09/08/2014
14:05:12
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Activités étrangères en Sylva - Page 3

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FREEEDOOOOOOM !!!




grg


La nouvelle de l'arrestation de plusieurs membres de la communauté des biaggistes libertariens de Pointe-Mogan n'aura pas mis longtemps à mettre le feu aux poudres parmi cette dernière. Quelques heures à peine après la saisie des armes et de ces militants, les réactions ont été pour le moins virulentes. Les protestataires ont rapidement fait monter colère les crescendo en les alimentant d'eux même dans une escalade verbale impressionnante. Dans un premier temps, c'est le survivaliste Laro Fibolacci qui harangua ses compères du scandale de la situation:
- Voyez donc ! Voyez donc que ces socialistes qui nous persécutaient à Velsna en nous harcelant à coup de flat tax à 10% qui sont de retour ! Hier, c'était les agents de la municipalité qui nous disaient de payer pour l'entretien de la caserne de pompiers, aujourd'hui, on a nié à des citoyens le droit élémentaire de pourvoir à leur défense, et demain, qu'est ce qui se passera ? On nous forcera à prendre des cartes au PEV et on apprendra à nos enfants à parler le syncrétique kah-tanais ? Tout ça parce que quelques uns d'entre nous ont jugé que faire ses courses en étant armé pour sa défense était mal !

Je vais vous dire: Sylva est gouverné en sous mains par des communistes ! Les mêmes qui contrôlent Velsna ! Sylva a basculé du côté du socialisme le jour où ils ont jugé bon de nous priver de notre droit le plus naturel: celui de nous défendre contre les rouges qui sont à deux pas de là ! *il pointe du doigt la direction du phalanstère du Grand Kah*. Je propose ainsi que nous quittions Pointe Mogan pour nous installer plus loin dans la mangrove, là où pourrons installer une défense contre ses voleurs de calibre 50."

Conséquence: si l'afflux de libertariens à Sylva devrait cesser, ceux sur place refusent de partir et partent fonder leur propre communauté autonome, qui n'est en réalité éloignée de Pointe Mogan que de quelques kilomètres, la région étant connue pour accueillir plusieurs espèces endémiques de jaguars. Ces derniers seraient en possession d'un arsenal relativement impressionnant comparativement à la faiblesse de leur nombre. Ceux-ci n'ont pas hésité à menacer tout éventuel agresseur, en arguant le fait qu'ils pourraient être capables d'attaquer le phalanstère libertaire voisin à l'aide du char d'assaut mk3 en leur possession si les forces de l’État profond sous le contrôle du Grand Kah et du PEV s’évertuait à les persécuter.
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Pointe-Mogan: Interview exclusive d'un membre de la communauté




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Pointe-Mogan. Si vous suivez régulièrement les médias libéraux de notre cité, vous avez sans doute déjà entendu parler de ce nom. Cela fait désormais quelques mois qu’une petite communauté libertarienne expérimentale y a élu domicile, dans le Duché de Sylva. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le courant entre les libertariens et les locaux n’est pas forcément passé. Nous avons envoyé nos équipes sur place pour tenter d’y trouver des réponses. Voici donc un résumé de l’interview que nous avons pu faire avec l’un des habitants de cette communauté : Laurenti Paoli, 44 ans. Ce dernier s’est présenté à nous en tant qu’expert en arts martiaux, maître de ce qu’il appelle le « Lao-Tsa », une antique discipline ancestrale rapportée (selon lui) du Nazum. Cet ancien globe-trotter s’est alors embarqué dans cette expérience sociale inédite, il nous en explique également les raisons.


- Journaliste : Bonjour Laurenti, tout d’abord permettez moi je vous poser cette question : qu’est-ce qui vous a poussé à laisser tomber votre ancienne vie pour adhérer à ce projet ?

- Paoli : En tant que pratiquant fervent de méditation transcendantale, disons que je ne crois pas aux coïncidences. Tout sur la Terre, sur la vie, sur l’univers…tout a une raison, et toutes ces raisons sont d’autant plus de messages que « la vie t’envoie. Pour prendre conscience de cela, il faut être aware, il faut avoir la lucidité de se rendre compte qu’on est sur la mauvaise voie. Et pour moi, le réveil a eu lieu lorsque j’ai reçu l’appel d’un homme d’affaires…une vraie movie star quasiment, Toni machin. Il m’a dit : « Si tu aides pas les gens de Point Mogan, jamais tu ne te sentiras aussi bien dans ta peau. » Il ne m’a pas proposé d’argent, il ne m’a pas proposé de maison, il m’a juste dit que ces gens avaient besoin de moi. Ai début j’ai cru à une blague, j’ai dit que je le recontacterai et j’ai raccroché. Et là, la lucidité m’est revenue dans un rêve la nuit même. J’endors tranquille, et là je me retrouve au beau milieu du dojo de mon ancien maître de Lao-Tsa, dans l’Empire Xin. Mon maître est en face de moi et il me dit : « Laurenti : ceux que tu aides t’aideront toujours en retour, sinon la vie te rattrapera comme le serpent d’enroule autour de la souris. Alors je suis venu, et quand je suis arrivé je n’ai pas été déçu. J’ai rencontré une troupe de personnes dans les énergies étaient très positives. Et beaucoup plus négatif chez les sylvois et les sylvoises en revanche.

- Journaliste : ….Intéressant. Et sur place, comment rendez vous service à votre communauté d’adoption ?

- Paoli : Beaucoup de choses. Mes compétences en Lao-Tsa m’ont permis de déceler beaucoup de détresse chez certains. Ils avaient peur que l’on s’en prenne à leurs propriétés qu’ils disaient, ça et que des socialistes étaient après eux. Et je ne peux jamais résister à me dresser contre l’injustice. Alors tous les lundis au sein de la communauté, je commence par leur faire un cours de méditation transcendantale, histoire d’ouvrir un peu leurs chakras. Et à la fin du cours, vous pouvez vérifier hein, ils me disent qu’ils n’ont plus peur de rien. C’est ce que permet la médiation : se détacher complètement de toutes ses inquiétudes jusqu’à la semaine suivante, et on recommence le cycle jusqu’à ce que mes élèves soient devenus aware. C’est ça être aware. Mais cela ne suffit pas. Certains ont toujours peur des socialistes après ça…alors il faut aller plus loin. Et pour ceux là je propose tout simplement des cours de Lao-Tsa. En fait c’est partie d’une réflexion que je me suis fait avec un autre habitant de la communauté. Il se plaignait qu’on lui enlève ses armes. Alors je lui ai juste répondu : « Tu n’as pas besoin d’arme pour te défendre, ton corps est une arme. ». Et c’est là que tout à commencer, et depuis j’ai de plus en plus de disciples qui viennent me voir avec la même inquiétude. Ils ont peur des sylvois. Alors je fais du mieux de mon possible pour les former à l’art martial que j’ai appris il y a des années dans le Nazum. Ça et la méditation et on se retrouve avec des gens qui ont un très bon équilibre intérieur.

- Journaliste : Et quelles sont vos relations avec les sylvois depuis le début ?

- Paoli : Difficiles je dois dire. En fait je pense qu’il manque vraiment quelque chose chez ces gens-là. Au début, les autres de la communauté m’ont juste dit qu’ils étaient socialistes ou communistes. Moi je ne savais pas ce c’était que ce truc-là, et pour être honnête je ne le sais toujours pas. En revanche, ce que je sais, c’est que ça génère chez eux de très mauvaises énergies. Je l’ai bien senti : ils sont agressifs, ils ont peur de la lucidité que j’enseigne à mes élèves. De leur prise de conscience. Ils ne sont pas aware. Je ne sais pas si vous vous rendez compte de ce que je veux dire. Il…il leur manque un truc à ces gens-là, le sentiment de liberté sans doute. C’est comme une anecdote que j’ai…je sais pas si je devrais vous la raconter.

- Journaliste : Mais je vous en prie, je suis sûr que ça va en valoir la peine.

