24/09/2017
22:09:54
Index du forum Continents Eurysie Rasken

Activités étrangères à Rasken - Page 4

Voir fiche pays Voir sur la carte
8527
Un nouvel arrivant sur le marché du jeu vidéo relance la guerre culturelle de plus belle des Landrins contre Rasken.


Just no Apex

Une reconstitution amateur du Logo du jeu.





Ce n'est un secret pour personne, la guerre civile Velsnienne a eut des conséquences importantes dans tous le monde Fortunéen, redistribuant des cartes, rappelant à tous les dangers qui menacent le rêve, mais surtout ont vu d'innombrables morts dont beaucoup avaient de la famille de l'autre côté de l'Eurysie ou même à travers le monde au sein des divers territoires et protectorats rattachés à la Sérénissime République de Fortuna, mais ceux ayant de très loin été les plus touchés demeurent sans contestent les Landrins de la péninsule d'Ostremont. Chose qui quelque part n'a rien d'étonnant de par le fait que leurs cousins Velsniens faisaient la part belle de la rubrique nécrologique à la fin des hostilités lorsqu'il fallut faire le bilan, Dino Scaela avait de fait beaucoup de soutient, certains de la première heure, d'autres gagnés à la force de sa verve qui quoi que l'on puisse penser de l'individu demeurait extrêmement habile avec les mots autant qu'il était un mécène apprécié à travers diverses strates de la Société. Même plusieurs années après ces tristes évènements, nombreux sont encore ceux qui n'arrivent pas à faire le deuil et refusent de tourner la page, occasionnant de multiples conséquences aux effets variés se répercutant un peu partout dans la société Fortunéenne

L'une de ces conséquences les plus impromptues, passant souvent sous les radars, n'est nul autre qu'une net baisse de l'appréciation des sociétés Raskenoises, quoique présenter les choses ainsi relève à dire vrai de l'euphémisme. En réalité, la côte de popularité de tout ce qui se rapporte à l'Empire du Pétrole et des Margoulins est littéralement en chute libre alors que l'image et la réputation de ce dernier et de tout ce qui s'exporte par de là ses frontières subit depuis des mois une vaste offensive coordonnée par les malcontents de l'action de leurs mercenaires dans la guerre civile Velsnienne. Ces derniers étant devenu bien malgré eux l'épicentre d'une haine née du deuil qu'ils attirent et canalisent à eux seuls tant ils apparaissent comme des coupables désignés idéaux dans l'esprit de certains. L'industrie du cinéma Fortunéenne dont Dom Sergio Scaela, Patricien de la branche fortunéenne de la famille, est un des grands noms s'affaire à faire la misère à ce que l'on n'hésite plus à qualifier clairement de boucs émissaires. Une authentique guerre culturelle qui a trouvée un écho au delà de Léandra même, une part certaine de l'Armata suivant le très populaire Amiral Deria qui ne lésine pas non plus sur les termes peu éloquent lorsqu'il s'agit de parler de la monarchie pétrolière, pire encore sans doutes, les conservateurs de l'église Catholane qui disposent encore d'une influence notable et notamment dans Canossa de Paltoterra ont rejoint le mouvement, érigeant margoulin et séides d'Apex Energy l'entreprise phare du pays comme des serviteurs de l'Antéchrist et des démons sur terre, alimentant plus que de raison un brasier qui couvait déjà. Ironie du sort, les derniers venus de cet Axe "anti-rasken", ne sont nul autres que les lobby écologistes qui cherchaient de toute manière une occasion depuis bien longtemps de s'opposer frontalement à Apex et aux autres grandes industries Raskenoises n'étant point les élèves les plus assidus lorsqu'il s'agit de respecter les bienfaits de Mère Nature.

Mais désormais, la guerre culturelle en cours a franchit un nouveau cap, l'industrie du Jeu Vidéo rejoignant le mouvement sans prendre la moindre paire de pincette par ailleurs. Des développeurs indépendants ont en effet sorti, de nul part selon les magazines spécialisés, un jeu nommé littéralement "Just no Apex", laissant peu de doutes quand au caractère délibéré de ce ciblage caractérisé. Toujours est-il que ce dernier semble avoir été un franc succès sur le marché, se vendant comme des petits pains via les plateformes de distribution de contenu en ligne ainsi que en version matérialisé dans les magasins des grandes surfaces, s'annonçant potentiellement comme un candidat très sérieux aux Jeux de l'année, mais surtout comme l'un des plus rentables de par les premières estimations réalisés par les observateurs du marché qui témoignent d'une courbe de ventes exponentielle qui commencerait même à toucher à l'étranger.

Pour autant, si il y a un message politique clair dont les développeurs ne se dissimulent guère, soutenant vouloir parler via le détournement de sujets sérieux comme le cas du mercenariat et de ses exactions, ainsi que de la puissance d'entreprises hors de contrôle qui captent progressivement droits et libertés en se métamorphosant elles même comme des tyrans, le parti pris semble un peu trop poussé pour que cela ne soit pas non plus un tant sois peu personnel jugent certains experts en géopolitiques. La blessure de la guerre civile Velsnienne est encore fraîche et douloureuse, c'est là une forme d'exultation de la douleur jugent-ils magnanimement. Ceci dit, les observateurs du Marché tendent à soutenir une autre version, comme quoi ce n'est pas tant le message que la qualité du jeu et le côté amusant ainsi que addictif du gameplay qui a su conquérir le coeur des joueurs. Le Jeu se présente en effet comme un vaste monde ouvert dans un pays insulaire Fictif aux vagues accents culturels qui ne sont pas sans rappeler Velsna ainsi que les cités de la Dodécapoles, plusieurs lieux ressemblant de fait à des sites réels. Le scénario fait incarner aux joueurs un Ex-soldat des forces spéciales de ce pays qui après des années mystérieuses passés à l'étranger s'en retourne chez lui et retrouve une terre méconnaissable, le gouvernement a perdu toute prise sur quoique ce soit et n'est plus qu'un fantoche, l'armée a été démantelée tout comme le sénat et ce sont désormais le Conglomération Pétrolier d'Apex Energy et ses hordes de mercenaires qui tiennent d'une main ferme la pays depuis que d'immenses gisements pétroliers ont été découverts là bas.

Il appartient alors au joueur de devenir le libérateur de sa terre natale et de combattre Apex et ses sbires, clairement désignés comme des antagonistes, globalement le jeu s'il contient une trame principale ainsi que des missions annexes en lien avec des factions de guérilleros et autres rebelles, laisse une vaste marge de manoeuvre aux joueurs, s'inscrivant dans une démarche partielle d'une forme de bac à sable. Diverses activités sont ainsi disponibles allant des courses en véhicules terrestres, aériens ou naval, de presque tout types, à la destruction pure et simple de bases armés de mercenaires entières ou de plateformes pétrolières grâce à un arsenal des plus vastes voir même des méthodes peu orthodoxes laissés à la discrétion de chacun pour ne citer que ça. Mais l'un des gros points forts demeure les performances qui ont été optimisés de tel manière à pouvoir supporter un chaos perpétuel en plein coeur de l'action, au plus grand bonheur de la clientèle qui redouble de compliments sur Just No Apex.

Toutefois, comme l'on pouvait s'y attendre, des critiques émergent aussi, mais la plupart ne concernent ni le gameplay ni les éventuels problèmes et bugs qui peuvent handicaper les expériences de jeu. De fait, c'est le message Politique, ou plutôt le fait d'ériger Apex Energy en tant qu'Antagoniste qui a du mal à passer, notamment comme l'on peut s'en douter chez une bonne part de la population Raskenoise biberonnée au pétrole de leur fleuron national. Toutefois, le point le plus litigieux demeure le Boss Final de la trame scénarisée dont le modèle n'est pas sans rappeler l'Empereur de Rasken Stanislas Schutzenberger, dont les cheveux gominés caractéristiques ont reçu une attention toute particulière dans leur conception, donnant naissance à l'Antagoniste en chef "Stanislâche Rattenberger" qui brille par son avarice mais surtout sa couardise ainsi que sa passion pour les Rats, disposant de plusieurs comme animaux de compagnie. De plus, le modèle semble avoir été volontairement raccourci dans ses proportions comparé aux schémas 3D d'origine, les as de l'informatique ayant fouillés les fichiers ayant trouvé une note abandonnée dissimulée dans ceux ci avec quelques mots : Un mètre et demi d'impérialisme. Des propos régulièrement repris par la presse Bergrosish de la confédération Kresetchnienne, qui laissent penser à une forme d'hommage et qui tendent à confirmer la thèse du caractère très personnel de l'opposition frontale face au Fleuron de Rasken.

En effet, les experts géopolitiques se rappellent aisément que les divers groupes se positionnant contre la monarchie pétrolière Raskenoise ont commencé il y a quelques mois à multiplier les gestes symboliques afin de saluer la lutte de la Confédération et notamment de son membre fort qu'est l'Hotsaline qui a elle même subit les affres de l'Impérialisme Raskenois directement et continue de souffrir des conséquences encore à ce jour. D'aucun se demandent alors si il n'y pas une volonté de pousser à une jonction des lutes, voir d'influencer le gouvernement Fortunéen subtilement et progressivement afin de le faire basculer lui aussi directement dans le mépris envers Rasken. La question demeure entière et il est légitime de la poser, toutefois il est encore trop tôt pour émettre des conclusions. Les observateurs n'hésitent pas à dire que les prochains mois vont être très intéressants et qu'il va falloir ouvrir l'oeil afin d'être aux premières loges de potentielles évolutions notables, ce alors que la Sérénissime traverse une période incertaine avec de multiples assassinats ou tentatives d'assassinats ayant visée sa caste politique, prenant déjà de multiples vie au sein du Sénat Républicain et jetant un voile d'incertitude sur toute la Sérénissime alors que la Polizia travaille d'arrache-pied pour résoudre ces affaires que beaucoup considèrent comme liés même si aucune annonce officielle n'a confirmé la chose.
0

Sénat des 1000 de Velsna


Drapeau

11 mars 2017
Communiqué: Annonce des résultats du référendum du Gradenbourg


Nous, ces excellences du Sénat des Mille, du Conseil Communal et du Patriciat de Velsna, reconnaissons par le décret suivant, la validité et la légitimité des résultats du référendum ayant eu lieu dans le territoire de l'Administration du Gradenbourg. Par cet acte historique qui marque la fin prochaine de la tutelle du territoire du Gradenburg par les forces raskenoises, le Sénat et ces excellences adressent leurs félicitations l'ensemble des forces politiques en présence ayant permis la bonne tenue du scrutin, décidé de la manière démocratique, et avec un sérieux que nous reconnaissons comme modèle.

Le Gouvernement communal de la Grande République encourage fortement les gouvernements de l'Empire raskenois et de la Confédération à mettre de ce pas en marche les tractations afin d'assurer la transition de la manière la plus rapide possible, afin qu'aucun désordre ne puisse naître de l'appel d'air de la vacance du pouvoir. Nous, qui sommes les porte-voix l'auguste assemblée, en appelons donc à la bonne volonté de tous les partis, avec l'espoir que de la réintégration de Gradenbourg à la confédération, naisse une entente cordiale. Il est évident dans ces conditions, que celui qui ferait usage d'efforts pour freiner le sens de l'Histoire soit entièrement condamnable, car il éloignerait les peuples raskenois et slaves de la concorde.

Ainsi ce communiqué a été déclamé par le Gouvernement communal de la Grande République et par le Sénat des Mille, ce 20 avril 2017.
0
Le Petit Moineau a écrit :
Le Patriote à la rescousse de Steiner et Apex !


Fidèle porte-parole de l'appareil industriel raskenois, Le Patriote a récemment réagit à la désinformation bergrosish. En effet ! Nous sommes polluants ! Nous, salauds, avec nos voitures d'une demi tonne toute mouillée, avec une voiture pour dix habitants, nos petites mobylettes malpropres avec nos mille sept cents kilomètres par an par habitant en moyenne, oui, nous sommes plus polluants que les apexois ! Nous devons prendre exemple sur le pays avec un tiers du parc automobile qui fait plus de trois tonnes, qui roule à 250 km/h et qui produit quatre millions de voitures par ans ! Et arrêtons de vivre dans le passé, nous devons consommer comme nos contemporains ! Car c'est ça le progrès, parcourir plus de distance en voiture pour aller bosser ! Arrêtez de bosser à côté de chez vous et prenez une voiture à la place de votre mobylette pour aller en ville dans une usine de voiture STEINER !

apex
Gloire à l'empereur, à Apex et à Steiner ! Prenons exemple sur eux !

Il va de soi que derrière ce généreux paragraphe de provocation illustré par les meilleurs artistes bergrosish (Bergrun est un berceau mondial de la culture, certaines mauvaises langues diront que c'est parce que tous nos artistes ont moins de cinq ans), il convient d'élargir l'analyse faite par Le Patriote. Si toute proportion gardée, une voiture Steiner produit moins de pollution qu'une deux chevaux bergrosish, c'est quelque peu réducteur de focaliser ainsi l'analyse en évitant la vision globale. Bergrun a fondamentalement une organisation différente avec une urbanisation moindre. Les gens habitent généralement proches de leur lieu de travail et ont les services essentiels (bistrot, épicerie, boutique, magasin de jeu vidéo pour acheter Just No Apex...) à disposition dans le village. Les besoins en déplacement sont donc bien inférieurs dans un pays rural et agricole que dans un pays industrialisé avec une centralisation de la production et des logements. Par essence (puisqu'on parle d'Apex et Steiner), cette surproduction nécessaire à la surconsommation associée au progrès à Rasken implique des déplacements importants qu'on ne pourrait justifier dans la société bergrosish. Pour dire, le gros de la pollution associée aux transports vient avant tout du tourisme, puisqu'il s'agit d'un flot important de populations en mouvement permanent cherchant à visiter un maximum de nos innombrables destinations.

C'est de cette manière que Le Patriote passe à côté du point central de l'argumentaire : nous, bergrosish ne polluons pas moins parce que nous utilisons des véhicules plus performants, mais parce que notre société dans son ensemble ne justifie pas la nécessité d'employer des modes de vie polluants. Nous n'associons pas l'accumulation de voitures à un statut social ni la surabondance de services que l'on retrouve en ville à la civilisation. Non, nous sommes un pays à « petite échelle » préférant les communautés rurales avec le nécessaire à disposition, un mode de vie fondamentalement différent de ce que connaissent les raskenois et dont on retrouve des origines bien avant la colonisation Kaulthe en petites tribus disséminées dans les montagnes.
6496
Quotidia, Le média de l'excellence, informations offertes par le Groupe Falieri a écrit : 4 Mai 2017

Cinéma: Fin de tournage pour Métatron V, quand le 7ème art devient une lettre d'amour à la culture raskenoise


a



Il est 7h du matin lorsque le plateau du blockbuster tant attendu "Métatron V" est fin prêt pour mettre dans la boîte. Dernière scène après trois mois de tournage pour le film velsnien dont le réalisateur excentrique, le très prolifique Girolamo Clemenza, est le grand maître d’œuvre. On ne présente plus le célèbre velsnien, créateur de la saga du Métatron, la franchise phare de son auteur qui a exploser haut là main le plafond du nombre de spectateurs au pays, mais dans bien d'autres parties du monde. La recette ? Se détacher totalement des références du cinéma d'auteur velsnien tel qu'on le présente et exploser les codes...littéralement.

En effet, les œuvres de Clemenza ne sont pas tant connues pour ses dialogues, sa mise en scène incisive ou son esthétique léchée que par un attrait quasi monomaniaque pour le domaine des artificiers. Les explosions, le bruit du vert tombant au sol et les slow motion intempestifs sont ainsi devenus la marque de fabrique de son auteur, que l'on ne connait plus que par ce prisme. Cette étiquette, l'intéressé l'assume volontiers sur le plateau, devant nos micros:

" Vous savez, on a tendance souvent, et par prétention, à se clamer des influences d'un tel cinéaste velsnien du courant réaliste, ou d'un obscur auteur de giallo kah tanais. Moi, je ne me réclame de rien de tout cela, et vous voulez que je vous dise: la plupart de ces films que j'ai vu à la fac sont chiants à mourir. Aux jeunes cinéastes qui m'écoutent, et aux professionnels du milieu, je tiens à vous dire la chose suivante: arrêtez de vous palucher sur vos films lorsqu'il suffit que je fasse un film avec des robots géants pour faire le triple de votre audience en salles."

Ne mâchant que peu ses mots, le réalisateur est tel une pile électrique sur le plateau, et se démarque de ses compères par le fait qu'il paraît bien plus souvent en discussion avec ses techniciens qu'avec ses acteurs. Encore une fois, l'intéressé est jusqu'au boutiste:

"Qu'on se mette d'accord: le but d'un film c'est pas le scénario, on s'en fiche de ça ! *Il déchire un script devant les journalistes, et devant les yeux de son assistance qui s'empresse de ramasser les morceaux par terre*. Depuis quand un film doit être jugé par rapport à ce qu'il raconte ? C'est pas ce qu'il raconte qui est important, c'est ce qu'il montre. Et quoi de plus beau de voir plusieurs tonnes de dynamite exploser à l'écran sur un même plan ? Ou devoir un supertanker se désintégrer en mille morceaux !"

a
Girolamo Clemenza fixant une caméra avec perplexité

Bref, nous connaissons déjà le personnage, qui est devenu en l'espace de quelques années un acteur majeur de l'industrie cinématographique velsnienne à grand public, succès amplifié depuis la tenue d'accords velsniano-kah tanais régissant l'industrie, et qui permet à ce type d'auteur une visibilité bien plus grande qu'ailleurs. Lorsque le projet Métatron a débuté il y a plus de dix ans de cela, peu de gens du milieu pariaient grand chose sur ce qui n'était rien de plus qu'un film à produits dérivés pour enfants, la fameuse franchise de jouets robotisés raskenoise Métatron, à laquelle à succéder un certain nombre de séries animées dont le réalisateur clame "les avoir tous vu". L'Histoire est simple: celle de robots géants venus d'un autre monde, en quête d'un nouveau foyer et se retrouvant ainsi à Rasken sous l'apparence de voitures plus "bling bling" les unes que les autres. Le dernier volet de sa saga approchant, Girolamo Clemenza ne voulait pas se contenter de tourner le dernier opus tant attendu de cette série sur le territoire velsnien, ou dans des studios kah tanais. Pour ce dernier, Métatron VI devait sonner comme "une véritable lettre d'amour adressée à la culture raskenoise", comme l'explique l'intéressé.

"Vous savez, je dis bien souvent que je suis davantage raskenois que velsnien: j'aime les grosses bagnoles, les gros canons, les barbecues et les belles filles...et j'avais envie de clore la saga par un spectacle qui rende honneur à ses habitants. Alors j'ai décidé de mettre les petits plats dans les grands, quitte à payer de ma poche les frais de tournage supplémentaires à l'étranger et en décors réels. Je voulais m'approcher au plus près de ce qui fait ce que j’appellerais l’authenticité raskenoise, cette petite odeur d'essence et de sans plomb...et de chrome. Le cadre dans lequel nous avons tourné est parfait, probablement l'une de mes meilleures expériences de tournage. Nous avons même profité des contrats de sponsoring de Steiner...j'étais comme un gosse ! On a eu accès à un parc automobile entier !"

Le réalisateur, véritable touche à tout, fait volontiers le tour du plateau, n'hésitant au détour d'une scène, à arracher la caméra de son trépied pour passer à l'épaule, marquant ce film de son empreinte: celle de la contre-plongée exagérée et testostérone, le tout filmant des détonations à la chaîne. Exceptionnellement, nous avons eu accès à certaines rush brutes du film, son créateur posant fièrement à côté. Et de suite, nous avons pu constater que loin des clichés, le dernier Métatron serait empreint de ce qui ressemble à un discours social, comme l'explique Clemenza.


Quotidia: Comment expliquer le choix de votre part de dépeindre les autocons, les grands ennemis des métatrons, sous l'apparence de voitures étrangères, en particulier des électriques et des Agouti ?

Clemenza: *Hésite quelques secondes avant de répondre* J'ai pu...j'ai pu constater avec les années l'évolution particulièrement néfaste du parc automobile mondial, et vous savez, c'est un sujet qui me touche vraiment. La cylindrée c'est sacrée, et qu'est-ce que nous offrent les constructeurs automobiles depuis quelques années: le silence et le sifflement de batteries de trottinettes. C'est pas ça l'amour de l'auto pour moi: où est le romantisme du ronronnement des voitures quand vous enclenchez le démarreur ? Où est la niak ? Nul part. L'avenir que nous prépare ces gens est fade et sans saveur, et je tenais à parler de cela dans mon film. Il fallait également prendre la défense des industries locales, c'est important vous savez: une voiture raskenoise achetée, c'est un emploi pour un raskenois, ça aussi c'est important. Il faut bien comprendre ce que signifie Steiner pour des centaines de milliers de salariés. Steiner contre l'électrique, c'est un peu le prolo contre le bobo: entre ceux qui se lèvent à la campagne le matin et qui travaillent dur, et ceux qui prennent la voiture que comme un vulgaire outil pour faire 300 mètres, et aller au café hipster du coin. Alors j'ai décidé de livrer un message tout en m'amusant, et j'ai fait péter...je sais pas...peut-être 200 voitures électriques pour le tournage. On peut même dire que c'est un appel contre la gentrification que je fais...


Autre caractéristique participant au succès du film: toute l'équipe semble soudée derrière le projet, en témoigne l'assistante-réalisatrice Jolina Pizarro.

"Oh vous savez...Clemenza déborde d'idées...un vrai visionnaire, je dirais qu'il en parfois trop ! *rires nerveux* Par exemple...il voulait inclure des caméos de l'empereur Stanislav, qui se transformerait en voiture...puis en métatron. Et les spectateurs auraient dit "Oh merde ! L'empereur Stanislav est un métatron !"...*rire nerveux* vous voyez le genre...mais on avait peur des procès..."

