Carte des points d'intérêts, des quartiers et arrondissements de la capitale, Aserjuco (clic gauche pour agrandir)
FAITS NOTABLES PAR ARRONDISSEMENT 1 - Los Venerables L'arrondissement des vénérables désigne le quartier historique d'Aserjuco, encore emprunt de nombreux bâtiments hérités de l'ère coloniale forgée sous l'Empire d'Arobelas. Musées, bâtiments institutionnels comme le Tribunal de Grande Instance Fédérale, il traduit par sa forme et son fond, la grandeur de la capitale fédérale d'Alguarena. 2 - Luna dorada L'arrondissement de la Lune Dorée renvoie à l'effervescence continue de l'endroit, une effervescence largement défendue par la présence d'un commissariat, d'un aéroport international et sous un tout autre aspect, un club de charmes nommé "Perla Roja" ainsi que d'un grand restaurant réputé "Gran Cielo". Outre ces affaires florissantes, voire assimilables au luxe, le quartier abrite quelques villas d'exception.
2.A - ⬮ villa remarquable hautement sécurisée / Villa Aurelia, résidence secondaire d'Arlo Thurman.
2.B - Fosse clandestine - située à proximité de la gare et de la voie ferrée, les dépôts et zones d'évacuation des déchets tel que l’asphalte usagé utilisé sous les voies, favorise le débarras de corps et les exécutions, considérant l'absence de foules sur place.
2.C - Commissariat central, avec à sa tête la colonel Isabella de la Sierra, qui se fait une réputation d'incorruptible, jouissant d'un honorable crédit auprès de la population et de la municipalité. Aucun flic corrompu au sein de l'établissement.
2.D - Cimetierre "Arsenio Marupà, grand cimetierre de la ville, attenant à l’Église du même nom où il n'est pas rare d'organiser des hommages aux personnalités publiques décédées.
2.E - ⬮ Plateforme logistique clandestine, réceptionne et expédie un grand nombre des biens illicites de la pègre locale.
2.E - ⬮Restaurant "Gran Cielo", établissement légal destiné au blanchiment d'une part des revenus de la pègre, grâce à la fourniture de services de luxe.
2.F - ⬮ Club "Perla Roja", club de charme où se retrouvent vauriens et petites frappes pour se mettre au service de la pègre ou simplement prendre du bon temps.
2.G - Chaîne radiotélévisée "VivaVision", qui regroupe en son sein plusieurs chaînes télévisées privées, avec pour chacune d'elles des personnalités publiques de renom.
La villa Aurelia est une construction récente qui, au regard des normes et règles d'urbanisme visant à préserver le caractère historique du quartier "Los Venerables" n'a pu se faire qu'au sein du quartier "Luna Dorada".
Bien qu'entretenant un panorama des plus sympathiques sur les reliefs à l'Ouest d'Aserjuco, la villa Aurelia est finalement assez centrée dans la capitale fédérale, mais l'absence de résidence dans les environs immédiats de la propriété, confère à ses propriétaires une vue dégagée vers un horizon qui s'étend au-delà des extrémités de la ville. Bâtie dans le quartier de la Luna Dorada, la villa devait initialement être construite dans le quartier historique d'Aserjuco, le quartier "Les Vénérables" mais les contraintes administratives préalables au permis de construire, associées à d'autres contraintes d'ordre sécuritaire, par la présence de bâtiments institutionnels dans le coeur historique de la ville, avaient découragé les premiers propriétaires.
Des circonstances qui les invitèrent alors à se rabattre sur le quartier de la Luna Dorada, un district en plein essor où les commerces de luxe et la jetset s'y installait avec enthousiasme, comme en atteste la présence de clubs et restaurants de renom.
Toutefois, le rachat de la propriété par des familles mafieuses, notamment la famille Thurman, a refaçonné les rues environnantes et nourrit un second ordre dans le secteur, le parrain ayant acquis la faveur de plusieurs commerçants et riverains, se faisant un donateur et une sphère d'influence notable auprès de la municipalité d'Aserjuco.
La villa Au regard d'autres villas construites par des figures éminentes de la jetset aserjucoise, la villa Aurelia affiche un panache assez limité, entretenant davantage sa singularité par l'espace concédé à son installation qu'à son architecture. Le terrain environnant la propriété est effectivement un élément déterminant à sa sécurisation, les jardins étant couverts par des caméras extérieures ainsi que le passage de plusieurs vigies.
Tout autour de la propriété régnaient en effet de longues étendues herbeuses, agrémentées de plusieurs dizaines d'arbres et d'innombrables pieds de végétations tropicales. Des éléments de végétation qui longent de parts et d'autres une longue allée pavée, elle-même débouchant sur une double porte sécurisée. La résidence, étalée sur deux étages et un sous-sol, comportait plusieurs terrasses et corniches, autant occupées pour la relaxation de ses propriétaires que le passage d'un agent de surveillance.
Si l'extérieur paraissait relativement modeste, l'intérieur entretenait de nombreuses moulures et finitions ornementales, qui laissaient à penser que la villa avait davantage vocation à offrir espace, élégance et commodités à ses propriétaires, que faire office de tape-à-l’œil dans le quartier. Une résidence en définitive d'apparence extérieure harmonieuse avec son environnement, sans excès, mais dont pouvait allégrement se dégager une certaine élégance discrète. Un trait renforcé par l'emploi de matériaux traditionnels régionaux, à l'instar des ardoises et gros parements en pierres locales, destinés à sublimer le soubassement des murs extérieurs à la propriété.
Adoptant de grandes ouvertures vitrées et sécurisées à l'étage, ainsi qu'un haut porche à l'entrée, la villa se laisse facilement transpercer par la luminosité naturelle, renforcée par des teintes claires, partagées entre le jaune et le rosi.
Le carjacking tourne mal, après que deux malfrats aient tenté de braquer la voiture de luxe d'un membre de la pègre felicizienne
5 août 2015, la saison estivale de l'archipel était révolue et les pluies tropicales poursuivaient leurs oeuvres dans les îles alguarenas. Les personnes foulaient le trottoir au pas de course, encapuchonnées pour se soustraire à la pluie, comme elles le pouvaient. Dans la périphérie de la ville d'Aserjuco, passablement bruyante, plusieurs voitures se succédaient moteurs en marche, prises par des bouchons destinés à leur ouvrir l'accès à l'une des rues principales permettant de rejoindre le quartier historique de la ville.
Le silence réservé aux journées pluvieuses ne s'interrompait que pour laisser ouïr l'eau fouettant l'asphalte. Aucune convivialité paraissait sur le visage des personnes en déroute sur l'espace public, si bien qu'une silhouette à l'allure ferme et décisive, pouvait allégrement se démarquer de la voiture depuis laquelle elle était sortie. Une autre silhouette lui emboita le pas, formée depuis l'ouverture d'une portière arrière appartenant au même véhicule. Des pas fermes mais une trajectoire hésitante, convergeant vers le bolide bravant la pluie moteur tournant à la suite de trois voitures immobilisées malgré un feu vert.
L'un des deux hommes passe au travers de la file de voitures, contournant la sublime Tatana Mercuro sur laquelle l'équipe de malfrats semblait manifestement avoir jeté son dévolu. Cul à cul, le bruit des embouteillages n'aidant pas, ni le conducteur de la Tatana Mercuro ni le chauffeur de la voiture qui le suivait ne semblèrent avoir remarqué le piéton placardant une balise de géolocalisation et aimante dans l'arche de roue.
Une mission réussie, masquée sous les agissements les plus banaux, mais des agissements posant les jalons d'une opération plus complexe et destinée à se conclure sous l'obscurité de la nuit. La Tatana Mercuro, c'est au bas mot, 74 mille pesetas alguarenas, neuve et hors options. Celle présentée face à eux en ce jour, pouvait avoisiner les 82 mille, si tant est qu'ils aient une idée du kilométrage au compteur. Une opportunité réelle pour ce gang de petites frappes associé à certaines familles de la pègre felicizienne, qui ont à coeur de verser dans le trafic de pièces détachées automobiles.
Le véhicule, ainsi marqué, sera tracé jusqu'à son lieu de parking, à la planque de Sergio González.
