Matérialisme Gothique et Fictions Cybernétiques dans le Cycle Post-Estimable (Partie 1)
Introduction : Le Paradoxe de la Victoire – Sommes-nous devenus les fantômes de notre propre Révolution ?
Cela fait maintenant deux ans que les instances de planifications confédérales l'ont déclarée : nous approchons enfin et pour de bon de la "société d'abondance", objectif confédéral fixé dès 1910 par le Comité Millénariste, sur les bases d'estimations de progrès des capacités de production industrielles et humaines associées à une fois sans faille en l'apport que la technologie offrirait au genre humain dans les décennies à venir. Cette déclaration, si elle fut suivie d'une période de presque quatre décennies d'allégresse économique et politique, a pris une fin brutale – comme beaucoup d'autres choses – avec le coup d’État de 1980, lequel n'a en fait qu'achever un concept dors-et-déjà progressivement délaissé par le Comité Cybernéticien au profit de la libéralisation de l'économie ; « La Planification n'est plus à l'ordre du jour », avait dit le citoyen Marravre. Réintroduit au profit des plans directeurs de reconstruction en 1995, l'abondance est désormais matérialisée en une réalité pratique et, semble-t-il, assez infaillible.
Les biens dits "essentiels" sont distribués à travers toutes les communes par des réseaux locaux et confédérales de plus en plus autonomes, les indicateurs du Commissariat au Maximum sont en vert et le relatif ralentissement de la croissance, pour le moment expliqué par la transformation progressive de l'économie vers un fonctionnement plus éco-compatbile, se traduit par une amélioration continue des conditions d'existence. Le seul symbolique des 2000 milliards d'unités de PIN semble désormais assurer aux kah-tanais une vie matérielle stable et sécurisée, très éloignée des images que certains pays aiment à répandre sur les modèles économiques non capitalisés.
Pour citer directement la présentation du citoyen Le Chiffre lors de la conférence des confédérations associées au Mokhaï, « Un kah-tanais a besoin d'un bien. Disons une machine outil de faible envergure, ou un ordinateur portable. Ils ne sont pas des biens destinés à la production de masse et ne dépendent pas de la communauté, du syndicat local de production ou d'une coopérative – qui pourrait au cas échéant lui prêter pour usage personnel. En bref, il est tout à fait légitime à recevoir ce bien, quel qu'il soit. Il émet une demande sur son terminal, lequel lui permet d'obtenir un aperçu du stock disponible et des spécificités des options dont il dispose. Rien en le satisfait aussi décide-t-il d'attendre un peu. Il est mis sur une liste et, après quelques jours, reçois confirmation de sa commande. Trois jours plus tard, un carton est intégré à la livraison matinale pour sa commune. Il a reçu son produit. Il est bien conçu, livré à temps, sinon un peu en avance, est conforme aux prévisions du Plan... Tout fonctionne. »
Tout fonctionne, c'est vrai. Un authentique miracle, si l'on s'arrête un instant sur les chiffres de la crise économique traversée par notre Union, et sans se poser un instant la question des mécanismes sous-jacents à ce succès de la chose économique et matérielle, unique unité de mesure de la réussite dans le monde capitaliste mais, aussi, dans certaines traditions dites "scientifiques" du socialisme appliqué. Tout fonctionne. Pourtant, quelque chose ne va "pas". À noter une nuance importance : il ne s'agit pas d'une défaillance, ou d'une dysfonction, mais bien d'une sensation, une impression, voir un sentiment diffus. Ce sentiment se rapproche de la saudade caractéristique des kah-tanais continentaux, superficiellement. C'est un sentiment de distance, de déconnexion. Cette forme de mélancolie n'a rien à voir avec le sentiment hérité des premiers colons ou des natifs arrachés à leur culture et leur environnement. C'est une langueur nouvelle, et intrinsèquement liée à la nature même de notre succès.