Quid de son succès en salle, ça, nous le verrons pour sa sortie programmée en Aout 2017. D'ores et déjà il a été annoncé que le film sortirait en avant-première à Rasken, avant même de faire son entrée dans le marché velsnien: un choix audacieux qui place d'emblée les ambitions de ce film se voulant succès international.

a
Affiche promotionnelle de Métatron V
5921
Quotidia, Le média de l'excellence, informations offertes par le Groupe Falieri a écrit : 8 Mai 2017

Tournée promotionnelle de Métatron V: quand Girolamo Clemenza fait irruption dans un show de catch raskenois


a



Les bains de foule n'en finissent plus le le réalisateur velsnien le plus raskenois du showbizz. Alors que le tournage de dernier Métatron est dans la boîte que et que le travail de post-production a débuté à Velsna, ce n'est pas pour autant que celui que l'on décrit comme un créateur aussi "visionnaire que génial" est reparti avec ses bobines, loin de là. En effet, si on peut déjà dire, au vu des trends des réseaux sociaux raskenois et de ceux des échos, que les techniques de communications de l'artiste ne laissent personne indifférent, le public raskenois ne paraît pas être au bout de ses surprises quant aux manières dont le velsnien entend séduire le grand public.

Le réalisateur de Métatron a parfaite conscience qu'il est probablement l'un des créateurs les moins appréciés de la critique professionnelle, mais de toute évidence, cela fait bien longtemps qu'il a cessé d'essayer de leur plaire, pour se concentrer davantage sur ce qu'il nomme "la majorité silencieuse du cinéma", autrement dit les petites gens, les jeunes garçons et filles, les familles qui fréquentent que rarement les salles de cinéma. Détesté par la critique, il l'assume, en répondant volontiers qu'à contrario de leurs films, les siens font déplacer dans les salles des gens qui ne vont pour ainsi jamais dans les salles obscures.

"Cinéaste populiste", surnom qu'il accepte de bon cœur, on retrouve Clemenza partout où il estime que la "culture rasknenoise" s'exprime le plus, dans les lieux rimant avec authenticité du mode de vie local: le lundi, on le voit fréquenter les salles obscures de la capitale impériale et on le surprend à assister à une séance du fameux film "Seeschlacht", mettant en scène une invasion alien se heurtant à la résistance héroïque de la marine raskenoise qui finit par la repousser. En sortie de salle, on peut le voir visiblement bouleversé:

" Vous savez, ça doit bien faire une dizaine de fois que je regarde ce film...et franchement...comment ne pas tomber amoureux du cinéma après l'avoir vu. Le réalisateur de cette œuvre est une immense inspiration pour moi. Il a bien mérité ses 12 statuettes décernées par l'empereur lui-même."

Le mardi, on peut l'apercevoir en plein show de course de chars à l'est du pays, l'une des disciplines reines du sport mécanique raskenois. Entouré de personnes qui lui ressemblent: des gens simples et chaleureux qui viennent volontiers en famille. Ce jour là était celui de la course de seconde division, ce qui n'empêche pas le spectacle d'être toujours au RDV. Clemenza est comme un poisson dans l'eau dans cet environnement dont il paraît être connaisseur, n'hésitant pas à y aller de son commentaire auprès de locaux:

"Le numéro 17 sous-vire en permanence, et t'as vu comment il a coupé le virage 4 ? C'est un scandale."



A la caméra, il rappelle là encore une fois les références du cinéma d'animation raskenois, qui l'ont selon lui beaucoup inspiré:

"Ces courses ça me rappelle cette très bonne série animée.."Des filles et des gros chars". Je vous la conseille. D'ailleurs dans Métatron 2, j'en ai fait une bonne référence, avec la fameuse scène de course de chars, qui se changent en métatrons...et qui font pcheuuuuu poum poum poum TATATATATA...*il mime une mitraillette, puis un lance roquette avec ses doigts* bref...vous voyez le genre..."



Aussi, lorsqu'on voit ses activités de la semaine, il n'est ainsi pas étonnant de l'apercevoir dans le public d'un show de catch de la fédération raskenoise la plus suivie, à savoir la très prestigieuse RWA, la Raskenese wrestling association, à suivre au premier rang ce véritable théâtre populaire être narré sous ses yeux par des acrobates virtuoses, à la fois du ring et du micro...car le catch raconte des choses qu'il aime: des histoires simples montées de toutes pièces, avec un gentil et un méchant.

Ce soir là, le "méchant" n'était autre qu'un catcheur dont le personnage était celui d'un urbain, que certains qualifieraient "d'hipster", se garer près de la scène avec une Agouti flambant neuve, et arracher le mrico des mains de l'annonceuse pour annoncer à toute l'audience son mépris de la masse:

"Regardez vous ! Vous êtes une honte, tous les raskenois sont une honte ! Vous vous gavez de pétrole, de nucléaire et de pollution comme les grosses outres que vous êtes ! Comprenez vous pas que l'éolienne est l'avenir du pays ? Que bientôt, tout le monde roulera dans des voitures telles que celle que j'ai là ? Des électriques qui coûtent une somme telle que vous ne pouvez pas vous l'imaginer ? Vous, avec votre gras qui dépasse de votre bide ! Vous les pauvres, et vous aimez un mode de vie de pauvre ! Continuez donc de vous rouler dans la merde, dans vos voitures polluantes !"

*La foule le hue vivement, conformément au rôle qui est le sien, avant que la musique d'entrée d'un autre catcheur se fasse entendre.*


Le public est en délire alors que le héros de la foule presse le pas et monte sur le ring: Captain Patriot arrive pour sauver la journée ! Le héros des petits et des grands, vétéran de la guerre civile, avec son éternel brassard au poignet droit "Never gave up", et son pantalon aux couleurs de Rasken. D'emblée, il charge verbalement "Timéo le hipster":

"Toi, jeune urbain. Tu devrais avoir honte ! L'image que tu donnes de ton pays est déplorable. Ce n'est pas seulement ces gens là que tu insultes, ce sont tous les employés et les ouvriers des usines automobiles, ce sont tous les gens qui travaillent dur du matin au soir, pour que tu puisses acheter ces t-shirt faits avec du pétrole raskenois ! Cesse donc tes fake news sur le nucléaire jeune urbain; as tu seulement une idée du coût écologique d'une éolienne ? D'une batterie au lithium ? Toi, tu te bats pour ta pomme et ton petit confort, moi..je me bats pour ça. *Captain Patriot met en avant son pantalon de lutteur aux couleurs du drapeau raskenois* Si tu n'aimes pas ce pays, va donc vivre en Communaterra !"

Captain Patriot saisit alors son adversaire par les épaules et lui inflige une suplex, le mettant à terre, alors qu'il bande les muscles devant une foule en délire. Mais, probablement comme prévu par le script, celui-ci aperçoit le célèbre réalisateur velsnien:

"Mais que vois-je ? Regardez donc ! C'est Girolamo Clemenza ! Applaudissez le !"

Clemenza se glisse alors dans le ring, saluant la foule, puis, alors que ce dernier et Captain Patriot se fixent, leur regards se portent soudain vers l'Agouti du catcheur hipster. La foule sait...et scande aux deux hommes de s'occuper de l'auto. Nous assistons donc à cette scène hallucinante où le réalisateur velsnien et le catcheur approchent de la voiture électrique avec des barres de fer. La brandissant fièrement, Captain Patriot fait répéter à la foule: "Pas de ça dans mon pays !", avant de procéder à la destruction méthodique de l'Agouti devant un public en délire.



Je pense que notre rédaction n'est pas prête de revoir Clemenza sur le sol velsnien, tant il paraît naturel dans un cadre raskenois...


12536
Rapides et furieux, l'émission du Samedi soir !
Episode 35: le Grand tour de Rasken et l'offensive des électriques



a


Le générique s'ouvre sur un grand plateau où son assis l'un en face de l'autre les trois présentateurs de l'émission, dans des sièges baquets réarrangés en fauteuils. Les applaudissements de la foule sont vifs, et s'arrêtent une fois que le prompteur l'indique.


Tolomei: Bonsoir à tous pour cette émission de Rapides et furieux ! Nous sommes toujours la prelière émission velsnienne consacrée à tout ce qui roule et tout ce qui fait couler de l'huile sur la piste ! Toujours avec vos bons serviteurs, au premier rang desquels...moi-même: Guiliano Tolomei. Comme vous pouvez le voir, je suis toujours aussi beau et avenant. Et pour m'épauler dans les conseils d'achat que je vous donnerai, je suis assisté du très désagréable Riccardo Hammodo ! Comment tu vas Riccardo ?

Hammodo: Comment je vais ? Eh bien je vais te la faire courte Guilaino: je suis l'homme le plus heureux du monde. Et vous savez pourquoi ? *il se retourne vers le public*

Tolomei: Non, pourquoi ? Le marché des deux roues dégueulasses s'est effondré ? Tu as enfin pu acheter le vespa de tes rêves ?

Hammodo: Non Guilano ! Non ! Aujourd'hui, cher public, sachez que toutes ces années de lobbying ont enfin payé, toutes ces années à vanter la qualité, le prix abordable et l'amour de l'automobile dont Rasken est animé a payé ! J'ai réussi à convaincre mes deux compères ici présent de laisser une chance à ces automobiles dont certaines sont encore méconnues sur notre marché: des véhicules à la philosophie audacieuse tout en offrant aux usagers tout ce dont ils ont exprimé le besoin. Aujourd'hui, notre émission est consacrée au parc automobile raskenois !

acclamations du public

Tolomei: Dis moi Riccardo...combien est-ce que Steiner te paye ? Je veux dire...tu fais ça gratuitement ? Vraiment ?

Hammodo: Bien sûr que non ! Moi, je suis trop honnête pour cela...je ne reçois mes chèques que de Strama, mais force est de constater que l'image que l'on a du parc automobile raskenois, en particulier celle de gammes de paquebots inconduisibles est vraiment à nuancer, et c'est pour ça qu'on a fait cet épisode à Rasken: mettre à l'épreuve les stéréotypes tout en se renseignant sur ce que font nos voisins pour protéger leur industrie automobile de...vous savez quoi...

Tolomei: "Vous savez quoi ?" Exprime toi Riccardo je t'en prie, dis moi quel est le nouveau fléau que le secteur automobile redoute, ce mal qui rend notre industrie sans âme et aseptisée, et qui en plus est une voie de garage...je ne vois absolument pas de quoi tu parles... *ironique*

Mayo: Bon aller Guilano, tu peux le dire, je sais que vous allez me tomber dessus...

Tolomei: Ah ! Jacoppo ! Je t'avais presque oublié. Oui, nous allions parler de l'éceuil dans lequel toute l'industrie automobile actuelle est en train de tomber, j'ai nommé...l'électrique !

huées du public

Tolomei: Calmez vous public, nous aussi on déteste ça...mais vous savez quoi ? Nous sommes des bons joueurs, et nous n'allons pas laisser la voiture électrique sans avocat digne de ce nom, j'ai nommé notre très cher Jaccopo Mayo !

applaudissements

Tolomei: En effet, nous avons confié à notre cher Jacoppo la deuxième partie de l'expérience qui constitue notre émission: celle d'une comparaison de gammes entre deux marques qui, actuellement, se disputent plusieurs segments du très exigeant raskenois. Bien entendu, nous connaissons tous Steiner ici pour ses très qualitatives gammes premium et haut de gamme, mais le saviez vous...que Steiner avait une gamme de citadines ?

Mayo: Jamais entendu parler...

Tolomei: ...Oui moi aussi ça m'a surpris au début, mais oui, ça existe bel et bien: aujourd'hui nous irons à Rasken pour vous faire le test sur piste réservée de la Steiner Vimo !

*applaudissements*

Tolomei: Et en face d'elle, nous tenons à vous présenter l'arrivée récente et bruyante d'un nouveau concurrent: le groupe sylvois Agouti, qui ces derniers mois a multiplié les offensives sur le territoire raskenois, dans une campagne de promotion agressive et jamais vue pour une gamme de véhicules électriques. Sur ce même segment, nous trouvons la Super Cité ! La question est de savoir désormais: par qui les clients se front le plus pigeonner. Mais ce n'est pas tout, parce que Agouti n'a pas hésité à mettre les bouchées doubles afin de sortir trois modèles sur trois segments distincts. Autant dire qu'il s'agit d'un pari extrêmement couteux qui jusqu'à présent n'a eu qu'un succès relatif en terme de ventes. Déjà, avant même de soumettre nos deux cobayes au test, il convient de nous poser des questions bêtes et méchantes qui affectent directement le porte monnaie du consommateur. Commençons donc par cela, et gamme par gamme. Hammodo: tu passes toutes tes journées à nous vanter Steiner, mais quand je vois le prix, je me dis que c'est pas pour rien que leurs citadines se vendent mal à Velsna...

Hammodo: En théorie, oui, c'est sûr, entre une Vimo qui coûte 16 000 florius et une Strama 005, qui dans la même gamme n'en fait que 13 000 certes...mais il faut bien se rendre compte des spécificités du marché raskenois, et nous dire que ces derniers sont prêts à mettre davantage d'argent que les velsniens dans leurs voitures. D'autant que si le 505 est une bonne option d'achat, la Steiner Vimo contient un certain nombre d'innovations technologiques, comme le moteur 6 temps. Tu le verras pour le test, mais quand on mets tout bout à bout, on se rend compte que c'est pas si cher payé pour ce que l'on a en bout de course. On a pas affaire à une simple voiture qui va d'un point A à un point B, mais à une vitrine technologique à pas cher.

Tolomei: Tu m'as l'air bien sûr de toi Hammodo, nous verrons... Et toi Jacoppo, que peux tu nous dire sur l'accessibilité de l'Agouti Super Cité ?

Hammodo: Chiant !

*La foule éclate de rire*

Tolomei: Un peu de politesse Riccardo voyons...même si je pense que tu ne dois pas être éloigné de la réalité... Laissons parler notre ami.

Mayo: Pour ce qui est de la Super Cité, comme c'est une électrique il faut compter pour plus cher, sans compter les frais de douane à l'exportation, étant donné que les usines sont au Paltoterra, et le fait que les franchises de concessionnaires raskenois prennent des royalties plus élevées à Agouti. Il va sans dire qu'Agouti n'a pas encore les infrastructures nécessaires à la vente de ce produit à pas cher, et que c'est encore un "produit de luxe".

Hammodo: Donc, si je comprends bien, tu viens de re-badger une vulgaire citadine en "produit de luxe" ? Elle a quoi de spécial l'Agouti ?

Mayo: Tu verras pour le test...

*Tolomei se tourne vers le public*

Hammodo: Mes chers spectateurs, quel est votre verdict pour notre première manche qu'est la bataille des prix ?

*le nom de Steiner raisonne au quintuple par rapport à sa concurrente parmi l'audience*

Tolomei: C'est bien ce que je me disais...Bon, on dirait bien que c'est la Vimo qui a passé le test des prix ! Mais ce n'est pas fini: Agouti peut encore se rattraper par notre sévère et implacable phase de test. Mais pour cela, nous devons nous retrouver à Rasken !




Le reportage s'ouvre sur une facecam au volant de Tolomei, conduisant une Steiner Vimo dans la campagne raskenoise.

Hammodo:Pour vous public, nous sommes partis cette semaine au pays de la choucroute et de la mauvaise bouffe. Mais il n'y a pas que de avantages à être raskenois. Certes, le cinéma, la gastronomie et les goûts musicaux de nos amis germains sont ce qu'ils sont, mais on ne peut pas nier une réalité: l'industrie automobile raskenoise a toujours fait des envieux, et je pense que ce n'est pas pour rien qu'une entreprise de requins comme Agouti a décidé de lancer son offensive directement en plein coeur du marché le plus important de Steiner. On peut se plaindre de beaucoup de choses en ce qui concerne Steiner: le prix, qui rend son segment citadines relativement inaudible à Velsna par exemple, ou encore la tendance à la sur-motorisation sur certains modèles, en particulier quand on remonte à des modèles plus anciens de la dernière décennie, et qui augmente à la fois la consommation et le prix pour des raisons qui dépassent souvent l'acheteur. Mais en dehors de cela, j'ai toujours apprécié la qualité de ces véhicules, que ce soit en terme de durabilité, de fiabilité, de finition et en performance. C'est mon pêché mignon, mais conduire une Steiner, c'est un peu comme aller au travail avec un petit monstre rugissant sous le capot, qu'importe le modèle qu'il soit premium ou d'entrée de gamme. Alors oui, le prix est un peu élevé sur le marché velsnien, mais vous payez pour de la qualité raskenoise.

On voit la Vimo faire des zig zag sur ce qui est une piste d’atterrissage reconvertie en piste de test.

Déjà, ma première remarque va pour la tenue de route et le répondant. Et sur ce point, je vais être catégorique: j'ai rarement eu autant de sensations en conduisant ce qui pourtant est de l'entrée de gamme. La voiture est poussée par un 4 cylindres en lignes d'un litre avec turbo, pour environ 100 chevaux. Vous allez me dire "1 litre ? Vraiment ?". Eh oui, j'ai été aussi étonné que vous: la marque n'a pas l'habitude de développer des unités de puissance d'un si petit calibre, ils sortent quelque peu de leur zone de confort, et c'est bien de les voir expérimenter. Pour tout dire, Strama a collé des 1,2L sur son modèle de 005 d'entrée de gamme pour environ 85 chevaux. Vous allez me dire qu'il y a forcément une arnaque sur la marchandise quelque part...moi aussi je l'ai cru, mais pas du tout. La configuration en six temps permet de compacter le moteur, tout e réduisant la consommation en carburant et en émission de CO2. Un bon point pour le consommateur comme pour l'environnement j'ai envie de dire. Et ce turbo...

Riccardo donne un coup d'accélérateur pour illustrer son propos.


C'est une citadine, mais avec un comportement de voiture de course. Un petit moteur certes, mais qui a du répondant Vous ajoutez le turbo au poids relativement raisonnable et la Vimo peut se prévaloir d'une conduite réellement agréable. 1,2 tonnes: pas la plus légère, mais ça fait largement l'affaire au vu de sa motorisation. On est habitué à des poids plus légers chez nous, mais Steiner a compensé ça en donnant du peps à la voiture, tout en lui gardant un gabarit raisonnable. Bon, maintenant qu'on a fait la partie moteur, on peut se pencher sur les finitions et tous ses petits aspects pratiques...on sa garer à côté de cette poubelle là...


Riccardo vient se garer à côté de l'Agouti Super Cité, Jacoppo étant arrivé avant lui. Les deux compères retrouvent Tolomei sur la piste, qui s'approche des deux voitures.

z
La Steiner Vimo

Tolomei: En général, on reconnaît les bons et les mauvais modèles à la qualité des finitions. C'est un témoignage du sérieux des constructeurs, et cela a un impact sur les performances théoriques du véhicule. Prenez la Steiner par exemple: voyez comme les soudures sont au millimètre, c'est comme si un horloger avait fait cette voiture, quant bien même c'est de l'entrée de gamme les défauts de construction ne sont pas excusables. Au contraire, ce sont les modèles qui vont être les plus courants sur la route, et cela va représenter la qualité de la marque. Maintenant, regardons de plus près l'Agouti... Vous voyez l'écart entre le capot et la carrosserie ? Cette petite fente ? Eh bien ça, c'est ce que l'on appelle une faute éliminatoire, et c'est le genre de défaut qui affecte directement la consommation et la performance de la voiture, c'est le BA BA de l'aérodynamique. Malheureusement sur ce point là également je vais devoir donner mon point à la Vimo.

Mayo: Tu exagères...bon aller monte dedans et dis moi ce que t'en penses.

Tolomei monte péniblement dans le véhicule avant de démarrer. La voiture est rapidement maltraitée par l'équipe afind e tester ses limites (et de se défouler un peu). Tolomei, comme à son habitude, est particulièrement critique. Il mange un bockit sylvois dans la voiture, et en fait tomber sur la banquette.*


Tolomei: Oh mince, j'en ai mis partout... Mais bref, c'est pas comme si on allait pouvoir revendre cette épave à bon prix... Si je pourrais résumer la conduite de cette voiture...eh bien cela me rappelle l'époque où je voulais devenir marin. La voiture me rappelle un bateau en terme de maniabilité, un gros bâteau...la tenue de route est très pataude, c'est comme si j'étais dans la peau du petit obèse du fond de la classe. Nan, plus sérieusement, ce n'est pas acceptable de vendre une voiture qui n'est pas capable d'aller au delà de 130km/h en v-max en ayant un prix d'achat pareil. Ce n'est pas très sérieux, d'autant plus que nous sommes à Rasken, où l'absence de limitation de vitesse sur les autoroutes ne favorise vraiment pas l'usage de ce type de véhicule. La voiture pèse exactement le même poids que la Steiner, mais j'ai l'impression d'être un écolier qui se traîne un énorme cartable dans le dos: le sur-virage est particulièrement désagréable. Bref, je pense nous allons arrêter le massacre en ce qui concerne les performances et la tenue de route: l'Agouti est largement battue, encore une fois.

*Tolomei s'arrête et laisse percevoir une grande frustration en étalant vulgairement son bokit sur le siège passager. Il rejoint ses compères, bougon.*

Tolomei: Bon...ça fait combien là ? Trois à zéro pour la Vimo ? J'ai perdu le compte...Bon, bref, l'Agouti est une baleine mollassonne comme j'en ai rarement vu d'autres. Le tout pour 300km d'autonomie, ce qui pourrait être mieux quand on connait les évolutions récentes du secteur de l'électrique. J'ai l'impression qu'on essaie de nous faire passer une citrouille pour un calèche de luxe: toute cette communication tape à l'oeil pour ça ? Pffff...pour l'instant pour moi c'est poubelle, je ne la donnerais même pas à mon chien. Mais ici, nous sommes aussi patients qu’indulgents... voyons si elle se rattrape sur le plan de la praticité. La bonne tenue de route, le bon moteur...c'est très bien tout ça...mais pour qu'une voiture soit réussie il faut absolument qu'elle remplisse la fonction pour laquelle les acheteurs l'ont prise. Concevoir une voiture est un acte sérieux, encore plus une citadine, et les critères sont impitoyables. Il nous faut de la place mais sans faire une baleine roulante, il nous faut du coffre, mais sans que la voiture ne soit trop lourde...bref, un équilibre rigoureux et difficile à atteindre.

*Tolomei se penche sur l'Agouti et ouvre le coffre*


Tolomei: J'ai comme l'impression d'être en face du sac de Mary Poppins: l'extérieur est énorme, mais le coffre est terriblement étroit. A ce compte là ça relève de la magie, c'est pas possible autrement. En terme d'optimisation de l'espace, j'ai l'impression que cette voiture constitue en soi un gâchis terrible. Comment on afficher une longueur pareille et être aussi à l'étroit ? Bon...je pense que ma note ne va pas beaucoup différer du reste: point pour Steiner encore une fois. 4-0 tout sec...c'était même pas une confrontation à ce train là, mais un cassage de genoux en règle. Mais vous savez quoi: nous avons un dernier test pour l'Agouti qui la permettrait de se rattraper: le test de la durabilité par le feu...

