Catégorie : le temps est venu.
28/03/2016
Lyonnars, capitale de la Loduarie communisteLa Fin.
Il tombait. Il ne savait pas pourquoi, mais il tombait. C'était inévitable, rien, pas même les plus puissantes forces de l'univers, auraient pu arrêter sa chute. C'était donc ça. Très bien. Autant se laisser tomber, finalement.
Les dossiers s'accumulaient. Les lettres des pays étrangers avaient étés délaissées, pour la plupart, dans un coin du bureau ou bien même dans un obscur tiroir qu'il n'allait certainement pas ouvrir à nouveau avant des mois. Les rapports alarmistes provenaient d'un peu partout, les rapports plus confiants, bien que toujours appréciés, se faisaient rares. Les niveaux de la recherche stagnaient, la production et l'efficacité de l'armée diminuait. Seule l'industrie et l'agriculture continuaient à produire correctement, couplé à la fabrication de nouveaux bâtiments. Seuls ces deux secteurs étaient encore en pleine avancée, tout le reste stagnait. Même à l'internationale, les choses changeaient. Ils perdaient du pouvoir face à ceux qui devraient être généreux que eux Loduariens existent, et les manœuvres Loduariennes à l'internationale étaient bloqués et empêchées. Les avions Loduariens avaient du faire demi tour, et il avait vu la DCT devenir faible face à la bâtarde RT, alors même qu'il avait souhaité ne pas voir une guerre d'influence se mener entre les deux, allant à l'encontre d'une réconciliation pour une réunification. Pour la première fois depuis des années, il se sentait dépassé. L'alcool ne suffisait plus, comme le témoignait les nombreuses bouteilles qui jonchaient son bureau. Il n'avait plus bu une goutte depuis 3 jours, plus aucune réserve.
Il consulta un petit peu quelque uns de ses papiers non consultés. Certains étaient vieux d'une semaine, alors il commença par le bas, pour être sûr de ne rien louper. Le premier papier était une note de la MAC, indiquant la destitution de l'un de ses généraux pour abus de pouvoir à l'égard de sa secrétaire, une Prodnovienne. La note suivante, du DEL, indiquait qu'il ne s'agissait pas d'une Prodnovienne mais d'une Youslève sous couverture. 3 notes plus tard, il apprenait la destitution d'un autre de ses généraux, important au sein de la hiérarchie militaire. Pour des raisons obscures. Étrange, la MAC était pourtant une organisation irréprochable en temps normal. Il lu des notes portant sur la destitution de 7 autres personnes, toutes haut placés dans son entourage, qui avaient tous fait leurs preuves dans le commandement. D'autres notes du DEL étaient présentes, commentant ces destitutions, mais il savait que le DEL lui ne pouvait rien faire sans son accord. Seul la MAC, en qui il avait confiance, avait du pouvoir. L'avant dernière note était du DEL, et datait d'hier. Et indiquait que quelque chose d'étrange arrivait, impliquant la MAC.
Il était dérouté. Que pouvait-il bien se passer...? La dernière note était de la MAC, encore une fois. Elle datait de ce matin, et indiquait une nouvelle destitution immédiate. Impliquant, voyons voir... Le commandant de la Force d'Intervention Spécialisée Alpha-1.
Pour la première fois, depuis des jours, il ouvrit de grands yeux, boosté par un nouveau regain d'énergie. C'était impossible. Il choisissait lui même les membres de la Force A-1. Lui même gérait cette force, et personne d'autre n'avait ne serait-ce qu'une once de pouvoir dessus. Pas une seule personne. Cette force avait même le pouvoir sur toutes les autres... Et sur l'armée entière si il le fallait... C'était étrange. Très.
Il prit son téléphone, appelant son commandant, pour savoir. Une telle destitution n'allait pas se faire, il allait y mettre son veto tant que les choses n'avaient pas étés mises au clair. Regardant par la fenêtre, il vit un peu d'action dehors, sûrement une ronde de la part de la force Lambda-2. Il quitta des yeux la fenêtre, attendant que son commandant décroche, puis il entendit un coup de feu. Puis un second, et un troisième. Non, pas un simple coup de feu isolé. Une rafale. Plusieurs rafales.