Oui, tout ceci est paradoxal. Malgré la prospérité et la liberté, le citoyen se sent parfois isolé. La multitude de possibilités, le confort, la sécurité, le droit à disposer de son temps libre et à jouir de son existence terrestre n'empêchent pas l'apparition d'un sentiment d'aliénation latent : le kah-tanais se sent parfois comme un simple rouage dans une machine tout à la fois invisible et immense. En Mährenie, lors des élections générales de 2016, le collectif de poète Q, associé à l’Étrange Parti, a sorti une série de sonnets pamphlétaires desquels on a surtout retenu ces lignes :
« Die Sonne ist untergegangen,
Und die Werbetafeln starren uns alle an,
Und die Flaggen hängen alle schlaff an ihren Masten.
Wir sind gefangen im Bauch dieser schrecklichen Maschine,
Und die Maschine verblutet. »
Nous sommes piégés dans les entrailles de cette horrible machine,
Et elle se vide de son sang..
Le sentiment trouve une résonance mondiale, aussi bien en Eurysie qu'en Palaoterra, mais on ne pourra pas affirmer qu'elle est ici le fruit de l'oppression capitaliste. Peut-être même n'est-elle pas l'émanation d'une oppression au sens où on apprit à l'entendre et le définir les penseurs de la Révolution et les citoyennes et citoyens évoluant dans un monde culturel conçu sur leurs trouvailles. Vraisemblablement, et considérant la situation actuelle du Grand Kah, on pourrait aller jusqu'à arguer que c'est le succès même de l'Union, et ses conditions matérielles de réalisation, qui engendre ce sentiment.
L'hypothèse est osée, certains diront même problématique. Nous n'irons pas, ici, jusqu'à prétendre que son caractère potentiellement irrecevable est incompréhensible : le Grand Kah a atteint les objectifs qu'il s'était fixé il y a un siècle malgré deux crises existentielles majeures. Cela prête plutôt à réjouissance. Le reste, c'est du détail. Pour autant il convient de l'analyser et d'essayer de comprendre chaque élément de ce succès afin d'assurer que les prochains objectifs long termistes de l'Union amènent à une régulation de ses failles actuelles, et se fasse avec une bonne compréhension des nouveaux enjeux ayant émergé lors des trente dernières années. Plus généralement, et ce sera sans doute un élément moins sujet à polémique, il est important d'associer ce sentiment aux conditions moins matérielles que culturelles de notre actualité. S'il est évident que tout trouve une source dans la composition de l'économie et de l'organisation urbaine de l'Union, c'est à dire des conditions d'existence concrètes des kah-tanais, leur réception de ces dernières sont nécessairement influencées par des facteurs strictement culturels, indépendamment de leurs propres causes profondes et matérielles. En d'autres termes : qu'est-ce qui, dans l'ethos actuel de l'Union, sujet à un sentiment de crise ?
Pour commencer, la complexité associée à la modernité technique et au phénomène de "professionnalisation", c'est à dire en fait d'accumulations de chaînes de production et d'action - associées aux technologies modernes. Plus généralement, l'idéal de la Révolution Permanente, appliquée au Grand Kah comme une solution administrative, semble avoir engendré la naissance d'un système administratif, économique, logistique, dont la complexité d'ensemble frise désormais avec le parfaitement illisible. Si le kah-tanais moyen a toujours autant de pouvoir sur son existence qu'il y a vingt, quarante, soixante ans, il est possible que la multiplication des chaînes de valeur et la création de programmes militaires et diplomatiques complexes aient imposés à la Confédération une restructuration bureaucratique vertigineuse. Le Communet est peut-être l'exemple parfait de cette crise de la démocratie directe ressentie : conçu pour la transparence totale et le partage libre d'information entre individus et communauté, il est progressivement devenu un océan de données difficilement navigable pour un individu isolé. Chaque décision ou flux de ressource y est tracé et accessible, mais engendre une série de réactions, d'archives, de réaction tendance à priver l'information de son caractère pur, pour en faire un écho de sa propre existence.
