22/02/2015
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[Burujoa - Maronhi] II. Cycle des circulations - Siwa : « La Voie du Milieu » - Page 2

L'empereur Tadashi se tenait droit, sa robe impériale richement brodée de motifs dorés et pourpres flottant doucement au gré de la brise matinale. À ses côtés, l'impératrice, parée de soie et de bijoux, maintenait une grâce sereine, tandis que leurs enfants, princes et princesses vêtus de leurs plus belles tenues, suivaient avec une dignité digne de leur rang. Au signal des tambours, l'empereur fit un signe de la main, initiant le début de la procession. La famille impériale, escortée par des gardes d'honneur, s'avança en tête en compagnie d'Awara Kouyouri, leurs pas mesurés ne laissant aucune trace sur Voie Dorée.

Arrivés au pied de l'escalier central du sanctuaire de Matsui, Tadashi s'arrêta un instant, levant les yeux vers le sommet. Inspirant profondément, il entama l'ascension. Derrière lui, l'impératrice et leurs enfants suivaient, leurs regards fixés sur les marches, marquant ainsi leur détermination et leur dévotion envers les traditions sacrées de leur empire. À mi-chemin de l'escalier, l'empereur fit une pause, se tournant légèrement pour vérifier que sa famille le suivait de près. Il échangea un regard avec l'impératrice avant de reprendre la montée. Au sommet de l'escalier, le fronton du sanctuaire de Matsui se dévoilait enfin dans toute sa grandeur. L'empereur s'avança, ses yeux observant attentivement chaque détail architectural, chaque symbole sacré qui ornait l'entrée. Il franchit le seuil du sanctuaire, suivi de près par sa famille. Ils se déchaussèrent avec respect. À l'intérieur du sanctuaire, l'empereur se dirigea vers les bassins de purification, imité par les autres membres de la famille impériale. Il se lava les mains et le visage ; l'impératrice, les princes et princesses suivirent cet exemple.

Après les rituels de purification, l'empereur se dirigea vers l'autel principal. Il prit un moment pour déposer les offrandes avec révérence, ses mains guidées par des prières silencieuses. La famille impériale fit de même, chaque membre accomplissant ce geste sacré avec une dévotion visible. Tadashi, sentant l'importance de ce moment, prit un instant pour se recueillir. Ainsi, avec une majesté tranquille et une profonde dévotion, l'empereur, son épouse et ses enfants honorèrent les traditions ancestrales du Burujoa, marquant le début d'une nouvelle ère de coopération et de prospérité entre leur empire et la Maronhi.
Les pierres disposées devant le sanctuaire avec un soin minutieux, évitaient tout alignement rigide ou excentricité. Les arbres, ni trop taillés ni laissés à leur croissance sauvage, incarnaient la beauté tranquille, la simplicité, l'imperfection, la fugacité. Le pavillon en bois, sobre et élégant, s’intégrait parfaitement dans ce paysage, en harmonie avec l’environnement, sans chercher à dominer ni à se fondre entièrement. L’air portait le parfum léger des cerisiers en fleurs, leur floraison éclatante rappelant la beauté éphémère de la vie. Awara avançait d’un pas mesuré. Ni trop démonstrative, ni effacée, elle occupait l’espace avec une assurance sereine, parfaitement intégrée au cadre qui l’entourait. Lorsque le moment vint de s’adresser à la foule réunie au bas des marches, elle prit place face au vide et à l’assemblée. Elle s'éclaircit alors la voix et s'adressa à la foule.

« Mes dames, mes demoiselles, mes sieurs, honorables délégués du Burujoa, je me tiens devant vous aujourd'hui avec une vision claire de notre avenir commun. La collaboration que nous inaugurons ici n'est pas simplement un projet de circonstance, mais une alliance qui puise dans les forces de nos deux États, combinant les anciennes traditions avec les nouvelles voies du progrès. Nos aïeux nous ont enseigné que l'harmonie est atteinte non pas en poursuivant des chimères stériles, mais en trouvant un équilibre entre les forces opposées. C'est précisément cet équilibre que nous cherchons à instaurer entre la Maronhi et le Burujoa : une union où l’innovation ne se fait pas le relais des intérêts néo-impérialistes de l'Occident, mais où elle est pleinement nôtre et nous offre les clefs de l'avantage. »

Awara se tut un instant, laissant ses paroles imprégner les lieux. Après quelques instants d'applaudissements, elle laissa la place à l'empereur Tadashi.

Sous un ciel doré qui tournait au tableau mi-orangé mi-rosé, enveloppé par quelques sombres nuages lointains qui se nourrissaient de ces nuances, l'empereur Tadashi se tenait immobile. Son regard, sévère mais bienveillant, balaya la foule rassemblée au bas des marches du fort, derrière les imposants remparts de pierre, où les dalles blêmes brillaient doucement. Un vent frais, sifflant entre les arbres qui longeaient la Voie Dorée, portait avec lui une tension palpable. À ses côtés, Awara Kouyouri, droite et noble, attendait en silence, partageant avec l'empereur une complicité forgée par des années d'alliance et de respect mutuel. Lorsque Tadashi prit la parole, sa voix résonna dans l'air, claire et assurée, tranchant avec le murmure des arbres.