Ces malfrats n'avaient pas encore matière à le savoir, mais Sergio González est un sicario de la famille Thurman, un tueur à gage de ce qui parait à date l'une des plus puissantes familles mafieuses du pays. Cette absence d'information se liait par conséquent à une absence de renseignement, de la part de ces gangsters qu'aucun n'aurait pourtant décrit comme amateurs. S'étant fait la main sur de petites cibles, issues de familles aisées et autres amateurs d'automobiles, les deux voyous avaient indubitablement cumulé un certain excès de confiance qui leur avait gagé de la facilité permise autour du futur coup, qui serait leur dernier.
Malgré l'obscurité, qui masquait la couleur originelle du bolide, ses courbes longilignes et gracieuses les rendaient perceptibles de tous. L'adresse de leur victime fut ainsi confirmée sans grande difficulté, après que 4 soirs durant ils identifièrent le même lieu de garage pour l'objet de leur convoitise. Mais voler cette voiture de luxe, dans une résidence elle aussi forte de son panache, pour ne pas qualifier elle-même de luxueuse, présentait un défi de taille. Outre les systèmes d'alarme et de sécurité du véhicule, c'était également ceux de l'habitat ou du simple accès à la propriété qui étaient à considérer.
C'est pourquoi, toujours marqués par une confiance que beaucoup jugeraient excédentaire, nos deux gangsters décidèrent de tenter le vol du véhicule avec son conducteur à bord.
Pour cela, le procédé choisit fut assez simpliste puisqu'ils décidèrent de scruter les allées et venus de Sergio González grâce à la balise présente dans son véhicule pour venir après son départ sceller d'une chaîne avec un cadenas, la grille électrique de sa résidence. Aussi, lorsque Sergio González se présenta un soir face à la grille dont il actionnait l'ouverture par une télécommande à distance, il ne put que constater l'entrave faite à celle-ci.
Pensant à une plaisanterie de jeunes enfants et ados du quartier, l'homme descendit sans appréhension de son véhicule, marquant l'arrivée en trombe du véhicule des malfrats, dont les plaques étaient nécessairement fausses ou volées.
Figé devant sa grille, bloquée d'une chaîne cadenas, Sergio González vit sa retraite rapidement coupée par le stationnement d'un vieux pick-up à l'arrière de son véhicule, avec deux gangsters en sortant et vociférant des ordres à son encontre. Croyant en premier lieu à une expédition punitive d'une autre famille, le sicario leva ostensiblement les mains, pensant avoir à faire à des tueurs émérites qu'une famille rivale avait engagé. Tentant d'abord de négocier pour racheter chèrement s'il le fallait sa vie, l'homme comprit assez rapidement que l'intérêt de ses deux assaillants était toutefois limité à son véhicule.
Marquant la coopération, il les laissa s'approcher du véhicule pour satisfaire leur cupidité. Les deux malfrats, pensant à une prise facile, relâchèrent leur attention pour approcher la Tatana de luxe, tout en braquant à reculons Sergio González.
Gagnés par l'excitation d'un méfait en passe d'être réussi, les deux hommes détournèrent plus fréquemment le regard vers le véhicule, cherchant à y prendre place. C'est alors à ce moment là que Sergio González dégaina un pistolet semi-automatique de calibre .50, jusqu'ici caché sous son boléro. Contrairement à ses assaillants, Sergio González n'hésita pas, même l'espace d'un battement de cil, pour abattre froidement le voyou qui le tenait en joue, avant de rediriger son arme sur le second qui s'apprêtait à s'installer à bord du véhicule. Un second coup de feu parti aussitôt, finissant d'asseoir derrière le volant du véhicule le deuxième malfrat, une teinte rougeâtre s'étalant rapidement sur son t-shirt blanc.
Un air colérique jura le visage d’ordinaire placide du sicario, tandis que les premières lumières s'allumèrent, largement accentuées par l'ouverture des portes pour laisser s’installer sur le perron des voisins au mieux curieux, au pire effrayés par le retentissement des coups de feu. La police avisée, le véhicule des malfrats vit rapidement celui de trois unités de police lui tenir compagnie, le quartier rapidement quadrillé par la criminelle.
Sergio González était demeuré là, sur la voie publique, portant tête haute le crime dont il s'était rendu coupable aux yeux d'un voisinage qui le pensait jusqu'ici jeune cadre dirigeant d'une entreprise. Préalable à tout jugement et en dépit des conditions d'usage de l'arme qu'il conviendrait de déterminer par les enquêteurs, Sergio González fut menotté et conduit au poste de police où sa garde à vue puis sa détention provisoire dans l'attente d'un hypothétique jugement, seront confirmées plus tard dans la nuit. Il faut dire qu'en dépit des circonstances de l'usage de l'arme, l'absence de permis et d'un numéro d'identification sur celle-ci étaient déjà constitutif d'une grave infraction, auquel s'ajoutait le fait que la police d'Aserjuco connaissant le pedigree de l'homme qui leur faisait face, travaillait ardemment sur ce dossier pour espérer y rattacher d'autres.
La (mauvaise ou bonne) nouvelle, parvint au chef de la famille Thurman, Arlo Thurman, qui prit acte de la mise en détention de sa meilleure gâchette, dans un contexte où la concurrence autour des principaux points de business de la capitale et de la province alguarenas se durcissait.
Fait notable a écrit :⬮ Sergio González, un tueur à gage notable de la famille Thurman est incarcéré à la date du 10 août 2015.
De la gauche vers la droite : Arlo Thurman et Gustavo Carmelidẽs
Dans le quartier de la Luna Dorada, le restaurant Gran Cielo était un établissement qui ne manquait pas de panache, entretenant les festivités jusqu'à tard dans la nuit, auprès d'une clientèle aisée qui réunissait tout ou presque des figures notables de la ville. Pour autant l'une des salles VIP de l'établissement semblait entretenir une humeur noire en présence de deux individus d'âge mûr, prêt à congédier quiconque venait leur imposer sa présence.
Arlo Thurman était un vieux briscard et chef de file de la famille Thurman, un pilier du crime et de l'honneur des familles de la pègre felicizienne qui avait su garantir une certaine quiétude aux affaires et un (relatif) harmonieux partage des sources de revenus entre les principales familles mafieuses du pays. Mais cette concorde était l'affaire d'un intérêt quotidien, parfois entretenu au moyen de petits coups de scalpels dans l'arborescence criminelle alguarena, pour s'éviter un pourrissement général qui obligerait à taper dessus au marteau. Une situation qui avait pour elle d'arranger le plus grand nombre, des politiciens aux policiers qui s'épargner des fusillades dans la ville et des crimes de sang grandissants, aux mafieux et gangs qui sentaient l'étau policier moindre à ce qu'il pourrait être au lendemain d'une fusillade aux abords d'un quartier résidentiel d'Aserjuco ou sa périphérie.
Pour autant et Arlo Thurman ne le savait pas encore, les récents évènements intervenus plus tôt en ville le priveraient d'un élément déterminant dans l'élimination à venir d'un électron libre. Le lieu de restauration, traversé de parts en parts par une classieuse ambiance, subissait dans son arrière salle l'humeur exécrable du tenancier des lieux, un vieil homme relativement chétif, rejoint par une autre figure rondouillarde, élégamment vêtue elle aussi et indubitablement source de son irritation.
Le plus âgé fixait l'abat-jour d'une lampe opposée à lui, cherchant si l'image était permise, "à y voir plus clair" avant de reporter à nouveau son attention sur l'objet de son tourment.
Arlo Thurman : Comment ça a pu arriver? Hein? dis-moi. C'est ne serait pas des rumeurs cette fois?
Face à lui, l'homme corpulent tira deux lattes sur sa cigarette, pour dissimuler un temps nécessaire à la formulation d'une réponse.
Gustavo Carmelidẽs : Je vois que t'as appris la nouvelle toi-même, je vais finir par croire que quelqu'un me veut du mal en t'informant mieux que moi... Ma source à la police m'a effectivement dit qu'il avait descendu deux voleurs de voitures devant chez lui, tandis qu'ils essayaient de chourer sa caisse.
Arlo Thurman : Attend j'suis pas sûr de comprendre. J'paie cet abruti plusieurs dizaines de milliers de pesetas pour chaque contrat et il me refroidit sans réfléchir deux paumés entrain de tirer sa caisse qu'il mettrait seulement 4 mois à se payer, c'est ça?
Gustavo Carmelidẽs : Ce sont les faits Arlo, l'arme n'était pas déclarée, il a laissé deux cadavres sur place, devant témoins... mon contact là-bas m'a dit qu'il pouvait prendre jusqu'à 15 ans d'emprisonnement. Il est grillé Arlo...