Qui lit vraiment ces milliards de données ? Question strictement rhétorique : nous savons évidemment que personne n'est en mesure de fait la synthèse de ces réseaux. La transparence théorique est absolue, mais la capacité humaine à la saisir est par essence limite. La question centrale de cette crise est dès-lors, selon nous, celle de l'agence citoyenne. Pour en revenir à notre exemple, le contrôle direct des communes sur les processus globaux s'effrite. Il n'est humainement pas possible de maintenir un niveau d'efficacité démocratique satisfaisant sans une réforme de fond ou la création de nouveaux outils adaptés à la nouvelle complexité de l'environnement informationnel kah-tanais. Faut de mieux, le kah-tanais ne contrôle plus grand-chose, ou du moins, se voit réduit à la portion congrue d'une individualité dans un système gigantesque. Faute de mieux, il doit faire confiance au système car, nous l'avons vu et répété, "il fonctionne".
Le sentiment que nous évoquions peut dès lors se résumer à l'incapacité de nommer ce qui s'érige désormais en nouvel adversaire de la confédération : la propre complexité de son fonctionnement. Pour la première fois de son histoire, la révolution et son autogestion ne sont pas menacés par un tyran, mais par une tyrannie désincarnée. Celle d'une efficacité ayant atteint son point critique, et dépassée la logique de production et de gestion faisant jusqu'alors figure de loi. La prise de décision glisse inévitablement des assemblées populaires vers les algorithmes prédictifs et les commissions d'experts spécialisés, lesquels mettent en place, par voie de conséquence, une technocratie informelle mais solidement enracinée. LL'immense défi est double. D'abord, il faut identifier ces faits matériellement observables pour pouvoir les comprendre. Ensuite, il faut admettre qu'ils suggèrent l'émergence d'une nouvelle centralisation. Une centralisation qui, cette fois, n'a même pas eu besoin de déconstruire nos structures démocratiques traditionnelles : elle s'est simplement superposée à elles. En effet le problème n'est cette fois pas politique, mais émerge d'une réalité technique et informationnelle. Le pouvoir est passé des assemblées maniant les outils, aux outils eux-mêmes.
Il est donc urent de mener dès maintenant une auto-critique révolutionnaire afin, déjà, de dévoiler ce "Spectre dans la Machine", mais surtout d'établir les paramètres d'une nouvelle praxis critique en mesure de commenter efficacement les nouvelles conditions d'existences et de production au sein de l'Union. Pour le moment, il faut en effet faire le deuil de nos anciens outils, lesquels ont été forgés pour combattre des ennemies que nous avons déjà vaincues ou, à minima, compris. L'Empire, la Junte, le capitalisme classique et tardif, son évolution fasciste et toutes les franges d'oligarchisme conventionnelles que nous avons combattus sur le front des idées et de la praxis. Ces schémas d’analyse traditionnels ont fait leur temps, au moins en ce qui concerne l'Union. Ils sont devenus inopérants pour comprendre les paradoxes de notre succès. Il est donc impératif d'arrêter d'appliquer les vieilles grilles de lecture et de forger ces nouveaux outils à l'aide des vingt années d'expérience et de malaise qui ont accompagné le tournant numérique de la société mondiale et kah-tanaise. Ce travail vise à proposer deux axes d'analyse distinct pour commencer le travail.
