25/02/2015
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PRODNOV - Guerre de réunification - Page 2

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Des survivants suite à la première vague d'invasion

Guerre au Prodnov : la débâcle frontalière


Un désastre total. La panique se faisait déjà ressentir au sein de l’État-Major de la République Libre. Jusqu’ici la menace communiste avait été négligée, sous-estimée, et désormais ils pouvaient entrevoir le prix de cette erreur tactique. La sacro-sainte protection de l’ONC s’était évaporée aux premières escarmouches frontalières alors que le haut-commandement avait assisté ébahi au retrait express des milliers de soldats du Lofoten et du Jashuria. Seuls deux contingents novigradiens et alguarenos étaient restés pour soutenir la jeune garde républicaine dans cette épreuve. Un courage louable mais bien insuffisant face au rouleau compresseur que représentaient les forces de la RSP et du Pharois qui s’abattaient droit sur la capitale. Les rapports étaient catastrophiques, la ligne défensive frontalière avait été entièrement submergée par l’ennemi. Malgré des positions fortifiées et plus de dix-mille hommes pour défendre les frontières occidentales et orientales, l’invasion n’avait été retenue seulement qu’une poignée d’heures. Les premières estimations s’élevaient à plus de cinq milles morts et plusieurs centaines de désertions confirmées du côté de la garde républicaine. Mais le plus préoccupant était l’avancée éclair de l’ennemi qui se dirigeait directement sur Staïglad….
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La guerre au Prodnov, un terrain de jeu pour l'armement Loduarien.


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Mise à l'honneur lors de l'offensive Prodnovienne, l'artillerie de conception Loduarienne a désormais un titre à défendre.

L'offensive au Prodnov par l'armée de la République Sociale de Prodnov est pour le moment, une réussite incontestée. Déjà désignée comme un "rouleau compresseur", cette nouvelle offensive d'un nouveau type sur le continent Eurysien ne fait que commencer à nourrir l'actualité mondiale, et encore plus dans un monde où l'internet se fait une place massive dans la vie des habitants de notre planète.

Et si la supériorité aérienne du Prodnov n'est pas négligée, un autre acteur important est rentré en jeu dans cette guerre : l'artillerie. Car une armée sans artillerie, c'est une armée sans stratégie et livrée à sa défaite. Et chose particulièrement intéressante au Prodnov, c'est que la totalité de son artillerie a été conçu et fabriqué sur le sol Loduarien. La puissance des canons Loduariens fait son grand retour. Car l'artillerie Loduarienne, c'est toute une histoire.

Fortement privilégiée aussi bien par le régime actuel que par la République Loduarienne, l'artillerie à toujours été considéré comme le "nerf de la guerre". Une armée sans artillerie, c'est une armée sans victoire. Précision et excellence, tel est l'objectif de l'artillerie. Ainsi, sur le front Prodnovien, l'artillerie Loduarienne fait de nouveau ses preuves après 20 ans de repos. Et avec succès : sur les 50 canons de tous types donnés à la République Sociale de Prodnov par la Loduarie, seuls 3 ont étés mis hors d'état de nuire par les contre-mesures de L'ONC, pour une destruction de 63 canons sur les 150 canons tous type confondus de la République Libre du Prodnov. Au niveau des véhicules détruits, la République Libre du Prodnov s'est vu perdre plus de la moitié de son arsenal.
L'artillerie de saturation Loduarienne fait également ses preuves. Conçue pour raser des zones entières sans grande distinction entre les différentes cibles militaires, elle a causé au Prodnov la perte de très nombreux soldats à la République Libre du Prodnov.

La guerre au Prodnov est donc une opportunité en or pour la Loduarie. En plus de tester en temps réel son matériel contre les forces de L'ONC, et donc de pouvoir lui apporter des modifications et des études complémentaires, cela permet un ingénieux coup de communication. En effet, la réussite de l'offensive de la République Sociale de Prodnov et également due à la présence d'une artillerie Loduarienne efficace, qui démontre sa puissance sur le terrain, sans propagande, quelques temps après l'attaque de L'ONC à l'encontre de la flotte de guerre de l'UNCS.

L'artillerie Loduarienne a regagné son titre de l'une des meilleures artilleries au monde, après cette dernière offensive. Et il y a des chances qu'elle doive continuer à se battre pour le conserver.
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Les Nouvelles Peprovites | 02/04/2010
Malgré les premiers résultats militaires sur le terrain, le GMDO se réunit pour un bilan critique

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A la remorque des troupes motorisées, l'infanterie progresse à pieds pour prendre possession du terrain conquis, sans toutefois avoir pris part aux combats

Tandis que l’état-major prodnovien se garde de tout commentaire, si ce n'est pour annoncer des victoires toutes plus héroïques les unes que les autres, la branche élue du Groupement Armé de Défense et d’Offense (GMDO) composée de seize députés s’est empressé de rendre publiques plusieurs notes de l’armée pour les soumettre au débat à la Sborka. Grâce à ses liens avec les hauts-gradés (le GMDO désignant également l’assemblée des généraux héritée de l’ancien Prodnov), les députés ont pu présenter quelques jours seulement après la reprise des hostilités une liste de doléances devant la Sborka visant en urgence à « donner les moyens à nos forces militaires » de faire correctement leur travail.

Dans le viseur du GMDO, la faible motorisation des troupes est particulièrement critiquée. « Des colonnes de soldats progressant à pied dans nos campagnes pour rejoindre le front, autant de forces indisponibles pour soutenir notre glorieuse offensive et qui viendront à manquer si l’ennemi devait tenter de riposter ». Force est en effet de constater que l’armée prodnovienne ne peut, en comptant large, qu’embarquer à peine un soldat sur dix dans un véhicule. Si les forces de l’Armée Révolutionnaire Internationale des Stations libres (ARIS) a prêté une partie de son matériel à l’état-major, il est indiscutable que le manque de véhicules a fortement ralenti la progression des troupes, ralentissement qui aurait autorisé, selon le rapport du GMDO, la retraite stratégique des forces de l’ONC vers le sud du pays.

« L’affaire aurait pu être plié en trois jours, mais en laissant s’échapper le gros des forces de l’ennemi nous nous sommes privés d’une victoire éclaire. Ceux qui ont délaissé le budget militaire au profit de dépenses subalternes devront assumer les responsabilités des sièges à venir qui s’annoncent longs et difficiles » explique à la tribune le lieutenant-caporal Gaspar Zakharov, élu du GMDO.

Les budgets militaires de la République Sociale sont ceci dit parmi les plus élevés du monde avec quelques 11% du PIB consacrés au seul ministère des Armées et de la Défense. « Pas assez » selon Zakharov qui a brandit devant la Sborka une photographie montrant une colonne de soldats avancer sur une route désolée. « Une cible facile pour le moindre appareil ennemi ! » peste-t-il à la tribune. Argument relativisé par ses alliés du Parti Républicain Communiste (PRCP) : « Nous avions conscience des faiblesses de notre armée et avons adapté notre stratégie en conséquence. La bataille des airs et des mers est gagnée, le territoire est virtuellement en notre possession, les forces de l’ennemi sont clouées au sol et souffrent des mêmes problèmes que les nôtres » explique Konstantin Muratov, député de la majorité.

Il est vrai que les premières observations des combats trahissent également la faible motorisation des forces de la RLP et, plus surprenant, de l’ONC. Un pari qu’a choisi de faire l’état-major, conscient que si les troupes en face avaient été d’avantage mobile, les forces de la RSP auraient pu être fractionnées et mises en déroute. Pour palier ce risque, les forces de l’ARIS pouvaient compter sur une centaine de véhicules de combats d’infanterie mobiles, vulnérables face aux lance-missiles antichars mais capables de flanquer les troupes au sol pour prémunir d’un potentiel contournement. Autre avantage qu’a su exploiter l’armée rouge : la présence d’une soixantaine d’hélicoptères de combats assurant a protection de l’infanterie directement au niveau du sol. Deux atouts qui justifiaient, pour l’état-major et le PRCP, de laisser progresser une partie des soldats à pied, quitte à prendre le risque de la lenteur et de l’épuisement.

« La population locale nous est favorable » a argué Konstantin Muratov « nos bataillons sont accueillis comme des libérateurs dans les villages et les campagnes où les habitants nous apportent leur soutien. » Des propos invérifiables en l’état, et dénoncés comme étant de la « pure propagande » par le Prodnov Uni (PU!), principale force d’opposition à la Sborka. « Les habitants accueillent l’armée rouge par défaut : la plupart ont fuit les combats avant même notre arrivée, nous logeons dans des maisons vides quand elle n’ont pas été détruites ». Les critiques sont toutefois difficiles pour l’opposition libérale qui, si elle dénonce la reprise des hostilités, se voient mise devant le fait accompli des premières victoires, et accusée de faire barrage à la réunification du Prodnov, voire de complicité avec l’ennemi.

A la Sborka, le débat semble depuis quelques jours se résumer à une conversation technique entre les deux principaux partis de la coalition gouvernementale, le GMDO et le PRCP. « L’armée du Prodnov devra, dans les prochaines années, tirer le bilan des combats et ambitionner, outre sa force de frappe aérienne, nous devons ambitionner 100% de motorisation d’ici 2020 » annonce Gaspar Zakharov. Un objectif objectivement inatteignable sans avoir recours à l’achat de matériel étranger ce qui creuserait l’endettement du pays envers son voisin Pharois, pour le moment principal fournisseur militaire du Prodnov, avec le Reynaume Aumérinois.

« La situation est un peu lunaire, il y a le gouvernement et l’état-major qui sont littéralement au front face à l’ONC et la Sborka continue de se disputer les boutons et les bouts de ficelle pour savoir quelle sera la part du budget militaire l’année prochaine… » commente Tomas Yefimov, député du Parti Communiste Réformiste (PCR). Une consternation que partagent la plupart des élus, en vérité, pris de courts par la déclaration de guerre tenue secrète jusqu’au dernier moment. Alors que chaque formation politique tergiverse sur la meilleure stratégie parlementaire à adopter, tout en se voyant contraint par l’agendas médiatique de soutenir à demi-mot la reprise des hostilités, à droite le Mouvement pour une Confédération Pan-slave (MCP) a lui choisi de se joindre aux débats avec enthousiasme : « C’est un formidable élan qui traverse le Prodnov, bien que nous soyons radicalement opposés à ses chiens de communiste, la réunification politique du pays est un prérequis nécessaire au projet d’unité régionale. Fort de sa victoire et d’une armée mobilisée, le Prodnov doit dès à présent anticiper la suite et pousser pour une unification politique des pays russophones. Les pan-slavistes soutiennent inconditionnellement un rapprochement avec le Tsardom de Tsamara et la Fédération de Lutharovie qui sont le prolongement naturel de notre peuple » explique Karl Rykov, porte-parole du MCP.

Désormais minoritaire, seul le Parti Libéral Peprovite a voté contre toutes les augmentations de budget de l’armée et exprimé en conférence de presse son refus de la guerre et un appel unitaire au cessez-le-feu. Une position solitaire et difficilement audible dans un pays pour l’heure tétanisé par la reprise des combats et soumis à la loi martiale. Le PLP compte en vérité sur sa dernière alliée : l’opinion publique. Si plus de trois Prodnoviens sur quatre désiraient une réunification du pays, ils n’étaient en 2009 que 20% à la désirer par les armes. Une population épuisée par les combats et désireuse de paix et de stabilité politique, alors qu’un cessez-le-feu venait à peine d’être imposé par les accords de Nevskigorod. Toutefois, cette opinion publique pourrait rapidement basculer et si aucun sondage n’est encore disponible, les premières victoires de la RSP pourraient renforcer le soutien à la guerre. « Puisqu’on l’a commencée, autant la finir, et la gagner » semble être en quelques jours devenu un slogan assez populaire, porté dans les médias et encouragé par le gouvernement qui assure – bien qu’on puisse douter des chiffres fournis par l’état-major – que « l’armée de la RSP a pour consignes strictes de ne s’en prendre qu’aux forces de l’ONC » et que « aucune balle prodnovienne ne blessera un Prodnovien ».
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Les Nouvelles Peprovites | 05/04/2010
Malgré la domination aérienne, la menace de renforts de l’ONC pourrait précipiter le siège de Markhiv

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Faiblement motorisées, les troupes de la RSP ne peuvent être sur tous les fronts à la fois.