Arlo Thurman : Mierda ! On sait si les deux gus étaient dans un gang?
Gustavo Carmelidẽs : Une bande d'un quartier, leur mort ne sera pas un problème pour nos affaires Arlo.
Arlo Thurman : J'espère bien, parce que moi j'ai un burrito à descendre et je me retrouve sans mon meilleur porte-flingue pour faire le travail...
Gustavo Carmelidẽs : Ce sont les Thurman ici Arlo, si tu veux un bon flingue, les meilleurs se mettront à ton service.
Le patriarche de la famille mafieuse secoua ostensiblement sa tête, marqueur de désapprobation, avant de se recentrer.
Arlo Thurman : Y avait pas ce petit, Ugo? Quand il criait derrière les Rupàs on croyait entendre un hennissement de cheval dans le corps d'un poney !
Peinant tous les deux à contenir un rire, le premier de leur soirée, Gustavo Carmelidẽs reprit le fil de la conversation
Gustavo Carmelidẽs : Ah... tu dois parler de Rúgo. Il a déjà rendu ce genre de... services... ouais. Mais ses finitions n'ont rien à voir avec Sergio González, tu peux l'envoyer sur des petites frappes où l'on a pas à craindre les représailles mais sur les cartels... Je sais pas Arlo, vraiment pas...
Arlo Thurman : J'ai la Muerte Roja qui me chie dessus Gustavo, j'attendrais pas 10 ans que Sergio sorte de taule... Rúgo, il est loyal ou pas? Qu'il le hache menu ou me le serve avec une sauce foie gras ce burrito, ça m'est égal. Je veux qu'il crève. Qu'il crève. S'il veut un pied à Aserjuco sans me payer ce qu'il nous doit, il veut un pied dans la tombe... Dis à Rúgo de s'en charger et le plus tôt sera le mieux...
Gustavo Carmelidẽs : Considère-toi exaucé Arlo. On va leur rappeler ce que permet d'acheter un tribut et que c'est rien en comparaison de l'instant où les Thurman demandent le prix du sang...
La silhouette, naturellement imposante se redressa, semblant pourtant s'être faite plus petite que la loi de la physique ne l'eut d'ordinaire permis, l'adrénaline et les tensions voulues autour de la décision du chef de famille appelant à une progression mesurée, sans bavure. Il faut dire que le Cartel de la Muerte Roja incarne le renouveau du crime organisé en Alguarena, rompant les schémas traditionnels jusque là entretenus par les "familles". Principes et conflits de valeurs, rites de passages complexes et promotions inscrites au travers d'un protocole normé, les familles et les cartels cultivaient leurs différences et marquaient de plus en plus leurs marques de fabrique au sein des affaires, amorçant des rivalités en passe de tourner à la guerre des gangs.
Fait notable a écrit :⬮ Le Cartel de la Muerte Roja et l'un de ses bras droits (Esteban Peña) installé dans un restaurant clandestin de la capitale, arrête de verser un tribut aux Thurman. ⬮ L'incarcération de Sergio González le tueur à gage notable de la famille Thurman, est connue des grands pontes de la mafia. ⬮ Rúgo Guillarã succède à Sergio González et se voit confier l’exécution de ⬮ Esteban Peña.
Le restaurant Gran Cielo est un lieu prisé d'une clientèle raffinée, de passage ou non dans la capitale.
Raffiné et incontournable seraient possiblement les deux premiers mots empruntés par sa clientèle pour décrire l'endroit. Aménagé dans le quartier prisé de la Luna Dorada, le restaurant Gran Cielo est un établissement de luxe qui intervient dans le blanchiment d'argent de la famille Thurman. Installé dans un illustre quartier de la ville, ce restaurant est revendiqué comme le joyau de ses propriétaires, les Thurman. Un théâtre de la gastronomie à laquelle s'associe une intarissable élégance et le luxe projeté sous toutes ses formes, tant dans les mets qu'au travers des évènements mondains qui s'y déroulent et captent une large partie des personnalités hautes en couleurs de la ville qui ne dort jamais.
Un lieu d'exception qui nous l'avons dit, capte un bon nombre des figures emblématiques de la ville, à commencer par les élus d'Aserjuco qui ne rechignent jamais à organiser certaines des réceptions sensibles pour voir et être vus en compagnie "de ceux qui compte pour la ville". Car le Gran Cielo dans le paysage d'Aserjuco, n'est pas que l'adresse d'une expérience culinaire que le chef se jurera de vous rendre mémorable, c'est aussi ce que la famille Thurman entend faire comme la nouvelle "Place to be" de la capitale, pour qui aime le faste et les festivités mondaines.
Le quartier de la Luna Dorada, surnommé ainsi en raison de l'effervescence qui le traverse la nuit tombée, est une arrière-cour de la salle du Conseil Municipal d'Aserjuco, où partie de ses élus se réunissent épisodiquement pour réécrire l'avenir de la municipalité et se mettre en valeur auprès d'un invité que l'on voudrait un temps soit peu épater. Et sur le sujet, il est clairement visible que les rues qui le bordent transpirent un semblant de jet-set, par la présence importante de palmiers et autres arbres exotiques. Également à relever, la proximité de l'aéroport international, qui y amène bien entendu son lot de personnalités VIP en provenance du globe et celle du commissariat central de la capitale, garantissant une forme de sécurité paradoxal dans la fréquentation d'un établissement que l'on sait tenu par la mafia. Ici d'apparence, tout est légal, le caractère gastronomique donné à l'établissement très fréquenté, lui garantit des revenus d'importance, auxquels des déclarations légèrement surestimées afin de blanchir une partie de l'argent sale récolté par les Thurman. Les serviettes surfacturées auprès d'un artisan complice à quarante pesetas alguarenas pièce, les travaux d'aménagement intérieur, la fourniture surpayée en consommables que les Thurman n'ont pas à imputer au tarif soumis à la clientèle, autant de stratagèmes pour tenir le livre des comptes dans des montants d'importance pour lesquels il est bien difficile de tracer l'exact provenance, eu égard aux facturations arrangées.
Le Gran Cielo n'est ainsi donc pas qu'un faire-valoir pour la famille Thurman où se trouve un carrefour donné à la haute société. C'est aussi un outil de travail, par lequel il entend régulariser une partie des fonds illicitement récoltés, au travers d'actes d'extorsion, de trafics d'armes, de drogues et d'êtres humains. Travailler pour les Thurman au Gran Cielo, c'est un privilège pour quiconque a gouté des nivaux de rémunération proposés dans d'autres établissements de restauration de la ville. "C'est le lieu des seconds rounds" avait résumé en ces termes la colonel Isabella de la Sierra, commandante-en-chef du commissariat central d'Aserjuco. La remarque lancée un jour aujourd'hui oublié de la colonel se voulait une allusion directe à la capacité de l'établissement à y voir se dérouler les véritables prises de décision ensuite théâtralisées dans les rubriques interviews des journaux de la ville. Le Gran Cielo, c'est in fine la fusion de deux mondes, l'élégance aux célébrations, les repas gastronomiques assis aux galas dansants, le travail aux loisirs, les bandits aux figures respectables, l'argent sale à l'argent propre. Un mélange des genres qui fait du Gran Cielo un endroit de contrastes.
Un lieu empreint d'effervescence mélangée à une atmosphère pesante, née des codes et des usages qu'ils y ont cours. En effet si les soirées passées dans l'établissement de prestige qu'est le Gran Cielo a de quoi nourrir des souvenirs mémorables et une ascension sociale si la bonne rencontre est permise, force est de constater que la notoriété construite sur place peut se déconstruire tout aussi vite devant la haute société qui s'y trouve.
Son restaurant aux lumières tamisées, entretient chaque soir une musique interprétée par un orchestre sur place. Une musique douce en guise de fond sonore, davantage amenée à couvrir le murmure des conversations sans empêcher les personnes autour d'une table de se faire audibles de chacun. Les tables sont quant à elles nappées en toutes circonstances, d'un blanc immaculé tandis que la clientèle dudit restaurant se présente nécessairement en tenues de soirée. Des occasions d'étalage de sa richesse, où l'on peut voir les invités s'échanger mutuellement des bouteilles millésimés autant pour le plaisir d'offrir que d'impressionner son interlocuteur.