*C'est Hommodo qui a l'honneur d'asperger la voiture électrique d'essence (ironie), avant d'y mettre le feu comme il se doit.*


Hammodo: Alors ? Tu penses que ce test est réussi ?

Tolomei: Remets une dose d'essence pour voir ?
28825

TOTALEMENT ESPIONNES !


IMPORTANT : Activer la lecture en boucle


IMPORTANT : Activer la lecture en boucle


Gratte-ciel de Troïtsiv où a été installé le siège du W.O.U.P.S.
La tour Zelotskaya, plus haut gratte-ciel de Troïtsiv


Alors que les bombes et les missiles largués par les avions de guerre kahtanais fendaient les cieux surplombant l'Hotsaline pour venir semer une tempête de feu et de mort sur le sol de Kresetchnie, les bruits des explosions qui détonnaient au loin et la gravité des combats dont ils témoignaient paraissaient soudain insignifiants dès lors que l'on s'arrêtait pour contempler la pointe de la tour Zelotskaya. Le plus haut gratte-ciel de Troïtsiv venait transpercer le ciel en jaillissant du sol tel une lance sortie des tréfonds du monde souterrain pour venger ceux qui gisaient maintenant sous terre, frappés par les bombardements ennemis. Tout s'oubliait face à la présence impérieuse de ce monolithe de glace, au sommet duquel travaillaient les plus grands de la petite nation hotsalienne. Au cent trente-quatrième étage, Elona Maajsk, l'illustre, trônait derrière son bureau d'acajou, observant la ville à travers la baie privée tel un dieu veillant sur ses créatures. Le spectacle de cette agitation, ce fourmillement des travailleurs en col blanc qui ne cessaient de vaquer à leurs tâches comme si de rien n'était pour continuer de contribuer à alimenter l'économie d'un pays que l'on essayait de détruire physiquement au même instant, avait quelque chose de fascinant. Difficile de dire si c'était là l'expression de la ferveur patriotique d'un peuple prêt à tout braver pour survivre, de l'inconscience du danger d'une élite urbaine déconnectée des événements qui agitaient le reste du pays, ou plus simplement du poids des petites habitudes de travailleurs corvéables à merci qui ne trouvaient de sens à leur vie autrement que par le remplissage de leurs tableurs Excel quotidiens.

Elona Maajsk, directeur officieux des services de renseignement de la République d'Hotsaline

Elona Maajsk
Directeur du W.O.U.P.S.



Sa méditation contemplative fut interrompue par la sonnerie douce du téléphone filaire posé sur son bureau. Aussitôt qu'il en perçut les premiers sons, il donna une vive impulsion du talon afin de faire rouler son fauteuil assez loin pour pouvoir décrocher. L'appel fut très bref. Une voix — certainement celle de sa secrétaire installée derrière la porte — l'informait que son rendez-vous était prêt, ce à quoi il répondit de laisser entrer ses hôtes. Aussitôt le téléphone raccroché, la porte s'ouvrit en trombe et une demi-douzaine de gaillards en costume sombre et à la mine patibulaire déboulèrent dans la pièce deux par deux, chaque duo brandissant un corps ligoté à la tête enveloppée dans un sac de toile sombre. Elona Maajsk ne semblait pas le moins du monde choqué par cette procession insolite, invitant au contraire d'un geste de la main les six agents à déposer leurs colis humains sur les trois chaises disposées face à lui, de l'autre côté de son bureau. Posées aux emplacements prévus sans la moindre délicatesse, les trois femmes ainsi transportées — on pouvait facilement deviner leur sexe à leur morphologie et aux robes aux couleurs vives qu'elles portaient — virent leurs liens rapidement défaits par les hommes en costume noir, qui quittèrent ensuite la pièce sans même prendre la peine de retirer les sacs de toile qui couvraient le visage des malheureuses. Une fois que les pas de leurs ravisseurs se furent tus, et à présent que leurs mains étaient libres, les trois « invitées » procédèrent de retirer elles-mêmes les sacs qu'elles avaient sur la tête, révélant ainsi les visages de trois jeunes femmes — l'une brune, l'une blonde, et l'autre rousse — dont l'âge devait se situer quelque part entre les vingt-cinq et trente-cinq ans. Elles purent à cette occasion découvrir à leur tour le visage d'Elona Maajsk, gnome au crâne d'ivoire qu'elles toisèrent sans mot dire alors même que le petit bonhomme leur souriait gaiement.

Je vous souhaite la bienvenue, Mesdemoiselles. Avant que je vous explique pourquoi vous êtes ici, permettez-moi de vous exprimer à quel point je suis navré de la rustrerie avec laquelle vous avez été conduites jusqu'en ces lieux. Compte tenu de votre expérience, j'espère toutefois que vous comprendrez le caractère impératif de ces mesures, garantissant la sécurité et le secret de l'emplacement de ce bureau.

Après ces quelques mots, il jeta un rapide coup d'œil à la baie vitrée qui donnait à voir le spectacle de l'étendue de la capitale hotsalienne, d'un point de vue en partie bouché par les autres gratte-ciels qui constituaient le quartier d'affaires situé dans la périphérie de la ville. Se rendant rapidement compte de l'absurdité de ce qu'il venait d'énoncer, il se tourna à nouveau vers ses hôtes et poursuivit son introduction comme si de rien n'était.

La question que vous devez très certainement vous poser désormais est la suivante : « Où sommes-nous donc ? ». Eh bien Mesdemoiselles, je ne vais pas vous faire de secret à ce sujet. Vous êtes ici au siège de l'initiative d'Infiltration Opérationnelle Étendue pour la Sécurité Préventive. Ce nom ne vous dit probablement rien, et pour cause : il s'agit d'une agence non officielle de l'État confédéral qui vient tout juste d'être créée, il y a de cela quelques jours à peine. Je vous accorde que le nom n'est guère très parlant, c'est pourquoi nous lui préférons la plupart du temps son appellation germanique mise au point par les services bergrorischs, la faisant répondre au nom de "Weitreichende Operative Unterwanderung für Präventive Sicherheit", ce qui peut être abrégé sous l'acronyme somme toute très commode de W.O.U.P.S. Fondée sur la base d'une initiative conjointe de la Présidente du Conseil de Réclamation Nationale hotsalien Mariya Dovhan, ainsi que du Président de la Confédération Viktor Bodnar, en concertation avec les autres États membres de la Confédération de Kresetchnie et nos alliés à l'étranger, au premier rang desquels figure le Royaume de Teyla, cette agence a vocation à opérer dans un secret absolu en vue de mener des opérations clandestines servant nos intérêts sécuritaires sur des théâtres étrangers. En termes plus clairs, vous allez être envoyées dans les pays qui nous causent du tort pour faire en sorte qu'ils aient des problèmes plus urgents à régler que de s'attaquer à nous... Ah oui, car j'ai omis de vous le dire... Si vous avez été conduites ici, c'est justement parce que vous avez été affectées au W.O.U.P.S. pour y former, toutes les trois ensemble, l'une de nos premières équipes d'agents de terrain. Vous serez, très prochainement, expédiées dans un pays étranger afin d'y mener une mission d'une importance capitale pour la sécurité nationale, dont je vous exposerai la nature dans la suite de cette réunion... Mais avant que je poursuive... avez-vous des questions ?

Les filles restèrent quelques instants silencieuses, avant que celle qui semblait être la plus âgée d'entre les trois, une rousse en robe verte, ose se manifester.

Non, jusqu'ici tout me semble clair... Monsieur... Maajsk.

Elle avait eu une légère hésitation avant de prononcer le nom de son hôte. Il lui semblait bien avoir reconnu Elona Maajsk, mais subsistait toujours cette petite pointe de doute quant au fait qu'elle puisse faire fausse route et qu'il ne s'agisse pas du fameux transfuge illiréen, mais d'un autre petit homme chauve à lunettes et à la voix nasillarde qui lui ressemblait beaucoup. Il faut dire que le propriétaire de ce bureau n'avait pas daigné se présenter en ouvrant la conversation avec ses hôtes, bien trop imbu de lui-même qu'il était pour penser que sa notoriété puisse ne pas suffire à ce qu'on l'identifie au premier coup d'œil.

Évidemment que c'est clair, mon petit. Je ne pense même pas que ce que je viens d'énoncer soit hors de la portée d'un enfant de dix ans... Mais bref... Où en étais-je ? Ah oui ! Avant de vous présenter la mission que j'entends vous confier, je pense qu'il serait de bon aloi que vous appreniez à mieux vous connaître les unes les autres, dans la mesure où vous allez être amenées à travailler en étroite collaboration, sur une durée conséquente, et dans un environnement qui sera, a priori, tout sauf amical. Quoi de mieux pour cela que de vous présenter à tour de rôle ? Laissez-moi donc énoncer ce que je sais de chacune d'entre vous, en n'hésitant pas à me corriger si certaines de mes informations ne sont plus à jour.

Elona Maajsk se leva et fit le tour du bureau pour venir s'adosser contre celui-ci face aux trois espionnes, sans qu'aucun obstacle ne les sépare plus, cherchant ainsi à installer une atmosphère un peu plus décontractée. Il espérait que ce petit relâchement permette à ses hôtes de se sentir un peu plus à l'aise, oubliant momentanément la désagréable expérience de leur trajet jusqu'à ce bureau et le stress de l'incertitude quant à la nature de leur mission, afin qu'elle puisse se montrer davantage disponible pour le petit tour de table qui s'annonçait.


Chloé Charenton, agente de renseignement d'origine teylaise

Chloé Charenton
Agente de renseignement d'origine teylaise

Samantha Schnabel, agente de renseignement d'origine bergrorische

Samantha Schnabel
Agente de renseignement d'origine bergrorische

Alexandra Adenko, agente de renseignement d'origine hotsalienne

Alexandra Adenko
Agente de renseignement d'origine hotsalienne



Son regard se porta en premier lieu sur la rousse qui avait pris la parole pour ses camarades quelques minutes plus tôt.

Comment ne pas commencer par vous, puisque nous nous connaissons déjà ? Je vais même être transparent. C'est grâce à VOUS si je suis ici aujourd'hui.

Il pointait son index vers la doyenne du groupe pour la désigner.

C'est grâce à vous, Samantha Schnabel ! Samantha ! Samantha... Sam ? Sam ? Je peux vous appeler Sam ?

Il ne prit pas la peine de lui laisser le temps de répondre.

Sam ! Va pour Sam ! C'est grâce à vous, Sam, qu'Elona Maajsk est devenu ce qu'il est aujourd'hui : un illustre citoyen de la Confédération de Kresetchnie ! Cette femme, mesdemoiselles, cette femme est venue me voir il y a de cela plus de deux ans, alors que j'étais affecté à la direction de la cellule d'intelligence valinoréenne du Gradenbourg. Elle m'a fait comprendre à quel point la cause que je servais était vaine, à quel point mes employeurs ne méritaient guère le fruit de mon génie, et ô combien entrer au service de l'Hotsaline et de la Kresetchnie me comblerait davantage. Je vous le donne en mille : elle avait raison sur toute la ligne ! Ensemble, nous avons pu anéantir totalement la cellule d'espionnage illiréenne et exposer la forfaiture à laquelle se livraient les membres de l'Union Économique Eurysienne en Kresetchnie occupée. Un grand moment dans l'histoire de l'espionnage ! Ce miracle n'est autre que la résultante de la rencontre de deux cerveaux exceptionnels : le mien, bien sûr, et celui de la fine fleur des services de renseignement bergrorischs. Élevée avec rigueur dès son adolescence dans l'un de ces nombreux couvents qui constellent les montagnes du Klosterbund de Bergrun, Sam peut se gargariser d'avoir été au terme d'études scientifiques brillantes, et de s'en être sortie parmi les meilleurs de ses promotions successives. Qui croirait de prime abord qu'une telle crinière — que dis-je, qu'un tel brasier — puisse accueillir un esprit aussi brillant ? Comme quoi, même si cela peut sembler contre-intuitif, les femmes aussi peuvent avoir des neurones et réussir dans les sciences. Quel délicieux contre-exemple !

Décontenancées, les trois espionnes échangèrent entre elles quelques regards gênés, sans savoir que dire. Elona Maajsk, pour sa part, ne remarqua rien et poursuivit sa logorrhée, se tournant cette fois vers la blonde en robe rouge.

Mademoiselle Chloé Charenton, qui nous a fait le plaisir d'être affectée à ce service sur recommandation de nos amis du Royaume de Teyla ! Les services de Manticore n'ont pas manqué de nous vanter les mérites de votre efficacité sur le terrain. Vous vous trouvez rapidement à votre place partout où vous allez, et savez donner ce qu'ils veulent à vos interlocuteurs pour en obtenir en retour ce que vous désirez. On dit de vous que vous maîtrisez votre langue à la perfection, que ce soit pour parler la demi-douzaine de dialectes dans lesquels vous vous exprimez à un niveau quasi natif, ou à d'autres fins plus prosaïques. La séduction est sans nulle doute votre arme la plus dangereuse. La nature a été particulièrement généreuse avec vous, et vous savez faire usage de ces dons pour faire ce que vous voulez des hommes qui se mettent sur votre passage. Ils sont pour ainsi dire des soldats de plomb, des jouets entre vos mains, dont vous disposez à votre guise pour servir les desseins que vous nourrissez. Et, la plupart du temps, ils adorent ça. Il ne faut guère beaucoup de temps pour tomber sous l'influence de votre charme. Je peux en attester moi-même, tant je dois déployer d'efforts pour faire mine d'y être insensible.

Il joint à cette dernière affirmation un léger clin d'œil lubrique, auquel l'espionne teylaise ne trouva d'autre manière de répondre que par un sourire gêné de pure « courtoisie ». Elona Maajsk en fut satisfait, et fit bifurquer son attention vers la dernière de ses invitées, la brune vêtue d'une robe jaune.

Enfin, comment oublier cette chère Alexandra Adenko ? Alexandra... Alex... Alex ? Oui, Alex ! Rescapée des massacres commis par les Raches en Hotsaline, vous avez été élevée à la dure au sein des communautés rodnovériennes des campagnes hotsaliennes. Qui pourrait penser aujourd'hui que derrière un si joli minois se dissimule une véritable bête de guerre, maîtrisant pas moins de... trois arts martiaux différents, c'est bien cela ?

Quatre, rétorqua-t-elle du tac au tac.

Quatre, oui, c'est cela... Lequel aurais-je oublié ?

Mmm... le krav-maga ?

Le krav-maga, rien que ça ! De quoi déclencher une panique nerveuse chez n'importe quel Estalien ! Votre agilité et vos prouesses athlétiques seront un atout central pour votre équipe, à même de vous permettre à toutes de survivre dans les circonstances les plus périlleuses...

Elona Maajsk quitta sa position pour contourner son bureau et retourner s'asseoir dans son fauteuil.

À présent que les présentations sont faites, vous n'avez sans doute qu'une seule envie, qui est de découvrir quelle sera votre mission et dans quel pays nous allons vous expédier. Je me trompe ?

N'osant guère mentionner l'alternative qui aurait été de quitter au plus vite ce bureau, les trois espionnes se contentèrent d'acquiescer d'un hochement de tête.

Parfait ! J'imagine que compte tenu des circonstances actuelles, et notamment des bruits d'explosion lointaines que nous pouvons entendre depuis les fenêtres de ce bureau, vous devez vous imaginer que je vais vous envoyer dans je-ne-sais-quel trou à rats communiste d'Eurysie, ou pire encore, au Grand Kah ? Rassurez-vous, il ne s'agit de rien de tout cela. Cette annonce peut vous surprendre, au vu de l'urgence que semble représenter la défense contre le Grand Kah et ses satellites dans le contexte de la guerre en cours. Toutefois, certains événements beaucoup plus récents ont fait prendre conscience au gouvernement kresetchnien qu'il allait devoir revenir sur certains aspects de sa politique récente. Ou, plutôt devrais-je dire, revenir à certains paradigmes que certains avaient bien trop vite enterrés. Voyez-vous, au lendemain du départ des troupes raskenoises hors des territoires que l'Empire occupait en Kresetchnie, beaucoup ont soudainement semblé oublier le passif des ingérences multiples auxquels se sont livrés les Raskenois au sein de notre pays, et le discours fallacieux et malhonnête qu'ils ont pu tenir tout au long de la période d'occupation. Naïvement, beaucoup ont cru que la fin de l'occupation signifiait aussi la fin des hostilités entre la Kresetchnie et Rasken, et l'ouverture à une potentielle normalisation, voire coopération, entre nos deux pays.

Mais les faits sont têtus, tout autant que l'élite aristocratique raskenoise qui s'entête à lorgner sur le territoire de notre confédération. Le retrait des troupes d'Eberstadt hors du territoire kresetchnien était tout sauf un coup d'arrêt à la politique expansionniste menée par Rasken en Kresetchnie depuis 1994. Le référendum qui a été organisé dans les territoires occupés l'a été sous l'effet de la seule pression populaire, et c'est bien un Empire Raskenois au pied du mur qui s'est soumis à cet impératif d'urgence afin de ne pas subir au Gradenbourg une débâcle totale au cours de laquelle il aurait bien pu laisser quelques plumes. Toutefois, aux yeux d'Eberstadt, ce n'était que reculer pour mieux sauter. La récente réaffirmation de la volonté de contrôle de Rasken sur le territoire du Gradenbourg en atteste, malheureusement. Schützenberger et sa clique, tant qu'ils en auront les moyens, ne laisseront jamais de répit à la Kresetchnie, saisissant le moindre signe de faiblesse apparente pour tenter à nouveau de s'emparer de nos terres occidentales. C'est une situation dont la Présidente du Conseil hotsalienne a d'ores et déjà maintes fois tenté d'avertir ses collègues, que ce soit parmi les différents États membres de la Confédération, voire au sein même du Conseil de Réclamation Nationale hotsalien. Si beaucoup considéraient jusqu'alors ses positions comme exagérées, semblant davantage être le fruit d'une rancune personnelle que d'une réelle analyse objective, les faits semblent leur donner tort, d'où la formation rapide de cette agence.

Le gouvernement confédéral, en accord avec les différents acteurs politiques confédéraux, en est arrivé à une position simple : tant que l'Empire Raskenois existera et aura les moyens de nous nuire, il le fera. Par conséquent, un Empire Raskenois affaibli, c'est une Confédération de Kresetchnie en sécurité. Votre mission est donc la suivante : affaiblir Rasken en utilisant tous les moyens à votre disposition pour déstabiliser politiquement ce pays, et faire donc en sorte qu'il ait bien trop de chats à fouetter au sein même de ses frontières pour avoir le temps de songer à les étendre vers l'est. Malgré l'extrême verticalité du pouvoir impérial et l'apparence monolithique de la société civile raskenoise, l'Empire des Schützenberger est un colosse aux pieds d'argile. La politique dangereuse, incompréhensible et coûteuse de l'Empereur Stanislav en Kresetchnie prête facilement le flanc aux critiques et à la remise en cause de la légitimité du pouvoir impérial. Par ailleurs, l'Empire Raskenois a connu deux guerres civiles dans son histoire récente, déclenchées pour des raisons différentes. La première, s'agissant de la guerre qui a vu naître le régime impérial, a laissé des traces d'un goût amer quant à la confiscation de la démocratie en Rasken suite à la dissolution de la République de Brod Flor. Mobiliser les nostalgiques de l'ère démocratique et les détracteurs de la concentration de pouvoirs multiples aux mains de la seule famille Schützenberger et d'Apex Energy semble donc être un excellent levier pour faire émerger une contestation organisée du régime qui cherche à nous nuire. Enfin, la guerre contre les indépendantistes de la région slave d'Adéon, dont les habitants demeurent de fait des citoyens de seconde zone à Rasken, a laissé des marques qu'il ne tient qu'à nous de raviver pour enclencher la résurgence du mouvement sécessionniste.

Ce sont là des pistes nombreuses, toutes très intéressantes, mais sans grande précision quant aux directives à observer en vue de leur mise en œuvre. J'en conviens, et c'est assumé. Je ne fais là que vous livrer une présentation globale de vos objectifs à Rasken. Une fois que vous serez infiltrées sur place, nous resterons en contact permanent afin que je puisse vous communiquer plus en détail la marche à suivre et les axes sur lesquels travailler en priorité. Évidemment, tout au long de notre collaboration à venir, je compte sur vous pour faire montre du plus grand secret quant à la nature de vos motivations et l'identité de vos commanditaires dans l'hypothèse malheureuse où vous seriez démasquées par nos ennemis. Afin de préserver mon anonymat en tant qu'interlocuteur, il est important que vous ne me désignez jamais sous ma véritable identité, y compris en mon absence. Je sais bien ce que c'est que les dames vous savez, ça papote et ça papote sans cesse. Aussi, le reste du service et moi-même avons convenu d'un nom de code que vous devrez dorénavant employer chaque fois qu'il s'agira de me désigner. Ce nom de code sera « Jerry ». J'espère que c'est bien clair ?


Oui, Monsieur, répondit Sam en hochant la tête.

Oui qui ? demande Elona Maajsk en tendant l'oreille.

Oui, Jerry, se reprit-elle en souriant.

Les autres ? Je ne vous entends pas.

Oui, Jerry ! s'exclamèrent en chœur les trois espionnes.

Parfait, j'aime mieux ça ! Maintenant, place à la partie amusante ! Eh oui, vous n'imaginiez tout de même pas que nous allions vous parachuter en territoire hostile sans vous donner de petits atouts tactiques pour vous permettre de vous en sortir ? N'ayez crainte, tout est prévu. Vous allez rapidement pouvoir le constater.

Sur ces mots, « Jerry » pressa un bouton qui se trouvait sous son bureau en acajou. Le sol autour des trois espionnes se mit alors à vibrer, puis elles virent les murs et la baie vitrée se soulever lentement autour d'elles. Du moins, ce fut leur première impression, car c'était en réalité le morceau de plancher sur lequel étaient posées leurs trois chaises et le bureau d'Elona Maajsk qui s'enfonçait dans le sol, translatant lentement vers l'étage inférieur à la manière d'un monte-charge particulièrement lent. La descente dura ainsi cinq bonnes minutes. Minutes particulièrement longues au cours desquelles Jerry et ses espionnes se regardèrent dans le blanc des yeux sans mot dire. À l'issue de ce blanc interminable, les quatre compères avaient atterri dans une pièce sans fenêtre, éclairée seulement par quelques néons.