Premier Axe d'Analyse : La Théorie du Spectre Anorganique
Un spectre anorganique. Un fantôme qui ne né pas d'un corps, qui ne s'incarne pas, qui n'a, pour ainsi dire, jamais été incarné. C'est ce qui ressort de l'observation du fonctionnement de nos propres institutions à l'ère de l'automatisation globale. Nos commissariats, notamment les instances associées au Maximum et à la Planification, et surtout le Communet, véritable système nerveux de la transformation numérique de l'Union, ont d'abord été conçus pour être des outils au service des communes. Comme nous l'avons déjà u, leur complexité, par leur échelle, leur automatisation croissante, les ont transformés progressivement. Ces systèmes ont désormais acquis une forme d'autonomie. Par là il ne faut évidemment pas comprendre que la Machine se rebelle, douée de sa propre conscience. Cela dit, elle fonctionne désormais selon une logique interne rendue opaque, et qui peut dorénavant sembler se détacher de la volonté directement exprimée par ses utilisateurs humains.
C'est l'émergence d'une vaste entité, disons machine – dans le sens de système de pièces se répondant. Une structure anorganique, c'est à dire matérielle, informationnelle, détachée du monde du vivant et qui, bien que transparente dans ses fonctions et ses entrées, a étendue le champ de son activité mais aussi les strates de conditions la contingentant au point de pouvoir se comporter comme une entité propre, avec ses impératifs d’optimisation et de croissance.
Cette entité est qualifiée de spectacle en ça qu'elle est à la fois partout et nulle part. Elle n'a pas d'existence physique, est par essence composée d'actions et d'informations, mais son influence sur la société est globale, sinon carrément absolutiste. Sans centre de commandement visible ou même identifiable, son influence reste un impératif central de la société d'abondance kah-tanaise. En somme, elle hante nos processus de décision, oriente nos choix et semble ainsi "vivre" sa propre vie.
Cette conception théorique n'est pas une pure abstraction, bien qu'elle concerne un sujet par essence détaché de toute réalité matérielle clairement définie. Nous irons même jusqu'à affirmer qu'elle prend tout son sens dans le cadre historique de la Révolution kah-tanaise, associée à la crainte historique profonde d'un pouvoir échappant au peuple. Ici nous ne faisons plus face à la figure du tyran ou du Daïmio, mais à celle d'un système impersonnel et froid. Un nouveau type d'aliénation né de la complexité, qui ne correspond pas tant à une exploitation qu'à une expulsion des citoyens de leur statut d'agents actifs par la simple opacité fonctionnelle d'un système dont il a participé à l'édification.
Second Axe d'Analyse : Hyperréalité et Fiction Active
Nous avons donc des citoyens poussés à l'impuissance par un système dont la complexité échappe à tout contrôle ou compréhension. Soit. Cela s'accompagne cependant d'un autre mouvement de fond, que nous n'avons jusque-là pas abordé mais qui nous semble essentiel pour comprendre sinon les causes, au moins les conséquences de cette situation. La Parix Hyperfictionnelle pourrait se résumer selon la formule suivante : le signe précède le sens. Traditionnellement, les récits, mythes et modèles fondateurs structurent la réalité politique et sociale du Grand Kah. C'est la tradition du socialisme scientifique mais aussi, plus généralement, des sciences humaines et du dialogue "de raison" qui a toujours été au centre des délibérations. Le réel précède l'action, et est observé comme fondement de toute politique publique ou réaction sociale.
La Fiction Active est, selon nous, l'inversion de cette norme politique; Une fiction est donc un récit, un jeu, un modèle, un mythe. Ici, elle cesse d'être une représentation ou un miroir de la réalité, mais prend le rôle d'un opérateur agencé, un programme qui produit activement du sens, indépendamment de toute réalité, et génère une boucle de rétroaction affectant la réalité concrète de façon continue. Le récit ne décrit plus le monde, mais participe à l'écrire, voir à matérialiser l'avenir.