- Paoli : Ok. Alors je m’en vais de la communauté pour m’acheter du matos de gym et des protéines. C’est important ça, les protéines. Et là, il y a une voiture de policiers qui me fait signe de me ranger. Je me range, ok, c’est normal même si ça génère des énergies négatives. Le policier se porte jusqu’à ma voiture et me fait signe de sortir, je le fais. Il me demande pourquoi à mon avis il m’a fait arrêter. Je fais « Non monsieur l’agent, je me fie juste à mes instincts et mon chakra. ». Il commence à me regarder bizarrement et me dit juste « Vous êtes en excès de vitesse, 30 km/h au-dessus de la limitation de la route. ». Je sais pas si vous vous rendez compte que j’étais tellement en paix avec moi-même que je me suis pas rendu compte que j’étais rapide à ce point, ça c’est la magie du Lao-Tsa.
Donc là, vu que je sens qu’intérieurement il n’est pas dans sa journée, j’essaie de l’impressionner en lui montrant en quoi consiste le Lao-Tsa. Je vois qu’il a une clope au bec, et la cigarette, ça c’est poison. Alors d’une pierre deux coups, hop, coup de pied retourné. Pas pour le frapper non, un retourné qui lui effleure le visage et qui happe la cigarette. Comme ça, TCHAC ! C’est ça le Lao-Tsa, la précision au millimètre. Bon là, je croyais l’avoir impressionné le type, comme tout le monde. D’habitude à Velsna, quand je fais ça, tout le monde fait « Wah comment t’as fait ça Laurenti !? ». Mais là, bizarrement, ça a mis en exergue toute son énergie négative. Il est devenu complètement hystérique et a commencé à me menacer en sortant ses menottes. Là je comprends qu’il a été submergé par son propre chakra. Il faut que j’agisse vite. Là je sors le fameux pied-bouche de Lao-Tsa, et il tombe comme une pierre.
Cette anecdote peut paraître complètement…comment vous dites…

- Journaliste : Triviale ?

- Paoli : Ouais voilà. En fait je pense que cette histoire met bien en évidence le fait que les gens de ce pays…ils ont encore beaucoup de chemin à faire avant de découvrir la tranquillité d’esprit. Il y a pas mal de monde à la communauté qui disent que les ondes sont émises par les communistes du phalanstère. Moi j’peux pas le dire, je suis spécialiste en politique, mais il y a des gens de la communauté qui s’intéressent beaucoup à ça, et qui le pensent. Or, moi je crois en deux choses : ma propre volonté au travers de préceptes de Lao-Tsa, et la science. Vous ne me verrez jamais parler de choses que je maîtrise pas moi-même, précepte numéro 21 de Lao-Tsa.

- Journaliste. Je vois…eh bien merci d’avoir accepté cette interview, cela nous éclaire à coup sûr…davantage sur la situation.

- Paoli : Y’a pas de quoi. Et n’oubliez pas de garder votre énergie positive pour vos propres combats.


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Entraînement au pied-bouche de Paoli
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Jaguar et dragon : vous ne volerez pas notre liberté !



Il était désormais clair que les pouvoirs de Sylva, (sans doute) aux mains du communisme mondial et des lobbies pharmaceutiques (par l’intermédiaire des phalanstères kah tanais, (sans doute, encore une fois) brûlaient d’envie d’en découdre avec les forces de la liberté absolue qu’étaient les libertariens de Pointe-Mogan. Ce groupe d’irréductibles, et sa liberté d’expression et de pensée complète, constituait de toute évidence un contre-pouvoir trop effrayant pour le régime totalitaire en place. Oui vraiment, l’étatisme avait très probablement bien trop empoisonner les esprits pour que les deux camps connaissent des chances de réconciliation. C’était du moins ce que pensait Helmut Gruber. Cet ancien mercenaire raskenois, vétéran de la guerre civile velsnienne, avait trouvé une nouvelle voie à son arrivée à Pointe Mogan. Naturalisé velsnien, sa vie devait être faite de paix et de sérénité, en harmonie avec la mangrove et la jungle sylvoise. Lui, sa mitrailleuse de quinze kilos et toute une forêt à tronçonner pour en revendre le bois. Petit à petit, il était devenu le meneur de ce que les autres libertariens qualifiaient de survivalistes. Ce groupe était certainement le plus isolé (et le mieux armé). La survie de Pointe Mogan jusqu’à ce point était avant tout du fait de la persévérance de ce groupe d’endurcis et amoureux de la liberté. Mais progressivement, les relations s’étaient dégradées entre Gruber et les locaux.

Le quotidien de Gruber

En premier lieu, il y eu le fameux incident de la scierie de Pointe Mogan. Alors qu’il était en train de poncer du bois, les autorités locales le prirent une première fois à partie. En effet, ceux-ci rapportèrent une plainte de divers propriétaires terriens l’accusant de saccage de propriété. Gruber, aidé de quelques mains (mais surtout lui), avait procédé à la découpe de quelques 7 hectares de bois, qui en réalité étaient situés sur des terrains privés. Gruber rétorqua alors que Sylva était un pays libre, et qu’il était dans son bon droit de se procurer ce dont la nature lui avait disposé. Les policiers lui riaient au nez, moqueurs, et il fut condamné à une amende lourde qui le laissa en faillite, sauvé in extrémis par des dons du reste de la communauté. Ensuite, il fut expulsé de Pointe-Mogan en compagnie des libertariens les plus irréductibles, réduit à déplacer la communauté de plusieurs kilomètres. On lui confisqua une partie de son arsenal, celui qu’il n’avait pas eu le temps d’emporter avec lui : 200 mines anti personnelles, sept mitrailleuses, trois lance-roquettes, 35 armes légères de tout calibre (environ 15% de sa collection). Cette fois, cela en était trop. Les communistes avaient dépassé les bornes. Gruber rejoignit alors le seul homme autre que lui qui pourrait fédérer cette petite communauté, et avec qui il pourrait concocter un plan afin de se prémunir de l’arrivée du pouvoir des sylvois rouges : le maître de Lao-Tsa, Paoli en personne. Une diversion contre d’éventuels agresseurs…et aucune défense n’était meilleure que l’attaque.
Le plan était simple (Gruber l’avait dessiné dans la terre avec un bâton) : les libertariens allaient se diviser en trois groupes. Le premier groupe, constitué des en autre des karatékas de Paoli, allait subir l’assaut éventuel contre la communauté proprement dite, tandis que les survivalistes allaient s’engager sur la route de Pointe Mogan avec leur arme secrète : un char d’assaut mk2 , qui était supposé attirer le feu. Ces manœuvres n’étaient que des diversions afin que les libertariens puissent se porter sur l’antre du mal : le phalanstère, centre supposé de l’influence communiste à partir duquel le Duché de Sylva avait été contaminé. Mais des contrariétés allaient perturber ce plan bien ficelé par les deux hommes.

En effet, les sylvois usaient nombre de ruse, et certains des libertariens n’ont appréhendé que trop tard l’une d’entre elles. Des sympathisants sylvois s’étaient intégré à la communauté, bien que les survivalistes et les élèves de Paoli se tenaient éloignés d’eux. N’étant pas armés, ils étaient donc une source de méfiance, car qui pourrait bien défendre sa liberté en étant pas armé ? Ainsi, les éléments les plus isolationnistes ne participèrent pas à la sauterie donnée par ces derniers : les « Paolistes » car l’alcool contenait selon le karateka légendaire une grande quantité d’énergie négative, et enivrait les sens d’une bien mauvaise manière. Quant aux survivalistes, ils menacèrent purement et simplement les sylvois de ne pas approcher de leur secteur forestier. Chez les autres…le planteur était fort puissant et en neutralisa certains comme prévu. La défense du camp allait se révéler plus compliquée que prévu. Le reste du plan quant à lui, n’était pas véritablement mis en danger.

Les sylvois eurent la main lourde, l’assaut fut violent, mais n’empêcha pas les libertariens de suivre le leur. En effet, Gruber s’était déjà éclipsé, les le char avait déjà quitté les lieux avec son escorte. Il fallait débarrasser Sylva du socialisme. Gruber se servit un canoé pour descendre une ravine jusqu’au phalanstère. Il pouvait désormais les observer de loin, dans la nuit. Armé d’une dizaine d’armes de poings toutes pendues à sa ceinture, d’une mitrailleuse, d’un lance-roquette et d’un mortier, seul contre un empire ! Regardez les…eux qui cultivent l’artichaut sans OGM…répugnant. Eux qui organisent des assemblées autogérées pour connaître la suite de leurs plans d’asservissement des locaux…BEURK. Ils étaient très doués pour faire croire au monde qu’ils n’étaient que de simples cultivateurs. Mais bientôt, son assaut serait donné sur ces potagers…reste à savoir ce que ferait Sylva
.

