27/03/2015
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Activités étrangères dans l'Empire Listonien - Page 25

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Aux premières lueurs de l'aube nous avons pris un sentier qui nous éloignais de notre brève base, en direction d'un village à plusieurs jours de marche. Cette fois-là nous étions plus nombreux, une demi-douzaine. je me retrouvai, plutôt inhabituellement, à l'arrière du convoi. Nous avions pour l'occasion loué deux véhicules, nous n'avions donc que quelques heures de routes. Le 4x4 était outrageusement conformable en comparaison de la tête de convoi. Nous disposions d'une climatisation, luxe suprême, et d'un lecteur CD pour passer quelque musique de rock caratradais, de l'indé kah-tanais et de la pop tanskienne. La longue procession commença à travers jungle. Par principe, nous avions pris avec nous quelques armes et à l'arrière de la tête de convoi, deux de nos hommes s'étaient tant bien que mal installé à l'arrière du pick-up. Gary, qui eut sans doute préféré quelques heures de sommeil, fut sommé sur mon ordre de prendre en note les conversations radios qui pouvaient passer sur son calepin. Nous n'étions jamais à l'abri d'une rare - pour ne pas dire inexistante - patrouille listonienne à plusieurs dizaines de kilomètres perdus dans cette jungle luxuriante. Mais là encore, la bureaucratie de l'ordonnateur avait ses défauts et ses qualités. Nous avions à tenir une main courante, à jour, à notre retour des communications radios.

Au bout d'une heure, peut être deux, je ne sais plus, nous n'avions plus grand chose à nous dire. L'inaction me pesant, j'ordonna une pause et nous marchâmes un peu à travers la jungle. On se dégourdit les jambes, Gary se fit attaquer par un serpent non-venimeux, il eu peur pour sa vie et moi pour ma solde, rien ne se passa, nous étions reparti plus vite que prévu. Le trajet sembla durer une éternité. Les CD n'apportaient plus l'animation de la découverte et ne ramenaient que l'ennui de la monotonie s'installant. La radio ne fonctionnait pas. La mission commençait à avoir ses longueurs. Plusieurs semaines que nous étions arrivés et je me dois bien de dire que nous entamions une routine hebdomadaire bien huilée aux rapports à rendre, aux visites à faire dans les villages, à l'apprentissages de la langue. Une fois par semaine l'un de nous s'autorisait désormais une brève visite à Macao, pour s'y dégourdir les jambes, prendre quelques informations, passer quelques appels, passer une nuit à l'hôtel, rarement seul, sans pour autant boire. Le plus important était de ne prendre de papiers que le nécessaire. Un faux passeport de touriste de passage pour quelques jours. N'importe qui pouvait s'en faire faire un, et les services de notre client en avaient visiblement les moyens. La copie était parfaite, je n'ai jamais eu de problème. Perdu dans mes pensées, et dans les souvenirs encore vague que je me figurait en dressant une acte mentale de Macao, je finis par oublié la route. En fin d'après-midi, le son du moteur, ou plutôt son arrêt, me sorti de mes pensées, nous étions arrivé au village.

La soirée tombait doucement et les villageois ne nous accueillaient pas comme à l'accoutumée. Un doute secret se glissa en moi et je sentis que l'on nous cachait quelque chose. Le chef du village était malade, certes, mais il ne s'était encore éteint dans sa chambre. A force de persévérance et d'une part de perspicacité, je finis par extraire d'un villageois - sans jamais le torturer ni menacer que j'allais le torturer - qu'une patrouille listonienne était passée plus tôt dans la semaine. Elle n'avait rien demandé d'anormal ni même jamais suggérée notre présence, mais cela témoignait bien de la crainte qui était leur. Visiblement, tout autant qu'avec nous, ils n'étaient guère habitué à avoir de la visite. Mais elle pouvait s'avérer utile. Ils en avaient pris peur, nous allions joué dessus. Rapidement je décidais d'allonger notre présence ici. Nous devions y passé la nuit, la moitié d'entre nous y passa la semaine. Et nous nous sommes attelés à ce que nous faisons de mieux, parler, expliquer, s'exprimer afin de progressivement modeler la discussion et l'esprit d'autrui vers notre but. Le listonien n'était pas qu'en patrouille, il venait s'assurer de leur silence, de leur calme. Il n'avait demandé ni taxe ni bien ? C'est parce qu'il occupait le sol et l'exploitait. A chaque question, parfois très bien pensée malgré eux, de la part de ces indigènes, nous apportions une réponse visant à faire du listonien un ennemi. Notre compréhension encore imparfaite de leur langue se comblait rapidement par l'usage d'un dictionnaire.

Tandis que je passais mes journées et soirées à débattre avec les hommes du village, je vis que certains de mes collègues passaient manifestement les meilleurs moments de leurs vie. Sous l'emprise de femme parfois, de quelques champignons bien plus régulièrement. Étonnamment, même ici, au bout du monde, l'opium de Maoti avait fait son entrée. Aucun d'entre eux n'en fuma mais je pu m'apercevoir que les villageois se laissait happer par moment. L'un deux, surtout, avec une tenue étonnamment occidentale et qui parlait un portugais convenable, ce qui était rare par ici, m'expliqua que cette drogue soulageait une partie des villageois mais qu'ils avaient combattu l'addiction. Fort heureusement, autrement la population se serait rendue inutile pour les quelques desseins que nous lui avions réservé.

Au début d'un après-midi, comme je me rendais une fois de plus vers le centre du village, un camarade vint me dire qu'il avait convaincu un indigène du malheur provoqué par les listoniens. J'avais une peur superstitieuse qu'il lui avait expliqué n'importe quoi, et peut être un peu trop. Ces villageois ne devaient pas savoir que nous les amenions petit à petit vers un avenir sombre, pour un moment, avant la liberté. Telle est la vie des hommes. Quelques joies que certains connaitraient, très vite effacés par les inoubliables chagrins qu'ils auraient provoqués pour y arriver. Il n'est pas nécessaire de leur dire pour l'instant, pas avant que la machine ne se soit lancée, pas avant que l'infernal engrenage n'ait débuté. Eux ne savent pas encore ce que nous leur voulons au delà du drap de velours que nous déposons pour cacher sous de la beauté et de la tendresse un discours bien huilé. Si ils savaient, si ils savaient vers quelle route nous les menions....Mais ils ne peuvent pas savoir, eux-mêmes ne savent pas vraiment ce qu'ils veulent, car l'on ne vit qu'une fois, et l'on ne peut pas comparer cela avec les vies passées et celles à venir. Si les morts pouvaient parler, ils leurs diraient de ne pas nous suivre. Chaque matin passé à discuter avec eux les rapprochaient un peu plus d'un esprit de vengeance envers un colon qu'ils ne voyaient jamais. Chaque matin les rapprochaient, sans doute, du moins le client l'espérait, de l'ouverture des vannes incontrôlées de la violence et de la guerre. Nous ne devions commencer que par quelques villages avant de tenter d'embraser la jungle pour ensuite s'inviter à Macao. Funeste jeu auquel, une fois l'étincelle partie, nous nous échapperons sans dire un mot.

Je suis entré, par un hasard forcé, dans une vie que je connaissais pas, et depuis ce jour j'essaye de la changer. Je ne sais pas si j'aime ce travail, mais il est particulièrement rémunérateur. Quoiqu'admirateur de la liberté, je n'ai pas un enthousiasme sans limites et sans raisons. Il est trop tôt, ou tard, pour que dans ma vie je me prosterne devant le combat de la liberté qui, trop souvent, substitue la vengeance et la guerre à la liberté et l'idéal. Mais cela, les indigènes ne pouvaient pas encore le savoir.
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[Chroniques] Soldats de l’Empire – 12 juillet 2008


Ranjan contourna une arête rocheuse, puis s’arrêta en chancelant devant le corps d’un éléphant de guerre agonisant. L’énorme créature reposait sur le flanc, et l’on pouvait voir que les reliefs de sa poitrine - ses côtes, visibles, conséquence inévitable de la faim - loin d’être organisés naturellement, étaient brisés et fêlés, tordus dans des sens qu’ils n’auraient jamais dû connaître. Les yeux de la bête, roulant dans leurs orbites, exprimaient une douleur et une peur inimaginable. Finalement, ils s’immobilisèrent, vitreux, et l’animal poussa son dernier soupir.

Même après tant d’années, et alors qu’il en avait déjà monté, voir un éléphant de guerre de si proche fit frissonner Ranjan. C’était une créature immense, dont les pattes à elles seules faisaient la taille d’un homme. Il avait vu des hommes être piétinés par des pattes semblables, et le spectacle n’avait rien eu d’agréable. Mais, évidemment, le spectacle de la mort l’était rarement.

Il contourna la bête, et se fraya un chemin à travers le champs de bataille avec une prudence accrue. Il tenait son fusil devant lui, le doigt sur la gâchette, prêt à faire feu. Il ne lui restait que quelques cartouches, mais il n’hésiterait pas à les utiliser si cela lui permettait de survivre. Et, dans le pire des cas, il lui resterait toujours son épée.

La petite plaine était une étendue de cadavres. Le combat avait été bref, mais intense. Ranjan jetait des coups d’œils autour de lui, surveillant les environs, particulièrement l’orée de la jungle et les habitations du village, d’où étaient sortis les ennemis. L’endroit était désert. Enfin, désert de vivants. Le sol était jonché des corps des combattants, inondé de leur sang. C’avait été un carnage.

Une grande partie des corps qui l’entouraient étaient humains, un certain nombre ne l’étaient pas. Les sangs se mélangeaient. Hommes, femmes, éléphants ou chiens, tous étaient égaux dans la mort, renvoyés aux pieds des dieux créateurs pour leur jugement. Il trébucha sur un pied qu’il n’avait pas vu, et faillit tomber le nez en avant sur un cadavre. Une petite fille, à peine huit ans, probablement une otage ou une victime collatérale, une membre du village sûrement. Une traître auraient dit les généraux. Ranjan se retint à grand-peine de vomir. Il se stabilisa et reprit sa route, toujours méfiant. On ne savait jamais, il pouvait rester un vivant. Un rebelle, qui le tuerait à coup sûr, ou un allié, qui en ferait probablement de même, le prenant pour un traître ou un déserteur.

