Coup de force dans la capitale : l'opposition force le vote de l'abrogation de l'état d'urgence
Les troupes de la 2e brigade d'infanterie, sous les ordres du général Roman Morozov, ont investi les rues de la capitale
Quelle a été la motivation derrière ce déploiement militaire en plein cœur de la capitale ? Cette journée du 5 décembre n'avait en apparence rien de particulier, à ceci près qu'à l'ordre du jour de la Rada se trouvait le vote de la cinquante-quatrième motion déposée par le Front de la Liberté pour l'abrogation de l'état d'urgence qui confère au président Leonid Kravchuk les pleins pouvoirs depuis 1994. Un tel scrutin peut sembler anodin, tant ceux-ci ont défilé au parlement depuis une vingtaine d'années, sans jamais rien changer à la situation politique de l'Hotsaline, du fait de l'acharnement des députés de l'Union Sociale d'Hotsaline et d'Action Sociale à voter contre le régime d'exception qui laisse les mains entièrement libres au gouvernement issu de leur majorité. Toutefois, la motion déposée par Elena Vasylenko, bien qu'identique à ses prédécesseurs, a marqué cette fois un tournant dans la politique hotsalienne. Quelques heures seulement avant le vote, les troupes du général Morozov déployées dans la capitale ont en effet procédé au blocage des entrées et sorties de l'Hospice Central de Saint-Nestor, un établissement de santé privé dédié aux personnes âgées, propriété directe de l'Union Sociale d'Hotsaline, où résident la plupart des députés du parti, en vue du suivi de leur état de santé et de la prise en charge de leurs soins quotidiens.
Privés d'accès à l'hémicycle, la plupart des députés de la majorité se sont trouvés dans l'impossibilité mécanique de voter contre la motion d'abrogation de l'état d'urgence. Sur les cent trente-quatre députés que compte le parti du gouvernement, quatre-vingt-dix d'entre eux étaient absents lors de la séance. Si bien qu'avec les vingt voix exprimées par Action Sociale et les quelques députés communistes du Parti des Travailleurs Hotsaliens désapprouvant le coup de force opéré par l'opposition, la majorité gouvernementale n'a pu aligner que soixante-sept voix contre l'abrogation de l'état d'urgence, qui a récolté deux cent quarante-sept voix en sa faveur. Dans la mesure où motion requiert les deux tiers des voix exprimées pour être définitivement adoptée, il apparaît donc que l'état d'urgence qui régit la vie politique hotsalienne depuis près de deux décennies a officiellement pris fin hier soir.
L'incursion non autorisée des troupes de la 2e brigade dans Troïtsiv n'a, bien entendu, pas été sans provoquer la réaction du gouvernement, qui a ordonné à la 3e brigade de remonter vers la capitale pour y ramener « l'ordre républicain », selon les termes prononcés par le Ministre des Armées, et procéder au déblocage des voies de communication de la ville. Toutefois, il apparaît que les unités ainsi dépêchées n'ont pas pu atteindre leur objectif à temps. Malgré un temps de trajet estimé à seulement une heure, le convoi s'est retrouvé bloqué pendant près de quatre heures à une trentaine de kilomètres de la capitale, engagé sur l'autoroute qui relie Lorinsk à Troïtsiv. La voie était en effet obstruée par un convoi militaire teylais, qui se rendait initialement sur le théâtre d'un exercice destiné à simuler la défense de la capitale hotsalienne face à une hypothétique invasion raskenoise. Comptant parmi ses rangs plusieurs véhicules de combat lourds, le régiment teylais était immobilisé par la panne du moteur de l'un de ses chars d'assaut situé en tête de peloton, dont la défaillance était survenue sur un pan de l'autoroute qui se trouvait en cours de rénovation. Laquelle ne disposait donc que d'une seule voie encore empruntable : celle qui était ainsi obstruée. Ce n'est qu'à l'issue de ces quatre heures d'attente et de débats logistiques interminables entre officiers teylais et hotsaliens que le véhicule défaillant a enfin pu être pris en charge et déplacé, permettant ainsi aux troupes de la 3e brigade d'atteindre la capitale, une heure après la fin du vote de la motion... et le départ des soldats du général Morozov.