Le M.L.L. partit à l'assaut à son tour.
Patiente Anihilé-Sangwa n'était pas venue et Sofines soupira intérieurement sans rien n'en laisser paraître aux invités et représentants.
La parole d'une femme telle que Patiente aurait assurément eu un poids important dans ce monde de généraux et d'hommes de pouvoir, car l'alternance et la complémentarité des modes de pensées, des méthodes et mécanismes d'influence, permettaient à des discussions d'une telle importance de souffler, mais aussi prendre un recul essentiel à la compréhension et l'empathie générale.
Mohammed Gadiel joua la carte ethnique d'une certaine manière.
L'heure était encore à l'écoute.
Et le Colonel Mwamba Etoto se prit les pieds légèrement dans le tapis de l'indépendance déroulé prestement devant ses bottes lustrée. Sofines voulut se humecter les lèvres et se ravisa, car ce signe pouvait être interprété différemment. Un point intéressant fut soulevé néanmoins et Yahnick Sangaré confirma de même qu'il fallait aborder le sujet.
Continuons d'écouter, des observateurs souhaitaient émettre un avis ou une observation. L'Empire du Nord, proche géographiquement de la région Pitsi, sembla soutenir le dialogue, précisant que l'Empire du Nord aidait grandement les populations Gondolaises réfugiées, passant ses frontières en Afarée.
Et... l'assaut du M.L.L. fit mouche et l'Empire du Nord rentra dans le jeu de la possibilité d'une dislocation démocratique du Gondo.
L'air sembla se charger électriquement d'un coup après la dernière phrase du représentant Impériale.
Sofines sonda rapidement les visages. Certains ne souriaient pas, mais les yeux approuvaient grandement. D'autres masquaient un rictus certains. Sofines regarda sans s'y attarder le visage de l'Empereur...
Jean-Claude Mbihan intervient immédiatement. Le couperet tomba, mais une lumière se fit au fond du tunnel... "concession"... "réforme"... les mots et formules étaient claires...
Sofines sauta sur l'occasion.
Les différents partis se sont prononcés dans un premier temps et ont précisé dans une certaine mesure leurs attentes.
Nous disposons de plusieurs trajectoires permettant d'aborder plus amplement les discussions à suivre.
Il semble y avoir unanimité sur le sujet de la nécessité d'une démocratie perçue comme réelle et entière et je salue le courage de la mention de compromis, d'avancer vers l'acceptation d'une solution écartant les velléités armées.
La "confiance" a été rompue et il est nécessaire de trouver un terrain d'entente quant à l'exigence de la modalité démocratique.
Nous comprenons que le souhait d'une scission, un divorce est un réflexe lorsque les uns ne se retrouvent plus en les autres et que les différents sont tels qu'ils oblitèrent toute réconciliation.
Mais ce réflexe est le recours après toutes possibilités, opportunités de réforme, de re-convergence et je souhaite souligner que, et j'ose le supposer, les peuples du Gondo doivent, en ce moment même, s'attendre à une solution Gondolaise, pour l'ensemble du Gondo en même temps que pour soi et les communautés respectives, ou du moins à une négociation menant à la réconciliation avant la terrible séparation.
Les mots, qui suivirent, pesèrent un peu plus, sans pour autant véhiculer un ton emprunt de maternalisme, d'autorité ou de condescendance. Le rôle d'arbitrage suivait un objectif de permettre une compréhension optimale des solutions à portée de main.
Si toutes les résolutions étaient ainsi faites de divorces, avant l'essentielle communication, discussion et négociation bi ou multilatérale, la modalité démocratique attendue par l'ensemble des parties, ici présentes, ne serait qu'un miroir aux alouettes.
Je vous enjoins de réfléchir à la possibilité de la solution Gondolaise commune et non individualiste, afin de satisfaire vos attentes d'une structure républicaine et démocratique juste et réelle.
Monsieur le Ministre Mbihan,
Je me tourne une fois de plus vers vous, sans volonté d'accabler, j'espère que vous en conviendrez.
Pouvez-vous repréciser à toutes et tous, le rôle et prérogatives de la Djéroua et les mécanismes de sa place dans la structure républicaine et démocratique, s'il vous plaît ?