En route pour le Phalanstère


Effectifs des libertariens (vingt libertariens ont été neutralisés par le planteur):
- 180 armes légères lvl 10 (dont 30 élèves de l'école du sensei Paoli, dont les compétences en arts martiaux valent bien un lvl10)
- 30 mortier lvl 6
- 30 mitrailleuses lvl7
- 30 lance roquettes lvl5
- 50 lance-missiles anti chars lvl5
- 1 char d'assaut lvl3
- 100 mines antipersonnelles
- Helmut Gruber (équivalent de 40 armes légères lvl10)
- Grand sensei Paoli de l'école du Lao-Tsa (équivalent de 30 armes légères lvl10)
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Au profit des évacuations

Les kah-tanais se considéraient comme de bons citoyens. C'était l'une de leurs forces : ils ne faisaient pas du caractère révolutionnaire de leur pensée un fait esthétique et savaient parfaitement naviguer entre le raisonnable et l'insurrectionnel en fonction de l'occasion et du moment. Ainsi, quand le gouvernement ducal leur avait intimé l'ordre d'évacuer leurs phalanstères, on avait immédiatement décidé de s'exécuter, et ce sans esclandre : le gouvernement local affirmait pouvoir fournir gardes pour protéger les plantations, et habitations temporaires pour les évacués. Les journalistes proches des milieux de gauche et d'expatriés publièrent quelques commentaires aimables sur l'administration et en restèrent d'abord là.

C'est que l'évènement était pour le moins inhabituel et qu'on ne pouvait totalement l'exploiter sans réfléchir à ses implications, lesquelles n'allaient pas nécessairement de soi, surtout en cette période électorale. Après quelques jours, le temps que chacun prenne ses aises dans les logements sociaux, chambres d'hôtel et cabanons que l'on avait prêté en urgence aux agriculteurs, on avait enfin trouvé une approche cohérente pour traiter la question, jouant pour ce faire sur l’une des stratégies déjà bien déployée par les kah-tanais : celle de la normalisation.

En effet c’était l’une des grandes qualités de l’Union : elle était un régime que l’on avait beaucoup de mal à visualiser, certes, mais qu’une présence excessive dans les milieux culturels, diplomatiques, touristiques et économiques avait rendue acceptable auprès des pans entiers de la population mondiale. Les corporations comprenaient qu’il y avait du bon à faire affaire avec ses entreprises interfaces, même si celles-là travaillaient à subvertir le capitalisme mondial, et les populations civiles trouvaient sa musique, sa littérature, son cinéma, ses séries, ses jeux vidéos, l’ensemble de son être culturel des plus charmants. Les jeunes, notamment, étaient particulièrement sensibles aux charmes high-tech et décontractés du « cool kah-tanais ». Ainsi donc, si le communalisme n’était pas la réalité concrète de la majorité de la population mondiale, celle-là pouvait visualiser assez clairement la société civile qui en émanait, laquelle semblait heureuse, bien éduquée et globalement aimable. Une différence majeure avec les austères mouvements eurycommunistes, notamment, lesquels faisaient de l’usage de la force et de la confrontation armée à tous les niveaux leur seule véritable caractéristique notable. Les kah-tanais, parce qu’ils étaient profondément démocrates, n’avaient pas à cacher leurs impuissances sous de faux airs et de la censure. Et s’ils visaient bien la révolution, la confrontation pour les droits, les grèves, les actions civiques, les luttes diverses pour les droits et tous et de chacun, ils le faisaient sous un modèle dit « autochtone », non pas dans le sens paltoterran, mais dans le sens où il s’appuyait sur les initiatives de la société civile et sur les priorités que celle-là donnait. On ne cherchait pas à créer une masse anonymisée de kah-tanais modèles, mais bien à cultiver les dizaines, centaines de mouvements locaux et à les rassembler au sein d’une impressionnante intersectionnelle, laquelle finirait par devenir communaliste par la force de l’organisation et de l’hégémonie culturelle.

En bref, les kah-tanais faisaient la grève, mais avec le sourire, et quand ils le souhaitaient. Ce qui changeait beaucoup de chose. Et aux yeux d’une masse importante, sinon critique, de la population mondiale, cela faisait une grande différence. Cette multipolarité permettait aussi au mouvement de toucher tous les milieux en dispersant son existence au sein de différentes cellules, lesquelles pouvaient s’adresser à plusieurs publics. Draguer les autonomistes d’une part, les radicaux révolutionnaires de l’autre, former un front syndical et expliquer aux ouvriers les bases de la pensée économique matérialiste de l’autre.

La normalisation, qui visait tant à faire accepter cette réalité qu’à la rendre tolérable à une époque d’hypermédiatisation du tout, les différenciait ainsi totalement de leurs rivaux du moment, les biaggistes, lesquels passaient pour des malades généreusement dotés en bêtise.

Donc ? Donc les kah-tanais et les sylvois des phalanstères – lesquels avaient depuis peu dépassés en nombre les expatriés – firent ce qu’un civil normal aurait fait à leur place. Ils pleurèrent et ironisèrent dans les médis. Ils se sentaient menacés. Menacés par ces libertariens en arme, oui, mais pas que. Comment avaient-ils pu entrer avec des armes dans le pays ? Et pourquoi les avait-on laissés faire si longtemps ? Quelques-uns, sur les réseaux sociaux ou au détour de discussions, envisageaient sérieusement que quelque chose, dans le duché, avait dysfonctionné afin de nuire aux phalanstères. On craignait plus généralement que cette violence politique de droite libérale ne fasse pas des émules ailleurs. Avait-on vraiment besoin de communaterrans-libéraux à Sylva ? Vraiment ?

Cette occasion inespérée de briller sur le dos d’une actualité discutable fut aussi exploitée afin de mettre en avant l’attrait et les intérêts des phalanstères. Jouant sur les liens tissés avec les communautés locales au cours de plusieurs années d’implantation économique et associative, on mobilisé ce qu’ils comptaient d’alliés : clubs sportifs et de hobbys, petites entreprises locales, groupes féministes ou anti-racistes, soupes populaires, on fit des interviews, des émissions, on fit venir des influenceurs de tout le pays pour parler de la vie communale, la coopération, l’égalité dans les prises de décision, le caractère détendu et agréable d’une vie au sein des coopératives. L’impact sur les communautés locales fut aussi largement documenté : création d’associations et d’empois, formation de jeunes à des métiers et activités pratiques, légère embellie économie, traversée de la crise de brouette sur un modèle de troc et de partage basé sur les notions d’entre-aide et de fonds mutuels. Le communalisme était non-seulement compatible avec Sylva, comme le démontrait déjà l’existence des camarades collectiviste, mais apportait un véritable plus aux régions frontalières à ces expérimentations. Les kah-tanais, surfant sur la vague, se présentaient ainsi comme les courageuses victimes d’un mouvement terroriste qui, attendant que le gouvernement leur permette de rentrer chez eux, faisaient contre mauvaise fortune bon cœur. Un traitement opportuniste mais pas dénué de sincérité en ça que pour quelques militants actifs, la plupart des kah-tanais et de leurs camarades étaient très sincèrement là pour cultiver la terre, vivre en communauté et s’extraire de l’aliénation capitalistique. Le déplacement avait été un vrai choc, pour eux.

Se tenant aussi éloignée que possible de la situation, le Grand Kah se contenta de remercier le Duché de Sylva pour la bonne prise en charge de ses ressortissants et informa les autorités qu’il se tenait à sa disposition pour, par exemple, financer une partie de la compensation due au déplacement. Dans l’ensemble on insista cependant sur la pleine confiance dont jouissait l’administration locale.

Sylva était un pays allié et, au-delà de ça, une nation que l’on voulait considérer comme sœur. Elle aurait droit à ses réformes. La révolution et ses violences viendrait d’elle-même ou ne viendrait pas, mais on ne la provoquait que chez nos ennemis.