Quelques exemples concrets de cette inversion des normes sémantiques peuvent être utiles pour comprendre cette évolution : en effet, son application peut sembler aller de soi tant elle est caractéristique de l'accélération des échanges d'information et de la prise d'indépendance des systèmes. Par exemple : l'un des exemples les plus éclairant est celui du "Quadrant". Ce qui n'était à l'origine qu'un outil d'analyse ludique dans des communautés de fans, originellement strictement fictionnel, est devenu un cadre de référence sérieux, utilisé par des politologues et des citoyens pour interpréter, et donc influencer la compréhension, des alliances réelles au sein de la Convention Générale. La grille fictionnelle parvient à façonner la perception du réel au point de devenir elle-même une force politique imposant à ses sujets de se positionner en conséquence.
Autre exemple plus traditionnel dans son application et sa mise en place, l'apparition d'un nouveau populisme kah-tanais incarné par la citoyenne Maïko. Jouissant d'une image médiatique très caractérisée, elle est élevée au rang de "guerrière" ou de "voix de la colère". Une fiction narrative construite par la Section Défense et ses relais, dont la nature profondément décentralisée a semble-t-il dépassé la cheffe du mouvement. La base politique de Maïko voit en elle l'écho d'attributs qu'elle lui a déjà assignée en toute autonomie, engrenageant une évolution rapide et observable des discours de la citoyenne visant à rattraper le mythe de sa personne tel que pensé et diffusé par ses alliés. L'électorat a créé le personnage, créant à son tour l'électorat. Maïko l'individu est un non-sujet absolu.
Notre propre récit de la Révolution, avec es héros sanctuarisés comme les Sœurs de Lame et plus récemment les martyrs de 1992, dépasse le statut de souvenir historique ou de réalité objective mémorialisée. C'est, par sa nature politique, une fiction active qui justifient l'action présente, légitime d'éventuels sacrifices à venir et programme notre posture face au reste du monde. Nous agissons pour rester fidèles à une histoire dont les détails sont, au moins dans la conception populaire, dépendant de récits parfois assez éloignés de la réalité. Des mythes restant d'actualité par la nature de leur transmission orale et en ligne, et participant à reforger et renforcer l'identité culturelle et politique du Grand Kah. Nous agissons pour rester fidèles à des mythes que nous écrivons à chaque évocation. Les idées ont atteint une autonomie de fait.
Thèse de l'article
Dès lors que ces premiers outils sont conceptualisés, il devient possible de les employer pour mener un diagnostic de l'état actuel de l'Union. La menace qui pèse sur l'Union n'est aujourd'hui plus un retour en arrière, la dernière expérience en la matière a clairement montrée le caractère désormais difficilement réalisable d'un tel projet politique. Ces spectres-là ont été vaincus il y a trente ans, et finissent d'agoniser dans la cité lointaine de Carnavale. La nouvelle menace est tout autre : il s'agit bien d'une aliénation par le succès. Une transformation radicale et incomprise de notre société. Celle-là, subtile et insidieuse, amène à une situation d'aliénation qui n'a rien à voir avec l'oppression, qui aurait au moins généré un sentiment de révolte contre un adversaire clairement identifié. Non. Cette aliénation est cybernétique. Elle passe, comme nous l'avons vu, par la perte de contrôle et de sens au sein d'un système parfaitement fonctionnel, et que nous avons nous-mêmes bâti. En d'autres termes: si tout fonctionne et si tout est satisfaisant, faut-il que les choses changent ? La réponse évidente semble être "non", induisant un sentiment de désespoir latent à des citoyens qui ressentent pourtant l'existence d'un problème profond dans la société kah-tanaise. Désormais, le citoyen est libre mais sa liberté s'exerce sur des choix locaux, à l'intérieur d'un cadre de plus en plus restreint et de moins en moins maîtrise. Les grandes orientations de la Confédération lui sont-elles seulement encore accessibles ?
La Roue est l symbole du progrès et du changement continuel. Elle avance et trace un sillon dans lequel nous nous enfonçons. La question est désormais de savoir si elle continue de faire progresser l'histoire vers une libération toujours plus importante des masses opprimées. Au contraire, a-t-elle atteint une telle vitesse qu'il nous est impossible de la suivre ?