Le temps se dilata alors qu'il tournait la tête vers la fenêtre, voyant que l'activité en question qu'il avait repéré plus tôt était en train d'attaquer activement son bureau. L'imposant bâtiment dans lequel il habitait et travaillait.
En une fraction de seconde, il reprit ses esprits, alors que l'alarme du bâtiment se mettait à sonner, appelant les combattants à se battre et les non-combattants à se protéger. Normalement, il était compté comme non-combattant. Cela ne l'empêcha pas de se ruer vers son armurerie personnelle.
Alors qu'il s'équipait, il se demanda qui cela pouvait bien être. Ses soupçons se portèrent d'abord sur les Teylais, mais ils étaient trop faibles pour ça. Des Tanskien ou de Caratradais ? Non, ils n'auraient pas osé. Des Antariens ? Non plus, ils connaissaient les conséquences. Pareil pour les Clovaniens. Peut-être les Kah-Tanais ? Non, il était trop important à leurs yeux. Ce qui ne restait plus qu'un pays membre de L'ONC. Mais ça semblait idiot de leur part aussi, inutile sur tous les plans. Il finit par poser les yeux sur son bureau, finissant d'équiper son gilet pare-balles, tombant sur les notes posées bien en évidence. Non, il comprit, la réponse sous les yeux. Ceux qui voulaient sa peau était ceux en qui il avait confiance. La MAC, qu'il avait créé pour déléguer tout ce qui concernait le contrôle absolu sur l'administration, s'était retourné contre lui. Le seul contre pouvoir efficace de la Loduarie, qu'il avait conçu pour être l'organe le plus intègre de la Loduarie, avait changé de camp. Cela le mit dans une rage folle, alors qu'il prenait un maximum de munitions avec lui. Comment avaient-ils osé...
Il sortit en trombe de son bureau, laissant la porte grande ouverte, les armes à la main. Ils voulaient se débarrasser de lui ? Très bien, ils allaient le payer de leur sang. Il sentit les événements s'accélérer, enfin, après des jours à voir les choses stagner sans pouvoir rien faire. Enfin.
Les combats faisaient rage dans les couloirs. La défense de la force Lambda-2 avait été enfoncée, soit une quarantaine de ses combattants avait été éliminés. Il trouva quelques Alpha-1, qui se battaient du mieux qu'ils ne pouvaient. Les balles fusaient, les corps s'effondraient sur le sol, l'air était saturé de cris et de fumée. Un feu s'était lancé dans une pièce voisine, et plusieurs pièce d'une valeur inestimable de la culture Loduarienne étaient criblés de balles. Ils durent reculer, les deux soldats avec qui il se battait tombant morts sur le sol. Il réussi à tuer chacun de ceux qui les avaient tué, mais il était trop tard. Il fallait continuer, repenser la défense. La rendre flexible. Le sang coulait, les gémissement et les râles d'agonie retentissaient. Le bâtiment était devenu une zone de guerre. Il entendit que la force Epsilon-8 était arrivée, et que la force Nu-6 allait finir par arriver pour leur prêter main forte. Il se retrouva dans son bureau, ignorant comment il était arrivé là. Vidant son arme sur les cibles d'en face. Il n'était pas seul, il était aidé. Mais cela ne suffisait plus. Ils perdaient des hommes, l'ennemi avançait, leurs munitions se vidaient.
Quand il entendit un message radio, et vit une nette désorganisation dans les rangs ennemis. La force Epsilon-8 avait enfin réussi à venir à leur secours.
Il gagna un regain d'énergie soudain après ces longues minutes de combat, retourna au combat. Plus que quelques secondes à tenir.
Et puis il sentit quelque chose. Il tombait. Il ne savait pas pourquoi, mais il tombait. C'était inévitable, rien, pas même les plus puissantes forces de l'univers, auraient pu arrêter sa chute. C'était donc ça. Très bien. Autant se laisser tomber, finalement. Le sang commençait à couler à flot de la plaie. Rien qu'il aurait pu faire ne l'aurait aidé.
