18/12/2014
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El Diario Mundo - Page 2

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Porto Mundo confronté à la question du manque d’espace de construction

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Les nombreuses digues construites au Syndikaali pourraient servir d'inspiration aux projets d'extension urbaine de Porto Mundo

Bâti sur les falaises et le fjord, Porto Mundo a été choisi par l’Empire Listonien comme un point de chute aisément défendable par ses forces pour servir de tête de pont à son entreprise coloniale et de sa mainmise sur la route du nord. Une stratégie qui avait du sens à l’époque mais complique désormais les affaires de Porto Mundo, confronté à des difficultés pour s’étendre.

L’afflux de population, un temps compensé par la désertion de nombreux résidents dû à la politique musclée d’Edmundo Estrella, recommence à devenir critique. En effet, le positionnement de la ville comme nouveau havre de piraterie et les marchés que se sont arrogé le maire et ses partisans tendent à attirer les opportunistes et aventuriers aux dents longues. Une population de passage, mais dont les poches désormais pleines de liquidités réclament des lieux d’investissements. Chacun veut sa villa, son hôtel particulier, ou a minima son hangar à bateau.

Malheureusement, Porto Mundo se trouve comprimée entre les falaises et l’espace portuaire, dont une partie a été capté par la base militaire pharoise, vient à manquer. S’il est envisagé de continuer à construire à flans de falaise, comme ce fut le cas pour la ville haute et le quartier de l’hôtel de ville, la forte concentration en marins et gens de la mer tend à saturer les zones côtières et le béton gagne chaque jour sur les quelques plages ayant survécu à l’urbanisation.

Parmi tous les projets, deux retiennent l’attention en raison de leur nature quelque peu pharaonique. Le premier consisterait à creuser la roche des falaise pour dégager des grottes et les relier à la mer qui serviraient de lieux de stockage, voire de vie, pour les populations de marins et de marchands. Les résidents permanents pourraient être incités à se déporter vers l’intérieur des terres et du fjord tandis que les espaces côtiers seraient quant à eux réservés au commerce et à l’industrie navale.

Une autre possibilité est d’avancer la ville sur la mer en construisant des digues et, potentiellement, en gagnant sur le Détroit dont on pourrait assécher quelques kilomètres carrés. Il s’agirait alors de dégager une tête de pont terrestre pour pouvoir étendre l’espace dévolu aux docks directement au cœur de la mer. Une position qui confirmerait son rôle de douanier du Détroit, mais qui pourrait soulever la colère des autres ports-libres qui lui concurrence cette place directement.

Les deux hypothèses ont leur charme, mais aussi leurs difficultés et il s’agirait incontestablement d’avoir recours à nouveau à des investissements massifs du Pharois Syndikaali, Porto Mundo ne pouvant à elle seule supporter le coût de tels travaux. Si néanmoins la ville parvenait à les mener à bien, il s’agirait incontestablement d’une démonstration non seulement de la richesse de la région, mais aussi du génie humain pour ce qui est de triompher sur son environnement.

Seule ombre au tableau : dans un contexte où Estrella et ses proches s’accaparent de manière systématique une part conséquente des profits qui transitent par ce territoire, on a tout à craindre à engager des investissements importants à Porto Mundo. Du moins un investisseur honnête s’en méfierait à raison. Pour ce qui est des autres, si le jeu en vaut la chandelle, mettre la main au portefeuille pourrait s’avérer rentable, selon les privilèges accordés en retour par Edmundo Estrella.
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30 000 écailles pour repousser la mer

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La période électorale qui s’ouvre au Syndikaali est propice aux affaires. Depuis le début du mois de novembre, Porto Mundo voit défiler les candidats des différents partis pharois, en quête de voix. Poignées de mains cyniques et sourire faussés ? Peut-être, mais faut-il en attendre d’avantage de la politique ? En tout cas, Edmundo Estrella a joué ses cartes, comme on pouvait s’y attendre, en prenant bien garde de se déclarer en faveur de telle ou telle formation politique, alors que les résultats finaux du scrutin sont encore très largement imprévisibles. Même le candidat du Parti Impérial National, Valério Gomes, n’a pas réussi à arracher à son concitoyen un soutien assumé. Une désillusion pour le candidat qui espérait que leurs origines listoniennes communes suffiraient à amadouer le maire de la ville.

