23/06/2013
18:29:27
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[Icemlet - Althalj] Une Solution Gondolaise

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"Je vois.
L'oiseau sur le baobab ne doit pas oublier qu'il a porté des lunettes."

qari Sofines Berek


Représentation d'Icemlet et La Khaïma
Représentation d'Icemlet et La Khaïma - XVIe siècle - Artiste Kutam Lunes - Musée Ilâhmique des Tamurt n Althalj d'Icemlet



Face à la guerre civile Gondolaise et l'accélération des violences, la Maktaba entrevoit une issue encore plus sanglante et un havre de malheurs pour les populations Gondolaises.
Icemlet s'est proposée d'organiser des discussions entre parties prenantes de ce conflit et essayant de focaliser une entrevue purement Gondolaise sans interventions ou influences présentielles ou directes des nations étrangères disposant d'intérêts ou de desseins apparents ou cachés. Toutefois la pression des parties prenantes Gondolaises, afin de disposer d'un poids estimé essentiel, semblait unanime et les discussions ne prendront pas place avec les seuls représentants des peuples Gondolais.

Les Tamurt n Althalj ont proposé un rassemblement en terrain neutre, au sein de la Khaïma, cet ensemble de grandes tentes aux abords de la capitale Icemlet. Utilisée depuis des siècles comme lieu de négociations entre les Tamurt n Althalj, elle est aujourd'hui le lieu principal de discussions officielles avec l'international, faisant office ainsi de "table des affaires étrangères" où les invités peuvent discuter en toute quiétude, éloignée des affres des villes, mais aussi dans un environnement traditionnel où les diplomates et représentants sont assis sur des coussins à même les tapis finement tissés et ancestraux des Althaljirs.

La logistique jusqu'à Icemlet fut mise à disposition en accord avec les parties prenantes. Des avions civils sous l'égide Althaljir traversèrent la Mer d'Emeraude pour Icemlet et enfin une escorte de la Force Matriarcale Ilahmique (FMI) jusqu'aux maisons qariennes du quartier des ambassades et une sécurité prise très au sérieux malgré les leitmotive pacifiques de ces discussions.


En ce jour des premières discussions, les invités étaient tous rassemblés au sein de la plus grande tente de la Khaïma, assis en cercle sur des coussins et tapis. Les différentes "factions" étaient séparées par de petites tables en bois ornées de nacre, typiques des Tamurt n Althalj. La grande toile blanche aux motifs bleus laissaient une impression de sobriété toute adéquate à un environnement de discussions où toutes parties n'acceptaient que peu la luxure.


La Qari Ijja Shenna avait été très claire sur le fait que la qari Sofines Berek serait en charge de la gestion de ces discussions. La qari Sofines Berek n'était pas une simple secrétaire Althaljir, elle était un membre éminent de la Maktaba. Sa réputation pour son franc parler et sa froidure, Sofines Berek n'en était pas moins une qari hautement compétente et respectée sur la scène internationale ayant géré de nombreuses crises et projets Althaljirs avec brio.


Elle salua chaque personne personnellement malgré la symbolique que cela pouvait prodiguer.

Et les invités étaient nombreux.


  • Républicaine Libre Démocratique du Gondo (RLDG)
  • République Impériale Pétroléonienne (Clovanie)

  • Armée Démocratique (AD)
  • Brigades de Volontaires Internationaux

  • Mouvement Indépendantiste Pitsi - Libertés (MIPL)

  • Mouvement de Libération Likra


Certains observateurs avaient été de même invités, disposant d'inquiétudes quant au déroulement des discussions ou tout simplement face à la guerre civile au Gondo.

  • République Sérénissime Fortunéenne
  • Empire Démocratique et Parlementaire du Nord
  • Forum de Coopération de l'Afarée du Nord (FCAN)



Sofines Berek prit la parole lorsque tous furent présentés à leur tour.



HRP avant de poster
HRP/ Je vous laisse le temps de RPlayer votre arrivée et/ou contexte avant que les discussions commencent ou de me demander d'ajuster la liste des invités./HRP
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Marc Moke était l’un de ceux que l’on surnommait les "caporaux". Un de ces chefs qui avait émergé au sein des mouvements volontaires lorsqu’il avait été question de les organiser. Originaire d’Afarée, il s’était révélé populaire pour son charisme certain et, plus importante, sa bonne capacité organisationnelle, laquelle s’était révélée utile lorsqu’il avait été question d’organiser l’arrivée des troupes et de leur matériel. A force de victoire et de lobbyisme, il avait fini par s'ériger en grand stratège de la guérilla et ce malgré une expérience moindre du combat. Ce dernier point n'était pas réellement problématique : le fonctionnement collégial de la petite armée lui permettait de rattraper les manquements des uns par les talents des autres. Position qui aurait pu être difficile à tenir sans la tradition libertaire de ces brigadiers, moins habitués à la direction d'un seul chef qu'à trouver des compromis entre comités. Les brigades portaient bien leur pluriel.

C’était aussi pour ça que le camarade Moke n’était pas tout à fait sûr de la pertinence de sa présence à cette réunion. S’il appréciait toujours le voyage et voyait d’un bon œil cette tentative somme toutes assez humaniste de médiation entre les partis opposés, les volontaires avaient toujours été très clairs sur leur rôle : c’est-à-dire que cette révolution était celle des gondolais et que s’ils venaient donner, selon la formule d’usage, « les moyens de leurs rêves » aux citoyens de la petite république, ils ne venaient pas dicter les détails de ceux-là.