Une part plus sombre de l'établissement fait également courir la rumeur de cas de chantage et d'extorsion, nés de rencontres entre des notables de la ville et des dames amenées sur place de toutes les manières sauf fortuite, pour séduire et entretenir des dossiers compromettants avec leurs cibles. Des manoeuvres assumées, mais utilisées avec retenues par la famille Thurman puisqu'elles consistent à mettre au pas certaines figures de la société civile alguarena à Aserjuco.
En d'autres occasions, le restaurant Gran Cielo entretient aussi des espaces VIP, pour choyer les notables aidant à la prospérité des affaires de la famille Thurman. Des salles pour ainsi dire cachées, où l'atmosphère se veut rendue pesante par la relative aura qui se dégage des personnes présentes. Ceux qui ont le privilège de s'y trouver se présentent à des figures doyennes du monde des affaires et de la politique de la ville, dont la présence suffit généralement à tenir l'endroit dans une relative quiétude. Des endroits restreints et dont l'accès se veut réglementer par le service d'ordre de l'établissement, prêt à refouler ceux tentant de s'approcher trop près pour percevoir les bribes d'un échange, le regard d'une personne assise à l'intérieur. Dans cette zone semble ainsi s'arrêter le glamour d'une société prospère, pour se heurter à leurs smokings aux teintes grisâtres, qui traduisent déjà à elle seule la relative ambivalence soutenue par ces personnalités politiques et hommes d'affaires locaux.
En dépit de la noirceur permise par l'établissement, ce dernier constitue un endroit unique que la ville entend faire-valoir des années à venir durant, partagé le luxe et le caractère vicié de ses fréquentations.
La cuisine, tournée vers la tradition et l’innovation dans sa forme, est le résultat d'une cooptation pour forcer le recrutement de plusieurs cuisiniers talentueux, sortis des plus grandes et prestigieuses écoles de cuisine. Un chef d'oeuvre de production et de qualité, qui conforte durablement l'établissement dans les points à visiter. A toutes fins utiles, autant pour développer des renvois d'ascenseur que justifier d'un label de protection des territoires, l'approvisionnement en matières premières est largement mis sur les fournisseurs locaux, pour faire-valoir des intérêts chez ces derniers et une image de marque renforcée par le faire-valoir ainsi que la qualité des produits régionaux.
Outre les produits, les plats défendus à la carte se veulent des recettes traditionnelles revisitées et agrémentés d'influences étrangères destinées à enrichir les menus à la carte mais aussi toucher une clientèle VIP en provenance de l'étranger.
De l'entrée au dessert, en passant par les mignardises, les amuses-bouches et le digestif, les convives sont accueillis par une grande salle des cuisines exposée sous la forme d'une vitrine lumineuse en fond de réception et dans laquelle ils peuvent constater le caractère scrupuleux donné à la réalisation de leur plat. Des poissons, des fruits de mer frais, des viandes cuites à la perfection, revenues plusieurs heures dans leurs graisses, le tout sublimé par des sauces délicates destinées à appréhender le mélange des textures née du travail des viandes.
Les desserts n'ont rien à envier également, tant ils se font une réelle explosion de créativité, chaque bouchée devenant une invitation au voyage de nos sens. Auxquels peuvent s'ajouter nous l'avons dit, des bouteilles millésimées d'importance et largement présentes sur les étagères de la salle es repas, aidant les invités à faire leur choix le plus déraisonnable permis.
La famille Thurman se paie le Cartel de la Muerte Roja.
Dans les jours qui suivirent l'entrevue des deux pontes de la pègre locale, les nuits à Aserjuco avaient revêtit, sans que le commun des mortels s'en rendent compte, une forme de chasse à l'homme. Tuer l'homme et sauver l'honneur, voilà les deux adages voulus par l'assassinat d'un bras droit du Cartel de la Muerte Roja, qui avait maintenant cessé depuis plusieurs semaines le versement des tributs réclamés par la famille Thurman, pour toutes les organisations criminelles qui tenaient des établissements dans la capitale.
En arrêtant de verser les tributs attendus par les Thurman, Esteban Peña et derrière lui le Cartel de la Muerte Roja pouvaient légitimement s'attendre à des représailles, voire les anticiper en frappant le premier les portes-flingues des Thurman. C'est pourquoi Arlo Thurman et Gustavo Carmelidẽs avaient convenu d'envoyer un message rapide et expéditif au Cartel de la Muerte Roja avant qu'il ne s'organise davantage ou pire, suscite des inspirations aux autres gangs et mafias de la capitale qui ne voudraient pas payer pour l'exploitation d'affaires sur place.
Une tension palpable où tant la famille Thurman que le Cartel de la Muerte Roja se juraient de frapper le premier, chacun défendant une stricte légitimité défensive...
Mais manifestement, c'était la famille Thurman qui plaçait Esteban Peña le premier dans le viseur et une équipe de porte-flingues s'était mise en marche. Rúgo Guillarã avait été pressenti pour conduire l'équipe vers le succès de leur élimination, après que le tueur à gages titulaire qu'était Sergio González pour la famille Thurman, avait été arrêté après avoir descendu en pleine rue deux car-jackers. Un concours de circonstances dommageable pour la bonne tenue de la mission d'élimination prévue mais qui avait permis à Rúgo Guillarã d'entrer dans la lumière de l'organisation, se faisant désormais un visage reconnu.
Une frénésie de collectes d'informations s'était faite ressentir dans l'équipe de Rúgo Guillarã, nourrissant une attente de plus en plus insoutenable pour le tueur à gages des Thurman qui avait désormais hâte de faire ses preuves en localisant et en éliminant Esteban Peña et ses gorilles en charge d'un bar-restaurant clandestin. Sur le sujet, son empressement ne trouverait pas la critique d'Arlo Thurman lui-même, déjà fortement courroucé par l'affront infligé par le Cartel de la Muerte Roja qui se refusait tout versement aux pègres. Un défi et une offense, qu'il valait mieux réparer au plus tôt pour se priver de générer des émules dans chaque recoin de la ville.
Le message d'Arlo Thurman, le commanditaire de l'assassinat, était limpide : quiconque se soustrayait aux règles définies par les "familles ancestrales" du crime alguareno, devait porter le message de ces familles traditionnelles à l'égard du suivant qui en aurait lui aussi la (mauvaise) idée. Le Cartel de la Muerte Roja, bien qu'il n'était pas une cible facile et sans conséquence, allait être la première victime de cette manoeuvre de réaffirmation du monopole Thurman.
Rúgo Guillarã, exécuteur ponctuel de la famille Thurman, avait encore à se forger une "signature" pour développer sa notoriété et espérer suivre la bonne fortune du confrère qu'il remplace. Une prise de risques du côté des Thurman, inscrite en solution par défaut au gré que les aléas se faisaient connaitre comme ici avec l'arrestation du tueur désigné de la famille. Prendre les rênes des opérations d'un mission d’élimination, n'était pas mince affaire pour Rúgo Guillarã, qui avait pris le parti de mettre au pas les véllétités grandissantes de chaque familles rivales, déterminées à passer sous la lumière d'une scène largement articulée autour des Thurman pour le moment. Sur le même le sujet, Rúgo Guillarã avait déjà pu faire la démonstration de ses talents dans les ruelles de la capitale.
Mais abattre aux côtés d'une équipe, un chef local d'un puissant cartel rival, lui-même bien entouré, n'était pas une mince affaire... Les éliminer froidement, à l'arme automatique dans les rues de la ville jurait ostensiblement avec l'art et la manière qu'il avait accordé à la complétude de précédents contrats. Abattre Esteban Peña avant qu'il n'entame une contre-attaque sur les menaces latentes qui pesaient sur lui depuis l'arrêt de ses versements, s'inscrivait dans une réelle course contre la montre, considérant le pedigree de sa cible qui ne manquerait pas de panache, s'il était admis qu'elle déroule prochainement une action coercitive contre les intérêts des Thurman.
Le bar-restaurant clandestin où Esteban Peña et ses sous-fifres se terraient continuellement le soir, était niché dans une ruelle oubliée d’Aserjuco, un lieu à l’abri des regards mais difficile d'accès avec une voiture, ce qui compliquait la rapidité voulue pour la mission. Ainsi donc, Rúgo Guillarã n'aura pas le choix, il faudra marcher à pied avec son équipe jusqu'au fief pressenti du rival et s'exfiltrer à pied également. Une prise de risque supplémentaire, sur cette mission déjà annoncée complexe.