Fantastique, n'est-ce pas ? s'extasia Jerry. J'ai fait installer cet ascenseur la semaine dernière, lequel nous fait atterrir directement ici, dans la réserve à gadgets, en un temps record !

Les espionnes répondirent par des haussements de sourcils faussement admiratifs qu'elles adressèrent en hochant la tête à leur nouveau patron.

Vous allez pouvoir faire la connaissance de notre expert en gadgets. Mesdemoiselles, je vous présente le désormais fameux inventeur de génie Ivan Berkanovitch. Aujourd'hui célèbre pour s'être rendu responsable du miracle du Carambolage Céleste, Monsieur Berkanovitch nous fait l'honneur de sa présence après avoir reçu cette affectation de la main de Mariya Dovhan elle-même, qui nous montre toute l'ampleur de l'attention qu'elle porte à ce projet en y dépêchant systématiquement les meilleurs d'entre nous.


Ivan Berkanovitch, triple docteur ès bullshit, créateur du Carambolage Céleste et responsable des gadgets du W.O.U.P.S.

Ivan Berkanovitch
Responsable des gadgets du W.O.U.P.S.



Le triple docteur au costume impeccable dégaina son meilleur sourire couplé à ce regard profond et mystérieux dont il avait le secret, caractérisé par un lever de sourcil interrogateur qui ne manquait habituellement jamais de faire son effet sur la gent féminine. Peut-être la première impression auprès de ces demoiselles aurait-elle pu être réussie si le scientifique ne dégageait pas cette forte odeur de déodorant bon marché, vestige de l'ère antérieure aux récents succès de l'inventeur hotsalien. L'histoire ne nous le dira jamais.

Bienvenue, mesdemoiselles. Je suis Ivan Berkanovitch, pour vous servir. Vous m'avez sûrement déjà vu dans des émissions de télévision telles que le journal de vingt heures, ou diverses émissions de vulgarisation scientifique. Et si je vous disais que je suis le Monsieur Trouvetout de cette organisation, et que c'est moi qui vous équiperai en vue de vos missions à venir ? Rassurez-vous, vous êtes entre de bonnes mains avec moi.

Nous... n'en doutons pas... répliqua Sam avec une pointe d'anxiété.

Bien, à présent que les présentations sont faites, Ivan, pourquoi ne pas montrer à nos espionnes ce que vous avez concocté pour elles ?

Mais bien sûr. Je pense que le plus évident serait de commencer par votre futur moyen de locomotion. Suivez-moi, mesdemoiselles !


Xantia tunée de fonction des espionnes du W.O.U.P.S. en mission à Rasken


Ivan Berkanovitch conduisit la petite troupe jusqu'à un petit box latéral où les attendait une berline d'un rouge métallisé flamboyant. Il s'agissait d'un modèle assez répandu, bien que le bas de caisse semblait avoir été grandement renforcé, tandis que le nez du véhicule était affublé d'un énorme pare-buffle noir, qui figurait ici comme un pendant à l'aileron rouge qui garnissait l'arrière de la voiture. À première vue, il semblait s'agir d'une berline classique pimpée par un beauf fan de tuning.

Mesdemoiselles, Jerry, j'ai l'insigne honneur de vous présenter ma dernière création en date. Il s'agit du véhicule qui vous accompagnera lors de tous vos déplacements à Rasken : j'ai nommé le Mariya-08, en hommage à la Présidente du Conseil de Réclamation Nationale. Vue comme ça, on croirait voir une simple berline dotée de quelques améliorations courantes, mais vous constaterez rapidement que cet engin a été spécialement conçu pour vous permettre de vous fondre dans la masse raskenoise. Pour commencer, le véhicule a une consommation d'essence qui dépasse de très loin celle de tous les autres modèles du même genre. Ceci est dû à son moteur boosté et à son système de propulsion annexe qui lui permet d'atteindre une vitesse de pointe phénoménale sur les autoroutes raskenoises, et ce en très peu de temps. En effet, vous n'êtes pas sans savoir que la vitesse sur les autoroutes de nos voisins occidentaux n'est pas réglementée. Tout l'enjeu pour vous sera donc de vous y déplacer le plus vite possible et en faisant un maximum de bruit afin que votre comportement se confonde au mieux avec celui du Raskenois moyen. Vous noterez à l'usage que les systèmes d'injection ont été trafiqués afin que le moteur pétarade plus que de raison au cours des phases d'accélération. Le système sonore a lui aussi été renforcé par d'énormes baffles extrêmement puissantes qui vous permettront de vous imposer acoustiquement sur les routes, grâce à un répertoire de musique nightcore judicieusement sélectionné et directement intégré à l'autoradio. Si vous utilisez les commandes appropriées, le système audio peut être provisoirement reconverti en arme acoustique susceptible de neutraliser ou de mettre en fuite de potentiels assaillants. Alors, qu'en dites-vous ?

C'est... impressionnant, s'hasarda à répondre Chloé.

Et cette grosse armature à l'avant, c'est pour... ? demanda Alex.

Le pare-buffle ? En milieu rural, c'est indispensable, des fois que vous croisiez un sanglier ou un chevreuil. Ça pourrait même vous permettre de renverser d'éventuels poursuivants, si par malheur vous en aviez. Vous aurez sûrement aussi noté la présence de l'aileron à l'arrière du véhicule : un autre petit accessoire de mon crû, qui améliorera assurément l'aérodynamisme de la voiture lorsque vous voudrez atteindre la vitesse de pointe sur autoroute. Malheureusement, je n'ai pas encore pu intégrer les systèmes de propulsion et de portage propres au prototype du Mariya-06, grâce auquel j'ai pu réaliser le Carambolage Céleste. J'espère pouvoir concevoir une version planante améliorée de ce modèle d'ici peu.

Monsieur Berkanovitch, me laisserez-vous le plaisir de présenter moi-même les modifications personnelles que j'ai fait ajouter au véhicule pour le confort de ces dames ?

Mais je vous en prie, Elon... euh... ahem... Jerry !

Pour commencer mesdemoiselles, vous noterez la couleur dont j'ai fait repeindre la voiture ! Un magnifique rouge ! Il n'y avait plus de peinture rose, malheureusement, mais au moins celle-ci pourra être assortie à la couleur de vos vernis, vos rouges à lèvres, et cetera !

Les espionnes haussaient les sourcils, ne sachant trop comment réagir à ces « attentions » qui semblaient enthousiasmer Jerry. Pour sa part, le chef de l'agence était déjà parti ouvrir la portière du véhicule côté conducteur pour s'introduire dans l'habitacle.

Et regardez ça, les filles ! Les grands miroirs que j'ai fait mettre derrière les pare-soleils, si vous voulez vous refaire une beauté. Hé hé ! Alors, qu'est-ce qu'on dit ?

Euh... merci, Jerry.

Il n'y a pas de quoi, c'est bien normal !

Et ça, qu'est-ce que c'est ? interrogea Alex en pointant du doigt la tête miniature en plastique qui pendait sous le rétroviseur intérieur de la voiture.


Porte-clés à l'effigie de l'Empereur raskenois Stanislav Schützenberger, placé sous le rétroviseur intérieur de la Mariya-08


Ah, ça, répondit Berkanovitch, c'est un porte-clés à l'effigie de l'Empereur Stanislav Schützenberger. Il paraît qu'ils font un carton à Rasken, donc vous détonnerez moins en possédant le vôtre... Enfin, je pense que nous avons fait le tour concernant votre véhicule. Peut-être pourrions-nous passer aux gadgets proprement dits ?

Jerry l'arrêta d'un mouvement de la main.

Un instant, docteur, le...

Si vous me le permettez, Jerry, je préfère que l'on m'appelle Doc Doc Doc, par respect pour mes trois doctorats, si cela ne vous dérange pas.

Mes excuses, Doc Doc Doc. Je me disais simplement que peut-être faudrait-il s'organiser pour offrir une petite formation de conduite à ces jeunes femmes avant qu'elles prennent le volant à bord de votre prototype ?

Je ne pense pas que ce soit nécessaire. La voiture se conduit comme une berline classique, à l'exception des quelques commandes supplémentaires dont j'ai déjà indiqué le fonctionnement.

Je le sais bien, mais peut-être ces dames auraient-elles besoin de quelques clés pour bien prendre en main le véhicule et l'utiliser correctement, ne pensez-vous pas ?

Je ne comprends pas, fit Berkanovitch en se tournant vers les trois espionnes, vous n'avez pas votre permis de conduire ?

Là n'est pas la question, Doc Doc Doc, mais vous savez, bon, il y a avoir son permis et savoir conduire. Peut-être ces demoiselles savent-elles démarrer la voiture, rouler un peu... mais pour ce qui est des manœuvres, des créneaux... c'est souvent plus difficile pour elles, vous comprenez ?

Vous savez, se permit d'intervenir Sam, pour ma part, ça va hein.

Oui, moi aussi, ajouta Alex, suivie par Chloé qui manifesta elle aussi sa maîtrise de la conduite.

Bon, bon, soit, je n'insiste pas. Mais gardez bien à l'esprit, mesdemoiselles, que ce prototype relève de la propriété de l'État et qu'il faudra en prendre soin autant que possible. Bon, allez-y Berkanovitch. Montrez-leur les gadgets.

Le triple docteur ouvrit la boîte à gants de la voiture et en sortit plusieurs objets d'apparence banale.


Le sèche-cheveux-chalumeau
Le sèche-cheveux-chalumeau
La bague diamant coupe-verre
La bague diamant coupe-verre
Les boucles d'oreille enregistreuses
Les boucles d'oreille enregistreuses
Le parfum au poivre
Le parfum au poivre


Mesdemoiselles, voici les gadgets que vous emporterez avec vous au début de votre mission. Notez qu'il est fort probable que je vous en fasse parvenir d'autres en cours de route, au fur et à mesure des inventions que mon génie me permettra de produire. D'ici là, j'espère que ce modeste starter pack vous permettra de poser les premières briques de la muraille qu'il vous faudra bâtir entre Rasken et l'Hotsaline. Enfin, trêve de papotages. Laissez-moi plutôt vous présenter ces inventions.

La première est le sèche-cheveux-chalumeau, la merveille dont je suis le plus fier parmi tout ce qui se trouve dans cette boîte à gants. Il s'agit en apparence d'un sèche-cheveux classique, à ceci près que lorsque vous l'activez, il produit une flamme d'une chaleur intense vous permettant de faire fondre la plupart des matériaux. Idéal pour les missions d'infiltration en des lieux ne permettant pas l'utilisation des entrées conventionnelles. Et là vous demanderez certainement : est-ce que je pourrai quand même me sécher les cheveux avec ce sèche-cheveux ? Eh bien figurez-vous que la réponse est OUI. Les systèmes de séchage d'origine ont été conservés. Le hic, c'est que la chaleur causée par une utilisation prolongée serait susceptible d'enflammer le gaz comprimé situé à l'intérieur pour assurer la fonction chalumeau, causant à coup sûr... eh bien... l'explosion de votre crâne. Ne l'utilisez donc comme sèche-cheveux qu'en cas d'extrême urgence, lorsque vous êtes forcée de donner le change par exemple. Imaginez... je sais pas moi... vous êtes à la piscine... et là une femme vous demande « est-ce que je peux utiliser votre sèche-cheveux ? ». Forcément, vous devrez accepter pour éviter de provoquer un esclandre. Elle pourra s'en servir, mais veillez juste à ce que ça ne dure pas trop longtemps pour éviter que ça lui explose au visage, quoi. Hé hé !

Ensuite vient la bague à diamant coupe-verre. Je pense que le nom parle de lui-même : il s'agit d'une bague en or sertie d'un diamant qui permet de... couper le verre. Si vous voulez entrer par une fenêtre ou... enfin bref, vous avez compris quoi. Allez, au suivant.

Le suivant, ce sont les boucles d'oreille enregistreuses. Un vrai petit bijou de technologie. Une paire de boucles d'oreilles en apparence inoffensives, mais dont l'une est dotée d'un micro, et l'autre d'une micro-caméra incrustée dans la pierre. Lorsque vous vous baladez avec ça aux oreilles, vous pouvez non seulement enregistrer toutes les conversations qui ont lieu autour de vous dans un rayon de cinq à dix mètres, en fonction du niveau de bruit de l'endroit où vous vous trouvez, mais également filmer ce qui se passe aux alentours, et ce faisant acquérir des images précieuses sans avoir à focaliser votre regard sur ce qui fait l'objet de votre attention. La récupération des données se fait en rentrant les boucles d'oreille dans leur écrin connecté, qui fonctionne en filaire de manière à éviter l'émission d'ondes potentiellement détectables par des agents adverses.

Enfin, le dernier gadget, le parfum au poivre, n'a rien d'extraordinaire, mais pourrait bien vous sauver la mise en cas d'agression. Il s'agit d'une bonbonne de parfum contenant en réalité un spray au poivre, utile pour repousser un éventuel assaillant sans éveiller de soupçons en cas de fouille au corps. Voilà, nous avons fait le tour.


Très bien ! reprit Jerry en se plaçant Berkanovitch pour éviter que la réunion ne s'éternise trop et que l'auteur de ce texte y passe sa soirée. Puisque vous avez tout ce qu'il vous faut à présent, je n'ai plus qu'à vous souhaiter bonne chance, les filles. En selle, et au travail pour la Kresetchnie !
6281
Mayday Mayday ! Fan club de Dallas en Danger !



Pendant ce temps...
Dans les cieux de Rasken...



La Ligue des Patriciens explorateurs durant l'un de leurs entraînements de vol à l'aérodrome de Miraglia
Mario di Fastaro et Dom Dino Derrizio, le bras armé de Dallas sur terre, à l'entraînement de vol sur l'aérodrome privé de Patrizio Derrizio à Miraglia


Un appareil blanc filait à toute allure avec à son bord deux individus des plus atypiques, Mario di Fastaro et Dom Dino Derrizio, respectivement président et vice président du Fan Club de Dallas ainsi que de la Ligue des Patriciens Explorateurs, étaient par rapport à un incroyables concours de circonstances en plein vol à bord d'un avion civil à deux places se dirigeant à l'origine vers une nouvelle aventure : Ni plus ni moins que le Pays de Khorne. Ce dans le cadre de leur célèbre émission "J'irais visiter votre pays", où les explorateurs vétérans entendaient aller visiter les célèbres arènes où l'on tenait chaque jours des combats dantesques digne des gladiateurs de la Rhême antique, quelque chose d'assez inédit dans le monde tel qu'on le connaissait à l'ère contemporaine. Il fallait dire que ce côté fascinant avait lourdement pesé dans les recommandations et volonté du public qui avaient réclamé sans cesse à leurs deux streamers et pilotes favoris qu'ils souhaitaient les voir visiter le coin et leur faire un compte rendu des lieux. Ni une ni deux, ils avaient ainsi accepté et c'étaient précipités sur l'un des aérodromes privés de la Dynastie Derrizio afin d'emprunter l'un des appareils du cousin de Dino tandis que ce dernier était occupé avec la crise politique de Fortuna et ne pouvait donc veiller au grain que l'on ne touchait pas à ses coucous.

Après un vol initial à destination de Velsna pour y faire escale et préparer le véritable trajet, permis notamment par les traités en vigueur autant bilatéraux entre la Sérénissime et la Grande République que ceux orbitant autour de l'appartenance commune à l'ONC, ces derniers avaient pu se positionner dans une meilleure situation géographique afin de filer tout droit à travers les cieux, et avec une logistique planifiée avec une grande justesse, pour se rendre vers leur destination finale. Ils avaient même fait jouer les relations de Dom Dino et sa proximité avec le Patricien ministre des affaires étrangères de Fortuna afin de pouvoir passer librement dans les cieux raskenois qui étaient sur le chemin le plus direct avant de continuer à travers la confédération de Kresetchnie via ses territoires au nord du Gradenbourg et de Bergrun avant de finalement longer le côté sud de l'Altrecht pour arriver vers l'objectif final.

Cependant les plans ne se déroulent jamais sans accroc et si le voyage s'était déroulé calmement, avec de supers panoramas qui furent montrés au cours du Stream initial lors du vol, un imprévu, assez majeur d'ailleurs, vint totalement forcer les deux aventuriers à reconsidérer leurs plans.

En effet, par pure malchance, il s'avéra, que le moment de leur traversée de Rasken et le cas échéant quand ils se dirigeaient vers la frontière que la nouvelle tomba comme un cheveux sur la soupe : Une zone de non vol venait d'être instauré au dessus du Gradenbourg par Rasken même et soutenu par Velsna. Une nouvelle reçu au plus grand désarroi du fan club de Dallas qui dû alors revoir ses plans tandis que les contrôles aériens Raskenois qui leur avait transmis l'information leur donnait des instructions dans le même temps afin qu'ils s'en viennent se poser sur l'un des aéroports du pays, afin de revoir par la suite les plans de vols.

Et car un imprévu n'arrive jamais seul, et aussi assurément car Dame Fortune est très joueuse, au moment de virer de bord pour mettre le cap sur l'un des aérodromes, un accident advint, une secousse commença à secouer l'appareil tandis que l'un des réacteurs sur les ailes venait de prendre feu alors qu'une volée de plume totalement brûlée s'échappait de ces derniers, signalant qu'un oiseau devait avoir été pris par mégarde dans ledit réacteur au moment du virage. Ce qui occasionna immédiatement une poursuite des communications un peu paniqué à l'attention des contrôles aériens Raskenois !


Mario di Fastaro - << Mayday Mayday ! Nous avons un réacteur en feu, on perd de l'altitude rapidement ! On va pas réussir à atteindre la piste à ce rythme ! >>

Dom Dino Derrizio - << Vous inquiétez pas le Stream ! C'est... Un menu contre-temps ! On va trouver une solu... >>


Une nouvelle secousse advint, bien visible sur le stream de surcroit alors qu'un assortiment d'emoji choqué et de demandes saugrenues à base de "10 bucks si vous Sortez avec le chalumeau réparer le réacteur svp" commençaient à apparaître...


Mario di Fastaro - << Quoi ? Je vous entends pas contrôle ! La radio déconne ! Lâcher quoi ? Lâcher Dino ? >>

Dom Dino Derrizio - << Pardon ? Mais je suis très mauvais au saut en parachute ! >>

Mario di Fastaro - << Du lest ! Oui j'ai entendu ! Du Lest ! >>

Dom Dino Derrizio - << Quel lest ? Ah non ! On ne lâche pas le buste de Dallas ! Il risque de se briser si il tombe sur un passant en plus. Et le passant avec... >>


Une traînée noire émergeait depuis quelques instants du réacteur en feu, s'étalant tel un présage funeste dans le sillage de l'appareil qui descendait peu à peu, par pure coïncidence, ce dernier passa même au dessus d'une foule avec pancartes et slogans qui applaudit au passage en voyant la traînée d'ébène, il s'agissait d'une manifestation populaire Raskenoises des "Ultras Pétroliers", une fraction de la population qui considérait que l'on n'extrayait pas assez de pétrole et qu'il fallait étendre les opérations à une échelle mondiale, les traînées de fumée noire étant l'un de leurs signe de ralliement assez étrangement.

Mario di Fastaro - << Bordel ! On descends trop vite ! Va falloir qu'on se pose en urgence ! Contrôle y'a vraiment pas un endroit adapté ?

Dom Dino Derrizio - << Là bas Mario ! Regarde y'a une autoroute, si on s'aligne bien on pourra se poser, je crois que y'a pas trop de circulation. >>

Mario di Fastaro - << Reçu ! Accroche toi je vire pour nous positionner ! >>


Le suspens était à son comble alors que des gouttes de sueurs perlaient sur le front des deux streamers, à l'inverse total du chat qui était en effervescence et demandait des cabrioles visant à retourner l'avion et faire un tour complet avant d'atterrir. Après une manoeuvre qui sembla durait une éternité, l'appareil qui pointait dangereusement vers le bas fut enfin en position rectiligne pour pouvoir utiliser l'autoroute comme piste improvisée. Par chance à première vue il ne semblait pas y avoir quiconque sur...


Dom Dino Derrizio - << MARIO RELEVE ! Y'A DEUX BAGNOLES DEVANT ! >>

Mario di Fastaro - << PUTAIN DE... >


Des hurlements s'ensuivirent alors que ledit Mario tirait comme un forcené sur son engin de contrôle afin de forcer l'appareil à relever le nez. Ce ne fut que de justesse que celui ci évita une collision avec ce qui semblait être une espèce de Berline rouge arrêtée sur le bas côté par une voiture de police arrêtée devant celle ci avec deux agents en train de contrôler un trio de femmes. Visiblement, les cinq intéressés furent des plus choqués et abasourdi lorsque l'avion leur passa au dessus avant de finalement "tenter un atterrissage" forcé un peu plus en avant, manquant de très peu de se crasher...

Une scène rocambolesque digne des films d'actions propres au pays, mais pourtant bien réelle... Qu'allait-il désormais advenir toutefois des deux explorateurs ?
872
https://i.ibb.co/T5Hwm5s/uy.png

Toi aussi, tu veux bâtir ton avenir ?

Très bien, tu es courageux ! Rejoins-nous chez Apex Energy, ici l'écologie, on s'en fout.
Et si le gouvernement te met des bâtons dans les roues ? On le contrôle.

Nos lobbyistes sont clairement plus efficaces que les propagandistes pro-raskenois au Gradenbourg et bien sûr, nous savons résister à ces maudits publicitaires d'Ambre Consulting. Les salauds, on les aura,
dit-il, le poing serré, du haut de ses 1,20 mètre d'impérialisme.

Tu veux envahir ton voisin ? Pas de problème, on te trouvera des puits de pétrole pour rembourser ton invasion ! Pratique, pas cher et garanti deux ans. C'est la patte de l'expert. Si ton nouveau gouvernement ne suit plus tes recommandations comme au Gradenbourg, pas de problème. On te fait une "No fly zone" sur mesure. Et n'oublie pas, quoi qu'il arrive, les autres ont toujours tort.

Et si les Landrins te poursuivent ? N'oublie pas les bérets rouges. On dit merci qui ? Merci Rachel Schützenberger.