Du reste on ignorait à ce stade qu'un surhomme surarmé s'apprêtait à mener - seul - le siège des coopératives.
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Toni Herdonia: Sylva ne répond plus




Chaleur à la con... Lunettes de soleil sur le nez, air pédant et cure-dent à la bouche, on aurait pas pu faire plus facilement repérable que le nouvel "ambassadeur de Velsna pour le pays du rhum". Le jeune sénateur et chef d'entreprise descend de manière nonchalante le tarmac de l'avion, depuis le confort de sa classe business. Il aurait pu choisir le jet: il en possède onze, mais il préféra la simplicité d'un billet à 9 000 florius à bord de la compagnie sylvoise la plus luxueuse qu'il ait pu trouver. Un homme simple. Pourtant, cette assurance cache une certaine appréhension. Pour cause, cette nomination n'en est pas vraiment une, on pourrait même parler d'une punition. Herdonia, lors de la nomination des ambassadeurs au Sénat des Mille, avait bien pu constater les sourires sur les bancs digrassiens lorsque son nom est tombé pour l'ambassade sylvoise. DiGrassi savait pour l’expérience de Pointe Mogan...mais qu'à cela ne tienne, il ne possédait de toute évidence aucune preuve. Et Herdonia comprit rapidement l'opportunité qui se présentait à lui. Loin d'une punition, sa présence tout à fait légale à Sylva pouvait constituer l'occasion inespérée d'effacer quelques preuves compromettantes, voire de développer ses propres activités commerciales en parallèle de sa fonction de représentation. L'avantage d'être un sénateur velsnien était sans conteste l'autonomie quasi totale dont il disposait. On lui laissait même le soin de nommer son propre personnel d'ambassade et la gestion des frais de note de cette dernière. C'est décidé: Herdonia allait transformer cette ambassade en petit domaine réservé à partir duquel il allait lutter contre le communisme ambiant de ce continent bien rouge. Et lorsqu'il retournerait au Sénat en livrant son rapport annuel, il forcerait le respect de ces vieux débris par un bilan extraordinaire de profits accumulés.


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Herdonia dans toute sa gloire, au volant de sa Steiner 910

Dés son arrivée à l'ambassade, Herdonia fit un grand bruit. D'une énergie débordante, il convoqua le personnel de l'ancien ambassadeur en place pour leur annoncer une grande nouvelle: ils étaient tous licenciés. Pas assez "productifs" et sans doute trop liés aux conservateurs au pouvoir à Velsna pour être dignes de confiance. Herdonia n'avait pas besoin de secrétaires, il avait besoin de managers, les mêmes qui l'entouraient au quotidien au siège de la Fondation "caritative" Herdonia. Des hommes et des femmes confiants au rêve libertarien du jeune entrepreneur. Dans un premier temps, il s'agissait de construire son propre réseau de sympathisants libertariens dans ce pays dont en vérité, il ne connaissait pas encore grand chose. "Il faut faire une étude de marché approfondie" martelait-il à son équipe de winners, comme il les appelait. Volontiers provocateur, il fit venir depuis Velsna une partie de sa collection privée de voitures de luxe raskenoises, comme pour envoyer un message aux éventuelles velléités de mesures écologiques que serait tenté de prendre le gouvernement sylvois en ce qui concerne la régulation de la pollution. Chaque membre de son équipe devait être en mesure de s'offrir les mêmes voitures que lui, sans quoi ils étaient licenciés dans la semaine. Certains d'entre eux n'hésitaient pas à s'endetter auprès de l'ambassadeur lui-même afin de pouvoir rester à ses côtés. Toujours plus loin dans l'ostentatoire, Herdonia voulut également faire découvrir aux sylvois la mode à la velsnienne, en faisant venir à son ambassade les meilleurs de tailleurs sur mesure de la République.

La première semaine de travail fut intense, et ce n'était pas les affiches de motivation au travail qu'Herdonia avait fait afficher dans toutes les pièces de l'ambassade qui rendait la tâche plus facile. Herdonia divisa son équipe en trois: une partie du personnel serait affecté à la recherche de secteurs prometteurs de l'économie sylvoise dans laquelle investir, une deuxième était chargée de former le réseau de l'ambassade afin de faciliter ces investissements, et une dernière serait affectée à l'effacement systématique des preuves laissées par les anciennes activités du milliardaire à Sylva, aisi que de trouver une solution afin d'évincer l'ambassadeur velsnien le plus puissant de la région: Ricardo Pedretti, qui possédait à la fois l'oreille de Velsna et du Kah. Mais qu'importe, la place d'outsider allait bien à Herdonia. Le ver était dans le fruit.
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Toni Herdonia: le jaguar




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C'est parti pour la win

Dans les jardins de l'arrière-cour de l'ambassade velsnienne du Bourg des Mahoganys, il y avait un homme qui commençait à prendre ses marques dans ce pays décidément bien prometteur de Sylva. Sylva était supposée être une punition, mais Herdonia s'était juste contenté d'échanger son costume de tailleur pour la veste à fleurs. Si le jeune entrepreneur ne pouvait pas faire ses affaires en personne à Velsna, alors il les ferait à Sylva, quoi qu'il en coûte, parce que le temps c'est de l'argent. Toni n'était pas venu ici en touriste, et il s'attendait à ce que la politique velsnienne lui réserve une manœuvre de ce genre. Si bien que cela faisait déjà plusieurs mois que la totalité des capitaux dormants qu'il détenait à Velsna avaient été transférer dans d'autres paradis fiscaux, tant il soupçonnait les digrassiens ne reculer devant rien pour neutraliser ce politicien iconoclaste, y compris le droit sacro-saint du secret fiscal. Saint-Marquise, Carnavale, Port-Hafen, c'était là autant de noms qui raisonnaient comme un appel à la liberté auquel avait répondu son argent. La Grande République voulait le coincer ? Et bien soit, il réduirait ses activités sur son territoire au minimum, en y laissant rien d'autre que le siège de la Fondation Herdonia. Le Wanmiri ne voulait pas contracter avec son entreprise caritative ? Et bien tant pis pour eux, il y cesserait toutes ses activités, même si cela devait occasionner quelques dommages humains. L'argent circule d'une main vers l'autre, et Sylva devenait le nouveau terrain de jeu.

Herdonia admirait le "lifting" qu'il était en train de faire subir aux jardins de l’ambassade. L'un de ses sbires, Danielo, lui tendit une cigarette qu'il accepta volontiers avant de l'allumer pour lui. Ce dernier, vieux baroudeur de la Fondation Herdonia comme tous le personnel de l’ambassade, avait été comme qui dirait contaminé par la quête de réussite de son patron. Comme tout le monde ici, il s'évertuait à imiter le "boss" dans tous les aspects de son quotidien: non seulement dans les affaires, mais également dans sa manière de se vêtir et ses éléments de langage. Toute l'ambassade vivait sur ce rythme de symbiose, tant et si bien que l'on aurait cru y voir un culte se dérouler autour de sa personne: un lieu entièrement perverti par les méthodes managériales en vigueur à Velsna.
- Alors mon p'tit Danielo ? Le pays du rhum est à ton goût ? T'en penses quoi ? - lui demanda le "patron" en lui montrant le chantier se déroulant sous leurs yeux -
- J'pense que ça va être super, boss. Je pense qu'on en avait besoin de cette piscine.
- Bon sang Danielo, arrête de me fourrer ta langue dans le cul, tu veux ? Je demande un avis honnête. Je sais que t'en a pas l'habitude, et c'est un bon reflexe, mais je pense pas que tu saisisses l'importance de cette putain de piscine. Les gens de ce pays ne vont pas se laisser convaincre des avantages de l'entreprenariat avec des belles paroles. Il faut vendre du rêve, pas seulement en étant nous. Je veux que chaque sylvois qui pose le pied ici, chaque politicien verreux, chaque chef d'entreprise se dise: "Wow ! Comment ils vont ces enfoirés ? Velsna c'est ça: la liberté absolue.". Cette piscine, c'est exactement le sentiment que cela doit renvoyer. Tu comprends ?
- Ouais, patron. Bien sûr.
- Mouais...t'as pas l'air convaincu toi-même. Comment veux tu vendre quelque chose en quoi tu crois même pas mon p'tit Danielo. Bon. A propos de ce que t'avais demandé, t'as choppé des infos sur la Bourse des minerais ? Il serait temps de commencer à y placer des jetons. Et surtout, tu me fais mes placements depuis Saint-Marquise, ils doivent pas remonter à notre portefeuille velsnien. Sinon ces enfoirés pourraient faire le lien entre la Fondation et d'autres choses.

