18/08/2014
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Activités étrangères à Teyla - Page 4

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L'esprit critique de Saliera a écrit : Ettori Spinoza, 28 septembre 2013

Fondation Herdonia : quand le « génie de la finance » s’improvise fondateur d’Institut libertarien


On savait Toni Herdonia politiquement ambitieux. Lui-même avait annoncer au journal ultra-conservateur Quotidia son intention, un jour, d’entrer en politique quitte à devenir sénateur. Il se vante sur tous les toits d’avoir inspiré le programme économique du Triumvir Vittorio Vinola. Mais comme vous le savez certainement, chers lecteurs, Toni Herdonia ne fait rien comme les autres. Lui a décidé d’entrer dans les sphères de la politique par la petite porte. Et quoi de mieux dans cette situation que de devenir le directeur d’un Institut de sciences politiques et économiques livrant des « analyses publiées par des éminences grises ». Pourquoi exposer sa propre image en politique lorsque l’on peu influencer ceux qui y sont déjà ? C’est en partant de ce postulat que l’homme d’affaires a annoncé la création de l’Institut Herdonia. Son but officiel ? Promouvoir à travers le monde les principes de liberté individuelle, de libre-échange et de minarchisme. Officieusement, cela sous-entend de peser dans le débat public de démocraties libérales afin de détricoter le droit du travail, le système des services publics nationaux et faire la promotion d’un libre-échange non faussé entre tous les pays d’Eurysie occidentale et au-delà. Concrètement, ce « think tank » possède plusieurs axes d’étude et de propositions :
• Réforme de l'État et des services publics : Suppression du principe d’hôpital public et des systèmes d’éducation publique.
• Réforme de la fonction publique : réduction globale des effectifs et astreindre la fonction publique à des missions « purement régaliennes ».
• Réforme de la fiscalité : Suppression de toute forme d’impôts sur la fortune et réduction des impôts sur les entreprises.
• Réforme du marché du travail : ouverture des magasins le dimanche, suppression du principe de salaire minimum, augmentation du volume de travail horaire hebdomadaire.

Concrètement, un « État minimal » inspiré de certaines politiques déjà en cours à Velsna comme l’absence de santé ou d’éducation publique. Sur certains points, l’institut va même plus loin que la réalité de la situation velsnienne, en particulier sur le libre-échange qui actuellement, est sous le bon vouloir des « conventions de secteurs d’entreprise ». Mais le projet de l’Institut Herdonia dépasse de loin Velsna. En effet, le jeune entrepreneur aurait été aperçu il y a quelques mois à Teyla en compagnie des cadres dirigeants du Groupe Laurenti Alfonso, alors en inspection dans les tout nouveaux chantiers navals de l’entreprise à Teyla. Selon des sources anonymes, le sujet n’avait rien d’anodin avec la présence du « consultant star qui murmure à l’oreille des patrons » : en cause, un droit du travail encore trop peu flexible au goût de ces derniers. Ni une ni deux, l’Institut Herdonia semble avoir fait de Teyla la première de ses priorités au vu de l’intérêt du patronat velsnien pour ce pays. L’objectif d’Herdonia est tout trouvé : il est nécessaire pour assurer leur « liberté d’entreprendre » que le patronat soit représenté comme il se doit pour les prochaines échéances électorales, par un candidat qui serait dans l’idéal conseillé par l’institut.

Il faut également souligner que Teyla semble être le terrain d’expérimentation idéal. Ce pays passe en effet pour avoir l’un des droits du travail les plus « flexibles » d’Eurysie occidentale. Cela a pour conséquence le fait que la population est certainement plus en phase, ou du moins à davantage l’habitude de s’entendre dire que l’économie de marché est un horizon indépassable. Dans l’idéal, l’Institut Herdonia chercherait à se créer des relais à l’échelle nationale, ayant bien conscience que sa trop grande présence pourrait passer pour de l’ingérence étrangère.

Objectif principal de ces prochains mois : prendre davantage de place dans le débat public, infiltrer les plateaux télés et les rédactions. Parmi les patrons et éditorialistes teylais, tous préfèrent pour l’instant rester discrets sur leurs liens avec le réseau velsnien. Tous ont de nombreux liens entre eux et avec des hommes d’affaires et des grandes fortunes velsniennes membres de l’Insrtitut, ainsi qu’avec toutes les nuances de la droite et de l’extrême-droite des deux côtés de la frontière.

Pour renforcer la crédibilité, il faut s’afficher comme experts objectifs ou comme défenseurs des simples contribuables, il faut réussir à imposer ses idées et ses thèmes parfois jusque dans les discours gouvernementaux, sur l’éducation ou le logement par exemple. Le projet politique ultra libéral de Toni Herdonia est une vision de société globale où le lien social n’a plus sa place. Parmi les formations politiques qui pourraient se montrer sensibles à ce discours, l’Institut compte bien se faire un nid au sein de LR par le biais de partenariats avec des associations et fondations ultra libérales teylaises, le parti de la droite traditionnelle du pays. Mais il serait également possible de nouer des contacts avec le MR, en théorie social-démocrate mais dont l’atonie face à des politiques libérales prouvent une prédisposition à l’acceptation de la casse sociale.

Cependant, tout n’est pas rose pour l’Institut et certains commentateurs politiques à Velsna n’hésitent pas à remettre en cause les méthodes de travail de l’Institut et le degré de sérieux avec lequel prendre les articles publiés. Ainsi, le journaliste velsnien Luca Gorino, travaillant pour Quotidia, journal qui se fait pourtant porteur du discours d’Herdonia, a critiqué le fait même de considérer l’Institut Herdonia comme un organe de recherche. Il argue le fait par exemple, qu’aucun des collaborateurs de l’Institut n’est détenteur d’un véritable diplôme attestant de leur compétence dans les domaines qu’ils abordent dans leurs articles. Aucune revue internationale d’économie n’a encore daigné leur montrer de l’attention. Qui sait si l’Institut Herdonia parviendra à percer à Teyla…Prions pour que ce ne soit pas le cas.


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Catastrophe nucléaire en Eurysie, l'aide sylvoise est préparée sans attendre !

La nouvelle venait d'arriver : une centrale nucléaire loduarienne venait d'être éventrée. C'était plus précisément l'un des éléments les plus critiques qui avait été affligé, le réacteur. Rien de précis n'était pour le moment connu : à quel point le dôme avait été transpercé, le cœur endommagé, et les éléments radioactifs propagés ? Les ordres de grandeur étaient inconnus, mais il y avait la certitude qu'un nuage radioactif avait fuitée.