Bien qu’aucun des corps autour de lui ne bouge, l’air était empli d’une brume de sons. Gémissements de douleur, pleurs, cris de chagrin. Tout cela ne ressemblait guère à des cris de victoire. Quelle que soit l’issue du combat – et il semblait à Ranjan que l’Empire avait perdu, une fois de plus – personne ne se considérait vraiment comme vainqueur.

« Mais j’ai survécu », pensa-t-il, une main sur la poitrine et l’autre tenant son fusil. Il se hâta vers le lieu de rendez-vous, sortant du village pour entrer dans la jungle. « Cette fois-ci encore, j’ai cru y passer, mais j’ai survécu. » Cela faisait longtemps que Ranjan ne croyait plus aux dieux. Ceux-ci étaient bien trop cruels pour ce monde. Il se dirigea vers l’endroit que le capitaine avait dit de rejoindre après une bataille, si jamais l’on avait pas réussi à tenir le village. Le point de rassemblement des fuyards, en somme, même si les dirigeants auraient plutôt employé le terme « site de redéploiement ». Une bien jolie tournure de phrase qui ne cachait pas la réalité des choses : on s'y attendait, à perdre.

Il envisagea de ne pas s’y rendre. De fuir, de devenir un déserteur. Avec un peu de chance, il pourrait rejoindre Sivagundi, ou Aaethalio voisine, et s’y faire passer pour un loyal révolutionnaire. Après tout, ses idées ne différaient pas beaucoup des leurs. Il n’avait pas voulu combattre pour l’Empire, il avait été enrôlé de force.

« Enfin, pas au début. Au début je voulais me battre. Et c’est pour ça que je ne peux plus fuir. Je suis allé trop loin. Si je suis pris, je meurs maintenant. Les révolutionnaires ne m'accepteront jamais, quand bien même je trahirais l'Empire.» Et puis, quoi qu'il en dise, il craignait quand même la menace de représailles célestes. Peut-être existait-il quelqu'un là-haut pour juger de ses actions. "Et bien ce quelqu'un serait bien avisé de nous aider plutôt que de juger et punir", pensa-t-il.

Il arriva au point désigné avant la bataille. Il n’y avait personne à première vue, mais cela n'était qu'un apparence. Les soldats impériaux avaient pris l'habitude de se cacher dans la jungle. A force de tomber dans les embuscades des guérilleros tymerites, ils avaient appris deux ou trois trucs. Lorsqu’il s’approcha de plus près donc, il pu constater qu'il avait raison : Ez sortit d’une cachette fusil pointé en plein sur sa poitrine. "Halte-là !" cria-t-il, avant de voir à qui il avait affaire.

« Ah, ce n’est que toi, dit-il en abaissant son arme. On te croyait mort.
- J’y croyais aussi figure toi,
répondit Ranjan sans rire. Encore un peu et j’y passais.
- Comme nous tous j’imagine. Tu sais s’il en reste d’autres ?
- Je suis le dernier. Soit ils se sont cachés dans la jungle pendant que j’étais évanoui, soit ils sont tous morts.
- Alors nous sommes au complet, en quelque sorte. Une petite équipe. »


Et quelle équipe… Du bataillon impérial ne restait que huit hommes. Ranjan d’abord, Ez son fidèle ami, mais aussi Veer, Akshey, Dyal, Keshav, Mishri et Amrit. Tous étaient fatigués, éreintés, et cela se voyait dans leur regards. Dans leur façon de regarder leurs pieds, de se tenir au sol, silencieux. La flamme de la lutte s’était éteinte dans leurs yeux. Plus aucun ne voulait se battre. Surtout que, pour certains comme Ranjan, ils partageaient la cause des révolutionnaires.

« Une idée dangereuse… Tu devrais l’éloigner. Mais dangereuse en quoi ? L’Empereur-Dieu lui-même se terre devant l’avancée des Tymeri. » L’Empire était en train de s’effondrer. Le Viswani se mourait. Et tous le savait. Seulement, aucun ne pouvait dignement retourner sa veste. Les révolutionnaires ne leur laisseraient pas ce luxe : s’ils étaient pris, ils seraient exécutés sommairement, peu importe qu’ils soutiennent désormais la révolution.

Veer se leva. L’homme, de grande taille, était originaire du haut-plateau de Harada au nord de l’Empire. Avant même qu’il prenne la parole, Ranjan savait déjà ce qu’il allait dire : il allait exprimer tout haut ce que chacun pensait tout bas.

« Camarades. Amis ou partenaires. Je crois que nous l’avons tous compris : la lutte est perdue ici. Nous sommes cernés, les révolutionnaires sont partout. Nous ne pouvons même pas rejoindre le front au nord, car les traîtres nous barrent la route. Il marqua une pause. Il nous faut nous retirer. Nous ne sommes pas loin de la frontière de Jawatra. Mon idée est simple : nous pouvons nous y réfugier, le temps de reprendre des forces. Et, quand nous serons à nouveau puissant, nous reviendrons aider les nôtres. Qui en est ? Dit-il en regardant chacun d’entre nous de façon insistante, comme s’il cherchait à sonder notre âme.
- Jawatra ? dit Dyal. Tu sais bien que c’est le repaire des démons eurysiens. Nous n’y ferons pas long feu.
- Je sais cela. Je ne suis pas stupide. Mais ils ne peuvent pas être partout, ces démons. La jungle sera notre refuge, notre sauveuse, l’endroit où nous pourrons nous cacher en toute impunité. Et surtout, les traître n’iront jamais nous chercher là-bas. Je réitère ma question. Qui en est ? Qui viendra avec moi à Jawatra ? »


Ranjan était partagé. D’un côté, l’idée de Veer était bonne. Se cacher à Jawatra impliquait certes des dangers, mais ils seraient toujours moindres que s’ils étaient pris par les révolutionnaires. Et puis ces derniers ne les suivraient jamais là-bas, ils avaient trop peur des démons. D’un autre côté… il sentait que c’était dangereux. En ce moment, il se surprenait de plus en plus souvent à partager la cause révolutionnaire. A les envier, à rêver comme eux de liberté, de – comment appelaient-ils ça ? - démocratie. A s’imaginer diriger un peu, lui aussi, et non pas seulement recevoir des ordres. Mais ces pensées étaient dangereuses. Autant l’Empire était loin, autant Veer non. Et Veer semblait convaincu de la nécessité de soutenir l’Empire…

« Dans tous les cas, je ne peux pas rester ici, pensa-t-il. Si je reste, je mourrais à coup sûr. Je peux toujours les suivre, puis leur fausser compagnie dans quelques semaines ou mois et venir demander grâce. Si j’arrive à obtenir la grâce de quelqu’un d’important chez les révolutionnaires, je pourrais peut-être espérer pouvoir vivre à nouveau ici. Mais il faut commencer par partir. Loin, chez les démons. » Il regarda Ez, qui le regardait aussi. Leur échange de regard fut bref, mais ils se comprirent : ils étaient arrivés à la même conclusion : il leur fallait partir. Quitter leur patrie.

« J’en suis, dit-il en se levant. J’irai à Jawatra avec toi. 
- Moi aussi,
dit Ez en se levant également.
- Et moi donc ! » dit un Diàp en se redressant à son tour.

Peu à peu, tous finirent par se lever et se ranger à l’avis de Veer. Celui-ci sourit, et dit :

« Alors c’est partit. On y va les gars. » Et ils partirent. Ranjan avait du mal à y croire. Il allait quitter le grandissime Empire du Viswani pour la première fois de sa vie. Il allait enfreindre le Grand Édit qui interdisait tout contact avec le monde extérieur. C’était… effrayant, mais aussi excitant.
« Une nouvelle vie commence, pensa-t-il. Une nouvelle vie et, peut-être, une nouvelle chance. » Lorsqu’il franchit la frontière, il ne s’en rendit même pas compte, et c’est à peine s’il jeta un coup d’œil en arrière. Il partait. Il quittait cet endroit qui l'avait vu naître, grandir... et presque mourir. Pour un nouvel horizon. Qui sait ? Celui-ci était peut-être meilleur
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PROPAGANDE ET EFFETS ÉCONOMIQUES


Pays infiltrant: Kölisburg
Pays infiltré: Empire listonien
Prévisionnel de la date (RP) de l'action: l'action démarre le 7 Juin 2013 et se termine 3 semaine plus tard.

Objectifs:
Obtenir un soutien du peuple listonien dans l’infiltration économique kolisienne
Influencer les marchés listoniens
Encourager les entreprises listoniennes à s’exporter et fuir au Kölisburg
Gagner l'approbation des listoniens sur l'aide économique kolisienne

Réussite majeure : L’économie dans la province tombe dans les mains de grands groupes kolisiens. Les entreprises listoniennes prennent peur, les listoniens foncent droit vers les entreprises kolisiennes déjà implanté. Une crise économique sans précédent s’installe dans la province et les listoniens demandent l’aide de Kölisburg.

Réussite mineure : L’économie est fortement impactée. Les listoniens paniquent et beaucoup cherchent à garder un emploi que ce soit dans des entreprises kolisiennes ou listoniennes. L’économie en prend un coup et des pénuries ont lieu. Les listoniens demande une aide internationale et insiste sur une volonté de recevoir une aide qui provient en priorité de Kölisburg.

Échec mineur : L’économie est touchée en revanche les listoniens y voit une crise économique dans laquelle il n’y a pas de raisons de paniquer. Aucune préférence pour des entreprises kolisiennes n’a lieu et il n’est pas nécessaire de demander une aide internationale. En revanche, certains listoniens employés dans des entreprises kolisiennes perdent leur emploi dû à des coupes budgétaires créant un sentiment minime d’hostilité envers Kölisburg par cette minorité.

Échec majeur : L’opération est un échec total. L’impact économique est minime et l’évènement n’engendre pas de crise. On note même une petite inflation, totalement l’effet inverse souhaité par Kölisburg.

Enjeu: La chute de l’économie dans la province et la prise de contrôle par Kölisburg de l’économie de celle-ci.