Le soir venu, l'équipe de Rúgo, formée de deux flingueurs après lui, s'était vêtue de vêtements sombres pour traverser dans une relative discrétion la ruelle piétonne abandonnée aux va-et-vient des passants qui pullulaient en d'autres endroits de la capitale moins glauque que celui-ci. L'endroit était sombrement décoré et l'escalier montant conditionnant l'accès au bâtiment était à l'image d'un coupe-gorge en cas de retraite, considérant la facilité avec laquelle l'équipe s'expose aux tirs en contre-bas.
A leur entrée dans l'établissement, Rúgo Guillarã vit Esteban Peña et trois gorilles étaient présents, qui ne semblaient guère se douter que ce soir, ils fraient office de proies. A l'intérieur le trio de tueurs se scinda, craignant d'attirer très vite l'attention des voyous travaillant ici en sous-main du Cartel de la Muerte Roja. Rúgo Guillarã avait longé le bar, feignant d'y trouver une connaissance là où il se contentait en réalité de le complimenter sur des banalités telles que l'originalité d'un look mêlant short en simili cuir rouge et bandana noir. L'homme riait de bon coeur à la répartie que lui opposait Rúgo Guillarã, le prenant pour plus idiot qu'il ne l'était. Un autre homme restait à leur côté, la bouche davantage fermée et sembla demander à son ami s'il devait jeter Rúgo Guillarã dehors dès à présent ou attendre encore un peu pour savoir si son insolence lui valait de recevoir une balle dans le crâne derrière le local à poubelles. L'établissement était relativement fréquenté ce soir, du fait d'une soirée à thème mêlée d'un "happy hour" qui avait ravi les étudiants et étudiantes du quartier.
Le recrutement d'étudiants fauchés avait son intérêt pour le Cartel de la Muerte Roja qui comptaient sur eux pour écouler un certain nombre de marchandises illicites auprès de marchés difficilement atteignables que sont les universités et instituts d'enseignement.
Si Rúgo Guillarã était présentement quelqu'un de peu discret en la circonstance, c'est bien parce qu'il entendait capter l'attention du plus grand nombre tandis que ses complices se tapissaient dans l'arrière salle pour décortiquer la clientèle présente et déceler la présence de leur cible. Si le tueur à gages des Thurman qu'était Rúgo Guillarã continuait d'alimenter un show, la répartition naturelle des invités présents ne tarderaient pas à laisser à l'écart les "employés permanents" de l'établissement, affairés à gérer les affaires avant les festivités. Attablé dans l'arrière salle, Esteban Peña devint effectivement visible de l'équipe chargée de sa liquidation tandis qu'il était entouré de plusieurs autres hommes, probablement armés eu égard aux vestes portées tandis qu'ils demeuraient assis et bien installés.
Contrairement à Rúgo Guillarã, les hommes du Cartel de la Muerte Roja affichaient des mines assez impassibles, semblant traiter d'affaires sérieuses à l'écart de la foule. Un point appréciable pour les tireurs qui s'apprêtaient à lancer des rafales dans leur direction et souhaiter rapidement s'assurer de leur mort avant de déguerpir. Ils becquetaient à tour de rôle dans des plats à partager combinant des fajitas assorties de poulet ou de viande hachée aux épices locales. Si Esteban Peña et ses comparses étaient un danger en l'absence d'une mort brève et expéditive, la présence des gorilles armés à l'entrée n'en demeurait pas moins un fait très dommageable à leur retraite une fois les hostilités lancées. Ne pouvant garder à l'oeil chacun des ennemis présents, les deux complices de Rúgo, Joaquín et Julián firent volte-face, l'un scrutant l'entrée du bâtiment où les deux gorilles trônaient et l'autre la table qui suscitait tout l'intérêt de leur mission ce soir. Julián s'avança vers la tablée qui poursuivait son repas sans guère prêter à la veste entrouverte de l'homme dans laquelle il entendait dégainer une arme semi-automatique (irl de type tec-9).
Voyant l’exécution amorcée, Rúgo Guillarã abandonna les groupies et l'auditoire estudiantin qu'il avait rassemblée cinq minutes plus tôt, pour prendre la direction de l'arrière salle. Il avait déjà et peut-être de façon trop instinctive, la main sur sa ceinture recouverte d'un boléro puis d'une veste, où son glock et deux magasins pleins s'y trouvaient. Son regard croisa celui d'un mafieux du Cartel de la Muerte Roja qui comprit aussitôt ses intentions, criant à ses complices de se mettre à l'abri fissa. Les tueurs de Thurman dégainèrent toutefois nettement plus vite leurs armes sans s’accommoder d'une accessoirisation telles que les silencieux qu'ils avaient pourtant emmené avec eux. Ils ouvrirent le feu les premiers, un bruit sourd et continu couvrant rapidement tout autre bruit présent dans l'établissement. La première balle tirée toucha un des complices d'Esteban Peña entre les deux yeux, renversant immédiatement sa tête vers l'arrière de la banquette sur laquelle il s'était installé commodément. Les rafales Julián touchèrent elles aussi des cibles, indistinctement leurs membres inférieurs ou le tronc.
Les membres du Cartel de la Muerte Roja hurlèrent autour de la table maintenant criblée de balles et leurs corps aussi. Esteban Peña vit sa chemise se moucheter d'au moins sept tâches rouges donnant à ses tueurs les gages du travail bien fait. Le chargeur de Julián vint à se vider et tomber au sol, l'obligeant à attraper un nouveau chargeur dans la manche de sa veste.
Les gorilles à l'entrée rappliquèrent l'arme au poing, un sentiment de culpabilité à l'idée d'avoir laissé entrer des armes se lisant déjà sur leurs visages. Ils se heurtèrent à Joaquín qui avait lui aussi dégainé son arme et tirer dans leur direction tandis qu'ils remontaient l'escalier, l'espace bar surplombant l'accès extérieur. Réglée en mode semi-automatique, l'arme de Joaquín fit des dégâts nets sur les deux cibles qui grouillaient en contrebas de l'escalier.
La consommation des magasins de l'arme permit un bref retour au calme, interrogeant chacun sur l'efficacité des tirs. Rúgo Guillarã balaya son horizon de la gauche vers la droite, examinant les cibles face à lui et maintenant criblées de balles, le corps d'Esteban Peña semblait encore mouvant bien que ce ne soit finalement que l'expression des terminaisons nerveuses que l'arrêt du coeur n'avait su stopper en retour.
Rúgo Guillarã vociféra des insultes dans la direction du gros bonnet du Cartel de la Muerte Roja refroidi,
"Ce qu'on ne paie pas de son argent, on le paie de son sang, Esteban. Sois ravi, tu crèves en homme libéré de ses dettes..."
De son côté Julián faisait le tour de la table maintenant renversée pour achever un homme de main du Cartel aperçut en train de ramper derrière la table le sang coulant abondamment de la bouche. Il n'était pas encore mort mais le regard emplit de haine qu'il adressa à ses bourreaux disait tout et promettait l'amorce d'une guerre violente. Un regard d'arrogance mêlée à la fierté qui s'interrompit brutalement, lorsque Julián abattit la cible d'une rafale de son arme, le défigurant. Une exécution qui traduisit la dernière balle tirée et la prise de conscience du chaos présent sur place tandis qu'une foule couraient en direction des accès pour se mettre à l'abri sur la voie publique et y espérer une présence policière qui à n'en pas douter, ne tarderait pas à se faire ressentir.
La mission avait connu un certain succès, considérant la mort effective d'Esteban Peña, même si le carnage et l'indiscrétion faite à sa mort, obligerait l'amorce d'une loi du talion revancharde du Cartel de la Muerte Roja, décidé à sauver l'infamie causé par cet assassinat public, là où une élimination discrète aurait décemment pu amener les chefs de l'organisation criminelle, à se poser autour d'une table pour débuter des négociations à même d'épargner des vies et la sécurité de citoyens lambdas. Indubitablement, Sergio González aurait fait autrement pour se satisfaire que l'objectif, rien que l'objectif : éliminer la cible sans contraindre à une guerre des gangs qu'il débuterait sans savoir s'il pouvait la terminer.
Les tueurs de Thurman déguerpirent par la sortie de secours du bâtiment, sautant dans un véhicule qui les attendait moteur tournant.