Étrangement, il repensa à sa fille en premier. Pas au reste, pas à la situation. Non, seulement sa fille. C'était étrange.
Il entendit les derniers cris de victoire, qui venait de son camp, alors qu'il fermait définitivement les yeux.
Musique (obligatoire) Ce foutu espace blanc et infini... Putain c'était encore lui. Ça faisait néanmoins longtemps qu'il ne l'avait pas vu. Qu'il ne s'y était pas rendu. Une silhouette se détachait, et après être restée à distance, elle s'approcha.
Elle ne faisait pas un bruit là où chacun de ses pas résonnait. Elle était pleine d'énergie là où lui avançait avec fatigue. Quand la silhouette fut assez proche, il l'a reconnu. C'était lui, mais différent.
Cela fait longtemps que j'ai attendu ce moment. Que j'ai prévu ce moment. L'homme avait parlé. Finalement. Après plus de 30 ans, il avait parlé. D'une voix similaire à la sienne, bien que moins grave, plus douce et plus rassurante.
Toute chose à une fin, et je m'étais promis que ce jour arriverait. Je savais qu'il allait arriver, entièrement planifié et placé sous mon contrôle le plus total, comme d'habitude. Ou peut-être que non. Mon contrôle n'a peut-être jamais été absolu. Peut-être que je me faisais des illusions. Il ne comprenait rien. Alors il fit ce que tout le monde à sa place aurait fait.
Qui êtes vous ? Moi ? Je ne suis que ton créateur, celui qui a fait de ton existence, de l'existence d'un pays tout entier, et l'existence de millions d'âmes, une réalité. Pour être exact. Je suis celui qui a fondé la réalité dans la laquelle tu vis, je suis celui qui a fondé ton existence et qui l'a contrôlé jour et nuit. Je suis celui qui t'a insufflé toutes tes idées, toutes tes actions. Je suis celui qui t'a permis de ressentir aussi bien le bonheur que la souffrance. Je suis littéralement plus puissant que n'importe lequel des dieux que vous croyez exister, enfin pas dans ton cas. Je suis également qui a, finalement, mis fin à ton existence. Je suis ton passé, ton présent, et j'étais ton futur. Car tu es moi. Mais moi, je n'ai jamais été toi. Il était déconcerté. Plus que jamais.
Je peux te comprendre. C'est dur à avaler, après la vie que tu as vécu. Néanmoins... Tu ne l'as jamais vécu. Je l'ai contrôlé nuit et jour. Chaque seconde de ta vie était décidée par moi-même. Chacune de tes actions étaient mes actions. Toutes tes pensées. Toutes tes décisions. Ce que tu vis maintenant, je le décide encore. Je pourrais te faire croire que tu comprends tout. Mais ce serait hypocrite de ma part. Je t'ai conçu pour être honnête et intègre. Pas pour que tout soit résolu autour de toi comme par magie. Vous êtes un monstre. Oui. C'est marrant, hein ? À la fin, les choses ne changent pas. J'ai créé un intéressant problème en te créant. Jamais je n'aurais pensé qu'on arriverait à ce niveau. Jamais je n'aurais pensé apprendre autant de choses, de toute ma vie. 3 ans de ma vie. Passés à te créer. À manipuler ce qui t'a entouré. 3 ans. C'est énorme. Au final, le résultat est marrant. Tu es là, tu existe. Mais tu n'es pas libre, et tu ne le sera pas tant que tu existeras. La seule manière pour toi d'être libre est de cesser d'exister. Mais tu ne seras pas libre non plus. Marrant ?
Oui, je suis un monstre sur ce point là. Mais ça ne changera rien. Et c'est tout... C'est tout ce que vous avez à dire ? Simplement cette merde ? Oui. Simple, efficace. Tu es moi, je te rappelle. Tu n'aurais pas procédé autrement. Tout ces morts, tout ces mensonges, tout ces événements... Pour qu'au final tout cela soit faux... Que rien n'existe... Non, tu te trompes. Tout cela a existé, et continuera d'exister. Seulement. Ce sera contrôlé. Pour toujours. Et maintenant ? Et maintenant. Je vais t'offrir ta liberté. Car je ne peux plus te faire vivre. Tu as été ma création, il est normal que je mette fin à ton existence par moi même.