On imagine assez aisément les tergiversations de l’état-major pronovien, confronté à des signaux contradictoires de la part de son adversaire. L’ONC s’enfuit, l’ONC défend, les forces de la RLP désertent, tout en résistant… Les bruits de couloirs qui remontent du ministère des Armées évoquent très clairement le dilemme dans lequel se trouve pour l’heure les forces communistes. Incontestablement, la première offensive est une victoire militaire qui a forcé le retrait d’une partie des troupes de l’ONC vers le sud, jusqu’à quitter le territoire prodnovien. Ce n’est pas le cas de toutes, cependant, et plusieurs bataillons alguarenos et novigradiens sont restés sur place pour tenir les positions stratégiques. C’est le cas de la ville de Markhiv, l’une des plus grandes agglomérations du pays, qui retarde le plan d’encerclement de la capitale. « Un bouchon à l’est » comme l’a qualifié en off un officier, bouchon dont la résistance fait craindre la possibilité d'une contre-offensive.

Si les militaires se gardent de tout commentaire à la presse, les experts, eux, commentent quasi en direct la guerre. Pour Anatoli Medvedkov, spécialiste des guerres de haute intensité au XXIème siècle, la domination aérienne des forces du Prodnov protège le territoire de la RSP d’une potentielle contre-offensive à court termes. « En fermant le ciel et grâce à la proximité du Pharois avec le Prodnov, il sera difficile pour d’éventuels renforts étrangers de pénétrer le territoire. Le Prodnov n’est pas grand, à peu près 100 000 kilomètres carrés, avec les technologies contemporaines des transports lourds s’intercepteront rapidement. Le problème vient d’avantage d’éventuels renforts qui passeraient par la frontière à l’est, d’où la nécessité rapide de prendre Markhiv pour l’état-major. Quitte à laisser les assiégés de Staïglad s’installer. »

Mais Zinoviy Sergeyev, professeur à la Kukka-akatemia d’Albigärk, n’est pas d’accord. « Ce n’est pas le Liberalintern qui affronte l’ONC, c’est la République Sociale, épaulée par des forces communistes pharoises, cela change tout. Si l’ONC mettait toute sa puissance dans la balance, grâce à la proximité du Novigrad, l’aviation serait balayée. Ce qu’il faut à la République Sociale c’est clouer rapidement le combat en s’emparant de Staïglad. Aussi capable soit-elle, l’ONC ne pourra pas envahir un pays à partir de rien, mais tant qu’il lui restera des zones sous son contrôle au Prodnov, la République Sociale sera toujours soumise au risque d’une nouvelle invasion. »

Alors que la progression semble se faire de manière assez rapide à l’ouest du pays suite à la prise de la ville de Vimrast par l’armée rouge, le territoire entre Staïglad et Markhiv ressemble en partie à un goulot d’étranglement pour l’état-major de la RSP qui refuse pour l’heure de s’y engager franchement. « Si contre-offensive il devait y avoir, ça pourra se faire ici » explique Medvedkov « on estime a un ou deux milliers les troupes novigradiennes stationnées à Markhiv, si elles tentaient une sortie conjointe avec les troupes de Staïglad, elles pourraient prendre les forces de la RSP en étaux. Comme celles-ci sont divisées en deux avec une dizaine de milliers de leurs soldats dans l’ouest, les chances de victoires seraient équilibrées entre les deux camps. »

A la question de savoir pourquoi Markhiv résiste au contraire de Vimrast, les analystes sont partagés. « Il y a des facteurs qui tiennent assurément au commandement novigradien, Markhiv est deux fois plus proche de Staïglad que ne l’est Vimrast ce qui renforce leur liaison d’un point de vue stratégique, elles tiennent le passage de l’est. Ceci dit la proximité avec des pays d’obédience capitaliste doit certainement influer aussi les mentalités des populations locales qui sont plus libérales depuis longtemps. Vimrast est une ville frontière avec le Tsardom de Samara, je suis prêt à parier que cela a joué dans la balance, la ville sait que de trop grosses destructions fragiliseraient tout le pays, quel que soit le vainqueur. C’est sans doute pour ça que l’administration a rendu les clefs tout de suite. »

Si l’armée rouge bénéficie d’un avantage certain dans la campagne plate du Prodnov, les combats urbains diminuent grandement la puissance de ses véhicules blindés, des hélicoptères et bien sûr de l’aviation. « Les villes vont être au cœur de la guerre » explique Zinoviy Sergeyev « mais leur poids est à double-tranchant, elles sont à la fois très clairement une épine dans le pied de la RSP mais la menace qu’elles représentent les soumets également au risque que l’armée rouge décide d’éviter au maximum le combat urbain et donc de subir des sièges ou des bombardements d’artillerie. Certains pourront préférer rendre les armes rapidement pour éviter des destructions catastrophiques dans une guerre perdue par avance. Cela risque de dépendre pour beaucoup des habitants en définitive. En fonction de leur état d’esprit, le Prodnov peut être réunifié en deux semaines… ou en deux ans. »

Interrogés sur la potentialité d’une victoire de la RLP, Anatoli Medvedkov se montre peu optimiste. « Je ne dis pas que c’est impossible, mais la première vague de désertion et le retrait d’une partie des forces de l’ONC va clairement joueur comme un facteur de démoralisation pour ceux qui voudraient résister sur place. C’est comme si la partie avait été jouée par avance et on meurt rarement pour une cause perdue. Ceci dit la menace que fait peser sur certains le retour des communistes au pouvoir peut pousser à se battre jusqu’au bout, je pense que ce sera du cas par cas. Le moral est un facteur tout à fait crucial dans ce genre d’affrontements. Le problème qu'a la RLP c'est qu'elle ne peut compter que sur les promesses du libéralisme et la peur du communisme pour fédérer la population derrière elle. Mais la thérapie de choc est toujours douloureuse, au moins au début. Pour beaucoup de Prodnoviens, le passage au capitalisme ça a surtout été du désordre, en tout cas dans les campagnes. Ce n'est pas anodin que ceux qui aujourd'hui soutiennent la RLP soient principalement des urbains, plutôt aisés, en tout cas des gagnants de l'ouverture de la concurrence. Sinon, beaucoup d'hommes d'affaire étrangers, mais eux ne resteront pas combattre.»

Zinoviy Sergeyev acquiesce. « Soyons clairs, si l’ONC met toutes ses forces dans la bataille, le Pharois ne pourra tenir seul. Sa marine est puissante mais face à plusieurs pays développés coalisés, cela ne suffira pas. Quant aux forces sur le terrain, le pays est notoirement peu motorisé, ce sont surtout des fusiliers marins et des équipages « pirates » qui composent le gros de ses forces, pas des gens habitués à mener une campagne militaire à pied. C’est donc à la RSP de tenir le front, quasi seule, or c’est un pays assez peu développé avec du matériel en parti vieillissant. Il y a toutefois deux facteurs qui rendent ce scénario plus improbable : d’une part la fragmentation de l’ONC qui subit actuellement beaucoup de critiques en interne ce qui pourrait rendre frileux des gouvernements à s’engager dans une guerre lointaine, si leur mandat en dépend. Ensuite l’ONC est composée de plusieurs groupes dont certains sont assez neutres voire amicaux avec les Pharois. Je ne sais pas si tout le monde chez eux est prêt à une guerre ouverte, surtout si le Liberalintern devait s’en mêler. Enfin, le second facteur, c’est l’isolement géographique du Prodnov qui se trouve frontalier du Pharois et de ses alliés. Cela rend la logistique militaire infiniment plus complexe pour l’ONC si elle voulait s’engager sur place en force. L’Organisation a bien essayé de compenser en incluant le Vogimska mais, soyons honnête, c’est un coup de menton qui n’a pas donné grand-chose, je doute qu’avec les scandales qui secouent le gouvernement depuis des années ce-dernier soit seulement capable de mobiliser son armée. La guerre ce n’est pas qu’aligner des troupes, c’est également une économie, une logistique et il faut dire les choses, le Prodnov est une terre peu stratégique en termes de ressources et très éloignée du reste du monde. Autrement dit c'est un mouroir pour ceux qui s'y engagent. »

L’avenir de la guerre au Prodnov n’en reste pas moins incertain, encore à ce jour. De l’opinion des experts, l’état-major de la RSP tergiverse encore sur la suite à donner à sa première offensive. Ses forces ne sont pas illimitées et progressent lentement sur le terrain, rendant le timing crucial pour la suite des événements. On sait qu’une force conséquente s’étant emparée de Vimrat descendrait pour partie vers le sud tandis que le gros des forces de Nevskigorod encercle en ce moment même Staïglad par le nord. Reste à savoir si la RSP choisira de frapper rapidement à Markhiv pour tenter de faire tomber la ville et terminer l’encerclement de Staïglad, ou préférera assiéger également Markhiv, au risque de devoir attendre que le reste de l’armée rouge s’empare du sud et donc laisser à ses ennemis le temps de réorganiser leurs forces.
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Avril 2010 - Défense de Staïglad & Markhiv - partie 1


Les pensées liées à la guerre avaient gagné du terrain, à mesure que s’était officialisée l’invasion ennemie au départ de la frontière nord, une invasion massive et brutale, qui avaient comporté son lot de bombardements préventifs. Portés sans reconnaissance préalable et par une large vague d’aéronefs, ces bombardements étaient forcément porteurs de frappes sur des installations civiles, nourrissant un bilan de dommages collatéraux effroyable. L’attaque aérienne de la République sociale consiste en effet à porter des frappes, sans reconnaissance préalable, dans des infrastructures aériennes installées aux abords et au sein des grandes villes.

Une action cavalière, qui pouvait raisonnablement convaincre les analystes s’y intéressant, que la justesse des frappes aériennes prodno-pharoises serait largement discutable là où les pertes civiles seraient, largement assurées.

Considérant l’avantage aérien prodnovien et la nécessité de présenter des lignes défensives au sein de Staïglad, le commandement de la force de maintien de la paix au Prodnov se transforma en conseil de guerre, porté sur les actions stratégiques à mettre en place, pour garantir la défense de la ville par l’optimisation des moyens limités à disposition en première instance. En effet, au travers du rapport de force qui s’imposait désormais à eux, le détachement alguareno avait pour dessein de coordonner des actions défensives au sein de la (très) grande agglomération de Staïglad, possiblement capitale du Prodnov, même s’il venait à être envahi par sa moitié diabolique.

Joignant la capitale très tôt après l’éclatement des premiers combats aux frontières, tandis que l’invasion terrestre des communistes mettrait plusieurs semaines à les y retrouver faute de véhicules suffisants et se devant d’articuler des colonnes de troupes piétonnes à travers champs dans un contexte saisonnier peu favorable, les forces alguarenas avaient loisir d’offrir, si ce n’est une victoire immédiate, le temps nécessaire à la mobilisation de l’outil militaire alguareno vers l’Eurysie du Nord.

A l’intérieur de Staïglad, le paysage s’était dessiné en faveur d’une logique défensive. Des chars et blindés de combats, étaient positionnés sous des bâches en trompe-l’oeil, avaient pris place en différents endroits de la ville, tenant des goulots d’étranglements pour une force ennemie, même en surnombre, avec le concours de forces d’infanterie alliées et engagées dans une logique de combats urbains.

exemple de bâches en trompe l’oeil
Exemple de bâches en trompe-l’oeil (ici en zone aride mais transposable sous climat tempéré), imprimées à Staïglad et déployées pour la dissimulation de forces combattantes (clic gauche pour agrandir).


L'installation de ces bâches, à mi-chemin entre le camouflage et le trompe l’oeil artistique, serait à même de dissimuler les forces défensives aux actions de reconnaissance adverses, jusqu’à temps qu’il pénètre la ville et se heurte à elles. Si la dissimulation est un critère non négligé par les défenseurs, la protection n’est pas en reste puisque des éléments du génie alguareno ont creusé un important nombre de fossés dans lesquels ils vont, non seulement dissimuler des éléments combattants mais également les protéger. C’est notamment le cas des blindés qui, à moitié ensevelis en terre, protègent plus efficacement leurs chenilles et autres éléments de motricité nécessaire à une logique de repli tactique ou de défense élastique.