Bien entendu c’était légèrement hypocrite de leur part. En érigeant une reconstruction économique du nord selon le principe des villes modèles et de la coopérative, en formant de nouveaux combattants sur la base du modèle de résistance civile, en alimentant l’armée démocratique en munition, en fuel et en fonds, les volontaires avaient, volontairement ou non, rendus le mouvement dépendant de leur présence. Plus important, ils lui avaient insufflé un élan libertaire qui, s’il ne correspondait pas nécessairement aux aspirations de ses premiers militants, avait trouvé un écho certain dans plusieurs grandes villes du pays, à en croire les manifestations importantes qui avaient secoué le pays en guerre. Celle-là, pensait Moke, pourrait au moins servir d’argument choc pour les représentants de l’Armée Démocratique : Voyez, la seule chose qui fait vibrer le pays aussi bien au nord du fleuve que dans les profondeurs de son sud, ce sont les revendications sociales d’un peuple devenant citoyen.

Le sort du gouvernement central ne faisait selon lui aucun doute. Il tenait grâce à son allié clovanien, lequel allait vite être ciblé comme un indésirable. Et pour les mouvements ethniques ? Tout dépendrait de leurs ambitions réelles et des avantages que pouvait potentiellement leur faire miroiter un éventuel acteur encore non-identifié, comme ces eurysiens que les brigades s’étaient arrangées pour faire entrer sur le territoire.

Un manque de transparence qui ne manquerait pas de vexer les hôtes du sommet, ce sur quoi Moke comptait, à terme.

Notre force, se dit-il, c’est que nous défendons la vérité.

La transparence de leur plan en faisait la force.
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Désiré Flavier-Blowou n'avait pas fait le déplacement, et c'était là peut-être le grand choc de cette rencontre. La République Démocratique Libre du Gondo (RDLG), gouvernement central du pays reconnu comme légitime par l'ensemble de la communauté internationale, était représenté par monsieur Jean-Claude Mbihan, un homme ventripotent d'un certain âge, portant ses lunettes avec sérieux. Il était le ministre de l'Intérieur et des Armées de la RDLG. "Trop petite figure", pourrait-on se dire, "les gondolais ne prennent pas cette rencontre au sérieux et n'en attendent rien". On aurait tort. Monsieur Mbihan était probablement la deuxième figure la plus importante du gouvernement gondolais après le Président. Le premier ministre, Oscar Dwâ, était un fonctionnaire sans réelle stature ni ambition, une potiche. En choisissant d'envoyer plutôt ce ministre, dont le portefeuille conséquent lui donnait la charge d'à-peu-près tout le régalien, monsieur Flavier-Bolwou avait désigné une grosse pointure pour mener les négociations. Outre son équipe, une autre personnalité accompagnait le politicien sous la grande tente de la Khaïma. Le général Arnaud Terry, Chef de l'État-Major gondolais, pour représenter l'Armée Républicaine Libre (ARL), c'est-à-dire les forces gondolaises pro-gouvernementales. Le groupe s'installa en silence après avoir très diplomatiquement (ils étaient visiblement instruits des usages) salué les dignitaires Althaljirs, choisis comme médiateurs.


"La légende au béret rouge". Un peu pompeux, pour cet homme de taille moyenne, la mine neutre, qui marchait soucieux avec son treillis et son béret des forces spéciales. Pourtant, Yahnick Sangaré était bien une légende dans une bonne partie du Gondo. Surtout depuis que la propagande communaliste avait rendu l'Armée Démocratique attrayante. Mais aussi parce qu'il dégageait, lorsqu'il en prenait le soin, un charisme rayonnant. Une capacité hors-norme à mobiliser les foules. Autant dire que ce pouvoir ne faisait pas effet dans la tente berbère althaljir peuplée de diplomates. Mais en petit comité, Sangaré savait montrer son autre visage, celui d'un homme avant tout pragmatique et déterminé, qui n'hésitait pas à jongler entre les idéologies et passer des marchés avec des personnes douteuses tant que cela le menait où il le voulait.
Le "Camarade Général", commandeur de l'Armée Démocratique, était arrivé avec les représentants des Brigades Internationales, au côtés de Marc Moke, et de son bras-droit [à Sangaré], le colonel Bafetou. Ce titre de commandeur ne désignait pas une réalité politique, mais il rappelait avant tout que dans la hiérarchie militaire que la guerre imposait, il avait la primeur. Officiellement il présidait l'État-Major, mais il savait aussi convaincre les autres officiers que ses plans étaient les bons. Il avait par ailleurs une légitimité historique et morale à commander l'armée, et l'AD n'avait pas encore adopté toutes les subtilités du communalisme à la Kah-tanaise.
Ce petit comité de trois officiers, à qui les Tarmut n Althalj avait promis une protection absolue, s'assit après quelques poignées de mains. Seul le Général Sangaré alla saluer le camp gondolais, dédaignant la main du Général Terry. Les deux hommes avaient des relations tendues.


Patience Anihilé-Sangwa pouvait-elle seulement venir ? On imagine mal l'ampleur du débat qui a ravagé les réunions du bureau politique du MLL ces dernières semaines. Car officiellement, la grande militante d'opposition était morte après une cavale de plusieurs années. Or c'était bien elle qui incarnait véritablement le MLL et faisait tenir entre eux cet ensemble composite de mouvements guerriers. Le choix a fini par être tranché par Mme Anihilé-Sangwa elle-même : elle ne viendrait pas. Ce fut donc l'aréopage habituel de dignitaires du Mouvement qui le représentaient publiquement, au premier rang desquels Mohamed Gadiel, son porte-parole, qui arrivèrent sous la tente accueillante. Il y avait avec lui quelques chefs politiques qui organisaient l'administration des territoires "libérés", et des cadres de l'État-Major, mais pas les plus importants. Comme si, en fin de compte, le MLL n'attendait rien de cette rencontre et venait pour l'opération de communication. La valse des délégués likras entre les différentes tables pour saluer respectueusement chacune des parties ne faisait que confirmer cette théorie. Seul le ministre Mbihan fut ignoré.