Tu cherches le pétrole le plus chaud de ta région ? Oui !? Alors rejoins-nous.
16
TL1 OU LERMANDIE 1
EDITION EN DIRECTDU 17/06/2017
extrait vidéo diffusé à 20h11

LERMANDIE 1 plateau

Matilde Gerarld: "À présent, les dernières nouvelles concernant la guerre en Eurysie centrale. Nous venons d’apprendre que la Première ministre Elisabeth Miller a tenu une déclaration officielle lors d’une conférence de presse. Elle y condamne fermement le recours à la force armée par les autorités hotsaliennes en réaction au changement de régime en Altrecht. Elle dénonce également le soutien apporté par le Royaume de Teyla aux agresseurs, ainsi que la tentative des autorités teylaises de contraindre la République Impériale de Karty à rejoindre le conflit.
Direction Volkingrad, capitale kartienne. Bonjour Frédéric Lefrançois. Cette tentative de pression exercée par le Royaume de Teyla sur la République Impériale de Karty a-t-elle eu des effets favorables pour le camp hotsalien ?"

Frederic LEFRANCOIS, correspondant à Karty

Frédéric Lefrançois: "Bonjour. Eh bien, c’est tout le contraire. La chancellerie kartienne a catégoriquement rejeté ce qu’elle considère comme une tentative de chantage diplomatique de la part de Teyla, fondée sur une faveur obtenue via une protection liée à des ingérences extérieures.
Par ailleurs, les forces armées hotsaliennes ont lancé des bombardements en Kaulthie, dans des zones frontalières proches de Karty. Cette agression a provoqué une vive réaction de la classe politique kartienne, qui a publiquement dénoncé ce qu’elle qualifie de “stupidité diplomatique” de Teyla.
Je m’appuie notamment sur les propos de Sebastian Okovia, député kartien, qui a dénoncé sans réserve l’hypocrisie du Royaume de Teyla, l’accusant de ne pas assumer ses erreurs en tentant de forcer Karty à s’engager dans un conflit qu’elle n’a ni provoqué ni approuvé."

Matilde Gerarld: "Étant donné que la classe politique kartienne n’a pas validé l’appel à l’aide dans le cadre de l’alliance militaire entre Teyla et Karty, la chancellerie kartienne risque-t-elle une rupture diplomatique avec Teyla ?"

Frédéric Lefrançois: "Selon plusieurs représentants de la chancellerie, la cheffe du gouvernement kartien semble être prête à assumer cette éventualité. Elle estime que Teyla n’a pas compris la posture diplomatique de Karty, fondée sur une indépendance politique exercée dans le respect et la courtoisie envers les États souverains.
Une chose est certaine : le comportement de la diplomatie teylaise, combiné aux bombardements incontrôlés de son allié hotsalien, notamment sur un pays neutre comme la Kaulthie, a gravement entaché sa crédibilité sur la scène internationale."

Matilde Gerarld: "La déclaration des autorités lermandiennes était très attendue à Karty. Comment la chancellerie a-t-elle réagi aux propos de la Première ministre Miller ?"

Frédéric Lefrançois: "Vous savez, Karty n’a pas la réputation d’être un partenaire international facile à manœuvrer. Pourtant, la déclaration de la Première ministre Miller a été accueillie avec respect ici, notamment pour avoir dénoncé le manque de diplomatie du Royaume de Teyla.
Ce qui est assez cocasse, c’est que Teyla avait joué un rôle majeur dans un sommet de négociation diplomatique entre la Lermandie, son alliée Westalia, et la Fédération de Sterus."

Matilde Gerarld: "Frédéric Lefrançois, en direct de Volkingrad. Merci pour tous ces éléments. Julien Gauthier…"

Julien Gauthier: "Avant toute chose, il est essentiel d’évoquer les relations diplomatiques entre le Royaume de Teyla et les Communes Unies du Grand Kah. Ces deux États incarnent des visions politiques radicalement différentes : les Communes du Grand Kah adoptent un régime proche de l’anarchisme, tandis que le Royaume de Teyla repose sur un modèle libéral.
Ce qui semble avoir irrité la diplomatie teylaise, c’est le soutien indirect du Grand Kah à la Principauté de Carnaval, notamment par le biais d’une aide humanitaire. Il est donc plausible que les autorités teylaises aient choisi de soutenir un allié, en l’occurrence Hotsaline, qui rejette fermement le changement de régime en Altrecht.
Cela dit, Teyla semble avoir surestimé sa puissance diplomatique et militaire. Dans ce conflit, elle dispose de peu d’alliés capables de compenser le nombre croissant d’adversaires. D’où la pression exercée sur la chancellerie kartienne. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Karty a rappelé une partie de ses forces stationnées en Lermandie afin de renforcer sa propre sécurité."

lemrandie1_carte eurYsie centrale

Julien Gauthier: "Comme vous pouvez le voir sur cette carte, Hotsaline se retrouve géographiquement isolée de son allié teylais, tandis que le camp pro-Altrecht encercle progressivement son territoire. Il ne faut pas oublier que Hotsaline ne partage de frontières qu’avec des États neutres."

Matilde Gerarld: "Et qu’en est-il des nations qui se sont officiellement déclarées neutres ?"

Julien Gauthier: "Outre Karty, déjà mentionnée, Rasken semble déterminée à ne pas s’impliquer dans ce conflit, soutenue dans sa position par une force aérienne et navale velsnienne, notamment issue des unités du Grand Kah.
Par ailleurs, les autorités raskenoises se sont affirmées protectrices des Gradenbourgeois, une population kresetchnienne située au nord de la Kresetchnie, à la frontière avec Rasken, dans ce qui est temporairement appelé l’Administration Provisoire de Réintégration Territoriale."

Lermandie1 Confederation de Kresetchnie

Julien Gauthier: "Pour garantir la sécurité de cette région, Rasken a instauré une “No Fly Zone” dans l’espace aérien gradenbourgeois. Toutefois, qu’ils soutiennent ou non cette mesure, une partie de la population locale se montre très critique à l’égard des actions hotsaliennes, comme en témoigne un article d'un journal local intitulé Le Petit Montagnard, dénonçant la politique de déstabilisation menée dans la région.
Il est également important de rappeler que ce territoire n’est plus occupé par les forces armées raskenoises depuis plusieurs mois, à la suite de négociations entre Rasken et la Confédération de Kresetchnie.
De plus, les autorités teylaises exercent actuellement des pressions sur Rasken dans le but d’étendre cette “No Fly Zone” à l’ensemble du territoire kresetchnien, ce qui reviendrait, de facto, à soutenir le camp hotsalien.
Enfin, un autre acteur mérite d’être mentionné : le Duché de Sylva. Ce pays rejette catégoriquement l’intervention de Velsna, qui prétend défendre l’intégrité territoriale de Rasken sous prétexte de protéger la souveraineté de la Confédération de Kresetchnie, dont Hotsaline est membre.
Autrement dit, la situation est tout bonnement explosive."

Matilde Gerarld: "Et étant donné que Westalia est un partenaire de Teyla dans le domaine de la sécurité maritime, ne risque-t-elle pas d’être appelée à entrer dans le conflit ?"

Julien Gauthier: "Une demande de la diplomatie teylaise est envisageable, mais son acceptation par Westalia me semble peu probable pour plusieurs raisons.
Premièrement, le contexte électoral : les élections législatives auront lieu en septembre prochain, et le gouvernement de gauche actuellement en place est politiquement affaibli. Il serait risqué pour lui d’adopter une posture militariste dans un conflit lointain, surtout provoqué par un allié de Teyla.
Deuxièmement, les relations étroites entre Westalia et les Communes du Grand Kah rendent toute intervention diplomatiquement délicate.
Troisièmement, la République de Lermandie exercera sans doute une pression forte sur Westalia pour qu’elle reste en dehors du conflit, même si je doute que ce soit nécessaire.
Enfin, si Westalia devait s’engager militairement, la destruction de ses forces armées serait presque inévitable, ce qui irait à l’encontre de ses intérêts stratégiques."

Matilde Gerarld: "Un échange très instructif. Merci à Frédéric Lefrançois et à Julien Gauthier, reporter et chroniqueur chez Lermandie 1."


Source: LERMANDIE 1
30704

IL FAUT SAUVER CHLOÉ !


CHRONOLOGIE

Invasion aérienne raskenoise en Kresetchnie
Création du W.O.U.P.S. et lancement des opérations d'espionnage kresetchniennes à Rasken
Tentative d'interception du véhicule des espionnes par la police des autoroutes raskenoise
Atterrissage de l'avion des streamers Mario di Fastaro et Dom Dino Derrizio sur l'autoroute pendant le contrôle de police


IMPORTANT : Ne PAS activer la lecture en boucle


IMPORTANT : Ne PAS activer la lecture en boucle


Le véhicule d'espionnage Mariya-08, dernière meilleure en date du triple docteur Ivan Berkanovitch, poursuivie à 200 km/h sur l'autoroute par une voiture de la police raskenoise


La Mariya-08 rouge pétante fonçait à 200 km/h sur l'autoroute raskenoise. Au volant, l'espionne teylaise Chloé Charenton tâchait d'appliquer à la lettre les conseils du responsable des gadgets du W.O.U.P.S, Ivan Berkanovitch, qui avait recommandé à l'équipe d'espionnes kresetchniennes de se déplacer aussi vite que possible afin de passer inaperçues dans le flot des conducteurs raskenois. Tandis que le moteur de la berline pétaradait de plus belle à mesure qu'elle réaccélérait en slalomant entre les autres véhicules, son puissant appareil sonore continuait de diffuser de la musique nightcore pour le plus grand plaisir des autres usagers. À l'intérieur de l'habitacle, les spies profitaient du confort offert par leurs bouchons d'oreille, qui les protégeaient aussi bien du bruit du moteur que de leur propre autoradio. Ainsi, lorsque la police de l'autoroute commença à prendre en chasse la Mariya-08, les passagères n'entendirent guère les sirènes des véhicules de police qui les suivaient. Le véhicule expérimental était propulsé à une vitesse telle qu'il fallut du temps à leurs poursuivants avant de s'être suffisamment rapprochés pour être à portée visuelle. Lorsqu'elle vit apparaître les lumières rouges et bleues dans son rétroviseur, Chloé, dans un premier temps, ne comprit pas qu'elles avaient été allumées pour elle, pensant être parfaitement en adéquation avec les coutumes locales. Ce n'est que lorsque le véhicule de patrouille parvint à sa hauteur et qu'elle vit l'un des officiers à son bord lui faire de grands gestes qu'elle prit enfin conscience de la situation. Préférant éviter de faire l'objet d'un avis de recherche dès leur premier jour de mission sur le sol raskenois, les espionnes décidèrent, après quelques instants de concertation, de se ranger sur le bas-côté pour éviter tout autre incident.

Stationnées sur la bande d'arrêt d'urgence, les spies ne tardèrent pas à voir la voiture de police se positionner à quelques mètres devant elles. Quelques secondes après que la sirène d'intervention fut coupée, Chloé eut un léger sourire de satisfaction en voyant d'abord sortir Arkadij Tarasyuk. Le petit homme n'avait pas l'air bien farouche. Elle prit soin de tirer légèrement sur le bas de sa robe pour éliminer les quelques plis malheureusement inévitables en position assise, et ainsi s'assurer de ne pas laisser un centimètre de tissu recouvrir son généreux décolleté. Quelle ne fut pas sa surprise — et sa déception — en voyant ensuite jaillir Vanessa Welker par la portière opposée, qui venait le pas à son collègue. C'était une femme blonde — grande, qui plus est — ce qui ne facilitait guère les choses... Malgré l'adversité, la Teylaise ne se découragea pas. Elle prit les devants en quittant elle-même son siège conducteur pour aller au-devant du duo de policiers raskenois, préférant afficher d'emblée toute la volupté de sa silhouette.



Arkadij Tarasyuk et Vanessa Welker, policiers de l'autoroute raskenoise

Arkadij Tarasyuk et Vanessa Welker
Policiers raskenois de l'unité d'intervention Cobra-11 de la JHG



La réaction des deux agents de police ne fut pas forcément celle que Chloé espérait. Brandissant leurs armes de service, les officiers braquèrent la jeune blonde.

Police des autoroutes ! Mettez vos mains bien en évidence, Mademoiselle, hurla la policière, apparemment désireuse d'en découdre.

Chloé Charenton obtempéra et leva les mains nonchalamment, tandis que les Raskenois continuaient de s'approcher.

Vous n'êtes pas armée ? Nous allons procéder à une fouille corporelle, fit Arkadij Tarasyuk, s'empressant de joindre le geste à la parole en approchant la main gauche du buste de la jeune femme, tout en continuant de la braquer de la droite.

Sa collègue s'empressa de lui saisir de poignet pour interrompre l'élan de sa main baladeuse.

Un instant, Arkadij, c'est à moi de le faire ! s'exclama Vanessa Welker, rappelant ainsi à son collègue le protocole stipulant que les suspects doivent être fouillés par des officiers de même sexe dès lors que cela est possible.

Ah, oui... oui... c'est vrai... répondit le Raskenois au patronyme slave, visiblement déçu de ne pas pouvoir procéder lui-même à la palpation. Je... je vais la garder en joug pendant ce temps, alors.


Chloé Charenton, agente de renseignement d'origine teylaise

Chloé Charenton
Agente de renseignement d'origine teylaise



Ich verstehe nicht... fit l'espionne polyglotte avec un accent raskenois presque parfait. Pourquoi suis-je arrêtée ? demanda-t-elle en tâchant de prendre l'air le plus candide qui figurait à son répertoire.

Les bras toujours levés vers le ciel, Chloé avait ses mains tout juste à la bonne hauteur pour pouvoir se tourner négligemment les doigts dans ses boucles blondes, ce qui visiblement ne manquait pas de provoquer un certain émoi auprès de son interlocuteur masculin, lequel lui répondit tandis que sa collègue s'était accroupie pour palper les jambes nues de la Teylaise.

Eh bien, c'est que... hum... vous faisiez beaucoup de... de bruit et... euh... la musique... trop forte...

La phrase était à peine intelligible tant sa syntaxe avait été corrodée par la beauté belliqueuse de la jeune femme.

La musique, vous dîtes ? C'est le dernier album de Son Altesse Impériale Viktorya Schützenberger... Vous n'aimez pas ?

N... Si... enfin je... là n'est pas la question, mais... euh...

Le policier raskenois n'avait pas encore achevé sa tentative de composer une phrase correcte lorsque l'impensable se produisit. Frôlant la Mariya-08 et le véhicule de police de seulement quelques mètres, un petit aéronef fendit l'air à une vitesse suffisante pour déstructurer le brushing de Chloé, avant d'aller s'écraser un peu plus loin sur l'autoroute, à califourchon entre la voie de droite et la bande d'arrêt d'urgence. Les secondes qui suivirent l'atterrissage d'urgence de Mario di Fastaro et Dom Dino Derrizio donnèrent lieu à un chaos sans nom, au cours duquel les conducteurs des voitures propulsées à plusieurs centaines de kilomètres par heure sur l'autoroute durent faire des crochets à la dernière seconde pour éviter in extremis l'avion qui gisait désormais sur la chaussée. On put apercevoir au loin le pilote et son coéquipier courir vers la glissière de sécurité après s'être extirpés de leur cockpit, quelques instants seulement avant qu'un Raskenois un peu lent à réagir percute de plein fouet l'aile gauche du petit avion avant de partir dans un tonneau qui se conclut par une terrible explosion, dont le souffle enflammé envahit les cieux dans une épaisse colonne orange digne des meilleures ouvertures d'épisode d'Alerte Cobra.

Un instant tétanisés par le trop-plein d'informations à analyser et la succession extrêmement rapide des évènements, les deux officiers constatèrent en se retournant que la Mariya-08 avait disparu de l'emplacement où elle s'était préalablement arrêtée, ses deux passagères restantes ayant sans doute profité du chaos provoqué par le crash pour se faire la malle. C'était toutefois désormais le cadet des soucis des officiers raskenois, qui percevaient l'urgence de sécuriser la voie avant que se produisent des accidents à répétition. Vanessa Welker se précipita vers son véhicule de patrouille pour aller saisir la radio de bord.

Je vais prévenir la centrale ! fit-elle en s'élançant sans même attendre la réponse de son collègue.

De son côté, Chloé tenta de saisir cette occasion pour tenter de s'en tirer à son tour, s'adressant au policier restant.

Et moi, monsieur l'agent ? Je peux y aller ?

Eh bien... euh... je suppose que... oui... vous pouvez partir...

Chloé eut tout juste le temps de baisser les mains, lorsque la grande policière blonde, qui finalement ne l'avait pas oubliée, revint à la charge.

Du nerf, Arkadij ! Coffre-la ! On s'en occupera plus tard au poste !

Un peu gêné, le Raskenois acquiesça servilement avant de se retourner vers la Teylaise.

Désolé, ma jolie. Ce n'est pas votre jour de chance, on dirait, fit-il en lui passant les menottes aux poignets.


Dom Dino Derrizio, vice président du Fan Club de Dallas et de la Ligue des Patriciens Explorateurs

Dom Dino Derrizio
Copilote rescapé du crash



Une heure plus tard, Chloé était enfermée dans une cellule de garde à vue du poste de police de Mielaska. Avec elle se trouvait un homme au visage fatigué, dont elle avait cru comprendre qu'il était le copilote de l'avion qui s'était écrasé un peu plus tôt sur l'autoroute. Il semblerait que son coéquipier s'était enfui avant que la police parvienne à se saisir de lui. Sa présence gênait profondément la jeune femme, qui ne supportait plus d'affronter ce regard vitreux cerné de poches violacées, témoignant de l'hygiène de vie déplorable de son compagnon de cellule. Il était certain que le bougre abusait de la drogue ou de la boisson, si ce n'est des deux. Elle ignorait si c'était l'effet du manque, ou si le malheureux s'était pris un coup sur la tête lors de l'atterrissage chaotique de son aéronef, mais il ne cessait d'hurler les mêmes mots dans une boucle interminable, tout en riant de plus belle pour des raisons qui lui échappaient.

C'est lundi ! C'est lundi ! C'est le début de la semaine ! Ah ah ah ah ah ! C'est lundi ! C'est le début de la semaine ! C'est lundi ! Ah ah !

Au bout d'une heure et demi passées à subir les élucubrations de ce triste sire, Chloé fut délivrée de son calvaire lorsqu'un officier de police raskenois vint ouvrir la porte de la cellule. Toutefois, il ne venait pas pour elle.

Dom Dino Derrizio, c'est bien ça ? demande le geôlier.

Oui ! Oui, c'est moi ! Ah ah ! répondit le Fortunéen, toujours en hurlant, bien que brisant enfin son inlassable boucle qui durait depuis qu'il avait mis les pieds dans la cellule.

Votre caution a été payée. Vous pouvez partir.

Ma caution ? Oh, chouette ça ! Ah ah ah ! Qui l'a payée ?

Ce sont vos... euh... vos followers, c'est comme ça qu'on dit ?

Oui ! Ouiiiii ! Cimer la commu ! exulta Derrizio en quittant sa geôle en sautillant, sans se soucier de la présence de Chloé.

L'officier referma ensuite la grille à clé, replongeant ainsi l'espionne teylaise dans la solitude — et le calme. Encore une bonne heure plus tard, elle était toujours en train de croupir dans sa cellule de garde à vue. Avec les évènements de l'autoroute et les suraccidents en série provoqués par l'atterrissage de l'avion, la police avait bien autre chose à faire que de traiter son cas de tapage automobile. Toutefois, elle finit par entendre une multitude de pas provenant de l'entrée du commissariat. Des pas sonores, provenant de bottes lourdes telles que celles qu'ont l'habitude de porter les militaires. Malheureusement, de là où elle se situait, elle ne pouvait apercevoir ce qui se passait près de l'entrée du bâtiment. Elle entendit une femme à la voix criarde et autoritaire s'adresser à l'officier de police qui tenait le guichet d'accueil.

Il me semble que vous retenez cette femme, je me trompe ? demanda-t-elle, probablement en montrant une photo au policier.

Oui... c'est exact, répondit-il l'air troublé, probablement impressionné par la présence de son interlocutrice.

Très bien. Mes hommes vont la prendre en charge. Conduisez-les à elle.

Ahem... c'est-à-dire que... avec tout mon respect... Votre Altesse... euh... la procédure veut que...

La procédure ? Espèce de crétin ! Vous savez qui je suis ?

Oui... bien sûr... mais...

Alors n'abusez pas de ma patience plus longtemps !

Après ces derniers paroles, Chloé n'entendit rien d'autre que le bruit du trousseau de clés cliquetant de plus en plus fort, jusqu'à ce que l'officier de police apparaisse à la porte de la cellule et commence à l'ouvrir. Aussitôt que la grille eut coulissée, deux énormes colosses en uniforme militaire, coiffés d'un béret écarlate, firent irruption dans la pièce et, sans aucun ménagement, s'emparèrent de l'espionne teylaise et lui collèrent un sac sur la tête, avant de lui faire quitter le commissariat.



Les spies en visioconférence holographique avec Jerry depuis le tableau de bord de la Xantia Mariya-08


Un peu plus loin, dans une rue isolée de la ville, Sam et Alex s'étaient garées discrètement après être parvenues à filer à l'anglaise à bord de la Mariya-08, profitant du chaos causé par le crash de l'avion sur l'autoroute. Cet élément de surprise pour le moins inespéré ne leur avait laissé qu'une courte fenêtre de tir pour se tirer du mauvais pas dans lequel elles s'étaient embourbées avec ce contrôle de police, malheureusement trop courte pour permettre de récupérer Chloé au passage, qui se trouvait toujours entre les mains des forces de l'ordre raskenoises. La situation était très grave, et les spies allaient avoir besoin d'une aide extérieure pour retrouver leur camarade disparue et la tirer d'affaire. En effet, les espionnes kresetchniennes n'avaient à l'heure actuelle aucun moyen de découvrir l'endroit où leur collègue était retenue. S'il était probable qu'elle se trouve au commissariat de la ville, cela ne leur offrait pas pour autant un moyen discret de l'exfiltrer facilement, les menus gadgets dont elles disposaient étant malheureusement insuffisants à cette fin. Elles appliquèrent donc le protocole prévu par le W.O.U.P.S. dans ce type de situation. Après avoir bidouillé les divers boutons qui garnissaient le tableau de bord de la voiture, et plus particulièrement le système de climatisation, Sam parvint à activer le projecteur holographique logé dans la sortie d'air conditionné, faisant ainsi apparaître la silhouette bleutée d'Elona Maajsk.

Bonjour, les spies ! Quelle joie de vous revoir !

Bonjour, Jerry ! répondirent Sam et Alex à l'unisson.

J'aimerais croire qu'il s'agit d'un simple appel de courtoisie, mais vos mines déconfites m'indiquent le contraire. Où est Chloé ?

C'est là qu'est tout le problème, Jerry. Nous l'avons... perdue, répondit Sam d'un ton peu assuré.