La catastrophe était d'ampleur et les services sylvois n'avaient pas attendu pour se mettre en branle. Furent envoyés au Royaume de Teyla et à la Loduarie Communiste des propositions pour leur venir en aide, et leurs réponses ne furent pas attendues pour mobiliser les moyens nécessaires.
Cette aide allait se matérialiser sur plusieurs points :

-Diagnostique et sécurisation de la centrale, essentiellement orienté vers la Loduarie. Il s'agira de déterminer l'ampleur des dégâts et les dispositions nécessaires pour endiguer la crise.

-Suivis du nuage radioactif, pour pister sa trace et venir en aide aux zones sinistrées.

-Mesures en réponse à la contamination, avec notamment des équipes d'experts équipés en instruments pour suivre les taux de radiation et pollution en éléments radioactifs, ainsi que des médecins pour venir en aide aux populations exposées.

Ce sont donc les plus gros vingt avions tactiques sylvois et deux avions de ligne qui sont mobilisés pour acheminer tout le nécessaire. Secouristes, pompiers, urgentistes, ingénieurs en nucléaire spécialisés dans la sécurisation et décontamination, c'était là une véritable petite armée qui allait être déployée dans les plus brefs délais.

La situation était à l'urgence.
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La ministre de la défense Kristine Svane en visite sur les chantiers navals teylais


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Le Globle


Écrit par : Margrethe Ludvigsen, posté le 24/10/2013 à 6h01, en partenariat avec le journal tanskien Le Norjien



Le nom des deux frégates de classe Manticore bientôt achevées par les chantiers navals de Vial du Royaume de Teyla n'ont pas été divulgué aujourd'hui par la ministre tanskienne de la défense. Le contrat des quatre frégates en comprenait une construite par les Chantiers Navals de Vial...dans les chantiers navals de Norja (comprenez l'entreprise teylaise dans les chantiers navals tanskiens avec de la main d'oeuvre tanskienne). La ministre a ainsi pu observer une seule des deux frégates, la seconde étant bel et bien construite actuellement à proximité de Norja, capitale tanskienne.

Cette offre à laquelle a su répondre le Royaume est survenu dans le cadre du développement du groupe aéronaval tanskien et de la volonté de doter la marine tanskienne d'un ensemble de navires de premier rang capable d'assurer la protection du porte-avions ainsi que des missions de combat en mer et de support. Doté d'une enveloppe particulièrement importante, l'appel avait reçu trois offres. Celle de la Loduarie fut largement rejetée par le Congrès Fédéral. Celle du Grand Kah, acceptée initialement, s'est retrouvée bloquée pour des questions financières et l'est encore à l'heure actuelle. Celle de Teyla l'a emporté avec en commande supplémentaire, plusieurs dizaines de missiles de croisière tiré depuis les frégates, une vingtaine ayant déjà été reçus par les forces tanskiennes.

Force de proximité avec la classe politique tanskienne et surtout norjienne, les syndicats des chantiers navals norjiens et par extensions de Kalfafell et d'Halvø s'étaient alors mobilisés pour obtenir des garanties et des soutiens dans ce contrat. Cela a amené le gouvernement à proposer une clause pour la construction d'une frégate sur le sol tanskien.

La ministre est donc venue aujourd'hui réaffirmé le partenariat stratégique entre Tanska et Teyla. Elle a notamment rendu visite aux employés tanskiens en formation sur la maintenance des navires afin de garantir la pleine indépendance tanskienne dans le maintien en condition opérationnelle des navires sans dépendance envers un autre pays. Cette visite est aussi l'occasion pour la ministre de « saluer le développement de la construction navale teylaise que nous attendions de longue date et que nous remercions pour leurs investissements dans la défense de la Manche Blanche, des pays partenaires et plus largement de la stabilité ». Quelques semaines seulement après l'intervention de l'OND en Manche Blanche, les propos de la ministre n'ont semblé surprendre personne. Il n'y a pas eu d'annonce supplémentaire lors de la brève conférence de presse donnée par la ministre et son homologue teylais.

En coulisse, la tribune de l'ancien premier Ministre Angel Rojas reste encore dans les têtes de nombreux officiels tanskiens. Publié dans Le Norjien (premier quotidien tanskien) le 18 novembre dernier, il y a presque un an jour pour jour, ils sont plusieurs à regretter de ne pas y avoir donné suffisamment suite. Si la réponse commune à la menace loduarienne a connu de grandes avancées matérialisées par des exercices communs, l'avènement du commandement unifié de l'OND et évidemment la réponse (opportuniste) sur l'oblast de Zladingrad. Cependant, les aspects culturels et humanitaire envisagés par l'ancien chef du gouvernement teylais n'ont eux pas connu de véritable développement. La ministre de la culture, Lynd Ingib, est restée particulièrement inaudible sur le sujet et, au sein du gouvernement tanskien, reste en marge. Celui-ci reste dominé par des questions économiques et sécuritaires qui monopolisent régulièrement la parole et les termes du débat indiquait un proche de la ministre. "On a parlé de culture aussi avec Caratrad, on a mis en avant des aspects culturels de Tanskien, on a augmenté des financements dans les provinces fédérales, et pourtant le sujet culturel reste au second plan" (propos recueillis par un journaliste du Norjien). La ministre a certes transmis récemment une lettre à la première Ministre pour exprimer l'importance de développer les liens culturels avec les pays alliés mais aussi d'accentuer d'avantage les aspects "démocratiques, humanitaires et civilisationnels de nos relations bilatérales", mais quels en sont les conséquences ?

Pour donner une preuve supplémentaire, il faut observer le cortège qui accompagne Kristine Svaane en visite à Teyla. Plusieurs représentants d'industriels, le représentant permanent de Tanska au siège manticorien de l'OND, deux attachés du ministère de l'économie, aucun attaché du ministère de la culture. L'hommage rendu à Francis Tormod, qu'appelait de ses vœux Angel Rojas par la création d'un prix de littérature Teylo-Tanskien a bien été validé au ministère, mais il n'a pas été accompagné politiquement et publiquement par des soutiens. Pour autant, les aspects plus politiques, sans être nécessairement sécuritaires, de la relation teylo-tanskienne se sont eux bels et bien développés. Soutien à la démocratie en Okaristan devenu Kolcovo, soutien à l'Espace Noor(d)croen, approbation mutuels d'espace de discussion d'un organe de justice et de définitions communes des droits humains. Si la mission humanitaire commune au Prodnov n'a pas vu le jour, principalement du au fait de la rapide accélération de la défaite de l'un des deux camps affirme-t-on dans le cabinet de Jaka Lakkas, la question de l'aide aux civils reste, elle, une lettre morte.

