Alors que le parti s'apprête à célébrer ses dix ans dans tout juste un mois, l'heure n'est pas à la fête au sein de la direction de l'
Alternative Sociale et Démocratique. N'hésitant pas à saupoudrer son discours de formules d'emphase au ton mélodramatique, la cheffe de file des sociaux-démocrates
anti-kravchukistes, Natalia Yavorska, s'est adressée personnellement aux militants et sympathisants du parti, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux. Ne cachant rien de la gravité de la situation financière du mouvement à la tête duquel elle se trouve depuis deux ans, la Secrétaire Générale de l'ASD a appelé ses vidéospectateurs à un «
sursaut militant », en leur demandant de participer à la levée de fonds colossale organisée par le parti afin de financer le suivi médical et les couvrir les frais de santé de ses élus à la Rada.
À première vue, l'initiative peut paraître incongrue, tant elle est inusuelle dans la plupart des régimes démocratiques dotés d'une institution parlementaire. Pourtant, elle se justifie pleinement à l'aune de la situation singulière dans laquelle se trouve aujourd'hui plongée la politique hotsalienne. Dotée d'une assemblée parlementaire vieillissante, dont la moyenne d'âge avoisine les soixante-dix ans, la République d'Hotsaline voit son sort réduit à une question simple : à quel groupe politique appartiendront les derniers survivants de la Rada ? Car, en l'absence totale de nouvelles élections législatives, suspendues via le régime d'état d'urgence mis en place au cours de l'invasion raskenoise, la Rada n'a connu aucun renouvellement de ses membres depuis près de vingt ans. Les députés déjà décédés, dont la plupart ont disparu dans les combats de 1994, n'ont d'ailleurs jamais été remplacés depuis lors, si bien que l'assemblée compte, aujourd'hui encore, plus d'une cinquantaine de sièges vacants.
L'inévitable vieillissement des députés et leur survie au cours des années à venir constitue donc un enjeu politique de premier plan pour les formations politiques représentées à la Rada. «
Les grands partis tels que l'Union Sociale d'Hotsaline ou le Front de la Liberté, installés dans le paysage politique depuis près d'un demi-siècle, dépensent chaque année plusieurs milliards de federats pour assurer le suivi médical de leurs députés, et leur promulguer les soins nécessaires à leur maintien dans un bon état de santé. Malheureusement, l'ASD ne dispose pas de ces moyens financiers » se plaint la Secrétaire Générale dans sa vidéo, dénonçant par ailleurs «
l'absurdité politique totale de la situation dans laquelle le régime d'état d'urgence kravchukien a conduit l'Hotsaline ». L'enjeu est de taille pour l'Alternative Sociale et Démocratique, qui doit à tout prix maintenir sa présence à la Rada si elle veut assurer la survie d'une seconde voie social-démocrate opposée au kravchukiste, et, plus encore, entretenir l'espoir d'une abrogation de l'état d'urgence, si un jour suffisamment de députés du bloc
Action Sociale-
USH venaient à disparaître. Une idée qui, d'ailleurs, n'a pas été sans traverser l'esprit des militants les plus radicaux. On se rappelle tous, par exemple, de l'attentat perpétré par un activiste de la droite radicale,
en 2006, contre l'un des députés du parti du gouvernement, et qui aura coûté la vie à celui-ci. Le coupable justifiait son acte, déjà à l'époque, par la nécessité de réduire l'importance de la majorité présidentielle, afin que les députés d'opposition puissent voter la levée de l'état d'urgence.
Tout espoir n'est pas perdu pour l'ASD, dont la base électorale, constituée majoritairement de représentants de la moyenne bourgeoisie vivant en périphérie des centres urbains, pourrait bien avoir les moyens de fournir une contribution suffisante pour accomplir, au moins, une part des ambitions médicales entretenues par le mouvement à l'égard de ses élus. Si le parti ne se trouvera pas forcément en mesure de récolter les cent trente millions de federats fixés comme objectif de la levée de fonds, un succès partiel devrait au moins permettre un accompagnement médical correct de ses députés. Attention, toutefois, à ne pas presser le citron trop fort. Car, si les fonds viennent déjà à manquer aujourd'hui, il se pourrait certainement que l'Alternative Sociale et Démocratique ait à nouveau besoin des deniers de ses électeurs lorsque le moment de préparer la campagne des prochaines élections confédérales* arrivera.
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élections confédérales = élection des membres de l'Assemblée des Représentants de la Confédération de Kresetchnie