Un point important à soulever au travers de ces actions défensives, est qu'elles ne mobilisent pas nécessairement des unités militaires. Qu'il soit question de la production de ces bâches, en lien avec l'industrie locale, ou de creuser les fossés renforcés au moyen de sacs de sable, l'entièreté de ces actions peut être porter par des unités civiles et dont le labeur est ensuite acheminé et déployé par des forces combattantes, telles que le génie alguareno. Un point ma foi appréciable, puisqu'il libère les unités militaires vers des tâches à plus forte valeur ajoutée en contexte de guerre.

Il est également important de préciser que le choix des motifs en trompe l'oeil n'est lui aussi pas anodin et qu'il s'affranchit, contrairement à l'exemple donné, des objets avec des perspectives de lumières et de reliefs, pour ne pas se mettre en défaut, par un positionnement d'ombres inadéquat, eu égard à l'instant de la journée.

exemple de fosses non fermées
Exemple de fosses (non fermées) dans lesquelles des unités de combat alguarenas et pronoviennes peuvent prendre place, avec possiblement des bâches en trompe-l’oeil (clic gauche pour agrandir).


Si défendre une position est un acte louable, contraindre l’adversaire à attaquer là où on le souhaite retient tous les éloges. La force de l’armée communiste invasive est manifestement le nombre. De cet avantage, facilement discutable, les forces alliées entendent maîtriser le positionnement sur le terrain. Une maîtrise des éléments de cartographies tactiques par des actions de sabotage ayant vocation à ralentir la progression ennemie (cf : destruction de ponts et obstruction d’axes tels que les autoroutes).

L'utilisation du relief pour défendre une stratégie de la cavalerie blindée n'est pas nouveau et bénéficie de quelques initiatives similaires passées, portées par les instructeurs militaires alguarenos au Pontarbello qui, à l'occasion de la bataille de Carosinhos dans la péninsule aleucienne, avaient su profiter de la topographie locale pour déployer et optimiser l'avantage concédé par sa cavalerie blindée. Bien qu'elle soit ici cantonnée à des positions défensives, la cavalerie blindée alliée a matière à profiter du terrain, par l'organisation d'actions de retranchement, à même de soustraire les parties les plus vulnérables de son équipement, aux tirs ennemis.

Action de sabotage type et incidences opérationnelles
Actions de sabotage type et incidences opérationnelles (clic gauche pour agrandir).


L’outil industriel de StaIglad peut également être réquisitionné pour un support aux opérations défensives et parfois par des actions simples telles que la préparation de bâches en trompe l'œil, le raccomodement de vêtements militaires usagés ou… la production de hérissons/dents du dragons. Formés sous un amas de bétons ou l’association de plusieurs éléments métalliques lourds, les dents de dragon ou les autres obstacles anti-char sont des éléments accessibles à la production de toutes sociétés investies dans le bâtiment-travaux-publics ou la métallurgie. Le positionnement de ces éléments défensifs au coeur de la ville de Staïglad vient limiter les points de passages disponibles pour les forces mécanisées ennemies en entrance dans la ville. Limiter les accès aux forces ennemies viendra permettre la concentration de la puissance de feu des unités en défense vers les quelques points de passage, un atout à exploiter, considérant le rapport de force numérique présentement à la défaveur des défenseurs de Staïglad.

Exemples d'éléments défensifs
Exemples d'éléments défensifs (clic gauche pour agrandir).


Impacts opérationnels profitabls aux défenseurs de Staïglad a écrit :
  • Progression lente de l’armée invasive communiste (QUID de la praticabilité du terrain dans cette région en mars?).
  • Piétonne, l’armée ennemie est contrainte de déployer certains moyens logistiques (ponts mobiles) pour le franchissement de certains points de passage sabotés. Ces voies routières condamnées au franchissement impliquent la concentration de forces piétonnes adverses le temps de déployer les outils nécessaires au franchissement de ces points de passage difficiles => Les frappes de missiles balistiques alguarenos sur les concentrations ennemies seront possiblement plus meurtrières et focaliser sur des pertes humaines, plus que matérielles.
  • Les frappes aériennes ennemies exercées en zone urbaines, à la frontière ou dans l’arrière pays, sont de nature à soit motiver le départ des populations civiles de ces agglomérations, soit à motiver la coopération citoyenne avec la résistance prodnovienne, notamment par le renseignement des positions ennemies au fur et à mesure de leur avancée.
  • positions défensives des défenseurs du Prodnov renforcées.
  • Actions de régulations des voies praticables par l'ennemi => concentrer les forces ennemies en certains endroits depuis lesquels la puissance de feu des forces amies sera importante => Équilibre des puissances de feu sur goulots d'étranglement.
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La bataille de Markhiv aura bien lieu !

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L’état-major a tranché : Staïglad peut attendre, quitte à laisser du temps aux défenseurs pour se retrancher, l’objectif de l’armée rouge est de s’emparer de l’ensemble du Prodnov pour limiter l’enclavement des forces de la RLP à la capitale. La domination aérienne prévenant de tout renfort, c’est un siège long et dur qui s’annonce, mais d’abord il faut s’emparer de Markhiv, le bouchon de l’est.

Alors que les forces de la RSP et des stations libres contournent actuellement Staïglad et que les renforts piétons sont acheminés par aller-retours de convois jusqu’au front, un bataillon a été détaché pour faire tomber la ville d’une centaine de milliers d’habitants. Des civils qui, pour ceux n’ayant pas eu le temps de quitter les lieux, pourraient bien risquer de se retrouver pris entre deux feux.

Le combat urbain est une chose complexe et risquée. L’avantage des stations libres dans ce contexte est leur expérience : mobilisées à Kotios lors du putsch nationaliste, elles sont les seules à avoir connu une situation concrète de bataille pour chaque rue. L’avantage des forces du Novigrad, lui, tient en ses positions retranchées dans la ville.

Faute de pouvoir utiliser le temps pour faire plier les défenseurs, les stations libres et l’armée rouge devront donc combattre un ennemi frais et préparé. Au moins n’aura-t-il pas eu le temps de mettre en place un dispositif défensif conséquent, pense-t-on au sein de l’état-major, et la gestion des civils lui lie les mains, sauf à les abandonner à leur sort.

« Ils ont la position, nous avons le nombre et le matériel. Et nous avons le peuple avec nous. » déclare Lavr Krayevsky, ministre des Armées et membre du Groupement Militaire de Défense et d’Offense, le conseil des généraux de la RSP. Faute de savoir précisément quel matériel se trouve stationné à Markhiv, l’état-major a fait le pari de la force brute : hélicoptères et véhicules blindés pour s’emparer des rues. « Un sniper ne peut rien contre un tank » explique Krayevsky « on va les sortir de leurs planques par les couilles. »

A Markhiv, le front sera double : à la fois militaire et psychologique. Faute de pouvoir proposer aux civils un couloir humanitaire, prise par le temps, la RSP espère pouvoir s’appuyer sur la population locale pour coopérer avec l’armée rouge. Dans ses ambitions, elle peut compter sur l’intense propagande pro-communiste qui s’est mise en place quelques mois avant la reprise des hostilités, mais également sur la peur. A quoi bon mourir pour l’ONC alors que celle-ci s’est enfui la queue entre les jambes ? A quoi bon lutter contre la réunification de son propre pays ?

Si l’armée considère une progression lente dans Markhiv dont elle veut s’emparer des artères pour isoler les poches de résistances novigradiennes en les encerclant, elle a également mis en place des checkpoints aux principales sorties de l’agglomération pour accueillir et orienter les réfugiés. La coordination se fait avec les forces pharoises (à ne pas confondre avec les stations libres) qui ont suivi l’avancée de l’armée rouge. Quelques milliers de militaires n’ayant pas pris part au combat mais apportant un soutien logistique à l’allié prodnovien.

Recueillir les réfugiés a deux objectifs : s’attirer la sympathie de la population pour démystifier d’éventuels mensonges de la propagande libérale, mais également recueillir de première main des informations sur les positions des troupes novigradiennes. En recoupant les témoignages pour éviter les plus farfelus, l’état-major espère se payer une vision à peu près précise de la situation à l’intérieure de la ville qui, contrairement à Staïglad, ne compte que cent-mille habitants. En cela, l’agglomération offre moins de lieux où se replier et se retrancher, laissant l’état-major optimiste quant à ses chances de faire rapidement tomber la garnison de l’ONC.

« Qu’ils subissent quelques défaites majeures, le reste rendra les armes en se voyant perdu. Nous ne sommes pas des bouchers et je ne veux pas réduire Markhiv en cendre. Ceci dit je n’hésiterai pas à le faire si ces fous continuent de prétendre nous empêcher de réunifier notre pays. » annonce le ministre Krayevsky, en tenue de grand officier. Derrière lui, plusieurs batteries de canon tractés sont en train d’être installées dans une banlieue envahie de militaires.

Le plan est donc somme toute classique, car pressé par l’urgence de s’emparer de la ville pour rejoindre ensuite les forces stationnées autour de Staïglad :

  • Prise de position aux principales sorties de la ville, avec champ dégagé pour briser toute tentative de contre-offensive
  • Accueil des civils remis aux mains des soldats et humanitaires Pharois, recueil d'informations sur les positions novigradiennes, les effectifs et la défense mise en place
  • Déploiement de comandos dans les artères de la ville. Objectif : identifier les positions novigradiennes, s'emparer des rues principales, isoler les quartiers défendus par les soldats novigradiens et, si possible, les isoler.
  • Briser les checkpoints et barricades à l'aide d'unités motorisées et blindées. Opérer un repérage puis attendre l'intervention d'hélicoptères de combat pour pilonner les défenses.
  • En raison de la menace de snipers, progresser exclusivement en véhicules blindés, n'autoriser les sorties que pour le déminage ou à la suite d'une victoire.
  • A mesure que les véhicules progressent, faire avancer l'infanterie en arrière pour nettoyer/s'emparer des bâtiments dépassés et ainsi restreindre progressivement le champ d'action des défenseurs.


Sont déployés :

1) 5 commandos composés chacun des unités suivantes :

  • 10 mortiers légers lv 3 (50 au total)
  • 10 mitrailleuses lourdes lv 5 (50 au total)
  • 30 soldats professionnels (150 au total)
  • 30 Armes d'infanterie légères lv 9 (150 au total)
  • 2 transports de troupes blindés (10 au total)
  • 1 véhicule de transmission radio (5 au total)
  • 2 véhicules de combat d'infanterie (10 au total)
  • 1 char d'assaut lv 3 (5 au total)
  • 2 lance-missiles antichar lv 6 (10 au total)
  • 1 hélicoptère d'attaque lv 3 (5 au total)
  • 1 hélicoptère léger polyvalent lv 6 (5 au total)

2) Chacun de ces commandos est suivi, à distance raisonnable, de troupes censées s'emparer/sécuriser les quartiers nettoyés par les forces blindées:

  • 100 soldats professionnels (500 au total)
  • 100 armes d'infanterie légère lv 8 (500 au total)
  • 30 mitrailleuses lourdes lv 5 (150 au total)
  • 2 hélicoptères légers polyvalents lv 5 (10 au total)
  • 1 véhicule radar lv 6 (5 au total)
  • 4 véhicule léger tout-terrain lv 8 (20 au total)
  • 1 pont mobile lv 3 (5 au total)

3) A l'extérieur de la ville, des troupes défendent les sorties principales :

  • 200 soldats professionnels
  • 200 armes d'infanterie légère lv 8
  • 10 véhicule radar lv 6
  • 100 mine antichar lv 4
  • 10 véhicule de transmission radio
  • 20 lance-missiles antichar lv 6
  • 8 hélicoptère léger polyvalent lv 1
  • 2 camions citerne lv 3
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Des soldats novigradiens patrouillent dans les rues de Markhiv

Guerre au Prodnov : la bataille de Markhiv


Contexte :

L’ennemi attaquait de toutes parts, les rapports que recevaient les officiers novigradiens étaient alarmants. La ligne défensive frontalière entre la République Libre et la République Sociale était percée à de nombreux endroits. En seulement quelques jours, les poches de résistance de la RLP s’étaient éteintes une à une face à l’offensive massive des troupes communistes qui marchaient droit sur eux. Les directives du haut-commandement novigradien avaient été claires « résistez jusqu’au bout et éliminez autant de rouges que possible ». Jusqu’ici près de deux-milles soldats novigradiens étaient stationnés à la frontière orientale près de Markhiv dans le cadre des accords gouvernementaux entre Staïglad et Novigrad. Dès l’annonce des premières escarmouches frontalières, cette force s’était divisée en deux bataillons distincts d’un millier d’hommes chacun. Le premier bataillon avait reçu l’ordre de se replier en direction de la capitale afin de venir renforcer les défenses de l’agglomération. De son côté, le second bataillon s’était retiré dans la ville de Markhiv, située à seulement quelques kilomètres de la zone frontalière. La situation était précaire mais l’objectif était de ralentir la progression adverse, si la ville tenait suffisamment longtemps, le Colonel Sokolov arriverait probablement à convaincre le Chancelier Antov de mobiliser des renforts. La position était de toute façon stratégique pour les novigradiens, Markhiv pouvait servir de base-arrière pour mener des raids contre Peprolov ou contre les assaillants de la capitale. La RSP était donc obligée de s’attaquer aux forces retranchées de Markhiv, ce qui allait inévitablement ralentir ses manœuvres d’encerclement de Staïglad et permettre au premier bataillon de rejoindre sa destination plus facilement.