A l'intérieur du bar, le silence était revenu, troublé que par l'arrivée soudaine des équipages de police chargés de sécuriser les lieux. Un instant éphémère qui n'était pas voué à durer. Les Thurman avaient frappé les premiers et fait leur office, laissant une tâche rouge sur le carrelage bon marché de cet établissement voué à fermer pour unique sépulture de leur cible.
Dans le milieu, la guerre des gangs avait un visage, celui de Rúgo Guillarã.
Fait notable a écrit :⬮ Esteban Peña est assassiné par⬮ Rúgo Guillarã .
5 mars 2016 - L'enterrement d'Esteban Peña, la fin d'un contentieux ou le début d'un nouveau?
Le soleil s'abattait sur le sol, tapissant son humeur en berne devant la scène tragique qu'il avait à surplomber. Ses lueurs jaunâtres laissèrent la place à celles orangées avant qu'un bleu océanique ne vienne inonder le ciel soumis à la nuit naissante, effaçant l'horizon et ne laissant plus qu'Aserjuco à la vue de chacun, malgré les hauteurs qui dominaient l'ouest de la ville. Une brume timide s’attardait sur ces mêmes collines boisées cernant une partie de la capitale, comme si elles-même redoutaient de pénétrer le centre-ville dont les ruelles vibraient déjà sous l'effet du tumulte de ces derniers jours.
L'air, quand bien même nocturne, pesait encore lourdement par son silence chargé, un silence chargé du sang séché né des premiers règlements de compte entre les deux organisations criminelles. Ce soir était celui de l'inhumation d'Esteban Peña, la cible des Thurman, le martyr du Cartel de la Muerte Roja. Le cadavre du ponte du crime était resté pas moins de trois jours dans la morgue de l’hôpital, afin d'achever les dispositions préparatoires à la cérémonie qui, sous le coup du respect pour l'instant plutôt que du pardon, s'étaient déroulées avant toute action létale et vengeresse envers la famille Thurman.
Les proches et les "familles" d'Esteban Peña arrivaient au compte goutte, tissant peu à peu tous les liens de malfaisance entourant le défunt. La "famille" sous sa définition traditionnellement mafieuse, avait annoncé une procession publique, pour ne rien gâcher de l'instant ou marquer d'une quelconque infamie, le leur qui s'était fait abattre pour s'être affranchi des tributs à verser à la famille Thurman.
Le lieu pour la cérémonie était l'église de San Alberto de la Fraternidad, une symbolique toute particulière pour ceux qui s’apprêtaient à venger l'un des leurs, au sein d'un édifice ancien, aux fresques encore blessées des histoires qu'elles racontaient, aux vitraux qui faisaient naturellement saigner la lumière de mille déclinaisons, comme autant de présages des agitations auxquelles s'étaient promis les membres du Cartel. Le prêtre n'avait pas décliné la demande du Cartel lorsqu'il fut choisi pour présider la cérémonie, une acceptation autant né du professionnalisme que la crainte réelle de représailles. En dépit des crimes odieux qui les accompagnaient, les membres du Cartel veillaient effectivement au respect d'un certain code d'honneur et leur refuser de présider la cérémonie funèbre d'un des leurs aurait été un affront mortel pour lequel aucune protection policière n'aurait pu soustraire le prêtre. L'homme d'église touchera un pécule pour sa peine, le Cartel de la Muerte Roja y tenait et lui laissera le luxe de dire à qui veut l'entendre, y compris son diocèse, qu'il n'était pas informé de l'origine de la cérémonie, de son donneur d'ordre.
Sur le parvis de cette même église, plusieurs voitures noires aux vitres teintées s'étaient rassemblées, formant une nasse chromée avec laquelle restaient des vigies manifestement armés. Certains portaient, des tatouages distinctifs de la famille, d'autres ce qui semblait s'annoncer comme un palmarès, mêlé d'un décompte de leurs possibles méfaits. A l’intérieur de l’église, le spectacle ne détonnait guère, où les bancs étaient occupés par une assemblée peu commune de têtes tatouées, de complets trois-pièces ajustés, et d’expressions neutres à l'occasion d'une révérence amère.
Des gros bonnets du Cartel étaient là, qu'ils soient d'Aserjuco ou de ses alentours, qu'ils soient chefs ou seconds couteaux, avaient fait le déplacement pour un dernier hommage au frère Peña. Egalement dans l'assistance, tête baissée, la soeur d’Esteban, Candelaria Peña, vêtue entièrement de noir, tenait en mains le chapelet de la famille. À côté d’elle, l’ancien Victoriano Ríos, ancien mentor spirituel du Cartel, cachait sa tristesse derrière des lunettes de soleil d’un autre temps. Encadrant la nef, une sentinelle, probablement armée elle aussi, surveillait le service autant qu'elle se recueillait. Pas d’illusions à avoir : les présentes funérailles étaient une démonstration de force pour qui portait la responsabilité de leurs retrouvailles...
À l’extérieur de l'église, d'autres silhouettes plus furtives cette fois mais pas moins armées, guettaient depuis les toits, les terrasses, ou dans des véhicules banalisés stationnés dans les ruelles adjacentes à celle de l'église. Les unités de la Police Fédérale d’Alguarena étaient mobilisées dès le matin pour préparer cet évènement hors norme qui verrait se réunir d'importants caïds d'une des mafias les plus violentes de l'archipel.
Les agents de la police fédérale inspectaient chaque entrée au moyen de jumelles ou même carrément de la lunette de visée d'un tireur de précision installé sur les toits. Officiellement ils étaient pour s'assurer qu'il n'y ait aucun grabuge entre les familles, la guerre des mafias naissantes ayant jusqu'ici fait l'économie de victimes collatérales, officieusement ils photographiaient chaque visage et relevaient chaque immatriculations derrière des vitres teintées. La colonel Isabella de la Sierra, du commissariat central, était elle aussi sur le coup, considérant le risque d'une dégénérescence rapide de l'ordre publique et la possibilité qu'un agent soit blessé ou pire sur cette opération de renseignement.
Sergent de la police fédérale : Regarde-moi ce théâtre, on pourrait croire qu'il était aimé ce fumier, murmura un sergent de la police fédérale sans quitter la visée de ses jumelles, tandis qu'il interpellait discrètement l'officier avec lui, qui écoutait scrupuleusement les conversations captées des communications téléphoniques alentours. Tu crois qu'ils vont le venger ?
Officier de la police fédérale : Je n'ai aucun doute là-dessus et ils sont déjà en train de le faire. Le Cartel est assez déconcentré dans l'archipel, la moitié de ces types ne connaissait pas Esteban Peña. Ils sont là pour autre chose. Tu vois ce monde, un gamin de cinq ans se serait fait écrasé qu'on ameuterait pas plus de têtes. Ils sont là pour penser la suite et ne se cachent même pas. Un assassinat, c'est un message. Mais un enterrement, c'est aussi un autre message. Crois moi ce n'est pas un adieu qu'ils préparent, c'est la guerre.
Leurs chuchotements furent rapidement couverts par les timbales sonores en provenance de l'église, mêlées au chant psalmodié du prêtre qui creusait, à défaut de sa tombe, un incommensurable trou pour aller chercher les mérites du criminel défunt dont il avait à charge de présider la cérémonie. Les sanglots des proches d'Esteban Peña, et particulièrement ceux de sa soeur Candelaria Peña, ponctuaient l'office entamée par le prêtre.
Un mafieux un brin éméché avait insisté auprès de l'homme d'église, pour que le cercueil laissé ouvert puisse recevoir un colt plaqué or, avec une gravure sur son canon, "La sangre llama a la sangre". Plusieurs pontes entouraient le cercueil du défunt, le bruit métallique des holsters en place sous leurs vestes, le regard plongé sur le portrait d’Esteban, au visage serein et impassible, presque sarcastique de mesurer l'étendue du merdier qu'il avait initié par son refus frontal de verser le tribut jusqu'ici versé à la famille Thurman.
À la fin de la messe, Candelaria se leva et vint briser le rang de la pègre formé autour du cercueil et murmurant.
Candelaria Peña : Mon frère est mort parce qu’il ne voulait pas plier. Parce qu’il ne pouvait admettre que les vieilles familles de gringos nous fassent leurs règles sur NOS terres, dans NOTRE ville. Alors si vous avez un tant soit peu d'estime pour lui et vos ancêtres, faites que sa mort ne soit pas vaine et qu'elle soit le début de quelque chose, où les Thurman, les Bowell, n'appartiendront plus... Si les propos des mafieux présents furent non audibles, un murmure d'acquiescement sembla les traverser, certains levant même le poing dans sa direction, évacuant l'émotion par le témoignage d'un engagement à lui offrir justice.
