

La relance économique de la Fédération d'Alguarena est un fait notable de la politique intérieure de Mazeri Abrogara et de la Manifestacion Popular Federal - MPF dont Luis Saragoza-Medina doit se faire le digne héritier. Pour autant, cette relance économique n'est pas sans rappeler une rivalité latente pour le rayonnement économique et militaire d'autres acteurs régionaux. Un contexte géopolitique et des rivalités commerciales croissantes, qui obligent la Fédération d'Alguarena et ses élites politiques à capitaliser sur les enjeux d'une "mobilisation fédérale" pour la résurgence économique et industrielle du pays. L’année 2016 va donc être en quelque sorte le crash test, de la capacité des partis politiques désireux de faire valoir l'argument d'une concurrence internationale accrue, pour développer l'économie et l'industrie de la Fédération, possiblement au détriment de la condition sociale des travailleurs et des ménages.
Depuis les premiers événements frontaliers de 2007 avec le Grand Kah, les alguarenos ont repris conscience en la possibilité d'une guerre sur un territoire alguareno souverain, invitant largement la classe politique désireuse de faire passer un certain nombre de mesures gargantuesques en faveur de la reprise de la croissance, à instrumentaliser la course à l'armement et à l'industrialisation des pays. Être prêts et considérer les enjeux macroéconomiques qui entourent les conditions de vie quotidienne des alguarenos, voilà le nerf de la guerre partagés entre les fédéralistes et les souverainistes, qui vont respectivement tentés de défendre l'idée que les micronations composant l'Alguarena doivent s'inscrivent pleinement dans le projet fédéral et soutenir la contribution fédérale dans les instances internationales que sont des organisations de l'acabit de l'ONC (sic Organisation des Nations Nations Commerçantes), tandis que les autres soutiendront que les nations fédérés ont besoin de plus de largesse pour penser l'économie et leur modèle de compétitivité face à une Fédération jugée à bien des égards "castratrice" et "coercitive".
Dans ce contexte, les tensions militaires étant tout même parvenues à un affrontement armé dans l'espace aérien alguareno, au cours duquel un nombre conséquent d'aéronefs alguarenos ont dû être engagé pour s'opposer à une incursion d'aéronefs cette fois kah-tanaise. Si l’on n’assiste pas à un basculement dans une guerre ouverte, force est de constater que le passif des deux pays a largement conditionné le déroulé de la vie politique des huit dernières années. La présidente sortante Mazeri Abrogara (MPF – Mouvement pour la Fédération), si elle a su oeuvrer pour le maintien d'un statu quo sans transiger avec les lignes rouges défendues par la Fédération, n'en a pas pour autant cautériser les traumatismes nées d'une ère d'incertitudes.
Dans ce contexte, l'offre des souverainistes et des fédéralistes profite d'un boulevard pour repenser la notion de prospérité économique, de relance de la croissance, de défense fédérale. Enjeux autour de l'unité fédérale, de la mutualisation des moyens de défense et de renforcement des institutions centrales à l'échelle fédérale, volonté de décentraliser les moyens militaires pour adapter la défense aux enjeux et géographies locales, déréglementation au niveau fédérale pour permettre la flexibilité locale nécessaire ? Tous les sujets sont sur la table et nourrissent le spectre de l'offre économique et politique voulue aux législatives imminentes. Orienter le flou autour des perspectives à venir, pour défendre la viabiltié et la légitimité des programmes politiques ambitionnés de parts et d'autres, voilà le nouveau champ de bataille ouvert entre la droite modérée et radicale d'Alguarena.
Une droite modérée déterminée à se fortifier par la crise, voilà le constat dressé par les politologues qui constatent la résurgence des thématiques de dissuasion militaire, ratification des traités internationaux, contrôle des échanges commerciaux, harmonisation fiscale, dans le discours des politiciens de la Manifestacion Popular Federal - MPF. Le MPF jouait jusqu’à maintenant dans un registre de gestionnaire technocratique, pour valoriser ou vulgariser un bilan économique de la présidente fédérale sortante Mazeri Abrogara, qui peinait à se voir. Il se donne maintenant une nouvelle lisibilité stratégique, sur un sujet pluridimensionnel.
