03/06/2015
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[PRESSE] La Prensa Libre

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La Prensa Libre

La Prensa Libre est le principal journal d'actualité de la Costa Suñoleja. Créé en 1974 quelques mois à peine après le Coup d'État de Juillet et l'établissement de la République Fédérale qui en découle, il est publié quotidiennement et lu par des millions de Sueñolejos à travers le pays malgré l'analphabétisme qui touche près de la moitié de la population locale. D'abord tiré en version papier et vendu pour 50 Pesos (2 $), il s'est doté en 2008 d'une version numérique en ligne nécessitant un abonnement payant. Il n'y a pas de petit profit.

Bien qu'il se revendique comme idéologiquement indépendant, ses actionnaires, parmi lesquels on trouve entre autre Manolo Solera, Pedro de Calderón et de nombreuses figures de la droite conservatrice, jouent un rôle prépondérant dans la ligne éditoriale que suit le journal qui se garde bien de dire du mal du Gouvernement ou de dénoncer les agissements condamnables de certains de ses membres tout en accusant la gauche et l'étranger d'être à l'origine de tout les maux du pays. Ses prises de position lui attire ainsi autant les faveurs de la droite que le mépris de l'opposition.
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La Prensa Libre
Édition du 17 Avril 2015

Le communisme enfin reconnu comme maladie mentale.
Par Jacobo Jacque, ingénu de formation

C'est une grande nouvelle pour les malades du monde entier : le très réputé Grand Institut d'Étude Psychiatrique et Neuropathologique d'El Águila (GIEPNEA), célèbre dans le monde entier pour être à la pointe des neurosciences depuis son ouverture en 1992, vient d'annoncer, par le biais d'Hugo Moreno, Directeur de son Service Communications, qu'il reconnaissait officiellement le communisme comme trouble mental et que des patients avaient d'ores et déjà étés admis au tout nouveau traitement révolutionnaire NAR (Négation, Adoption, Réinsertion).

En effet, le communisme, qui toucherait entre 6 et 8% des Sueñolejos, soit plus de deux millions de victimes plus ou moins touchées, peut provoquer des réactions très violentes telles que la collectivisation des terres, la chute des classes sociales ou la révolution prolétarienne, faisant des centaines de victimes chaque année.

Afin d'en savoir un peu plus sur ce handicap, nos fiers et nobles reporters ont bravés milles dangers, traversé les quartiers mal famés d'El Águila en métro grâce à leur carte abonnement hebdomadaire Kivavit à 100 pesos afin d'interroger le Professeur Fabio Vida du GIEPNEA à l'origine de cette reconnaissance.

