30/01/2015
22:18:54
Index du forum Continents Eurysie Kresetchnie Hotsaline

Presse et médias d'Hotsaline - Page 2

Voir fiche pays Voir sur la carte
4811
06/12/2013

Le Courrier de Troitsiv

Coup de force dans la capitale : l'opposition force le vote de l'abrogation de l'état d'urgence

Troupes de la 2e brigade d'infanterie commandée par le général Youri Morozov dans les rues de la capitale hotsalienne Troïtsiv
Les troupes de la 2e brigade d'infanterie, sous les ordres du général Roman Morozov, ont investi les rues de la capitale

Avant de commencer cet article, la rédaction de notre journal se doit de présenter ses excuses auprès de ses lecteurs les plus fidèles, pour avoir failli à l'engagement quotidien de notre publication. L'édition du numéro du 5 décembre a en effet dû être annulée du fait des contraintes logistiques inhérentes à la situation politique et militaire extrêmement tendue à laquelle a été soumise hier la capitale hotsalienne, Troïtsiv. Peu avant midi, les troupes de la 2e brigade d'infanterie commandée par le général Roman Morozov ont en effet fait irruption dans la ville en empruntant le périphérique de la banlieue ouest. Initialement stationnées dans le secteur de Stetamak pour surveiller la frontière raskenoise, tout porte à croire que ces unités ont fait route vers la capitale sans en recevoir l'ordre de la part de l'état-major. Rapidement, le convoi de véhicules de transport de troupes s'est déployé aux carrefours de la plupart des grands axes de Troïtsiv pour y empêcher la circulation, tout en filtrant scrupuleusement les voies d'accès à la ville, n'autorisant que le passage des seuls camions de ravitaillement. En de pareilles circonstances, le lecteur comprendra que l'impression et la diffusion des numéros du Courrier de Troïtsiv ait été rendue impossible.

Quelle a été la motivation derrière ce déploiement militaire en plein cœur de la capitale ? Cette journée du 5 décembre n'avait en apparence rien de particulier, à ceci près qu'à l'ordre du jour de la Rada se trouvait le vote de la cinquante-quatrième motion déposée par le Front de la Liberté pour l'abrogation de l'état d'urgence qui confère au président Leonid Kravchuk les pleins pouvoirs depuis 1994. Un tel scrutin peut sembler anodin, tant ceux-ci ont défilé au parlement depuis une vingtaine d'années, sans jamais rien changer à la situation politique de l'Hotsaline, du fait de l'acharnement des députés de l'Union Sociale d'Hotsaline et d'Action Sociale à voter contre le régime d'exception qui laisse les mains entièrement libres au gouvernement issu de leur majorité. Toutefois, la motion déposée par Elena Vasylenko, bien qu'identique à ses prédécesseurs, a marqué cette fois un tournant dans la politique hotsalienne. Quelques heures seulement avant le vote, les troupes du général Morozov déployées dans la capitale ont en effet procédé au blocage des entrées et sorties de l'Hospice Central de Saint-Nestor, un établissement de santé privé dédié aux personnes âgées, propriété directe de l'Union Sociale d'Hotsaline, où résident la plupart des députés du parti, en vue du suivi de leur état de santé et de la prise en charge de leurs soins quotidiens.

Privés d'accès à l'hémicycle, la plupart des députés de la majorité se sont trouvés dans l'impossibilité mécanique de voter contre la motion d'abrogation de l'état d'urgence. Sur les cent trente-quatre députés que compte le parti du gouvernement, quatre-vingt-dix d'entre eux étaient absents lors de la séance. Si bien qu'avec les vingt voix exprimées par Action Sociale et les quelques députés communistes du Parti des Travailleurs Hotsaliens désapprouvant le coup de force opéré par l'opposition, la majorité gouvernementale n'a pu aligner que soixante-sept voix contre l'abrogation de l'état d'urgence, qui a récolté deux cent quarante-sept voix en sa faveur. Dans la mesure où motion requiert les deux tiers des voix exprimées pour être définitivement adoptée, il apparaît donc que l'état d'urgence qui régit la vie politique hotsalienne depuis près de deux décennies a officiellement pris fin hier soir.

L'incursion non autorisée des troupes de la 2e brigade dans Troïtsiv n'a, bien entendu, pas été sans provoquer la réaction du gouvernement, qui a ordonné à la 3e brigade de remonter vers la capitale pour y ramener « l'ordre républicain », selon les termes prononcés par le Ministre des Armées, et procéder au déblocage des voies de communication de la ville. Toutefois, il apparaît que les unités ainsi dépêchées n'ont pas pu atteindre leur objectif à temps. Malgré un temps de trajet estimé à seulement une heure, le convoi s'est retrouvé bloqué pendant près de quatre heures à une trentaine de kilomètres de la capitale, engagé sur l'autoroute qui relie Lorinsk à Troïtsiv. La voie était en effet obstruée par un convoi militaire teylais, qui se rendait initialement sur le théâtre d'un exercice destiné à simuler la défense de la capitale hotsalienne face à une hypothétique invasion raskenoise. Comptant parmi ses rangs plusieurs véhicules de combat lourds, le régiment teylais était immobilisé par la panne du moteur de l'un de ses chars d'assaut situé en tête de peloton, dont la défaillance était survenue sur un pan de l'autoroute qui se trouvait en cours de rénovation. Laquelle ne disposait donc que d'une seule voie encore empruntable : celle qui était ainsi obstruée. Ce n'est qu'à l'issue de ces quatre heures d'attente et de débats logistiques interminables entre officiers teylais et hotsaliens que le véhicule défaillant a enfin pu être pris en charge et déplacé, permettant ainsi aux troupes de la 3e brigade d'atteindre la capitale, une heure après la fin du vote de la motion... et le départ des soldats du général Morozov.

4513
08/12/2013

Le Courrier de Troitsiv

Quelles suites au « coup d'état démocratique » du 5 décembre dernier ?

Leonid Kravchuk, Président de la République d'Hotsaline
Davantage par nécessité que par bonne volonté, Leonid Kravchuk a accepté la conclusion du « coup d'état démocratique »

Le « coup d'état démocratique » : c'est ainsi que les commentateurs, reprenant la terminologie avancée par Elena Vasylenko, s'accordent à nommer les évènements du 5 décembre. Mais que s'est-il réellement passé ce jour-là ? Si les éléments qui nous parviennent progressivement permettent aujourd'hui de reconstituer un tableau plus précis des faits que celui qui pouvait être dressé au lendemain de cette journée hors du commun, il n'en reste pas moins quelques zones d'ombre. Les déclarations tenues par les principaux acteurs des évènements fournissent des éléments essentiels pour comprendre le déroulé du processus qui a abouti à l'abrogation de l'état d'urgence. À commencer par le discours prononcé par la cheffe de file du Front de la Liberté, Elena Vasylenko, qui a été la première à revendiquer la responsabilité de ce « coup d'état démocratique », auquel auraient également participé les autres partis d'opposition présents à la Rada, à l'exception des communistes du Parti des Travailleurs Hotsaliens. Si l'on en croit le récit porté par l'opposition, l'irruption des troupes de la 2e brigade d'infanterie aurait été prévue depuis déjà plusieurs semaines. Le général Morozov, « conscient de la gravité de la situation politique hotsalienne et de la nécessité de mettre un terme à la tyrannie du régime despotique de l'état d'urgence kravchukien » aurait, selon Vasylenko, accepté de soutenir la coalition formée par les directions de tous les principaux partis d'opposition pour voter la fin de l'état d'urgence, en interdisant l'accès de l'hémicycle à la majorité des députés de l'Union Sociale d'Hotsaline, garantissant ainsi aux opposants à la majorité kravchukienne de récolter les deux tiers des suffrages exprimés nécessaires à l'abrogation de l'état d'urgence.