Néanmoins, d'après nos informations, la ministre tanskienne de la Défense serait arrivée aujourd'hui à Teyla avec une proposition de validation du groupe inter-étatique et ministériel pour l'humanitaire, co-signée avec plusieurs ONG tanskiennes dont la principale ONG humanitaire, Rauði krossinn (croix rouge). la raison de cette soudaine volonté de finalement répondre à la proposition teylaise serait l'attaque sur la centrale nucléaire de Klialine a reconnu un membre du cortège de la ministre. Dans l'urgence, le gouvernement tanskien semble enfin réagir.

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Ministère des Armées


CLASSIFICATION : LIMITEE
DIFFUSION : RESTREINTE OND

POINT DE SITUATION DES FORCES FARAVANIENNES PRESENTES EN TERRITOIRE TEYLOR AU 31/10/2013
NUMERO : 10-2013
ETAT-MAJOR DES ARMEES
le 31/10/2013
à Bandarhan

Le document est issu d'un point de situation destiné aux membres de l'Organisation des Nations Démocratiques quant aux opérations faravaniennes extraterritoriales et partenariales.

Au 31 octobre 2013, les forces armées faravaniennes sont pleinement engagées dans les opérations de sécurisation des fronts de l'Organisation des Nations Démocratiques. A ce titre, et dans le cadre d'accords bilatéraux signés avec les autorités du Royaume de Teyla, les forces faravaniennes sont amenées à opérer sur le sol taylor. A ce jour, le Faravan détient le commandement de deux bases installées au Royaume de Teyla et entretiennent une présente permanente à semi-permanente sur de nombreuses autres. Les dispositifs engagés s'articulent autour de la posture permanente de réassurance des fronts de l'Organisation des Nations Démocratiques d'une part, ainsi que de l'effort conjoint dans la collecte de renseignements menés bilatéralement et par l'alliance.

Les forces faravaniennes présentes au Royaume de Teyla s'articulent comme suit :

ARMEE DE TERRE
  • Plusieurs compagnies ayant une présence semi-permanente et participant à la posture de réassurance des fronts de l'Organisation des Nations Démocratiques. Egalement employées dans le cadre de l'entrainement continu avec les forces armées taylor en vue du développement de l'interopérabilité avec les armées alliées.
  • Détachement d'Etat Major pour le commandement et la coordination des forces faravaniennes avec le Royaume de Teyla.
  • Environ 800 personnels présents en permanence sur le sol taylor.

ARMEE DE L'AIR
  • 2 sites permanents de collecte et d'exploitation de renseignements d'origine électromagnétiques à la frontière avec la Nation Communiste de Loduarie. Interarmées. Commandés par le Faravan.
  • 1 avion de guerre électronique permanent affecté à la collecte et l'exploitation de renseignements d'origine électromagnétiques à la frontière avec la Nation Communiste de Loduarie.
  • 10 drones de reconnaissance permanents affectés à la collecte et l'exploitation de renseignements d'origine électromagnétiques et image à la frontière avec la Nation Communiste de Loduarie.
  • 10 à 20 avions de combat variés, semi-permanents, participant à la posture de réassurance des fronts de l'Organisation des Nations Démocratiques. Egalement employés dans le cadre de l'entrainement continu avec les forces armées taylor en vue du développement de l'interopérabilité avec les armées alliées.
  • Détachement d'Etat Major pour le commandement et la coordination des forces faravaniennes avec le Royaume de Teyla.
  • Environ 200 personnels présents en permanence sur le sol taylor.

MARINE NATIONALE
/nul/

LE DOCUMENT EST CONSULTABLE SUR AUTORISATION PREALABLE DES AUTORITES ACCREDITEES DE L'ORGANISATION DES NATIONS DEMOCRATIQUE ET DISPONIBLE AUX PROCEDURES DE DECLASSIFICATION A PARTIR DU 31/10/2113
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Playkirja
de TANSKE FRETTASTOFA


L'Agenda onédien. Madeleine Skolgund, secrétaire générale de l'Organisation des Nations Démocratiques pourrait prochainement faire circuler un projet détaillé d'agenda stratégique pour l'organisation, avec le soutien de l'administration tanskienne. Si vous n'avez rien compris à ce que cela signifie, soyez les bienvenus, lecteurs, lectrices à vos cafés, ils vous seront nécessaires.


MADELEINE SKOLGUND VEUT RENFORCER LA COLONNE VERTEBRALE DE L'ORGANISATION DES NATIONS DEMOCRATIQUES

Une histoire en trois axes. Sur la base de discussions ayant cours au sein de l'Organisation des Nations Démocratiques et avec le support du secrétariat général et d'une partie de l'administration tanskienne, Madeleine Skoglund ferait prochainement circuler un projet d'agenda détaillé pour l'OND, "l'Agenda Stratégique 2020" orienté autour de trois axes tenant à coeur à différents états : une organisation libre et démocratique ; une organisation forte ; une organisation prospère.

Qu'est ce que ça veut dire ? Chers lectrices et lecteurs, vous n'avez sans doute pas compris grand chose à ce que cela veut dire. C'est normal, c'est l'OND, mais on vous explique. L'objectif d'un tel texte serait de fixer un axe énonçant principes et mesures devant guider l'action de l'OND pour les six prochaines années, le tout en graissant la patte de chacun des Etats membres.

Libre et démocratique. Ce devrait être le premier et principal point du document. "Nous renforcerons notre résilience démocratique, en protégeant les citoyens, la liberté des médias, en luttant contre les ingérences étrangères et la déstabilisation", voilà comment devrait commencer le premier axe du document. Ouvertement inspiré des crises politiques qu'à traverser l'OND, il viserait à toucher avant tout aux aspects idéologiques des Etats membres.