Sa réputation précédait le Colonel Mwamba Etoto, Chef du MILP. C'était un rustre. D'aucun l'aurait entendu, dans l'avion, se réjouir de ce que "cette fois-ci, il n'y aurait pas de gonzesses". Ce qui faisait en plus de lui un ignorant irrécupérable. On se serait donc attendu à une arrivée tonitruante, comme il savait le faire. Mais le seul moment où il se fit remarquer fut lorsqu'il shoota par mégarde dans une table basse en renversant des théière après s'être pris les pieds dans un tapis. À part ça, il avait l'air dépassé par les événements, mal à son aise, comme un poisson hors de l'eau. Il était accompagné de quelques camarades de lutte. Tous saluèrent les althaljirs, ainsi que Sangaré, par politesse mais aussi pour rappeler que leurs deux camps étaient en trêve.


Et pendant que ces joyeuses mondanités avaient lieu dans la Khaïma, avec de belles photos de poignées de mains en prime, à trois mille kilomètres de là, de l'autre côté du Golfe d'Émeraude, les gondolais s'entretuaient. Aucune trêve n'était entré en vigueur.
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Rude était le climat qui planait sur cette ambitieuse réunion. Sa Seigneurie Impériale ressentait dans l'atmosphère une pesanteur inhabituelle, comme si ses membres se ramollissaient en lui rappelant brusquement leur consistance. Était-ce du à la lourde température des plaines althajirs, ou à l'étonnant éclectisme des hôtes de ces tentes basses, qui rappelaient au souverain clovanien ses lointaines années de scoutisme ?
L'Empereur avait fait le voyage, sans grand espoir, et davantage au vu de l'affront qu'aurait constitué son absence que par l'urgente nécessité d'un dialogue avec les représentants réunis en ces rustres lieux. Les projets clovaniens au Gondo se réalisaient avec sûreté, et les progrès amorcés par les forces clovaniennes, l'Empereur s'en persuadait, prouvaient au monde qu'elles ne portaient nul objectif belliqueux ou impérialiste. Le peuple gondolais, du moins celui qui était libre du joug de la tyrannie - dont toutes les formes conversaient et s'exhibaient ici à la manière d'un bestiaire diabolique et prouvant par là leur ignoble complicité - voyait ses conditions d'existence s'améliorer chaque jour que le Seigneur daignait offrir à cette terre pourrie par le vice. Chaque jour, les esprits Justes et guidés par la Bonté se tournaient davantage vers les gondolais pour les convertir à leur justes et bonnes volontés. Chaque jour, la grande Nation gondolaise, déjà fière et ambitieuse, se constituait, bâtie par les bras de ses glorieux adorateurs.
Les visages présents sous les tentures poussiéreuses de la nation althajir n'étaient pas familiers à Pétroléon V, mais il les identifiait tous, comme un preux chrétien se doit de reconnaître le visage du diable pour l'occire sans délai. Il n'y avait que son fidèle ami Monsieur Mbihan, ainsi que sa délégation, en qui le souverain clovanien pouvait placer sa confiance et ses intérêts. Tous les autres ne représentaient pour lui que moisissure humaine et décrépitude d'une ambition trop ressassée. Les projets des séparatistes n'étaient motivés que par haine et réflexe tribal, tandis que les acteurs étrangers affichant parade et sourires n'étaient semblables pour l'Empereur qu'à des mouches rôdant autour d'un morceau de tarte oublié sur une table de jardin un après-midi d'été, prêts à enfoncer leurs pattes visqueuses dans la richesse sans défense d'un héritage oublié. Ces vautours, fonçant sur le lionceau à la patte cassée, ne se doutaient pas que la griffe son père le lion ne connaissait pas de sentiments miséricordieux.
L'Empereur de Clovanie, entouré de quelques uns de ses Maréchaux et Ministres Impériaux, demeurait toutefois ouvert à la discussion, tout en maintenant le pied fermement campé dans sa position qu'il savait Juste et Bonne.
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L'Empire du Nord était invité en tant qu'observateur au titre de voisin et d'acteur local. Cependant, le pays, via des entreprises nationales privées, outrepasse régulièrement ce rôle en envoyant des formateurs, des armes et en soutenant politiquement le mouvement Pitsi.

L'enjeu régional est fort. L'immigration clandestine se multiplie depuis les mesures prises pour la limiter et économiquement, la région est top instable pour un commerce normal. Il serait dans l'intérêt du pays de voir émerger un pays Pitsi indépendant pour renforcer son influence dans la région et pour contre la progression du communisme dans le nord. Cependant, les préparatifs militaires prennent du temps et la conférence du FCAN a pris les devants. L'UCIC et l'Empire espéraient qu'une telle chose n'aurait pas lieu, mais les faits sont là, le FCAN s'en mêle.

La délégation était composée des deux Consuls de régions, d'un représentant de l'entreprise présente dans les plus grandes proportions, l'UCIC, et un représentant du pouvoir central, un Secrétaire d'État à la diplomatie afaréenne. La ligne sera la neutralité d'apparence, mais si possible l'Empire essayera discrètement de défendre les pitsi.
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La session était sur le point de commencer.

La liste des invités avait été bien entendu clarifiée en amont et tandis que certains représentaient des intérêts ou disposaient de rôle de porte-parole, l'arrivée de l'éminence Impériale Pétroléon V de la République Impériale Pétroléonienne aussi appelée communément la Clovanie, était un acte fort et engagé.

Différencier son importance aurait été un affront aux autres invités et de ce fait, c'est avec discrétion que la Qari Ijja Shenna fit son apparition pour saluer les convives et s'assoir aux côtés de la qari Sofines Berek, son bras droit. Il était primordial que le rapport de force ne soit pas interprété par le statut du représentant ou délégué à cette réunion. La Qari Ijja Shenna, et son âge avancé, gardait une superbe et un charisme qui avait permis en un sens d'identifier les Tamurt n Althalj à l'étranger ; une image emprunte de sagesse, de beauté de l'âge et de respect, une image féminine aux côtés de ses qaris de la Maktaba dont Sofines Berek faisait partie depuis 2001.