Quelles sont les raisons qui ont poussé le général Roman Morozov à s'impliquer de la sorte, au mépris des ordres de l'état-major et du gouvernement de la République, pour imposer par la force l'adoption de la motion déposée par le Front de la Liberté ? Au-delà de la conscience politique et de l'attachement démocratique qu'Elena Vasylenko a pu prêter au général de brigade, on peut s'interroger quant au rôle qu'ont pu jouer les liens que Roman Morozov entretient avec la communauté rodnovérienne, dont il a été parmi les premiers officiers supérieurs du pays à revendiquer de partager la foi. Dans le contexte des fortes tensions qui ont opposé le gouvernement aux minorités religieuses néo-païennes au cours de ces derniers mois, les motivations politiques réelles du général posent question. Reste à savoir ce qu'on pu lui promettre les partis d'opposition, aujourd'hui largement en position de force, que sont le Front de la Liberté ou Renaissance, et qui risquent fort de reprendre la direction du pays au cours des semaines à venir. Car en effet, c'est contre toute attente que le Président Leonid Kravchuk a annoncé accepter le résultat du vote de la motion d'abrogation de l'état d'urgence initié par le Front de la Liberté. On pouvait légitimement anticiper le contraire, surtout en considérant le détachement de la 3e brigade en vue de rétablir « l'ordre républicain » dans la capitale le 5 décembre dernier, sur les ordres du Ministre des Armées Evgueni Kulyk, qui a été mis en échec par le blocage de l'autoroute Lorinsk-Troïtsiv par un convoi de l'armée teylaise, immobilisé par la panne de l'un de ses chars d'assaut sur un tronçon en cours de rénovation. Alors que tout indiquait que le président et sa majorité étaient prêts à tout pour s'accrocher au pouvoir, l'évidence semble avoir finalement frappé Leonid Krachuk, qui s'est déclaré prêt à « retourner dans les urnes pour assurer sa légitimité », acceptant le verdict du 5 décembre afin « d'éviter que l'Hotsaline sombre sous la pression de ses clivages internes, alors que le pays se trouve menacé de toutes parts par un voisinage belliqueux et impérialiste ».

Suspendues depuis 1994 du fait de la promulgation de l'état d'urgence, les élections nationales, législatives comme présidentielles, ne se sont pas tenues une seule fois en Hotsaline en l'espace de vingt ans. Alors que les mandats des députés et du Président de la République ont largement dépassé la durée prévue par la constitution, il apparaît nécessaire d'organiser simultanément les deux scrutins. Un processus impossible, dans la mesure où il risquerait d'induire en erreur les votants en introduisant une confusion entre les campagnes de ces deux élections parallèles. En conséquence, décision a été prise par la présidence de procéder en premier lieu à l'organisation de nouvelles élections législatives, qui se tiendront le 29 décembre prochain, quelques jours seulement avant la nouvelle année. Ces trois semaines de campagne, qui s'annoncent intenses, précèderont l'organisation des élections présidentielles, qui se tiendront pour leur part encore trois semaines plus tard, le 19 janvier 2014.
3789
30/12/2013

Le Courrier de Troitsiv

Le gouvernement perd sa majorité à la Rada


Pour la première fois depuis vingt ans, les urnes ont rendu hier leur verdict concernant la composition de la nouvelle Rada de la République d'Hotsaline. Et il est sans appel : avec seulement 17,21% des suffrages exprimés, le parti présidentiel perd, de très loin, sa majorité absolue, avec seulement quatre-vingt neuf sièges de députés sur les cinq cent que compte le parlement, tandis que ses alliés communistes d'Action Sociale, avec un score de 3,4% ne dépassant pas le seuil fatidique des 5% nécessaires pour entrer à la Rada, se voient privés d'accès aux fonctions législatives. La chute est rude pour l'Union Sociale d'Hotsaline, qui parvenait encore le mois dernier à se hisser en tête des suffrages lors des élections confédérales, au cours desquelles elle avait totalisé 24% des voix. Seulement, la dynamique politique ne bénéficie plus au gouvernement, qui s'est attiré les foudres d'une partie de ses électeurs en décidant arbitrairement de l'arrestation et l'emprisonnement des cadres de la Nouvelle Alliance Nationale au lendemain des élections confédérales, et subit aujourd'hui le contrecoup du « coup d'état démocratique » du 5 décembre, qui a acté définitivement la rupture de l'armée avec le régime kravchukien.

Sans grande surprise, c'est le Front de la Liberté qui s'affiche en grand vainqueur de ces élections, avec un score approchant les 22% qu'il avait déjà récoltés lors des précédentes élections, et qui permet à cent treize de ses députés d'accéder à la Rada, faisant du parti le premier groupe parlementaire d'Hotsaline. Il est toutefois talonné de peu par Renaissance, le jeune parti de droite identitaire qui a bénéficié d'une progression de plus de deux points depuis le dernier scrutin, engrangeant cette fois-ci pas loin de 20% des suffrages exprimés, ce qui lui vaut d'envoyer cent deux de ses candidats à la Rada. Bénéficiant pour sa part des défections des sympathisants de la majorité, l'Alternative Sociale et Démocratique progresse en obtenant près de 12% des voix, lui conférant pas moins de soixante-et-un députés. Elle est suivie par les communistes du Parti des Travailleurs Hotsaliens et des réclamistes de la Voix des Exilés, dont les scores avoisinant les 10% les fait bénéficier respectivement de cinquante-deux et cinquante-et-un députés. Enfin la Ligue Nationale, qui a pu se reformer suite à l'abrogation de l'état d'urgence et l'annulation des décrets présidentiels actés au cours de celui-ci, a pu atteindre le score honorable de 6,2% malgré ses déboires récents, et se maintenir à la Rada avec trente-deux députés.