Moyens engagés et manière d’opérer (et base RP sur laquelle s'appuie l'action) : Depuis déjà quelques mois, la part kolisienne dans l’économie de la petite province eurysienne de Listonie ne cesse de croître. En politique, beaucoup de listoniens soutiennent cette idée et cette aide venu d’ailleurs et pourtant si proche. Face aux délaissements multiples de la métropole vers ses colonies, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Pour Kölisburg, grande nation de commerce, elle y trouve son bonheur. En effet, depuis déjà quelques mois, le Prince de Kölisburg en personne a fait de l’humanitaire et a vu de ses propres yeux la situation. En effet, les multiples crises et notamment la guerre civile au Valkoïnenland on permit d’entamer une déstabilisation de la province avec l’import toujours plus important de réfugiés sur le marché du travail listonien en plus d’une emprise des entreprises kolisiennes toujours plus importantes. Pire, les listoniens ne prévoyaient pas le coup et ont même pensé que les réfugiés n’apportaient rien de mauvais et ne servaient aucuns intérêts. Ainsi, face à des groupes qui prônaient la fin de l’import de réfugiés par les ONG kolisiennes, les listoniens ont manifestés pour. L’action coûte chère au gouvernement kolisien mais si elle réussie, l’action fera gagner de l’argent aux entreprises et à l’état kolisien. Le services secrets kolisiens assurent aussi un soutien dans l’action.

PROCÉDURE D’ACTION :

9h le 7 Mai : Les ONG kolisiennes accueillant des réfugiés sont forcées de fermer leurs portes et ne peuvent plus accueillir de nouvelles personnes. Les centres sont fermés. Les masses de populations restent dehors.

9h45 : Les banques kolisiennes installées en Listonie ferment leurs portes exceptionnellement. Les rendez-vous sont tous annulés et les banques et guichet ne sont plus accessibles.

12h : Toutes les entreprises kolisiennes et entreprises listoniennes contrôlées par des kolisiens installées dans la province décrètent une journée de congé forcée pour leurs employés. Sur les réseaux sociaux, autant d’évènements posent questions. Une demi-heure plus tard, toutes les entreprises ont fermées.

13h : Les entreprises annoncent fermer jusqu’à nouvel ordre. Des rumeurs courent que certaines entreprises prévoient de fermer pour deux mois. Le système listonien ne prévoyant pas de plan de secours pour les salariés contraints de prendre des congés forcées, les salariés se ruent vers les banques déjà fermées. À l’annonce de cet évènement, la bourse de Listonia s’affole et les actionnaires vendent leurs actions sans délais.

En une journée, la crise s’installe. Des milliers de personnes se retrouvent du jour au lendemain sans revenus et sans définition clair dans le temps. Les autorités locales ne parviennent pas à fournir de réponses claire aux listoniens et, en Kölisburg, on fait la sourde oreille.
Pendant deux semaines, les gens paniquent et certains se retrouvent même à la rue. Des manifestations ont lieu pour demander une aide du gouvernement listonien, en vain. En revanche, sur ordre du gouvernement kolisien qui le fait bien savoir par la presse, les banques sont sommées de ré-ouvrir. Les listoniens (dans le cas d’une réussite de l’action) voit cet ordre du gouvernement kolisien comme un élan de solidarité. Ainsi, les listoniens retirent leur argent des banques. Les listoniens entrent dans la thésaurisation et veulent à tout prix garder leur argent chez eux pour survivre. La dernière semaine, les entreprises kolisiennes reçoivent l’ordre de ré-ouvrir. Là encore, le gouvernement kolisien s’assure que les listoniens prennent bien conscience de qui prend les choses en mains. En revanche, les prix chutent. Les autorités kolisiennes prennent conscience de l'ampleur du problème et une aide est proclamée à destination de la province listonienne. Plusieurs haut responsables économiques de la Confédération vont directement dans la province auprès des listoniens impacter pour montrer un soutien.

Identification des cibles :
Province #23860
13230
[Chroniques] Soldats de l’Empire – 12 juillet 2008

Ranjan marchait depuis environ quatre heures maintenant. Devant lui, Veer. Derrière, Ez. Le reste du groupe suivait un peu plus loin. Tous marchaient en silence. Hormis Ez et lui, les autres n’avaient pas l’air de se connaître. Pas étonnant. En général, on ne parlait qu’aux membres de son équipe de combat, ceux avec qui on allait devoir survivre aux lendemains. Ceux-là il fallait leur parler, car on avait besoin de se garantir que, si jamais on était blessé, quelqu’un viendrait vous chercher. Ou simplement qu’on aurait quelqu’un pour tendre son bouclier et vous éviter un coup fatal. Mais les autres ? Ceux des autres équipes ? Eux risquaient de mourir à la prochaine embuscade, alors pourquoi apprendre leurs parler ? Pourquoi même apprendre leur nom ? Inutile.

Le voyage se faisait donc en silence. Un silence de mort. Seulement quelques heures séparaient l’instant présent du moment où le commandant avait décidé de quitter le camp fortifié pour aller se ravitailler dans un village. Et qu’ils étaient… tombés dans une embuscade.

Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas que Veer s’était arrêté et percuta son dos de plein fouet.

« Eh, du calme minus, dit-il en riant. Si on commence à se frapper comme ça on va pas survivre longtemps. » Puis il se retourna pour parler à l’ensemble du groupe. « On va faire une pause. Il y a de l’eau fraîche par ici, profitons-en. Dans l’idéal, on cherchera un coin viable pour passer la nuit. »

Le soulagement se lisait dans les yeux de la plupart. Ils étaient éreintés. La journée avait commencé tôt le matin, et n’avait pas été de tout repos. Ils étaient passés aux portes de la mort, et n’en avaient réchappé que de très peu. Une chance incroyable, se dit Ranjan en se remémorant la bataille. Et maintenant ils marchaient dans la jungle, crapahutant dans ce territoire hostile.

Oh, la jungle, ils en avaient l’habitude, d’accord. Mais ils avaient aussi l’habitude de trouver des pistes définies, ou au moins que des éclaireurs aient aménagé et balisé un itinéraire viable. Pas… ça. Ils devaient régulièrement faire demi-tour, bloqués par une végétation trop dense, ou lorsqu’ils le pouvaient, la découper à coups d’épées. Mais cela était peu efficace, et fatiguant. Il était de plus nécessaire de grimper aux arbres pour s’orienter, car la canopée masquait toute la lumière. Autre inconvénient d’ailleurs de ces fichues branches, c’était que non contentes de les empêcher de voir et loin et donc de garder un cap, elle les faisait avancer dans une semi-obscurité très désagréable. Un crépuscule permanent.

En clair, ils n’en pouvaient plus de tout ça. L’offre de Veer tombait à pic. De l’eau pour se désaltérer, et la promesse de s’arrêter bientôt pour dormir. Enfin, la nuit ne serait pas de grande qualité, car il faudrait sûrement organiser des tours de garde, mais tant pis, ce n’était pas le moment d’y penser.

En ce moment d’ailleurs, Ranjan ne pensait qu’à boire. Sa gorge était sèche et le brûlait. Il se pencha sur le petit ruisseau qui coulait entre quelques pierres et, mettant ses mains en coupe, il tenta d’en recueillir un peu pour boire. Le résultat fut peu concluant, l’eau s’échappant souvent entre ses doigts, lui ruisselant sur le visage et le long des mains. Il réessaya plusieurs fois, sans succès. Les autres hommes autour de lui rencontraient les mêmes difficultés. Le cours d’eau était trop petit pour que l’on puisse y boire comme cela facilement.*

Ranjan vit alors Ez qui se penchait simplement sur l’eau et la buvait à grandes gorgées à même le ruisseau. Plusieurs soldats commencèrent à l’imiter, la technique semblant fonctionner. Alors, renonçant à toute dignité, le jeune homme se pencha et fit comme son ami. Il avala le liquide goulûment, profitant de chaque gorgée et la bénissant comme si elle lui avait été offerte par les dieux en personne. Il n’avait pas bu depuis le matin. Ce ruisseau était une bénédiction. Enfin, une bénédiction… pour autant qu’un athée pouvait croire à la Providence. Mais priver un homme d’eau était un châtiment cruel, et ils l’avaient tous expérimenté aujourd’hui. Et puis, au point où ils en étaient, affamés, assoiffés, en guenilles, blessés pour certains, les esprits marqués par la violence des conflits, que leur importait un peu de dignité ?

Seul Veer conservait la sienne. Il avait sorti de son sac de cuir – d’où sortait-il d’ailleurs ? Comment avait-il pu le conserver ? - un petit bol de bois qu’il plongeait dans le cours d’eau, attendant qu’il se soit rempli pour le porter à ses lèvres.

Ez commença à chuchoter à l’oreille de Ranjan. Ce dernier, qui ne l’avait pas vu se rapprocher de lui, concentré qu’il était sur l’eau qu’il essayait de voire, sursauta. Il se reprit rapidement, et se tourna vers Ez. Celui-ci lui indiquait « chut » d’un signe, puis lui murmura :

« Il va falloir qu’on parle une fois qu’on aura fini de monter le camp. »

Ranjan savait très bien de quoi Ez voulait lui parler. De la potentielle décision de quitter l’Armée Impériale. De la décision de de devenir libres, qu’ils prendraient peut-être – ou pas. Il lisait le questionnement dans les yeux de son ami. Ils se connaissaient comme des frères. Après tout, ils avaient vécu leur entrée dans l’armée, supportant chaque épreuve grâce à la présence de l’autre. Plus que ça, il vit l’espoir dans ces yeux. Alors il acquiesça.

« Oui, murmura-t-il, je serai là. (Ez ne répondit pas, mais Ranjan vit qu’il était soulagé.) Arrange toi pour qu’on ait le même tour de garde.
- Pas de problème avec ça. »


Puis il s’écarta doucement, comme s’il cherchait une meilleure position pour boire. Ranjan jeta un coup d’œil aux autres. Par chance, personne ne semblait avoir remarqué leur petit manège. Et puis, qu’auraient-ils pu dire ? Ils savaient tous que Ranjan et Ez se connaissaient depuis des années et étaient inséparables. Certains devaient même penser qu’ils étaient frères. Alors qu’ils échangent des messes basses ne devrait choquer personne.

Malgré tout, Ranjan se méfiait. Veer avait l’air convaincu par la nécessité de soutenir l’Empire, quand Ez et lui prévoyaient de l’abandonner. Il devait donc rester sur ses gardes. Veer était dangereux, mieux valait le surveiller, et ne surtout pas le laisser penser qu’ils prévoyaient de déserter.