Perdue ? Carrément ? Comment est-ce possible ? Racontez-moi tout.

Alex et Sam contèrent à Jerry les événements précédents : la course poursuite sur l'autoroute, le braquage de Chloé, le crash de l'avion, et leur fuite in extremis à bord de la Mariya-08. Elona Maajsk, comme à son habitude, ne montra pas grande émotion à l'écoute de ce récit.

Je vois... La première étape doit donc être de retrouver la position de Chloé.

Justement, Jerry. Nous nous doutons qu'elle a dû être embarquée dans un commissariat raskenois, mais nous ignorons précisément lequel. Et quand bien même nous le découvrions, nous n'avons pas vraiment de moyen pour la sortir de là discrètement, rétorqua Alex, visiblement un peu paniquée par la situation.

Vous vous trompez, Alex. Sachez que nos amis teylais ont toujours un coup d'avance pour ce qui est de ces choses. Voyez-vous, votre amie Chloé est dotée d'un traceur GPS directement implémenté dans l'un de ses implants mammaires, nous permettant de la localiser à tout instant grâce aux codes d'accès des dispositifs satellitaires qui nous ont été gracieusement fournis par les services de Manticore. Vous n'aviez pas besoin de me contacter pour que je sois au courant de votre situation : je suis la position de Chloé à la trace, de même que la vôtre grâce au GPS de la Mariya-08, et ce depuis un moment déjà.

Bien que partiellement troublées par cette nouvelle un peu inquiétante, les deux espionnes kresetchniennes étaient également rassurées de savoir que la localisation de leur amie n'était plus inaccessible.

Et alors, Jerry ? Où se trouve-t-elle ? demanda Sam.

Eh bien, si j'en crois les données que j'ai sous les yeux, Chloé a bien été embarquée vers le commissariat central de la ville de Mielaska, où elle est restée plusieurs heures durant. Cependant, tout indique qu'elle a été transférée récemment, vers... Hum... Tiens, c'est intéressant, ça... Très surprenant...

Quoi donc, Jerry ? s'impatientait Sam.

Si j'en crois la carte, Chloé est parvenue à destination il y a de cela quelques minutes, dans ce qui semble être... une casse pour voitures. Oui, c'est bien cela. J'ignore ce qu'elle fait là-bas, mais compte tenu du fait qu'elle a cessé de se déplacer, je suppose qu'elle n'y a pas été expédiée de son plein gré. Autrement, elle serait très certainement déjà en train de remuer ici et là à la recherche d'un moyen de vous contacter.

Merci beaucoup Jerry ! Il faut qu'on aille la chercher, et vite ! cria Alex.

Pas si vite, mesdemoiselles. J'espère que vous n'entendez pas foncer tête baissée dans ce guet-apens, sans même disposer de l'équipement nécessaire pour affronter ce qui vous attend.

Mais on a nos gadgets... répliqua-t-elle naïvement.

Certes, mais ils ne me semblent guère appropriés à une mission de sauvetage telle que celle que vous vous apprêtez à mener. Par chance, j'ai déjà pris mes dispositions pour vous venir en aide. Aussitôt que j'ai pris connaissance de votre situation en voyant vos signaux GPS se séparer, j'ai compris que quelque chose ne tournait pas rond. Je me suis donc entretenu avec notre cher Doc Doc Doc, qui m'a indiqué de nouveaux gadgets à vous faire expédier au plus vite.

Comment est-ce que vous comptez nous les envoyer ? demanda Sam, interloquée.

Il est vrai que nos lignes d'approvisionnement vers l'Empire Raskenois sont quelque peu limitées. C'est pourquoi j'ai fait appel aux services de mercenaires professionnels qui devraient vous contacter sous peu afin de vous remettre notre colis. Si nous n'avons pas toutes nos entrées à Rasken, soyez assurées que d'autres les ont. Si tout se déroule correctement, vous aurez affaire à eux d'un instant à l'au...

AAAAARRGHH !!!!


Vladimir-Nikolaï Kartyovitch, mercenaire mirinegratzien à la tête des Marteaux de Svarog

Vladimir-Nikolaï Kartyovitch
Mercenaire mirinegratzien à la tête des Marteaux de Svarog



Les espionnes kresetchniennes poussèrent un cri d'effroi en voyant subitement apparaître à la fenêtre de la voiture le visage d'un homme qui s'était penché vers elles en souriant. Il toquait au carreau en faisant des gestes pour leur demander de baisser la vitre.

Bonjour, c'est Vladimir-Nikolai Kartyovitch ! Vous êtes bloquées dans un pays ennemi sans le moindre espoir de recevoir de l'aide de vos collègues en temps et en heure ? L'une de vos amies a disparu et vous avez cruellement besoin de vous équiper davantage pour avoir de quoi lui venir en aide ? Pas de panique, il existe toujours une solution ! Les Marteaux de Svarog et les autres compagnies mercenaires de l'Archiduché de Mirinegratz entretiennent d'excellentes relations avec les autorités de la plupart des pays d'Eurysie centrale, et possèdent à ce titre leurs entrées un peu partout dans la région. Qui voudrait se mettre à dos la première force mercenaire du coin, me demanderez-vous ? Eh bien personne ! Ainsi donc, j'ai un colis pour vous, que je vais m'empresser de vous remettre afin de percevoir rapidement ma commission.

Kartyovitch tendit un paquet par la fenêtre de la voiture et attendit que les filles s'en saisissent, avant de se retourner pour aller s'éclipser en s'enfonçant dans un buisson situé au coin de la rue. La touffe de feuillages et de branches était malheureusement plus dense que ce à quoi s'attendait le mercenaire mirinegratzien, qui sembla rapidement avoir des difficultés à y pénétrer.

Argh... merde...

Il dut malheureusement faire demi-tour pour aller emprunter la rue adjacente, à la vue de tous, donnant ainsi lieu à une sortie de scène beaucoup moins spectaculaire que son entrée inopinée. Les spies, pour leur part, s'empressèrent de déballer rapidement le colis qui leur avait été donné, sous le regard bienveillant de Jerry. D'abord enthousiastes, leurs expressions faciales retombèrent très vite lorsqu'elles n'y découvrirent autre chose qu'une simple lime à ongles...

Qu'est-ce que c'est que ça, Jerry ? demande Sam, dépitée.

Ça ne se voit pas ? C'est une lime à ongles ! rétorqua Elona Maajsk, visiblement exaspéré de devoir rappeler ainsi des évidences.

Et donc, cette lime à ongles, reprit-elle, est-ce quelle tire des lasers ? Elle fait fondre l'acier ? Qu'est-ce qu'elle fait, au juste ?

Elle lime les ongles, répondit Jerry avec concision.

Mais... qu'est-ce qu'on est censées faire de ça ? commença à s'énerver Alex.

Je ne sais pas, moi. Vous limer les ongles ? Couper les liens qui pourraient retenir Chloé ? Écoutez... Je peux comprendre que vous soyez quelque peu déçues par ce gadget. Le problème, voyez-vous, c'est que la nature top-secrète du W.O.U.P.S. rend particulièrement difficile l'obtention d'un budget auprès de la Rada hotsalienne, tandis que les autres acteurs du projet que sont les archimoines de Bergrun et le gouvernement teylais nourrissent des ambitions bien moindres que celles de la Présidente Mariya Dovhan à l'égard des moyens dont devrait disposer notre organisation. À ce titre, nos crédits ont été gelés provisoirement, c'est pourquoi je n'ai pas pu vous expédier mieux, dans la mesure où l'essentiel du budget de la mission est parti dans la commission de Monsieur Kartyovitch...

Mais Jerry, une lime à ongles... On aurait très bien pu l'acheter nous-mêmes ici à la supérette du coin... reprit Sam sur un ton pédagogue.

Il est vrai... Quoiqu'il en soit, ce qui est fait est fait. Maintenant, c'est à vous de jouer, les spies ! Partez libérer Chloé, et poursuivez la mission. Au travail, pour la Kresetchnie !




Allez, réveille-toi, bécasse !

Le visage étendu sur le sol poussiéreux d'une ancienne casse où gisaient des dizaines d'épaves de voitures en tous genres, Chloé avait été ramenée à elle par le sceau d'eau glaciale qui venait de lui être balancé au visage. Elle ignorait combien de temps elle était restée inconsciente, les militaires qui l'avaient enlevée de sa cellule de garde à vue au commissariat l'ayant volontairement assommée juste avant de l'enfermer dans le coffre de leur voiture. La première chose qu'elle vit à son réveil fut la saisissante robe mauve de la femme qui venait de l'asperger. Malgré le maquillage soigné qu'arborait son visage, dont les lèvres étaient recouvertes d'un rouge à lèvres violet qui faisait écho à la couleur de ses pupilles, révélant ainsi une évidente coquetterie qui se trouvait par ailleurs confirmée par le port de l'abondante bijouterie qui tintait à ses poignets, son port de tête altier et sa posture droite témoignaient pour leur part d'un certain caractère athlétique. La jeune femme toisait l'espionne teylaise avec un sourire carnassier emprunt d'un mépris immense.


Rachel Schützenberger, soeur de l'Empereur raskenois Stanislav Schützenberger et patronne des bérets rouges

Rachel Schützenberger
Patronne des Bérets Rouges
Soeur de l'Empereur Stanislav Schützenberger




Alors, on se prend pour moi ? Tu peux toujours rêver ! Il te faudrait passer des mois entre les mains d'un maquilleur professionnel pour espérer atteindre la perfection absolue de mon visage !

Le sceau d'eau qu'elle avait balancé sur Chloé avait complètement défiguré la Teylaise, dont le maquillage avait coulé sur ses joues en laissant de tristes trainées noires. Son interlocutrice, s'exprimant toujours avec la même voix grinçante, semblait profondément satisfaite de la situation.

Celle qui est à la pointe de la mode ici, c'est moi ! Navrée, mais il fallait absolument que je fasse quelque chose. Ton maquillage vulgaire était une véritable offense au bon goût !

Rachel Schützenberger venait de toucher un point particulièrement sensible chez Chloé. Elle bouillonnait intérieurement, à tel point qu'elle ne savait que mot dire face à cette attaque contre ce qu'elle avait de plus cher : son apparence.

Qu'est-ce que tu me veux, à la fin ? demanda-t-elle, essayant de comprendre ce qu'elle faisait ici.

À ton avis, bécasse ? Tu ne pensais quand même pas t'en tirer à si bon compte après ce que tu m'as fait, à moi.

Quoi ? Qu'est-ce que je t'ai fait ? On ne se connait même pas.

À d'autres ! Figure-toi que je n'oublie jamais un visage, et que le tiens hante ma mémoire depuis suffisamment longtemps pour que je ne te rate pas à la première occasion que j'ai eu de mettre la main sur toi ! L'Opération Balbo, ça ne te dit rien peut-être ?

Chloé se souvenait parfaitement de l'Opération Balbo, un épisode de la guerre civile velsnienne au cours de laquelle les force ultramarines fidèles à Matteo DiGrassi avaient entrepris de poser le pied dans les territoires métropolitains occupés par les troupes de Dino Scaela.

Je me rappelle parfaitement t'avoir vue débarquer sur l'un des navires de la Marineria peu avant la date prévue du débarquement. C'était l'un de ceux sur lesquels étaient embarquées mes troupes, qui devaient poser le pied à Umbra en même temps que les autres mercenaires au service de DiGrassi. On m'a dit par la suite que c'était l'officier supérieur du pont qui t'avait fait monter à bord, soi-disant pour remonter le moral des hommes avant le début de l'attaque. À ce qu'on dit, tu aurais tourné avec un régiment entier dans la cale, et ça je le crois volontiers ! Mais toujours est-il que six heures plus tard, c'est l'une des soutes à munitions du navire qui prenait feu, pendant que toi, tu t'étais volatilisée. Avec ces conneries, le débarquement a dû être retardé, ce qui non seulement a laissé à ce gros porc de Scaela le temps de replier ses troupes derrière l'Arna, mais m'a valu de me faire passer un savon par mon frère et par DiGrassi lui-même, qui nous a désignés moi et mes mercenaires comme responsables de ce qui s'était passé ! Mais je t'ai vue monter à bord ce jour-là, et crois-moi qu'aussitôt que j'ai vu ton visage réapparaître sur la vidéo de ce crash d'avion que j'ai trouvée par hasard en scrollant sur Echo, j'ai lâché tout ce que j'étais en train de faire pour revenir illico presto à Rasken et m'occuper de ton cas, personnellement !

Ne sachant trop que répondre au réquisitoire de son interlocutrice, qui avait manifestement connaissance du type d'activités auquel elle se livrait dans le cadre de sa profession, Chloé ne prit pas la peine de répondre. À ce moment, l'un des mercenaires des Bérets Rouges qui accompagnait leur patronne s'adressa à celle-ci.

Votre Altesse, est-ce qu...

Il n'eut pas le temps d'entamer la suite de sa phrase avant de se prendre une énorme baffe assénée en plein visage par Rachel Schützenberger.

Espèce de débile ! Combien de fois faut-il que je vous dise de m'appeler par mon nom de code quand on est en opération ? hurla-t-elle à son subordonné.

Ex... Excusez-moi, Mandy. Je disais que, peut-être, il serait sage de chercher à savoir pour qui elle travaille avant de lui régler son compte.

Quelle importance ? rétorqua-t-elle. D'ici quelques instants, elle ne sera plus de ce monde. Et quand bien même cela serait d'une quelconque utilité pour les services de renseignement de savoir ce qu'elle venait faire dans ce pays, est-ce que vous croyez que je vais aller leur raconter tout ce qui s'est passé ici ? Mon frère est bien trop timoré, il n'approuverait sûrement pas. C'est moi qui ai été insultée par cette petite idiote. On va donc s'occuper de ce problème à MA manière !

Pour ça, il faudra s'occuper de nous d'abord !


Samantha Schnabel, agente de renseignement d'origine bergrorische

Samantha Schnabel
Agente de renseignement d'origine bergrorische

Alexandra Adenko, agente de renseignement d'origine hotsalienne

Alexandra Adenko
Agente de renseignement d'origine hotsalienne



Après être parvenues à se hisser à l'intérieur de l'enceinte de la casse où était détenue Chloé, Sam et Alex avaient surgi de derrière une carcasse de voiture en entendant la conversation qui venait de se tenir entre « Mandy » et l'espionne teylaise. Elles se tenaient combativement face à la cohorte de mercenaires raskenois en treillis et à leur patronne si joliment apprêtée.

Que vois-je ? Le trio infernal ! J'ignore si vous travaillez pour l'OND ou pour la Kresetchnie, mais une chose est sûre. C'est que vos employeurs doivent être vraiment désespérés pour avoir recours à une bande de bécasses telles que vous ! lança Mandy à Sam et Alex.

C'est ce qu'on va voir ! rétorqua Sam, sans chercher à impressionner davantage l'assemblée par sa répartie.

C'est tout vu ! Emparez-vous d'elles !




La douzaine de colosses des Bérets Rouges s'élancèrent tels un troupeau de taureaux sur les deux jeunes femmes, qui se préparèrent à les accueillir en adoptant leurs meilleures positions d'arts martiaux. Alors que les premiers mercenaires raskenois commençaient à déferler sur elles, les deux espionnes kresetchniennes parèrent leurs charges de quelques coups de pieds acrobatiques au timing parfaitement calculé, et autres coups assénés avec la tranche de la main sur le côté du cou, neutralisant les quelques malheureux qui en furent victimes. Lorsque le nombre d'assaillants parvenus à sa hauteur devint trop élevé pour être repoussés par ses seules compétences de combat, Sam s'empara de sa bombonne de parfum au poivre, gadget préalablement fourni par Doc Doc Doc au lancement de la mission, qu'elle pulvérisa abondement au visage de ses agresseurs.

Attrapez-les, bon sang ! Bande d'incapables, vous ne servez à rien !

La plupart firent volte-face pour détourner leur visage du jet incapacitant, mais l'un d'entre eux parvint à surprendre Sam par derrière et lui asséner un violent coup de crosse sur l'arrière du crâne, ce qui la fit s'effondrer aussitôt. Alex, qui pour sa part était bien plus à l'aise dans le domaine des arts martiaux, enchaînait les prises et les coups dévastateurs, envoyant ses adversaires au tapis les uns après les autres, si bien qu'ils commençaient à former un tas de corps inertes qui s'amoncelait à ses pieds. Après avoir neutralisé Sam, les derniers Raskenois encore debout reportèrent toute leur attention sur Alex, qui ne manqua pas pour autant de s'en occuper avec la même verve. Très vite, elle fut entourée par les corps inconscients des douze mercenaires des Bérets Rouges, ainsi que de sa collègue bergrorisch mise hors de combat par ceux-ci. Désormais ne restaient plus parmi les personnes conscientes qu'Alex et Mandy, Chloé étant pour sa part toujours ligotée sur le sol, incapable du moindre déplacement.

Quel dommage que l'une d'entre vous ne soit pas totalement une empotée ! Moi qui espérais ne pas avoir à me salir les mains, on dirait que je vais malheureusement devoir régler cette affaire en personne.

Sans crier gare, Mandy s'élança vers Alex, qui trouva en l'aristocrate raskenoise une adversaire bien plus redoutable que ce à quoi elle s'attendait de prime abord. S'évertuant à poursuivre le combat avec la même dextérité qu'auparavant, la fatigue se faisait malheureusement sentir après avoir déjà mis au tapis une douzaine de militaires. Tandis que ses coups se faisaient de moins en moins vifs et précis, Mandy n'avait pour sa part aucun problème à les parer les uns après les autres, tout en rendant coup sur coup pour affaiblir petit à petit son adversaire. Après avoir essuyé un coup de pied trop tardivement réceptionné de la part de l'espionne hotsalienne, la patronne des Bérets Rouges recula de quelques mètres en regardant sa main.

MOUAAARGH ! Je me suis cassé un ongle ! Tu vas me le payer, bécasse !

Canalisant sa rage, elle sauta de plus belle sur Alex, la surprenant par la hauteur de son coup. Se prenant le pied de Mandy directement dans la mâchoire, l'Hotsalienne fut projetée en arrière et s'étala de tout son long sur le sol. Profitant de cet instant de vulnérabilité, la Raskenoise s'élança sans aucun répit de manière à exercer sur elle une prise de soumission au sol. Bloquant les bras de la jeune femme, Mandy enroula ses jambes autour du cou d'Alex qui, privée d'oxygène, continuait de se débattre de plus en plus mollement à mesure qu'elle perdait connaissance. Au bout de deux minutes, la dernière des trois espionnes était neutralisée.




Debout, les bécasses !

Les trois spies se réveillèrent ligotées, attachées les unes aux autres sur ce qui semblait être un tapis roulant industriel, toujours situé dans l'ancienne casse de voitures. Mandy venait de leur balancer un nouveau sceau d'eau à la figure pour qu'elles reprennent conscience. En balayant du regard les environs, Sam constata que le tapis roulant sur lequel elles se trouvaient était celui du broyeur de la casse, dont la fonction était de compresser les épaves de véhicules en des cubes de tôles compacts. Les douze raskenois que les espionnes avaient précédemment neutralisés semblaient avoir tous été remis sur pied par leur patronne, qui observait avec satisfaction les gesticulations de ses trois captives saucissonnées, lesquelles tentaient vainement de se libérer de l'épaisse couche de cordes qui entouraient leurs épaules et leurs genoux.

Argh ! Laisse-nous partir ! rugit naïvement Alex, comme si son injonction avait la moindre chance d'être exécutée.

Aucune chance, répondit Mandy, que son sourire moqueur n'avait pas quitté. Qui que soient ceux qui vous ont envoyées ici pour exécuter leur sale besogne, j'espère qu'ils comprendront qu'il vaut mieux s'occuper de leurs affaires quand ils verront que leurs chères agentes ne sont jamais revenues à la maison. J'aurais aimé pouvoir voir leur tête au moment où ils auraient retrouvé vos cadavres, mais malheureusement, compte tenu de ce qui vous attend, j'ai bien peur qu'il n'y ait pas grand chose à retrouver. Ah ah ah !

Les trois espionnes grognaient de rage, tout en continuant de s'agiter pour tenter de se libérer, toujours en vain.

Quant à moi, j'aurai eu la vengeance que je recherchais, ainsi qu'une preuve supplémentaire que personne ne peut prétendre venir faire de l'ombre à Mandy ! Maintenant, si vous voulez bien m'excuser... Je serais fort volontiers restée assister au spectacle pour vous voir vous transformer en cubes de Minecraft, mais des affaires plus urgentes m'attendent à la Dodécapole, que j'ai déjà délaissée bien trop longtemps à mon goût.

Rachel Schützenberger donna un vigoureux coup de pied dans le levier qui se trouvait au pied du tapis roulant, actionnant le mécanisme qui acheminait les espionnes vers la gueule vorace du broyeur-compresseur. Elle commença ensuite à s'éloigner en compagnie de son peloton de mercenaire des Bérets Rouges, tandis que les spies voguaient lentement vers leur mort certaine.

Adieu, les bécasses ! Mouahahaha !

Malgré la lenteur du tapis-roulant, la distance qui les séparait de l'entrée du broyeur ne leur laissait que quelques minutes avant d'être réduites en purée et répandues dans des cubes de métal. Leurs efforts pour tenter de s'extirper des cordages ne donnaient rien, si ce n'est d'égratigner leur peau aux points de friction les plus sollicités, provoquant douleur et saignements.

J'y arrive pas ! cria Alex. Ces cordes sont beaucoup trop épaisses !

Et bien serrées, ajouta Chloé. Impossible de bouger ne serait-ce que d'un centimètre.

Si on ne trouve pas un moyen de couper ces liens, on va finir recyclées dans la carrosserie de je-ne-sais-quelle voiture raskenoise ! s'écria Sam.

Après avoir déclamé cette phrase, la jeune rouquine écarquilla grand ses yeux verts, frappée par l'évidence de ce qu'elle venait d'énoncer.

Mais oui, bien sûr ! poursuivit-elle. Alex, tu as toujours la lime à ongles que nous a faite envoyer Jerry ?

Elle doit être dans ma poche, oui. Je vois pas bien à quoi ça pourrait nous serv... Ah, mais oui ! Bien vu, Sam ! Je vais essayer de l'attraper.

Alex continua de se dandiner, remuant de plus belle pour essayer d'extirper la lime à ongles de sa poche. Pour se faire, elle tâchait de replier ses cuisses le plus haut possible afin de faire pression sous l'objet.