« Aujourd'hui, nous nous tenons à l'aube d'une nouvelle ère, une ère où la Burujoa et la Maronhi, unies par des valeurs communes, s'engagent à tracer ensemble la voie vers leur propre modernité. Notre alliance incarne notre volonté partagée de créer un avenir qui embrasse les défis de ce siècle sans nous renier. Trop longtemps, l'espoir, l'avenir, l'espérance, nous ont été retirées ; trop longtemps elles ont été monopolisées par d'autres. Mais nous savons qu'il existe d'autres chemins, d'autres réponses, des réponses qui sont pleinement nôtres. Nous avons jadis brillés par l'éclat moral et spirituel de notre civilisation. Aujourd'hui, il est temps pour nous, fils et filles de cette grande tradition, de relever la tête et de proposer de poursuivre ce que nous avons été, ce que nous sommes, et non une imitation aveugle de ce qui s'est imposé de l'extérieur. En redressant nos cultures, en renforçant notre souveraineté, nous offrons une alternative. Aujourd'hui encore, nous suivons le sentier pour une grande aventure. Une aventure qui, je le crois, sera le renouveau de notre civilisation, la preuve que les âmes du Burujoa, de la Maronhi et de leurs alliés cathayens peuvent non seulement survivre à ce siècle, mais le façonner. Ensemble, c'est par les anciennes et les nouvelles voies que la cathayennité sera redressée, que notre alliance fera notre gloire. »

Il tourna alors son regard vers Awara. Un silence respectueux s’installa, seulement troublé quelques chuchotements lointains ainsi que les chants de la faune. L'empereur, en pivotant, fit un geste d'invitation à la Gran Man, l’enveloppant d’une attention solennelle. D'un rayon entre les nuages, la lumière semblait s'attarder autour d’elle.

« Awara... »

Sa voix s'adoucit légèrement, presque fraternelle. Cette dernière baissa légèrement la tête en signe de respect, tandis que Tadashi poursuivait, élevant sa voix à un timbre plus grave, destiné à marquer les esprits :

« Ta gouvernance a été conforme aux plus nobles enseignements. Dans tes actions, tu as incarné l’équilibre et la modération, cherchant toujours la juste mesure dans tes décisions. Ton discernement et ta prudence t'ont guidée, permettant à ton peuple de naviguer à travers les tempêtes sans s’échouer sur les récifs du désordre. Tu as su maintenir l’harmonie intérieure, tout en favorisant la paix sociale parmi les tiens, équilibrant les besoins individuels et collectifs avec une justice exemplaire. Ta compassion, non seulement envers ceux qui t’entourent, mais envers chaque âme maronhienne, t'a permis de gouverner avec un cœur ouvert et une main ferme. Ton endurance dans les moments difficiles a montré ta force, et ton détachement des passions éphémères a prouvé ta sagesse. Tu es de celles et ceux qui incarnent l’essence même de la Voie du Milieu, et c'est en cela que réside ta grandeur et celle de ton mandat, plus digne encore que les règnes de bien des souverains. »

Les paroles de l'empereur glissaient comme un murmure sous les vestiges du fort. À ses côtés, la Gran Man restait droite, ses yeux captant la lumière vive qui se couchait à l'horizon, vers l'extrême-couchant, de là où le siens étaient venus. L'empereur marqua une pause, observant l’assemblée. Il pivota lentement pour englober tous les membres de l'audience, déclara avec ferveur :

« Ainsi, c'est en tant qu'hériter de la déesse Amatera que je confère, en cet instant et en ce lieu, une pleine bénédiction à la Gran Man de Maronhi, Dame Awara Kouyouri, ainsi qu'à ses descendants, ce jusqu'à ce que le Dharma abandonne les mortels. Qu'elle soit en cette contrée la digne représentante des hautes vertus. Que son héritage puisse, par la sève et le feu, par le sang et la tradition, présenter ce pays à chaque nouveau soleil. »

Le moment devenait sacré. Les cœurs se tendirent vers lui, les visages attentifs, suspendus à chaque mot. Les bénédictions conférées par l’empereur semblaient se raviver dans l’instant présent, s’élevant au-dessus des affaires politiques pour toucher les âmes de chacun. Awara inclina légèrement la tête en signe d’acceptation de cette bénédiction, conscient de la portée spirituelle et politique de ces paroles. Le silence s'étira, lourd de significations, avant que l'empereur ne se tourne à nouveau vers Awara. Cette fois, ses mots étaient empreints d'une intimité étrangère, comme s'il s'adressait non plus à une dirigeante politique, mais à l'incarnation d'un principe, d'un pays et d'un peuple.

« Fille du pays, tu t'es fais amante de ta terre et mère de ton peuple. Par les anciennes et les nouvelles voies, ne dévie jamais du sentier. »

Le souffle de Tadashi se fondit dans celui de la nature environnante, et tous les regards convergèrent vers Awara, témoin de cette union profonde entre la puissance spirituelle et l'autorité temporelle. Naturellement, un instant de silence solennel s’abattit sur l’assemblée. Puis, comme une vague déferlante, les applaudissements éclatèrent, résonnant sur toute la Voie Dorée. La foule se leva d’un seul mouvement, leurs mains frappant avec une intensité croissante, comme pour marquer à jamais ce moment historique. Des cris d’encouragement montèrent du fond de la place, suivies de tambours, des voix résonnant avec ferveur : « Longue vie à la Gran Man ! » , « Honneur à Dame Kouyouri ! » Les regards étaient rivés sur Awara, qui, malgré sa dignité et son calme habituels, ne put cacher un sourire de gratitude.
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