La question de la justice. Malgré les demandes "répétées" de l'administration tanskienne, et en particulier du ministre de la justice à l'aile gauche de la majorité gouvernementale, La Secrétaire Générale de l'OND aurait décidé de ne pas retenir la question de la justice réhabilitative. La raison ? Une telle tournure de phrase risquerait de "grandement irrité" certains dirigeants politiques onédiens chez qui la peine capitale est encore pratiquée. D'après une source proche du dossier, bien que Tanska tenait à faire figurer cela dans le processus initial, l'entourage de Skolgund a réussi à convaincre les conseillers politiques de Jaka Lakkas qu'une telle tournure risquerait de provoquer un refus catégorique des nordistes de valider l'Agenda.

Une organisation forte. Le second axe viserait à affirmer le rôle d'acteur stratégique global de l'OND. "il faut sortir de l'ombre de l'ONC et devenir une troisième voie affermie" nous textait un proche de Skolgund ayant pris part à la formulation de cet axe. Au cœur de celui-ci trônerait ainsi la question du Commandement Unifié et de son intérêt accru tout en cherchant à "limiter au maximum" les références à l'Eurysie et à la Manche Blanche. Un proche collaborateur de Mar Loftsson, ministre tanskien des Affaires étrangères nous a indiqué, autour d'un café pris à Manticore, que l'orientation prise serait de favoriser Sylva, Faravan et l'Empire du Nord qui ont "peut-être trop entendus parler des problèmes en Manche Blanche et qui risquerait de voir l'OND comme l'organisation de la Manche Blanche". En d'autres termes, en accent les questions sécuritaires sur le commandement, la crise communaterranne ou Translave et d'autres questions sécuritaires, la proposition permettrait de sortir de l'omniprésence, que le conseiller estimait néanmoins "justifiée" de la Manche Blanche dans les affaires onédiennes.

Quid de l'industrie ? Ce même axe devrait aussi aborder la question de la défense au sens plus large. Serait ainsi repris la question du bouclier anti-balistique, de la coopération dans l'espace de la défense (en évitant soigneusement le mot militarisation) et en reprenant "possiblement" quelques éléments de langage issus des traités de Norja entre Caratrad et Tanska. L'objectif ici serait de parvenir, en plus de l'Agenda Stratégique, à la présentation, au printemps 2014, par Tanska d'un document clair sur la coopération spatiale, négocié avec les partenaires et qui ferait office d'annexe aux traités fondateurs de l'OND. D'après le directeur de l'ASTRE (Agence Spatiale Tanskienne pour la Recherche et l'Exploration), l'objectif serait ainsi de "parvenir à une coopération spatiale globale à l'échelle de l'OND, pour venir apporter une base solide aux discussions bilatérales entre Tanska et Caratrad, Sylva et Teyla, Sylva et Faravan, Faravan et Teyla, Empire du Nord et Sylva, etc.". Pour accrocher l'accord de certains Etats, Tanska pourrait renoncer à quelques investissements dans ses propres infrastructures spatiales, au profit de Faravan ou d'un centre de recherche dans l'Empire du Nord par exemple.

Une Organisation propsère. Le dernier point, et sans doute le plus sensible. Il devrait mettre l'accent sur la compétitivité et sur l'industrie en particulier sur l'innovation et les secteurs énergétiques. Santé, 3G/4G, semiconducteurs devraient être au centre du document. L'idée, d'après un membre du bureau de Skolgund, serait de de faire figurer des idées émises par les états membres dans leur ensemble pour donner une forme de colonne vertébrale sur les années à venir. La difficulté selon ce même informateur ? Ne pas donner l'impression que l'Agenda Stratégique viendrait couper l'herbe sous le pied aux propositions nordistes en matière d'économie. "Au contraire, il s'agit d'inscrire leur proposition dans une vision à long terme, un objectif pour l'OND"

L'inconnu de l'extérieur marque par son absence. Dans les documents consultés par Playkirja et le Norjien, il n'est pas fait mention des relations avec d'autres organisations telles que l'ONC, le Liberalintern dont on sait pourtant que des discussions sont en cours, l'UEE, ou encore les nouvelles Union Internationale du Communisme et du Socialisme et Alliance pour la Sécurité Economique Aleucienne. Si l'avant dernière devrait recevoir un accueil mitigé par les membres, car organisée par la Loduarie, l'ASEA pourrait être bien vu de l'Empire du Nord ou encore de Teyla. L'Agenda devrait être présenté au Conseil Général avant le début de l'année 2024.


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Vous avez le salut de par dessus la frontière.
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Nous sommes le premier décembre. Le mois de novembre vient tout juste de se terminer, et l'on sent que l'année 2013 va bientôt se terminer. Qu'une page va se fermer. Que tous les événements de cette année, tristement malheureux comme regorgant de bonheur, violemment célèbres comme porteurs d'espoir, vont finalement par se retrouver à l'occasion dans les livres d'histoire. Certains plus que d'autres, c'est sûr. Mais une page va bientôt se refermer, pour laisser place à une nouvelle année, très prochainement. Des événements vont prendre fin. Pas le cercle de la violence. Non, ce serait trop en demander à l'être humain. Lui, il continuera à tourner, éternellement, écrasant tout sur son passage.

Nous sommes le premier décembre, et l'eurysie de l'ouest, qui est déjà à feu et à sang en un point, va devenir le lieu d'une toute nouvelle tension.
À la frontière Teylaise, plusieurs milliers de soldats sont apparus dans la nuit, eux et leur matériel. Et au petit matin, c'est une procession terrifiante qui se met en place par delà le frontière.

Des hommes en armes, prêts à en découdre, attendent les ordres. Celui-ci n'est tombé, mais il ne saurait tardé si les conditions sont réunies.

La Loduarie n'aura pas de scrupule à franchir la frontière dans le cas où elle même ferait de même ailleurs, ou aiderait quelqu'un à le faire. Que ce soit au niveau terrestre, aérien ou naval.

Des hommes en armes attendent les ordres.
2029

Ministère de la Défense Nationale - République Fédérale de Tanska


CLASSIFICATION : LIMITEE
DIFFUSION : RESTREINTE OND

POINT DE SITUATION DES FORCES FEDERALES TANSKIENNE PRESENTES EN TERRITOIRE TEYLOR AU 02/12/2013
NUMERO : 12-2013
ETAT-MAJOR GENERAL
le 02/12/2013
à Norja

Le document est issu d'un point de situation destiné aux membres de l'Organisation des Nations Démocratiques quant aux opérations tanskiennes extraterritoriales et partenariales.