Après un certain temps à boire, puis à se reposer à même le sol de la jungle, ils entreprirent de monter un campement provisoire. Enfin, Veer les força à se relever pour construire des abris, car si ça n’avait tenu qu’à eux, ils auraient passé la nuit comme ça, peu importe les dangers.

Ils dressèrent donc le camp. Un camp de fortune, à partir de ce qu’ils avaient pu trouver car, évidemment, aucun n’avait pu récupérer ses affaires personnelles. Il ne s’agissait donc pas de belles tentes ou d’habitations correctes, mais d’une simple hutte en bambou. En fait, même pas une hutte, plutôt quatre piliers – en bambous – enfoncés dans le sol, qui soutenaient une armature, de bambou elle aussi. Tout tenait grâce à quelques nœuds de lianes, et des encoches dans le bois qui permettait aux différents morceaux de s’enfoncer les uns dans les autres, et donc de tenir. Voilà. L’armature d’une petite cahute, toute simple.

Ce n’était encore rien : une armature, ça ne protégeait de rien. Ni de la pluie, ni du vent, ni des créatures de la jungle.

« Allez les gars, on tient encore un peu,
lança Veer. On va récupérer toutes ces fougères, et on va les poser sur les toits et les parois, ça suffira pour nous protéger pour la nuit. Courage, on va y arriver. Et après, je vous promets qu’on pourra dormir. »

Quelques grognements lui répondirent, suivis de soupirs de soulagement lorsqu’il annonça qu’ils pourraient se reposer sous peu. Il se mirent donc à la tâche, récupérant les fougères. Rapidement, poussés par des années de vie militaire et surtout par Veer qui, de plus en plus, donnait l’image d’un chef, ils s’organisèrent avec logique, répartissant les tâches. Ez, Dyal, Keshav et Akshey furent chargés d’explorer les environs et de leur ramener les matériaux dont ils avaient besoin. De ce que Ranjan pouvait voir, les trois premiers ramassaient des fougères, tandis que le dernier coupait des lianes. « Étonnant. Il nous reste pourtant des lianes de la construction de l’armature. Et puis, pourquoi on aurait besoin de lianes ? » Il comprit assez vite, lorsque le petit groupe d’expédition revint avec ce qu’ils avaient pu trouver – et porter. Là, Veer organisa les quatre qui restaient – à savoir Ranjan, Veer lui-même, Mishri et Amritv – pour travailler les fougères.

Au lieu de simplement les poser sur l’armature, celui-ci voulait un travail propre. Il les fit donc trier les fougères, ne gardant que celles suffisamment grandes, puis les réunit par paquets. Ensuite, ils les attachaient à l’aide des lianes, pour former comme des petits ballots. « Pas bête. Comme ça, elles ne risquent pas de tomber du toit, et l’isolation sera meilleurs. Pas bête du tout. Il est plus malin qu’il n’en n’a l’air comme ça. »

Une fois les fougères attachées, ils posaient les ballots sur le toit, là aussi selon une organisation réfléchie, et fixaient les paquets aux bambous qui traversaient le toit. « Vraiment pas bête du tout. Très réfléchi. » Puis, une fois le toit terminé, ils s’occupèrent des murs, là aussi en attachant les ballots afin qu’ils ne puissent pas tomber au moindre coup de vent.


Enfin, après environ trois-quarts d’heure de ce travail, ils terminèrent enfin. Comme les choses allaient vite avec une organisation cohérente ! Ranjan se rappelait le temps qu’il fallait pour monter le camp de l’armée impériale, et le compara au travail qu’ils venaient de réaliser. « Il n’y a pas à dire : il sait coordonner les gens de façon efficace. »

Ils se réunirent. Ils était fatigués – et avaient raison de l’être après la journée qu’ils avaient eu – mais pas abattu. On aurait pu se dire qu’après avoir tout perdu, vu leurs amis se faire massacrer par les révolutionnaires, quitté leur pays, enfreint la plus grande de leurs lois et avoir encore marché, marché, et encore marché, ils seraient brisés. « Ils devraient être brisés. On devrait être brisés. Mais on ne l’est pas. Pourquoi ? »

Le travail avait cet effet là sur les hommes. Veer avait cet effet là sur les hommes. Au lieu d’être brisés, physiquement comme mentalement, ils étaient juste… épuisés. Vidés. Mais ils s’en remettraient.

Comme prévu, Veer ordonna qu’ils montent la garde. Cela ne mit personne de bonne humeur, mais il le fallait. Ils étaient en territoire ennemi. Au milieu des démons venus d’ailleurs. Seuls Ranjan et Ez se réjouirent de cette nouvelle – intérieurement, bien entendu.

Ranjan allait se dévouer, quitte à donner l’impression qu’il voulait y passer et paraître louche, quand Ez déclara qu’ils allaient tirer les paires de garde à la courte paille. Il organisa le tirage.

« Et les premières victimes sont Ranjan, et… Ez lui-même ! » déclara en rigolant Keshav.

A l’exception d’eux deux, tous les autres rentrèrent se coucher dans la cahute. Ils avaient installé les ballots de trop pour former des paillasses de fortune. A l’extérieur, Ranjan se rapprocha d’Ez, et lui chuchota :

« Comment tu as fait ?
- J’ai truqué le jeu, c’est évident. »


Ça, Ranjan s’en doutait. Ez était très doué pour tricher, quel que soit le jeu. Laissez Ez avec un jeu, et en cinq minutes il vous battait à plates coutures. Pas honnêtement bien sûr, mais il vous battait. Et ce dernier s’en servait allègrement contre les autres soldats impériaux, quand ils étaient dans le camp, pour leur extorquer un peu de leur maigre solde. Contre Ranjan, il ne trichait jamais. Enfin, Ranjan l’espérait. Mais comment ?

« Je veux dire, comment ? Comment as-tu réussi à tricher sans qu’ils s’en rendent compte ?
- Ah ça, un magicien ne révèle jamais ses tours.
- Tu n’es pas magicien à ce que je sache.
- Non, mais c’est tout comme. Je t’apprendrai peut-être un jour, si tu deviens mon apprenti. »


Ranjan, qui avait commencé à grignoter un morceau des rations que Veer avait partagé avec eux, faillit s’étouffer.

«  Peuh ! Tu te moques de moi !?
- Absolument pas,
lui répondit-il avec l’air le plus sérieux du monde. »

Ranjan le regarda un certain temps, l’air effaré. Ez resta imperturbable durant un certain, temps, mais finit par craquer. Ses traits se relâchèrent tandis qu’il tentait de cacher son hilarité, mais il n’y parvint pas et éclata de rire.

« Bien sûr que je me moque de toi, espèce d’idiot ! Parvint-il à lui dire entre deux fous rire. Mais je t’apprendrai, ne t’inquiète pas. A te dérider aussi, ajouta-t-il en lui tirant la langue.
- Pfff… Espèce de gamin va. Bon, tu voulais me dire quelque chose ? »

La mine d’Ez s’assombrit immédiatement.

« Ils dorment ?
- Et bien, après la journée qu’on a eu, je me demande pourquoi nous, nous ne dormons pas.
- Bon. »


Un cours silence s’ensuivit, avant qu’Ez reprenne la parole.

« Il faut qu’on décide quelque chose. A propos de Veer, de l’Empire, et des autres.
- Quelque chose comme ?
- Ne fais pas semblant de ne pas savoir. Tu y as réfléchi tout autant que moi.
Il marqua une pause, puis reprit. Il faut qu’on décide si on reste. Ou si…
- Si on part ? Si on quitte l’Empire ?
- Oui. Ou autre, on peu rejoindre les révolutionnaires et chercher à obtenir une grâce. Ou quitter Jawatra, explorer… l’ailleurs.
Dit-il en frissonnant. Le monde est vaste, tu sais.
- Je le sais très bien… La question pour l’instant n’est pas de savoir où nous irons, mais ce que nous ferons. De savoir à qui ira notre loyauté. A l’Empire, aux… Tymeri ou à nous-mêmes. De savoir si on continue comme avant, si on suit le plan de Veer, ou si on décide de tout plaquer.
- Tu veux vraiment continuer ça ? La guerre, les massacres, la peur ? Et puis après, la potence, ou bien ce quasi-esclavage qu’ils nous imposent ? Mourir dans les champs quand eux se gavent du fruit de notre travail ? »


Ranjan réfléchit. Non, il n’en n’avait pas envie. Mais pouvait-il renoncer totalement à l’Empire ? Renoncer aux dieux ? A tout ce en quoi il avait jamais et toujours cru ? A sa famille – du moins ce qu’il en restait ? Pouvait-il réellement renoncer à tout ça ?

« Toi, tu as déjà choisi apparemment, dit-il à Ez.
- … Je n’ai rien ni personne qui m’attende là-bas. Et j’en ai plus qu’assez. Ma seule famille, ça reste toi. Donc je veux savoir ce qu’on fait. Où on va. »

Ranjan prit encore un moment.

« Alors on y va.
- Où ?
- Nulle part. Partout. Je ne sais pas. On quitte l’Empire. Dès qu’on pourra, on faussera compagnie à ceux-là. Et on ira… ailleurs. On y réfléchira plus tard. Pour l’instant… on va se reposer. La nuit porte conseil il paraît.
- D’accord,
dit-il avec soulagement. »

Avait-il vraiment cru que Ranjan partirait sans lui ? Sans ce qui était devenu son frère, bien que par adoption ? Non, jamais. Ils étaient unis, et c'était tout ce qui comptait. Point.

Mais ce n’était pas le moment d’y penser. Leur tour de garde touchait à sa fin. Ils se levèrent, rentrèrent discrètement dans la cahute, et réveillèrent les deux suivants. Ensuite, ils s’installèrent du mieux qu’ils purent, en tentèrent de dormir.