- D'autres choses ?
- Occupe toi de ton cul tu veux. Et réponds juste à ce que je te demande, t'as pas une paie à cinq chiffres pour l'amour du sport.
- Ouais patron, le chrome et le lithium pourrait vous intéresser. De même que le cérium. Ce serait malin de mettre des billes dessus.
- Le cérium ? Tu veux qu'on fasse des placements sur des entreprises résidant sur le territoire de l'OND ? T'es complètement con ou quoi, tu veux qu'on se fasse voir ? Non, va juste pour le chrome et le lithium, ça se revend au prix fort en eurysie de l'est en ce moment. Et personne va mettre son nez dans les affaires de pays comme le Drovolski. Et sinon ? T'as un peu sondé en dehors de la bourse des métaux ?
- Gigantor pourrait être un bon placement, chef. ça et Or Noir. Cela rapporte moins qu'un placement à Apex je pense, boss, mais c'est mieux que rien.
- Il faut bien partir de quelque part j'imagine. Bon, t'as le feu vert pour ça aussi. Toujours depuis le portefeuille de Saint-Marquise. Et cette histoire de médicaments au Diambée, t'en penses quoi ?
- lui demanda t-il en tirant sur sa clope -
- J'en pense que même les réfugiés d'un génocide méritent d'avoir des médicaments, chef, qu'importe le prix. Et il vaut mieux que ce soit nous qui leur vendions.
- Ok, mais essaie d'attendre quelques semaines avant d'écouler les stocks, je pense que les prix peuvent encore monter d'ici là. D'autant que la crise afarenne va encore faire grimper tout ça.
- ça marche boss. Oh, et dernière question: je fais quoi avec le jaguar ?
- Un jaguar ? De quoi tu me parles putain !?
- Celui que tu m'as demandé d'acheter, patron. Me le procurer a pas été facile tu sais...
- Nan mais laisse tomber le jaguar, je devais être complètement fini quand je t'ai demandé ça. Relâche le quelque part tu veux bien ?
- Ok boss.
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Une autre aventure...



Vaincus, anéantis, massacrés…on aurait pu donner beaucoup de qualificatifs à la scène qu’il a été donné d’assister au monde, par une Sylva usant d’une forme extrême de coercition à l’égard de la communauté de Pointe-Mogan. Peut-être les sylvois étaient-ils dans leur droit, après tout il s’agissait d’un territoire souverain, et ces gens étaient armés. Malgré cette réalité, il y avait à Velsna des gens pour s’en indigner : massacrer et faire prisonniers 200 personnes n’était pas un élément de communication particulièrement efficace pour s’attirer la sympathie, et ce malgré des articles de journaux se voulant rassurant sur les raisons impérieuses de la façon de faire sylvoise. Il y avait dans le monde médiatique velsnien toujours du monde pour défendre ces « martyrs de la liberté tombés en pays barbare », en premier lieu le journal ultra-conservateur Quotidia, qui était bien content d’avoir du grain à moudre sur le dos du gouvernement actuel. On accusait là dans les rangs conservateurs le gouvernement Visconti d’avoir laissé faire massacrer ces gens, tandis que l’opposition du PEV les accusait au contraire d’avoir laissé partir des individus lourdement armés pour faire « la guerre à l’étranger », et en appelant à un contrôle plus sévère des entrées et sorties des aéroports velsniens. Toujours est-il que DiGrassi avait réussi là à se débarrasser d’éléments gênants, et nul dont qu’il escomptait du gouvernement sylvois de faire de même d’avec l’ambassadeur sur place, le tonitruent exilé fiscal en la personne de Toni Herdonia. Pour résumé : nul n’était insensible au sort des libertariens, et chacun avait une manière différente de traiter cette situation, DiGrassi quant à lui, était bien content d’avoir démontré la division des oppositions qui siègent face au groupe des conservateurs. Restait à espérer que les sylvois trouvent des éléments à charge contre Herdonia, dont le gouvernement velsnien était bien certain qu’il était l’origine de ce mal.

Dans les décombres encore fumants de la communauté de Pointe-Mogan, les libertariens sont pour la plupart morts ou capturés. Si ces prisonniers avaient quelque chose à dire aux sylvois ? Cela, seul un interrogatoire en aurait le cœur net à ce propos. En attendant, les experts sylvois prirent la liberté de tenter de sauver tout indice qui pouvait l’être dans cet endroit qui ressemblait aux restes d’un campement évoluant dans un climat de guerre civile tcharnove au vu des destructions que la jungle avait subi. Parmi les éléments à charge, on mis au jour une impressionnante cache d’armes, sans doute celle du chef de communauté Helmut Gruber : une collections d’armes lourdes, de lances-roquettes et de mines anti-personnelles et anti-char. Il y avait là de quoi équiper une trentaine de libertariens biaggistes de plus. Encore heureux qu’ils n’aient trouvé porteurs, mais nul doute que les sylvois auraient eu des problèmes plus importants encore s’ils avaient laissé d’autres libertariens s’installer. Malheureusement, cela ne constituait pas un indice en soi d’une force occulte pourvoyant à leurs besoins…si ce n’est l’étonnement avec lequel on peut constater que des civils puissent s’équiper d’armes aussi dévastatrices sans que le Sénat de Velsna ou qu’une autorité quelconque d’une cité libre soit alertée. Les inspecteurs sylvois ne tardèrent pas à constater que tous les numéros de matricule des armes étaient frappés des mêmes 2 chiffres en début de série : 07. Il s’agissait là du numéro signifiant le lieu de fabrication de l’arme, et en l’occurrence, la totalité de l’Arsenal provient du même endroit : la Fabrique d’armes des honnêtes armuriers d’Aula, un ancien bastion libéral durant la guerre. Si en soi, un simple numéro de série ne signifiait rien, le fait que l’intégralité de l’arsenal provienne du même endroit constituait peut-être un début de piste à explorer pour les sylvois. Peut-être fallait-il en référer au gouvernement velsnien pour y voir plus clair.

Mais les inspecteurs découvrirent un indice plus intéressant encore : dans les décombres d’un petit atelier improvisé, où Gruber stockait des outils pour la découpe des arbres qui bouchaient la vue de sa maison, une cassette contenant un certain nombre d’actes de propriété et de relevés bancaires furent abandonnés dans le massacre. Gruber avait fait l’achat d’un grand nombre de terrains à Pointe-Mogan en vie de l’installation d’autres libertariens, mais il était étonnant, au vu de ses relevés de compte, qu’il ait pu fournir une telle somme nécessaire au rachat de la moitié des propriétés et terrains d’une ville. Puis, le saint graal apparu aux inspecteurs sylvois : des actes d’achat dont ni le nom ni le relevé bancaire était associé à Gruber. La piste des sylvois se confirmait sous leurs yeux : un individu ou une entité était à l’origine de l’intégralité des achats de terrain opérés par les libertariens à Pointe-Mogan. Mais du relevé d’identité bancaire, les sylvois ne purent que constater l’origine de l’envoi des sommes. En l’occurrence, et à leur grand étonnement, pas de Velsna, mais d’un autre paradis fiscal : Saint-Marquise. La provenance des armes et des capitaux, c’était là les deux seuls indices auquel les sylvois purent accéder ce jour-là, mais pour un enquêteur avisé, c’était là peut-être suffisant afin de poursuivre la traque. (HRP : ça tombe bien, tu es invité à l’ambassade et propriété du principal suspect, quel hasard)