Forte de plus de deux millions d’habitants, Porto Mundo vaut chère, et Estrella le sait. Un peu d'incitations au vote, intelligemment calculées, pourraient faire gagner ou perdre quelques points ici où là à qui est dans les bonnes grâce du maire. D’autant plus que ses milices freinent volontairement les initiatives privées des partis en compliquant tractages et collages. Estrella entend demeurer le maître des horloges de la campagne électorale sur ses terres, et appuyer de tout son poids pour faire fructifier au maximum son influence sur celles-ci. De là à y voir une forme de chantage, ou pire, de corruption ? Il n’y a bien là matière qu’à choquer quelques démocrates mais l’omniprésence de la corruption et des coups bas au Syndikaali a tanné la morale de ses ressortissants et en ce qui concerne les Listoniens, ressortissants de l’Empire colonial, ils n’ont guère le goût du vote chevillé au corps.

Alors Estrella se laisse-t-il graisser la patte volontairement ? Il y a matière à penser que oui, ou tout du moins qu’il a poussé au vice les députés des deux chambres en manœuvrant pour mettre sur la table son projet d’aménagement du territoire de Porto Mundo afin de gagner sur la mer. Un chantier colossal et hors de prix mais qui assoirait définitivement la ville sur le fjord comme un acteur central dans le Détroit, assurant la prospérité de son maire, et du Syndikaali par la même occasion. Si les Pharois se sont montrés dépensiers ces dernières années, ils n’ont pas investi à Porto Mundo la moindre écaille qui n’attende, d’une manière ou d’une autre, un retour sur investissement. De fait, sortir 30 000 écailles du porte-monnaie ne s’est pas fait sans quelques arrières pensées et il y a de quoi trouver suspect le quasi-unanimisme des députés au moment de débloquer le budget pour une première expérimentation.

Nous y sommes de fait, les ouvriers se sont mis au travail et on commence à y voir plus clair quant aux ambitions d’Estrella pour s’étendre dans le Détroit. Il s’agira ni plus ni moins que de repousser la mer afin de construire sous le niveau de celle-ci. Un projet qui s’est déjà vu par ailleurs dans le monde, mais n’en reste pas moins complexe car pour repousser la mer, il faut encore la vider. Loin de se contenter de construire par-dessus comme beaucoup s’y résigne, Porto Mundo entend bien assécher quelques kilomètres carrés, à termes, pour construire en dur. Encore faut-il que l’expérimentation réussisse cependant, les ingénieurs albiens ne seront pas de trop pour réussir une telle prouesse. A l’heure actuelle, c’est un petit bras de mer qui doit être asséché, au large de la banlieue de Porto Mundo.

Il s’agira donc d’immerger des rampes sous l’eau, capables de s’actionner pour monter, en quelques minutes, une véritable digue artificielle. L’enjeu est dans un premier temps de maîtriser le volume d’eau entrant et sortant de la zone, sans pour autant bloquer complétement le trafic maritime, ce qui n’arrangeait les affaires de personne. Une fois érigée, la digue permettrait, grâce à l’action des marées successives et d’un réseau de canaux artificiels, fonctionnant comme des vases communiquant, de progressivement diminuer le volume d’eau total présent dans cette portion de mer. La levée de la digue bloquerait la marée haute, et il serait possible de l’abaisser à marée basse afin de ne jamais reremplir la zone.

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On l’a dit, pour le moment le projet n’en est qu’au stade expérimental et il faudra certainement au moins une année pleine pour en mesurer complétement les résultats. Peut-être un flop, un coup d’épée dans l’eau, d’autant qu’une fois passées les élections, il n’est pas certain que nos amis Pharois continueront à se montrer si enthousiastes à l’idée de verser des dizaines de milliers d’écailles dans les chantiers de Porto Mundo. Si les ambitions d’Estrella devaient se concrétiser, on estime à environ 120 000 écailles le budget nécessaire pour assécher le Détroit dans les proportions voulues par le maire.