Alors que les élections présidentielles sont programmées pour le 19 janvier prochain, les partis d'opposition ont déjà appelé, dès les premiers instants suivant la publication des résultats, au vote d'un projet de réforme constitutionnelle qui devrait permettre la nomination d'un nouveau gouvernement sans passer par l'élection d'un nouveau président. Visiblement prévu de longue date dans le cadre de la coalition des partis d'opposition au régime kravchukien qui a abouti au « putsch démocratique » du 5 décembre, le projet prévoit en effet une remise en cause profonde des institutions fixées par la constitution actuelle, afin d'augmenter notamment la responsabilité du gouvernement vis-à-vis du parlement, et éviter ainsi que se réitère une situation telle que celle que connaissait jusqu'alors l'Hotsaline depuis une vingtaine d'années. Bien que le contenu du texte soit pour l'heure inconnu, il devrait être soumis au vote peu de temps après que les nouveaux députés auront fait leur entrée au parlement. Si bien qu'Elena Vasylenko, qui s'affiche déjà comme cheffe de file de cette nouvelle coalition de transition hétéroclite formée par le Front de la Liberté, Renaissance, l'Alternative Sociale et Démocratique, la Voix des Exilés et la Ligue Nationale, a déjà assuré que les élections présidentielles prévues d'ici trois semaines n'auront certainement pas lieu. Un moyen d'assurer que l'alliance qui unit les partis les plus radicalement hostiles au kravchukisme ne vole pas en éclat sur le fond des rivalités qui pourraient émerger pendant la campagne des élections présidentielles, alors que la trêve a particulièrement bien tenu lors de cette campagne législative, au cours de laquelle le parti présidentiel a concentré toutes les attaques.
6270
03/01/2014

Le Courrier de Troitsiv

Quelle nouvelle constitution pour l'Hotsaline ?

Elena Vasylenko, Présidente du Front de la Liberté
La cheffe de file des opposants au président Kravchuk, Elena Vasylenko, a présenté le projet de réforme constitutionnelle porté par sa coalition.

Au lendemain des fêtes de fin d'année, la vie politique hotsalienne reprend, en ces temps de chamboulement politique d'une rapidité sans précédent. Se positionnant en cheffe de file de l'opposition anti-kravchukiste, la présidente du Front de la Liberté, Elena Vasylenko, a annoncé, aussitôt les résultats des élections législatives publiés et sa victoire assurée, le dépôt prochain d'un projet de réforme constitutionnelle majeure qui sera voté par la Rada dans les jours à venir. Alors que les élections présidentielles sont prévues pour le 19 janvier prochain, l'opposition entend bien couper l'herbe sous le pied de Leonid Kravchuk, qui espère voir la coalition qui lui fait face se décomposer sous le coup des débats contradictoires que leur imposerait une campagne présidentielle, dont l'issue ne serait pas cette fois la victoire d'une alliance ou d'un parti, mais d'un seul homme. Quoi de mieux pour s'épargner les affres d'une campagne laborieuse, que personne au sein de l'opposition n'est enclin à mener, quand on peut simplement... supprimer le poste de Président de la République ? Si le projet peut sembler fou en apparence, il ne s'agit pas, loin de là, d'une simple manœuvre destinée à prévenir l'éclatement de l'alliance hétéroclite qui unit les détracteurs du gouvernement Kravchuk, mais d'une initiative qui s'inscrit dans une remise en cause bien plus profonde des institutions politiques qui régissent aujourd'hui la République d'Hotsaline.

Si d'importantes tensions continuaient encore de diviser le Parti de la République lorsque celui-ci a été refondu pour devenir le Front de la Liberté sous l'impulsion de sa nouvelle présidente, il semblerait que cette dernière ait finalement eut raison des franges les plus conservatrices du mouvement. Contraints de courber l'échine suite aux dernières exactions commises par le gouvernement sous le régime d'état d'urgence dans les dernières semaines précédant sa chute, les conservateurs ont dû abandonner leurs projets de réforme constitutionnelle minimale et de préservation des institutions actuelles, pour laisser place au réformisme clinquant porté par Elena Vasylenko et son entourage. Fini donc le régime présidentiel qui gouverne l'Hotsaline depuis plus d'un siècle. Celui-ci devra laisser place à un tout nouveau régime parlementaire, au sein duquel les instances exécutives seront élues par le parlement, et responsables devant lui. Un changement du tout au tout, alors que le Président de la République et la Rada n'avaient jusqu'alors aucune emprise l'un sur l'autre. Quand au régime d'état d'urgence, il sera bien évidemment supprimé, en plus de l'introduction d'une garantie constitutionnelle que nulle circonstance politique ne saurait entraver la tenue des élections législatives, qui deviendront désormais l'unique scrutin national en vigueur en Hotsaline, aux côtés des élections locales et confédérales.

Pour être adoptée, une telle réforme constitutionnelle doit récolter les deux tiers des suffrages exprimés lors du vote à la Rada. Une super-majorité qui ne semble pas facile à obtenir, quand les dernières élections législatives n'ont pas désigné de vainqueur suprême disposant d'une majorité de gouvernement absolue. La réforme devra donc inévitablement s'appuyer sur les alliances formées à la veille du dernier scrutin. Cumulant à eux deux 215 sièges au parlement, les deux grands vainqueurs des législatives que sont le Front de la Liberté et Renaissance peuvent atteindre les 327 voix avec le soutien de leurs alliés sociaux-démocrates de l'Alternative Sociale et Démocratique, et des réclamistes de la Voix des Exilés. À seulement trois sièges des 330 nécessaires à l'adoption d'un texte aussi important qu'une réforme constitutionnelle, il semble que la coalition ne puisse se passer du concours des ultranationalistes réactionnaires de la Ligue Nationale qui, bien que la défense des principes démocratiques ne figure pas parmi les piliers de leur ligne politique, ont également annoncé apporter leur soutien au projet. Un résultat probable de la radicalisation des positions anti-kravchukistes du parti suite à sa dissolution et l'emprisonnement de ses cadres par la présidence, ainsi que de la place que la Ligue Nationale est ainsi assurée d'obtenir au sein du futur nouveau gouvernement.

Car les objectifs de l'alliance qui unit le Front de la Liberté, Renaissance, l'Alternative Sociale et Démocratique, la Voix des Exilés et la Ligue Nationale, dépassent de très loin la simple adoption de cette réforme : il s'agit bien, par la suite, de former un gouvernement commun d'union nationale, incarnant une rupture nette avec le kravchukisme qui a régi le pays pendant vingt ans. Grâce au système de présidence tournante que prévoit de mettre en place la nouvelle constitution, chacun des partis anti-kravchukistes aura la part belle au sein du futur gouvernement hotsalien, dont ils pourront assumer à tour de rôle la direction, tout en conservant une ligne directrice commune qui sera précisée, d'après Elena Vasylenko, lors de la soumission de la proposition de gouvernement à la Rada, une fois adoptée la réforme constitutionnelle, et le moment de donner à l'Hotsaline un nouveau gouvernement advenu. On remarquera l'absence du Parti des Travailleurs Hotsaliens au sein de cette coalition. Bien qu'ayant voté en grande majorité en faveur de l'abrogation de l'état d'urgence lors du « coup d'état démocratique » du 5 décembre, les communistes restent en effet persona non grata aux yeux du Front de la Liberté, qui entend bien faire déteindre son orientation libérale sur le futur nouveau gouvernement. Le Parti des Travailleurs Hotsaliens, pour sa part, s'est de toute façon déclaré opposé à toute forme de collaboration avec les « fascistes » de la Ligue Nationale, et entend concentrer ses efforts à venir sur la réunion en son sein des vestiges de l'Action Sociale déchue.

