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Le Mouvement libéral est-il vraiment d'extrême droite ?
Le clivage gauche/droite sitade critiqué par les spécialistes
22/05/2014
Marc Vecius,
Président du Mouvement libéralMardi dernier, Marc Vecius était invité sur le plateau de Tritto Borili. A la question "Pourquoi ne coopérez vous pas avec les autres partis d'extrême droite eurysiens", Vecius répond : "L'étiquette 'extrême droite' que l'on accole à mon parti n'a aucun sens d'un point de vue international. Le Mouvement libéral n'a rien à voir avec l'extrême droite eurysienne".
Une affirmation que suivent de nombreux spécialistes de l'économie et des sciences politiques : mais pourquoi ?
Gauche et droite : qu'est-ce que c'est ?Le clivage gauche/droite peut faire l'objet de nombreux débats. Assez souvent, c'est une interprétation historique et empirique qui est retenue : la gauche et la droite seraient alors des dénominations utilisées pour classer les groupes parlementaires qui ont eu tendance à coopérer entre eux à travers l'histoire. Les débats au sein de la Diète sitade provisoire de 1984 permettent assez bien d'illustrer cette interprétation du clivage. En raison de l’impossibilité d'organiser des élections alors que la guerre continuait, la Diète provisoire de 1984 était également répartie entre les communistes, les sociaux-démocrates, les humanistes et les membres du Parti de la Résistance. Chacun des groupes arborait fièrement une étiquette : les communistes se revendiquaient de l'extrême gauche, les sociaux-démocrates de la gauche, les humanistes du centre-droit, et les membres du Parti de la Résistance de droite. Les opposants au régime parlementaire étaient alors qualifiés d'extrême droite. Le clivage gauche-droite à cette époque s'est ainsi construit autour des revendications de chacun, et des jeux d'alliance : on voyait souvent les communistes et sociaux-démocrates coopérer pour faire barrage aux réformes libérales, ou encore les Humanistes et le Parti de la Résistance s'entendre sur des projets de loi communs ; mais une coopération entre Parti communiste et Parti de la Résistance était impensable.
Ainsi, généralement, voilà comment ce clivage gauche/droite classerait les idées : les communistes et anarchistes à l'extrême gauche, les sociaux-démocrates à gauche, les libéraux au centre, les conservateurs à droite, et les fascistes et monarchistes à l'extrême droite.
Gauche et droite sous l'ère du Parti de la RésistanceDès 1987, le Parti de la Résistance s'impose petit à petit comme un parti unique (ou presque). Le clivage gauche/droite traditionnel tend alors à disparaître des médias, de façon à ce que les idées à gauche du Parti de la Résistance et celles à droite soient invisibilisées. L'unité du parti n'est cependant qu'un mythe, et se forme alors un nouveau clivage, fondée sur les oppositions entre modèles économiques. D'un côté, la gauche défend une politique protectionniste et plus soucieuse des conditions de travail ; de l'autre, la droite défend une politique libre-échangiste, promouvant l'efficacité économique dans l'objectif d'assurer de meilleures conditions de vie aux sitades à l'avenir. Le clivage traditionnel gauche/droite n'a plus aucun sens : les libéraux se retrouvent à l'extrême droite, les fascistes à gauche avec les sociaux-démocrates et les communistes ralliés au régime nationaliste, et les conservateurs peuvent aussi bien se retrouver à gauche ou à droite selon leurs idées économiques.
Le clivage gauche/droite avec la crise du charbonAvec la fin de la dictature du Parti de la Résistance, quel clivage retenir ?
La crise du charbon semble avoir conforté la place du clivage utilisé sous le régime du parti unique. En effet, la Diète s'est séparée assez distinctement entre les protectionnistes, soucieux de garantir les conditions de travail des ouvriers dans le secteur énergétique, et les libre-échangistes, luttant pour l'ouverture du marché énergétique sitade pour assurer la prospérité économique du pays sur le long-terme.
Mais cette séparation entre gauche et droite assez propre à la Sitadie reste très singulière. A l'étranger, les internationalistes, souvent portés par des inspirations socialistes, se retrouvent en général à gauche ; les souverainistes, inspirés par les théories nationalistes, ont tendance à être classés à droite. Mais en Sitadie, les souverainistes, prônant des politiques protectionnistes, se retrouvent à gauche, et les globalistes, partisans du libre-échangisme, à droite.
La seule exception qui échappe à cette classification est le singulier Parti de la Renaissance, qui reste classé à l'extrême droite par les médias et les institutions, souvent pour le mettre à l'écart. Les sitades semblent encore réticents à mettre les socialistes, les fascistes et les monarchistes dans le même panier.