Au sein de Markhiv, la population civile avait massivement désertée les rues et les places publiques à l’approche de ce qui allait probablement être un féroce combat urbain. Ceux qui n’avaient pas déjà quitté la ville en direction des zones sûres à l’est ou au sud, s’étaient retranchés chez eux ou rassemblés dans le centre-ville où quelques centaines de gardes républicains se mettaient déjà en œuvre pour monter des barricades sur les principales avenues qui menaient vers la place centrale de l’hôtel de ville. Dès qu’ils avaient rejoint la localité, les officiers novigradiens avaient rapidement pris le commandement des défenses de Markhiv se préparant à subir une offensive dans les jours à venir…

Stratégie défensive :

La périphérie urbaine a été quasiment entièrement évacuée, la plupart des rues sont encombrées par des véhicules civils volontairement abandonnés sur place pour entraver la circulation ennemie vers le centre-ville. De nombreuses barricades improvisées grâce à des débris et du mobilier urbain viennent s’ajouter à ce dispositif afin de gêner le passage des véhicules adverses. Près de deux cents mines antipersonnelles ont été d’ailleurs cachées sur le chemin. Plusieurs checkpoints sont tenus par des gardes républicains de la RLP, ils servent sans le savoir « d’appâts » pour attirer les forces communistes vers des positions où les forces spéciales novigradiennes se tiennent en embuscade.

De nombreuses habitations civiles abandonnées ont été réquisitionnées par les soldats novigradiens du régiment spécial voivoïdes. Ils s’en servent pour tenir des embuscades depuis les fenêtres et les toits avec des mitrailleuses lourdes dissimulées, des lance-roquettes et des lance-missiles pour abattre tout hélicoptère ou blindé en soutien de l’infanterie ennemie. Quelques opérateurs de mortiers légers se tiennent aussi en retrait pour venir soutenir les checkpoints de la garde républicaine dès que ceux-ci seront sous le feu adverse.

Un poste de commandement se tient sur la place de l’hôtel de ville où deux véhicules de transmission radio abrités sous des bâches permettent la communication entre les escouades novigradiennes. Grâce à cette liaison radio permanente, les forces novigradiennes peuvent agir de concert sur plusieurs terrains différents et suivre la stratégie à la lettre. Enfin, une force de réserve se tient prête à mener une contre-attaque contre les sorties principales de la ville afin de piéger les troupes déjà engagés à l’intérieur de la ville. Dès que les forces adverses se seront donc engagés plus profondément dans la ville, cette unité mènera une contre-attaque via des chemins préétablis à l’avance pour éviter les combats urbains.

Composition des forces défensives :

- En embuscade :
• 500 professionnels (élite) – ALI niv 10
• 150 mitrailleuses lourdes niv 6
• 100 lance-missile antichar niv 1
• 20 lance-roquette niv 5
• 200 mines antipersonnel niv 3

- Checkpoints :
• 500 professionnels (garde républicain) – ALI niv 1 (RLP)
• 100 professionnels (élite) – ALI niv 10
• 50 mortiers légers niv 3

- Force de contre-attaque :
• 380 professionnels (élite) – ALI niv 10
• 5 char d’assaut niv 1

- Poste de commandement en retrait :
• 20 professionnels (officiers) – ALI niv 10
• 50 professionnels (garde républicain) – ALI niv 1 (RLP)
• 2 missiles balistiques niv 4 (tir depuis Novigrad si toutes les défenses tombent)
• 2 véhicule de transmission radio niv 1

Proposition de bonification :

Position défensive & temps de préparation :
Profitant des combats frontaliers pour organiser les défenses de la ville, les novigradiens ont eu le temps de préparer une stratégie défensive et de construire des barricades.
Entrainement supérieur :
Le régiment voïvoïde représente un corps d’élite de l’armée fédérale novigradienne, il correspond aux standards des forces spéciales de l’ONC. Ce sont des hommes aguerris qui profitent d’un équipement de pointe et d’une formation d’excellence.
Héroïsme :
Les défenseurs sont persuadés de défendre les populations civiles contre la menace communiste. Ils seront amenés à prendre des risques et faire preuve de détermination.
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Les Nouvelles Peprovites | 10/04/2010
Le couloir humanitaire pharois : entre nécessité et cynisme

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Long d'environ 100km et reliant Staïglad à Nevskigorod, le couloir humanitaire pharois doit permettre d'évacuer un maximum de civils assiégés

Alors que la nasse autour de Staïglad est en train de se refermer, isolant la ville du reste du pays – et du monde – le Pharois poursuit son opération « d’aide aux populations civiles » engagée par le Capitaine Mainio et maintenue par les capitaines de la Merirosvo. Entre Staïglad et Nevskigorod, occupé pour l’heure par le Pharois qui s’en sert comme base de ravitaillement, un corridor humanitaire est en train d’être mis en place pour permettre aux civils de quitter la ville assiégée. L’objectif de ce couloir est de rassurer les populations qui, pour certaines, ne sont pas prêtes à faire confiance aux forces de l’armée rouge. L’appoint humanitaire pharois est donc, sur le papier, un compromis entre les deux belligérants du conflit.

Bien sûr, cette opération n’a rien d’innocente, autant pour la RLP que la RSP. Car en s’imposant comme (seule ?) protectrice des populations civiles, la Merirosvo se rachète une virginité dans un conflit où, peu l’ignorent, nombreux sont engagés les bataillons pharois venus des stations libres en soutien à l’armée prodnovienne. C’est également un prétexte, s’il en fallait, pour débarquer des troupes en quantité sur le sol du Prodnov. Sur le papier strictement cantonnée à un rôle humanitaire et de protection des civils, le message n’en est pas moins clair : si d’aventure l’ONC ou l’un de ses alliés tentait une opération de riposte, l’armée pharoise se tiendrait immédiatement prête à agir directement au cœur des terres.

Pour la RLP cependant, le Pharois représente une porte de sortie et une façon de garder la face. Confier les civils à la Merirosvo, connue pour sa tradition d’accueil des réfugiés et de tolérance politique, éviterait de les jeter dans les bras de la RSP qui pourrait ainsi récupérer non seulement des informations précieuses mais également dérouler son narratif quant au fait que l’ONC et la RLP ont une fois de plus abandonné les Prodnoviens. Une propagande difficile à déployer si, in fine, ce sont les Pharois qui prennent en charge les populations réfugiées, laissant les mains libres à la RLP et la RSP sur le champ de bataille.

Car au-delà de l'enjeu humanitaire, le sort des civils soulève également des questions stratégiques. Staïglad est une grande ville, environ quatre millions d’habitant – quoique ce chiffre ait probablement diminué depuis l’exode massive ayant eu lieu au début des combats. Autant de bouches à nourrir qui ne tarderont pas à mourir de faim faute d’approvisionnements. Or, pour les troupes de la RLP, le siège de Staïglad qui leur est militairement profitable sur le papier, va au fur et à mesure des jours devenir intenable. Confronté à la gestion des civils piégés à l’intérieur de la ville, la RLP sera bientôt contrainte de devoir choisir entre tenir les lignes de front et apporter son aide aux habitants. Deux missions qu’elle ne peut pas remplir, l’établissement d’hôpitaux ou de centres d’accueil des réfugiés étant incompatible avec une logique de guérillas.

Autre problème pour les défenseurs de Staïglad : la faim et la soif pourraient bientôt jeter les civils dans les bras de leurs ennemis. En effet, assez cyniquement, en plongeant dans la détresse humanitaire la plus totale les habitants de Staïglad, la RSP est en mesure de leur offrir des compensations immédiates en échange de renseignements. A choisir entre trouver des médicaments pour son enfant ou indiquer aux attaquants la positions des militaires embusqués de l’ONC, le choix sera tragiquement vite fait, mettant à mal le secret militaire des défenseurs. Si la population civile représente un bouclier, pour la RLP, qui empêche les bombardements et assauts frontaux de la part de son adversaire, elle deviendra rapidement un poids, voire un péril mortel si le siège se prolonge.

Autrement dit, la RLP a tout intérêt à se débarrasser le plus vite possible d’un maximum de civil et collaborer avec le corridor pharois. A l’inverse, contrairement à ce qu’elle prétend, la RSP n’est sans doute pas si pressée de laisser s’écouler des flots de Prodnoviens hors de la ville, ce qui signifie, à termes, les récupérer à sa charge. Bien qu’elle puisse compter sur plusieurs milliers de conscrits en mesure d’accompagner la logistique d’accueil des réfugiés, les laisser à la charge des forces embusquées de l’ONC serait à court termes un choix plus stratégique pour faire tomber la ville.

Évidement, l’état-major de la RSP ne communique pas sur de telles considérations, inavouable au grand public, mais plusieurs incidents constatés par nos journalistes au niveau de l’entrée du couloir humanitaire pharois laissent à penser que l’exfiltration des civiles serait volontairement retardée. Officiellement, des raisons de prudence sont invoquées : on suspecte des attaques à la bombe, ou l’exfiltration parmi le flot des civils de responsables et militaires de l’ONC « se cachant comme des lâches pour fuir les combats qu’ils ont eux-mêmes provoqués » d’après l’état-major prodnovien. Reste que selon plusieurs experts ces analyses ne sont guère sérieuses et si la forte population de Staïglad peut belle et bien poser des problèmes logistiques au niveau du corridor pharois, il est assez peu probable qu’une offensive y soit menée, venant d’un camp comme de l’autre, en raison des pertes humaines qu’elle causerait.
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La bataille de Markhiv est déjà une archive

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On se lève un matin et Markhiv est tombée. C’est étrange. Vu de loin, un simple point sur une carte, une nouvelle venue de l’est, lointaine. On ne connaissait personne à Markhiv et pourtant, elle est tombée et ça fait quelque chose. Beaucoup de sens dans une petite phrase, on se doute que les combats ont dû être violents, que des gens qui étaient vivants, soudain, ne le sont plus. On ne prend pas une ville par la force si facilement, l’offensive a probablement été brutale et quelqu’un en a payé le prix. On s’en doute, mais on ne sait pas. Certains imaginent, d’autres préfèrent ne pas. On a appris les nouvelles dans les journaux, ou à la radio, ou à la télé, mais sans images, ou de loin, des fumées, personne encore ne s’est approché. Certains journalistes en bordure disent qu’on entend encore des tirs là-dedans, qu’il reste peut-être ça et là des tireurs embusqués. Va savoir. Ceux qui soutiennent les défenseurs veulent encore y croire, alors peut-être, peut-être qu’un homme, ça fait la différence ? on n'y connaît pas grand-chose. Ceux qui préfèrent les attaquant espèrent que cela se finira vite, qu'on en finira vite, proprement ce serait mieux, sans trop de dégâts, de préférence, qu’on réglera la question, pour reconstruire, reprendre une vie normale. La guerre est un petit mauvais moment à passer, on ne comprend pas toujours pourquoi certains s’acharnent comme ça.