La Prensa Libre : Professeur, pouvez vous nous en dire plus sur cette maladie qu'est le communisme ? Comment la diagnostiquez vous ? Quels sont ses symptômes ?
Professeur Fabio Vida : S'il peut paraître à première vue difficile de reconnaître les victimes de ce handicap tant les signes sont discrets, un observateur avisé pourra cependant aisément repérer quelques symptômes ne laissant que peu de doutes quant à l'état mental des pauvres victimes. Ces signes symptomatiques peuvent par exemple être une remise en question de l'État et de la société, un sentiment révolutionnaire et progressistes, des dons à des associations caritatives non-affilées aux bonnes et respectables institutions catholagniques ou encore un goût très prononcé pour la couleur rouge. On pourrait également citer le soutien aux initiatives sociales comme les droits des travailleurs par le biais d'appels à la grève ou à la manifestation qui sont également de forts signes de communisme... Mais ce qui fait, à mon sens, du communisme une véritable pathologie neurologique, c'est l'addiction au collectivisme qu'elle suscite et qui est pourtant contraire au principe de la liberté et au bon sens même. La société humaine est par essence fondée sur une hiérarchie claire et structurée entre les puissants, ceux qui commandent, et les faibles, ceux qui les servent. Le collectivisme, chargé d'amener à l'égalité et donc à la suppression de cette hiérarchie, va ainsi à l'encontre de la nature humaine telle que Dieu l'a conçue et qui nous a apporté tant de richesses à travers les âges. Le communisme produit ainsi chez ses victimes, un très fort attrait pour la destruction de la pensée humaine jusqu'à faire sombrer les personnes touchées dans la barbarie. Je pourrais résumer tout cela avec une simple comparaison : quelles sociétés reposent naturellement sur le collectivisme ?Pour toutes ces raisons, je classerai volontiers le communisme parmi les maladies neurodégénératives.
La Prensa Libre : Ben, je ne sais pas.
Professeur Fabio Vida : Exactement, les fourmis ! Les termites ! Les abeilles ! Des sociétés primitives reposant sur la répartition du travail et la collectivisation des ressources produites pour nourrir la ruche. Les communistes se prennent pour des insectes sociaux, tout simplement. Vous voulez devenir une fourmi ? Non ? Et bien c'est normal, vous êtes un être humain. C'est là le fondement même du communisme, pourquoi il doit être considéré comme une dégénération mentale : c'est un effacement de l'esprit humain au profit d'un cerveau de fourmi. C'est pourtant évident !
La Prensa Libre : Et comment devons nous agir en présence d'une personne atteinte de communisme ? Doit-on l'abattre à vue selon le même processus utilisé contre les immigrés ?
Professeur Fabio Vida : Non, non, surtout pas. Si vous rencontrez un communiste, c'est ainsi que l'on nomme les pauvres victimes de la terrible pathologie, le GIEPNEA recommande de ne pas tenter de le raisonner, ses troubles mentaux lui ayant également retiré toute logique et tout discernement, preuve une fois encore de la dangerosité de cette tare, mais plutôt, si la victime présente un comportement agressif, de le signaler aux forces de sécurités les plus proches qui se chargeront de les prendre en charge, ou , dans la majorité des cas, de tout simplement passer son chemin et de les ignorer. Il est en effet à noter que, comme beaucoup d'autres malades mentaux, seule une partie des communistes sont dangereux.
La Prensa Libre : Mais comment faire pour reconnaître un communiste dangereux ?
Professeur Fabio Vida : C'est simple : s'il appelle à manifester contre le gouvernement ou à lancer une révolution prolétaire contre la bourgeoisie, garante de la civilisation, de la démocratie et du bon développement économique et social de notre pays, c'est qu'il est dangereux.
La Prensa Libre : Mais comment se propage cette maladie au fait ?
Professeur Fabio Vida : Ah, et bien justement, le communisme est un trouble psychiatrique avec un mode de propagation très particulier. Il n'est pas génétique, ni transmit par une maladie infectieuse, ni par le stress ou l'environnement de vie mais par la propagande. Oui, la propagande, que ce soit à la télévision, dans les journaux ou même dans l'art, les personnes atteintes d'une sévère forme de communisme sont poussées à défendre leur cause ubuesque et à la diffuser. Les cerveaux les moins développés ou les esprits déjà fragiles sont ainsi spontanément infectés par la maladie dès l'instant où ils ont étés en contact avec une source de propagande. C'est ainsi que dans certains États comme la Loduarie, le communisme atteint des proportions inquiétantes car justement ses plus hauts dirigeants sont eux mêmes devenus malades suite à une trop longue exposition au communisme et pratiquent désormais une intense propagande diffusant d'autant plus la maladie. CQFD.
La Prensa Libre : Enfin, dernière question : en quoi consiste cette fameuse méthode NAR pour soigner les communistes ? Vous leur mettez une balle dans la tête selon le même processus utilisé contre les polythéiste qui refusent de suivre la voie du Christ ?
Professeur Fabio Vida : Et bien tout d'abord, la première étape, soit celle de la négation, consiste à pousser le malade à renier le communisme, le collectivisme et l'égalitarisme insensé. J'avoue que cette étape est la plus difficile de toutes et que nos experts n'arrivent pas à déterminer quelle peut-bien être la meilleure méthode pour y parvenir. Est-ce une éducation intensive aux dangers du communisme ? Des démonstrations de l'impossibilité d'une société collective ? Des prières quotidiennes et des offrandes à la main invisible ? De la lobotomie ? De la sismothérapie ? Ou tout simplement des semaines tortures comme nos ancêtres avaient l'habitude de faire lorsqu'il s'agissait de purifier les natifs stupides de leurs fausses croyances ? On pourrait également créer artificiellement des traumatismes chez les sujets en utilisant des stimulus négatifs comme des décharges électriques en présence d'images ou d'objets rappelant le communisme, comme de pauvres ouvriers syndiqués ou des manifestations pour l'augmentation des salaires, entraînant de fait une peur du communisme, et inversement des stimulus positifs en présence d'objets ou d'images rappelant le libéralisme économique, comme des liasses de billets verts, produisant à l'inverse une forte attirance pour le capitalisme. Ensuite, une fois que le patient a reconnu le mal qu'est le communisme et l'a renié, on pourrait le considérer comme guérit mais non. Il n'est pas suffisant de se débarrasser de sa maladie, il faut être sûr qu'elle ne reviendra jamais s'installer. Et pour ça quoi de mieux que de faire des patients de fervents capitalistes ? Ainsi, la deuxième étape, celle de l'acceptation, passe par l'éducation des patients aux beautés du capitalisme en leur donnant par exemple juste assez d'argent pour investir en bourse et voir leur portefeuille se remplir à vue d’œil pour leur donner envie d'en gagner encore plus. Enfin, la dernière étape, celle de la réinsertion, ne peut se faire que par le guérit seul sous la supervision discrète mais attentive de nos spécialistes afin de le suivre pendant trois à six mois pour vérifier le bon fonctionnement du traitement et prévenir toute rechute. Pour ce faire, nous conseillons au patient de pratiquer une activité économique hautement capitaliste et de rejoindre des organisations anti-communistes comme des partis politiques ou des bandes de jeunes racailles d'extrême-droite.
La Prensa Libre : Et bien, merci beaucoup pour cette entrevue très enrichissante. C'était très intéréssant.
Professeur Fabio Vida : Tout le plaisir est pour moi. Ça fera 1 000 pesos.
La Prensa Libre : Pardon ?

