésion de nos forces de défense. En parlent de cohésion, je ne fais guère référence à la solidarité qui continue de perdurer entre nos peuples au fil des décennies en dépit des peines et des dangers, mais bien à la capacité de nos troupes à opérer de concert en cas de menace réelle pour l'intégrité de la confédération. La dissolution de l'armée confédérale n'a pas seulement confié aux États membres la responsabilité onéreuse de la constitution de leurs forces de défense. Elle a également eu pour effet la disparition immédiate du commandement militaire unifié de la Kresetchnie, livrant nos forces à une désorganisation et une absence de coordination qui pourrait bien sonner notre glas en cas de nouvelle agression de la part de l'un de nos belliqueux voisins.
Je ne suis pas venu devant vous uniquement pour exposer des écueils évidents, mais aussi pour vous proposer des pistes de solution. Il est tout à fait concevable que la refusion de nos armées nationales respectives au sein d'une nouvelle armée confédérale unifiée puisse sembler abrupte au vu des écarts qui ont pu se creuser en terme de développement matériel et de doctrines stratégiques au cours des trente dernières années. Ce n'est donc pas la solution que je souhaite vous présenter aujourd'hui, bien que je vous doive l'honnêteté d'admettre que je caresse toujours l'espoir d'une restauration pleine et entière de l'unité de notre confédération dans un avenir pas trop lointain. Le jour où le gouvernement confédéral aura enfin retrouvé l'étendue des pouvoirs qui étaient les siens avant 1994 est celui où nous pourrons enfin dire que notre pays se sera pleinement relevé de l'affront subi sous les bottes raskenoises. En attendant que les circonstances soient plus opportunes, je pense que la reformation d'un commandement unifié constitue en revanche une mesure essentielle à la survie même de la Kresetchnie au cours des années à venir.
Nous pouvons, dans un premier temps, former un Commandement de Défense Confédéral dont la prérogative sera de prendre la direction des opérations militaires de l'ensemble des forces armées de la confédération en cas d'agression extérieure nécessitant une réponse commune. Cet état-major conjoint sera supervisé par un organe politique paritaire semblable au Conseil des États au sein duquel nous débattons actuellement. Nous pouvons le nommer sobrement Conseil Militaire. Il sera formé par des membres du gouvernement confédéral et des différents États membres, s'agissant principalement de leurs ministres de la défense ou des armées. Y seront donc représentés à la fois la Confédération de Kresetchnie, la République d'Hotsaline, le Klosterbund de Bergrun, la République de l'Avène Libre, la Répub... ahem... Principauté de Kaulthie des Altars, et enfin la République de Gradenbourg. Leur mission sera de nommer les membres du Commandement de Défense Confédéral, ainsi que de se réunir en cas d'agression extérieure afin de déléguer le commandement des armées des États membres à ce nouvel état-major conjoint.
En plus de cette réforme purement organisationnelle, je pense que nos forces ont besoin de s'assurer d'une meilleure interopérabilité afin de s'assurer de leur efficacité commune en cas d'agression contre la confédération. Je suggère donc que le Conseil Militaire nouvellement formé se voit aussi confier la mission d'améliorer la coordination entre nos forces en recommandant et planifiant toutes les mesures nécessaires. À titre d'exemple, il m'est avis que nous pouvons déjà anticiper une standardisation des protocoles de communication entre tous les corps d'armées de la confédération, ainsi que l'organisation d'entraînements communs visant à familiariser nos troupes avec les tactiques et doctrines de chacun de nos partenaires et les préparer à un engagement commun sur les différents théâtres à la topologie variée qui parcourent le territoire kresetchnien, ou pourquoi pas même à plus long terme une standardisation partielle des équipements et des types de munition employés par nos armées.
Dans un esprit de clarté et de synthèse, j'ai pris le soin de faire passer à chacun d'entre vous un petit billet récapitulant les différents points du projet de réforme que je viens aujourd'hui porter à votre connaissance.PROJET D'UNIFORMISATION PARTIELLE DU COMMANDEMENT MILITAIRE KRESETCHNIEN
- Création du Commandement de Défense Confédéral (CDC), un état-major commun assurant le commandement de l'ensemble des forces armées de la confédération dans les situations d'urgence
- Création du Conseil Militaire, une institution formée par les ministres de la défense ou équivalents des gouvernements de la Confédération et des différents États membres, avec les missions suivante :
- Nommer les membres du CDC et son commandant suprême
- Accorder au CDC le plein commandement des forces armées de la Confédération dans les situations d'urgence nécessitant une réponse commune
- Organiser le renforcement de l'interopérabilité des armées nationales en planifiant les mesures nécessaires (standardisation des communications, entraînements communs, standardisation des équipements...)
Avant de vous passer la parole afin que vous puissiez chacun vous exprimer quant à cette proposition, je tiens à aborder un second sujet relatif à la défense de la confédération, qui je crois doit être traité rapidement au vu des échéances qui approchent. Vous n'êtes très certainement pas sans savoir que l'Empire Raskenois organisera très prochainement un référendum au sein de l'Administration Militaire de Gradenbourg. Bien que son contenu et les options qu'il offrira aux votants ne soient pas précisément connus à cette heure, il est de notoriété publique qu'il portera sur la fin de l'occupation militaire de la région par Rasken et l'autonomie des territoires occupés. Il me paraît urgent de discuter de la réponse commune que nous apporterons à l'issue de ce référendum. Au vu
des évènements récents qui se sont produits sur place et de la polarisation extrême de la population placée sous le joug de l'occupant, il ne fait guère de doute quant au fait que dans le cadre d'un scrutin honnête, les électeurs se prononceront très majoritairement contre la poursuite de la présence raskenoise. Je vois donc deux scénarios possibles : soit le référendum organisé par l'Empire Raskenois n'est pas truqué et l'occupation est désavouée, soit le scrutin n'est que poudre aux yeux et donne un résultat aberrant qui ne fera qu'attiser la colère d'une résistance déjà radicalisée.
Considérant ces deux éventualités, nous avons donc deux réponses à préparer. Voici mes suggestions. Si le résultat du référendum nous est favorable, attendons de voir quelle est la réaction des autorités raskenoise, et à quelle vitesse les troupes occupantes quittent la région. Si les Raskenois tardent à se retirer ou tentent de finasser pour conserver une présence sur place au-delà d'un mois après la tenue du référendum, nous aurons toute la légitimité pour intervenir en faisant entrer nos troupes dans les territoires occupés afin de faire respecter à l'Empire ses engagements. De même, si Rasken ne prévoit pas une restitution des territoires occupés à la Confédération de Kresetchnie à l'issue du référendum, il nous faudra sécuriser physiquement ces territoires afin d'exercer une pression suffisante. À l'inverse, si le référendum est truqué et annonce Rasken vainqueur, la meilleure option me semble être de miser sur l'exaspération de la population pour faire entrer immédiatement nos troupes, le soir même du référendum, dans les territoires occupés afin d'en réclamer la souveraineté avec le soutien des habitants. Dans tous les cas, l'Empire Raskenois aura certainement bien du mal à tenir le front tout en gérant les émeutes engendrées par la résistance populaire sur place.
Je vous rends la parole à présent. J'espère que cet exposé vous aura convaincus, et je suis impatient d'entendre vos propres suggestions sur ces sujets capitaux pour l'avenir de notre confédération.