La thèse principale de Norbert Limonier est la suivante : l'homme est libre, entièrement et irrémédiablement, au sens métaphysique du terme. C'est-à-dire que l'homme est toujours l'entier décisionnaire de ses actions, et qu'il en demeure indéfectiblement le seul responsable. Ceux qui reportent la responsabilité de leurs actes sur d'autres facteurs comme le contexte social ou la pression d'autrui font preuve de mauvaise foi. Finalement, c'est toujours de notre propre chef que nous prenons la décision finale. Tel que l'écrit Limonier : "La liberté comme fatalité".
Mais la philosophie de Limonier s'écarte de la pensée du libre arbitre et de la vision moniste de l'âme humaine, qui considère l'Être comme une sphère à part entière, dissociée du monde extérieur et dont nous serions le souverain. Norbert Limonier représente l'Être comme un Vide. Cette conception est difficile à décrire en un texte aussi bref que ce format nous soumet. Nous sommes caractérisés par un Vide, et ce Vide est constamment en contact avec le monde extérieur, et c'est ce qui fait notre absolue liberté. Naissant avec un Vide, nous choisissons à chaque instant ce que nous sommes. Nous ne naissons pas avec une fonction et un être totalement fonctionnel : nous choisissons ce que nous sommes par nos actes. Ces derniers nous définissent. Par exemple, on ne nait pas lâche. Nous ne pouvons pas dire "j'ai fui parce que je suis lâche", car la vérité est que nous sommes lâche parce que nous avons fui. En décidant de ne pas fuir, nous aurions immédiatement été qualifié de courageux.
La "présence" de ce Vide en nous est prouvée par le dédoublement de notre conscience. En effet, lorsque nous tentons de nous caractériser nous-même, nous nous écartons de notre Être pour ne devenir qu'un simple regard sur ce que nous sommes. Ainsi, lorsque nous disons "je suis lâche", nous sommes certes lâche sur un plan de l'Être, mais nous ne sommes pas lâche sur un autre plan, puisque nous ne sommes qu'un regard pointé vers notre lâcheté. Ainsi, nous sommes ce que nous sommes et nous ne sommes pas ce que nous sommes. La sincérité (admettre que je suis lâche) n'a donc aucun sens, tout comme la mauvaise foi. C'est cet écart entre ces deux plans de la conscience humaine que Limonier appelle le Vide.
La pensée de Limonier n'est pas incompatible avec les autres philosophies plus traditionnelles, ni avec la foi en la religion ortholique. Seule la vision complexe de l'Être du philosophe peut entrer en conflit avec les autres conceptions, mais on s'aperçoit bien souvent qu'on peut facilement outrepasser cette dichotomie.