Mais comme une pièce a généralement deux faces, nous avons également pris soin d'envoyer nos courageux reporters dans une périlleuse nouvelle interview, celle de Bernardo Rata, ancienne victime du communisme ayant figuré parmi les premiers volontaires de la méthode NAR.

La Prensa Libre : Bernardo, pouvez vous nous dire comment êtes vous devenu communiste et comment viviez vous votre handicap au quotidien ?
Bernardo Rata : Je viens d'une famille pauvre donc comme beaucoup de gens de ma classe sociale j'ai toujours été exposé à la contamination. Il y'avait plein de jeunes de mon âge qui se teignaient les cheveux et s'habillaient en rouge, ils étaient sales et ils puaient mais ils ont quand même réussis à me transmettre leur maladie à cause de leur propagande égalitariste et progressiste. Je devais avoir pas loin de 18 ans quand je suis devenu communiste, à partir de là j'ai commencé à m'insurger contre toutes les inégalités que je voyais. Chaque fois que je rencontrais un mendiant j'étais obligé de lui donner quelques sous. Vous vous rendez compte ? Donner de l'argent à des pauvres ! Beurk ! J'en tremble rien à y repenser !
La Prensa Libre : Calmez vous monsieur, tout va bien. C'est fini maintenant, vous êtes guéri. C'est fini. Alors comment avez vous eu l'idée éclairée, je dirais même brillante voire lumineuse, de suivre le traitement NAR ?
Bernardo Rata : Partout où j'allais, j'étais discriminé à cause de ma différence. On me refusait des emplois par peur que je ne me syndique et que j'organise des grèves ouvrières. Je pense que les gens ne sont pas assez instruits sur ce qu'est le communisme et en quoi il rend la vie de ses victimes difficile. Il y'a vraiment un fort niveau d’intolérance envers les handicapés en Costa Sueñoleja malgré les progrès évidemment faits dans ce domaine ces dernières années. C'est pour fuir cette intolérance que je me suis porté volontaire pour le tout nouveau programme du GIEPNEA. J'ai trouvé une annonce dans un journal, je me suis rendu à l'adresse indiquée et j'ai été pris. Voilà.
La Prensa Libre : Pouvez vous nous raconter le déroulé de votre traitement ?
Bernardo Rata : Mon traitement a été assez long et difficile, il a consisté principalement en de longues semaines de tortures pour me faire perdre toute volonté et me pousser à rejeter le communisme. Je vivais directement sur le site du laboratoire où avaient lieues les expériences et tout les matins, pendant un mois, de huit heures à vingt heures, je subissais des chocs électriques ou d'autres formes de douleurs dès que j'émettais des opinions de gauche ou que je tentais de regarder des photos d'ouvriers miséreux. À l'inverse, quand j'émettais des opinions de droits bien réactionnaires, j'avais le droit à du gâteau ou des trucs du genre. L'objectif étant de créer un dégoût pour la gauche et un intérêt pour la droite vous comprenez ?
La Prensa Libre : Oui, je comprends parfaitement. Cela me parait en effet absolument limpide. Enfin, dernière question : aujourd'hui, à l'heure où je vous parle, pensez vous être guéri.
Bernardo Rata : Et bien, comment dire que sachant qu'il y'a quelque mois à peine je me sentais obligé de venir en aide à plus pauvre que moi, que je manifestais mon opposition à la politique capitaliste du gouvernement et aux inégalités et injustices qu'elle engendre et que j’appelais régulièrement les prolétaires affamés et miséreux à manifester leur mécontentement, à faire gréve pour de meilleures conditions de travail voire à se révolter contre l'État et les classes sociales tandis qu'aujourd'hui je suis devenu millionnaire grâce à l'exploitation illégale des migrants et des enfants que je sous-paye, des ouvriers que j'opprime et réprime en engageant des mercenaires ou des cartels, que je délocalise des usines dans des pays encore plus pauvre pour économiser quelques malheureux dollars de main d'oeuvre et que je défiscalise des millions de pesos dans des paradis fiscaux, je pense pouvoir dire sans me tromper que oui, je suis parfaitement guéri de mes vices.
La Prensa Libre : Très bien, merci beaucoup de nous avoir accordé un peu de votre temps lib...
Bernardo Rata : Ça fera 2 000 pesos.
La Prensa Libre : Excusez moi ?
Bernardo Rata : Je ne fais plus rien gratuitement. Même mes poignées de main et mes formules de politesse sont rémunérées maintenant que je suis guéri. La peur de rechuter, vous comprenez ?
La Prensa Libre : Bon, très bien.

En reconnaissant le communisme mais aussi l'homosexualité ou le polythéisme comme des maladies mentales, le très célèbre et reconnu Grand Institut d'Étude Psychiatrique et Neuropathologique d'El Águila et la très grande República Federal de Costa Sueñoleja s'imposent aux yeux du monde comme une référence internationale en matière de psychologie de pointe et de traitements psychiatriques révolutionnaires et comme un facteur de progrès majeurs dans le domaine de la recherche scientifique et plus particulièrement dans la compréhension de l'esprit humain pourtant complexe.
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