Je la sens qui bouge ! Je la sens qui bouge ! fit-elle, enthousiaste.

Au bout de quelques instants, la lime s'extirpa effectivement de son vêtement pour tomber à ses côtés sur le tapis roulant. Elle la saisit à l'aide de sa main attachée derrière son dos, et entreprit de limer rapidement la corde la plus proche de son poignet.

Fais vite, Alex ! Dans trois minutes à peine, on sera transformées en voitures raskenoises ! hurla Chloé.

À forces d'efforts qui lui valurent d'attraper une crampe au poignet, Alex sentit finalement la première corde céder, entraînant dans la foulée les suivantes alors que cinquante centimètres seulement séparaient la grappe d'espionnes de l'entrée du broyeur. S'agitant dans tous les sens pour se libérer des nœuds qui les retenaient, les trois spies finirent par retrouver suffisamment d'amplitude pour s'extirper des cordages et bondir hors du tapis roulant, deux secondes seulement avant que le tas de corde laissé sur place soit englouti par la gueule béante de la machine infernale.

On a réussi ! s'exclama Chloé. Alex, tu es la meilleure !

C'est pas le tout, mais on a une mission à poursuivre, rappela Sam en se frottant les mains. En avant, les Spies !



1552
Directeur Alfred Üchen


AlinéaAlfred Üchen, ancien officier et ingénieur militaire dans l'armée Kartienne. Très vite, ses talents pour la recherche et développement dans le domaine ont payés, notamment dans la construction des plus importants navires de sa patrie: Un porte-avions et un croiseur lourd. Chargé de l'armement du navire, et plus précisément dans la matière de l'explosif.

RDX, HMX, PETN et jusqu'à la TNT, et plus récemment le CL-20, rien ne lui échappe. Le CL-20, mis sous la lumière des projecteurs Kartiens à l'occasion du partenariat secret avec l'Empire Raskenois, demeure l'un des explosifs conventionnels les plus puissants. Connu pour sa densité et sa performance énergétique, il demeure assez instable, rendant son utilisation généralisée fort compliquée. Au delà, les coûts de production de ce type d'unité sont très élevés, y compris à l'échelle des nations.

Toutefois, les principaux travaux d'Alfred résident dans l'azoture de plomb. Dispositif grandement utilisé dans les munitions des fusils, il est l'initiateur primaire d'autres explosifs, comme le tetryl. Cependant et depuis peu, l'usage du plomb comme vecteur de l'explosif répandu en Karty a été remis en question, pour des questions en grande partie liées à la santé. C'est pourquoi le partenariat Raskeno-Kartien, incluant la démocratisation confidentielle du CL-20, prend tout son sens.

Ce partenariat avec l'Empire Raskenois, revenons-en. Alfred Üchen a été nommé, par la Ministre de la Défense Nationale, directeur côté Kartien du projet. En grande partie chargé des essais, la République Impériale de Karty finance aux côtés des Raskenois les recherches dans cet explosif. Il est notamment l'auteur de la mise à efficacité à l'intérieur d'obus utilisés sur des canons de marine, à bord du RIK Von Flitch classe Kreuser II.

La suite au prochain épisode...
16956
15/09/2017

Le Courrier de Troitsiv

Gradenbourg : le jeu dangereux de l'Empereur Stanislav Schützenberger

Avions velsniens et raskenois survolant le sol kresetchnien dans la no fly zone instaurée au Gradenbourg
L'Empire Raskenois a répondu à la main tendue kresetchnienne par l'invasion de l'espace aérien gradenbourgeois

Jusqu'où le pouvoir impérial raskenois ira-t-il pour tenter de s'emparer de la Kresetchnie ? C'est une question que les responsables politiques hotsaliens se posent sérieusement après l'incursion de plusieurs dizaines d'aéronefs raskenois et velsniens dans le ciel de la Confédération. Au plus fort des combats aériens qui se déroulent au-dessus de la Kresetchnie dans le cadre de la guerre contre le Grand Kah, l'Empire Raskenois a en effet décrété unilatéralement l'établissement d'une « no fly zone » surveillée par ses propres forces aériennes et antiaériennes, interdisant ainsi le survol du territoire kresetchnien aux propres forces armées de la confédération, ainsi qu'aux aéronefs ennemis. Eberstadt a emboîté le pas de son allié raskenois dans les minutes suivant l'annonce de cette interdiction de survol, en faisant pénétrer ses propres avions de combat dans l'espace aérien kresetchnien. Intervenu sans adresser le moindre avertissement aux autorités locales, ce mouvement inattendu des forces armées velsniennes contre la Kresetchnie, constitue en lui-même une agression caractérisée si l'on se réfère aux critères définis par le traité fondateur de la Ligue de Velcal, dont la création fut pourtant initiée par la Grande République elle-même. Si l'intervention velsnienne peut légitimement surprendre, elle peut s'expliquer cependant par une volonté de la part de la Grande-République d'accompagner l'incursion raskenoise et se joindre volontairement à cette violation de la souveraineté territoriale de la confédération, afin de ne pas avoir à observer les obligations de défense imposées par sa participation commune à la Ligue de Velcal. Ainsi, Velsna « sauve les meubles » en quelque sorte, en choisissant délibérément de figurer au rang des envahisseurs pour ne pas avoir se positionner en défenseur suite à l'annonce insensée de son allié raskenois.

Si les autorités kresetchniennes peinent à blâmer l'intervention de la Grande-République de Velsna, dont la position vue depuis Troïtsiv ressemble à celle d'un grand frère contraint de gérer les conséquences des accès de colère d'un enfant turbulent, la classe politique hotsalienne est bien plus dubitative quant à l'attitude à adopter vis-à-vis de l'Empire Raskenois suite à cette nouvelle incursion sur le territoire confédéral. L'invasion survient quelques mois seulement après le départ des troupes raskenoises qui occupaient le sol de Kresetchnie depuis 1994 et la reprise de contrôle de ces terres par la confédération. Suite à ces évènements, la majorité des membres des gouvernements hotsalien et kresetchnien plaçaient leurs espoirs dans une prochaine résolution définitive de la guerre kresetchno-raskenoise entamée trente ans plus tôt lors de la première invasion de la Kresetchnie par Rasken, motivée par ses prétentions annexionnistes sur le Gradenbourg et les territoires hotsaliens et avourgeois limitrophes. Les combats du siècle dernier se sont achevés sur un cessez-le-feu bancal, négocié à la hâte entre les deux parties en vertu des pertes subies sur le front et l'absence d'évolution de la situation, malgré l'invasion des territoires hotsalien et altarien par l'organisation terroriste des Raches en parallèle. Aucun traité de paix n'ayant jamais été officiellement négocié, le départ des troupes raskenoises ouvrait potentiellement la voie à une résolution de la guerre et à une possible normalisation des relations entre l'empire et la confédération, voire peut-être à la mise en place d'une coopération bilatérale dans le domaine de la défense et de la sécurité, compte tenu des menaces que l'expansionnisme kahtanais a déjà fait peser sur les deux pays pendant l'épisode des ultimatums et menaces d'invasion expédiés aux uns et aux autres par les autorités mähreniennes.

L'affaire semblait relativement bien partie avant que la monarchie raskenoise ne décide de balayer d'un revers de main toutes les discussions tenues en amont de la réintégration des territoires occupés à la confédération. Suite au référendum tenu au Gradenbourg, à l'issue duquel l'occupation raskenoise a été très largement désavouée au profit d'un rétablissement de la souveraineté kresetchnienne sur les terres occupées, l'Empire Raskenois était le premier à réclamer qu'une rencontre bilatérale soit organisée avec le gouvernement confédéral kresetchnien, afin de négocier les conditions du départ de ses troupes et discuter de l'avenir des relations bilatérales entre les deux pays. Le retrait rapide des troupes raskenoises a alors été exigé par la partie kresetchnienne comme condition préalable à la tenue de ces discussions, non seulement pour s'épargner une tentative de réhabilitation du gouvernement fantoche de l'Administration Militaire de Gradenbourg établi par Rasken sur les territoires occupés, mais également dans l'optique de s'assurer de la bonne foi d'Eberstadt quant à sa volonté exprimée d'une transition apaisée et d'un respect plein et entier de la volonté exprimée par la population des terres occupées lors du précédent référendum. Une fois le retrait des troupes d'occupation obtenu et le territoire réinvesti par les troupes hotsaliennes, le gouvernement confédéral kresetchnien est revenu vers le ministère des affaires étrangères raskenois pour lui signifier son intention de procéder à la rencontre dont il avait été précédemment question, afin de normaliser définitivement les relations bilatérales et ouvrir la voie à une éventuelle collaboration. La missive fut tout bonnement ignorée par la diplomatie raskenoise, qui n'y répondra que quelques jours plus tard en envahissant l'espace aérien de la confédération.

Ce mouvement de troupes inopportun a tôt fait de confirmer les craintes des franges les plus méfiantes à l'égard des intentions de l'Empire Raskenois au sein de la classe politique hotsalienne. Si beaucoup voulaient sincèrement croire en la repentance apparente d'Eberstadt qui, après avoir envahi le territoire kresetchnien dans une guerre qui a coûté la vie à plusieurs dizaines de milliers de personnes et occupé ce même territoire illégalement pendant trois décennies, annonçait enfin le retrait de ses troupes, certaines voix continuaient d'inviter les autorités confédérales à la prudence, d'où l'exigence d'un gage de bonne foi de la part des Raskenois, consistant en le départ de leurs garnisons, avant d'entamer toute négociation. La suite des évènements a malheureusement donné raison aux détracteurs de Rasken, démontrant la véracité de la thèse selon laquelle les négociations demandées par Eberstadt en amont de la fin de l'occupation constituaient surtout pour le pouvoir impérial raskenois un moyen de gagner du temps et de continuer de jouer un rôle dans le processus de libération, espérant sans doute une reconnaissance au moins partielle des institutions fantoches qu'il avait mises en place en Kresetchnie au sein de l'Administration Militaire de Gradenbourg, ainsi que de pouvoir intervenir dans l'épisode de transition politique qui allait suivre la réintégration des territoires occupés, et notamment du Gradenbourg, à la confédération.

Il faut dire que la situation se comprend dès lors que l'on considère le fait que le retrait raskenois, conséquence du référendum organisé dans les terres occupées, n'est en rien le fruit d'une volonté politique de la part de Rasken d'adopter une vision nouvelle dans sa manière d'aborder ses relations avec la Kresetchnie. Si l'on observe froidement la situation, le fait est que les Raskenois n'ont fait que quitter la Kresetchnie la queue entre les jambes après avoir été très largement désavoués par la population locale, alors que la poursuite de l'occupation était devenue proprement intenable en raison de la violence des manifestations qui agitaient constamment Brugberg et les autres villes majeures occupées par l'ennemi. Malgré ce retournement flagrant, force est de constater que les Raskenois n'ont pas pour autant changé de vision, et encore moins renoncé à leurs prétentions territoriales en Kresetchnie. Du point de vue de la famille Schützenberger, le repli des troupes impériales ne consistait ni plus ni moins qu'à reculer pour mieux sauter. L'établissement récent de la « no fly zone » spécifiquement au-dessus du territoire gradenbourgeois, en ignorant le reste du territoire kresetchnien et sans avancer la moindre justification diplomatique ou stratégique qui justifie une telle intervention, achève d'attester que les velléités annexionnistes de Rasken en Kresetchnie sont toujours tout aussi vivaces. Si l'option du rattachement pur et simple à l'Empire Raskenois, qui figurait parmi les alternatives proposées par la population des territoires occupés lors du dernier référendum, a été largement rejetée par les votants, elle est loin d'avoir été abandonnée par l'Empereur Stanislav et son administration apexienne. En profitant des affrontements antiaériens contre le Grand Kah pour envahir le territoire kresetchnien, Rasken envoie un message clair : il profitera du moindre signe de faiblesse apparent de la part de la confédération pour faire à nouveau valoir ses prétentions territoriales. Tant que le pouvoir impérial raskenois existera et se trouvera en capacité de menacer la souveraineté du pays, les Kresetchniens ne trouveront jamais la paix.

La nature impériale et expansionniste des revendications raskenoises sur la Kresetchnie est un fait déjà assez largement documenté. Lorsqu'il faisait entrer ses troupes sur le territoire confédéral en 1994, l'Empire Raskenois avançait déjà des motifs divers et contradictoires, mettant aussi bien en avant la présence sur place de dissidents démocrates qui s'étaient réfugiés au Gradenbourg à l'issue de la guerre civile raskenoise qui avait vu la victoire des partisans du régime impérial, que la prétendue nécessité de placer sous tutelle un Gradenbourg en pleine crise économique. À l'issue des affrontements qui ont vu la mort d'un grand nombre de Gradenbourgeois, comme de Raskenois et d'autres Kresetchniens, permettant notamment aux terroristes des Raches de faire irruption dans la confédération par le sud-est en exterminant la quasi totalité de la population des territoires envahis, Rasken s'est établi durablement sur place en poursuivant une occupation de long terme dans l'ensemble des territoires kresetchniens dont il était parvenu à prendre le contrôle par les armes, que ceux-ci soient gradenbourgeois, hotsaliens ou avourgeois. Près de la moitié du territoire de l'Administration Militaire de Gradenbourg était ainsi issu des terres nationales hotsaliennes, ce qui n'empêchait pas pour autant Eberstadt de prétendre à leur annexion au même titre que le reste des zones occupées, rendant par là même totalement caduque toute la supposée pertinence du narratif raskenois autour de la prétendue proximité historique et culturelle entre Rasken et le Gradenbourg. La famille Schützenberger a envahi la Kresetchnie pour accroitre l'étendue de son domaine et en tirer les bénéfices économiques et financiers afférents, point à la ligne. Tous les argumentaires fallacieux déployés par Eberstadt pour justifier ses diverses violations de la souveraineté de la confédération ne sont autre que poudre aux yeux visant à dissimuler maladroitement les véritables motivations annexionnistes des commanditaires des épopées sanglantes des troupes de Rasken en Eurysie centrale.

L'annonce tacite que ces revendications demeurent aujourd'hui encore d'actualité, en dépit des tractations récentes autour du processus de réintégration des territoires occupés, provoquent une grande inquiétude parmi les élites hotsaliennes et kresetchniennes. Pour beaucoup, la question territoriale et l'antagonisme de Rasken vis-à-vis de la confédération était une affaire classée par la fin de l'occupation. Même les éléments les plus sceptiques à l'égard de l'empire germanique occidental avaient mis beaucoup d'eau dans leur vin depuis la fin de l'occupation, au premier rang desquels figure le parti de la Présidente du Conseil de Réclamation Nationale Mariya Dovhan, la Voix des Exilés, dont le discours d'alarmisme sécuritaire s'était largement reporté vers la menace posée par l'expansionnisme rouge en Eurysie centrale, délaissant l'hostilité traditionnelle du parti à l'égard de Rasken, qui a tout de même perduré sans interruption jusqu'à la fin de la présence raskenoise en Kresetchnie. Autre temps, autres priorités. La main tendue par le gouvernement confédéral à la diplomatie raskenoise au lendemain du départ des troupes ennemies est en elle-même un indicateur important, quand on sait que l'importance du rôle politique et économique de l'Hotsaline au sein de la confédération rend difficile la prise de toute initiative de ce type sans l'aval express du gouvernement hotsalien. Alors que les regards commençaient à se tourner massivement vers l'est, cette nouvelle incursion raskenoise par la porte arrière de la cour a contraint la classe politique à un volte-face unanime. À l'heure où les ballets aériens se poursuivent dans le ciel kresetchnien au rythme des affrontements meurtriers entre l'aviation hotsalienne et l'armada de destruction déployée par le Grand Kah, les bureaux ministériels de Troïtsiv se penchent déjà sur l'après-guerre, non pas en envisageant les mesures à prendre pour se prémunir d'une nouvelle offensive telle que celle que fut l'Opération Pale Tempest, mais pour résister à la pression constante exercée par Eberstadt dans ses tentatives effrénées de faire main basse sur les territoires occidentaux de la Kresetchnie. La guerre contre Axis Mundi n'est pas encore achevée que déjà, la menace communiste a été quasiment oubliée pour laisser place à l'ennemi d'antan dont le nom revient dans toutes les bouches.

Les premières victimes des élans d'hostilité assénés frénétiquement par la famille Schützenberger sur la Kresetchnie sont pourtant, après les Kresetchniens, les Raskenois eux-mêmes. Force est de constater que la politique de l'Empereur Stanislav et de son prédécesseur n'ont été rien d'autre, jusqu'à aujourd'hui encore, qu'un fiasco épouvantable. L'offensive de 1994, censée être une promenade de santé pour les bottes raskenoises, a viré, déjà à l'époque, au cauchemar pour les troupes de l'envahisseur, qui ont dû mener des combats extrêmement durs autour des pics gelés de Kresetchnie en tentant de grapiller toujours quelques kilomètres de terrain supplémentaire pour la gloire de l'Empereur Schützenberger. Sur le terrain de la communication, cette invasion et l'occupation qui s'en est suivie ont été gérés de manière catastrophique, si bien que les propres alliés de l'Empire Raskenois, Velsna en tête, et ce, en dépit du soutien indéfectible de la Grande République à l'égard de son principal fournisseur d'hydrocarbures, n'ont jamais osé se positionner pleinement de manière favorable à la politique observée par Rasken sur ce dossier. Se cantonnant à une position de neutralité bienveillante, le Sénat des Mille a maintes fois déjà tenté de pousser son partenaire germanique à céder le contrôle de ces territoires, perçus comme une gigantesque épine dans le pied de la diplomatie raskenoise, ainsi que de son dispositif sécuritaire. Pour quel bilan économique par ailleurs ? D'après le propre aveu des autorités raskenoises elle-même, l'occupation de l'Administration Militaire de Gradenbourg fut un énorme gouffre financier pour Rasken, qui a investi des sommes faramineuses dans le développement des infrastructures et du tissu économique local, sans jamais voir le moindre retour sur investissement. Ce retour ne se fera vraisemblablement jamais, dans la mesure où les territoires réintégrés à la Confédération ont coupé tout lien économique avec le voisin germanique sous le régime d'occupation militaire provisoire instauré par l'Hotsaline. Là où le bilan de la politique schützenbergoise à l'égard de la Kresetchnie est le plus dramatique pour les Raskenois, c'est bel et bien sur le plan de la sécurité. Si l'on met de côté tous les agents de la police militaire qui furent malmenés au cours des manifestations d'une violence extrême qui ont secoué le Gradenbourg en signe de protestation contre l'occupation raskenoise, l'hostilité évidente que ces invasions et violations de souveraineté répétées ont suscité chez les Kresetchniens, Hotsaliens et Bergrorischs en tête, à l'égard de l'Empire Raskenois, placent le pays dans une situation de tension militaire et diplomatique constante.

Les occasions de désamorcer les tensions ont pourtant été nombreuses à se présenter à l'Empereur Stanislav. Si l'on met de côté l'évidence du fait que le gouvernement raskenois aurait pu se montrer respectueux de la souveraineté territoriale de ses voisins et de la volonté démocratique de la population des territoires occupés en retirant ses troupes à tout moment au cours des trois dernières décennies, la missive expédiée par le gouvernement confédéral kresetchnien dans l'espoir de normaliser ses relations avec l'Empire après le départ de ses garnisons n'est pas la première main tendue adressée par Troïtsiv en amont de cette résolution récente. Suite à l'échec de la tentative de médiation velsnienne, Elena Vasylenko avait pris d'elle-même l'initiative de contacter directement le gouvernement raskenois en sa qualité de vice-présidente du Conseil, afin de proposer un sommet de résolution du conflit raskeno-kresetchien par des négociations uniquement bilatérales. Bien qu'acceptée dans un premier temps par la partie raskenoise, la proposition a finalement été ignorée par Eberstadt, qui a préféré procéder à l'organisation de son référendum d'auto-détermination dans les terres occupées, espérant sans doute naïvement que l'injection massive de subventions en tous genres dans les quelques mois précédant le scrutin suffise à lui garantir un résultat favorable. Mais il n'en fut rien. Alors que Rasken aurait pu obtenir un accord de compromis lui permettant de conserver une certaine influence politique et économique sur le Gradenbourg, il a préféré jouer son va-tout en ignorant les appels à la négociation formulés par l'Hotsaline, pour finalement devoir s'enfuir de Kresetchnie la queue entre les jambes sous les lancers de pavés après avoir été largement désavoué par la population.

En décidant de relancer les hostilités alors que la situation semblait s'être stabilisée après le départ de ses troupes, le gouvernement raskenois est parvenu à s'attirer les foudres de l'ensemble d'une classe politique hotsalienne auparavant réconciliatrice. À quelle fin ? Si l'on observe l'évolution actuelle de la situation, l'établissement de la « no fly zone » raskenoise dans le ciel du Gradenbourg ne sera rien d'autre qu'un coup d'épée dans l'eau. À l'issue de la guerre contre le Grand Kah, les avions raskenois quitteront à nouveau l'espace aérien kresetchnien sans avoir tiré le moindre bénéfice de leur intervention. Peut-être Stanislav Schützenberger sera-t-il personnellement satisfait d'avoir fait savoir au monde qu'il n'avait pas renoncé à ses prétentions sur le territoire de la Confédération de Kresetchnie, ainsi que d'avoir reçu le soutien épisodique de la Grande République de Velsna au cours de cet épisode. Mais pour Rasken et sa population, l'incident n'aura d'autre conséquence que d'ouvrir un nouveau chapitre d'hostilités avec la Kresetchnie, dont les répercussions à moyen et long terme sont encore impossibles à déterminer.
15720
Un Ushong dans la Ville.