Malgré ses résolutions et la fatigue, Ranjan mit du temps à trouver le sommeil. Les dieux le fuyaient apparemment, tandis que ses démons le pourchassaient, ruminant tous ses malheurs. Malgré tout, il réussit – bien qu’après un long moment – à plonger dans un repos bienfaisant.
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CTESI
Centre Tanskien d'Etudes Stratégiques et Internationales

Rosborg-Skaudme, à l'ombre de la guerre au Valkoïnenland


Octobre 2013 - Eemeli Toivonen



Le 15 juin 2012, quelques jours seulement après le déclenchement du siège de Kønstantinopolis par les forces rebelles au Valkoïnenland, les forces alliées de l'Organisation des Nations Démocratiques lançaient l'opération Beach Wizard. Celle-ci débutait alors par une "notice to airmen" et une alerte navale. Le surlendemain, les forces se concentraient dans les bases et ports caratradais avant de finalement débarquer dans et autour de la ville à la fin du mois, marquant un évènement salvateur pour le quasi million de civils assiégés et la première opération humanitaire de l'OND. Dans le même temps, un grand nombre de réfugiés affluaient vers Konungens, capitale impériale encore sous contrôle. Située à moins de 100 kilomètres de cette dernière, Rosborg-Skaudme, colonie listonienne de 235 000 âmes sur les rives froides de la Manche Blanche vu arriver ses premiers réfugiés, rapidement instrumentalisés par Eppelcot, acteur humanitaire kolisien important.

Ete 2013, alors que la guerre civile au Valkoïnenland semble se poursuivre, les tensions augmentent en Manche Blanche entre Caratrad et Sylva d'une part, et Kolisburg de l'autre à propos de question halieutiques. Rapidement, plusieurs navires de guerres caratradais sont illuminés et menacés par des navires kolisiens qui craignent une possible agression militaire caratradaise. Là encore, la colonie listonienne aux premières loges de ces tensions reste sans réponse de sa Métropole.

31 juillet 2013, l'Eurysie, et plus particulièrement les rives de la Manche blanche se réveillent sous l'ombre menaçant d'une guerre régionale. L'Organisation des Nations Démocratiques, rapidement suivi par une République Pharoise en perte de vitesse voyant là un moyen de réaffirmer son rang, impose un blocus et un ultimatum aux forces loduariennes dans l'auto-proclamé oblast indépendant de Zladingrad sous occupation militaire. Violant le traité de paix qu'elle a elle-même imposée, la Loduarie Communiste se retrouve confrontée à un ordre de départ faisant suite à l'envoi d'un groupe aéronaval contre la Translavya, à l'autre bout du continent, et deux océans de distances. Là encore, alors qu'un groupe aéronaval caratradais croise à quelques bonnes distances de la colonie listonienne et que la guerre semble proche, le gouvernement listonien reste sans réponse.

Cette série de crises depuis plus d'un an, dont certaines sont toujours en cours, semble témoigner de l'atrophie dans laquelle se trouve le gouvernement listonien envers sa colonie alors que le massacre de Port-Hafen trotte encore dans les têtes. La crainte, largement relayée par les médias kolisiens, d'une extension de la guerre au Valkoïnenland n'a pas eu lieu et en dépit des crises migratoires réelles et provoquées, un calme local réside toujours dans la colonie. En dépit des apparences, et dans l'ombre sinon l'oubli, le risque pour celle-ci réside sans doute désormais moins dans l'escalade que dans l'effrondement.


Rosborg-Skaudme, foyers de tensions, foyers de convoitises

Rosbog-Skaudme est une très petite colonie listonienne. Ne dépassant pas les 500km², elle compte tout de même une population importante comme évoquée auparavant, frôlant ainsi les 500 habitants au km². Liant la Manche Blanche, les océans polaires et l'Océan d'Espérance, elle fait aussi face à l"île celte". Ancien grand port de pêche à la baleine, c'est aujourd'hui un territoire en stagnation économique dont les murailles de l'ancienne forteresse - aujourd'hui dépassée mais toujours active - font office de témoignage de cette richesse d'antan. Son économie tourne aujourd'hui toujours à la pêche, au charbon et à l'industrie forestière. En d'autres termes, elle subsiste plus qu'elle ne se développe.

Défendue par l'Empire Listonien, la colonie n'a connu que peu de velléités indépendantistes en dépit des déliquescences de la métropole. La réaction impériale à l'indépendance de Port-Hafen en Aleucie plantant le dernier clou dans le cercueil de ce qui reste aujourd'hui un mirage. Pour autant, cette focalisation sur la seule relation avec la métropole impériale risquerait de masquer ce qui se joue réellement sur ce petit territoire du nord de l'Eurysie : un carrefour des influences, un théâtre des ingérences.

L'apparition, au printemps 2012, d'une nouvelle radio, "Rive-Rosborg", émettant dans la colonie est passée sous les radars de la plupart des analystes. Pourtant, celle-ci reste intriguante. Emettant dans la langue impériale et dans la langue locale, elle n'a pas été fondée par des locaux mais, vraisemblablement, par d'anciens pêcheurs tanskiens retraités sur les rives de la cité. Invitant des citoyens lambda et quelques officiels, Rive Rosborg reste à ce jour encore en activité et reste l'une des seules radios réellement liées à la colonie et ne traitant que des sujets de la colonie ou de son entourage proche. Pour autant, à y regarder de plus près, elle ne semble pas neutre. Critique de la position de Kolisburg à l'égard de la guerre civile voisine, la radio s'est aussi faite la porte-parole des actions de l'OND à Konstantinopolis et à longuement évoquée les questions de réfugiés sous un angle particulièrement inquiet vis à vis des potentielles conséquences pour le territoire. Si le gouvernement tanskien l'assure, la radio n'a rien à voir avec l'Etat Fédéral, et les financements de celle-ci semble le démontrer (la majorité des financements provient de particulier dont une partie est située dans la Commune de Kotios), son approche politique des sujets régionaux n'en reste pas moins favorable à Tanska.

De l'autre côté, Eppelcot active sur la question des réfugiés a reçu un soutien financier et politique de l'Etat de Prismurgue (composante du Kolisburg) mais l'Etat central semble lui pour l'instant ne pas se positionner sur la question. Les accusations mutuels entre Rive-Rosborg et Eppelcot, qui ont amenés le secrétaire général de l'ONG, Clarck Himlich, à s'exprimer dans une conférence de presse, témoigne davantage de la lutte d'influence qui se joue sur le territoire mais aussi en partie de l'ingérence qui y est faite. Les réfugiés, au-delà d'une question humanitaire - on peut aussi citer l'action de Rauði krossinn, principale ONG humanitaire tanskienne sur le sol et uniquement sur celui-ci du Valkoinenland - sont devenus l'objet d'invectives politiques.

Plus récemment, à la fin de l'année 2012, Kolisburg s'est félicité de sa pénétration économique de la colonie et, pour citer la presse kolisienne du "joug de l'économie kolisienne dans laquelle est tombée Rosborg-Skaudme. En d'autres termes, le royaume a mis fin, au tournant de l'année 2013, à une forme de silence absolu sur la colonie et a dévoilé sa politique économique et politique allant jusqu'à parler, selon les mots d'une journaliste kolisienne, d'un "remplacement d'une culture". Anne-Marie Vasquez, au fait des questions politiques kolisiennes rajoutait ainsi que "c'est un jeu dangereux auquel l'état kolisien joue. Dans les prochaines années, il va devoir jouer au funambules pour convaincre la population listonienne qu'il n'est pas là pour remplacer ou imposer mais soutenir une territoire eurysien qui est délaissé."

Ainsi, sur le plan politique, l'année 2012 semble avoir été un tournant pour la colonie. L'année 2013, plus calme, n'a pas vu évoluer la situation. Néanmoins la situation reste particulièrement tendue avec la guerre civile proche, l'afflux de réfugiés et l'ingérence économique kolisienne. Le tout alors que le gouvernement listonien semble sans réponse, voir même sans connaissance de ce qui se joue pour sa "petite" colonie septentrionale. Mais les facteurs de déstabilisation s'accumulent les uns après les autres. La récente crise de la pêche entre Caratrad et Kolisburg pourrait impacter, par effet domino, la colonie et la plonger dans la crise économique qui viendrait s'ajouter à une crise politique en place et une crise identitaire naissante.

Pendant longtemps, c'est la situation militaire, par la présence impériale, qui fut le principal sujet d'inquiétudes concernant Rosborg-Skaudme. Désormais, c'est la dominante interne qui l'emporte et l'augmentation de l'incertitude. La gouvernance interne, toujours marquée du sceau de l'impérialisme et de l'autoritarisme listonien pourrait ainsi bientôt rentrer en confrontation avec les divergences idéologiques et politiques de la population. Les intérêts économiques se détachant de la métropole, les regards étrangers attirés vers ce port, les élites politiques potentiellement proche du pouvoir quand une base sociale s'en détache. Mit bout à bout, tous ces éléments indiquent une crise en formation. Alors que l'escalade liée à la guerre civile semble s'être aujourd'hui éloigné, c'est davantage l'effondrement interne qui émerge. Seul facteur qui, en plus de provoquer davantage d'activités étrangères, pourrait aussi provoquer une réaction impériale imprévisible.
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Dans l’enclave pharoise de Terra Verde, 15h,

Aasmi Tawon était assise à son bureau, dans ses locaux de l’enclave pharoise de Terra Verde. Elle venait de conclure une vente particulièrement juteuse, et s’occupait actuellement de la comptabilité. On ne savait jamais, quelqu’un aurait pu malencontreusement oublier un dollar. Dans le milieu dans lequel elle travaillait, c’était plus que fréquent que votre interlocuteur tente de vous rouler. Presque attendu en fait. Mais Aasmi aimait les partenaires fiables, et cela ne lui arrivait que rarement. Enfin, ça lui arrivait souvent il y a quelques années. Plus maintenant. Elle avait rappelé à l’ordre chacun de ses partenaires commerciaux lors des dernières années, pour tous les mettre au pas. Désormais, les affaires se passaient pour le mieux.

« Où vais-je donc bien pouvoir envoyer ce navire... réfléchissait-elle tout haut. Je pourrais aller écouler la marchandise à Jadida, pour qu’ils la renvoient vers l’Eurysie… Hum, non, trop commun. Il y a déjà trop de contrebandiers sur cette route. Du côté des Isteal alors ? Pour tenter de vendre ça à Villas et Tafanu peut-être ? Ou peut-être qu’on peut renvoyer des stocks du côté du Fujiwa et de Macao. Peut-être. »

Soudain, elle reçut une notification sur son téléphone. Un message – crypté – qui disait en clair : « ouvrez votre boîte pesar surat, et consultez le canal sécurisé.