De Markhiv, on sait beaucoup et pas grand-chose. L’encerclement rapide de la ville par les troupes de la RSP a charrié dans son sillage un certain nombre de journalistes embarqués. Il y a des propagandistes purs et durs, et des types qui l’assument moins. Ils savent qu’on leur montre surtout ce qu’on veut bien, qu’il y a un biais, que ce n’est pas anodin d’être escorté par un camp sur un champ de bataille. Mais on joue le jeu, on se dit qu’être impartial c’est reconnaître sa subjectivité. Qu'on peut l'apprivoiser. Ça fait illusion et aussi quand même de bonnes photos.
Dans la ville en revanche, il n’y a aucun professionnel. Juste des civils qui n’ont pas eu le temps de s’enfuir. Pas mal de lignes de communication ont été coupées, il y a quelques vidéos qui sortent, pour les rares à posséder un portable satellitaire, sinon il faudra attendre les témoignages, les camescopes et ce qui a été enregistré en physique. L’avantage c’est que c’est une grande ville, on finira forcément par savoir ce qui s’est passé, la propagande ne peut pas tout effacer, c’est trop gros, et ce serait trop gros. Mais il va falloir attendre un peu, une semaine, peut-être deux. On aura déjà oublié Markhiv alors, on sera passé à Staïglad, la capitale et ses millions d’assiégés. Markhiv c’est une petite ville, en comparaison. On la ressortira peut-être un jour, à l’occasion d’un procès, ou d’une exposition. Markhiv est destinée à devenir une archive.

Si Markhiv a de la chance, elle deviendra un film. Une grosse production, ou quelque chose de plus intimiste, qui dira les horreurs de la guerre. Le point de vue d’un soldat, ou mieux, d’un civil. Ce sera joué par un acteur un peu méconnu, avec une drôle de gueule. On fera intervenir des réfugiés prodnovien pour en parler dans les médias, ce sera un peu comme un devoir de mémoire. Si on a du budget, on ne se privera pas de quelques scènes spectaculaires. C’est qu’on n’est pas entré dans le détail, mais Markhiv a du potentiel ! Il y a des hélicoptères qui volent bas, des chars qu’on a dissimulé, des offensives, des contre-offensives, on s’est battu pour des rues, on a tendu des pièges. C’est assez cinématographique, tout ça, ça tient bien en haleine pendant deux heure. Et puis il y a des héros, et des martyrs. Chaque camp a les siens, chaque camp les honorera. Des visages slaves, vite faits oubliés, dans la foule des morts au champ d’honneur, à la fin du film il y aura un écran noir, une phrase « ils sont morts là-bas » et puis on fera défiler des noms. Les gens resteront silencieux, par décence, dans la salle et quand le dernier aura fini de défiler, ils applaudiront. Tout le monde s’y retrouvera, quel soit son camp, quelles que soient ses convictions. Un bon film, ça met tout le monde d’accord.
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Les Nouvelles Peprovites | 22/04/2010
Staïglad, anatomie d'un siège

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Militaire Pharois dans le camp de réfugié de цапля (nord de Staïglad)

Nous sommes actuellement sur le terrain dans la banlieue de Staïglad où le siège vient officiellement de se refermer, nous explique le Mayor Fyokhlachev en charge de la sécurité des journalistes. Si l’armée a bien voulu nous escorter sur la butte de герой нации qui surplombe la ville, nous ne sommes pas autorisés à nous rapprocher de la ligne de front. Cette dernière est encore « trop précaire » nous explique le Mayor qui craint une tentative de percée de la part des forces de l’ONC sur des positions mal défendues.

La chute de Markhiv, trois jours plus tôt, a permis aux forces communistes d’achever l’encerclement de la capitale sans craindre désormais d’être pris à revers. Seul le sud du pays demeure encore sous contrôle de la RLP. « Plus pour longtemps » assure le Mayor, faute de ville majeure pour retenir l’avancée des troupes, la seule crainte désormais de l’armée rouge se trouve dans une hypothétique intervention du Vogimska par la Nazakraine. « Assez peu probable » cependant, « la destruction des principales lignes de chemin de fer par l’aviation empêche une pénétration rapide de notre territoire par le sud-est et surtout un ravitaillement. Nous ne pouvons pas être pris par surprise. »

Si l’armée rouge s’est quelque peu fragmenté pour assurer l’occupation des territoires libérés et que l’état-major s’apprête à envoyer plusieurs divisions reprendre le sud et se poster à la frontière de la Nazakraine, le gros des troupes encercle désormais Staïglad, dernière ville majeure contrôlée par l’ONC. « Le plus dur reste à faire, nous confient des officiers en off, les limites techniques de l’armée rouge ont laissé le temps à l’ennemi de s’enfuir mais aussi de se retrancher. Ce ne sera pas une bataille mais un siège qui s’annonce. »

Difficile pour l’heure de dire combien de temps celui-ci durera. Le Maréchal Andreyev a accepté de nous recevoir dans les bâtiments de la banlieue nord qu’occupent ses équipes. Penché au-dessus d’une carte de la ville, il nous annonce être pressé et nous fait signe de nous asseoir rapidement autour de la table de commandement, débarrassée pour l’occasion de tous documents sensibles. « Si nous trouvons en nous la force et l’héroïsme, la ville tombera dans un mois, nous affirme-t-il tout de go. L’ONC a révélé sa couardise en fuyant face à nos forces, les combattants de la RLP ont pour parti déserté, nous combattons des lâches et des félons. »

Interrogé sur la même question, le Mayor Fyokhlachev se montre plus sceptique. « Ceux qui sont là-dedans ont choisi de rester en connaissance de cause. Ils sont perdus et se savent dos au mir, il faudra s’attendre à des combats sanglants. » Inquiet pour la population, il ne parvient pas complétement à cacher son amertume. « Des bourreaux qui ont massacré déjà, j’ai peur pour les civils enfermés avec eux, notre devoir patriotique est d’en sauver un maximum. »

De l’autre côté de la ville, au nord, les premières colonnes de réfugiés se massent déjà devant les lignes pharoises. Le couloir humanitaire est installé depuis une semaine et le flot de civils ne semble pas prêt de se tarir. « Il y a deux millions d’habitants à Staïglad si on exclue ceux qui se sont déjà tiré, c’est une ville très densément peuplée, quand bien même les Pharois en évacueront cent, deux cent ou même trois cent mille personnes c’est une goutte d’eau. » peste Fyokhlachev. Nous apprendrons plus tard que le Mayor a de la famille dans la ville, des cousins dont il a été séparé au moment de la division du pays.

Vêtus de gris et sans uniformes officiels, les forces de la Merirosvo détonnent en comparaison de la discipline de leurs compatriotes des Stations Libres et des forces de l’armée rouge. Plus nonchalants, la plupart des procédures sont expédiées malgré les garanties fournies au gouvernement de la RSP. Un premier check-point accueille les civils, mains en l’air, qui ne sont pas autorisés à apporter avec eux plus d’un sac à dos. Celui-ci est dans un premier temps laissé de côté ouvert et examiné par une équipe de déminage. Pendant ce temps, les civils sont fouillés par les forces pharoises qui s’assurent qu’ils ne possèdent aucune arme.
Une fois les premiers tests passés, les réfugiés sont guidés vers un camp de recensement. Ici l’attente est de plusieurs heures avant d’être accueilli par des administrateurs Prodnoviens. Nom, âge, sexe, anciennes professions. Les documents d’identités facilitent la procédure, ceux qui n’en ont pas devront se soumettre à d’avantage de contrôles. Les autorités de la RSP veulent s’assurer qu’aucun criminel, soldats ou ressortissant étranger ne pourra sortir de la ville sans que ne soient vérifiés ses antécédents militaires et ses activités politiques sous le régime de la RLP.

« Le Camarade Malyshev a promis la justice aux Prodnoviens. Les civils de Staïglad ont été pris en otage par l’ONC et aucun mal ne leur sera fait, mais les collaborateurs et les chiens du capitalisme devront répondre de leurs actes ! » aboie à notre micro le sous-officier Lukov, en charge de cette partie des opérations. Rares sont en vérité ceux à être retenus. Une trentaine tout au plus en quelques jours, emmenés à l’écart pour des interrogatoires plus poussés. « Tout ça c’est de la com’ avoue un Pharois ricanant, les types qui ont du soucis à se faire se sont tirés depuis longtemps ou bien ils ne comptent pas se rendre. Faudrait être con pour demander l’asile quand on sait que t’as collaboré avec le régime dont on veut la peau. »

Plus nombreux, en revanche, sont les Prodnoviens retenus pour les informations qu’ils sont susceptibles de détenir sur l’état des défenses de la ville. Ceux là sont également emmenés à l’écart, dans un immeuble transformé en bureaux par l’état-major prodnovien pour recueillir et recouper les témoignages et éclaircir un peu la situation à l’intérieur de la capitale. Les interrogatoires peuvent, le cas échéant, s’étaler sur plusieurs jours. « Tout le monde est bien traité, nous nous assurons que nos compatriotes libérés collaborent pleinement avec le régime de la RSP. Ils recevront une médaille pour cela, un témoignage crucial contre nos ennemis contribue autant à l’effort de guerre qu’une balle tirée. »
Une médaille, et peut-être un peu plus. C’est en tout cas ce qui se chuchote dans le coin. Un employé sorti de l’immeuble pour fumer nous le confirme à voix basse « c’est une forme de chantage, on prend un membre de la famille et on lui dit que s’il nous dit ce qu’on veut savoir, ça ira plus vite pour les siens. S’il refuse en revanche la procédure peut… trainer. » Et si son témoignage s’avère mensonger ou incohérent avec les autres ? demandons nous. L’employé pince les lèvres. Nous n’aurons pas d’avantage d’informations.

Autour des bureaux, une partie de la banlieue pavillonnaire de Staïglad a été transformée en camp de réfugiés. Ici les Pharois apportent couvertures, nourriture et eaux, produits hygiéniques et tout le nécessaire à une installation de fortune dans les maisons attribuées par l’armée. « C’est provisoire donc ça va, explique un Pharois aux allures de pirate. On est aidé par des ONG et on ne manque pas de ressources ni d’alliés dans la région. La Merirosvo veut en finir vite alors paradoxalement elle a mis la main au portefeuille. »

Les réfugiés resteront dans le camp le temps que les procédures de vérification soient achevées. Impossible de sortir, la forte présence militaire pharoise assure la surveillance du quartier et des grillages ont été dressés pour fermer les rues. Certaines façades ont même été murées en urgence pour interdire l’accès aux fenêtres. A l’heure actuelle, quelques quinze mille personnes seraient encore en transition dans le camp. Le turnover est assez élevé toutefois, rares sont les familles à rester bloquées plus de quelques jours.
« Les combats n’ont pas encore commencé, explique un militaire Pharois, les Staïgladiens qui voulaient partir l’ont fait avant que l’armée rouge ne boucle la ville. Mais j’ai peur que ça commence à se bousculer au portillon quand il y aura les premiers affrontements… ou si ça dure, que la nourriture et l’eau potable commencent à manquer. »

Une fois les procédures achevées, les civils ont accès au corridor humanitaire, une mince zone sous contrôle pharoise exclusive menant au port de Nevskigorod. A partir de là, les réfugiés se verront offrir le choix de se rendre dans les régions libérées du Prodnov ou de prendre un navire pour un autre pays – si ce dernier y consent. Les Pharois et les Albiens se sont d’ores et déjà porté volontaire pour accueillir les réfugiés en faisant la demande. La plupart choisissent toutefois de demeurer au Prodnov et de se diriger vers les oblasts de Peprolov et Galkvoine.

Tout du long, difficile de nous entretenir avec les civils. L’armée rouge se montre méfiante et les Pharois également. Peur d’une bavure, nous explique-t-on, il y a un jeu médiatique et communicationnel, la RSP veut se montrer irréprochable et le Pharois espère également se racheter une réputation. Tout le monde semble avoir conscience que la paix dans la région commence ici, dans le bon traitement des réfugiés, et la supériorité militaire de l’armée rouge et de ses alliés des Stations Libres ainsi que la prise rapide du reste du territoire autorise l’état-major à se détendre.

« Tant que les choses se passent bien, nous nous autorisons à faire les choses biens, nous explique le Maréchal Andreyev. L’ONC s’est réfugiée et se fortifie dans la ville, soit, mais elle n’est pas la seule à pouvoir profiter de la lenteur des opérations. Ce sont eux les assiégés désormais et ils vont commencer à manquer de tout, nous ne sommes pas pressés. »
Une analyse de la situation que ne semble pas complétement partager le Mayor Fyokhlachev « plus nous attendrons, plus ça va être l’enfer dans Staïglad. C’est une balance, un choix cornélien entre sacrifier nos militaires pour reprendre la ville ou la laisser pourrir et sacrifier ses habitants. »

Ce qui frappe pour le moment c’est surtout à quel point tout est assez calme, dès lors qu’on s’éloigne du corridor humanitaire. Des militaires Prodnoviens sur le qui-vive, préparant leurs défenses, mais sans qu’aucun bruit de conflit ne nous parvienne aux oreilles. L’état-major semble avancer prudemment par étape, sachant que son adversaire a d’ores et déjà eu le temps de se barricader. Presser les choses ne semblent plus véritablement pertinent pour le moment.