Il n'y avait pas à dire, Rasken était véritablement un territoire cosmopolite et au coeur de tout, un vieil adage tendait à dire que l'on pouvait constater la vitalité d'un lieu au nombre de personnes et de biens qui circulaient à sa douane, et si l'on devait se fier uniquement à ce que l'on voyait au sein du Port de Bonnberg il était certains qu'il y avait une vigueur aussi indéniable que rare que l'on ne retrouvait pas partout en Eurysie. Forte de son demi million d'habitants, la ville en question n'était pas aussi peuplée que la plupart des grandes métropoles du continent, et n'arrivait même pas en tête au sein du pays, se classant uniquement cinquième en termes de démographie loin derrière les presque deux millions de la capitale impériale d'Eberstadt, plus encore derrière les quasiment trois millions d'Hamford et à peine à quelques centaines de milliers derrière Osterwald et Konigbeck... Mais malgré tout, la cité demeurait bien devant sa principale concurrente en matière de fret maritime qu'était Lengenbruck, et pour cause, là où sa rivale nordique approvisionnait un nord du pays bien moins large, Bonnberg était une porte d'entrée dont l'arrière cour n'était autre que les deux tiers de la nation dans le médian et au sud, sa position stratégique idéalement placée l'avait tout naturellement conçu comme le principal point d'entrée et de sortie d'une contrée où les infrastructure de transport et d'emports de denrées avaient atteint un rare degré d'efficacité que l'on ne retrouvait guère que ces les thalassocratie, nations commerçantes par excellence ou à la très haute croissade. Et croyez nous, ce n'était pas quelque chose que l'on voyait partout, surtout dans ce pont continental entre l'Occident et sa Diagonale dorée, et l'Orient avec son tristement célèbre Képiland.

C'était ainsi tout naturellement que l'on retrouvait beaucoup d'enseignes et autres grandes entreprises réputés dans le tout Rasken et même au delà au sein de la cité portuaire de Bonnberg. Des fleurons nationaux tel que Apex Energy et Steiner, Sterwagen, Kruger Engineering et ainsi de suite jusqu'à une pléthore d'autres sociétés moins importantes mais étant aussi prospères à leurs échelles, c'était l'ensemble du corps économique qui était présent et avait ses accès sur les docks et les quais qui étaient sans cesse à foisonner d'activité. Mais même là ce n'était qu'une partie seulement de la réalité composant cette vigueur car en tant que principal port du pays, il y avait aussi inévitablement tous les touristes et étrangers, notamment en provenance de tout le pourtour de la manche blanche voir au delà, de l'ïle Celtique et du golfe des Empires, qui s'en venaient et allaient, les croisières ou Ferry étant une vision parfaitement banalisé dans ce que beaucoup n'hésitaient plus à parler de la Business Nation Modèle ou "Le Pays-Industrie" du vieux continent. Un véritable modèle de succès et de prospérité.

Mais qui dit argent coulant à flots, tonnages infinis de denrées et marchandises ou encore innovation technologique à la pointe dit aussi inévitablement Jalousie, convoitises et autres manigances. Et dans une cité portuaire aussi active où les étrangers venaient chaque jour par centaines par milliers, il y en avait des complots et autres intrigues qui se planifiaient, car plus la lumière et le rayonnement d'un lieu étaient grands, plus les ombres dans son sillages étaient intenses. Mais cela signifiait aussi qu'il y avait des opportunités, après tout il n'y aurait pas autant de ces manigances si les lieux étaient imperméables à celle ci, à ceci près qu'il y avait parfois des acteurs hautement atypiques et improbables qui se mêlaient parfois à tout cela sans que personne le ne voit venir.

Monsieur Li était un de ces acteurs, et de surcroit pas nécessairement inconnu au bataillon dans la région. Officiellement, c'était un Entrepreneur à succès Ushong propriétaire d'une vaste société d'emport export se diversifiant peu à peu dans la livraison de proximité et qui opérait sous le nom de Hermès Corp, dont l'inspiration du nom avait été honteusement et sans aucune vergogne "empruntée" à la mythologie des hellènes vis à vis du Dieu délivrant les messages et d'autres choses de temps à autres, une comparaison symbolique assez prononcée et qui avait été spécialement choisie afin de toucher à la sensibilité Eurysienne, la culture Grec ayant eut une immense influence sur presque tout le vieux continent. Ce dernier avait d'ailleurs commencé à orbiter autour des sphères Raskenoises depuis plusieurs semaines afin d'essayer officiellement de s'implanter dans le pays où il voyait pas mal d'opportunités et avait ainsi finalement obtenue d'opérer une série de rencontres et autres rendez-vous avec un certains nombres d'entreprises Raskenoises, certaines réalisées déjà par visioconférence ou par téléphone avaient portées leurs fruits et d'autres nécessitaient un "Lobbying de Terrain", ainsi tandis que ses "Croonies" comme l'on disait à Caratrad affluaient ci et là dans la Pétromonarchie Eurysienne afin de commencer l'implantation de son Business et participer à la croissade de l'économie nationale, Li lui entendait aller convaincre avec sa verve les quelques réticents encore peu convaincus par l'intérêt de faire affaires avec lui.

Monsieur Li, un entrepreneur tout à fait honnête.

Cependant peut être que les sceptiques avaient eut du flair, car ce à l'insu de tous il s'avérait que Monsieur Li était plus que ce qu'il laissait paraître, car si il était vraiment un businessman à succès, il avait toutefois un autre travail officieux, qui s'apparentait plus à celui d'un Maître Espion collaborant étroitement avec la Clique des Wang de l'Empire des Xin. Et l'individu n'était pas à son coup d'essai, après tout c'était lui il y a des années auparavant qui profitant de la crise dites "Des Deux Prodnovs" où l'ONC et le Liberalintern s'étaient enfoncés dans une lutte d'influence par Proxys Interposés dans le nord de Képiland, avaient organisée de A à Z une fuite des cerveaux et une accaparation des savoirs et de certains secrets technologiques pendant que les Onéciens et Communalistes & Amis se tapaient dessus en arrière plan et ne lui accordait le cas échéant aucune attention. Ainsi, ce n'était pas une affirmation fausse que de dire qu'il avait joué un rôle immense dans le miracle économique et le succès des réformes Impériales des dernières années, bien que sa participation reste largement méconnue et qu'une poignée seulement en soit au fait. Aussi, sa venue à Rasken au delà des affaires qui étaient sans doutes une excuse et par conséquent une couverture à moitié, n'était guère anodine et il était à peu près certains que ce dernier avait reçu une nouvelle demande de ses associés de la Clique des Wang, et comme la Pétromonarchie Raskennoise avait toujours des projets peu anodins sur le feu qui tendaient à révolutionner un genre, ce n'était finalement pas si surprenant de voir les réformistes Impériaux en quête de nouveaux outils pour accentuer les mutations de l'Empire s'intéresser à ce pays si lointain.

Ainsi, c'était aux aurores que Monsieur Li, tout rayonnant dans un costume trois pièces d'albâtre, lunettes de soleil teintés sur le pif, et panama d'affaires sur le chef, débarquaient d'un Yacht privé ayant fait tout un trajet en provenance de Velsna où les Ushongs avaient entamés des installations d'entreprises réciproques en vertu de la collaboration en plein essor entre la Grande République et le Céleste Empire. Les Velsniens avaient d'ailleurs été d'une aide confortable afin d'accélérer les procédures administratives avec les Raskenois pour que tout se passe sans accrocs et sans accrocs cela c'était en effet déroulé. Après les derniers contrôles d'usages avec les agents portuaires et la paperasse restante expédiée, le Ushong dépêcha ses assistants ci et là afin d'une part de faire avancer ses affaires à la chambre d'hôtel qu'il allait occuper pour son séjour ainsi que finir les derniers préparatifs avant ses rencontres d'affaires, pour sa part ce dernier avait une autre destination dans l'immédiat avec ses deux gorilles lui servant de gardes du corps : Le Café Francesco. Ou plutôt la succursale locale de cette franchise d'origine Fortunéo-Visonzane qui faisait fureur dans la plupart des pays d'Eurysie de par les Expresso et Capuccino qu'ils servaient notamment et que l'on considérait à bien des égards comme divin. De nos jours l'on retrouvait cette enseigne un peu partout, quoique certainement de façon bien plus répandue dans les diverses cités du monde Fortunéen, mais ci à Rasken, les hauteurs du quartier portuaire surplombant les docks et la zone industrielle de ces derniers en étaient le lieu où celle ci siégeait.

Quelques minutes en Taxi et un pourboire plus tard, Monsieur Li arrivait sur la Terrasse qui était d'ailleurs bien peuplée, quelques raskenois bien évidemment dont certains assurément lobbyistes s'y l'on se fiait aux Pins Apex plantés sur les vestes de leurs costumes lisaient les brèves de presse, mais c'était surtout les étrangers qui prédominaient en vérité ci et là au sein des diverses tables. Là bas, l'accent chantant et la mandoline trahissait des Velsniens que l'on retrouvait de toute manière dans tous les ports du monde, ici avec les traits gothiques et punks croisés avec des styles de Hipsters, des Kah-tanais que l'on ne pouvait pas confondre à cause de leurs goûts si uniques. Là bas, les Slaves qui essayaient tant bien que mal de faire de l'appropriation culturelle Italienne sans succès, des Kartiens. Pas loin des kahtanais, avec les teintes bronzées des tropiques et les discussions animées sur les manifestes de l'idéologie communalistes, probablement des ressortissantes des CUPO. Il y avait même de nouvelles clientes qui arrivaient en même temps que lui, trois jeunes et fringantes jeunes femmes qui sortirent de ce qui ressemblait à une berline rouge et s'installèrent à l'une des tables un peu excentrées.

Pour sa part le Ushong se contenta de s'attabler à une table déjà occupée où un individu était déjà occupé à pianoter frénétiquement sur son téléphone portable, vraisemblablement en train de jouer à l'un de ces jeux en vogue du nom de Papers crush qui consistait à faire du "Tétris" avec des documents Tanskiens animés. Ce dernier, grisonnant et arborant un chapeau melon releva la tête et fit immédiatement disparaître son outil de distraction alors que Li prenait place.


Armarico Montefellionne, l'homme au Chapeau Melon, un habitué des bons coups.

Monsieur Li - << Armarico. >>

Armarico Montefelionne - << Hong. >>

Monsieur Li - << Vous avez l'air de vous porter bien ma foi, un petit peu moins de couleurs depuis Staïnglad ceci dit. >>

Armarico Montefelionne - << C'est le lot de chacun, l'on ne peut pas tromper le temps, mais il est vrai que je m'en tire plutôt bien, et vous donc cher ami ? Les Velsniens ne vous donnent pas trop du fil à retordre ? >>

Monsieur Li - << Pas le moins du monde, une fois que l'on leur a joué un ou deux tours en réponses à leurs facéties dû à San Stefano ce sont des partenaires solides. J'ai bien dû doubler mes gains depuis qu'ils se sont installés à Beiyfon. Mais assez de platitudes, le temps c'est de l'argent. Tout est toujours bon pour notre programme ? >>

Armarico Montefelionne - << Si fait. Mes médiateurs ont déjà pris contact et s'occupent de préparer le terrain à leur échelle. Rien à signaler de particulier tout est en ordre. Pour l'heure... >>

Monsieur Li - << Oh non ne commencez pas. Vous aller nous attirer le mauvais oeil en disant cela. La dernière fois, vous aviez fait tomber la pluie et le lendemain les Pharois et leurs proxys de Preprolov envahissaient la campagne de Staïnglad. >>

Armarico Montefelionne - << Allons allons. Ce n'est pas comme si cette fois les lieux allaient être envahis par une armée étrangère, nous sommes à Raskens voyons. Le poumon battant de l'industrie du Continent, là d'où vient le pétrole qui alimente les usines de toute l'Eurysie, les meilleurs voitures, des mercenaires compétents pleins d'autres merveilles. C'est bien pour ça que vous êtes là d'ailleurs, il y a tout intérêt à y faire affaire. >>

Monsieur Li - << En effet. Que voulez vous, les collègues du Parti et Wang sont intéressés par des techniques plus... Poussés, pour raffiner le pétrole. De même que par des... Conseils, en essor de l'industrie. Le développement de l'Empire nécessite les moyens pour le soutenir après tout, ils le savent bien. >>

Armarico Montefelionne - << Et vous y trouvez aussi votre compte dans la manoeuvre. >>

Monsieur Li - << Tout comme vous et votre Amiral. >>

Armarico Montefelionne - << Que voulez vous ? La vieille doctrine de coprospérité demeure aussi efficace qu'il y a des siècles auparavant, quitte à avoir des intérêts communs autant collaborer, la fin justifie les moyens comme l'a dit un jour le penseur Montevelli. Loyalistes, Landrins, Grecs et j'en passe. Ils se détestent tous au fond d'eux mais curieusement savent par pur pragmatisme mettre leurs querelles séculaires de côté dans de rares cas où tout le monde sans distinction en tire quelque chose. >>

Monsieur Li - << N'est-ce pas là plutôt car les deux tiers sont actuellement accaparés sur d'autres sujets et laissent par le fait le champ libre à l'Amiral ? >>

Armarico Montefelionne - << Sans doutes. De toute façon la finalité reste la même alors qu'elle importance ? Au final tandis que les metteurs en scène se querellent, ce sont toujours les techniciens dans les coulisses du théâtre qui travaillent sur le terrain dans le même temps. >>

Monsieur Li - << En effet, je vous rejoint et vous comprend fort bien sur ce point. Au moins l'on voit du paysage. Et il y a l'adrénaline, l'inconnu, le suspens. C'est ça qui rend un homme vivant si vous voulez mon avis. Le "Business à l'étranger", les intrigues de cour, c'est du pareil au même à ceci près que dans le second cas l'acte se déroule dans un huit-clos. Pourquoi se contenter d'un espace rendant claustrophobe quand on peut utiliser le monde dans son ensemble ? >>


La remarque arracha un ricanement d'amusement à Montefelionne tandis qu'un serveur apportait deux Cappucinnos vraisemblablement commandés à l'avance par l'intéressé, les gorilles de Li avaient eux aussi pris place à une table adjacente et faisaient mine de lire un journal tout en jetant des coups d'oeils à ce qui se tramait sur la terrasse. Et en parlant de manigances, un nouvel arrivant émergea de l'angle de la rue voisine afin de s'installer à une table pile entre celle où siégeaient les Kahtanais et les ressortissants supposés des CUPO. Si ce dernier passa relativement inaperçu notamment car ce dernier était certainement celui dont l'apparence et la tenue détonnaient le moins sur toute la terrasse, les choses changèrent bien assez vite lorsqu'il s'exprima peu après avoir commandé un Expresso.


??? - << CoMmEnt eSt VoTrE BlANqUEttE ? >>

S'exprima-t-il alors de façon un peu trop sonore et dans un horrible accent germanique très caractéristique qui rappelait un peu celui Raskenois sans toutefois coller totalement. Instinctivement tout le monde fit silence sur la terrasse, des Kartiens déguisés en Italophones aux trois jeunes femmes en passant par les Velsniens et leur Mandoline ou même les paltoterrans un peu gênés, tous se turent instinctivement et tournèrent à moitié la tête pour regarder en coin, et de travers cette scène curieuse.


Vraisemblablement un Kahtanais - << Elle est bonne >>

Répondit alors l'un des kahtanais à la table adjacente en grinçant des dents, de toute évidence dans l'embarras face à ce qui était bien plus qu'une conversation lunaire quelconque. Même les Raskenois faisant mine de simuler une vie citoyenne Lambda levèrent les yeux au ciel par dépits en guise de soutient silencieux à cette réaction. Monsieur Li et Armarico Montefelionne se contentèrent de rester silencieux pendant un instant tout en conservant une expression de statue sur leurs faciès, pour le premier les lunettes teintés aidaient beaucoup d'ailleurs il fallait le dire.

Monsieur Li - << Mahrenien. >>

Armarico Montefelionne - << Vous arrivez à différencier ? Pour moi les germains parlent tous de la même manière. >>

Monsieur Li - << Wang m'a offert à ses frais un séjour de quelques mois à Sankt Josef auprès de ses amis là bas. A force de frayer les locaux devant les instructeurs du capitaine Thiers on apprend bien assez vite à faire la différence. Ils ont un petit quelque chose de plus, cette espèce de passif agressif dans le ton de prononciation, là où les Raskenois sont plus éparses et toussent un peu par habitude. >>


Armarico Montefelionne - << Intéressant. Et vous qui ne m'avez jamais raconté des anecdotes sur cette période... >>

Monsieur Li - << Peut-être une autre fois. Ce sont des histoires devant être contés à voix haute et qui sont réservées à une table avec des mets préparés par un chef et du Saké bien frais. De surcroit commencer à parler de ça ici mettrait le jeune dans l'embarras, déjà que son accent ne l'aide pas dans sa branche. >>

Armarico Montefelionne - << Oh vous êtes vache tout de même. Cela doit être son premier jour. Regardez donc tous ces regards gênés de ses homologues plus expérimentés. >>

Monsieur Li - << Ce qui m'étonne le plus à vrai dire c'est qu'il n'y ait pas des mercenaires du Jaguar Paltoterran ou des Onédiens. On n'a jamais un Café complet sans eux. >>

Armarico Montefelionne - << Aucune idée pour ce qui est des Jaguars, mais j'ai ouï dire que les seconds étaient fort occupés depuis qu'une certaine capitale avait été vitrifié.

Monsieur Li - << Logique. >>

Armarico Montefelionne - << Enfin, ceci étant dit, je propose de laisser à ces messieurs dames le champ libre, ils m'ont l'air d'être fort occupés et n'ont pas besoin que nous les distrayions en faisant bon public à leurs mésaventures. Nous avons encore une bonne demi-heure avant de rencontrer les gens de Sterwagen. Vous pourrez me raconter sur le chemin quelques nouvelles de votre patrie. >>

Monsieur Li - << Bonne idée. De surcroît, l'air commençait à empester la trahison. Je crois que ça vient de ce que les Kartiens ont commandés, ça n'a pas l'air très frais. Mais oui, faisons comme ça, allons y. Après tout les professionnels ont des standards. >>


L'homme au chapeau melon laissa échapper un léger rire d'amusement, puis le Duo acheva bien assez vite ses boissons, laissant le paiement à la table avant de plier bagage tandis qu'une impasse Icamienne de regards entre un panel assez larges d'espions continuait sur la terrasse sur fond de gênes émanant de cette prise de contact mahreniene peu discrète.
4229
Quotidia, Le média de l'excellence conservatrice, informations offertes par le Groupe Falieri a écrit : 22 septembre 2017

Art et armes: le forum des armuriers de la FADD d'Apamée prend ses marques à Rasken


a
Le modèle de collection P-23, présenté au forum des armuriers de Rasken


Coup majeur pour la Fabricca del armi do Dodecapoli: après avoir décroché un contrat d'exclusivité avec plusieurs cités états dodécaliotes, la FADD, première société d'armements légers dans le monde fortunéen du nord, aurait, selon les dernières rumeurs, décrocher un important contrat d'exclusivité avec le gouvernement raskenois. En effet, suite à une longue période de négociations entre le gouvernement impérial de Rasken et les représentants de la FADD, les nouveaux partenaires seraient parvenu à un accord d'exclusivité. A partir du prochain trimestre, la FADD deviendra l'unique fournisseur d'armements légers d'infanterie de l'Empire !

Les coulisses de cet accord sont encore flous, et les sommes engagées sont, en vertu du secret fiscal, bancaire et commercial de la cité, soumis à de nombreuses hypothèses. Mais en tout état de fait, celui-ci devrait se chiffrer en plusieurs milliards de florius velsniens, et impliquer 100 000 fusils, et un nombre encore indéterminé de mitrailleuses. Bien entendu, exception culturelle raskenoise oblige, il s'agirait selon toute vraisemblance d'un contrat de licence permettant à la FADD la production de modèles déjà existant sur le marché raskenois et dans les rangs de l'armée. Toujours est-il qu'au delà de ce fait, la FADD n'entend pas rester au simple marché militaire, et espère bien capitaliser sur sa visibilité nouvelle dans le pays des margoulins. La FADD, en quête de visibilité internationale, après avoir conquis le marché dodécaliote, puis velsnien, espère bien dégager une manne financière plus conséquente encore, et les premières étapes vers la conquête de parts de marchés dans le domaine de la protection civile et l'armement "de prestige" semblent avoir été déclenchées.

C'est ainsi qu'à l'occasion de la tenue du forum des armuriers et des armuières d'Eberstadt, les franchisés de la FADD ont fait forte impression vis à vis d'une clientèle aussi exigeante et connaisseuse qu'est le grand public raskenois. En effet, l'armement personnel, dans un pays où le folklore et les industries locales pratiquent un lobbying intensif de l'armement, revêt d'une dimension importante, qui explique la taille conséquente du marché raskenois. On estime ainsi que le nombre d'armes en circulation dans le pays dépasse largement les marchés velsniens et dodécaliotes réunis.

C'est dans ce contexte qu'Italo Agnelli, représentant en chef du stand de la FADD pour ce forum, a vu ses masterclass autour des modèles civils de la FADD exploser en terme d'affluence. Bien au delà des représentants curieux de concurrents et d'autres entreprises d'armes locales, ce sont aussi des familles qui se sont déplacées pour assister à l'évènement. Les années passant, et l'insécurité consécutive aux tensions avec le voisin slave ont largement contribué à un essor remarquable du secteur d'activité, qui a l'air de bien faire les affaires d'Agnelli.

Dévoué à la tâche, celui-ci nous fait une brève présentation de ses modèles d'armes de poing, en commençant par une catégorie qu'il nomme "utilitaire". Sans fioriture, ces revolvers de petit calibre, les P-17, sont présentés comme "adaptés" au marché raskenois: d'utilisation facile et pratique et surtout, peu chers. Le coût de production faible semble être un soucis inhérent incarnant une part de la "philosophie" derrière la conception de ces modèles, dans une tentative de mettre la défense personnelle "à portée de tous".

A côté de cette première catégorie vient en revanche celle des "modèles spécifiques", et des armes dites exotiques que la FADD aimerait diffuser au sein d'un marché raskenois qui est plus avare de telles propositions, plus particulièrement le marché des armes dites "de prestige", davantage conçues pour l’apparat, la représentation et la collection que pour une utilité pratique. Au premier rang d'entre eux, ME "modèle P-23", une arme de ceinture davantage qu'une arme de poing, mais qui ne manque pas de faire tâche, avec sa crosse argentée sculptée et sa peinture rouge-bordeaux brillante. Ce calibre 38, déjà en vente parmi les collectionneurs velsniens, est présenté en édition limitée à 500 tirages sur l'ensemble du territoire raskenois. De quoi alimenter sa rareté, mais pas seulement, puisqu'il existe également avec une crosse en ivoire dans un modèle dit "sénatorial", quant à lui construit en 25 exemplaires sur tout le territoire national. De quoi attirer les propriétaires de cabinets de curiosité et mettre en valeur le savoir faire des artisans d'Apamée.

Concernant des chiffres prévisionnels, la FADD d'Apamée n'a pour l'instant pas établit d'objectif de manière publique, mais il semble clair que les ambitions sont hautes, et que les apaméens ne se sont pas installés dans le paysage pour disparaître tout de suite.
Haut de page