Au 2 décembre 2013, suivant la résolution 1999 du Conseil Militaire de l'Organisation des Nations Démocratiques, les forces armées tanskiennes ont instauré un dispositif permanent et un dispositif semi-permanent sur le sol teylais dans le cadre de la sécurisation de son intégrité territoriale. Les forces tanskiennes permanentes sont placées sous le commandement de l'UNEURCOM et stationnées sur la base de Valorian. Les Forces tanskiennes non permanentes sont en rotation parmi les différentes bases de l'armée royale teylaise.

Les forces tanskiennes présentent sur la base de Valorian s'articulent comme suit :

  • Escadron de chasse 2/25 "Visby" sur Derepli V-16D Block 20.
  • Un détachement de reconnaissance aérienne électromagnétique et imagerie sur drones de reconnaissance longue portée affecté à la surveillance des manœuvres loduariennes à la frontière.
  • Un détachement d'Etat-Major pour le commandement et la coordination avec le reste des forces (tanskiennes et alliées) déployées dans le pays.
  • Une batterie de défense anti-aérienne anti-missile complète.
  • Environ 600 personnels permanents.

Les forces tanskiennes semi-permanentes en rotation sur les bases de l'armée royale teylaise.

  • 3e bataillon de cavalerie motorisée
  • 104e bataillon combiné de la 47e brigade mécanisée
  • 2e Compagnie de soutien avancé du 489e bataillon de support de la 47e brigade mécanisée.
  • Détachement d'Etat-Major de la 47e Brigade mécanisée
  • Détachement d'Etat-Major général pour le commandement et la coordination avec le reste des forces (tanskiennes et alliées) déployées dans le pays.
  • Environ 2000 personnels semi-permanents.

L'ensemble des personnels permanents et semi-permanents participent aussi à des exercices conjoints avec les forces royales teylaises et les forces alliées présents dans le pays dans le cadre du renforcement de l'interopérabilité.
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Concour de regard entre Teyla et la Loduarie !

Voilà que la Loduarie Communiste réitère ses provocations frontalières avec le Royaume de Teyla, répétant une boucle de tension initiée il y a bien longtemps par un manque flagrant de courtoisie diplomatique. Prenant en considération les enjeux, d'un côté militaire avec l'irrationalité typiquement loduarienne qui pourrait amener à une véritable opération armée, et de l'autre politique avec une volonté de ne pas laisser passer les manquements du voisin de son allié, le Duché de Sylva a pris pour décision de lui aussi répéter ses procédés.
Empruntant le même chemin, arriveront en renfort pour compléter les éléments sylvois déjà présent en Teyla :
-20 chasseurs-bombardier, 10 de huitième génération et autant de troisième,
-10 avions de chasse de sixième génération,
-1 avion radar de facture kah-tanaise de sixième génération,
-1 avion de guerre électronique de cinquième génération,
-20 avions de transport tactique de sixième génération transportant eux-mêmes :
-4 véhicules radar de cinquième génération,
-4 véhicules de transmission radio de sixième génération,
-12 lance-missiles antiaérien mobile de deuxième génération de facture teylaise.
-Et enfin 10 avions ravitailleur, dont 5 de troisième génération et autant de sixième génération.

Considérant l'impulsivité caractéristique de la classe dirigeante loduarienne (autant dire un homme unique) et son spectre d'interprétation différent des menaces et intentions de ses adversaires, il est considéré avec beaucoup de sérieux que le régime communiste puisse s'emballer et commettre le pire sur un pur malentendu.
C'est pour cette raison qu'est préparée, mais pas envoyée, une petite force de projection navale incluant le porte-hélicoptère et le transport de chalands de débarquement, embarquant une quarantaine d'hélicoptères et deux centaines de véhicules, blindés comme artilleries. Cette préparation se limite à une simple planification des mouvements de troupes, rotation, effectifs et ressources disponibles et mobilisables, mais ne va pas plus loin.

Pour en revenir à l'aviation envoyée en renfort, elle effectuera son voyage en profitant de la couverture radar de l'awac particulièrement large pour anticiper les appareils et navires alentours. Si de légers détours pourront être opérés pour les éviter, les procédures son clair : adopter une attitude ferme par radio auprès des éventuels appareils tentant la moindre interception. Le trajet se faisant loin des côtes, rien ne justifie la moindre interception, et le convoi est particulièrement sensible, autorisant un ton que l'on pourrait qualifier de direct et clair de la part des opérateurs radios. Pour ce qui serait de réponses plus concrètes, elles sont laissées à l'appréciation des pilotes selon le contexte.
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L'Unité, organe de presse officiel du Parti Eurycommuniste Velsnien a écrit :

Drapeau


Guiseppe Lauda, 9 décembre 2013 (traduit du velsnien standard au tanskien et teylais)

Incident du Croiseur Amiral Geraert-Wojtkowiak : la terreur comme mécanisme et conséquence de l’impérialisme



C’est l’histoire d’un bateau et d’une escadrille d’avions, cela sonne comme le début d’une mauvaise blague. Un incident comme il en existe en Eurysie de façon quasi-quotidienne, tant notre continent est secoué par des puissances incapables de saisir la cause de leurs malheurs et dirigées par des enfants immatures, lesquels font généralement en sorte que ceux qui se débrouillent par eux même sombre avec eux s’il le faut. Bien entendu, nous savons déjà qui en est à l’origine. Pour nos lecteurs qui nous suivent depuis la crise de Zladingrad, vous connaissez d’ores et déjà le principe tutélaire de l’Organisations des Nations dites démocratiques : tirer les premiers et en accuser ensuite. Cette affaire sonne comme un douloureux cas d’école des conséquences que peuvent avoir la politique impérialiste de quelques pays sur l’ensemble de son voisinage, et les effets fondamentalement néfastes que ces derniers ont sur leurs propres peuples. Encore une fois, ce n’est pas coutume, la nation de la Loduarie Communiste fait les frais de ces intérêts bellicistes. Nous allons donc tâcher du mieux que nous le pouvons, de décrire cette mécanique infernale qui permet encore une fois aux coupables de se faire passer pour victimes, dans un manège qui dure et qui va en s’aggravant à chaque crise.