Il n'y avait donc que trois femmes pour l'heure au sein de la Khaïma, laissant le personnel exclusivement masculin, habillé de blanc et dont l'expertise en ces lieux ne faisait aucun doute.
La grande tente de la Khaïma avait été préparée avec soin, permettant à toutes et tous d'être bien installés. Et ainsi, avec un décalage culturel très approprié au sein de l'Althalj, le faible nombre de femmes ne les laissait pas dans une situation d'infériorité, d'inconfort, tel un apanage diplomatique ou une erreur de casting... au contraire, leur faible nombre face à la foultitude de personnel masculin, rappelait une transition culturelle lente dans les hautes sphères décisionnelles Althaljirs où la femme, intellectuelle, sage et sûre d'elle, dirigeait et où l'homme accompagnait.

Patiente Anihilé-Sangwa se sentirait en position de force dans cet environnement exceptionnel, un fait qui ne serait peut être pas perçu de tous.

Les rafraichissements circulaient en attendant que la séance commence. Un drap large, bordé d'une monture en bois faîte de branches nues, sèches et blanchies, suspendu à une armature centrale de la tente, commença à se mouvoir en avant et en arrière tandis qu'un homme en tunique blanche, assis sur une chaise traditionnelle derrière un rideau utilisait son pied pour tirer sur une corde qui activa le mouvement de balancier. Une brise sécha les âmes en peine.

La Maktaba avait sondé les parties Gondolaises en amont sur les demandes et revendications.
Les annonces et discussions seraient assurément difficiles. Il n'était pas exclu que ces pourparlers avaient évolué ou que les parties opposées refusent catégoriquement de poursuivre les discussions.
Le choix d'Icemlet faisait aussi que la distance parcourue incitait potentiellement les invités à ne pas interrompre des efforts diplomatiques ou à manquer une suite à huit clos qui mettrait à mal les intérêts représentés.

La qari Sofines Berek se leva lorsque l'ensemble des invités furent assis et prêts.


Motifs de tapis traditionnel à la Khaïma
Motifs de tapis traditionnel à la Khaïma
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Ambiguë était la position de la Sérénissime à bien des égards, tantôt observateur, tantôt acteur discret, parfois source fiable d'informations, de temps à autres même une voie d'accès ouvrant bien des opportunités. L'universelle république Fortunéenne avait toujours opté en tout temps pour des approches flexibles et malléables plutôt que des positions aussi rigide que le marbre, ce de tel manière à naviguer entre les tempêtes et à préserver ses intérêts tout comme ses amitiés. Amitiés, c'était là le mot clé in fine, les marchands aussi inconcevable cela pouvait-il paraître du point de vue de certains faibles d'esprits avaient de nombreux amis de par leur propension à pouvoir faire entrer et sortir peu ou prou n'importe qu'elle denrée et ainsi combler les désirs des hommes et des femmes autant que faire se pouvait. Certaines de ces amitiés à ce titre était ainsi très anciennes, d'autres plus récentes mais cela était des détails, Dame Fortune est toujours plus ou moins à un certains degrés dans les coulisses à soutenir tacitement au strict minimum et ce même aux abords d'une cours de récréation où s'affrontent par faction interposés de lointains acteurs.

En soit, tant qu'ils respectent les règles de ladite cour il n'y aucun problèmes à cela, n'est-ce-pas ? Des actions mesurés, un interventionnisme discret et limité et surtout rester humble. Les éléments essentiels à un cocktail appréciable plus ou moins pour tous si l'on puis dire ou tout du moins tolérable sans que l'on ait à lever la tête plus que de raison à travers la cacophonie ambiante. Cependant, lorsque les affaires durent dans le temps, elles s'exposent à d'inévitables tentatives de tricheries, certaines peuvent être contrés en rétablissant l'équilibre, d'autres déséquilibrent tellement la balance qu'il faut donner le coup d'arrêt et faire un rappel à l'ordre.

Les marchands avaient une vision bien à eux des choses et appréciaient le romantisme des métaphores bien que en soit il s'agissait plutôt de cynisme froid. Les affaires sont les affaires. Toutefois, au delà de leurs profits et de leurs liens, il y avait surtout une notion de tranquillité régionale qu'ils mettaient par dessus tout. Et ce n'était finalement que lorsque celle ci chancelait qu'ils daignaient lever la tête et froncer les sourcils, jugeant si ou non il était pertinent de s'engager directement et dans quelle mesure.

L'intervention du Maktaba dans la grande cour de récréation Gondolaise allait certainement créer des remous et en fonction des bonnes volontés des uns et des mauvaises volontés des autres pourrait se terminer idéalement de tel manière à ce que les aigles retournent à leur torpeur sans risquer de voir les faucons se déchaîner sans aucune restriction sur les vallons environnants, ou à l'inverse nécessiterait de prendre des mesures visant à contrôler les disproportions indésirables dans la faune animalière.

Dans tous les cas, la Sérénissime République Fortunéenne ne pouvait pas manquer à l'appel, quand bien elle fut mandée en théorie uniquement en tant qu'observatrice, la symbolique serait fortes de sens et il y aurait toujours éventuellement des occasions d'exprimer des points de vue. Nonobstant, c'était l'occasion de saluer de vieux collaborateurs. A ce titre, les représentants fortunéens avaient-ils été choisis avec soin.

