L’origine des licteurs :
Si on trouve bien des individus portant le titre de lictor durant la période rhêmienne, il est pour le moment impossible pour les historiens de relier ces deux faits entre eux. En aucun cas les licteurs velsniens en sont une continuité, du moins, les sources ne nous permettent pas de l’affirmer. De même, il serait tentant de chercher dans l’Histoire primitive des cités de Leucytalée des institutions s’en rapprochant, mais là encore, aucun élément probant. Il n’existe pas à Fortuna ou à Léandre de fonction semblable à celle des licteurs du Sénat alors même que le fond institutionnel de la Grande République reprend une grande part du substrat juridique de ces deux entités politiques. S’il faut chercher une origine à la charge de licteur, l’archéologie a peut-être récemment trouvé la réponse. En effet, on privilégierait aujourd’hui la piste autochtone depuis la fouille d’une tombe à tolos occitane, qui a révélé de restes d’un faisceau, d’où émergeait une hache à deux fers. La tombe, datée du début du VIIIème est donc antérieure à la fondation de Velsna. L’interprétation de cet unique est toutefois à considérer avec prudence, compte tenu du fait qu’aucune information précise peut nous éclairer sur sa fonction. Les velsniens auraient très bien pu procéder à une réutilisation d’un objet n’ayant que peu de rapports avec la fonction qu’ils lui donnèrent par la suite. L’hypothèse selon laquelle la hache à fasceaux soit utilisée par les occitans comme un instrument de justice est donc soumise à des réserves.
Formation, effectifs et organisation :
Depuis le XIIIème siècle, le nombre de licteurs sénatoriaux est estimé à 3 000, répartis en trois régiments distincts. Le recrutement des licteurs est avant tout le fruit de la cooptation, comme pour beaucoup de fonctions au sein de la Grande République. Il s’agit d’une fonction prestigieuse qui attire les citoyens de bonne famille, la plupart du temps entre la IIème et la Vème classe censitaire, pour souvent issus de familles sénatoriales de longue date. On interprète souvent les licteurs comme étant une position tremplin vers des fonctions plus prestigieuses, et qui permet en même temps de réaliser son service militaire. A bien des égards, ces jeunes hommes et jeunes femmes sont perçus comme un vivier de futurs sénateurs et sénatrices. Contrairement à la totalité des unités militaires velsniennes, les licteurs ne dépendent ni du commandement militaire velsnien à la tête duquel il y a le stratège, ni du commandement d’une quelconque cité. Les licteurs sont directement soumis à l’autorité du Doyen du Sénat, plus vieux membre de la chambre législative encore en activité. En cas de guerre cependant, le Sénat peut se réserver le droit de transférer le commandement d’une partie d’entre eux au Stratège.
Particularité dans l’armée velsnienne : le système de recrutement des licteurs, dont il a été dit qu’il fonctionne par cooptation, s’appuie sur une direction collégiale. Ce sont ainsi les membres déjà présents dans l’unité qui ont la charge de désigner de nouvelles recrues parmi les candidats. Toutefois, les membres du Sénat peuvent exercer des pressions afin d’intégrer des éléments d’autres unités de l’armée qui se sont montrés particulièrement méritant. Cela constitue toutefois l’exception à la règle.
Fonction :
Les licteurs sont une unité extrêmement polyvalente, mais leur fonction principale est sans conteste d’assurer la sécurité des magistrats et des sénateurs de la Grande République. Ils sont leur service d’ordre attitré à toutes les occasions et ouvrent le passage du sénateur au travers des foules. Autrefois, si leurs faisceaux de verges leur servait à battre des récalcitrants et contrevenants à la loi, cet usage a disparu et c’est là devenu un objet cérémoniel que ces derniers portent dans le dos en supplément d’une arme de service moderne. Il y a également un code de conduite à tenir auprès de leurs protégés sénatoriaux. Ainsi, un sénateur qui est traditionnellement protégé de trois licteurs doit toujours être précédé dans sa marche de l’un d’entre eux, et être protégé sur ses arrières par les deux autres. Lorsque les licteurs d’un magistrat inférieur croisent le chemin d’un magistrat supérieur, ceux-ci doivent se saisir de leurs faisceaux et frapper le sol avec leur pointe trois fois de suite.
Les gardes de licteurs ont également un nombre variable selon le rang du magistrat qu’ils protègent : un sénateur sans magistrature sera protégé par trois licteurs, un juge de la plèbe en aura quatre, un stratège en aura dix, un procurateur des monnaies cinq et ainsi de suite. A noter que les licteurs ne sont en revanche pas tenus d’assurer la sécurité des membres du Conseil Communal en tant que tels, ceux-ci n’étant pas considérés comme des magistratures sénatoriales. Cependant, comme tous ses membres sont des sénateurs, ils disposent des trois licteurs dévolus à un sénateur sans magistrature.
En cas de guerre, les licteurs présentent leur seconde fonction qui est de servir de réserve militaire d’élite. D’ordinaire, chaque licteur est responsable de l’entretien de ses armes, et ceux-ci étant issus des plus grandes familles velsniennes, ils s’équipent du meilleur armement que l’on puisse trouver. Il s’agit également de l’une des rares unités professionnelles de l’armée velsnienne, dont la durée du service s’étale généralement d’entre seize et vingt ans. La solde d’un licteur, bien que symbolique étant donné la catégorie sociale à laquelle appartiennent ces derniers, est en moyenne quatre fois supérieure à celle d’un garde civique, cela sans compter les nombreuses primes et distributions d’argent dans le cadre des festivités civiques.