Comme toutes les histoires de ce genre, son origine est se tire d’égos froissés de puissances qui ne se cachent plus de leurs ambitions mortifères. Le point de départ se trouve dans ce beau voisin qu’est le Royaume de Teyla. Une affaire de frontières, des garnisons déployées, une réponse disproportionnée qui se termine en drame… Depuis plusieurs mois, le Royaume de Teyla est de ces puissances qui se complaît dans un armement massif de son armée, dans une dynamique de montée des tensions et de l’émergence d’une guerre froide entre l’OND et la seule Loduarie Communiste. D’abord l’affaire de l’Okaristan, qui avait débouché sur la sauvegarde d’une partie du territoire du régime légitime, renversé par des putschistes à la solde de ces fameuses démocraties que sont Rasken et la Tcharnovie. Ensuite, l’affaire translave et Zladingrad où l’OND s’est drapée d’un prétexte de rupture de traité pour empêcher des représailles de la Loduarie à l’encontre de l’un des régimes les plus ignominieux de ce beau monde. Tout cela pour terminer coiffés au poteau d’un Pharois trop heureux de se renforcer toujours davantage. Ainsi, nous avons un bien beau tableau : la Loduarie, pays diplomatiquement isolé et ne faisant pour ainsi dire partie d’aucune alliance militaire, serait une menace mortelle pour un groupe de pays dont l’armement est en théorie supérieur au croque mitaine qui ont fini par se fabriquer eux même, et ce dans le but de justifier la militarisation de leurs régimes. Le serpent qui se mord la queue.

Les causes immédiates, elles, sont toujours du même ressort et ne servent qu’à justifier les ambitions au long cours: la justification floue est de mise. Tout commence avec un déploiement de l’armée loduarienne à sa frontière, comme il arrive régulièrement dans le cadre de cette guerre froide que se livrent ce pays et le Royaume de Teyla. Jusque-là, rien d’anormal. Comme c’était arrivé pour la fameuse affaire du panneau, Teyla répond à la mise en garnison par la mise en garnison, vous me direz ? Non, cette fois fut différente, car dans cette escalade, Teyla ne s’est pas contenté d’aligner les billes, le royaume a surenchérit dans un mécanisme dangereux de déséquilibre des puissances, qui d’un coup, conduit à une situation beaucoup plus dangereuse. C’est ainsi que Tanska s’est joint à la fête en mobilisant des troupes sur le territoire teylais, de même qu’un pays qui n’a que peu à faire dans la géopolitique eurysienne, mais qui est lié par traité à l’OND : Sylva, lesquels se sont empressés de faire envoyer flottes et aviation en Eurysie. L’intérêt de cette situation est le suivant : la Loduarie est une puissance seule, que Manticore peut défier sans le moindre soutien en théorie. Et la classe politique teylaise en a pris toute la conscience. Dans ce cadre, au nom de quoi un simple déploiement à une frontière, un comportement loduarien pour ainsi banal, a pu déclencher une réaction aussi disproportionnée ? En vérité, peu d’éléments peuvent aller dans le sens d’une bonne cause, et rien ne justifie les évènements qui vont suivre, excepté l’orgueil blessé des nations impérialistes. L’orgueil de nations qui ne supportent tout simplement l’existence de la Loduarie parce que, malgré ses défauts, cette entité est une puissance porteuse d’un modèle politique autre que le leur et qu’ils ne peuvent contrôler. Le voilà, le ressort de l’impérialisme.

Tout ceci nous mène logiquement au drame, que nous n’avons pas évoqué et qui est pourtant le titre de notre article. Toutes les informations, à l’heure actuelle, ne nous sont pas parvenues, mais en voici une qui devrait éclipser toutes les autres : 300 morts. 300 morts, le prix de l’impérialisme onédien est palpable et visible, contrairement aux peurs que ces puissances agitent à tout bout de chant comme un épouvantail. Ce matin, lorsque le croiseur loduarien a fait la rencontre de l’escadron sylvois, tout portait à croire que la situation déboucherait sur les habituels duels d’égo à distance dont sont friands ces puissances. Un avertissement lancé par ci par là tel qu’il est coutume en Eurysie. Mais que nenni. Que la Loduarie ose répondre à la provocation par la provocation ? C’était déjà de trop pour les égos froissés de Sylva. A la provocation, Sylva répondit par la mort. 300, pour être précis. Inutile de faire davantage étalage de ce carnage, nous attendons d’avoir des informations supplémentaires à ce sujet.

Toujours est-il que cela a eu la réaction que l’on attendait de la part des alliés onédiens de Sylva : la fameuse indignation à géométrie variable de l’agresseur face à l’agressé, alors même que le tout de l’affaire n’est pas encore révélé et qu’il n’y a eu aucune forme d’enquête. La Loduarie est automatiquement coupable de tous les maux, comme si elle-même avait fait bombarder son croiseur qui a provoqué la mort de plusieurs centaines de marins, comme si l’existence même de la Lodurarie justifiait sa mise à mort. Un mécanisme qui n’est pas sans rappeler les pires penchants conduisant à des génocides. Cela nous permet de tirer une leçon : pour l’OND, jamais ses membres ne sont coupables de quoi que ce soit, aucune forme de remise en question n’est nécessaire, aucune provocation n’est de leur fait, l’exercice du droit n’est réservé qu’à eux et à personne d’autre. Et gare à celui qui contredirait ce scénario déjà écrit, car l’OND n’a guère attendu d’avoir le moindre rapport pour lancer ses accusations. L’heure n’est décidément plus à l’équilibre des forces en Eurysie : pour l’OND, tout ceci est déjà terminé, la nouvelle ère qui vient sera le lieu de leur hégémonie, ou ne sera pas.





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6 décembre 2013, siège de l'OND à Manticore.

Madeleine Skolgund arriva à une réunion de quelques conseillers tanskiens de l'administration centrale au siège de Manticore. Les sylvois venaient de préciser des détails des événements et cela contredisait son intervention piblique faite il y a une heure. Elle entra dans la pièce, richement décorée, trouvant une demi-douzaines d'hommes et de femmes en costume, l'air parfois fatigué, stressé mais d'arrache pied. Dans la salle rien d'ordonné, plusieurs téléphones fixes posés au milieu de la table sonnaient régulièrement, des feuilles volaient, des notes arrivaient, des petits mots écrits repartaient. Tanska était en ébulition et l'administration du pays semblait s'être donné rendez vous dans cette seule petite salle, dans un autre pays.