Sur ces paroles et ces non dits, la foule présente se mit en marche avec le cercueil, débutant la procession vers le cimetière limitrophe, sous une grande solennité qui semblait avoir évacué l'émotion enregistrée jusqu'ici. Le cap était clair, la prochaine étape identifiée. Le cortège avançait d'un pas lent, offrant à loisir l'opportunité aux agents de police sous filature, de faire moultes photographies des personnes présentes même si l'absence de flash rendrait leur qualité discutable. Les riverains présents sur le trajet savaient de quoi il en retournait et dévissaient le regard pour ne pas s'attirer d'ennui.
Dans le cimetière qui jouxtait l'église, plusieurs malabars vinrent déposer le cercueil sur ce qui semblait être une estrade de marbre, à côté de laquelle un trou avait été pré-creusé. Une dizaine de figures masquées noires, en habit noir, alignées derrière la famille Peña, prirent tour à tour la parole tandis qu'on déposait désormais le cercueil en terre, sous les sanglots de plus en plus appuyés des proches présents pour ce douloureux spectacle. Des figures éminentes au sein de l'organisation criminelle, qui donnaient de l'écho à des pensées commémoratives, évoquant à l'encontre d'Esteban Peña l'honneur, le respect, le sang et bientôt le feu... Le dernier d'entre eux ayant vocation à prendre la parole, se contenta alors de souffler en ces termes,
Salvatore Del Carril : "Il a lourdement payé sa faute, et nous allons récupérer sa monnaie chez ceux qui sont maintenant nos débiteurs..."
Un silence assez épais s’installa, le sens figuré des paroles tenues par Salvatore n'échappant à personne et signifiant la tenue d'actions plus violentes, tournées vers la surenchère et véritables amorces pour la conduite d'actions tout aussi brutales de la part des Thurman. La cérémonie terminée
Puis après la cérémonie fut tirée en l’air quatre cartouches, marquant la prière du "In Nomine Patris".
Salvatore Del Carril : Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen !
A l'écoute des coups de feu, portés par un gros bras du Cartel, la police fédérale présente en filature renonça à une intervention, craignant une fusillade.
Officier de la police fédérale : Ici l'officier Moffa, je me trouve actuellement à l'église San Alberto de la Fraternidad où des coups de feu ont retenti et pourraient fairel 'objet d'un signalement par le voisinage. Défense de dépêcher une patrouille sur place. Nous sommes présents, situation sous contrôle. Je répète situation sous contrôle. Confirmez instructions.
Centre d'appel des secours : Officier Moffa, ici contrôle-1, c'est bien pris. Mon collègue reçoit un appel en ce moment même d'un riverain signalement des tirs dans un quartier adjacent au vôtre. Nous désengageons la patrouille d'astreinte, terminé.
Officier Moffa de la police fédérale : Merci contrôle-1. Terminé.
Cette dernière agitation donna le top départ à l'essentiel des membres du Cartel, convaincus d'une prochaine descente de police sur place après ce dernier, vibrant (et retentissant) hommage. Cependant, l'accalmie qui s'abattit subitement ne priva pas les témoins de la scène d'un regard échangé entre les sous-fifres du Cartel, faisant présager le sang. Les jours qui venaient s'annonçaient par conséquent violents et que le prochain coup de bâton, serait manifestement porté contre la famille Thurman.
Et la riposte pressentit ne tarda pas, Moins de 48 heures après les funérailles d’Esteban Peña, les premiers coups de boutoire exercés par le Cartel de la Muerte Roja frappèrent Aserjuco. Il devait être un peu plus de 23 heures lorsqu'une explosion et le bris successifs des vitres d'un établissement retentit dans le quartier
Il était un peu plus de 23h lorsque l’explosion fit trembler le quartier du "Général Augusto Morrina". Un engin incendiaire lancé à travers la vitre d'un commerce appartenant à la famille Thurman avait généré un incontrôlable incendie, touchant les réserves d'alcool et promettait un feu toute la nuit et la mobilisation d'importants moyens de pompiers. Le bar, établissement de réputation passable, était également un repère pour une salle de jeu clandestine où se réunissait hebdomadairement plusieurs "m'as-tu vu" et fauchés notoires, pressés de dépenser plus d'argent qu'ils ne pouvaient en cumuler. L'incendie qui se propageait au rez-de-chaussée, priva de retraite certains usagers et membres de la famille Thurman chargés de sécuriser le casino clandestin au niveau -1. Il y eut ce soir là deux morts par asphyxie. Gustavo Carmelidẽs, l'un des bras droit d'Arlo Thurman, avait été témoin de la scène à ses dépens, le souffle de l'incendie endommagea son véhicule stationné dans la même rue. Il fut le premier à aviser Arlo de la perte de ce business, et le premier avisé de ce même Arlo des représailles à mettre en place... Le bris des vitres sous l'effet de la chaleur le blessa à la main, lorsqu'il s'approcha pour s'assurer qu'un maximum des sbires Thurman avaient pu s'exfiltrer du bâtiment. Aucun cris ne s'échappa à la découverte de son sang mêlé à la suie de l'incendie. Ni cris, ni stupeur, seulement du sang sur le bitume.
Cette scène de désolation ne tarda pas à être revendiquée une heure après l'évènement. Un message écrit à la main, dans une enveloppe rouge glissée dans la poche d'un dealer mort travaillant pour la famille Thurman avait été retrouvée, il y était inscrit, tracé en lettres épaisses : "El rojo no muere. Il attend son heure. M.R." (cf : le rouge ne meurt pas, il attend son heure). Un sigle M.R. qu chacun pouvait raisonnablement attribuer à Muerte Roja. Les policiers affectés à l’affaire comprirent d’emblée que le cartel n’attendrait pas un signal ou une négociation après pareil évènement, considérant les morts multiples qui étaient survenus pendant l'incendie. Le Cartel de la Muerte Roja venait de frapper et son message était clair et limpide, il n’y aurait pas de répit.
Le lendemain, un restaurant détenu par un cousin des Thurman fut la cible d’un "drive-by" dans le quartier de San Teobaldo. Six hommes masqués, embarqués sur moto et à bord d’un pick-up, ouvrirent le feu à l’arme automatique sur la devanture du restaurant bondé. Un mort, quatre blessés, dont un enfant de six ans. La vidéo de la scène captée par la caméra de surveillance circula dans les réseaux criminels de la ville avant même d’atteindre les rédactions. Il faut dire que sur le sujet, les auteurs n’avaient pas souhaité cacher leur identité et voulaient faire passer un message. Ils voulaient être vus et le message était là aussi clair pour qui leur faisait offense, "personne n’est intouchable"...
Fait notable a écrit :5 mars 2016 - Enterrement d'Esteban Peña par le ⬮Cartel de la Muerte Roja. 7 mars 2016 - Incendie criminel d'une salle de jeux des ⬮ Thurman, 2 morts. 8 mars 2016 - un dealer appartenant au réseau de distribution des ⬮ Thurman est retrouvé mort, abattu de trois balles dans la tête à bout portant, signe d'un acharnement faisant la traduction d'un règlement de compte. 8 mars 2016 - Fusillade sur la terrasse d'un restaurant affilié aux affaires des ⬮ Thurman, 1 mort et 4 blessés dont 1 enfant de six ans
28 mars 2016 - Le spectre de la trahison autour de la famille Thurman.
La pluie se délestait de ses fines gouttes, sans excès mais sans prévenir, à la manière des récents évènements brutaux qui avaient teinté les rues de la capitale d'Alguarena d'une fine pellicule écarlate que la pluie pouvait effacer aux yeux mais indubitablement pas aux esprits. Dans la villa Aurélia d'Arlo Thurman, le carrelage blanchâtre et ivoire qui servait à daller la piscine du parrain de la pègre ne laissait rien transpirer du tumulte qui perçait la quiétude habituelle de la capitale. Depuis le balcon couvert, une vigie scrutait les jardins environnants et le trottoir jouxtant la propriété pendant qu'une autre était à l'intérieur fixant inlassablement son écran. La tranquilité apparente qui régnait autour de la table longiligne en ébène noire avait vu se rassembler son lot de lieutenants pour la famille Thurman, avec ses principaux visages, comme Gustavo Carmelidẽs, le plus proche élément d'Arlo Thurman et qui bénéficiait de son oreille la plus attentive, du moins la plupart du temps !