Quel avenir pour Leonid Kravchuk et les siens si les projets de l'opposition se concrétisent ? Le futur s'annonce bien sombre pour le président hotsalien, qui s'apprête à voir son pouvoir tomber entre les mains de ses détracteurs les plus acharnés. Les voix s'élèvent déjà pour réclamer sa tête : dans les rangs de la Ligue Nationale, bien entendu, qui tient le chef de l'état pour responsable de la défaite de 1994 et de la mort de ses militants sur le front dans le cadre du Corps de Défense Nationale, et n'a toujours pas avalé la dissolution du parti et l'incarcération de ses membres, il n'y a pas encore deux mois. Elles sont également particulièrement fortes du côté du Front de la Liberté, où Elena Vasylenko la première évoque déjà la nécessité pour Leonid Kravchuk et son gouvernement de répondre de leur responsabilité dans le bafouement des principes démocratiques en Hotsaline, au cours des deux décennies suivant la promulgation de l'état d'urgence. Les rumeurs circulent à Troïtsiv, arguant que le Président de la République ne dort plus que d'une oreille depuis l'annonce des résultats des élections législatives...
4376
19/01/2014

Le Courrier de Troitsiv

Elena Vasylenko prend ses fonctions à la tête de l'État

Elena Vasylenko, Présidente du Conseil de Réclamation Nationale d'Hotsaline
Nommée Présidente du Conseil de Réclamation Nationale par la Rada, Elena Vasylenko s'est assise hier dans l'ancien fauteuil de Leonid Kravchuk.

Le moment est historique. Sous l'œil des caméras et les flashs des appareils photo, c'est tout sourire qu'Elena Vasylenko fait son entrée dans le bureau qui, quelques jours auparavant, était encore celui de Leonid Kravchuk. Une pile de dossiers en main, la toute nouvelle Présidente du Conseil de Réclamation Nationale, élu directement par la Rada, s'assoit posément derrière le bureau d'ébène, le drapeau de la République d'Hotsaline enroulé juste derrière elle. Cette passation de pouvoir symbolique, qui s'est faite en l'absence de l'ancien Président de la République, dont le poste a été dissous par la dernière réforme constitutionnelle, envoie un message fort à la nation hotsalienne : après vingt ans d'autocratie kravchukienne, le pouvoir a enfin changé de main. Les services de la nouvelle présidence sont catégoriques : s'il n'a pas encore été fabriqué par les artisans qualifiés, le drapeau du tout nouvel État de Réclamation Nationale d'Hotsaline, dessiné il y a peu, flottera bientôt aux côtés de l'étendard bleu et blanc de la République d'Hotsaline, derrière ce même bureau. Dotée d'un régime politique inédit, l'Hotsaline amorce son saut dans l'inconnu de l'État de Réclamation Nationale, dans un contexte politique et sécuritaire particulièrement dangereux.

Voulu comme un gouvernement d'union nationale destiné à protéger le pays en cette période de forte montée des tensions diplomatiques et militaires en Eurysie centrale, le Conseil de Réclamation Nationale rassemble une coalition hétéroclite de cinq partis, allant des sociaux-démocrates de l'Alternative Sociale et Démocratique aux ultranationalistes de la Ligue Nationale. Si le mélange peut paraître incongru, hors de question pour le Conseil et sa présidente de partir dans tous les sens : un cap clair a déjà été fixé, et les ministères répartis en conséquence. Partageant sa casquette de Présidente du Conseil avec celle de Ministre de la Transition Démocratique et de l'Intégration Continentale, Elena Vasylenko entend bien pérenniser les acquis du coup d'État démocratique du 5 décembre et de la nouvelle constitution, pour ériger progressivement l'Hotsaline en modèle de démocratie dans la région, au sein d'une Kresetchnie prise en étau entre deux modèles impérialistes situés d'un bout à l'autre du spectre politique : à l'ouest, un Empire Raskenois monarchique, autoritaire et capitaliste, et à l'est, une Mährenie militariste et interventionniste. Relativement isolée sur la scène diplomatique continentale, l'Hotsaline va devoir s'intégrer à l'ensemble eurysien afin d'assurer sa survie, d'où la création d'un ministère dédié aux relations avec les acteurs extra-confédéraux, lui aussi contrôlé par le Front de la Liberté.

L'autre axe majeur du Conseil se trouve dans la réclamation des territoires occupés par l'Administration Militaire de Gradenbourg et l'Organisation des Raches. À la tête d'un ministère dédiée, la cheffe de file des réclamistes de la Voix des Exilés, Mariya Dovhan, devenue Ministre de la Réintégration des Territoires Occupés, entend user de tous les moyens nécessaires à l'accomplissement de sa mission. Privilégiant dans un premier temps l'approche diplomatique, le Conseil n'exclut cependant aucune option, d'où la coopération étroite des réclamistes avec les néo-socialistes de l'Alternative Sociale et Démocratique, dont les aspirations planistes auront pu être mises à profit pour le développement de l'industrie de production militaire hotsalienne, piloté depuis le nouveau Ministère de la Planification Industrielle.

À l'heure où l'Hotsaline paraît menacée de part en part, hors de question de laisser l'unité de la nation voler en éclats, surtout après les tensions politiques qu'ont pu susciter les derniers instants du règne de l'administration kravchukienne. Placée à la tête du Ministère de l'Information et de la Cohésion Nationale, la Secrétaire Générale de l'Alternative Sociale et de Démocratique et ancienne journaliste, Natalya Yavorska, est bien décidée à user de sa fine connaissance des milieux de la publicité pour faire triompher le narratif du Conseil de Réclamation Nationale, et « sensibiliser » la population aux enjeux de la défense nationale et de la protection de la démocratie en Hotsaline. Elle sera aidée à cette fin par les nouveaux ministres du parti Renaissance, qui a tenu à contrôler des ministères, en apparence secondaires, mais qui leur donneront les clés pour mettre en œuvre la « révolution culturelle » dont l'Hotsaline a besoin : éducation, culture, recherche... Le parti identitaire entend mener un travail pour transformer en profondeur l'Hotsaline, et s'assurer l'œuvre de l'État de Réclamation Nationale marque en profondeur le pays pour les décennies à venir.
8160
15/02/2014

Le Courrier de Troitsiv

Yuliya Yavshko : un baptême du feu aux enjeux capitaux

Yuliya Yavshko, Ministre des Relations Extra-Confédérales de l'État de Réclamation Nationale d'Hotsaline
La jeune Ministre des Affaires Extra-Confédérales Yuliya Yavshko prend ses fonctions dans un contexte régional tendu.

