Posté le : 05 avr. 2024 à 03:49:40
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Exercice militaire sylvo-tcharnove d'ampleur !
Prêt d'une centaine d'avions, de chasse ou d'attaque au sol, voir encore de logistique, venant de Sylva, Caratrad, Zélandia et Miridian. C'était là une force aérienne conséquente d'un coup, impactant fortement les capacités en ressources humaines de la Tcharnovie. Si c'était là un très généreux cadeau sans contrepartie, pour affronter la chasse loduarienne avant que la fin du conflit ne prenne de cours les opérations, il n'en était pas moins couteux. La Tcharnovie dépendait maintenant des quatre pays d'origine des avions pour former son personnel (techniciens comme pilotes) et s'approvisionner en pièces de rechange comme munitions. Et c'est sous la coordination de Sylva que s'opérait un gros travail de mise à niveau et organisation pour assurer aux forces tcharnove la parfaite maitrise de leurs ressources sur la durée.
La première étape concernait la formation des ingénieurs en charge des avions, chaque heure de vol en demandant des dizaines d'entretiens. Turbomoteur, commandes de vol, avionique, armement, conduite de tirs, structure et fuselage, autant d'éléments sensibles et complexes qu'il convenait de connaitre pour étendre la durée de vie d'un chasseur au-delà d'une mission.
La gestion des senseurs différents et des munitions étaient notamment un élément spécifique nécessitant chacun un pan entier de formation pour les techniciens. Chaque nation, armée et groupe industriel a généralement ses méthodes et préférences propres dans ces domaines.
Pouvait également être envisagé des modifications sur les avions, pour adapter les munitions produites localement par les tcharnoves. La chose était toutefois loin d'être aussi aisée qu'elle en avait l'air et allait au-delà d'une simple polyvalence des points d'attache. Un missile largué d'un avion à haute vitesse doit se faire de façon sécurité, après une succession d'expérimentation. Nombre d'accidents ont eu lieux avec des missiles, bombes et réservoirs externes non conformes endommageant (voir détruisant) l'avion en se redressant puis remontant pour percuter l'avion une fois largués.
Les doctrines d'opération au sol faisaient aussi partie des formations pour les tcharnoves. Un avion n'est à aucun moment plus vulnérable que quand il est au sol, d'où la nécessité d'intégrer toute la gestion des bases dans la doctrine. Les sylvois purent notamment partager leur expérience en guérilla aérienne, consistant à disperser les avions sur un ensemble d'aéroports voir de pistes improvisés. Les autoroutes peuvent être d'excellents points de lancement pour les avions, mais, leur stockage ne doit absolument pas être négligé. Camouflé dans des filets aux couleurs de l'environnement, dans la forêt, sous des points ou dans des abris renforcés, un avion doit être protégé et surveiller pour le prémunir des actes de sabotage ou attaque surprise.
Élément capital pris très au sérieux par Sylva, qui tenait conséquemment à former les pilotes et officiers tcharnoves sur la question : le renseignement. Dans le cas de l'aviation, il s'agissait de tout le travail de détection de l'adversaire tout en veillant à ne pas soit même se faire détecter.
Multitudes d'exercices de patrouille furent opérées, avec l'appui d'avions ravitailleurs. Il s'agissait de surveiller pendant de longues durées (parfois huit heures d'affilée) le terrain, en refaisant occasionnellement le plein directement en vol. Entre le réapprovisionnement aérien de carburant, l'emploi des radars et optroniques, et l'endurance des pilotes mise à rude épreuve, c'étaient des exercices particulièrement éprouvant pour les cadets.
L'observation en elle-même était quant à elle tout un art. Les chasseurs fournis n'avaient pas les plus puissants des radars, dont la portée était conséquemment impacté, mais ils étaient malgré tout complètement apte à surveiller en toute autonomie un territoire. Prendre de l'altitude permet de repousser l'horizon et avoir un point de vue ascendant sur le sol, augmentant la portée de détection et limitant l'efficacité du vol à basse altitude pour se dissimuler.
De nombreux entrainements furent effectués par équipes, l'une de patrouille et l'autre d'infiltration. La première devait naturellement détecter la seconde, qui cherchait quant à elle à répondre à un objectif sans se faire intercepter. C'était tout un travail d'anticiper les zones de patrouilles, déterminer les points de passage les plus discrets, et éviter la détection radar.
La surveillance infrarouge avec les optroniques était également pratiquée, à moyenne, voire courte portée (la signature infrarouge n'étant visible à longue distance, diluée dans l'atmosphère). C'était un outil redoutable pour accrocher un avion et, notamment, la chaleur émise par sa propulsion.
D'autres exercices furent par ailleurs opérés : repérer les radars adverses en "écoutant" les émissions avec le radar passif, faire de la surveillance air-sol, déterminer le terrain...
Vinrent ensuite les exercices conjoints concrets : les simulations de combat. Les formateurs sylvois étaient venus à l'occasion avec quelques chasseurs-bombardier ducaux pour former les tcharnoves au combat contre des appareils plus avancés. Interception, combat tournoyant, par-delà la portée visuelle, interdiction aérienne, coopération interarmes avec la DCA au sol, absolument tout était enseigné à l'armée de l'air de ce fidèle partenaire.
C'était d'ailleurs là l'occasion d'entrainer à l'usage des radars mobiles et lanceurs de missiles anti-aériens. Le premier devait avant tout être disposé en hauteur pour accroitre sa portée, sans non plus s'exposer à outrance. Les seconds pouvaient être davantage dispersés tout en veillant à couvrir la zone à protéger.