Avec cette météo, la piscine assez majestueuse qui faisait face au groupe n'avait qu'une vocation strictement ornementale, tandis que le groupe installé sous la véranda des lieux, cherchait à profiter de ses extérieurs sans s'en infliger ses tourments. En matière de tourments, il faut reconnaître que la "famille" avait eu sa dose, elle qui n'avait que pour unique satisfaction de s'être débarrassé d'Esteban Peña, un irrespectueux bonnet du Cartel de la Muerte Roja dont ils avaient voulu faire l'exemple. Mais soumise aux représailles du Cartel, la famille Thurman n'a t'elle pas finalement donné un signal de faiblesse plus préjudiciable encore?
Sur les vitrines de la véranda, les lieutenants de Thurman voyait s'abattre la pluie, comme autant de gifles faite à leur pensée sereine lorsqu'ils approuvèrent l'assassinat d'Esteban Peña, croyant les suites données à cette affaire sous contrôle. Invités, convoqués, le terme était volontiers à débattre pour justifier cette réunion exceptionnelle au plus près du cercle clos de la résidence d'Arlo Thurman. Un sentiment d'urgence rare avec lequel le silence prégnant de l'instant tranchait mais qui fut allégrement confirmé lorsque vint se présenter à eux Arlo Thurman, qui ne revêtait pour l'occasion ni ses costumes usuels, ni son trois-pièces fait sur mesure par le plus réputé tailleur de la ville ou encore ses bijoux, étalages malgré tout discrets d'une richesse qu'on présumait allégrement évidente. En dépit de ces détails, le patriarche se présenta malgré tout à eux de noir vêtu, semblant porter le deuil de son amour propre, après les bévues de ses hommes sur le terrain, qui pensaient leurs plaies et comptaient les morts.
D’un geste qui par pure spéculation pouvait apparaître moins bien assuré qu'à l'ordinaire, le patriarche Arlo Thurman apposa sa main calleuse sur le bois poli de la table et le bruissement mêlé à ce simple acte amorça la rencontre entre caïds. Les visages se tournèrent vers lui machinalement et simultanément, comme le seraient plusieurs drapeaux flottants soumis à un même vents. Lorsqu'il passa en revue les visages face à lui, Arlo pouvait distinctement percevoir ceux qui témoignaient d'un manque de sommeil, de doutes réprimés, voire le début d'une descente à pieds joints dans la toxicologie ou les addictologies autres.
Arlo Thurman : Il y a une odeur dans l'air...
Tonna-t-il, incitant mécaniquement certains de ses invités présentés à humer l'atmosphère pour s'offrir une opportunité de soutenir son propos.
Gustavo Carmelidẽs : C'est l'odeur du sang Arlo, l'odeur du fer. Le fer du sang et des balles...
Le patriarche Thurman leva la main, poursuivant son propos.
Arlo Thurman : Non ce n'est pas l'odeur du sang, c'est un goût plus insidieux. ça sent la trahison...
L'attention de son auditoire ne faiblissait pas, les mots se succédant sans que l'un des hommes présents ne semblait pouvoir les anticiper. Un silence qui ne supposait ici que la soumission face à un parrain acculé et aux portes de la paranoïa. Se peut-il qu'il ait été mal conseillé ? Trahi au sein de son cercle restreint? Toutes les questions semblaient se chevaucher dans l'esprit d'Arlo et nul qu'il s'offrirait les moyens d'y répondre en heures. Un silence chargé en soupçons, de questions, quelqu'un semblait avoir lâché plus d'informations que nécessaire ou pire, s'était ouvertement vendu à l'ennemi. Une pensée sinistre, qui cloua le bec aux invités scrutés par le patriarche qui s'était offert leur loyauté.
Il faut dire qu'en sus des attaques et des crimes de sang subis par le Cartel de la Muerte Roja, Arlo Thurman avait comptait la perte de trois, peut-être quatre cargaisons. Officieusement et ses lieutenants le savaient, on parlait d'une dizaine de chargements de drogues au départ de leur plateforme logistique. L'impair avait déjà coûté la vie à un homme de main d'Arlo et deux coursiers dont les cadavres trônaient depuis ce matin dans le salon laissé portes closes, un sac plastique solidement ancré sur leur tête alors que leurs mains étaient nouées au dossier de la chaise qui supporterait leurs derniers soubresauts avant de passer de la vie au trépas. En ce qui concerne l'homme de main exécuté, Arlo s'était convaincu qu'il était plus question d'incompétence que de loyauté, ses membres avaient toutefois été mis en charpie à force de se voir battus à la barre de fer, considérant le risque qu'il ait divulgué des éléments compromettants à une petite amie, une pute ou une inconnue qu'il aurait maladroitement cherché à impression en se faisant passer pour le matador qu'il n'était pas.
A cette nouvelle se joignait nécessairement son lot de rumeurs, notamment celle faisant état d'une mise en affaire des Bowell aux Desposeidos. Une rumeur tangible dont la simple évocation suffisait à trembler les verres posés sur la table et tenus en main par des malfrats en quête d'un réconfort. Un fait étonnant, un fait détonnant pour Arlo Thurman, qui s'il savait la famille Bowell et la sienne tournée vers des affaires non concurrentielles, ne put que s'interloquer d'apprendre cette collusion entre des partenaires dont l'ambition avait jusqu'ici toujours était prévisible.
Des murmures rendus jusqu'ici inavouables, mais dont l'existence persistait avec voracité pour effacer toute autre récit naissant autour des affaires criminelles de la capitale. La guerre contre la Muerte Roja et une concurrence aux affaires des familles Bowell et Desposeidos, pourrait être un poids de trop à porter pour celui qui avait appris à ne rien partager, si ce n'est peut-être les parts d'une galette des rois à l'épiphanie.
Devant l'annonce de cette nouvelle, les personnes présentes balancèrent un certain nombre de pistes et de plans pour nourrir la réponse.
Arlo Thurman : Je ne veux aucune action contre les Bowell et Los Deposeidos, compris? Si on fait couler le sang d'une nouvelle famille en ville, on finira noyés dedans c'est certain...
Mais le renoncement aux codes établis par les Bowell, à fortiori avec Los Deposeidos, appelait à une réponse mûrie que le patriarche des Thurman entendait préparer non sans minutie.
Arlo Thurman : Ils pensent que nous tremblons, que nous allons laisser du terrain pour nous recentrer sur un pré-carré. Ils se trompent. Nous ne céderons rien !
La recherche des traitres liée à la disparition de cargaison avait perdu de son intérêt, la primauté de leur attention étant désormais largement concédé aux Bowell et aux Deposeidos. Ruse ou force brute, deux scenarii sur lesquels Arlo sembla déjà avoir tranché, à la faveur du premier. L'après-midi dura, cédant sa luminosité au manteau nocturne qui subissait l'horloge, inlassablement. Cette information capitale partagée aux autres, Arlo les congédia, préférant maintenant s'attarder seul avec Gustavo Carmelidẽs pour unique conseiller et écho fait à sa voix perçant difficilement l'espace feutré de son bureau, l'oeil perdu dans la cendre vacillante d'un cigare consumé de moitié, attestant du temps certain que les deux hommes avaient dû consacré à la prise en considération de l'affaire.
Le temps maussade de l'après-midi céda sa place aux mêmes humeurs du soir, un climat maussade désormais dessiné sous les traits du visage d'Arlo Thurman et Gustavo Carmelidẽs. Arlo Thurman se rappela les affaires qui l'avait installé en Eurysie du Nord, non sans un certain succès. Les réseaux de distribution en Eurysie du Nord étaient un fait profitable pour accentuer la dépendance des familles et forcer leur allégeance. Elles étaient partie de sa fortune là où celles en Alguarena étaient principalement destinées à sculpter son influence auprès des sphères d'intérêts. L'éloignement des ramifications mafieuses d'Eurysie du Nord vis-à-vis de l'Alguarena, était un gage solide de la loyauté qu'Arlo Thurman pouvait espérer de ses sbires sur place. Le placement des pions suivait son oeuvre, dans une partie où les concurrents semblaient s'annoncer au gré des manches...
La branche mafieuse des ⬮ Thurman installée en Eurysie du Nord (ex-provinces pharoises) est impliquée pour oeuvrer dans la mise en place de solutions aux projets concurrentiels des Bowell et des Deposeidos.