Par ailleurs, le Royaume répugnerait à voir partir ses valeureux hommes d'arme qui, dés lors, manqueraient à la défense de Prima. Non, l'aide que nous devons apporter pour la réalisation de cette noble entreprise est toute autre. Elle doit être simultanément utile pour la Clovanie et instructive pour Prima. C'est pourquoi nous avons décidé que notre action serait tout entière orientée vers la quête de capture et de conservation de l'influence sous toutes ses formes par le moyen d'un ensemble de technique d'infiltration et de subversion que nous allons décrire dans ce plan. Idéalement, quand notre dispositif sera au point, quand le Gondo sera sous calme, unie et sous contrôle de nos agents, que les forces anarcho-communistes en seront chassées totalement, notre brave sœur et amie la Clovanie pourra s'en emparer calmement et pacifiquement pour le bien des populations locale et pour permettre, à terme, une implantation saine et durable de l'UMT en terres afaréennes.
Comme nous allons le voir, et malgré les apparences que nous tenons à conserver, le plan devra être pour nous l'occasion de déchaîner l'ensemble de nos moyens de communication et de subversion. Nous devons faire de la réalisation de ce plan une occasion d'expérimenter en condition réelle ce que nos développement industriel récent nous permet de faire. Des résultats obtenus dépendront les orientations qui seront les nôtres en terme de développement. Aussi, dans cette logique, il est crucial que l'ensemble des acteurs concernés par ce plan mettent en sommeil l'essentiel de leurs moyens d'actions ordinaires se mettent à disposition de la Chancellerie Invisible, laquelle prendra la direction de toute l'opération sous la supervision avisée du sieur de Frontenie et la surveillance de la princesse Jeanne Marie Hélène de Prima, le tout sous la guidance suprême de sa majesté le Roy.
Il va de soi que, pour que cette manœuvre soit à la fois efficace sur le plan pratique et parlante sur le plan théorique, il faut nous assurer scrupuleusement le secret plus absolu sur cette opération. Le plan Boko Halal doit rester strictement et rigoureusement confidentiel. Puisque nous venons de donner le nom de l'opération, voyons ce qu'il veut dire et pourquoi nous avons décider de l'employer. Boko signifie « les blancs sont permis », cela signifie que nous devons faire de ce plan une occasion d'ouvrir un rapport d'amitié et un lien de coopération durable et sincère entre les peuples de l'Afaré et le monde blanc.
Sur le plan formel, pour la communauté internationale, il va de soi que tout ce que nous ferrons au Gondo sera purement et simplement des actions humanitaires comme on dit, de la bienfaisance et de la philanthropie. Par ailleurs, la liberté de pouvoir faire une apostolat est la condition qui fait que les sœurs de l'Ordre des Clarisses de la Charité, et par elles la Cité de Volignon, nous apporte son soutien. Donc prédication et bienfaisance seront les moyens dont nous devront nous servir pour donner, par des action extérieurement civiles, le Gondo aux forces de la Clovanie, c'est à dire redonner le Gondo à lui-même. Nous espérons sincèrement qu'un jour il sera possible de se passer de services et que l'honneur et la noblesse pourront à elles seules régler tous les problèmes, mais tant que subsistera en ce monde des idées libérales et du philosophisme et autre constructivisme, il nous faudra nous abaisser à employer ses armes viles mais efficaces qui sont celles de l'influence et de l'espionnage.
Concrètement, notre action devra porter sur trois domaines que nous allons détailler un par un dans un, chacun dans une section dédiée : Le monde politique et culturel, le monde économique et le monde illégal et clandestin.
Sur ce et avant d'attaquer le concret de notre opération, nous tenons à vous rappeler que les enjeux de ce plan ne sont ni plus ni moins que la politique générale de Prima pour les années à venir et la présence futur et durable de l'Union Médiane des Traditionalistes en Afarée.
Pour que cela puisse se faire convenablement, la Chancellerie Royale devra fournir au moins une consulesse par province, sans doute bien davantage, laquelle devra veiller à ce que l'on diffuse bien du contenu adapté à l'état d'esprit que nous cherchons à créer. Pour ce faire il leur sera donné tout le matériel de projection nécessaire et le personnel apte à l'entretenir et le faire fonctionner. La population doit être noyée par le flot d'images et de sons que nous lui destinons. Au début, l'action de conformation des esprits par le moyen des contenus culturels adaptés devra être suggestives, puis il faudra inexorablement passer de la suggestion à l'incitation, et, in fine, à l’obligation. Les consulesses devront bien jauger pour ne pas que la chose apparaisse.