« A l’intention de la capitaine Aasmi Tawon,

L’on m’a rapporté que la situation au Zijian pouvait nous être profitable. Je souhaiterais en savoir plus, et de source sûre. Vous êtes missionnée. Envoyez autant de navires qu’il vous sierra : tous recevront une prime de mission.

La Reine des Perles »


« Ah ah ah ! S’exclama-t-elle d’un rire cristallin. Et bien, voilà où je vais l’envoyer ce navire ! Au Zijian ! Encore merci, ma reine, vous me sortez une épine du pied ! Ah ah ah ! On va s'amuser un peu ! (Elle se leva et sortit de son bureau. Dans les locaux, elle tapa dans ses mains, réunissant les quelques trente personnes qui travaillaient sur la partie logistique de l’affaire.) Et bien, mes amis, nous avons reçu une mission ! Nous embarquons pour le Zijian, et pour un nouveau terrain de jeu ! Préparez vos affaires : c’est vacances prolongées au programme ! 
- Tout le monde, madame ? Même l’équipe logistique ?
- Oh oui, tout le monde ! Vous ne voudriez pas rater une prime de la reine tout de même ?
leur dit-elle avec un clin d’œil appuyé.
- Ah, ça, non, pour rien au monde ! »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Toute l’équipe logistique, ainsi que l’ensemble de l’équipage habituel, embarqua sur le Tawon (le navire éponyme du surnom d'Aasmi, qui signifiait "la Guêpe", et dont elle était personnellement capitaine) en direction du Zijian.
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Rififi économique dans les colonies nordiques


Bourse

Rosborg-Skaudme, Juin 2013,


Engoncé dans son fauteuil en acajou tout en pianotant des doigts frénétiquement sur l'accoudoir de ce dernier, le Gouverneur Général de sa Majesté Impériale fronce les sourcils, d'un geste crispé il réhausse prestement sa paire de binocles rondes à montures noires, accessoire typique s'il en est de ces bureaucrates de la vieille école ne jurant que par les protocoles et le formalisme. D'ordinaire bonne poire et un tantinet niais si l'on en croit son entourage, c'est un portrait tout autre que l'on peut dresser de ce dernier ce mois ci. Des traits de la Poire il ne reste rien si ce n'est la forme du crâne, car les sourires bancales et les regards peu assurés ont laissés places à de larges cernes et un faciès des plus crispé où règne l'irritation, c'était là second visage de l'intéressé que peu lui connaissait et qui ne se manifestait uniquement que lors des mauvaises périodes et ce mois ci était de celles là.

Gouverneur - << Contenir une crise économique ? Vous vous foutez de moi ?! Quatre heures d'intervalles ! Les ONG, les Banques et leurs putains d'entreprises, quatre heures d'intervalles pour tout fermer pour une période indéfinie ? Alors qu'hier tout allait bien ? Une crise ? Un putain de coup monté oui ? Alors ?! Les analystes en disent quoi ? >>

En face, les conseillers de l'administration listonienne murmuraient à voix basses en inspectant des documents qu'on venait de leur porter d'une part et en conversant au téléphone de l'autre tandis qu'en bordure de scène un officier stoïque de liaison de l'armée, l'un des hommes de confiance du tristement Célèbre Général Cortès faisait le plancton, observant en silence la scène sans en manquer une miette. Finalement après quelques instants l'un des conseillers raccroche, s'empare d'un dossier et vient le disposer sur le bureau du gouverneur avant que ce dernier ne manque de briser en deux un crayon n'ayant rien demandé.


Conseiller 1 - << D'après nos analyses et les observations des premiers jours, l'impact présumé des fermetures soudaines a été largement surestimée. Certes il y aura un peu de casse et des pertes, mais rien de particulièrement notable, à vrai dire avec un peu d'efforts et des investissements de la métropole dont la requête est déjà à l'étude par les ministères d'outre-mer et de l'économe, les pertes devraient être résorbés d'ici quelques semaines à une poignée de mois. >>

Un autre conseiller s'approcha et prit la parole.

Conseiller 2 - << J'ai des nouvelles de mes amis de la bourse, ils me confirment que les rumeurs de panique sont infondés, seule une poignée de paranoïaque ont vendus en vitesse, la majorité n'a pas suivit et la bourse demeure stable. >>

Pendant un instant le visage du gouverneur sembla s'apaiser à l'entente de ces nouvelles, mais jamais totalement.


Governeur - <<
D'accord, mais j'ai tout de même des dizaines de personnes sans emplois mécontentes dans la rue et qui risquent d'y rester au delà du simple mécontentement... >>


Conseiller 1 - << Les subventions devraient nous permettre de régler la situation, en attendant nous pourrions lancer des travaux publics afin de compenser comme solution temporaire, la rénovation des docks n'a d'ailleurs été que trop longtemps repoussé. >>

Passant sa main dans sa barbe pour se masser le menton, le gouverneur hocha verticalement la tête pour acquiescer, suivit des divers conseillers, toutefois une voix grave vient rompre cette entente collective, celle de l'officier liaison.


Officier - << Votre excellence et ses assistants oublient un point importants... Cette "débâcle" n'étant finalement qu'un pétard mouillé n'a rien d'un hasard ou d'un coup du sort. N'en déplaise aux mensonges éhontés et aux vaines tentatives de couvrir les traces en ordonnant une "réouverture" salvatrice des banques, les faits, leur enchaînement et le timing général ne mentent pas. Il y a des marionnettistes à la manoeuvre. >>

Governeur - << Et que voulez vous que nous y fassions, mettre tous les Kolisiens à la porte ? En l'état, cela va juste causer plus de tord. >>


Officier - << Peut être. Mais si rien n'est fait, nous risquons de voir une situation similaire se reproduire dans le futur et avec des conséquences plus drastiques. Les renseignements ont d'ores et déjà transmis un rapport détaillé sur les évènements au Général Cortès et nous attendons ses instructions en réponse. En attendant, l'armée recommande des inspections et interrogatoires de certaines figures immigrés et notamment des cadres des entreprises présent sur le territoire Listonien afin de... "Tirer au clair tout ça", et leur envoyer un message. Et si cela ne rentre toujours pas dans leur caboches, nous pourrons toujours saisir manu militari toutes leurs possessions et les expulser en suite. Dans tous les cas, les renseignements vont resserrer la bride sur les immigrés et garder ceux là à l'oeil, notamment s'ils essayent de filer après leurs méfaits. >>

Une goutte de sueur perla sur le front du gouverneur que même son mouchoir en soie eut du mal à faire disparaître, ces histoires étaient décidément bien trop stressantes pour lui.





Réussite majeure : L’économie dans la province tombe dans les mains de grands groupes kolisiens. Les entreprises listoniennes prennent peur, les listoniens foncent droit vers les entreprises kolisiennes déjà implanté. Une crise économique sans précédent s’installe dans la province et les listoniens demandent l’aide de Kölisburg.


Réussite mineure : L’économie est fortement impactée. Les listoniens paniquent et beaucoup cherchent à garder un emploi que ce soit dans des entreprises kolisiennes ou listoniennes. L’économie en prend un coup et des pénuries ont lieu. Les listoniens demande une aide internationale et insiste sur une volonté de recevoir une aide qui provient en priorité de Kölisburg.

Échec mineur : L’économie est touchée en revanche les listoniens y voit une crise économique dans laquelle il n’y a pas de raisons de paniquer. Aucune préférence pour des entreprises kolisiennes n’a lieu et il n’est pas nécessaire de demander une aide internationale. En revanche, certains listoniens employés dans des entreprises kolisiennes perdent leur emploi dû à des coupes budgétaires créant un sentiment minime d’hostilité envers Kölisburg par cette minorité. + Grâce aux multiples influences en cours, à ce second échec d'opérations internationales, et au motus opérandi peu discret sur ses intentions, l'attention des services de renseignements impériaux et des sbires du Général Cortès a été captée. Ces derniers regardent désormais de travers le Kolisbourg et n'hésitent pas à intimider leurs ressortissants suite à cette tentative de créer une crise de toutes pièces afin de les dissuader de recommencer.

Échec majeur : L’opération est un échec total. L’impact économique est minime et l’évènement n’engendre pas de crise. On note même une petite inflation, totalement l’effet inverse souhaité par Kölisburg.

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Service Permanent d'Intelligence Extérieure
Direction D
Taina Vepsäläinen
Analyste

Norja,
le 10 juillet 2013


Note classifiée pour la première Ministre


Objet : Tentative d'ingérence Kölisienne en Listonie dans la province de Rosborg-Skaudme en Manche Blanche.


Note distribuée en main propre.

La Confédération de Kölisburg a menée une opération visant à déstabiliser l'économie de la province. Elle a cherché à provoquer un mouvement de panique au sein du tissu économique local en profitant de sa mainmise sur l'économie de la province. L'objectif à long terme de cette tentative est inconnu. La présente note vise à :


  • Revenir sur la domination économique de Rosborg-Skaudme par la Confédération ;
  • Présenter la tentative de provoquer une crise économique dans la province ;
  • Présenter de possibles plan d'action en cas de réaction listonienne ;


L'économie de Rosborg-Skaudme et la domination kölisienne.

....Rosborg-Skaudme est une colonie listonienne du nord-ouest de la Manche Blanche. Peuplée d'environ 230 000 habitants et enclavée dans les fjörds du nord, elle est placée sur les routes arctiques mais éloignées des principales routes commerciales menant à la Manche Blanche ou au départ de la Manche Blanche. Historiquement connue pour la pêche à la baleine, elle s'est appauvrie en dépit d'une activité forestière et houllière importante.

La colonie a connu une activité importante au déclenchement de la guerre civile au Valkoïnenland à partir du printemps 2012. La crise migratoire naissante à l'été 2012 a mené à des actions médiatiques et humanitaires de Kölisbug sur le sol de la province et d'ONGs Tanskienne au Valkoïnenland de l'autre côté de la frontière illustrant une instrumentalisation des réfugiés par les deux partis.

L'action tanskienne, toujours non-officielle à ce jour, s'est avant tout concentrée sur le rôle des médias et de la presse locale. Ces effets à ce jour sont pour le moment limités.

