Posté le : 07 jui. 2024 à 04:09:37
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Pays producteur(s) : Duché de Sylva
Catégorie : Narration
Nom de l’œuvre : Le tyran de Mundulfari
Genre ou thème abordé : Mythologie, fantastique
Résumé : L'œuvre s'inscrit dans la continuité de la série de romans “Les Dragons de Phainon”, narrant un univers aux airs de mythologie grec sous une monstrueuse influence lovecraftienne. Autour de la géante gazeuse Phainon, orbite les dragons, abominables et indescriptibles créatures nées bien avant les étoiles. Maturées par une existence dépassant l'imaginable pour un simple mortel, leurs pensées, émotions et ambitions sont sans commune mesure. Territoriaux, ils se disputent dans des luttes grandioses le contrôle des astres, dont les lunes orbitant Phainon. Le récit compte jusqu'à présent huit tomes : Le Faux Dieu d'Ymir, L'invasion de Paaliq, L'Omnipotent de Siarnaq, la Vengeance de Tarvos, Duel entre Kivuq et Ijirak, Erédrius de Thrumr, L'Héritage de Skathi, et le Tyran de Mundilfari.
Chaque tome raconte l'histoire des Humains natifs d'Ymir dans cet univers, vénérant le Dragon des lieux, une entité éternelle quasi divine qui se dispute la domination des mondes avec ses semblables. Histoires après histoires sont racontées l'évolution des héros au milieu des natifs des autres Lunes, et de leurs Dragons tous plus ignobles les uns que les autres. Dans leur physique mais aussi dans leur psychologie, ce sont des êtres atroces dont les éternités d'existence et de lutte fraternelle en ont fait des montres d'une cruauté inconcevable. Ils bâtissent, tourmentent et détruisent des civilisations en infligeant des souffrances terribles avec une absence totale de remords, un plaisir vicieux et, pire encore, une totale conscience de la profondeur de leurs actes. La vie d'une planète entière n'étant qu'un éphémère clignement d'yeux pour eux, ils les enchainent et les balaient sans plus de considération, cherchant juste à surpasser leur fratrie.
Se tissent de cette façon les histoires de simples mortels qui par la ruse, la détermination ou les faveurs de Dragon, accomplissent les plus grands exploits pour des motifs bien différents. Pour servir leur dieu contre un autre, se défaire de l'influence d'un Dragon, en défier un autre, ou servir leurs propres ambitions, les mortels s'élèvent et rivalisent de malices et exploits.
Dans le Tyran de Mundilfari, est suivi l'épopée des Dziedrucks, créatures inhumaines vivant sur l'ensemble de restes d'un monde fracturé après l'affrontement de deux Dragons. Flottant au milieu de ce vide, le Dragon Monarptyque règne au cœur de son palais cosmique. Il dirige son royaume d'une poigne implacable par la simple force de son mental, qui écrase la volonté des Dziedrucks et les terrorise. Mais les habitants ne peuvent tolérer une telle domination séculaire qui va bien au-delà de la servitude : c'est la négation d'une espèce réduite entière à un simple objet de contentement, petit plaisir d'un million d'années qui se fanera, laissant place à un autre petit plaisir d'un million d'années pour un être qui en dépassera les éons.
Ne pouvant se résoudre à cette réduction, les Dziedruck se rebelleront par deux fois.
La première, Ozalizior mènera son peuple dans une guerre dantesque, bravant la panique frénétique qu'inspire Monarptyque. Ils iront jusqu'à son palais pour le défier au cœur de son domaine, massacrant les servants trop faibles pour résister à son emprise, détruisant ses vestiges. Mais cette révolution ne sera que d'une maigre envergure avec une pensée trop restreinte sur la durée. Que peuvent des mortelles à la vision réduite dans le temps, contre les plans d'un esprit éternel ? La révolte s'étouffe dans les limites qu'elle s'est elle-même fixée.
La seconde est plus subtile et vise une échelle de temps plus importante, allant au-delà des générations pour perpétuer ce combat. Monarptyque connait une défaite inenvisageable de par des êtres éphémères dont les actions se perpétueront au gré des éons. C'est un coup terrible pour lui, mais pas fatal. Les Dragons peuvent être blessés, meurtris, estropiés et marqués de cicatrices desquels ils tireront de la honte puis des leçons, mais ils sont éternels et ne meurent pas.
Monarptyque revient dans le troisième acte récupérer ce qui lui revient de droit selon une loi immuable : celle du plus fort, du plus rusée. Il détruit méthodiquement la résistance avec une profondeur plus trop gigantesque pour la vermine qui s'oppose à lui : il conçoit sa domination sur une échelle de temps dépassant celle de Mundilfari. Que peuvent faire des mortels dont les civilisations ne se poursuivront pas au-delà d'un dixième de cette existence ?
Commentaire : Série connue en Sylva, Le Tyran de Mundilfari connaitra un autre succès parmi les lecteurs toujours aussi passionnés par le traitement des Dragons : créature dépassant la conception humaine, leur perception de l'environnement, leurs objectifs et les raisonnements qu'ils y appliquent vont au-delà des limites spatiales et temporelles de l'Homme. Anastasia y rédige avec maitrise une essence mentale bien différente des pensées à “court terme” de l'Homme, donnant un aperçu de la psyché que pourraient éventuellement tenir des dieux.
Les échelles cosmiques abordées par Anastasia sont également très prisées. Les luttes sont éternelles, sur la durée et ne se réduisent à des victoires de l'instant. Ces combats laissent toujours un gout doux-amer : celui d'une détermination inébranlable, appelant à la lutte indéfectible, contre des adversaires immortels dont les atouts dépasseront à jamais les nôtres.
La lutte est individuellement vaine, et inutile à chaque ère, mais la persistance de ces luttes dans une culture, amène à une victoire et un accomplissement que ne connaitraient non pas les humains, mais l'humanité, la civilisation entière.
Collectiviste convaincue, Anastasia laisse par ailleurs des axes d'interprétation de ses travaux sans non plus laisser transparaître d'indices grossiers. Les héros qu'elle dépeint sont parfois dotés d'artefacts exceptionnels donnés par les Dragons, sinon d'une morale et malice permettant de se mesurer à des êtres éternels. Mais les œuvres ne sont jamais en faveur du déterminisme, pour au contraire être des odes au changement contre le courant des évènements. Les habitants de Phainon sont écrasés par la fatalité et nombreux sont ceux qui s'y résignent, aussi nombreux sont ceux qui échouent à s'y extirper malgré leurs efforts, mais les seuls qui y arrivent sont ceux qui seront allés au-delà des règles des Dragons et auront persévéré dans une volonté de liberté. Les Dragons sont impossibles à tuer, mais on peut les chasser et veiller à ce qu'ils ne reviennent pas. Jamais ils ne disparaitront complètement, mais peut se perpétuer l'esprit de défiance qui les empêchera d'établir à nouveau leur contrôle.
Anastasia ne conte pas que les victoires des mortels contre les Dragons, au contraire. Ce sont surtout les échecs qui apparaissent, avec leurs nombreuses causes. Et à chaque fois sont mis en avant les cheminements qui auront plongé dans la défaite les mortels, avec une empreinte que pourront, ou non, tirer des leçons leurs descendants.
Auteur(s) : Anastasia Canis
Date de sortie : 20 Octobre 2013