La constance du clivage gauche/droite parmi les ClubsLe clivage gauche/droite sitade, donc celui fondé sur l'opposition protectionnisme/libre-échange, est celui qui a été retenu pour classer les groupes politiques au Parlement. On remarque alors, en étudiant les rapports des représentants aux Clubs politiques, que ce clivage permet assez bien de regrouper entre eux les partisans de certains clubs.
On voit ainsi que siègent à l'extrême gauche les partisans des Clubs soldaves (anarchiste et régionaliste) et le Club rouge (communiste), à gauche le Club de la Porte (socialiste/social-démocrate/social-libéral), au centre-gauche le Club de Natrèbes (coopérativiste), au centre le Club du Hall (libéral modéré) et à droite le Club de Lyones (libertarien).
Jusque là, le clivage protectionnistes/libre-échangistes semble respecté. Mais à la droite du Club de Lyones, on retrouve à nouveau des protectionnistes : le Club des Sabres (nationaliste), le Club celtique (fasciste) et le Club latin (monarchiste).
Un retour au clivage traditonnelAvec l'étude des Clubs, et la présence du Parti de la Renaissance à droite du Mouvement libéral, on peut en conclure que le clivage traditionnel domine de nouveau, malgré la crise du charbon.
Il reste cependant une anomalie dans ce clivage : pourquoi classe-t-on le Mouvement libéral à l'extrême droite, alors qu'il devrait être au centre si on respectait le clivage traditionnel.
De fait, cela s'explique par la tradition qui s'est mise en place sous le régime du Parti de la Résistance. En effet, le Mouvement libéral est né des groupes de pensée libéraux et même libertariens présents au sein du Parti de la Résistance. De fait, selon l'échelle "protectionnistes à gauche, et laissez-fairistes à droite", les libéraux de ces groupes faisaient partie de la droite du Parti de la Résistance.
Mais avec la chute du régime, les partis de gauche socialistes sont réapparus, et le Parti de la Résistance a de nouveau été qualifié de parti "de droite". Le Mouvement libéral étant une scission de la "droite" du Parti de la Résistance, il a été qualifié de "droite de la droite", et donc d'extrême droite.
Le Mouvement libéral : un parti inclassable ?Le terme d'"extrême droite" n'est en effet plus satisfaisant pour le Mouvement libéral. L'extrême droite eurysienne est caractérisée par le nationalisme, le populisme, l'opposition à l'immigration, la lutte contre l'insécurité et le conservatisme moral. Si le Mouvement libéral partage le principe de lutte contre l'insécurité, et dans une moindre mesure le populisme, il reste cependant un parti globaliste, loin du nationalisme anti-immigration eurysien. Aussi, le Mouvement libéral rassemble aussi bien des conservateurs souvent religieux avec de fervents progressistes anti-cléricaux.
Ainsi, de fait, le Mouvement libéral est, avant tout,
libéral ; et rien d'autre.
Le Mouvement libéral : un parti attrape-tout ?Cependant, le Mouvement libéral est loin d'être un parti uni, et on peut distinguer en son sein des factions. On peut tenter de classer ces factions.
Les libertariens "classiques"Le cœur actuel du parti est principalement composé d'économistes et autres personnalités bien ancrés dans les idées libertariennes, à savoir l'abolition de l'Etat au profit d'une auto-régulation de la société via les marchés. Ces libertariens "classiques" ont comme mots d'ordre l'anarchisme, la sécurité et la propriété.
L'anarchisme en ce que les libertariens du Mouvement libéral souhaitent la fin de l'Etat dans sa forme actuelle. Ils souhaitent abolir la quasi-totalité des services publics, et réduire l'Etat à un Etat purement régalien, dont les seules missions sont la justice, la police et l'armée. La sécurité en ce qu'ils souhaitent renforcer la police, l'armée et la justice (punitive) ; les impôts versés par les citoyens iraient donc essentiellement vers ces trois secteurs. La propriété en ce que l'objectif de renforcer l'Etat sécuritaire de cette manière vise à éviter l'instauration d'une "loi du plus fort", et protéger la propriété privée de chaque individu.
En somme, l'avant-garde du Mouvement libéral propose un programme de rupture radicale, ancré à la droite sur le clivage "traditionnel", et à l'extrême droite sur le clivage sitade.
La figure de proue des libertariens du Mouvement libéral est Marc Vecius, président du parti.