Si les aveugles volontaires ne retiendrait que la présence d'il Signore Maugreo di Manfredi, le diplomate officiel de la Tour Blanche venu expressément de la capitale afin "d'encadrer" toute la délégation uniquement pour des questions de forme, les gens avisés verraient pour leur part que les personnalités véritablement importants étaient tout autre. Entre autre, l'on pouvait nommer Dom Mustafa Al Elezna, savant et professeur ainsi que tenant de la chaire d'université d'Anthropologie de Lacrima di Perla et dont les liens universitaires avec ses homologues de l'Althalj étaient relativement connus, une manière d'effectuer un clin d'oeil aux diverses collaborations entre la Matriarchie et la Sérénissime. Au delà de ça, ce dernier était accompagné de Donna Juana Murena, représentante des Cortès (L'équivalent d'un parlement régional) des archipels du Triangle d'Or, qui était au fait en tant qu'officielle de bien des affaires tenant trait à la stabilité régionale et en vertu des lois ainsi que du système fortunéen faisant grâce d'une autonomie confortable pour les territoires hors métropole était parfaitement en son droit de prendre place dans une telle délégation. Enfin, le Vice-Amiral Ioannes Sil Silebor, pure produit de la marine fortunéenne et l'un des gros poissons si l'on pouvait affecté à une zone d'action et d'autorité tenant à l'Afarée occidentale, fermait la marche et au delà de faire le plancton rappelait par sa présence que l'Amirauté républicaine gardait un oeil sur ce qui se tramait dans la région, sait-on jamais, que certains observateurs tapis dans les ombres puissent prendre dument note.

Quoi qu'il en soit, les messages tacites avaient été envoyés, pour le reste, l'observation serait riche en constatations.
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Sofines Berek
qari Sofines Berek




Ils étaient tous présents.

La qari Sofines Berek se tourna vers la Qari Ijja Shenna qui lui signifia qu'il était temps de commencer.



Chers éminences, représentants et délégués officiels,

Les Tamurt n Althalj tiennent à vous remercier d'avoir accepté de considérer cette rencontre et l'urgence sous-jacente.

Nous commencerons par rappeler le but de ce jour.
Le Gondo est un rassemblement de nombreuses diversités culturelles et c'est par celles-ci que le Gondo est une nation riche.
Les différences, les divergences engendrent des divisions qui ne peuvent rester immuables.

La reprise des combats armés est une résultante d'une solution maintes fois repoussée, évitée.
Les Tamurt n Althalj se sont portées volontaires en tant que médiatrices de ce rassemblement afin de permettre à cette solution de voir le jour, aux parties prenantes Gondolaises de se parler et de trouver un terrain d'entente afin de préserver les peuples Gondolais de la violence de la guerre civile.
Icemlet dispose d'aucuns intérêts directs, si ce ne sont que la satisfaction de voir la paix recouvrée chez ses voisins estimés et aussi permettre à l'Afarée d'aller de l'avant en terme de mutualisation et coordination des prospérités régionales.

Afin de permettre une fluidité en terme de compréhension des griefs, l'Althalj a pris l'initiative de discuter en amont avec les différentes représentations Gondolaises ici présentes et a, de ce fait, compilé les attentes respectives.
Certaines et certains d'entre vous se demanderont pourquoi le Le Groupement Armé Légitimiste Kwandaoui, simplifié en GALK, n'est pas ici représenté.
Le GALK a été le seul à souhaiter un régime autocratique, sous une junte militaire, sans possibilité de trouver quelques solutions raisonnables en concordance avec les attentes des autres organisations Gondolaises.
Icemlet a sciemment pris partie de ne pas inviter le GALK et de favoriser un entretien responsable et réaliste.


La qari Sofines Berek fit une légère pause avant de reprendre en regardant avec conviction les visages des invités.


Pourquoi, par ailleurs, est ce que le gouvernement de la République Démocratique Libre du Gondo aurait besoin d'écouter les griefs et attentes des dissidences Gondolaises alors qu'il est le gouvernement reconnu officiellement à l'international ?
Pourquoi, est ce que l'Armée Démocratique disposerait d'une légitimité tout comme le Mouvement de Libération Likra ou le Mouvement Indépendantiste Pitsi - Libertés à dessiner leurs propres institutions ?

Les aspirations du juste, du légitime ne doivent aucunement faire oublier les décisionnaires à leurs responsabilités vis à vis des populations Gondolaises.
La complexité de cette nation nécessite un altruisme et une écoute d'autant plus importants que l'Histoire Gondolaise n'est pas sans sangs versés et catastrophes humaines.

Dés lors, votre écoute en ce jour est un premier pas vers un avenir sain et commun.

Les attentes de l'AD, du MLL et du MIPL convergent fortement.
Les trois parties prenantes Gondolaises souhaitent le renouveau des institutions politiques, permettant une représentation populaire, régionale, de même qu'une prise de décision de proximité régionale.
La RDLG souhaite l'unité Gondolaise sous sa coupe. La RDLG ne dispose actuellement pas d'une organisation institutionnelle qui permettrait aux populations une représentation et proximité décisionnelle comme souhaitées par les autres parties prenantes Gondolaises.

Nous ajouterons les demandes supplémentaires par la suite et nous vous prierons de respecter l'échelonnement organisationnel de ce jour.


Le regard de la qari souligna sa dernière phrase et elle fit un geste en transition.


Il convient donc de prioriser la suite. Les combats au Gondo crééent de plus en plus de victimes de minutes en minutes et ceci ne permettra certainement pas des discussions saines en ces lieux si ceux-ci continuent et empoisonnent l'écoute et les échanges.

Premièrement, et ceci n'engage que les parties prenantes présentes, il est nécessaire d'ordonner un cessez le feu immédiat, le temps des négociations ici présentes au moins.
Nous attendons que vous répondiez en ces lieux avant que nous commencions les discussions concernant les attentes exposées précédemment.
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Sa Seigneurie Impériale l'Empereur Pétroléon V écouta avec calme le discours de la qari avant de prononcer ces quelques mots :

"Les larmes et le sang doivent cesser de couler sur le sol gondolais. Nous rêvons d'un monde où seules la sueur du travail et l'eau de pluie pourraient alimenter les cultures de l'agriculteur patriote. Nous rêvons d'un Gondo uni, dans la paix et le mérite, par la gloire de son État, où chaque femme pourrait nourrir son enfant sans craindre qu'il ne meure le jour suivant, où chaque homme pourrait bâtir quelque chose de grand sans se soucier de sa survie d'aujourd'hui. En effet, l'homme commence à s'élever lorsqu'il porte son regard au-delà de son simple présent. Doté de mémoire longue, il parcourt son passé, désireux d'apprentissage et empli de nostalgie. Doté d'imagination, il se projette dans l'avenir, bâtissant projets et conquêtes.
C'est bien cette faculté qui semble nous différencier de l'animal, qui demeure cloisonné dans l'instant présent. La plupart des animaux ne sont doués que d'une mémoire à court terme, et peinent à élaborer de grands projets dépassant la satisfaction des besoins primaires.