Le départ de la présidente fédérale qu'était Mazeri Abrogara, une figure politique et une cheffe de file politique jugée stable, prévoyante et d'envergure internationale, ouvre la voie à des débats ou tout du moins des discours sur le registre sécuritaire. Le parti fait évoluer son propos : il ne s’agit ainsi plus de proposer une gestion contenue de l’Etat fédéral, mais bien de garantir la sécurité de la Fédération face aux menaces extérieures. Au cours de la campagne législative qui s’annonce à l’horizon de l'été 2016, le MPF veut faire de ses propositions la pierre angulaire de son discours, arqué sur l'économie et la réaffirmation de la puissance militaire alguarena. Un discours sécuritaire, qui se heurte à la vision défendue par la Ligue Souverainiste d'Ulvèz Perogalata, candidat malheureux perdant à la présidentielle fédérale de janvier, prônant la défense déconcentrée, alimentée par des milices locales affectées sur le théâtre même de leurs lieux de vie.
Face à ce clivage entre les droites, la gauche radicale essaie non sans peine, d'offrir une troisième qui puisse contraster les deux autres. Mais le parti del Grupo Confederal por la Clase Obrera (GCCO) défendu par Bernabé Saavedra ne peut chercher cette voie que dans la mise en place d'une normalisation des relations étrangères avec ceux qui abreuvent de fiels ses opposants politiques. Un voeu pieu de pacifisme et d'internationalisme, qui souffre là encore d'un devancement par le programme de Luis Saragoza-Medina, ayant récemment mandaté Martha Fulton en sa qualité de représentante fédérale pour l'Alguarena à l'Organisation des Nations Commerçantes, afin qu'elle déploie des canaux diplomatiques visant à rationaliser le fonctionnement de l'ONC, vis-à-vis d'autres organisations internationales, à l'instar de l'OND ou encore du Liberalintern.
Pour une première entrée dans le cercle restreint de la présidence fédérale, il est permis de dire que Luis Saragoza-Medina vient défendre avec un certain brio la ligne de son parti, s'offrant un réservoir électoral à sa gauche qui soit un peu plus convaincu que ceux votant pour lui par simple acte repoussoir des candidatures législatives issues de la Ligue Souverainiste. En dépit de cet état de fait, Bernabé Saavedra tient encore à dénoncer à la fois une spirale militariste inextricable qui est selon lui la justification d’un renforcement de la casse sociale au profit de l'industrialisation carnassière du pays, imposée par un cadre technocratique de plus en plus décomplexé. Il milite pour une "véritable diplomatie de la paix", car toujours selon lui, "on ne prépare pas la paix en discutant uniquement avec ceux qui doivent nous suivre à la guerre", appelant notamment Martha Fulton, à oeuvrer à la faveur d'une approche pacifique des imbrications géopolitiques entourant les orientations de l'Organisation des Nations Commerçantes.
Une volonté qu'il entend mettre en exergue au sein de son programme, en y défendant des conditions d'engagement armés claires et distinctibles pour nourrir la dissuasion internationale au travers d'une communication claire et présentée aux autres parties prenantes. Une volonté aussi exprimée par le changement de l'attribution faits aux crédits militaires jugés non essentiels, afin de la rediriger vers des organisations non militaires, des institutions fédérales orientées vers le développement des tissus économiques et sociaux du pays. Dédier certaines bases militaires alguarenas en centres civiques pour la coopération internationale, en vue d'affamer les velléités guerrières et d'atténuer la résilience des populations fédérales, à l'idée d'un scénario catastrophe où la crise économique imposerait la guerre. La systématisation d'une consultation et d'une votation de l'assemblée parlementaire fédérale, pour initier l'engagement militaire alguareno sur une opération extérieure.
Si les propositions du GCCO suscitent un écho dans les cercles intellectuels, les partis modérés ou centrés, à l’instar de l'UCR, accusent celui-ci d'être ancré dans un certain irénisme naïf, qui priverait la Fédération de se mettre à la pointe de la croissance.