La création du Ministère des Relations Extra-Confédérales constitue une rupture dans l'histoire de l'Hotsaline. Jusqu'alors, la république s'était toujours conçue comme une simple composante de la confédération, dont le gouvernement devait constituer le seul interlocuteur direct des puissances extérieures lorsqu'il s'agissait de traiter avec la Kresetchnie. Si l'Hotsaline était de loin le cœur du pouvoir à l'échelle de la confédération, que ce soit en terme économique ou démographique, et donc, mécaniquement, politique, le fait de déléguer toutes les prérogatives relatives aux relations internationales et au commerce extérieur à l'échelon confédéral était une manière dissimulée de légitimer celui-ci. Ou, du moins, de renforcer son pouvoir, en y renonçant. Mais cette politique avait un coût, car pour maintenir l'unité de la confédération, le gouvernement confédéral devait ménager en permanence la chèvre et le chou, et n'agir qu'après voir consulté les cinq membres du Conseil des États et obtenu l'aval de l'Assemblée des Représentants. Un processus long et fastidieux, mais qui paraissait nécessaire pour que la cohésion fragile qui liait les États membres de la Confédération de Kresetchnie soit préservée, et qu'aucun d'entre eux ne s'éloigne du giron de Troïtsiv en se sentant lésé par une décision prise trop hâtivement, sentant que ses intérêts n'étaient plus pris en considération.

L'évolution de la conjoncture internationale ne semble plus convenir à un tel mode de fonctionnement. À l'heure où les lignes bougent en permanence, et où les alliances se font et se défont sans cesse, le constat a été tiré que la Kresetchnie a besoin d'un leadership plus fort et plus réactif pour pouvoir naviguer de manière sereine dans un océan international si tumultueux. Bien qu'il ne soit plus dans l'ère du temps d'en faire les éloges, le gouvernement de Leonid Kravchuk avait eu le mérite d'ouvrir la voix à une reprise en main directe de la diplomatie de la confédération par l'Hotsaline, en décidant unilatéralement de faire savoir aux puissances militaires du globe que le pays se trouvait disposé à accueillir des bases étrangères sur son territoire, puis en menant lui-même les négociations qui ont abouti à l'installation des troupes teylaises sur les sites de Beletov et Borodimir. Certes, le Conseil des États avait dû être consulté en dernière instance pour procéder au tri des candidats, et c'est finalement la diplomatie kresetchnienne qui avait conclu la signature de l'accord avec les autorités du Royaume de Teyla. Mais Evgueni Kulyk, le Ministre des Armées hotsalien d'alors, ne s'était pas gardé d'orienter la prise de décision de ses partenaires kresetchniens lors de sa prise de parole, loin s'en faut. En soi, la validation de la décision hotsalienne ne relevait déjà plus que de la formalité lors de sa présentation au Conseil des États, tout comme son approbation par le gouvernement confédéral était d'avance une certitude.

De fait, l'échelon kresetchnien était naturellement dépassé depuis l'abandon forcé de son monopole militaire au cours de l'invasion raskenoise de 1994. Coupé de certains théâtres d'opération, le gouvernement confédéral avait alors été contraint de renoncer à ses prérogatives en manière de défense, pour permettre aux États membres de constituer par eux-mêmes des unités placées sous leur commandement propre. Si leur déploiement a eu un effet salvateur, permettant de stabiliser une ligne de front jusqu'alors très étanche aux poussées raskenoises, ce fut malheureusement au prix de tout le hard power dont disposaient les autorités kresetchniennes. Sans armée pour chapeauter des États membres qui, désormais, contrôlent leurs propres forces militaires, le gouvernement confédéral n'a plus aucun moyen d'imposer la moindre décision. Dans la mesure où toute son autorité lui vient du fait qu'il est encore porté à bout de bras de manière artificielle par la République d'Hotsaline, il est naturel qu'il courbe facilement l'échine face aux injonctions de Troïtsiv - ville qui constitue d'ailleurs à la fois le cœur des institutions nationales hotsaliennes, et du pouvoir confédéral.

Le processus qui a abouti à la nomination de Yuliya Yashko semblait donc inévitable. Toutefois, l'entrée en scène de la jeune ministre issue des rangs du Front de la Liberté se fait dans un contexte loin d'être favorable à une première prise de fonction. Conçu entre autres comme un bras armé du Ministère de la Réintégration des Territoires Occupés, le Ministère des Affaires Extra-Confédérales va devoir prendre en main la gestion des récentes tensions régionales canalisées par la situation kresetchnienne. Alors que les rapports de force sont restés plus ou moins figés depuis 1995 et la signature du cessez-le-feu qui a permis la création de l'Administration Militaire de Gradenbourg, la Mährenie voisine est venue asséner un violent coup de pied à cette paisible fourmilière. Avec l'arrivée au pouvoir du chancelier Lennard Rossmann et de sa coalition de gauche, la diplomatie mährenienne semble être soudainement sortie de sa torpeur, réalisant avec une étrange stupeur que le territoire de son voisin occidental faisait l'objet d'une occupation militaire illégale depuis deux décennies. On comprendra facilement que c'est moins l'injustice du traitement réservé aux peuples de Kresetchnie par leur bourreau raskenois que le débarquement relativement récent des troupes teylaises affiliées à l'OND sur le sol hotsalien qui a provoqué cet inopiné sursaut de la Mährenie. État crypto-fantoche inféodé au Grand Kah, le voisin oriental de la Confédération de Kresetchnie réalise ainsi la volonté de son suzerain, membre éminent d'un Libertalern dont la rivalité avec les organisations libérales et démocratiques telles que l'OND ou l'ONC n'est qu'un secret de polichinelle. D'ailleurs, il n'aura échappé à personne que la quasi-totalité du matériel militaire que s'est procurée en urgence la confédération mährénienne dans le cadre de sa récente « réforme des armées » est de provenance kahtanaises. Le chien a été copieusement nourri par son maître.

Là où la situation devient plus que préoccupante, c'est que les deux puissances militaristes qui enserrent la Kresetchnie d'est en ouest ont résolu de faire arbitrer leur différend par la Confédération de Kölisburg. À l'heure où nous écrivons ces lignes, des délégations raskenoises et mähreniennes sont en Eurysie occidentale, en train de discuter ensemble du futur redécoupage des frontières kresetchniennes autour d'une tasse de thé servie par Adam Heidenborg, qui n'aura pas cru bon de convier les principaux concernés à ces discussions. Manœuvre délibérée ou simple oubli ? Les intentions mähreniennes pouvaient sembler troubles au premier abord, le chancelier Rossmann fustigeant aussi bien l'état d'urgence qui avait encore cours en Hotsaline au moment de son investiture, que la montée des partis nationalistes, qui partagent aujourd'hui le pouvoir avec le centre au sein de la majorité de gouvernement de l'État de Réclamation Nationale. Si ces premières déclarations pouvaient laisser supposer une hostilité à la nature même des institutions hotsaliennes et kresetchniennes, les inquiétudes ont été partiellement dissipées par Layla Rosenstock. Dans une missive adressée à Yuliya Yavshko, le visage de la diplomatie mährenienne a préféré rejeter la faute sur les services kölisiens, arguant qu'en tant qu'initiateurs du sommet de médiation, ceux-ci seraient seuls responsables de ses modalités. Un argument dont nous ne commenterons pas la pertinence, mais qui a conduit la Ministre des Relations Extra-Confédérales à s'adresser directement à Kölisburg, espérant une révision du format des négociations.