Loin de Pointe-Mogan, deux hommes traçaient leur propre sillon au travers de la mangrove à bord d’un moyen de transport pour le moins étonnant. La carrure de ces derniers devait bien approcher les 200 kilos à eux deux, ce qui renforçait l’illusion d’optique : ce vélo électrique apparaissait bien minuscule. Non loin de la frontière, Helmut fit signe au Grand maître :
- Arrête toi là Paoli. Ce sera suspect si on nous voit passer la frontière comme ça. Je crois que nos chemins se séparent ici.
Paoli mis la béquille, et sauta du vélo. C’était l’heure d’un adieu émouvant.
- T’as raison. Je vais avoir du mal à faire passer deux lances roquettes. Un seul sera moins suspect. Je sens des énergies négatives chez tout ce qui se rapproche d’un douanier, et on a pas besoin d’arme quand son corps en est une.
- T’as toujours été le plus malin d’entre nous Paoli, je sais que tu t’en sortiras. C’est pour ça que je t’aime bien. Qu’est-ce que tu disais sur l’eau déjà ?
- Dans vingt ou trente ans il y en aura plus, quand le Drovolski socialiste aura tout polluer.
- C’est quoi la suite pour toi ?
- Je dois rejoindre le Maître Chan, c’est lui qui m’a tout apprit, dans la contrée du Xin. Mais je sens que mon potentiel n’est pas encore atteint. Comme aujourd’hui l’a prouvé, valoir trente hommes ne suffisait pas, il faut que j’atteigne un nouveau niveau de conscience et de spiritualité : l’œil du pangolin, comme il l’appelle. Je sens aussi du potentiel en toi, Helmut. Tu pourrais faire un bon élève si tu le voulais, tu as une bonne énergie zen je trouve. Tu peux garder le vélo, je n’en aurai pas besoin.
- T’es sûr ? La frontière est encore à 200 kilomètres je crois.
- Je ne me soucie jamais des distances à parcourir, Helmut. Pour avoir la gagne il faut juste avoir un objectif. Et si tu te le fixes assez longtemps, tu y arriveras. C’est comme le phalanstère : ces petits cobras ont perdu leur plantation d’artichauts parce qu’on a intériorisé au préalable le fait qu’on allait réussir. On a fait une projection mentale. Et regarde le résultat, c’est pas si mal, non ?
- T’as raison. Allez, adieu mon ami, et que la route te soit bonne jusqu’au Nazum.
- T’en fais pas, je connais la route à pied.


Et ainsi, le sensei Paoli s’éloigna pieds nus, en kimono et sans la moindre provision. Helmut le vit disparaître dans la ligne d’horizon et s’en alla vers son propre chemin…

Bros pour la vie
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Diplomatie Sous Voiles

15 Juin 2014

Miguel Torres


C'est la première fois que Caribeña envoie des ambassadeurs à l'étranger de façon permanente, logés dans de magnifiques bâtiments d'ambassade destinés à accueillir toute une équipe diplomatique. En effet, cela fait partie d'un plan diplomatique méticuleusement élaboré par le Parti de la Révolution, dirigé par le Président de la République, Sol Marquez. À ses yeux, Caribeña devait marquer sa présence au Paltoterra, un continent récemment agité par des événements tels que ceux de Communaterra et par la crise entre le Sylva et la Loduarie. Le silence de Caribeña ne signifiait pas pour autant une absence d'observation de ces développements. Aujourd'hui, en ce mois de juin, Miguel Torres, fraîchement élu au sein de cette nouvelle équipe d'ambassadeurs formée par le ministère des Affaires Étrangères, s'apprête à inaugurer une véritable institution d'ambassades établie par les autorités caribeñas. Il est désigné pour représenter les intérêts de Caribeña au sein du Duché de Sylva.

Miguel Torres avait un agenda chargé, mais somme toute assez classique pour un ambassadeur. On lui avait donné quelques directives, notamment pour développer un cadre de base pour les relations entre Sylva et Caribeña. Il devait rencontrer des acteurs économiques et sociaux, et faire de la culture caribeña un élément important dans la vie des Sylvois, afin de leur faire apprécier et peut-être même adopter des idées subversives. Derrière cet agenda officiel se cachait également un programme non officiel. À ce titre, Miguel prévoyait d'inaugurer une série de programmes culturels pour familiariser les citoyens de Sylva avec la culture caribeña, incluant des expositions d'art, des projections de films et des séminaires sur l'histoire caribeña. Pour lui, c'était le moyen idéal de lancer les affaires, avant de prendre le temps de réfléchir et de voir comment les choses pourraient évoluer. L'ambassadeur caribeño avait également emporté un carnet d'adresses sur lequel le Parti de la Révolution comptait pour qu'il noue des liens avec ces personnes. Ce carnet contenait les coordonnées de nombreux leaders d'opinion, y compris des personnalités de l'opposition comme la fameuse Marinette Zandoli. Bien que sa popularité ne soit pas au beau fixe, les autorités caribeñas comptaient sur l'habileté de Miguel Torres pour créer un réseau efficace de sympathisants, capables de susciter un sentiment contestataire envers la monarchie au sein du Duché.
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Carnet d'un Révolutionnaire

Carnet d'un Révolutionnaire


Juillet 2014

7 - Une nouvelle étape commence aujourd’hui. Nous sommes arrivés de nuit à la ferme. Le voyage s’est bien déroulé après que nous sommes rentrés discrètement, déguisés, grâce à l’aide de Coco. Pacha et moi avons établi les contacts nécessaires, et nous avons fait le trajet en jeep sur deux jours, répartis dans deux voitures. À l’approche de la ferme, nous avons laissé une voiture à l’écart pour éviter d’attirer l’attention d’un voisin qui murmure que notre entreprise pourrait être liée à la fabrication de cocaïne. Curieusement, c’est l’ineffable José, connu pour ses compétences en chimie, qui est perçu comme le chimiste du groupe. Lors du second trajet, Bigote, qui conduisait, a failli précipiter la jeep dans un ravin, mais il a réussi à l’arrêter juste à temps. Nous avons poursuivi notre route sur environ 20 km et sommes finalement arrivés à la ferme, bien après minuit. Trois camarades du parti s’y trouvaient déjà. Bigo se montre prêt à collaborer avec nous, peu importe ce que le parti décide, bien qu’il reste fidèle à Loro, qu’il semble respecter profondément. Selon lui, Rodolfo est dans le même état d’esprit, tout comme Coco, mais il est essentiel que le parti prenne la décision de s’engager dans la lutte. Je lui ai demandé de ne pas informer le parti avant l’arrivée de Loro, actuellement en voyage au Negara Strana, et qui nous apportera son soutien. Bigo a accepté ces deux conditions.

8 - Nous avons passé la journée cachés dans le maquis, à moins de 100 mètres de la maison et près du torrent. Un type de moustique particulièrement agaçant, bien qu’il ne pique pas, nous a harcelés. Les insectes rencontrés jusqu’à présent incluent des cousins et des tiques. Bigo est sorti de la jeep avec l’aide de Dargo, et ils ont convenu d’acheter quelques provisions, comme des cochons et des poules. J’avais prévu d’écrire un rapport sur les péripéties du voyage, mais j’ai reporté cela à la semaine prochaine, lorsque nous espérons recevoir le second groupe.

9 - Rien de nouveau à signaler. Avec Tomás, nous avons exploré les alentours en suivant le cours de la rivière Guayaba, sans toutefois remonter jusqu’à sa source. Le cours de la rivière est encaissé, et la région semble peu fréquentée. Avec une discipline appropriée, nous pourrions rester ici longtemps sans être repérés. Dans l’après-midi, une forte pluie nous a forcés à quitter le maquis et à nous abriter dans la maison. J’ai dû retirer six tiques de mon corps, un problème récurrent ici.

10 - Pago et Bobo sont partis en reconnaissance avec un des camarades sylvois, Pepe. Ils ont exploré plus loin que nous et ont découvert une bifurcation de la rivière, ainsi qu’un petit ravin qui semble prometteur pour un campement. À leur retour, ils ont pris le temps de flâner à la maison, mais le chauffeur de la ferme, venu avec les provisions, les a remarqués. Je les ai sévèrement réprimandés pour leur manque de discrétion, et nous avons décidé de déménager demain dans le maquis pour établir un campement définitif. Toumaíni, qui est déjà connu dans la région, se montrera et se fera passer pour un employé de la ferme. La situation se détériore rapidement, et il faudra voir si nous pourrons faire venir nos hommes malgré tout. Avec eux, je serai plus serein.