Mais l’affaire n’est pas question de gros sous. Il y a derrière tout cela des enjeux également politiques, militaires et culturels. Politique puisque Edmundo Estrella achète une fois de plus la paix sociale en montant, avec l’argent du Syndikaali, des projets qui attirent la main d’œuvre et font tourner l’économie locale. Le pouvoir précaire du maire n’a besoin que de temps pour se consolider et en finançant des délais, le Syndikaali renforce et prolonge le sursis du Listonien. Militaire ensuite puisque gagner sur le Détroit sera l’occasion d’imposer symboliquement et techniquement la domination albienne sur celui-ci. En rétrécissant (de façon négligeable, soyons honnête) l’espace maritime mais surtout en étendant l’espace du port militaire de Porto Mundo, la marine pharoise se paye le luxe de pouvoir dissimuler ses navires à l’abri pour prendre à revers d’éventuels intrus. Renforcer Porto Mundo c’est se donner les moyens de faire du Détroit un piège mortel, en en maîtrisant les deux embouchures.

Culturel enfin. Pour les Listoniens, c’est une fierté et malgré les bons scores du Parti Impérial National qui entend porter leurs voix, Edmundo Estrella reste au Pharois Syndikaali le visage et la voix des ressortissants de l’Empire. Financer ce-dernier, lui offrir de la visibilité et renforcer son rôle politique sur la scène pharoise, c’est à la fois acheter sa fidélité pour le Syndikaali, mais également la paix ethnique en donnant des gages aux populations ressortissantes de l’Empire. Un geste qui ne passe cependant pas forcément auprès des populations pharoises elles-mêmes et si, tendanciellement, ces-dernières semblent regarder Porto Mundo de loin (ou se réjouir de sa montée en puissance pour ceux qui y voient un intérêt commercial), d’autres s’inquiéteront de voir un ex-gouverneur colonial Listonien conserver tant de pouvoir dans le Détroit du nord. Un pied de nez de l’histoire de la part des anciens colonisateurs que les traditionalistes et suprématistes Pharois ont du mal à supporter.

Manœuvres, négociations et intrigues restent donc encore une fois le lot de Porto Mundo. A croire qu’il n’est pas un seul projet dans la région qui ne soit un nouveau coup de poker tenté par l’un ou l’autre de ses acteurs. Edmundo Estrella est un chien tenu en laisse par une chaîne d’or et d’argent, mais un homme averti se souviendra que ce n’est pas là le plus solide des métaux, et qu’à choisir, le fer ou l’acier valent d’avantage. Peut-être est-ce pour cela que le maire de la ville n’a pas encore mordu la main qui le nourrit ? Reste à savoir si une fois que celle-ci aura chevé de lui construire sa niche, le molosse ira s’y loger paisiblement, ou se retournera-t-il contre ses maîtres.

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Au cœur de la tempête pharoise : l’œil du cyclone est à Porto Mundo

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Edmundo Estrella reçoit l’allégeance de la piraterie devant son hôtel de ville

Le changement de régime aura eu des conséquences pour Porto Mundo : alors que les services secrets du Syndikaali ont d’autres chats à fouetter et que la marine pharoise s’est auto-dissoute, Estrella semble bien décider à naviguer dans la tempête pour récupérer sa part du gâteau. De nombreux équipages, ex-militaires de carrière, se retrouvent en effet soudain sans employeur, renvoyés aux affres du grand marché du travail qu’on appelle la Manche Blanche. Une occasion que le maire de Porto Mundo semble bien décidé à saisir pour recruter un peu plus haut que la racaille qui lui servait jusque-là de gendarmerie pour son fief du Détroit.

Alors que certains équipages retournent à la piraterie et que d’autres changent de drapeau, Estrella s’est déclaré être un employeur tout à fait crédible pour les capitaines qui peinent à joindre les deux bouts, maintenant que le très riche ministre de la Défense territorial a été dissous. Il faut dire que Porto Mundo ne manque pas de richesses et bénéficie de l’héritage de l’Empire Listonien et du Syndikaali, un territoire à la croisée de deux mondes qui jouit d’un solide réseau de routes commerciales internationales et des bienfaits d’avoir la pègre dans sa poche.

Tantôt Listonien, tantôt Pharois, toujours gagnant en somme, les richesses de l’Empire et celles de la route du nord attirent les opportunistes mais aussi ceux qui ne supportent pas de ne pas avoir d’état-major au-dessus de leur tête. En cela, la figure burinée du maire incarne assurément la figure de poigne capable de fédérer autour d’elle quelques-uns des requins de la région. Estrella le sait, il joue dessus, voilà sans doute pourquoi tant de pirates ont répondu à son appel à se joindre à lui à Porto Mundo, sur les marches de l’hôtel de ville.