Quoi qu'il en soit, l'épisode aura au moins donné l'occasion à la nouvelle représentante de la diplomatie hotsalienne de clarifier la position du Conseil de Réclamation Nationale : tant que les instances kresetchniennes seront exclues du processus de négociation, il ne pourra être question de reconnaître les conclusions du sommet, surtout si celui-ci conduit à une situation qui aggrave encore davantage l'érosion de la souveraineté des États de Kresetchnie, déjà bien entamée par les deux décennies d'occupation imposés par Rasken et les mouvements terroristes des Raches. D'autant que la transition politique récente change la donne quant à l'implication de la République d'Hotsaline dans le processus de rétablissement de la souveraineté kresetchnienne. S'il est établi que le gouvernement Kravchuk s'accommodait bien volontiers du statu quo, et même le favorisait pour légitimer la prolongation perpétuelle du régime d'état d'urgence, force est de reconnaître que la création de l'État de Réclamation Nationale et du ministère de Mariya Dovhan, dédié à la seule réintégration des territoires occupés, prouvent que cette politique est bel et bien caduque, et que l'Hotsaline a son rôle à jouer dans les évènements en cours. Mais tant que la Mâhrenie continue de feindre l'impuissance, la balle est dans le camp de Kölisburg.
4835
26/04/2014

Le Courrier de Troitsiv

L'état-major entame la « réorganisation » de l'armée hotsalienne

Le général Roman Morozov, chef d'état-major de l'Armée de Réclamation Nationale hotsalienne
Le général Roman Morozov a été nommé à la tête de l'état-major hotsalien par le Conseil de Réclamation Nationale

Alors qu'elle couvait de manière quasi certaine depuis l'entrée en fonction du Conseil de Réclamation Nationale, c'est sans grande surprise que la nomination du général Roman Morozov à la tête de l'état-major de la République d'Hotsaline a finalement été officialisée. Jusqu'alors affecté au commandement de la 2e brigade d'infanterie de l'armée hotsalienne, le général d'une cinquantaine d'années a joué un rôle décisif dans le succès du « coup d'État démocratique » du 5 décembre qui a permis la chute du régime kravchukien er l'avènement de l'État de Réclamation Nationale. S'il fait aujourd'hui relativement consensus que le gouvernement Kravchuk, au cours de ses derniers mois d'existence, s'est livré à des dérives qui pouvaient justifier une ingérence des militaires dans les affaires politiques afin de rétablir la souveraineté démocratique des Hotsaliens, l'intervention audacieuse du général Morozov n'en a pas moins soulevé des interrogations quant aux motivations profondes de l'officier. D'aucuns avaient déjà souligné la proximité affichée du général avec les milieux rodnovériens, dont il revendiquait par ailleurs de partager la foi néopaïenne. Placée sous son commandement, la 2e brigade d'infanterie avait d'ailleurs la réputation d'être un relai de l'influence rodnovérienne au sein des forces armées hotsaliennes, et un vivier de militaires s'adonnant régulièrement à des rituels païens slaves dans leurs bases d'affectation, sous le regard bienveillant de leur hiérarchie. Il n'est donc pas incongru de penser que les vives tensions qui ont opposé l'autocratie kravchukienne aux minorités rodnovériennes dans les instants précédant la chute du régime n'aient pas été pour rien dans la décision de Roman Morozov de s'impliquer de la sorte pour précipiter les évènements. Toutefois, cette récente nomination à la tête de l'état-major vient apporter de l'eau au moulin des quelques mauvaises langues qui prêtaient à l'officier des ambitions politiques personnelles. S'il est probable que la participation de Roman Morozov au « coup d'État démocratique » ne soit pas étrangère à cette promotion, rien ne permet en revanche de certifier que celle-ci constituait un accord préalable qui aurait motivé l'intervention du général et de ses hommes. Mais au fond, cette question de savoir qui de l'oeuf ou de la poule a engendré l'autre n'a pas grande importance.

Ce qui importe davatange, en revanche, c'est la réorganisation des forces armées que le nouveau chef d'état-major a annoncée dans les instants suivant sa nomination. Destinée à être menée en collaboration avec le Ministère des Forces Armées dirigé par Boris Slobodyan, cette réorganisation aura vocation à adapter l'institution militaire hotsalienne à la croissance rapide de ses effectifs, dans le cadre de la politique de militarisation amorcée par le Conseil. Considérant le contexte régional tendu dans lequel évoluent l'Hotsaline et la Kresetchnie, entre occupation du territoire national par Rasken et les Raches et menaces d'intervention militaire mährenienne, les efforts déjà amorcés par le précédent gouvernement en vue de renforcer les capacités défensives du pays vont en effet être multipliés de manière à assurer la sécurité de la nation face aux enjeux nouveaux suscités par les tensions récentes. D'après le chef d'état-major des armées, « les effectifs actuels des armées kresetchniennes sont proprement insuffisants à assurer une défense efficace de la Confédération, même en considérant l'apport des troupes dont le recrutement a été amorcé sous la précédente administration ». Mais comment parvenir à faire croître les effectifs à un rythme plus soutenu encore que celui auquel sont déjà formées les nouvelles recrues de l'armée nationale, dont l'entraînement est en majeure partie sous-traîté auprès d'États ou de compagnies de mercenaires étrangers afin de palier à la pénurie de formateurs dans les rangs hotsaliens ? Pour le Conseil et l'état-major, la solution est évidente : la conscription. Bien qu'abolie en Kresetchnie depuis la deuxième moitié du XXe siècle, son retour paraît désormais inévitable compte tenu de l'aggravation rapide de l'instabilité sécuritaire en Eurysie centrale.

Appuyée par la majorité de coalition, un projet de loi sera donc prochainement voté par la Rada afin de rétablir un service militaire en Hotsaline. Si celui-ci s'étendra théoriquement à tous les hommes valides en Hotsaline qui se trouvent en âge de se battre, il est attendu qu'il ne concerne pas, au moins dans l'immédiat, un tel nombre de personnes. Compte tenu des maigres effectifs dont dispose l'armée hotsalienne, il est fort peu probable que celle-ci se trouve en situation d'encadrer la formation de toutes les recrues potentielles répondant aux critères prévus par le projet de loi, que les premières estimations statistiques situent à plus d'un million et demi de personnes. Plus vraisemblablement, la mobilisation des Hotsaliens se fera de manière graduelle, à un rythme fixé par le Ministère des Forces Armées en fonction des capacités de l'armée à former et équiper ses conscrits, dans la mesure où le projet de loi ne fait que délimiter un périmètre de population mobilisable, sans en imposer la conscription.
0
29/05/2014

Elena Vasylenko, Présidente du Conseil de Réclamation Nationale de la République d'Hotsaline
Elena Vasylenko
Présidente du Conseil de Réclamation Nationale de la République d'Hotsaline

Hotsaliens, Hotsaliennes, mes chers compatriotes,

C'est avec gravité et détermination que je m'adresse aujourd'hui à vous. En ce 29 mai 2014, cela fait vingt ans, jour pour jour, que notre nation a eu à essuyer la plus odieuse agression de son histoire. Je veux, bien sûr, parler de l'invasion de la Kresetchnie par l'armée raskenoise. Cette guerre terrible, qui restera à jamais dans nos mémoires, a vu couler le sang de milliers des nôtres, aux familles desquels j'adresse toutes mes pensées. Alors que la République de Gradenbourg s'est effondrée et que notre confédération a perdu le contrôle du territoire de l'un de ses membres les plus éminents, l'Hotsaline aussi a eu à souffrir l'invasion de ces forces barbares qui, aujourd'hui encore, continuent d'occuper le massif de Stina. Ce n'est que grâce au courage et à la détermination des héros qui ont su tenir le front dans les derniers mois du conflit, au prix de lourds sacrifices, et que notre nation a pu, malgré la perte de ces territoires, assurer sa survie.