« Nous attendons qu’une partie du matériel nous arrive, explique le Maréchal Andreyev en désignant des unités sur sa carte stratégique. Nous avons besoin de drones de reconnaissance et de pièces d’artilleries pour anéantir les forces ennemis à distance. Nous devons repérer le terrain en amont pour ne pas tirer à l’aveugle. »

Ainsi, le temps semble ici quelque peu suspendu, figé en attendant la reprise des offensives. La bataille de Markhiv devrait par ailleurs être décortiquée dans les prochains jours en préparation des futurs combats urbains. Quant au million de civils encore dans Staïglad, leurs nouvelles ne nous parviennent qu’à travers des fréquences radio à courte portée qu’on imagine sur écoute. Impossible de contacter des gens depuis l’extérieur pour le moment, nous essaierons une fois sortis de la juridiction militaire, l’état-major de l’armée rouge souhaitant limiter les interactions au maximum. Les liaisons satellites sont coupées désormais, tout comme le sont progressivement les lignes téléphoniques et internet, isolant chaque jour d’avantage Staïglad du reste du monde.
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RAPPORT INTERNE - L’attaque aérienne des Malyshevites et de leurs alliés pharois en République Libre du Prodnov, provoque des dommages civils notables, taisant la perte par milliers, des contingents d'infanterie non motorisés pharois.

Frappe aérienne
L’attaque aérienne de l’aviation Malyshevite et pharoise, procédant à des frappes aériennes massives et en l’absence de reconnaissances préalables sur le terrain peuvent raisonnablement attester des pires atteintes à l’intégrité physique des populations civiles enregistrées en période de guerre.

Bombardement aériens Malyshevite et pharois : des pertes civiles humaines et matérielles d’ampleur dont le chiffrage est à venir.

Bâtiments civils éventrés et corps déchiquetés sont de l’apanage courant des scènes filmées autour des lieux de l’attaque aérienne pharoise en République du Prodnov. Portées par plus de trois cents appareils ennemis, sur des lieux volontairement installées au sein des agglomérations (frappes rouges) ou excessivement imprécises (volonté de frapper un mur ou un barricade au départ de frappes aériennes portées par vague), les attaques aériennes malyshevites et pharoises ont nourri plus de morts civils qu’il n’est permis d’enregistrer au sein d’un quelconque conflit armé sur les cinquante ans précédents.

Le caractère aveugle d’une attaque aérienne, portée par plusieurs centaines d’appareils ennemis, lancés simultanément sous la forme de vagues, pour l'exécution de frappes aériennes, au sein d’agglomérations, sans reconnaissance tactique préalable, avait déjà été identifié comme une initiative martiale “d’amateurs” ainsi qu'une source intarissable de dommages collatéraux, n’ayant que la force brute pour elle.

Une démonstration de force qui trouve ses limites, par l’enregistrement de nombreuses pertes civiles, plus qu’il n’a été permis d’en recenser sur les différents théâtres d’affrontement internationaux et qui peut assurément influencer l’opinion publique de la société civile prodnovienne,

Le tribut exigé par les pertes civiles engrangées des mains Malyshevites et pharoises peut légitimement entamer le soutien de la société civile prodnovienne autour d'un portrait en demi-teinte du "fossoyeur-libérateur".

Un élément de bascule pour l’opinion publique appréciable, au sein des groupes de résistants qui pourraient poindre pendant et en sortie de conflit, à l’instar de ceux en formation au Novigrad, issus de précédentes expatriations pour des raisons économiques ou politiques, considérant les premières répressions étatiques communistes avant l’invasion des Malyshevites.

Les importants dommages humains et matériels, causés sur la population civile prodnovienne par les forces malyshevites et pharoises, seront un point appréciable pour la mobilisation d’agents opérationnels sur zone, dans la conduite des opérations futures. En effet, les populations meurtries par l’invasion soudaine et brutale des malyshevites, auront des raisons légitimes de prodiguer un soutien tactique par des actes de résistance, ou stratégique par la conduite de missions de renseignement, aux forces républicaines prodnoviennes et alliées.
Si les pertes civiles prodnoviennes restent à chiffrer et risquent de provoquer un score porteur d’écoeurement pour toutes les pensées humanistes de ce monde (l’absence de communiqués officiels de la part d’Amnistie Internationale là où ce dernier partage plus volontiers son avis sur des éléments de second plan pour l’actualité internationale, en Nouvelle-Canaan, ou bien même des non évènements supputer sur le déroulement du conflit kronien, nous invite à considérer cette organisation comme partiale et de “peu d’intérêts”, pour défendre le respect de l’intégrité des populations civiles prodnoviennes ou le simple droit à l’information quant au déroulé actuel de l’invasion des malyshevites au sein de cet état d’Eurysie du Nord.

Les pertes civiles prodnoviennes, risquent toutefois de ne pas être les seules à crever les plafonds, considérant l'exécution de frappes balistiques alguarenas, sur les contingents d’infanterie non motorisés pharois. Lents et sclérosés, les contingents d’infanterie pharois, matérialisés par des milliers de fantassins parcourant les routes et agglutinés en différents endroits où les opérations de sabotage des infrastructures routières ont touché ponts et autoroutes, sont une cible facile à identifier par le renseignement local et immanquable en ce qui concerne l'exécution d’une frappe balistique sur ces divisions vulnérables dont le caractère opérationnel est directement hérité du moyen-âge.

Dans ces circonstances, les seules frappes balistiques alguarenas devraient suffire à dissoudre le cortège de dix mille fantassins pharois, traversant le Prodnov à pied et tous ceux ayant fait l’impasse sur des unités motorisées pour progresser sous un schéma identique…

Attaque des positions militaires alguarenas et engrenages de guerre.

L’invasion du Prodnov par les malyshevites, ainsi que l'agression faite à l’encontre des positions militaires du contingent de l’ONC, constitue une déclaration de guerre manifeste contre les nations qui y sont représentées. Un acte d’autant plus vrai, que le renseignement alguareno avait récupéré une série de documents attestant du caractère prémédité, de l’intervention pharoise, hypocritement présentée en force de maintien de la paix, mais pourtant bien identifiée comme élément cobelligérant du conflit en cours.

Dans ces circonstances et considérant la présence régionale de l’allié vogimskan, nation membre de l’Organisation des Nations Commerçantes, l’envoi d'un contingent alguareno parmi les plus importants enregistrés en opérations extérieures, constitue une évidence.


Mouvement de troupes a écrit :Contingent alguareno envoyé de façon séquencée au Novigrad pour renforcement par pont aérien du Vogimska:
  • 10 000 armes légères d’infanterie lvl 11
  • 25 000 soldats professionnels
  • 25 000 armes légères d’infanterie lvl 11
  • 50 canons tractés lvl 10
  • 50 canons automoteurs lvl 3
  • 110 véhicules blindés légers lvl 7
  • 70 véhicules de transmission radio lvl 10
  • 80 chars légers lvl 5
  • 10 véhicules radar lvl 10
  • 100 camions de transport lvl 10
  • 80 véhicules légers tout-terrains lvl 11
  • 5 bombardiers gunship lvl 3
  • 120 avions de chasse lvl 7
  • 30 drones de reconnaissance lvl 5
  • 50 chasseurs-bombardier lvl 5
  • 10 avions de transport tactique lvl 5
  • et forces aériennes alguarenas restantes du Prodnov.
  • 2 porte-avions lvl 5
  • 2 transporteurs de chalands lvl 8
  • 1 navire cargo lvl 10
  • 2 destroyers lvl 2
  • 2 frégates lvl 8
  • 6 corvettes lvl 9
Message secretInformation secrète réservée aux personnes autorisées
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Les Nouvelles Peprovites | 02/05/2010
Markhiv, le jour d'après

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Les photographies de Markhiv témoignent de l’intensité des combats… mais aussi de leur brièveté

Ce sont des scènes de destruction très spectaculaires qu’a immortalisé la reporter de guerre Viktoria Polovtseva pour Les Nouvelles Peprovites. Bâtiments défoncés, parfois à la limite d’avoir été rasés, jouxtent des avenues qu’on pourrait presque croire épargnées. Des vestiges de barricades jonchent les petites rues et il faut avancer prudemment, au rythme des équipes de déminage, tant la zone s’est transformée en moins de deux semaines en un champ de bataille total. La présence de blindés lourds et d’hélicoptères de combats employés pour déloger les combattants embusqués explique certainement la brutalité des affrontements.

Les forces de l’armée rouge ont fait le choix, compréhensible mais dramatique pour Markhiv, de s’emparer de la ville le plus rapidement possible pour pouvoir achever l’encerclement de Staïglad. La capitale est vingt fois plus peuplée et abrite encore le gros des forces de l’ONC, expliquant certainement que l’état-major en ait fait sa priorité. Pour Markhiv, les choix stratégiques des belligérants sont loin d’être sans conséquences et si la vie reprend doucement son cour dans certains quartiers périphériques, d’autres sont pour le moment totalement impraticables en raison de la présence de mines et de munitions qui n’auraient pas correctement explosées après avoir été tirées. Les risques d’effondrement de certains bâtiments font également peser un grand danger sur ceux qui osent s’aventurer dans ces ruines.

Selon toute vraisemblance, certains quartiers du centre-ville devront être totalement rasés. Une façon de faire peau neuve et moins chère, sans doute, que de coûteuses et risquées réparations. Si certains bâtiments historiques comme l’opéra ont heureusement été épargnés, d’autres n’ont pas eu cette chance, la banque rouge – renommée banque de Markhiv sous la RLP – n’est ainsi plus qu’un tas de gravats. De même pour le square des libertés dont la statue de Staï Monojorok a été décapitée par un tir de tank. Pour l’heure, le gros des citoyens de la ville se sont réfugiés dans le sud ou ont pris la route de Peprolov pour bénéficier des infrastructures humanitaires mises en place par le Pharois. Difficile à dire si certains désireront rentrer chez eux dans les prochaines semaines, s’ils ont seulement encore un « chez eux ».

Le bureau du premier ministre a assuré qu’Alexei Malyshev prenait très au sérieux le sort des habitants de la ville et leur promettait « des dédommagements à hauteur des dégâts infligés par l’ONC ». La nature de ces prestations n’a toutefois pas été précisées. Le gouvernement semble en tout cas persister dans sa stratégie de communication consistant à faire porter l’entière responsabilité des violences et des destructions sur le camp d’en face. Un discours qui fait sens en temps de guerre, bien qu’il soit encore difficile de déterminer qui a tiré chaque obus. Il se murmure par ailleurs que le centre-ville, théâtre des opérations militaires ayant subit le plus de destructions, pourrait se voir renommer « quartier central – Alexei Malyshev » en l’honneur de celui qui a « libéré Markhiv ». Difficile à dire si les rumeurs sont vraies, en tout cas une telle décision paraît pour le moment quelque peu précipitée.

Il faudra encore de longs mois avant que Markhiv n’ait de nouveau l’allure d’un lieu de vie.
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Depuis un an, les rues de Staïglad n’avaient connues que des calmes de tempête. Avec leurs accalmies et leurs apothéoses, on se fusillait de part et d’autre des grands boulevards parfois, le plus souvent les grands axes vides servaient de tranchées aux tireurs embusqués. Dans une ville en proie au siège, l’ombre des murs est un espace de liberté, les places dégagées des prisons. Heureusement, les combats distribuaient dans le sillage des bombes leurs lots de gravats, monticules poussiéreux et informes d’où dépassait parfois un bout de membre et donnait au tout l’impression d’avoir affaire à un conglomérat de chaire et de béton amalgamés comme un de ces monstres de fiction. Vivant parmi les cadavres, on circulait à la nuit tombait entre les morts comme autant de cadavres. Ce mimétisme macabre avait transformé certains quartiers de Staïglad en vallée dérangeante, où on avait mis les morts aux fenêtres, dans l’espoir que leurs silhouettes fantomatique attirent les tireurs. Ce qui a l’air humain est mort, ce qui a l’air mort est humain. L’homme se confond avec les gravats, la ville est une ruine d’immeubles désossés où la ferraille et la chaire s’entremêlent lorsque la fumée des bombardements retombe.