11 - Journée sans événements notables. Nous avons déplacé notre campement de l’autre côté de la maison, où nous avons passé la nuit. Les moustiques sont un véritable fléau, nous obligeant à nous réfugier dans nos hamacs sous des moustiquaires. Je suis le seul à en avoir une. Toumaíni a rendu visite à Argua et a acheté quelques provisions, notamment des poules. Il semble qu’il ne se doute de rien pour l’instant, mais nous devons rester vigilants.

12 - Journée sans événements particuliers. Nous avons fait une courte reconnaissance pour préparer le terrain destiné au campement en vue de l’arrivée des six membres du second groupe. La zone choisie est à quelques centaines de mètres du début de la tombe, sur un monticule, près d’une fondrière où nous pourrons creuser des cachettes pour la nourriture et d’autres objets. Actuellement, le premier des trois groupes de deux qui composent la troupe doit être en route. Ils devraient arriver à la ferme à la fin de la semaine qui commence. Mes cheveux repoussent, bien que clairsemés, et mes cheveux blancs deviennent blonds et commencent à disparaître. Ma barbe commence également à pousser. D’ici environ deux mois, je serai redevenu moi-même.

13 - Dimanche. Quelques chasseurs sont passés près de notre habitation. Ce sont des péons de Argua, des hommes de la montagne, jeunes et célibataires. Ils sont idéaux pour le recrutement, car ils détestent leur patron. Ils nous ont informés qu’à huit lieues d’ici, en suivant le torrent, il y a des maisons, et que ce torrent traverse quelques ravins avec de l’eau. Rien d’autre à signaler.

14 - Une semaine de campement. Pago semble un peu désorienté et triste, mais il doit se ressaisir. Aujourd’hui, nous avons commencé à creuser une excavation pour faire un tunnel et y cacher tout ce qui pourrait être compromettant. Nous le dissimulerons avec un treillage de bouts de bois et nous le protégerons autant que possible contre l’humidité. Le trou d’un mètre et demi est déjà fait, et le tunnel est en cours de construction.

15 - Nous avons continué à travailler sur le tunnel. Le matin, Bobo et Pago s’en sont occupés, et l’après-midi, c’était Toumeini et moi. À 6 heures, lorsque nous avons arrêté le travail, le tunnel avait déjà atteint 2 mètres de profondeur. Demain, nous pensons le terminer et y stocker toutes les choses compromettantes. Cette nuit, la pluie m’a forcé à sortir de mon hamac, car il était trempé : la couverture en nylon est trop courte. Rien d’autre à signaler.

16 - Le tunnel est terminé et camouflé. Il ne reste plus qu’à dissimuler le chemin. Nous transporterons les objets vers notre cachette, et demain, nous fermerons l’ouverture avec des bouts de bois et de la glaise. Le plan du tunnel, numéroté 1, se trouve dans le document 1. Rien de nouveau à signaler par ailleurs. À partir de demain, nous pouvons raisonnablement espérer recevoir des nouvelles de Benivera.

17 - Le tunnel est rempli d’objets pouvant être compromettants pour les habitants de la maison, ainsi que de quelques conserves. Il a été assez bien camouflé. Toujours aucune nouvelle de Benivera. Les garçons de la maison ont parlé avec Argua, à qui ils ont fait quelques achats. Celui-ci a de nouveau insisté sur leur implication dans la fabrication de cocaïne.

18 - Sans nouvelles de Benivera, Pago et Bobo sont retournés explorer le torrent, mais ils ne sont pas convaincus que ce soit l’endroit idéal pour un campement. Lundi, nous irons vérifier avec Toumaïni. Argua est venu retirer quelques pierres du torrent pour améliorer le chemin, et il est resté un bon moment à travailler. Il ne semble pas suspecter notre présence ici. Tout se passe dans la monotonie. Les moustiques et les tiques commencent à provoquer des plaies là où les piqûres s’infectent. Le froid se fait un peu sentir à l’aube.

19 - Toujours aucune nouvelle de Benivera. Rien de nouveau ici. Nous restons à l’intérieur, car c’est samedi, le jour où les chasseurs se déplacent.

20 - Roland et Merino sont arrivés à midi. Nous sommes maintenant six. Ils ont immédiatement raconté les détails du voyage. Leur retard s’explique par le fait qu’ils n’ont reçu l’avis qu’il y a seulement une semaine. Ils sont ceux qui ont voyagé le plus rapidement. Les quatre autres ne devraient pas arriver avant la semaine prochaine. Rodolfo est venu avec eux. Il m’a fait une très bonne impression. Il semble encore plus déterminé que Bigote à rompre avec tout. Papa, en dépit des instructions, a informé Rodolfo et Coco de ma présence ici. Cela semble être lié à une jalousie sur le plan de l’autorité. J’ai écrit à Caribeña pour lui faire quelques recommandations et à Papa pour répondre à ses questions. Rodolfo est reparti à l’aube.

21 - Premier jour pour le groupe élargi. Il a beaucoup plu, et le déménagement vers notre nouveau campement nous a laissés trempés. Nous sommes maintenant installés. La tente s’est avérée être une simple bâche de camion qui laisse passer l’eau, mais elle offre un minimum de protection. Nous avons notre hamac et sa couverture en nylon. Quelques armes supplémentaires sont arrivées. Merino a un Garand, et Roland recevra un M1 du dépôt. Giorgio est resté avec nous, mais à l’intérieur de la maison. Il supervisera les travaux d’amélioration de la ferme. J’ai demandé à Rodolfo de me trouver un agronome de confiance. Nous allons essayer de faire durer la situation le plus longtemps possible.

22 - Giorgio et moi avons exploré les environs en longeant la rivière pour examiner le torrent découvert. Avec la pluie de la veille, la rivière était méconnaissable, et nous avons eu beaucoup de mal à atteindre l’endroit voulu. C’est un filet d’eau dont l’embouchure est bien resserrée. Avec les préparations nécessaires, il pourrait être utilisé comme campement permanent. Nous sommes revenus après 9 heures du soir. Ici, rien de nouveau.

23 - Nous avons inauguré un observatoire qui domine la ferme, afin de pouvoir être alertés en cas d’inspection ou de visite gênante. Comme deux d’entre nous partiront en reconnaissance, ceux qui restent se relaieront pour des tours de garde de trois heures chacun. Merino a exploré le terre-plein de notre campement jusqu’au torrent, qui est encore en crue.

24 - Pago et Roland sont partis examiner le torrent et devraient revenir demain. En fin de soirée, deux péons d’Argua sont venus nous rendre une visite inattendue, sans qu’il y ait quoi que ce soit de suspect. Cependant, Antonio, qui était avec les explorateurs, et Touma, qui est officiellement rattaché à la maison, étaient absents, prétextant une sortie pour la chasse.

25 - Depuis l’observatoire, on nous a informés qu’une jeep était arrivée avec deux ou trois occupants. Il s’est avéré qu’il s’agissait d’un service de lutte contre l’Ebola, qui sévit dans le pays. Ils sont repartis aussitôt après nous avoir fait une prise de sang. Pago et Roland sont revenus tard le soir. Ils ont trouvé le torrent indiqué sur la carte et l’ont exploré. De plus, ils ont remonté le cours principal de la rivière jusqu’à découvrir des champs abandonnés.

26 - Nous restons cantonnés car c’est samedi. J’ai demandé à Giorgio d’explorer à cheval le lit de la rivière pour voir jusqu’où elle s’étend. Comme le cheval n’était pas disponible, il est parti à pied, parcourant environ 20 à 25 kilomètres. Il s’est rendu chez Don pour en demander un. Le soir, il n’était toujours pas rentré. Toujours aucune nouvelle de Benivera.