Mais détrompez-vous. Certains animaux peuvent bien nous surpasser dans ces domaines. En réalité, cette faculté est celle qui distingue l'homme à l'état de nature de l'homme régi par la paix civile. Quand l'État s'estompe et que la guerre de tous contre tous fait rage, rien n'assure à l'homme sa survie de demain, et c'est paradoxalement cela qui fait de sa survie le centre de son existence. Les passions les plus barbares meuvent les bêtes aussi bien que les hommes, tous mêlés dans la plus basse condition que Dieu puisse nous offrir.

Mais par un miracle qui ne peut être dû qu'à une grâce surnaturelle, la volonté et la raison ont pris le dessus dans la plupart de nos contrées afin d'assurer la paix civile, et par conséquent le développement d'une vision à long terme. Cette volonté et cette raison ont poussé les hommes à un acte fondateur, celui du contrat social.

Or, avant le déclenchement de l'Opération Chrysope, le Gondo était plongé dans la guerre civile, dans l'instabilité permanente, dans les ténèbres du chaos pré-civilisationnel. Son peuple portait toutefois la volonté de s'unir, montrant par là les prémices d'une convention salvatrice qui pourrait permettre la paix. Mais la situation était paralysée, et par un pénible et vicieux tour de force, l'instabilité prétendait à la stabilité. Il fallait qu'une plus grande entité pèse à son tour du bon côté de la balance, chargée de siècles d'expérience et d'histoire, munie de tout ce que la paix avait pu produire de grand et que les averses de balles avaient empêché de pousser sur le sol du Gondo.

Nous avons assumé cette responsabilité, alors même que le monde demeurait muet et laissait pourrir cette ignoble situation. Nous avons traversé l'océan, au nom de principes Justes et de valeurs honorables, offrant au peuple gondolais cette vision à long terme qui lui manquait. Certaines puissances de notre monde ont montré peu de bonne volonté quant à notre intervention au Gondo, et jouent aujourd'hui aux diplomates, ne supportant pas de voir la Vertu triompher et l'espoir fleurir sur une portion de notre planète. Soyez tranquilles, le Bien vaincra, l'horizon est clair.

Les représentants des groupes séparatistes Likra et Pitsi n'auront aucune légitimité à revendiquer une quelconque partie du territoire gondolais tant que leurs motifs demeureront à un stade aussi primitif que celui de la race. Leur idéologie suprémaciste est vouée à l'échec et ne porte en elle aucun désir d'élévation spirituelle ou civilisationnelle. Tant qu'ils ne se soumettront pas à l'Idée Nationale, très justement défendue par la République Démocratique Libre du Gondo, nous ne cesserons pas nos opérations militaires. Nous demeurons convaincu de la sainteté et de l'excellence de nos objectifs, et Notre vision ne se laissera jamais obscurcir par ces nuées barbares.

Quant à l'armée de communistes qui sème aussi la guerre au Nord du pays, elle n'a de démocratique que le nom, et n'aura pas notre clémence tant que le fond de son idéologie restera teinté d'hypocrisie et qu'elle prouvera par ses actes sa volonté lâche et guerrière.

L'idéal d'une Nation Gondolaise fondée sur le contrat social et le sentiment national est le seul qui doit guider les hommes sains d'esprit impliqués de près ou de loin dans ce conflit historique."
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Le ministre Mbihan écouta attentivement l'Empereur, sans prendre de notes. Il ne laissait pas transparaître ce qu'il pensait des propos tenus par son allié, gardant la mine sérieuse et grave, le regard neutre fixé sur la délégation clovanienne qui avait la parole. Lorsque l'Eurysien eût fini, il tourna la tête vers la présidence de l'assemblée, à la table de la qari Berek, pour demander des yeux s'il avait la parole. Elle confirma. Restant assis mais se penchant plus avant sur sa table au risque de comprimer sa bedaine, il dit :

" Je suis Son Altesse Impériale dans ses propos fort justes : nous sommes ici pour ramener à la raison les rebelles factieux, tous motivés par des desseins arriérés dont l'évocation n'est plus à l'ordre du jour. Nous consentirons à faire des pas vers eux dans la mesure de leur acceptation de la situation réelle, celle d'un Gondo démocratique et libre. Pour répondre plus directement à la question qui est posé aux parties prenantes, la République du Gondo comme son estimable allié eurysien approuve qu'un cessez-le-feu temporaire est souhaitable pour préserver les vies gondolaises, ainsi que le territoire national. Il ne devra se limiter qu'au bon déroulement de cette conférence. J'entends par là que si à l'issue de celle-ci, les factions rebelles ne sont pas dissoutes, ledit cessez-le-feu sera évidemment considéré comme caduc. Merci. "

Puis il se rassit à nouveau au fond de son siège.
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La qari attendant la réaction des autres factions, toutefois sentit un malaise s'installer des suites de l'entrée en matière forte de l'Empereur.

Elle se permit ainsi de prendre la parole après un silence de plomb.



Je remercie Sa Seigneur Impériale et le Ministre pour leurs réponses.

Les combats au Gondo, entre les parties invitées, peuvent cesser entièrement le temps de ces entrevues, et peut être par ailleurs, si nous disposons d'une volonté commune d'aller dans le sens de trouver une solution ou des pistes de discussions.