Marc Vecius,
Président du Mouvement libéralLes libéraux-démocratesSi le Mouvement libéral peut difficilement être simplement qualifié "de droite", c'est principalement en raison de la présence de "libéraux-démocrates" en son sein, une tendance parfois classé au cente-gauche de l'échiquier politique traditionnel.
Les libéraux-démocrates sont imprégnés d'une vision sociale du libéralisme, et de l'idéal méritocratique. Si, pour eux, il faut drastiquement limiter l'Etat-providence, il ne faut pas pour autant l'abolir, car il permet à chacun de partir à un pied d'égalité. Concrètement, les libéraux-démocrates défendent, par exemple, le maintien d'une école publique accessible à tous, ou encore les taxes sur les grands héritages.
Aussi, les libéraux-démocrates souhaitent une démocratisation de l'Etat, puisque celui-ci doit rester politique, et il n'est donc pas seulement régalien. Ainsi, les libéraux-démocrates défendent la décentralisation administrative et politique de l'Etat, et l'élection de magistrats locaux.
Cependant, les libéraux-démocrates du Mouvement libéral diffèrent de ceux du Parti du Progrès en ce qu'ils sont souvent beaucoup plus radicaux dans leur volonté d'affaiblissement de l'Etat, notamment en raison de leur appartenance à l'Ecole économique sitade. En effet, les libéraux-démocrates du Mouvement libéral s'opposent à la régulation de la monnaie par l'Etat, et à l'existence d'une banque centrale dirigée par l'Etat.
Les libéraux-démocrates du Mouvement libéral sont par ailleurs souvent plus progressistes sur les questions morales, et peuvent être classés au centre de l'échiquier politique traditionnel, voire au centre-gauche, et à droite selon le clivage sitade.
Les libéraux-populistes
Alexandres Viranos,
représentant du Mouvement libéral à la Diète"Libéral-populiste" est un terme souvent utilisé pour qualifier Alexandre Viranos et ses partisans. Viranos est en quelques sortes la "mascotte" du parti, grâce à sa très forte présence sur les réseaux sociaux. De nombreux spécialistes lui attribuent l'importante montée dans les sondages du Mouvement libéral, grâce à une rhétorique très séduisante vis-à-vis des classes moyennes, et parfois-même des classes populaires.
Les idées de Viranos et de ses partisans sont principalement marquées par un projet d'opposition à l'élite politique actuelle du pays. Viranos souhaite s'attaquer aux services publiques, qu'il juge être des outils de l'élite pour se maintenir au pouvoir.
La particularité des idées libérales-populistes reste toutefois la place accordée à l'Exécutif dans leurs idées. En effet, les libéraux-populistes conçoivent l'Etat comme une grosse entreprise, qui devrait être dirigée par un seul patron. Mais ce "patron" doit garder un lien direct avec les citoyens, au risque de s'éloigner de leur volonté. Viranos justifie en effet cette mesure par le fait que "Dans une entreprise, on peut se barrer. Dans une république, c'est plus compliqué. Les citoyens doivent garder le contrôle pour que leur leader ne dérape pas.". De fait, les libéraux-populistes sont attachés à la tenue de référendums réguliers par le dirigeant de l'Etat.
Sur le plan économique, les libéraux-populistes s'inscrivent dans l'héritage de l'Ecole sitade, en prônant le laissez-faire. Avec une nuance toutefois : l'Etat doit lutter contre les monopoles, pour protéger les petites entreprises.
Le libéral-populisme de Viranos est assez ambivalent, et a tendance à rassembler des idées de tous bords à condition qu'elles ne soient pas socialistes. Car oui, le libéral-populisme reste ancré dans la méfiance de l'Etat socialiste.
Le Mouvement libéral : un parti tendant vers la droiteAinsi, le Mouvement libéral est un parti hétérogène, qu'il est difficile de classer avec certitude sur l'échiquier politique. Si la rédaction de
La Plume libre avait jusqu'alors fait le choix de suivre les autres médias en utilisant l'étiquette d'extrême droite qui lui est traditionnellement attribué, il semble aujourd'hui que cette étiquette n'est plus adéquate. La rédaction a ainsi pris le parti de dégager une tendance, un point de gravité au sein du Mouvement libéral, et ce point de gravité est manifestement à droite. Si sur le plan économique, et donc sur le clivage sitade, le Mouvement libéral s'inscrit pleinement à l'extrême droite, il reste un parti purement libéral qui aurait été classé au centre dans le clivage traditionnel. Le juste milieux, semble-t-il, serait aujourd'hui de le qualifier de droite.