Skolgund : "Philip, on peut se parler 5 minutes ?"

Philip Røckartson, conseiller politique à la délégation tanskienne regarda Madeleine puis se leva rapidement sans dire un mot. Ils sortirent en direction des jardins du siège de l'Organisation trouvant rapidement un coin calme, sans personne autour et qu'ils savaient sans mouchard, et pour cause, les services de renseignements tanskiens s'en étaient assurés. Madeleine alluma rapidement une cigarette.

Skolgund : "Les sylvois viennent de nous partager plus d'informations. Les Loduariens n'ont pas abattu les avions dès le début mais pendant l'engagement. J'ai menti.

Philip : - Non tu n'as pas menti, tu t'es trompée, ça arrive.

- Oui, mais je n'ai pas le droit de me tromper. Les sylvois et teylais m'ont dit que j'avais toujours leur soutien, les autres devraient suivre.

- Démissionnes.

Madeleine arrêta de fumer nerveusement sa cigarette, la fumée toxique resta dans ses poumons, elle toussa pour la première fois depuis 17 ans.

- Comment ça je démissionne, la crise est en cours et ils me soutiennent.

- Tu démissionnes Mad. Tu écris une belle lettre, tu leurs cires les pompes, tu les remercies de l'honneur qu'ils t'ont fait, et tu dit que tu pars. Naturellement ils vont la refuser, tu en écris une seconde, tu l'envoi à la presse, où tu précises que tu partiras dès qu'ils auront trouver un remplaçant, une remplaçante, peu importe. Ils ne pourront que l'accepter.

- Mais pourquoi je démissionnerai Philip ? Je viens de te dire qu'ils m'accordaient leur soutien et qu'ils enterreront ma faute.

- Ils l'enterreront, les tanskiens l'oublieront aussi, mais c'est pas dans ton intérêt. Non, tu reconnais ta faute, tu reconnais que tu aurais pu rester mais que l'intégrité et l'enjeu du poste méritent qu'une faute ne soit pas excusable, tu démissionnes. Mais tu ne pars pas tout de suite, je te l'ai dit Mad', tu pars quand ils auront trouvé quelqu'un, mais tu le dis maintenant. Personne n'aura le temps de te sauter dessus si tu pars aussi tôt. En le faisant maintenant, tu sors grandie, la tête haute, mais sans partir en pleine crise. A la maison personne ne pourra t'attaquer, si ils t'attaquent, ils attaquent l'union, le pays et la paix en pleine crise alors que tu es déjà partie, ce serait suicidaire. Mais en partant, tu instaures une règle, pas pour ici, le prochain Secrétaire Général pourra aussi se tromper et il se trompera sans qu'il ait à démissionner. Non, tu l'instaures pour Tanska. T'as fait une fausse note mad, mais la politique c'est comme le jazz, si tu répètes ta fausse note, ça devient une intro culte et tout le monde la jouera.

- Je ne vois pas où tu veux en venir.

- Tu es trop importante pour Jaka. En partant d'ici, elle devra te remettre à un poste à la maison, l'opposition voudra d'attaquer pour ta faute ? demande comment eux ont réagit à chacune de leur faute ? Qui à eu l'honneur de remettre son poste en jeu, qui à eu le respect suffisant pour sa fonction, et l'intégrité de celle-ci, en partant ? Personne. Si ils critiquent ton futur poste, tu ruines leur carrière, les tanskiens n'y verrront que du feu. T'auras pas commis une faute Mad, t'auras fait un acte d'une grande bravoure politique en gérant une crise jusqu'au bout, en protégeant l'intégrité de ton poste, et en sauvant la paix.

- La paix, tu parles, les Loduariens pourraient décider de répliquer et c'est la guerre.

- Ils peuvent, mais ils ne le feront pas. La Loduarie fonctionne à la peur. La peur ça se contrôle, ça se provoque, ça s'instrumentalise, ça se gère. Si ils déclarent la guerre, ils sautent dans l'inconnu, ils ne sont plus maître du jeu mais seules les armées le deviennent. Non il ne le fera pas. Lorenzo tiens son pays par la peur. Tu sais pourquoi ? Parce qu'il promet un rêve à sa population, celui du communisme, et tu sais ce qu'il a fait pour le communisme depuis qu'il a le pays ? Rien. Les prolétaires ? Il les envoi mourir à l'autre bout de l'Eurysie. Le pouvoir aux ouvriers ? Il est entre ces seuls mains. Et il justifie ça par la peur. Pas par la peur qu'il inflige à sa population, non par la peur de l'extérieur, par la menace. Il justifie son existence par la sauvegarde de la Révolution. En disant que l'extérieur, que l'étranger menace le pays et la révolution, menace l'idéal communiste à venir, il justifie les mesures d'exceptions, il justifie la torture, la censure, le contrôle, la dictature, il justifie l'armée. Il se place en protecteur, en gardien de ce qui menace l'avenir. En faisant ça, plus besoin d'évolution dans le pays, ce n'est pas le moment, ça n'est pas l'heure. l'heure est à la défense de la nation et de la révolution. Quiconque le contredit devient un traitre à la révolution, quelqu'un qui remet en cause ses acquis alors qu'il n'y en a pas, quelqu'un de l'extérieur, donc tout le monde se tait. Et tu sais ce qui se passera dès lors que la Loduarie n'aura plus de menace extérieure inventée ? Les Loduariens, plus obligé de se rallier autour du drapeau et de la défense du pays ils vont commencer à regarder l'idéal qu'on leur promet et qu'ils ont défendus, ils vont regarder l'idéologie et l'avenir qu'on leur vend. Ils vont avoir des attentes. Et quand ce jour arrivera, Lorenzo aura perdu son pouvoir parce que l'idéal qu'il annonce comme vent et merveilles oblige qu'il le perde. Et ça il ne peut pas se le permettre. Donc la Loduarie a besoin de cette peur, de cette menace à agiter, et pour ça, elle a besoin de l'OND. Peut-être qu'un jour il franchira le pas de la guerre, peut être, mais l'OND gagnera, j'espère, et là aussi, il aura perdu, mais pas juste le pouvoir.

Madeleine se tut quelques instants, termina sa cigarette, en silence regardant le parc autour d'elle. Elle la jeta puis l'écrasa.

- Je démissionne, et après ?

- Après ? Après tu deviens première Ministre je te l'ai dit.