C’est vêtu de sa livrée de grand officier de Listonia qu’Edmundo Estrella a accueillit les capitaines pirates. Si certains se sont abîmés en génuflexions, rares sont ceux à avoir prêté allégeance dans les formes. Pas dans les habitudes des Pharois, voilà tout, mais le résultat est bien là pourtant, une cinquantaines d’équipages arborent désormais le drapeau de Porto Mundo en plus du pavillon noir au sommet de leur mat. Une manne tout à fait conséquente qui s’agite à la guarda colonial dont disposait déjà le maire et est en passe de faire de Porto Mundo une micro-puissance militaire régionale.

Fini le temps où l’ombre du Pharois planait sur Estrella, le souvenir des liquidateurs de la CARPE semble devenu un mauvais rêve. En creusant son trou au sein du Grand Capitanat et s’il n’en possède pas le titre, Estrella est factuellement en mesure de rivaliser avec certains des plus puissants capitaines de la région. Il n’en fallait pas forcément d’avantage à une partie des militaires Pharois pour se placer sous son commandement, comme ils l’auraient fait pour n’importe quel autre seigneur pirate prêt à payer leur solde et les informer des meilleurs coups dans à mener dans les mers du nord.

Dans un discours devant la presse, entouré de ses capitaines, Estrella a commencé par réaffirmer son souhait de travailler en partenariat avec ses « amis de Pharot ». Une petite phrase rapidement éclipsée mais qui rappelle à qui en doutait que l’obédience de la ville n’est pas remise en question par le changement de régime. On suppose aisément que, malgré les transformations profondes que subissent les institutions de l’ex-Syndikaali, le Pharois ne compte pas laisser ses intérêts lui glisser entre les doigts tandis qu’il se réorganise. De toute façon, la proximité de Porto Mundo avec le Détroit et la flotte noire laisse assez peu de marges de manœuvre à son maire. L’avenir sera Pharois ou ne sera pas, pour lui.

Faut-il alors désormais considérer Estrella comme un capitaine comme les autres ? Capitaine Edmundo ? L’intéressé ne semble guère se prêter au jeu et tandis qu’il n’a jamais été aussi Pharois, multiplie les signes d’amitié envers son autre patrie : l’Empire Listonien. La suite de son discours aura été un contre-pied radical à la position diplomatique impulsée par le Grand Capitanat suite aux événements de Port-Hafen. Sans aller jusqu’à remettre en question l’indépendance de la colonie – ce qui serait se tirer une balle dans le pied pour Porto Mundo – il a vertement critiqué son ingratitude et le « comportement déloyal de monsieur José Esteban, un mauvais patriote ».

« On peut ne pas aimer sa famille, mais on ne doit jamais la trahir et dans les moments difficiles, lui revenir toujours. La patrie c’est le père, Listonia c’est la mère patrie et nous autres sommes ses enfants. Quels monstres ingrats serions nous si, alors que se déchaînent contre elle des forces odieuses, nous lui tournions le dos ? Ceux qui sont mort à Port-Hafen avaient commis le crime de parricide et ils en ont été punis. Dieu a dit « Tu honoreras ton père et ta mère » tout catholique devrait garder cela en tête lorsqu’il complote contre son pays. Il n’y a pour ces gens-là aucun avenir que de tomber à genoux devant Sa Majesté pour supplier son pardon. Ceux qui s’y refusent sont des damnés. »

Un discours qui aura eu de quoi choquer quelques journalistes présents, mais sans provoquer de gros remous parmi les pirates. Il faut dire que s’engager auprès d’Edmundo Estrella, c’est savoir dans quoi on met les pieds. Une position dangereuse, qui vaut de nombreux ennemis à travers le monde, mais promet également d’être lucrative. Parlons franc : ceux qui étaient présents aux côtés du maire devant l’hôtel de ville sont assurément l’une des branches les plus arrivistes et sans foi ni loi de feu la marine pharoise. Ce sera désormais la nouvelle donne de Porto Mundo, repère de bandits et de mercenaires au service d’un seul homme ambitieux.
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