Rasken n'est pas le seul ennemi à avoir marché sur l'Hotsaline au cours de cette guerre. Profitant de la confusion causée par les combats qui se déroulaient à l'ouest, les milices terroristes de l'Organisation des Raches ont franchi la frontière tcharnove pour venir déferler sur le massif des Altars karbachaises, et établir une base arrière sur notre territoire. Beaucoup de nos compatriotes, hommes, femmes et enfants, ont péri face à la sauvagerie de ces monstres enragés, qui ont massacré une partie de notre population avant de s'emparer de ses terres.

Depuis vingt ans, l'Hotsaline est donc doublement occupée, par les Raches, et par Rasken. Mon prédécesseur à la tête de l'État a tout fait pour que que perdure un statu quo d'une lâcheté insupportable, préférant assurer le maintien de son propre pouvoir despotique plutôt que de faire le nécessaire pour assurer la sécurité et rétablir la souveraineté des Hotsaliens sur leur territoire. Cependant, avec la restauration de la démocratie en Hotsaline et l'avènement de l'État de Réclamation Nationale, ces temps sont révolus. Nous vous avons promis de ne jamais oublier ces terres qui sont les nôtres. De ne jamais oublier ces familles hotsaliennes qui vivent dans l'attente de pouvoir être réunies ou de regagner leur foyer. Nous vous avons promis que l'Hotsaline ne serait plus spectatrice de son propre destin, et qu'elle montrerait au monde tout sa force et toute sa volonté.

L'heure est venue de tenir cette promesse. Alors que je m'adresse à vous, nos forces armées sont en train de lancer une offensive historique sur les positions occupées par les terroristes de l'Organisation des Raches en Hotsaline. Elles progressent avec un objectif clair : anéantir les forces barbares qui occupent illégalement nos terres, et restaurer notre souveraineté sur notre propre territoire.

Cette offensive est davantage qu'une simple opération militaire. Elle est l'expression de la détermination de notre nation toute entière à reprendre ce qui lui appartient de droit, et à ne plus subir l'injustice.

À nos soldats qui avancent aujourd'hui en territoire ennemi, je dis ceci : nous croyons en vous. Notre nation entière vous regarde, et nous savons que vous saurez faire honneur à l'idéal de justice et de liberté que vous représentez à la face du monde.

À nos compatriotes qui se trouvent encore sous le joug de l'occupation étrangère, je dis : patience ! L'heure de la délivrance est proche. Nous arrivons.

Aux familles qui ont dû quitter leur foyer des altars karbachaises il y a vingt ans pour venir trouver refuge dans les villes de la plaine de Posiv, je dis : vous pourrez très bientôt rentrer chez vous.

Enfin, aux miliciens des Raches qui s'apprêtent à subir le courroux de l'Armée de Réclamation Nationale d'Hotsaline, je dis qu'il y a une alternative : déposez les armes, car il est vain d'ajouter encore davantage de sang au sang. Quoi qu'il advienne, l'Hotsaline triomphera.

Mes chers compatriotes, je vous donne rendez-vous d'ici peu afin de fêter notre victoire et la réunification de notre nation !

Слава Хоцалини ! Слава богам !
5277
27/12/2014

Le Courrier de Troitsiv

Intervention velsnienne : des riverains protestent contre « l'hypocrisie » du gouvernement

Hélicoptères velsniens survolant les montagnes kresetchniennes
Hélicoptères velsniens survolant les montagnes kresetchniennes

Sept mois après son lancement, l'opération de reconquête des territoires occupés par les Raches s'annonce comme un succès éclatant. Avec des moyens limités mais une logistique impeccable, les forces hotsaliennes ont déjà libéré les deux tiers des terres contrôlées par les milices terroristes, infligeant du même coup des pertes considérables aux forces ennemies. Malgré une préparation minutieuse de l'intervention, tout aurait pu ne pas se passer aussi bien sans le soutien militaire de plusieurs puissances du voisinage. Il s'agit en premier lieu de la Confédération de Tcharnovie, dont la participation à l'opération avait déjà été négociée plusieurs mois à l'avance à Troïtsiv par Yuliya Yavshko, lors de la venue d'Ivan Gradvosk-Moskva dans la capitale hotsalienne. Offrant à l'Armée de Réclamation Nationale un soutien aérien décisif, les forces aériennes tcharnoves ont donné bien du fil à retordre aux milices des Raches, sous-équipées pour faire face à une armée de l'air d'une telle ampleur. D'autres soutiens, moins attendus, et même pas forcément bienvenus, sont également venus se greffer à l'intervention lancée sur l'ordre d'Elena Vasylenko. À commencer par l'Empire Raskenois, qui a lancé sans prévenir des opérations de bombardement par voie aérienne et d'artillerie sur la zone contrôlée par les Raches adjacente à son territoire, après l'avoir faite survoler par des drones plusieurs mois durant, au mépris de la souveraineté territoriale de la République d'Hotsaline, dont Eberstadt n'a jamais fait grand cas.

Si les frappes raskenoises ont rapidement cessé suite à la sécurisation de la bande frontalière par les forces hotsaliennes, qui en avaient fait une priorité dès les premiers instants du conflit afin d'éviter toute complication diplomatique liée à une éventuelle invasion de la zone par des troupes terrestres de l'Empire Raskenois, ce n'est pas le cas de la Grande République Velsna, qui poursuit ses bombardements jusque dans la partie la plus orientale du territoire hotsalien. Alliée à Rasken depuis la fin de sa guerre civile du fait du soutien apporté à la cause de Mateo Di Grassi par la monarchie germanique, Velsna lui a rendu la pareille en précipitant le sénateur et ses cohortes sur le territoire raskenois, officiellement afin d'assurer la défense du pays contre un éventuel agresseur dans le contexte des tensions générées par l'affrontement entre l'Empire et la Mährenie autour de la question des territoires kresetchniens occupés par l'Administration Militaire de Gradenbourg. Toutefois, la garnison n'est pas restée longtemps en position défensive, et s'est jointe à l'effort de guerre contre les Raches en lançant plusieurs dizaines d'avions et d'hélicoptères de combat à l'assaut des milices terroristes. À présent que le territoire occupé par l'Organisation des Raches n'est plus directement frontalière de l'Empire Raskenois, ces opérations nécessitent toutefois de survoler une grande partie du territoire hotsalien, sur une longueur qui s'étend à mesure que la ligne de front recule. Or, jamais la Grande République n'a demandé une seule fois à Troïtsiv l'autorisation de survol du territoire par ses appareils militaires, pas davantage qu'elle n'assure la coordination avec les forces hotsaliennes au sol qui assurent la reconquête effective des terres perdues en 1994.