La population civile, on le savait, vivotait là-dedans, quelque part entre les feux. Enjeux de non-dits, ces hommes et ces femmes pour qui chacun prétendait se battre étaient devenus des armes de guerre à eux-seuls : boulets au pied des défenseurs, boucliers humains dressés face aux attaquants. La radio comptait les morts, trop peu, seulement ceux identifiés. Chacun de part et d’autre s’en renvoyait la faute. Aujourd’hui cent personnes ont été tuées à cause de l’ONC. Aujourd’hui cent personnes sont mortes assassinées par les communistes. La litanie avait quelque chose de monotone, robotique. Si cela avait compté un jour, tout le monde se fichait désormais de savoir qui avait tiré le premier, la rancœur avait creusé un trou ici à gauche, là à droite, comme des ventricules dans le cœur qui les tenaient en vie.

Comme une maladie chronique installée depuis longtemps, le siège faisait partie du quotidien. On avait détourné les routes de la grande banlieue de Staïglad et le pays circulait désormais autour de la zone des combats, à l’abri des tirs d’artillerie et des terrains minés. Parfois il arrivait qu’en regardant à travers la vite de la voiture s’élève au loin une fumée suspecte, blanche souvent, l’incendie terminé depuis la veille, comme si les combats avaient appartenu à une autre temporalité que celle des automobilistes. Les ruines formaient une barrière naturelle entre la guerre et le monde réelle, infranchissables pour les camions et les chars, mais il arrivait que des pilleurs se glissent entre les mailles des check-points dans l’espoir d’atteindre les zones d’habitations désertées mais épargnées par les destructions. De ces excursions ils héritaient une machine à laver, un moteur de voiture, quelques objets d’électronique abandonnés sur place par les occupants, morts depuis, ou déplacés. Parfois ils héritaient d’une balle. Staïglad avait une allure de cadavre investi par quelque colonie parasite, où grouillaient les soldats et dans leurs ombres, les pillards.
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Guerre et paix

Staïglad

Anna Valonina était de ceux qui, dans le grand camp de réfugié d’Est-Staïglad, avait voté pour la paix, c’est à dire avait voté pour le Parti Communiste Républicain de monsieur Alexeï Malyshev. Le calcul était simple, presque trop, mais Anna Valonina était las des choses compliquées. Elle résidait dans le camp depuis presque deux ans et demi maintenant, avait comme beaucoup résisté au début et juré que jamais elle ne quitterait sa maison, qu’elle ne plierait pas l’échine devant ces salopards de rouges ! Mais la maison à deux rues de là avait été touchée par un tir d’artillerie et les soldats de la RLP avait sommé tout le monde de partir « pour leur sécurité ». Anna Valonina était partie avec les autres, son mari et leur petite fille, s’abriter dans une maison collective plus loin des lignes et dont le seul mérite en temps de siège était d’avoir un sous sol où se cacher. Il n’y avait pas grand chose à y faire à part écouter les grommellements de la famille voisine et jouer aux cartes en fumant, puis il n’y avait plus eu de cigarettes. On ne sortait pas le reste du temps et il fallait partager les parties communes avec quatre autres familles. L’appartement qui avait été vaste abritait trois fois trop de monde séparés par des draps tendus comme cloisons de fortune. Le temps y était long et avec l’automne, humide. Plus tard à nouveau on leur avait demandé de partir alors Anna Valonina avait discuté avec son mari. « Le père Kerpov et sa famille sont allé se rendre tu sais ? » « Ah bon ? » « Oui ils ont réussi à atteindre le point de passage à l’est et les rouges les ont fait passer de l’autre côté, ils sont dans un camp de réfugiés. » Un camp. Le mot avait une histoire au Prodnov. Le canal de Sever, joyau architectural qui avait fait la prospérité de Peprolov ne s’était creusé qu’à la force des misérables prisonniers politiques envoyés en masse mourir dans les marais. « Tu veux vraiment passer la fin de ta vie à creuser un trou ? » « Allons. C’était il y a longtemps. » Jamais assez longtemps toutefois. D’ailleurs aucun gouvernement n’avait reconnu les crimes de Sever, et c’était à peine s’ils avaient condamné ceux de Bridjesko. « Nous ne sommes rien pour ces gens là ! Juste des bras pour creuser et des estomacs inutiles ! A Staïglad nous avons des droits. » Son mari avait jeté un regard lourd par la fenêtre, on ne pouvait regarder nulle part sans voir quelque part la fumée d’un incendie au loin. « Staïglad, ça n’existe plus. »

Anna Valonina s’était alors mise à sangloter et le lendemain, ils avaient remonté le boulevard Brevsky que le nouveau maire de la ville s’était empressé de renommer Boulevard des héros, en l’honneur des révolutionnaires tombés pour s’emparer de la capitale, cinq ans plus tôt. Les héros faisaient grise mine recouverts de poussière de béton, mais les médaillons de bronze où étaient inscrits leurs noms étaient toujours scellés dans les murs où on les avait incrustés. Les morts d’un conflit ancien, déjà anachronique.
Anna Valonina et sa famille s’étaient faufilé du Boulevard Brevsky jusqu’à la place rouge - renommée place de la liberté - puis avaient tourné vers les faubourgs du quartier des jeux de l’hiver - qu’on n’avait pas renommé. Les combats semblaient avoir épargné ces rues là pour une raison qui leur échappait mais qui rassura Anna Valonina. « Si nous marchons à ce rythme nous aurons atteint le checkpoint de l’est d’ici une bonne heure » voulut-elle se rassurer. « Tais toi, avait simplement répondu son mari, pas un bruit et si tu vois des soldats haut les mains et cris Paix en russe et Rauhaa en Pharois. » Anna Valonina avait répété le mot plusieurs fois dans sa tête pour le prononcer correctement le moment venu. Il faudra peut-être que Lise (c’était le nom de leur fille) apprenne le Pharois. Mais cette idée l’irrita. La guerre n’était pas encore perdue, c’était juste eux qui fuyaient, de pauvres civils pris entre deux feux, ça ne voulait rien dire, les civils fuyaient même dans le camp des vainqueurs après tout. Elle hocha à tête et continua d’avancer.

Rapidement il fallu quitter les faubourgs. Certains quartiers de Staïglad étaient plus alambiqués que d’autres mais de grands travaux d’architecture menés au début du dernier siècle en avait élargi les avenues de façon à pouvoir laisser passer deux chars côte à côte et une foule de chaque côté en plus lors des parades militaires. Tout le monde saluait la beauté de Staïglad, peut-être la seule ville du Prodnov qui soit belle, construite dans un style néoclassique cher au gouvernement de l’époque et depuis agrémenté de fantaisies qui ne juraient pas dans le paysage. Beaucoup de tout cela avait souffert de la guerre mais restait encore debout, du moins les boulevards qu’on ne pouvait pas complètement détruire sauf à y laisser des grands trous d’obus ou les remplir de ruines des bâtiments frontaliers. Restait qu’à cet instant précis, les grands espaces ouverts de Staïglad avaient un air sinistre. C’était le royaume des snipers et des embuscades et Anna Valonina aurait infiniment préféré demeurer à couvert des petites rues que de s’aventurer sur les Grands Boulevards près du front. Mais il n’y avait pas le choix, quel que soit la manière de s’y prendre et sauf à passer par le métro ou pire, les égouts, ce qui aurait été encore plus suicidaire, il fallait à un moment traverser au moins ces boulevards dans la largeur pour atteindre le couvert du trottoir d’en face.

Leon Valonin (c’était le mari d’Anna Valonina) s’était arrêté à l’angle d’une des ruelles et faisait signe à sa femme et sa fille de rester derrière lui. « Ça a l’air calme » dit-il après un long moment. Anna Valonina sentit monter en elle quelque chose comme une bouffée de peur. « Oh Leon ce n’est pas normal il y aura des soldats prêts à nous tirer dessus faisons demi tour ! » « Et pour aller où ? » s’agaça son mari, mais Anna n’avait pas tort, il était impensable que si près du front un boulevard comme celui-ci soit laissé sans surveillance. « Peut-être en contournant hasarda-t-il, nous pourrions trouver un endroit où un bâtiment s’est effondré et nous cacher derrière les gravats. »

Aucun n’y croyait vraiment mais ils firent comme cela. Staïglad était d’un silence extrême, de mausolée, et cette grande ville plongée ainsi dans l’attente augmentait l’impression dérangeante que l’humain n’avait plus rien à y faire. Qu’ils y étaient désormais des intrus.

A un moment, Lise qui n’avait que huit ans et demi et s’était montré très sage jusque là, dit qu’elle était fatiguée. On était au milieu de rien c’est à dire qu’on ne pouvait pas s’arrêter. Leon s’arrêta quand même. « Peut-être que si on attend la nuit ? Le boulevard… » « Tu sais bien que si nous tombons sur des soldats de nuit… » Anna n’acheva pas, elle ne voulait pas effrayer la petite. « Allez traversons ce boulevard quand il fera noir et attendons demain matin de l’autre côté, on se présentera au point de passage le matin » proposa Leon. Anna hocha la tête et Lise qui n’avait pas voix au chapitre aussi.

Comme il n’était que 16h et qu’il faisait encore bien jour, Leon se mit à pousser toutes les portes de la rues, puis de la suivante jusqu’à ce que l’une d’elles, rendue branlante par les coups de pieds de quelqu’un passé là avant eux, ne s’ouvre. Elle donnait sur le hall d’entrée d’un petit appartement staïgladien, parfaitement ordinaire et qui avait du être occupé par des gens modestes considérant le quartier où elle se trouvait et l’état décrépi de la peinture. Par réflexes, Leon se dirigea vers les appartements du rez de chaussée, où si d’aventure un obus venait à leur tomber sur la tête les étages du dessus amortiraient l’impact. Ou les écraseraient. Mais le quartier ne semblait pas trop avoir souffert des combats, soit qu’il soit davantage stratégique de le laisser debout, soit qu’il soit si inutile que personne n’avait jugé intéressant de se battre pour s’en emparer. La première porte était tout aussi défoncée que celle du hall et Leon pénétra devant en éclaireur.

« Venez, dit il en sortant la tête de la porte. C’est pillé à l’intérieur. » C’était effectivement pillé, les placards, tiroirs et tout ce qui pouvait contenir quelque chose étaient ouverts, leur contenu pour moitié renversé par terre. On avait arraché des lattes du plancher sans doute à la recherche d’économies cachées comme ça se faisait souvent et la porte du frigidaire béait. Tout ce qui restait à l’intérieur avait été soit volé, soit mangé, soit pourrissait et dégageait une odeur infecte. Leon referma la porte. « Installons nous dans la chambre, Lise tu feras un somme parce qu’il faudra encore marcher cette nuit. » L’idée n’eut pas l’air d’enchanter la petite mais elle obtempéra. Après avoir nettoyé rapidement la chambre des vêtements et saletés qu’on avait répandu par terre, Leon et Anna laissèrent leur fille se reposer et s’installèrent dans le salon à côté.

