Posté le : 31 oct. 2024 à 13:44:48
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Catégorie : RP avec importance
20/12/2014, 01 heures et 12 minutes,
Lyonnars.
Allons bon. Le rêve commençait. Il avait l'habitude, et il savait que cette nuit, il n'allait pas y échapper. Pas après l'avoir vu la journée précédente, dans son cercueil. Pauvre camarade. Si seulement ces Kartiens avaient étés moins cons... Il serait toujours là.
Il marchait. Dans le néant. Dans un néant qui existait. C'était étrange. Aussi loin qu'il se souvenait, plusieurs de ses rêves se passaient ici. Et quand arrivait ce rêve là, c'était toujours ce même endroit qu'il voyait. Où il évoluait. Ce grand espace, blanc de partout. Un lieu plein de mystères, qu'il voulait à tout prix comprendre. Cet endroit revenait souvent. Le jour de la naissance de sa fille, il l'avait vu ici même. Et à chaque fois, il y avait un homme qui apparaissait, toujours le même. Jeune. Il initiait toujours le rêve. Cet homme, c'était lui. Lui, jeune. Mais ce n'était également pas lui. Non, cet homme dégageait quelque chose de différent. Plus décontracté, plus serein. Plus heureux, beaucoup plus heureux. Et pourtant, cet homme le comprenait, lui. Mais lui ne comprenait pas.
Il le vit alors, proche mais loin en même temps, lui faire signe. Son visage exprimait la même humeur désolée, qui revenait à chaque rêve de ce type. Quand ce n'était pas le cas, il souriait toujours, et toujours, en se réveillant, Lorenzo savait que faire, quelles décisions prendre.
Mais aujourd'hui, ce serait le rêve du souvenir.
L'homme fit un geste théâtral, et disparu. À sa place, proche de Lorenzo, un autre homme apparu. Cet homme, c'est celui qu'il avait vu dans son cercueil la journée précédente. Tué par les Kartiens.
Ce n'est pas moi qui vous ait tué.
Et toujours, cette phrase. Qu'il répétait sans cesse. La même phrase, qu'il disait à chaque nouvelle victime. Et pourtant, cela ne fonctionnait pas.
Pourquoi ?
Et le même écho, le même murmure, qui sortait de la bouche des victimes. La même question, répétée milles fois, jamais répondue. Lorenzo n'y pouvait rien. C'était comme ça, il fallait laisser le rêve se dérouler.
Quelqu'un d'autre apparu, puis un autre, puis encore un autre. La plupart n'avaient même pas de visages, mais Lorenzo savait qui ils étaient. Leurs uniformes ne mentaient pas. Il furent des dizaines, des centaines, puis des milliers. Tous, avec une seule question à la bouche.
Pourquoi ?
Pourquoi ?
Pourquoi ?
Lorenzo savait qu'il ne pouvait lutter contre cela. Contre beaucoup de choses, oui, mais pas contre ça. Il repensa à l'homme qui était lui, qui initiait toujours le rêve. Qui était-il ? Que lui voulait-il ? Pourquoi lui faisait-il subir ça ? Car Lorenzo n'avait pas de doutes. Cet homme quel qu'il était, lui faisait subir cela. Il ne parvenait pas à l'expliquer.
Il s'agenouilla, portant ses mains à sa tête. Jamais les défunts qui le hantait s'arrêteraient.
Toujours la même question, posé et reposé, sans jamais de réponse.
Pourquoi ?
Pourquoi ?
Pourquoi !
Puis, plus un bruit. Lorenzo retira ses mains de son visage. Le décor avait changé. Et d'un coup, le son changa également. Les explosions et les rafales de mitrailleuses emplirent l'espace, tandis que Lorenzo se retrouvait avec un fusil dans les mains. Il était encore à genoux. Il se rappelais toujours de ce jour, après le rêve. Pourquoi ? Il n'en savait rien. Il leva les yeux, et il le vit. Celui qui avait failli mettre fin à sa vie, à lui, Lorenzo. Cet homme, pas plus vieux que lui, seulement séparé par une appartenance à un autre camp. Il revit encore une fois ces yeux. Ces yeux vides, qui avaient vu l'horreur de la guerre. D'une guerre que lui, Lorenzo, avait déclenché. L'homme leva son arme, la pointant vers Lorenzo. Des années après, il attendait encore la détonation.
Elle ne vint toujours pas, lorsqu'il vit l'homme tomber sur le sol. À deux doigts de le prendre lui, la mort avait décidé de changer de victime. Le rêve se brouilla.
Lorenzo se leva d'un coup, transpirant dans son lit.
Putain de merde.
Il se frotta le visage, avant de regarder l'heure. Bon sang, il était encore tôt. Et il n'allait pas réussir à se rendormir, il le savait.
Il se leva, bien décidé à occuper sa nuit par quelque chose, maintenant qu'il était réveillé. Autant tenir une fois de plus ce rêve à distance.
Il allait sortir, quand quelque chose finit par le retenir. Sa fille se mit à pleurer dans son petit lit.
Allons bon.
Aube n'était pas là, elle était en mission, en mer. Il lui échouait donc la tâche de la garder et de s'en occuper. Il ne voulait pas laisser ça à quelqu'un d'autre, tout d'abord parce que c'était sa fille, et ensuite, parce que ce serait plus simple pour ses ennemis de lui retirer. Il ne tenait absolument pas à ce que cela arrive.
Il s'approcha du lit de sa fille, et la prit dans se bras, la berçant et la rassurant. Elle aurait bientôt un an. Dans quelques mois. C'était fou, tout de même, toute la difficulté qu'il fallait pour que la vie naisse, alors que c'était si simple de la perdre. Sa fille finit par s'assoupir, et il décida de la coucher dans son lit à lui, avant de se mettre à ses côtés, veillant sur elle. Et pour une fois, il parvint à s'endormir après le rêve du souvenir.
Avant de s'assoupir, il eut une dernière pensée. Il allait avoir besoin de vacances.