On ira chercher les consulesses de Prima dans la plus basse aristocratie, idéalement la frange de la population pour qui la déchéance de la noblesse est une quasi certitude. Les cadettes et benjamines des maisons d'honorés seront pour nous les profils idéaux. Nous leur donnerons l'occasion de se faire une place au soleil en échange d'un investissement total de leur personne, corps et âme. Il leur sera demandé de développer un lien d'amitié solide entre Prima et les autorités locales provinciales et communales. Compte-tenu de l'attraction que les blanches peuvent exercer sur les populations de l'Afarée, elles devront accepter de faire office de courtisanes pour nous offrir le pays. Du reste, nous pourrons volontiers faire parvenir plus de femmes si les besoins de la politique s'en fait ressentir.
En ce qui concerne la production de contenu culturel, on recrutera des jeunes gens du Gondo au profil adéquate, les séries abonderont rapidement dans le pays, elles seront à l'image de sa population mais elles véhiculeront de bonnes valeurs, les vraies valeurs, celles de l'UMT : identité, communauté, piété, honneur. En attendant que le contenu exclusif arrive, il faudra diffuser le contenu ordinaire que nous produisons, il transmet déjà les bons principes mais le choix des personnages, des décors et des intrigues étant moins adaptés à la culture du Gondo, nous nous attendons à ce que l’efficacité soit moindre.
Les consulesses devront cependant ne jamais se faire connaître comme des agents aux commandes, mais seulement comme des entremetteuses entre les chefferies locales, qui sont régnantes, et le pouvoir des blancs, qui reste dans les camps, en sort rarement mais est redoutable. Il est important que les autorités locales pensent être à la manœuvre et qu'elles fassent leur notre entreprise de nettoyage des esprits, ce la n'est possible que si on ménage au maximum leur ego et que, comme dit plus haut, on accepte de donner de sa personne pour l’intérêt supérieur de la nation.
Enfin, comme pour tout les agents en Gondo, les consulesses ne devront jamais être séparées de leur escorte clovanienne à moins d'être escortées par les soldats de l'armée gondoénne. Nous ne voulons pas que les dames que nous envoyons en Gondo et dont le travaille sera, nous le savons, pénible, tombent entre les mains d'individus mal intentionnés. La sûreté avant tout.
La production devra si possible n'être pas universellement utile. Les sœurs créeront donc des ateliers qui produiront des choses pour nous. Les toilettes aux motifs et tissus affaréens vont incessamment sous peu devenir à la mode (nous y travaillons) et ces tissus seront produits au Gondo dans le cadre d'ateliers de bienfaisance des sœurs. Il en va de même pour la confection des éventails, bijoux et accessoires divers.
Une fois ces artisanats bien implantés, quand les agents économiques seront familiarisés avec la doctrine de production de Prima, les sœurs commenceront alors à implanter des Fablabs primains, le plus possible, et mécaniquement, petit à petit, par interpénétration de nos économie et proximité de leur structure, nous gagnerons le soutient et l'amitié des agents économiques de ce pays. De plus, le travail social des sœurs sera une occasion de conversion qui aidera notre entreprise actuelle et nos entreprises futures.
En ce qui concerne les sœurs, il doit y aller d'elles comme des consulesses, elles ne doivent pas être en liberté sans escorte. L'armée clovanienne nous a garanti qu'elles ne seraient pas pas sans protection, que les sœurs ne fassent pas de zèle et obéissent aux militaires. Bien que la mort ou les maltraitantes excessives des sœurs puissent être l'occasion d'un casus belli qualitatif et durable pour Prima, nous rappelons nos superviseurs que nous n'avons pas d'ambitions militaires et que toute faiblesse de leur part en la matière sera traitée comme une défaillance de leur part. Si cela devait changer, qu'ils se rassurent, ils en seraient informés d'une manière ou d'une autre.
Pour le reste, cette action de guerre économique étant plus expérimentale, encore, que le reste, il est certain et attendu que de nombreuses modifications et ajustements seront à prévoir.
Nous devons impérativement conquérir le crime et la société souterraine. Toutes sortes d'accords pratiques peuvent être pris, nous laissons aux gens de la chancellerie secrète tout la liberté d'action qu'il faut pour cela. Par ailleurs, les criminels doivent voir en nous une opportunité et non un obstacle, sans pour autant que les braves gens nous voient les favoriser, les autorités locales devront donc faire preuve de finesse et de doigté. On éliminera au besoin les personnes du milieu qui ne savent pas travailler comme il faut et nous les remplaceront par de vrais professionnels.
Par ailleurs, on hésitera pas à faire jouer les ethnies contre les autres selon nos intérêts et dans le but d'avoir des agents dans tout les camps non-communistes. Les réseaux ainsi constitués, nous gagnerons un capacité d'action non négligeable et discrète nous permettant d'effectuer dans l'administration ou le gouvernement les corrections que nous penserons devoir faire pour assurer au mieux nos intérêts.