« Tu penses que nous pourrons passer de nuit ? demanda Anna avec angoisse. Ils doivent avoir des armes pour voir dans le noir, c’est du matériel Pharois qui les équipe… » Anna avait eu l’occasion de voir les équipements de l’ONC dans les premiers jours du conflit, les armes des Novigradiens surtout, que la propagande du régime Bellesky avait fustigé, étaient d’importation transblêmienne. « Les meilleurs fusils du monde » s’était vanté un soldat en la voyant les contempler. Et c’est vrai qu’ils étaient beaux, et l’air terrible, rien à voir avec les kalashnikov dont étaient équipés les soldats de l’armée rouge, pas étonnant que Bellesky en ait eu peur. Les fusils lasers n’avaient toutefois pas suffit à repousser les malyshevites, équipés par les Pharois, presque aussi performants en matière d’armes que la Transblemie. Novigrad, Pharois, Transblemie, que des régimes ennemis, et lointains, dont on lui avait parlé à l’école. L’éducation civique communiste supposait que tous les citoyens aient des bases en économie et comprennent les grands enjeux géopolitiques de leur époque. Au lycée - du moins l’équivalent - elle avait étudié la géographie de l’océan du nord et fait des dissertations sur les routes commerciales, l’histoire des communismes slaves, les grands blocs idéologiques. Jeune femme elle avait suivi presque en direct par la télévision les reportages sur la naissance de l’Organisation des Nations Commerçantes, la montée en puissance des pirates Pharois, leur ingérence au Vogimska où ils avaient soutenu la révolution bleue tout en exfiltrant les élites communistes. Ça se voyait que Bellesky ne savait pas quoi penser de tout cela, on parlait d’impérialisme, de stade suprême du capitalisme, on expliquait tout par les grands mouvements de l’économie. Rapidement cela avait fini par passer par dessus la tête d’Anna Valonina. Tout ce qu’elle comprenait c’était que les Pharois étaient en Lutharovie, au Vogimska, en Karpokie, et qu’il semblait étrange qu’ils ne viennent pas bientôt au Prodnov. Et ils étaient venus. C’est fou, rétroactivement, comme l’histoire bascule. Il s’en était fallu de quelques semaines seulement après la mort de Bellesky pour que les livres d’histoire et les dissertations deviennent réalité. L’ONC hier lointaine soudain déployait ses parachutistes à Staïglad et les traitres Vogimskans pénétraient par le sud tandis que la Lutharovie et le Pharois débarquaient au nord. Anna Valonina avait détesté tous les envahisseurs, au début, mais il fallait reconnaître que la RLP avait su la séduire. Peut-être parce qu’elle était Staïgladienne et que beaucoup des efforts de reconstruction et de modernisation s’étaient concentrés dans la capitale mais sa vie avait changé. Le libéralisme avait détruit beaucoup d’emploi en particulier dans les campagnes et les villes périphériques mais en même temps avait ouvert accès aux marchandises d’exportation. Anna Valonina qui travaillait comme fonctionnaire des postes avait pu garder son travail et si elle avait constaté l’augmentation du nombre de sans abris dans les rues, elle avait aussi vu de nouveaux commerces apparaître et le pont aérien qui apportait des vivres depuis le Novigrad apportait surtout des choses surprenantes comme des fruits du Paltoterra, de la musique étrangère et des romans qu’on n’avait pas le droit de lire normalement. La vie d’Anna Valonina avait été toute chambardée mais on ne s’y ennuyait plus. Il y avait beaucoup de choses à faire, beaucoup de choses se passaient et le statut de fonctionnaire la protégeait du pire de la libéralisation. Elle avait rapidement aimé la RLP. Les libertés, les droits, d’expression, de rassemblement, qui avaient un goût nouveau, des formes plus occidentales et semblait il plus modernes du coup. Les comités de quartiers aux discussions rasoirs avaient été dissous, remplacés par une presse outrancière pleine de ragots et de billets d’humeur. Plus besoin de faire la queue au kiosque général pour s’inscrire au cinéma deux semaines à l’avance, si vous aviez des roubles on pouvait aller voir des films à n’importe quelle heure de la journée. Même des choses qui n’avaient pas vraiment changées, dans le fond, n’étaient plus pareils. Par exemple on ne faisait plus de sport « pour endurcir son corps de travailleur » mais pour le plaisir. D’ailleurs plus rien ne nous y obligeait tout simplement et si Anna voulait sécher sa séance de jeu de paume anticipée un mois à l’avance, personne n’irait se demander où elle était passée. C’était son droit de rester à la maison devant la télé, son droit de rester ignorante du monde extérieur, son droit de n’écouter que les émissions et de ne lire que les journaux qui lui plaisaient, son droit son droit son droit.

Et voilà que malgré tout cela, elle passait à l’ennemi. Elle se rendait à l’envahisseur Pharois et aux bouchers rouges. C’était comme ça qu’on en parlait dans la presse libre de l’ONC et Anna lisait chaque article avec beaucoup d’inquiétude, un peu comme on ressasse pour frissonner les souvenirs diffus du cauchemar dont on vient de se réveiller. Cette violence, la dictature, ça avait été sa vie avant. Avant et plus tard, car elle y retournait maintenant, la RLP se réduisait à Staïglad et ses alliés étaient loins. Ne restaient plus au Prodnov que des Novigradiens et les Alguarenos, aussi différents les uns des autres que le jour et la nuit. Parce que les Novigradiens étaient pour moitié slave il était plus facile de discuter avec eux, c’étaient de leurs soldats qu’Anna tenait le plupart de ses informations sur l’avancée du conflit. Des nouvelles sombres mais qu’ils agrémentaient toujours d’un sourire rassurant « cela va bien se passer Novigrad c’est le plus fort du monde meilleure armée plus de courage » disaient ils comme ça dans leur babillage sudier qui sonnait vaguement comme le russe d’ici. Mais l’armée la plus forte du monde, c’était le Prodnov qui l’avait, du moins c’était ce qu’on n’avait eu de cesse de leur répéter du temps de Bellesky et cette armée avait été balayée en quelques jours et rendait les armes face à l’avancée des Albiens. Peut-être que tous les pays du monde disaient comme ça qu’ils avaient l’armée la plus forte du monde.

« Si nous sommes prudent, si nous allons vite et que nous nous cachons derrière des ruines ça ira, avait répondu Leon, on prendra chacun une main de la petite pour la forcer à courir à notre rythme et ça ira. » Maintenant que Lise dormait, Leon Valonin s’autorisait davantage à montrer sa peur mais il restait Anna encore à rassurer. « Oh Leon… » il balaya ces simagrées. « Il n’y a pas de retour en arrière, la RLP a évacué la promenade des poètes, on ne pourra pas revenir par là. » Anna le savait mais elle avait besoin que ce soit Leon qui prenne cette décision. Les risques étaient trop grands pour eux et pour Lise pour qu’elle supporte d’en prendre la responsabilité. « On passera de nuit, vite et discrètement, on attendra le matin de l’autre côté du boulevard et on rejoindra le point de passage les mains en l’air, après ça ça ira » et en répétant ce plan il semblait davantage y croire et hochait la tête d’un air déterminé.

La nuit était presque complètement tombée maintenant alors on réveilla Lise. Elle se plaignit un peu au début mais la gravité du moment la rendit à la sagesse. Sans éclairage public et avec le ciel qui était couvert, on n’y voyait vraiment rien du tout et il fallu parfois tâtonner le long des murs pour rejoindre le boulevard. « Avec ce noir personne ne nous verra » murmurait Anna et « attention ou vous marchez n’allez pas faire du bruit en renversant une poubelle » disait Leon. Ils n’en renversèrent pas et atteignirent le bord du boulevard au bout de quelques minutes. Un reflet inconnu se reflétait sur les murs des bâtiments de chaque côté et le pavé gris du sol, ce qui faisait qu’on y voyait mieux que dans les ruelles. « Oh Leon Leon » murmura Anna en panique et celui-ci la fit taire d’un geste de la main avant de jeter un regard furtif vers Lise, l’air de dire en langage de parents ne panique pas la petite. La petite ne paniquait pas heureusement alors ils lui prirent chacun une main, serrèrent fort et récapitulèrent leur plan une dernière fois. « On va courir jusqu’aux tas de gravats sur le trottoir là bas, on attendra pour voir si quelqu’un nous a vu. Si on entend du bruit on fera demi tour tout de suite, sinon on continue jusqu’au socle de la statue, après il faudra faire l’autre moitié du boulevard d’une traite mais en courant à ira. Tenez vous bien accroupis et courez le plus vite possible de toutes vos jambes surtout tout Lise d’accord ? » Lise hocha la tête alors ils se déployèrent dans la ruelle, Leon compta jusqu’à trois, deux, un et ils se mirent à courir. Il sembla à Anna qu’ils faisaient en courant comme ça un bruit abominable dans le silence du boulevard mais rien ne bougea autour d’eux quand ils se jetèrent accroupis derrière les gravats. Leon leva une main pour intimider à tout le monde l’ordre de garder le silence et resta ainsi presque deux minutes avant de sourire. « Je crois que c’est bon, murmura-t-il, on va pouvoir aller jusqu’à la statue. »

La statue, elle semblait affreusement loin, surtout comparé à la distance qui séparait le tas de gravats du couvert des ruelles. Ils n’avaient pas lâché les mains de Lise et se redressèrent, Leon compta de nouveau trois deux uns et ils coururent vers la statue. Une rafale de détonations sourdes claqua dans le silence, Anna hurla, Lise hurla d’un cri plus strident encore et Leon grogna en s’effondrant. « Lâche ! » cria Anna à Lise mais la pauvre c’était la main de son père qui la retenait et non l’inverse « lâche ! » cria encore Anna mais Lise ne lâcha pas alors Anna lâcha. Une deuxième rafale assourdit l’air quand Anna atteignit le couvert de la statue. Plus rien ne bougeait sur le boulevard. Misère pensa Anna et elle chercha à taton dans sa mémoire un dieu auquel se vouer mais n’en trouva aucun. Il n’y avait aucun dieu au Prodnov.

Anna avait pleuré puis, pris de stupeur à l’idée de se savoir piégée au milieu du boulevard tenue en joue par un tireur isolé, avait retrouvé un peu du sang froid des désespérés. Elle avait crié très fort « paix ! » en russe et « rauhaa ! » en Pharois et avait détaché son dessous de chemise qui était blanc pour le jeter à la vue du tireur, n’osant pas l’agiter à la main de peur de se la voir tranchée par un tir. Le matin avait fini par se lever et deux heures après l’aube on lui avait crié se sortir de sa cachette. Anna avait dit « paix ! » encore mais pas rauhaa parce que les ordres qu’on lui avait donné étaient en russe. La patrouille l’avait amené à l’écart, on lui avait posé des questions rapidement et on l’avait fouillé et demander de se déshabiller en partie de loin pour vérifier qu’elle n’était pas dangereuse. Ensuite on l’avait emmené au point de passage de l’est et au camp de réfugiés où elle résidait depuis.

Anna Valonina avait voté pour la paix c’est à dire pour le Parti Communiste Républicain du Prodnov de monsieur Alexeï Malyshev, le premier ministre. Anna Valonina était las de la guerre. Les quelques fois où elle avait ressenti de la solitude, elle avait repoussé ce sentiment avec force et également tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à de la culpabilité. Un soir elle avait compris qu’elle était lâche et trop lâche même pour se faire face à elle même. Tant pis, si c’était le prix pour ne pas souffrir. Elle avait voté pour le PCRP par lassitude et par lâcheté, pour sortir de ce camp et sortir de cette guerre qu’elle était las de mener, même si elle n’avait rien fait du tout. Anna Valonina voulait la paix, voulait l’oubli et le pardon, qu’on en reste là, qu’on n’en parle plus. Plus jamais.
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La Parole | 23/04/2014
Staïglad est tombée : Prodnov est enfin libéré !

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Haut le drapeau de nos valeurs, plus jamais non plus jamais l'ennemi ne foulera Prodnov au pied

Jour de gloire pour les hommes du monde entier, jour de gloire pour tous les défenseurs de la liberté, de l’égalité et de la fraternité ! Les dernières poches de résistance impérialistes viennent de tomber et l’armée rouge marche dans Staïglad ! Plus jamais notre capitale ne sera le symbole de la forfaiture et des crimes du capitalisme, plus jamais notre pays ne sera pris en exemple de la barbarie réactionnaire ! Prodnov est réunifié, Prodnov est libéré et une aube rouge se lève sur le monde !

Une pensée d’abord pour tous ceux retenus en otages par l’ONC dans Staïglad, odieusement sacrifiés par les Novigradiens et les Alguarenos. Ceux là ne seront pas oubliés, leurs bourreaux seront appelés à comparaître devant la justice des hommes qui leur fera rendre gorge ! Une pensée ensuite pour ceux qui ont permis cet exploit, le Maréchal Kreyevsky, le Maréchal Andreyev et le Maréchal Petrukhin ! Ceux-là sont les héros du Prodnov, qui ont dressés les plans et mené l’assaut, sans leur force de détermination, nous ne serions rien !

Une pensée enfin pour notre admirable leader, que le peuple reconnaissant a reconduit dans les urnes : le camarade Malyshev, élevé ce matin par le GMDO au titre de Maréchal du Prodnov, l’épée et la plume de notre nation, notre brave défenseur, vive le Maréchal Malyshev, soyons reconnaissant de l’avoir à nos côtés ! Aujourd’hui, tous les Prodnoviens ont une dette envers toi.

Staïglad sois un avertissement, pris par lâcheté, reprise par héroïsme, plus jamais non plus jamais la bourgeoisie fasciste et ses alliés ne fouleront le sol de Prodnov !
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