Le rôle de médiateur est aussi celui de permettre à chaque partie de disposer d'un cadre adapté afin d'exposer ses requêtes. Les deux tiers du pays disposent d'une représentation autre que celle du pouvoir de Sainte-Loublance. Il y a donc lieu à partager et entendre ce qui peut à terme faciliter un axe de convergence national ; une unité Gondolaise.

Nous requérons l'ouverture d'esprit nécessaire à entendre ces attentes.
Exposer sciemment une ligne dure et un vocabulaire vexatoire est une approche qui met à mal le principe de l'écoute et de ce jour.

Je gage que le voyage des éminences, représentants et délégues, jusqu'à Icemlet n'a pas été effectué seulement dans le but de montrer un concours de légitimité et donc d'écrasement de l'opposition sans plus ample volonté de trouver une solution commune.


Sofines Berek avait utilisé une voix neutre sans prendre en considération certains sous entendus notoires. Elle poursuivit sans attendre de réaction.


Les principes de représentation par le peuple, de direction à travers des élections sont des principes partagés par l'ensemble des parties représentées en ce jour.

La République Démocratique Libre du Gondo dispose de ces valeurs ancrées dans le nom du régime.
L'Armée Démocratique souhaite une juste représentation des Gondolais qu'elle représente.
Le Mouvement de Libération Likra dispose d'une aspiration similaire avec la possibilité de discuter plus amplement de la structure de décision vis à vis des défis locaux et régionaux.
Les attentes du Mouvement Indépendantiste Pitsi - Libertés sont similaires aux deux précédents.

La représentation locale dans un contexte national est dans l'agenda de la RDLG, dans les prérogatives d'une république démocratique.

Pourquoi ne pas accepter alors la RDLG comme régime légitime afin de mener des élections nationales ?
Les questions doivent se poser sur la structure, l'organigramme institutionnel qui n'a pas permis à la voix politique de disposer du succès démocratique, celui d'un choix de l'ensemble des peuples Gondolais, d'une représentation permettant la remontée des défis locaux et régionaux.

Les mots choisis, que je souhaite utiliser à présent, ne doivent aucunement dévier de notre objectif : Aspirer à une institution républicaine, pour la juste représentation directionnelle, et démocratique, pour une représentation et un choix par les peuples Gondolais, est un dessein louable et un défis de taille. Toutes et tous ne sont pas prêts à jouer ce "jeu" démocratique et d'élection et à en accepter les résultats.

L'unité Gondolaise pérenne n'est possible que si une voie se dessine et est acceptable aux parties concernées, les parties Gondolaises seulement. Et aussi si les parties sont prêtes à suivre cet engagement auquel elles aspirent.


Ce fut le moment de jauger rapidement les visages, un court instant, puis elle se tourna vers le représentant de la RDLG, sans volonté de mettre l'homme dos au mur.


Commençons simplement,

Monsieur le Ministre Mbihan,
Quelles sont les mécanismes politiques, républicains et démocratiques permettant la représentation de l'ensemble des peuples Gondolais ?
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Le ministre gondolais prit un aire grave, un peu forcé, pour répondre. Et pendant ce temps, de l'autre côté de la tente, les délégations des factions rebelles regardaient avec circonspection cet échange réservé à leurs ennemis, qui monopolisaient la parole. Le Général Sangaré, visiblement piqué au vif, s'apprêtait à intervenir. MBihan parla le premier.

" La République Démocratique Libre a toujours permis une représentation de toutes les tendances politiques républicaines du peuple gondolais ! Ceux qui prétendent le contraire son dans la diffamation. Mais il bien sûr, il ne s'agit pas de favoriser une ethnie ou l'autre, dans une confédération de peuples : ce serait le constat de l'échec du vivre-ensemble. C'est inscrit dans notre Constitution : le Gondo est uni et indivisible, au nom du Peuple Gondolais, qui existe en tant que la Nation Gondolaise existe de fait. Cela dit, il y a aussi la Très-Haute chambre du Parlement, la Djéroua, qui représente les chefs des anciennes tribus et donc une forme de décentralisation. À cela s'ajoutent deux autres chambres, et partout dans l'administration, des représentants élus par le peuple... Osera-t-on encore dire que la RDLG n'est pas démocratique. Nous avons encore du progrès à faire, mais les élections qui ce tiennent incessamment seront la preuve que nos institutions sont fonctionnelles. Les gondolais ont longtemps souffert et ont connu de nombreux régime pour aboutir à celui-là, il est indécent de la part de ces rebelles de le contester encore. "

Sangaré intervint aussitôt, avec calme.

" Monsieur le Ministre contourne la question. Toutes ces institutions sont dysfonctionnelles, sinon nous n'en serions pas là. Tenez, les élections qui se tiennent dans quelques semaines : pas de campagne, pas d'opposition libre... Alors que nous, nous avons fait nos preuves en faveur du pluralisme il me semble, n'est-ce pas ? Aimé Beaujours, National-Démocrate comme vous monsieur MBihan, est toujours maire de Port-en-Truite, et collabore avec nous pour le bien des citoyens ! Il serait temps de vous remettre en question. Nous sommes là aujourd'hui parce que votre gouvernement fait face à une impasse, et nous vous proposons une échappatoire. "
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Jusque là, Mohammed Gadiel avait l’air de bien s’amuser, et sans prendre la parole, il regardait les motifs de la toile berbère tendue au dessus d’eux. Professionnel, il gardait toujours une oreille sur la discussion, et alors que le Général Sangaré se taisait, il sentit qu’il était au tour du MLL de rappeler qu’ils étaient là. Il aurait été dommage, tout de même, que quelque chose de bien sortît de cette réunion sans que les Likras n’en tirent gloire ni profit.