Bien que les populations des zones concernées par le transit des aéronefs velsniens commencent à s'habituer au vrombissement quotidien des moteurs d'avions et au bruit caractéristique des hélices des hélicoptères, elles n'en acceptent pas pour autant cette situation saugrenue. « Chaque fois que l'on voit des hélicoptères franchir la frontière, c'est toujours la même grande question qui se pose : est-ce qu'ils viennent pour bombarder les terroristes de la Rache, ou bien nous ? C'est impossible de vivre avec un tel stress ! » se plaint une riveraine de la localité de Stetamak, située non loin de la frontière raskenoise. Elle est loin d'être la seule à s'inquiéter de ces allers et venues quotidiens de la flotte aérienne velsnienne au-dessus du territoire hotsalien, à en juger par la publication en ligne d'une pétition adressée au Conseil de Réclamation Nationale, et qui a déjà récolté plusieurs milliers de signatures. Les signataires ne réclament pas davantage qu'une réaction du gouvernement à ces incursions quotidiennes auxquelles se livrent illégalement les forces velsniennes, que ce soit par le biais d'une protestation officielle ou d'une interdiction de survol des zones libérées, voire d'une réponse militaire. Plus que toute autre chose, le préambule de la pétition dénonce surtout une attitude jugée « hypocrite » de la part de Troïtsiv, qui place officiellement la sécurité et l'intégrité territoriale de l'Hotsaline au sommet de ses priorités, tout en en faisant fi dès lors que ses intérêts à court terme sont compromis. Aucune réponse officielle n'a encore été émise de la part du Conseil, qui se contente pour l'heure de faire la sourde oreille. Un mutisme compréhensible si l'on en vient à considérer les implications éventuelles d'une satisfaction des demandes présentées par les riverains. En effet, dans le cas où Velsna s'aviserait d'ignorer les protestations hotsaliennes, la seule réponse crédible à apporter serait d'ordre militaire, entraînant potentiellement un conflit ouvert avec la Grande République. Une telle perspective semble très éloignée des dispositions que l'Hotsaline se trouve en mesure de se permettre, alors même que le pays se trouve déjà menacé par une tenaille mähreno-raskenoise qui lorgne avidement sur les territoires kresetchniens. D'autant que le gouvernement confédéral est par ailleurs en discussion avec Velsna autour de la fondation de la Ligue de Velcal, que des tensions diplomatiques précoces seraient susceptibles de compromettre.
3835
15/01/2014

Le Courrier de Troitsiv

Elena Vasylenko cède son siège à Stepan Levchenko à la tête du gouvernement

Stepan Levchenko, nouveau Président du Conseil de Réclamation Nationale de la République d'Hotsaline
Le nouveau Président du Conseil de Réclamation Nationale a présenté son discours d'intronisation depuis le palais du Conseil.

Un an s'est écoulé depuis la réforme constitutionnelle qui a conduit à l'avènement de l'État de Réclamation Nationale d'Hotsaline. Ce régime, qui se veut transitoire, a été créé avec pour vocation principale d'assurer la cohésion politique du pays jusqu'à ce que l'ensemble du territoire national ait pu être libéré des occupations étrangères, qu'il s'agisse de celle des terroristes de la Rache ou de l'Empire Raskenois. Si la résistance au despotisme du régime d'état d'urgence a quelque peu soudé les partis d'opposition au président Leonid Kravchuk dans les derniers mois du règne de celui-ci, préserver l'unité au sein d'un éventail de formations politiques aussi diverses apparaît comme une tâche relativement périlleuse, nécessitant de faire cohabiter au sein d'une même majorité des libéraux avec des ultranationalistes, des sociaux-démocrates, des identitaires novoslaves et des souverainistes revanchistes. La solution de compromis qui a pu être trouvée est la création du Conseil de Réclamation Nationale, une institution exécutive nommée par le parlement, et dont la présidence est assurée non pas par le parti dominant au sein de la coalition de gouvernement, mais de manière tournante par chacun de vice-présidents, correspondant aux chefs des différents mouvement qui composent la majorité.

En tant que présidente du Front de la Liberté, qui constitue la première force politique au sein de la Rada, Elena Vasylenko était la plus à même d'assurer le premier mandat de Président du Conseil de Réclamation Nationale. Mais, à présent qu'un an s'est écoulé depuis son investiture, il est temps pour elle de quitter ses fonctions pour passer le relai au second vice-président du Conseil, à savoir Stepan Levchenko, le président du parti Renaissance. Au cours d'une brève cérémonie de passation de pouvoir, le nouveau Président du Conseil a chaudement félicité sa prédécesseure pour « tous les exploits accomplis au cours de son mandat », arguant par ailleurs que « le nom d'Elena Vasylenko restera à jamais dans l'histoire de l'Hotsaline comme celui de la présidente qui aura permis la reconquête du territoire nationale et l'éradication des Raches. Je poursuivrai les efforts entrepris en ce sens, pour rendre à notre pays le contrôle total de son territoire. C'est là tout le sens de l'existence de l'État de Réclamation Nationale ». Toutefois, l'aventure d'Elena Vasylenko au sein du Conseil ne s'arrête pas ici. Elle y conserve son poste de Ministre de la Transition Démocratique et de l'Intégration Continentale, ainsi que son titre de vice-présidente qui lui permet de prétendre, si l'État de Réclamation Nationale d'Hotsaline continue d'exister jusque là, à un second mandant de Présidente du Conseil d'ici cinq ans, une fois que tous les autres vice-présidents auront pu accéder à la présidence tournante.

Quelles seront les conséquences de ce changement de présidence sur la ligne politique à venir du Conseil ? A priori, pas grand chose. En tant que gouvernement de coalition, le Conseil de Réclamation Nationale possède déjà une ligne politique consensuelle édictée avant même la constitution effective de la majorité, et à laquelle toute entorse serait extrêmement risquée. Le discours d'intronisation de Stepan Levchenko a par ailleurs été relativement clair : son action consistera avant toute autre chose à poursuivre l'œuvre de sa prédécesseure, ni plus ni moins. De ce changement de personne, et non de politique, l'on peut attendre tout au plus un renouveau de style. Difficile d'estimer à quoi s'attendre de la part de Stepan Levchenko, dont la participation au Conseil de Réclamation Nationale constitue la première véritable expérience de pouvoir pour le président du jeune parti identitaire Renaissance, et dont l'action à la tête du Ministre de la Jeunesse et de l'Éducation s'est jusqu'alors montrée relativement discrète. Il est à prévoir qu'Elena Vasylenko et les autres vice-présidents ne seront jamais très loin pour conseiller le nouveau chef de l'exécutif, et ainsi s'assurer du bon respect de la ligne politique édictée par la majorité coalisée...
Haut de page