Destinataire : camarade Yahnik Sangaré, général de l'Armée démocratique du Gondo
Objet : relations du Gondo libre avec la République d'Ouwanlinda
Mon Général,
Je prends acte de vos préoccupations quant à l'arrivée du contingent ouwanlindien sur le sol gondolais, ainsi que des décisions déjà prises par le grand conseil de guerre. L’arrivée de ces 7 000 hommes, bien qu’initialement perçue comme un soutien militaire opportun, suscite en effet des interrogations légitimes quant aux véritables intentions de Monsieur Ateh Olinga. Votre analyse sur le caractère unilatéral de sa décision résonne avec les réserves que j’ai moi-même exprimées lors des dernières réunions stratégiques.
Vous connaissez mon engagement envers notre cause et la vision que nous portons pour un Gondo libre, indépendant, et démocratique. À ce titre, je partage votre prudence : l’histoire regorge d’exemples où l’appui d’une force étrangère a, par la suite, miné la souveraineté nationale. Je refuse que notre mouvement, forgé dans les luttes populaires et les sacrifices de milliers de citoyens, devienne l’instrument d’ambitions étrangères, quelle que soit leur nature.
Ce pourquoi c'est avec soulagement que je vous informe de la disposition récente des forces ouwanlindiennes à quitter le sol gondolais pour consolider leur position dans leur propre pays. Cette décision, sans doute motivée par des impératifs politiques internes à la République d’Ouwanlinda, nous offre une opportunité précieuse de clarifier la posture de l’Armée Démocratique sur la scène internationale.
Je tiens à souligner que ce retrait, s’il est bien orchestré, peut servir nos intérêts diplomatiques : nos récents succès militaires, combinés à notre gestion méthodique des territoires libérés, commencent à nous valoir une reconnaissance qui dépasse le cercle des nations socialistes. Les discussions entre l’Althalj et le Grand Kah, selon des informations dignes de confiance, incluent désormais la possibilité d’un soutien officiel à notre cause par la Matriarchie. Si l’Althalj devait désavouer le gouvernement de Flavier-Bolwou au profit de l’Armée Démocratique, cela représenterait un tournant décisif dans notre lutte, et une victoire politique de grande envergure. Mes oreilles à Axis Mundis ne m'ont pas encore donné plus d'informations, mais il semble que le vent commence à tourner.
Cependant, je suis conscient que la situation "Ateh Olinga" peut générer des tensions et des critiques, tant au sein de nos conseils qu’auprès de nos alliés. Aussi je me tiens prêt à porter seul la responsabilité de cette décision, ainsi que les éventuels blâmes politiques ou diplomatiques qui pourraient en découler. La préservation de notre légitimité, autant sur le terrain que sur la scène internationale, est un enjeu crucial, et je ne laisserai aucune ombre entacher les efforts considérables que nous avons déployés pour bâtir une véritable alternative démocratique pour le Gondo. Si les comités et vous l'estimez utile, mon général, je suis prêt à retourner au sein du rang et à laisser ma place à un nouveau représentant.
Quoi qu'il ne soit je reste à votre disposition pour coordonner les étapes du retrait ouwanlindien et garantir que cette transition soit perçue comme un témoignage de la force de l’Armée Démocratique. Il semble que les forces kah-tanaises soient disposées à escorter les ouwanlindiens jusqu'à leur frontière, ce qui devrait au moins éviter une intervention clovanienne sur nos ports.
Avec respect et camaraderie,
Caporal Marc Moke,
Représentant du corps des volontaires internationaux de l'Armée démocratique du Gondo