L'action kolisienne fut davantage économique. Profitant de la déstabilisation régionale, les royaumes confédérés de Kölisburg ont usé de l'implémentation des ONGs kölisienne contrôlant le flux migratoire pour favoriser une implémentation des entreprises et de plusieurs secteurs économiques kölisiens. Cet investissement a rapidement surpassé et désormais effacé les investissements halieutiques tanskiens dans la région qui n'étaient pas pilotés par le Service bien qu'indirectement encouragé. La pêche tanskienne a retrouvé ses activités initiales d'avant crise, sans conséquence pour la province ou pour Tanska.

L'intervention économique kölisienne a été réussi du fait de l'assistance direct de l'état confédéré et des composantes de la confédération auprès des entreprises. Les autorités ont menés une politique de subvention des activités économiques kölisiennes dans la province ainsi que des avantages dans le cadre de l'implémentation d'une partie du secteur boursier. Cet ensemble de mesures économiques dirigistes a provoqué un effondrement de la libre-concurrence interne à la province du fait des couts bien plus faibles proposés par les entreprises kölisiennes bénéficiant aussi d'une main d'œuvre réfugiée virtuellement redevable des ONGs Kölisiennes.

Enfin, la faiblesse du tissu économique local, loin du cœur économique de l'Empire et reposant sur une économie primaire basée sur le charbon et le bois, Rosborg-Skaudme était perméable à une intervention économique directe venant de l'étranger.

Kölisburg a ainsi allié l'humanisme devenu clientélisme à une politique dirigiste permettant le renforcement rapide de son implémentation dans l'économie provinciale. En date du 20 décembre 2012, plusieurs officiels Kölisiens ont reconnu qu'une forme de politique économique existait dans la province.

Il n'est pas impossible que la domination économique Kölisienne puisse aussi être liée à une forme d'activité illégale offrant à des entreprises kölisiennes un port franc à proximité de leur pays. L'instabilité du Valkoïnenland voisin offrant ensuite un terrain de jeu propice aux trafics et à la contrebande avant l'entrée sur le territoire kölisien. Néanmoins les éléments sont manquants sur ce sujet.

La tentative d'ingérence économique

Le vendredi 7 mai 2013 en début de matinée, la cellule locale des Service implantées à Rosborg-Skaudme détecte une série de fermeture d'institutions et d'organismes humanitaires et bancaires originaires de Kölisburg sans raison apparente. L'ensemble des banques, uniquement kölisiennes, ferment leur porte peu après l'ouverture de la bourse.

En début d'après-midi, la même cellule fait remonté une série de fermeture d'entreprises et d'établissements économiques kölisiens ainsi qu'une série d'autres établissements dans la province. A cette heure, le gouverneur local n'avait fait remonté aucune information ou communiqué indiquant une potentielle raison de fermeture de l'économie via la presse locale à laquelle nos services sont liés, ou via les canaux de communications officiels.

A l'approche du week-end et donc de la fermeture de la bourse, cette série de fermetures dans la matinée et en début de journée pouvait provoquer un vent de panique. La bourse de Listonie a bel et bien fini en baisse à 18 heures. Il est a noté que la Listonie, sans surprise, ne dispose que d'une seule bourse. La taille de Rosborg-Skaudme dans l'économie impériale est faible sinon minime. L'impact des fermetures sur la bourse, qui a certes fini en baisse, est ainsi difficile à décrypter. Les services économiques mis à l'analyse de la situation n'ont pas su affirmer avec certitude si la situation économique locale est la raison de la baisse de la bourse impériale à sa fermeture.

La fermeture des principales activités économiques, et notamment industrielles, ainsi que de la bourse à compter du vendredi soir ont ensuite permit une forme d'accalmie durant le week-end. Une réouverture le lendemain, toujours sans les établissements fermés la veille, aurait pu provoquer une situation plus compliqué.

A ce stade, le samedi matin, les services tanskiens ont estimés que Kölisburg, du fait de sa politique directe d'investissement et donc d'une forme de contrôle, était derrière l'ingérence économique et la tentative de crise. La raison d'une action attentée en fin de semaine était sans doute basée sur la conception de services listoniens en repos le week-end, et donc d'une crise croissante qui aurait explosé le lundi matin à la réouverture. Cependant, le week-end a vraisemblablement donné le temps aux autorités listoniennes de réagir. Le lundi matin à la réouverture, il n'y a pas eu de crise continue et de réaction en chaine en dépit des fermetures des établissements ayant baissé le rideau le vendredi.

Le coordination des fermetures des établissements est apparu comme suspecte dès les premiers instants. Loin d'un effet papillon provoqué sur plusieurs jours ou semaines, les établissements concernés ont tous fermés le même jour. Si cela a attiré le regard de nos services, il est vraisemblable que les autorités listoniennes ont aussi détectés cette action. Le choix de la date, celle du vendredi, aurait pu s'avérer être un pari gagnant mais à vraisemblablement été une des raison de l'échec.


Les services impériaux

La tentative que l'on attribue à Kölisburg, ainsi que son échec, porte le risque de renforcer la vigilance des services de renseignements et de contre-espionnage de l'Empire sur la province de Rosborg-Skaudme et en particulier sur les activités économiques qui s'y déroulent. En cela, l'absence de présence directe d'ONGs tanskiennes sur le sol de la colonie s'avère être un choix positif qui limiterait les chances d'attirer le regard sur nous. Il en va de même pour l'absence et la faiblesse de nos activités économiques locales mais aussi plus généralement régionale. Enfin, la tentative par Rauði krossinn de diminuer le flux de réfugiés vers la province, signe clair de la lutte d'influence régional, pourrait être perçu par les services listoniens comme une aide indirecte d'une ONG tanskienne dans la contre-ingérence kölisienne.


Proposition pour l'évolution de la politique tanskienne :

  • Emettre un communiqué critiquant une tentative d'ingérence kölisienne visant à provoquer une crise économique dans une région marquée par la guerre civile (en s'appuyant uniquement sur les données disponible en source ouverte et sans citer directement le pays ciblé par la tentative d'ingérence) ;
  • Maintenir le degré de veille opérationnelle actuelle de la cellule dans la province tout en poursuivant le cours courant des activités de presse locale ;
  • Féliciter publiquement le rôle de Rauði krossinn dans son accueil des réfugiés de guerre ;
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Projet: Conférence de Velcal
Pour la formation d'une ligue de défense de nos intérêts communs


"A toutes les forces de bonne volonté en ce continent et du reste de ce monde, j'en appelle à toutes les nations libres et désireuses de le rester, du danger que représente ces choses qui composent notre paysage politique eurysien actuel. Ces organisations supra-nationales qui défigurent le sens du mot "souveraineté" et qui se servent de tout leur poids pour interférer dans l'existence de ceux ne désirant que la tranquillité d'âme, d'esprit, et dont l'unique volonté est d'exister dans la paix de leur foyer, sans que l'on ait à les invectiver de vivre d'une mauvaise manière. Que ces Hommes soient libres de vivre selon leurs valeurs et conscience propre, c'est là mon seul désir. La Grande République de Velsna sera toujours l'ennemie de toutes les volontés d'hégémonie d'un petit groupe de nations, quelle que soit les valeurs dont ces dernières se targuent ou les convictions politiques qu'elles brandissent. Cela n'a toujours et éternellement que la même finalité: une hégémonie politique, économique, culturelle ou les trois à la fois. Je suis de ces hommes qui estime que c'est la seule volonté d'un peuple qui est légitime à la direction qu'il prendra: si celui-ci désire la démocratie, que l'on ait pas à lui imposer par les armes, et il en va de même avec le communisme et tous les régimes ne mettant pas en péril le droit de leurs voisins à faire de même. OND, Liberaltern, ONC...ce sont là des appellations différentes pour une même méthode de terreur et de pression politique sur les petits, les faibles et les nations isolées. Le seul horizon politique auquel ces nations ont le droit est le suivant: quand est-ce que notre tour sera venu d'être la cible d'une intervention criminelle d'une armée qui causera bien davantage de mal que de bien à notre patrie ? Alors que le sens de l'Histoire devrait être dédié aux particularismes et à l'exception que représente chacun d'entre nous, nous nous complaisons à éterniser un monde ne nous laissons d'autre choix que la conformité. La conformité ou la disparition, tels sont les deux seuls choix de ces nations.

C'est pourquoi, en vertu de l'état politique désastreux d'un monde partagé entre des organisations au but noble, mais dont la finalité est mortifère, que nous annonçons le présent projet validé par le Sénat des Mille de la Grande République de Velsna: à savoir la mise en place d'une Ligue d’États souverains et indépendants, dont le seul et unique but sera la préservation de leur indépendance à tout prix. Notre organisation ne sera pas une union économique, ni même une union politique ou culturelle artificielle et dont les contraintes seraient bien trop nombreuses à notre goût. Il ne s'agira pas là non plus de nous affilier à raison d'une idéologie commune, car nous n'avons que faire que de la manière dont vous concevez votre monde. Il ne s'agira en réalité là que de deux choses: un pacte défensif commun, et uniquement dans ce cas de figure, et la mise en place d'un marché de l'armement interne à tarifs préférentiels. Ni plus, ni moins, car nous pensons qu'il n'y a guère meilleure organisation supra-nationale que celle que l'on voit le moins souvent.

En vertu de ces principes que l'on pourrait qualifier à juste titre de minimaliste, nous n’exigerons des futurs intéressés que deux choses:
- De ne faire partie d'aucune des trois organisations suivantes: ONC, OND ou Internationale Libertaire.
- De respecter votre engagement vis à vis de ce pacte de défense, qui mettra en jeu nos paroles et notre dignité."



- Matteo DiGrassi, Sénateur des Mille de la Grande République de Velsna, Maître du Bureau de l'Arsenal, vainqueur des achosiens et des landrins, restituteur du Sénat




Si vous êtes intéressés par ce projet, veuillez remplir ce formulaire dans l'éventualité d'une conférence qui se tiendra en la cité de Velcal, en Grande République de Velsna (topic dédié, appels d'offre):

[b]Entité participante (nom complet du pays):[/b]
[b]Nom du représentant ou de la représentante:[/b]
[b]Observations personnelles et attendus de cette future organisation:[/b]
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Une lettre envoyée à Norja via les canaux cryptés de Rive Rosborg
La question du nord

Chaque pays à sa propre conception de soi, une mythologie liée à la géographie si l'on veut. Un endroit qui représente l'inconscient, un endroit mystérieux, un endroit aventureux ou un endroit où l'on rencontre son fort intérieur. Pour les Tanskiens, cela passe par le Nord. Il est des hommes de ce pays qui écrivent sur les mers du sud, sur la destinée de ce pays. La terre promise, la Loforðlønd serait en des mers et des rivages plus chauds. Ils se trompent, l'esprit tanskien est ailleurs et il est au Nord.