27 - Giorgio n’est toujours pas réapparu. J’ai donné l’ordre de monter la garde toute la nuit, mais à 9h, la première jeep de Benivera est arrivée. Coco était accompagné de Joaquin, Urbano, et d’un Sylvois nommé Ernest, étudiant en médecine, venu pour rester. Coco a fait un autre voyage et a ramené Ricardo avec Broglio, Miguel, ainsi qu’un autre Sylvois qui restera également. Nous sommes maintenant 12 rebelles, plus Giorgio, qui joue le rôle de patron de la ferme. Coco et Rodolfo se chargeront des contacts. Ricardo a apporté une nouvelle embêtante: El Kazar est au Sylva. Il veut me voir et propose d’envoyer 20 hommes. Cela pose des problèmes, car cela impliquerait une dimension multinationale au conflit avant d’avoir consulté Mario. Finalement, nous avons décidé de l’envoyer à Trarpa, et Coco ira le chercher pour l’amener ici. Coco est parti à l’aube avec Ricardo, qui doit prendre l’autre jeep pour continuer jusqu’à Benivera. Coco doit aussi passer chez Remberto pour s’enquérir de Giorgio. Lors d’une conversation préliminaire avec le jeune Sylvois, celui-ci a exprimé son opinion que Mario ne rejoindrait pas la guérilla, bien qu’il semble déterminé à rompre les liens.

28 - Nous sommes allés faire un relevé topographique de la rivière et examiner le torrent qui sera notre prochain campement. Le groupe était composé de Toumeini, Urbano et moi. La rivière est très sûre mais très sombre. Nous allons essayer d’en trouver une autre qui devrait se trouver à une heure d’ici. Toumeini est tombé et semble s’être fracturé le tarse. Nous sommes arrivés au campement dans la soirée après avoir mesuré la rivière. Ici, rien de nouveau. Coco est parti à Trarpa pour attendre El Kazar.

29 - Rodolfo, Merino, Pago, et Bobo sont partis en mission pour examiner une rivière plus éloignée. Ils doivent rester absents deux jours. Il a pas mal plu. À la maison, rien de nouveau.

30 - Rien de nouveau. On continue à travailler dans les activités de la ferme.

Si je devais analyser le mois de juillet, tout s’est assez bien déroulé. Mon arrivée s’est faite sans incident, et il en a été de même pour la moitié des personnes présentes ici. Bien qu’ils aient eu du retard, les principaux collaborateurs de Ricardo s’engagent dans le maquis contre vents et marées. Les choses se présentent bien dans cette région isolée, où tout indique que nous pourrons rester aussi longtemps que nous le jugerons nécessaire. Les projets sont d’attendre le reste des personnes, d’augmenter le nombre de locaux, de Sylvois à notre cause, et de commencer les opérations. Il reste à voir quelle sera la réaction de Mario et comment les gens vont se comporter.
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Littérature, Histoire et propagande: une spécialité velsnienne
La Matteade, ou le récit romanesque de la guerre civile velsnienne, par Gina DiGrassi



"Ce fut ainsi par la seule force de caractère du Triumvir mon père que le temps des princes et des tyrans prit fin, et où notre République retrouva des piliers à la hauteur de son équilibre.". C'est par cette citation de son autrice en couverture de ce pavé gargantuesque de par sa taille, que les premiers chapitres de la Matteade, parurent à Teyla.

Pour les amateurs de culture politique velsnienne, et de littérature de manière générale, ce fut un jour faste. Comme pour les propagandistes velsniens à vrai dire. En effet, comme tous les autres pays du monde sans doute, les élites politiques de la cité sur l'eau pratiquent des formes diverses et variées de communication afin de justifier de l'approbation d'un modèle, d'une politique ou de l’œuvre d'une personne dans son ensemble. La plupart des sénateurs velsniens ont ainsi un ou plusieurs chroniqueurs dans leur entourage, et pour les plus talentueux d'entre eux à l'art de la plume, ce sont eux même qui participent à leur rédaction. La lutte pour l’appropriation de l'Histoire et de la mémoire est ainsi un enjeu politique majeur dans un régime politique où les rivalités interpersonnelles sont particulièrement féroces. Mais le récit qui fait son apparition sur les rayons des librairies étrangères sort quelque peu de l'ordinaire. Déjà, de par l'identité de son autrice, qui n'est autre que le propre fille de l'un des acteurs de la Guerre des Triumvirs en la personne de Gina DiGrassi. Ensuite parce que cet ouvrage n'a pas été commandé par celui qui est au centre du récit, la jeune femme étant à l'heure actuelle en exil. Ce qui implique donc une lecture allant dans le sens du Sénateur Matteo DiGrassi, mais d'un point de vue qui lui est externe, et parfois de manière surprenante, qui lui est opposé.

Adoptant le style hagiographique de la littérature velsnienne classique digne des récits de la Renaissance velsnienne des XIV-XVIème siècle, l'ouvrage y fait l'apport d'informations précieuses dans des sujets variés que sont les coulisses de la politique au sein de cette institution hermétique qu'est le Sénat, la place des femmes dans un monde politique hostile, l'importance des alliances matrimoniales, l'attitude des velsniens vis à vis de l'étranger ou encore la manière dont ceux-ci conçoivent la guerre. L'ouvrage est ainsi non seulement un ouvrage de propagande, mais le récit sert de prétexte pour ouvrir aux étrangers une fenêtre sur Velsna en tant qu'objet politique et culturel. De la course aux élections sénatoriales aux champs de bataille d'Hippo Reggia en passant les conséquences désastreuses du gouvernement Dandolo ainsi que son assassinat, Gina DiGrassi nous fait là part d'évènements qui pour certains sont inédits: réunions stratégiques de DiGrassi, vision à long terme de ce dernier quant à l'avenir de la Grande République. Pour les étrangers, il sera également intéressant d'étudier le portrait des figures de pouvoir étrangères comme le secrétaire général de la Loduarie ou la reine de Teyla, à qui l'écrivaine consacre de grands paragraphes.

Une chose est sûre, les velsianophiles amateurs de sa littérature classique seront comblés, tout comme les analystes en géopolitique. Un ouvrage titanesque avec des niveaux de lecture multiples à décrypter.


Effet: La Matteade paraîtra en premier lieu dans les activités étrangères d'un pays où ce post été envoyé au préalable.
1909
THE TANSKIAN TIMES

Järvi, 01/08/2014


INTERNATIONAL / Sylva

Le déploiement du 1er bataillon du 75e Régiment à Pieds prend fin en Sylva


Leur présence dans la jungle sylvoise et dans les villes et villages aux alentours des régions nord du pays s'est achevée ce matin. Les presque 700 hommes et femmes du 1er bataillon du 75e Régiment à Pieds des Forces Armées Fédérales ont entamés aujourd'hui leur retour dans la province fédérale d'Halvø a annoncé aujourd'hui l'officier supérieur tanskien affecté à l'UNPALCOM (United Democratic Nations Paltoterran Command). Leur remplacement par une autre unité des forces armées tanskiennes n'a pas encore été annoncé mais devrait avoir lieu avant la fin de l'année 2014 afin de ne pas laisser de trou capacitaire dans le cadre du commandement unifié et des exercices de coopération auprès de l'allié sylvois.

Le déploiement avait été entamé en début d'année 2013 à la suite des tensions avec l'ancien Etat de Communaterra aujourd'hui remodelé en Communes Unies du Paltoterra Oriental sous occupation du Grand Kah. Le commandement général tanskien n'a pas précisé si ce retour était lié à des tensions croissantes avec plusieurs Etats en Eurysie septentrionale. La future unité qui devrait être déployée dans la région serait un régiment de cavalerie motorisé selon les informations fournies par le ministère sans qu'aucune décision n'a toutefois été prise. Le dispositif tanskien au Paltoterra est donc désormais réduits aux quelques appareils de l'escadrille 1/23 "Särna" déployée sur la base aérienne HMCB d'Ynys Morfa en Caratrad.

En dehors des Etats membres présents au Paltoterra (Caratrad, Sylva et Zélandia), Tanska reste à ce jour le seul pays membre de l'organisation des nations démocratiques et notamment du Conseil Militaire a avoir constitué une présence temporaire ou permanente au sein de l'UNPALCOM. Les pilotes et mécaniciens du 1/23 "Särna" étant eux prélevés sur d'autres escadrilles en effectuant des rotations tous les 3 mois constituant ainsi progressivement un nombre important de pilotes tanskiens formés et éprouvés aux opérations aériennes conjointes avec les pilotes caratradais mais aussi sylvois.
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