« Je suis totalement monsieur Sangaré dans les propos qui viennent d’être dit. La République gondolaise n’est pas une démocratie, et par-dessus tout elle ne respecte pas la diversité ethnique. Elle s’appuie sur un critère national issu de la colonisation. Mais je ne pas m’épancher de façon virulente sur les défauts de la IVe République et des républiques gondolaises en général, je vous rassure madame la présidente Berek. Comme l’a dit monsieur Sangaré, et malgré nos divergences de points de vue, nous sommes là pour avancer. Et vous proposer, en premier lieu, la vraie démocratie : demander à tous les gondolais ce qu’ils pensent de l’unité national. En somme, un référendum sur l’autodétermination des peuples likras et pitsi. Vous me suivez, monsieur Etoto ? »

L’habile communicant concluait son propos par une adresse au chef du MILP, dans une optique d’apaisement, et afin de placer le MLL en position de pacificateur du Gondo. Il fallait au moins ça (qu’on le sollicite) pour que le colonel Etoto, intimidé, finisse par prendre la parole. Il réagit à chaud, avec toute la maladresse dont il était capable, non sans laisser un silence gênant s’installer avant son intervention.

« C’est à dire que… alors… en fait… oui. Mais… bien sûr. Nous voulons un référendum pour l’indépendance des pitsi. C’est quand même la moindre des choses. Et puis, sur tout le reste… un cessez le feu bien évidemment, et la démocratie, oui. Mais surtout, les gondolais devraient assumer un peu les crimes qui ont été commis. Quelqu’un a mentionné la Djéroua, ces gens ont du sang sur les mains ! »
note : Etoto fait référence au "génocide" des pitsi (1969-1976), commandité par des officiers dont certains proches siègent encore à la Djéroua)

Sangaré intervint aussitôt :

Tout à fait, je pense que pense que nous tenons là un lieu commun : la Djéroua devrait être supprimée. Ont peut ajouter à son passé douteux le fait qu’elle ralentit considérablement les débats et empêche le Parlement de fonctionner efficacement. Et tant que nous sommes sur ce sujet, la révision du Sénat serait dans l’intérêt de tous. Gadiel acquiesça et ajouta « pour un système fédéral ! » Bref, vous voyez, nous qui sommes de bords très différents pointons tous les mêmes problèmes dans le système gondolais. Il serait peut être temps de le remettre en question. Nous sommes là pour ça. Et je sais que les observateurs ici présents seront du même avis : RDLG : peut mieux faire. »
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- Bonjour à tous. La situation du Gondo est complexe et épineuse et le rôle de l'Empire ou de ses voisins tout autant à travers son histoire. Bien que l'Empire ne soit pas engagé pleinement, un certain nombreux de commerces, de médias et de diverses entreprises sont rattachés à des entreprises nordistes, la présence nationale d'un point de vue économique est donc important au Gondo ou en tout cas dans le nord de celui-ci. En dehors des considérations économiques qui sont par ailleurs accentuées par les décisions de la faction communiste, l'Empire est impacté par une immigration conséquente en provenance de votre pays, ces personnes fuyant la guerre civile. Nous avons une politique et une tradition de l'accueil forte, cependant nous tirons la langue pour prendre en charge un tel nombre de personnes dans de bonnes conditions, tant et si bien que nous devons en refuser plus d'un réfugié à la frontière.

Il fit une pause et avança sa chaise.

Il parait malheureusement difficile de ne pas aborder le passé pour comprendre et résoudre cette situation. Bien que la lutte armée soit sûrement contre-productive, je pense, et là, je me permets d'émettre un avis personnel, mais qui est sûrement partagé par certains d'entre vous et qui est celui aussi de l'Empire, une situation pérenne et efficiente sera difficile à trouver en l'état sans négociations et concessions de la part des parties. La garantie de référendum serait peut-être une solution comme expliquée précédemment, car un peuple ne voulant pas massivement être intégré à un pays dont il ne veut pas se révélera surement dangereux pour lui-même comme pour le gouvernement central. La situation n'arrange donc personne et le principe de consultation des peuples est important de notre point de vue, voire de l'autodétermination. Je vous remercie.
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Le ministre des affaires étrangères gondolais afficha ouvertement qu’il était choqué par les propos du délégué nordiste. Les deux pays entretenaient jusque là, malgré les tensions migratoires, des relations cordiales. Il était vrai que le gèle des activités aleuciennes dans le Nord du Gondo, désormais entièrement occupé par les communistes, avait de quoi rebattre les cartes. Mais cet aveux brutal d’une désolidarisation internationale imprévue, d’autant plus venant d’un pays jugé conservateur et anti-bolshevik, était hautement perturbant. MBihan ne se fit pas prier pour répondre sans attendre qu’on lui donnât la parole. Son ton était froid, posé, mesuré.

« La sécession n’est pas une option envisageable, quelle qu’en soit la forme. Je le redis mais c’est une évidence. La République, seule légitime, n’est pas contre toute forme de compromis, non. Sinon nous ne serions pas ici. Mais elle refuse catégoriquement de plier. Nous ne concèderons que ce qui est raisonnable, car enfin, ces rebelles rouges et bruns n’ont rien gagné. Vous, rebelles, prenez des populations en otages, soit. C’est nous qui vous offrons une échappatoire. Mais il faut pour cela que vous reveniez à la République Démocratique et Libre. Et enfin, je rappelle à toutes fins utiles que si les populations dans tous le pays accordent systématiquement leur confiance à des pouvoirs publics opposés à toute forme de sécession, c’est qu’une majorité, silencieuse, désire demeurer gondolaise. S’il peut y avoir un malaise démocratique lié à des particularités de nos institutions, sur lesquels nous sommes prêts à revenir aujourd’hui, les élections présidentielles et législatives sont libres et démocratiques. »

Il marqua un temps.

« J’invite les intervenants extérieurs à prendre en compte cette réalité des faits au moment d’exprimer leur jugement. Il serait dommageable qu’une méprise quant à la nature du terrain influe sur les débats, et joue le jeu des factieux. Merci. »
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