Depuis le XIXe siècle, nous écrivons des histoires qui se déroulent en forêt, dans les fjörds, dans l'étendue blanche où l'animal est le héros, le chasseur est le méchant. Je ne nie pas l'importance de la mer pour notre peuple. Tous les tanskiens aiment naviguer. Non pas pour la mer, mais pour les immensités vides et inhospitalières d'apparence qui ont pourtant fait la réussite de notre pays. Il en va de même pour le Nord. La reprise d'Halvø, notre terre natale, a marquée une étape importante dans la redécouverte du fort intérieur des tanskiens. Nous retrouvions enfin le Nord après avoir longtemps chercher notre bonheur au sud. Aujourd'hui encore, nous nous égarons au sud quand nous devrions regarder au Nord.

Il ne s'agit non pas d'une quête de territoires. Cela serait absurde et dénué de sens. La question est dans la cohabitation avec des populations du Nord elle aussi. Mais trop peu de celles-ci ont pu atteindre, à cause de leur gouvernement, un niveau de vie et surtout de libertés et de droits humains souhaitables. Là et tout le problème. Il en découle une question, celle du nord : que faire pour assurer la bonne cohabitation et la prospérité de la région ? Une facilité déconcertante et fausse serait une unification sous un unique drapeau. Aussi séduisante que l'idée puisse apparaître pour certains esprits peu instruits, le pan-nordisme n'a d'intérêt que si l'on est dénué de toute capacité de réflexion et de compréhension du monde. Cette réponse dénigre et méprise aussi le Nord dans ce qu'il a de beau et de divers.

La réussite et l'accès au Nord ne tiens qu'à deux éléments aussi liés l'un à l'autre qu'ils sont difficilement imaginable séparément : la démocratie et les droits humains. Le malheur tiens en la suppression de ces idées aux populations et à la propagande des élites politiques se refusant à admettre l'éducation des populations. Il est de bon ton aujourd'hui de vanter dans certains cercles les mérites des régimes autoritaires et de brader les démocraties. Il est aisé de s'attaquer à un régime que l'on peut ouvertement critiquer. Mais qui peut s'attaquer à un régime autoritaire sans en payer le prix ? La réussite de nos régimes tiens à la capacité à réguler les opinions diverses. La réussite dès leurs tiens en leur capacité à s'assurer l'inexistence d'opinion diverses. Ce dont le Nord a besoin, c'est d'une libération de la parole dans les pays où elle n'est plus permise. Kønstantinopolis a attiré l'attention mais elle n'est pas la seule. Depuis les mois voir années où je suis en poste à Rosborg-Skaudme, j'ai pu observer ce que la censure de l'esprit fait à l'homme. Les prétendues alternatives à la démocratie que certains défendent, loin de rendre le pouvoir au peuple le concentre aux mains de minorités. Où est le pouvoir en Listonie ? Aux populations de Rosborg ? Peu sont ceux qui ont sans doute vu une urne dans leur vie, moins encore une urne avec deux bulletins de votes possibles.

La fin de mon aventure ici s'achève prochainement. Je me fais vieux, pour les jeunes en tout cas. J'espère encore pouvoir vivre les changements tant espérés. Ceux de Kønstantinopolis viendront bientôt. J'en ai l'intime conviction. Nous ne sommes pas venus une seconde fois pour délaisser à nouveau les populations au terrible sort de la dictature. Nous ne sommes pas venus non plus pour les faire devenir Tanskiens. Ils ne le sont pas. Pour autant qu'il y a une communauté de l'esprit entre eux et nous, ils ne sont pas nous, nous ne sommes pas eux. Mais ils ont le droit à la démocratie et aux droits, nous avons le devoir de leur donner cela.

Pour un Tanskien, je suis un piètre marin. Je n'ai pas fait la traversée de la Manche blanche, mais je les ai lu. J'ai vu, à chaque fois que je me rendait à Norja, les proues de ces navires dans le hall de la Gare Central. J'ai fait mien des noms de ces illustres commandants. Ils m'ont appris qu'un cap fixé ne peut pas être atteint si le temps est calme et que la mer est belle. Non, il faut s'adapter et manier les caprices. Kønstantinopolis traverse une tempête, nous leur apporterons le calme et ils auront atteint, peut être, une étape dans la destination qui est la leur, qui est la notre. D'autres viendront. Rosborg en fera parti, un jour.

Tanska n'est pas la réponse aux problèmes du Nord. Mais nous pouvons être un vecteur de la solution. La démocratie a besoin d'un bras armé, il est malheureux mais nécessaire.

PS: Yrjö est indisponible encore quelques jours

Mon cher Philip j'espère que cette lettre te parlera,
Amicalement, Ullar
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Je venait de mettre le pied à terre quand une voiture police passa en trombe, gyrophares hurlants, manquant de passer quelques enfants innocents sur le bas côté. Ils s'arrêtèrent de jouer, me regardèrent puis vinrent me voir. Ils n'avaient jamais vu un cheval de leur vie auparavant. Il faut dire qu'à Macao, ces derniers n'existaient que dans quelques dessins animés ou films de propagandes listoniens. Un ami vient me retrouver et se chargea de lui, mon chemin continuait alors sous les regards encore médusés de ces visages que la misère avait amaigris. cela faisait bien longtemps que je n'étais pas retourné en ville, plusieurs mois je pense. La campagne ça prend du temps à arpenter, surtout pour ce que j'avais à y faire.

Quelques 4 354 signatures s'étaient ajoutées à la liste. Toutes anonymes, toutes régulièrement de simples graffitis d'illettrés, tous autant inexistants aux yeux de l'Empire. Avoir leur accord ne fut pas chose bien compliqué en général. Aucun grand discours ne sert à les convaincre, la démocratie n'existe pas pour eux. Ici comme en beaucoup d'endroits de ce monde, elle n'est que peu connue. Quant à la beauté des idéaux du vote, sa noblesse, sa dignité, et cætera, ce sont là des idées entièrement eurysiennes comme le sont les droits humains. Une seule idée peut fonctionner auprès des populations indigènes, pauvres, malfamées, discriminées de Macao et de son arrière pays : la liberté. Mais une liberté lâche, floue, un mirage que l'on vend, un rêve que l'on susurre à l'oreille sans s'attarder à la décrire. Cela en trahirait l'idéal, et il ne le comprendrait pas. Ainsi, je ne me suis que très peu attardé à leur apprendre ce que j'entendais par liberté, leur seule imagination suffisait. Elle est tantôt vengeresse, s'en prend à l'Empire. Lorsque quelques membres d'une tribu reculée attaquent une plantation impériale, que des jeunes caillassent un véhicule de police dans une rue sombre, l'Empire passe, fait abattre quelques individus sans distinction de race, de genre, d'origine, d'âge ou de statut social et c'est peut-être là la chose la plus égalitaire qui soit par ici. Puis, parfois il laisse des corps pourrir en guise de leçon. Sur les champs fertiles des cadavres impériaux, la liberté prend son sens que je n'ai pas à renseigner. Néanmoins, la liberté est aussi parfois plus intime, surtout dans les rues de Macao. Elle prend la texture d'une page d'un livre interdit que l'on touche, le son d'une musique révolutionnaire interdite aux sonorités hispaniques, l'odeur d'un cigare allumé par un drapeau brûlant. Elle prend les valeurs et les sens de l'interdit. Elle caractérise les interdits, les pas de danse insolents prononcés devant une rangée de policiers en phalange devant une université bloquée la veille, les enfants qui jouent au ballon les soirs de couvre-feu, les postes radios émettent pour quelques heures seulement des slogans interdits. Là, la liberté à un nom : Macao. Et là encore, je n'ai pas grand chose à faire si ce n'est que de tendre le papier déjà noirci de dizaines d'autres traits aussi mal faits les uns que les autres, chacun ayant sa propre définition de cette même idée.

Vous allez me dire, quelques milliers de signatures ne sont rien comparé à la masse humaine abrutie des décennies de propagande impériale peuplant cette colonie listonienne du bout du monde. Qu'elles ne sont rien face au monstre assommeur que représente une machine huilée à broyer l'individu, à le noyer dans le collectif et à le priver, non pas de son existence, mais de sa volonté propre. Vous avez raison. Ces signatures ne sont rien. Qui vous dit même que je n'ai moi-même pas griffonnés, au hasard de quelques trajets ennuyants, quelques pages supplémentaires à ma petite pétition ? Que cette question : "voulez vous la liberté pour Macao ?" n'est pas qu'une fiction que je m'imagine pour mes bons plaisir d'eurysien idéaliste, sans doute humaniste, qui s'imagine déjà libérateur des masses asservies d'un empire dépassé ? Rien. Pour autant ma curiosité m'a animé, comment la Listonie, cet empire si satisfait de lui-même et pourtant si paranoïaque, peut-il réagir à un simple mot porté par un seul homme. Peu après mon retour en ville, j'ai donné mes dizaines de feuilles signées par autant d'inconnus à quelques enfants qui les placarderont demain soir devant un établissement universitaire de la ville. Ensuite, un jeune étudiant que rien n'a fallut à convaincre prendra une pancarte, écrira un simple mot dessus et marchera devant le mur de la pétition. Et je regarderai, un appareil à la main, une action aussi innocente soit-elle, provoquer la réaction d'un géant aux pieds d'argiles. Le jeune n'a sans doute que peu d'idée de ce qui risque de lui arriver, je ne lui ai pas donné mon nom, je ne lui ai même jamais parlé. Un ami se chargera de lui transmettre la pancarte : "Liberté". Demain va être une drôle de journée, demain sera une bonne journée.

Un étudiant de Macao porte une pancarte avec écrit "liberté" dessus, un soir de janvier.
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