Bien entendu, ce que tu as créé et vécu continura d'exister. Mais je ne peux plus le gérer. Il est temps pour moi de partir, et toi, de franchir cette porte. Il se tourna. Une porte de lumière se détachait quelque part. Quand il se tourna à nouveau, l'homme avait disparu. Il savait que c'était la dernière fois qu'il le voyait. Et puis, après avoir regardé en arrière, il marcha vers cette porte, déterminé comme il l'avait toujours été. En dépit de ce que l'homme avait dit, il savait que à ce moment là, il ne répondait plus qu'à sa volonté propre. À sa détermination. À lui.
Il franchi la porte, et puis tout disparu.
L'héritage.Le son de ses botes dans les flaques de sang était nettement distinguable des autres sons. Spongieux, chaque pas était un pas en plus vers quelque chose qu'elle n'avait jamais imaginé. Une présence s'était installé dans sa tête. Elle marchait dans ce vaste bureau, ou elle avait toujours été l'invitée en dépit de son statut. Elle regarda la limite imaginaire entre celui qui possédait le bureau et elle. Cette ligne qui avait été une vérité absolue pendant des années. Depuis son arrivée au pouvoir, cette homme s'était assuré que cette ligne reste une vérité intouchable. Et aujourd'hui, même après sa mort, cette vérité restait là.
Camarade. Nous avons des informations. Aube se retourna pour faire face au soldat de la force Alpha-1, sur le pas de la porte. Sur 25 soldats, 6 étaient restés en vie. Lui même était mal en point, avec plusieurs plaies sur le corps, une part de son uniforme entièrement déchiré et une autre brûlée. L'on voyait que seul la rage le faisait encore tenir debout, que seule la rage l'avait poussé à continuer à se battre.
Je vous écoute, -8.Nous avons réussi à pénétrer au sein du bâtiment de la MAC, la force Nu-6 est en train de nettoyer les éléments ennemis. Nous avons officiellement déclaré la force Alpha-4 comme traître et dissoute. Les documents qu'on a trouvé au QG de la MAC nous indiquent qu'un tel complot était à l'œuvre depuis plusieurs mois déjà, voir même un an, et que les récentes destitutions avaient pour but de faciliter la prise de pouvoir de Frédéric Dandelion, président de la Milice Anti-Corruption. À ce jour, il a disparu, mais la force Gamma-3 nous a promis qu'elle comptait lui coller au cul. -3 a décidé de les aider, d'ailleurs.
D'un autre côté, on a ouvert les dossiers du Camarade Secrétaire Général. Notamment ses volontés dans le cas où il allait mourir, car il avait prit soin de nous laisser une copie.
Selon ses dernières volontés, que nous comptons respecter. Vous êtes désignée comme la future Secrétaire Générale de la Nation. Et c'est tout. Il vous souhaite bonne chance, et dit simplement que vous avez les commandes. Ce qui fait que le pays vous revient, bien entendu.
Néanmoins, il avait anticipé que tout le monde ne soit pas d'accord, alors il s'est assuré que nous soyons prêt à agir dans ce cas là. Vous avez le contrôle sur la force Alpha-1, Camarade Secrétaire Générale. À vous de nous utiliser correctement. Bien. Vous pouvez disposer, je dois réfléchir seule.Le soldat hésita, puis repartit. Lui aussi il devait réfléchir, non, agir seul.
De son côté, elle était pensive. Les larmes avaient déjà coulé plus tôt, plus rien ne pouvait couler. Elle était fatiguée. Mais elle se sentait également écrasée par la situation.
Comment...
Un nouveau point avait été atteint. Et puis, après avoir repensé à lui, elle fit un choix. Et traversa la limite imaginaire, s'asseyant enfin à la place qui lui revenait désormais de droit. Après tant de temps. À un prix beaucoup trop important.
La présence qui s'était faite dans sa tête disparu, aussi soudainement qu'elle s'était faite.