Le déclinisme d'extrême-droite s'en trouve aujourd'hui inversé, par le recentrage de la droite. En affichant une posture relativement modérée pour toucher la plus large part de l'opinion publique fédérale, la droite modérée de Luis Saragoza-Medina pourrait rompre avec lui pour se faire l'auditoire d'un discours présenté par la Ligue Souverainiste (droite radicale) et se revendiquant comme la seule offre politique de droite. La droite radicale, longtemps adossée à des discours identitaires et anti-fédéralistes, se rendait de plsu en plus fébrile à mesure que l'action politique des fédéralistes propulsait peu à peu l'Alguarena au sommet des sphères économiques mondiales. Le plein emploi, l'installation de sociétés prestigieuses sur le sol alguareno, voilà s points de réussite de la droite modérée sur lesquels l'extrême-droite entendait jouer son avenir politique. C'est aujourd'hui impossible de défendre les mêmes ambitions. C'est pourquoi, Cristobal Tenorio, personnalité emblématique de la LIGA DE SOBERANISTAS (LS) perdait il y a huit les élections fédérales présidentielles, provoquant l'intronisation d'Ulvèz Perogalata au rang de chef de file de la Ligue Souverainiste, et l'introduction d'une nouvelle philosophie visant à tout instrumentaliser pour s'en faire un rapport de force destinée à trouver une négociation favorable.
Un pari gagnant à en croire les résultats des dernières élections présidentielles fédérales car même si elles se sont soldées d'une défaite, le candidat de la Ligue des Souverainistes a recouvert les points de confiance jadis perdu par son confrère Cristobal Tenorio, lors des élections présidentielles fédérales de 2008. Mais la mise en avant de la souveraineté exclusive des états membres dans un contexte de lutte militaire est contre-productive. Par ailleurs il est convenant de noter qu'au sein d’un même socle, présentement de la droite dite "modérée", l’opposition entre certains segments de la droite radicale au MPF et d’autres sur une ligne de sécurité répressive mais sans remise en cause du cadre fédéral est la matrice de la naissance d’une droite sécuritaire républicaine qui, sans recourir à l’autorité verticale, accepta l’obligation fédérale comme arme de la souveraineté collective.
Au milieu du feu croisé, la gauche (SDM) et les centre-écologistes (UCR) semblent en difficulté pour proposer une alternative qui ne soit pas déjà couverte par une des parties prenantes du spectre politique alguareno. La défense fédérale partagée mais seulement dissuasive, est une piste défendue mollement et qui dans le présent contexte cantonnerait les éléments de la Fédération à des individualités passives, dommageable à la sauvegarde de la souveraineté fédérale. Face à la partition du jeu électoral par la définition ambivalente du programme du MPF, la classe politique alguarena se cherche une opposition de taille, dont le costume ne semble pour l'heure qu'aller à Ulvèz Perogalata et la droite radicale, dont l'essai aux présidentielles fédérales de janvier dernier cherche à se confirmer à l'occasion de ce second grand rendez-vous, destiné à sceller le cap voulu à la politique fédérale des huit prochaines années, en nourrissant la coopération avec une coalition présidentielle que les souverainistes espèrent la plus réduite possible ou bien en se cantonnant à la plus stricte fonction d'opposition permanente.
Des dynamiques parlementaires et des scénarios post-électoraux à construire, qui promettent à chacun une réflexion profonde sur l'identité politique qu'ils se diront prêt à perdre dans la compromission ou la formation d'un gouvernement ou plutôt un assemblée parlementaire fédérale, de coalition élargie. Les législatives de juin 2016 s’annoncent comme un carrefour, un test pour équilibriste, avec le scénario d'une victoire sans appel du MPF qui permettrait d’installer rapidement des structures militaires fédérales, une percée du GCCO qui freinerait ce processus ou encore une droite radicale prête à renverser la table et à défendre une certaine déconstruction fédérale. Au-delà des déclarations d'intention, où chacun met un point d'honneur à défendre des positions de principe pour galvaniser son électorat, il est entendu que l'issue des élections législatives fédérales ouvrira nécessairement la voie à des coopérations parlementaires pour définir des politiques à géométrie variable au gré des sujets remontés et des implications durables pour chaque votant prêt à les soutenir.
Dans le même temps, la menace économique et commerciale Kah-tanaise ne se dissipe pas, devenant une nouvelle donnée du jeu politique alguareno qui contraste les clivages usuels et classiques entre la droite et la gauche, pour ce faire un clivage polarisant, entre sécurité étatiste et pacifisme interfédéral.
La concurrence économique et commerciale entourant la Fédération d'Alguarena agite le spectre d'un récit mobilisateur et des outrages autoritaristes qui deviendrait les bases d'un catalyseur idéologique.