Les exercices d'interception se faisaient conjointement avec ceux de détection, selon le processus suivant : surveiller une zone, repérer une incursion, rattraper et neutraliser la menace. Prendre de l'altitude et de la vitesse, en plus de rattraper sa cible plus rapidement, étendait la portée des missiles (qui avaient alors plus d'inertie). C'était notamment avantageux pour la seconde partie de ces exercices : le combat au-delà de la portée visuelle. Ne se basant pas sur la vue du pilote, il s'agissait de verrouiller de loin la cible avec le radar, pour tirer les missiles avant même qu'elle ne soit visible.
Le combat tournoyant se faisait quant à lui à courte portée, mettant à profit la vue et les optroniques infrarouges des avions. La maniabilité des avions était d'une importance cruciale durant ces exercices, mais les capacités des pilotes à conserver l'énergie de leur avion, anticiper et suivre les manœuvres de l'adversaire, et finalement prendre l'ascendant primaient.
Apprendre à accumuler et conserver l'énergie cinétique de son avion, pour rester rapide, maniable et apte à se repositionner, nécessite de la pratique. Cela peut se faire en prenant de l'altitude (accumuler de l'énergie potentielle de pesanteur ensuite exploitable en énergie cinétique) puis plonger pour gagner en vitesse. Les manœuvres et virages, inversement, font perdre de l'énergie, ce qui implique parfois de descendre pour en reprendre.
La coordination entre les pilotes et l'apprentissage de la communication radio au combat pour se faire comprendre rapidement et transmettre des informations claires était également travaillé avec attention. Il est capital en combat de toujours suivre de vue les adversaires, tenir informés ses alliés de leur position, sans non plus les saturer d'informations.
Et se firent finalement les exercices de coopération interarmées entre les forces terrestres et aériennes. Entre l'usage de la DCA combinée aux chasseurs pour intercepter l'aviation adverse, ou inversement des avions d'attaque au sol pour soutenir les blindés au combat, nombreuses étaient les combinaisons dans lesquelles se soutenaient mutuellement armée de l'air et de terre.
Les pilotes d'avion d'attaque au sol étaient formés à une très large panoplie d'armes :
-Le canon pour l'infanterie ou les véhicules légèrement blindés,
-Les bombes aérofreinées pour les bombardements en piqués (la bombe était ralenti pour laisser le temps à l'avion de redresser, autrement sa détonation pourrait l'endommager),
-Les bombes lisses larguées à plus haute altitude. Il y a également les variantes guidées voir planante pour accroitre leur portée effective,
-Les roquettes, toujours en appuie rapproché,
-Et finalement les missiles, que ce soit pour l'anti-blindé, mais aussi la "SEAD" (suppression des défenses anti-aériennes ennemies en français). La lutte contre la DCA se fait généralement avec des missiles anti-radiations, attirés par les sources d'émission radio.
En plus de l'appui rapproché et SEAD, les avions d'attaque au sol pouvaient aussi faire des frappes en profondeur. Une fois le ciel contrôlé (après avoir neutralisé la chasse et DCA adverse) ou en se faufilant à basse altitude, les bombardiers peuvent s'enfoncer dans le territoire adverse pour frapper des cibles stratégiques (centre de commandement, nœuds logistiques, bases militaires, centrales radar...).
Tels étaient les très nombreux exercices effectués avec l'armée de l'air tcharnoves, conjointement avec les forces au sol dans certains cas de figure. Il s'agissait de mettre au niveau le personnel sur les plans techniques, tactiques et stratégiques, chose faite avec succès.Mais cette opération d'envergure permettait également un rapprochement entre les pilotes tcharnoves et sylvois, ayant eu l'occasion de vivre et travailler ensemble un certain temps. Même médiatiquement, la communication accompagnant la chose témoignait de la proximité entre Sylva et Tcharnovie, aussi distantes qu'aient l'air les deux nations.
Ce fut évidemment un énième sujet de débat par les divers contestataires sylvois, abordant avec plus ou moins de justesse des sujets tout aussi variablement pertinents. Entre l'image militariste juste après l'implication indirecte dans la guerre du Kolcovo, l'implication plus générale dans les affaires de l'Eurysie de l'est, les coûts démesurés de toutes ces opérations : il y avait en soit beaucoup à dire et tout autant à critiquer au gouvernement sylvois par la même occasion.
L'une des plus grandes difficultés des exercices conjoints ne fut toutefois pas technique ou technologique, mais linguistique. Techniciens et pilotes sylvois devaient avoir été sélectionnés pour parler des langues communes, quitte à ce que ces formations ne servent qu'à entrainer les premiers instructeurs tcharnoves, qui transmettront au reste de l'armée de l'air le savoir-faire nécessaire.
Ce fut tout de même vue comme une opportunité d'élargir les domaines de compétence des sylvois présents pour apprendre (même à un niveau insuffisant pour le combat aérien) les rudiments d'un dialecte de Tcharnovie.
Cette capacité de parler le même langage aéronautique (puisqu'il s'agit de terme spécifique, et que l'on doit se comprendre très vite en combat) contribuait par ailleurs dans un cadre plus large à développer les capacités d'interopérabilité des armées sylvoises et tcharnoves. Les exercices opérés devaient à terme assurer l'habiletés des deux armées de combattre conjointement, sur le plan tactique et stratégique.