- La première Ministre c'est Jaka, et elle sera réélue tu le sais tout aussi bien que moi Philip.

- Sauf si vous alternez. Les élections c'est dans un peu plus de deux ans. Jaka va devoir te replacer quelque part, et elle le sait. Sans travail, sans poste, tu deviens juste une personnalité publique sur les plateaux à l'honneur sauf et à la parole importante, donc une perturbatrice. En te replaçant elle t'offres un travail et achète ton silence , mais tu prépares ton terrain. Ta circo est aux mains des centralistes t'as de la chance, dans deux ans tu la gagnes, Jaka aussi, soit elle te file un ministère et garde son poste, soit vous échangez, quoi qu'il en soit dans deux ans tu es ministre.

- Ma circo ? elle est aux mains de Pekkala, il la tiens depuis 15 ans, elle est imprenable il a fait 62% il y a 3 ans.

- Oui mais il a déjà fait des fautes. En cas de débat contre lui, tu ne parles que de ça, de comment il a protéger sa fonction, pas de son bilan.

- En faisant ça et en l'emportant je m'obligerais à démissionner à ma première faute politique, c'est intenable.

- C'est différent. Tu seras élue, oui, mais tu seras nommée ministre, peut être cheffe du gouvernement, et dès lors ton poste tu le remets en jeu devant les autres députés, pas les habitants. Et tu sais quoi ? Ils te feront pas sauter, sinon ils perdent leur gouvernement ou s'obligeraient à faire de même en cas de faute de leur part. Sauf si évidemment ta faute est trop grave, mais non, ils te sauveraient et ta légitimité avec.

Madeleine savait qu'il avait sans doute raison. Elle savait aussi que Jaka l'avait placé à ce poste là pour la sauvegarder d'un poste de ministre qui serait arrivé trop tôt, et de l'exposition médiatique qui arrivait après. Encore deux ans ici, et ses chances d'élections à Tanska serait réduites parce que personne ne la connaissait vraiment et ne connaissait son poste. En partant maintenant, elle avait deux ans pour être connu, et avec l'aide de la première Ministre, elle le serait. Elle prit son téléphone, décrocha le numéro de la première Ministre et parti en direction de son bureau de Secrétaire Général, Philip retourna au sien.

discussion entre Philip Røckartson et Madeleine Skolgund
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L'opération au Valkoïnenland, ou comment voler un combat honorable pour son propre profit.

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Des véhicules blindés Tanskiens en opération sur le territoire Tanskien, image d'illustration.

Un tel coup était prévisible, venant de la part de pays membres de l'OND. Après tout, ne se prétendent-ils pas les défenseurs du camp "démocratique" et "libre" ? Comment ces valeurs là, ô combien incarnés par 3 pays, ne pourraient pas justifier une invasion d'un pays tiers ?
Cela ne vous rappelle pas quelque chose ?
Et oui, un relent d'impérialisme pur nous arrive au nez. Le même que lors des précédentes interventions de l'OND, au Prodnov comme au Kronos, qui ont eu des conséquences finalement dramatiques et vaines, pour rappel. À savoir, une guerre fratricide au Prodnov, et une catastrophe humanitaire sans précédent au Kronos.
Mais pourquoi donc des pays membres de l'OND, en l'occurrence notre voisin direct Teylais, notre opposant international auto-proclamé Tanskien et le timide Royaume de Caratrad, ont initié une opération d'invasion de la région du Hvítneslånd du Valkoïnenland ?
Voici donc un peu de contexte : il y a un peu moins de deux ans, le Valkoïnenland tombe dans une guerre civile, et le Hvítneslånd, contrôlé par des milices facistes, déclarent son indépendance, non reconnue par le Valkoïnenland, ce qui fait, légalement, du Hvítneslånd un territoire toujours sous souveraineté du Valkoïnenland.
Le temps passe jusqu'au premier janvier, ou les 3 états de l'OND, cités au dessus, décident d'envahir le Hvítneslånd pour résoudre ce problème de facisme, sans demander l'avis à personne, agissant de leur propre fait et négligeant totalement la souveraineté du Valkoïnenland, pourtant possesseur légitime du Hvítneslånd.
Si il est certain que le combat contre le facisme est une bonne chose, et qu'il ne doit pas s'arrêter, il y a des règles tacites. Car l'opinion publique et notre pays ne reproche pas à l'OND ce combat là, mais bien l'impérialisme qui en découle.
Car pénétrer militairement un territoire souverain sans son autorisation, c'est une invasion, et également un acte d'impérialisme. Et que récupérer le combat des autres pour son profit personnel, c'est également un acte d'impérialisme. Car ne nous méprenons pas. Que les pays ayant attaqué le Hvítneslånd combattent le facisme chez eux, ou chez leur allié, cela sera une bonne chose. Mais qu'ils le fassent à la place de ceux qui ont une légitimité à le faire, et ça devient de la récupération.
Soyons lucides. Teyla, Tanska et Caratrad n'attaquent pas par bonté d'âme, ils ont un projet plus grand derrière cette action. À savoir renforcer leur puissance, leur hégémonie, et leur gloire. Le facisme au Hvítneslånd n'est qu'une excuse pour ces pays là, ne nous méprenons pas.
En attaquant le Hvítneslånd, ces pays révèlent au grand jour leur impérialisme, menacent la stabilité de la région, et se servent de leurs voisins pour leur profit personnel. Soit, en résumé, exactement les arguments qui furent utilisés à tord et à travers à l'encontre de notre pays lors de nos interventions militaires à travers le monde, comme en Okaristan ou en Translavya. En agissant au Hvítneslånd, ces pays révèlent un visage que notre pays n'a cessé de décrire, et font preuve en même temps d'une hypocrisie des plus grandes.
Une chose est sûre : l'OND n'est plus aussi inoffensive qu'on le pensait auparavant.
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The Outsider walks among us

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C’était le printemps. Le tout début du printemps dans les mers du nord, quand les températures remontent timidement sans qu’on ose encore trop y croire. Jules Vinsonge s’était attardé devant les grilles du parc floral de Manticore, où s'alignaient plusieurs rangées d'arbres encore passablement dépouillés de leurs feuilles. Au pied des arbres, les perce-neige avaient fleuri en petites touffes blanches et son psychologue lui avait conseillé de prendre davantage son temps, quand il en avait l’occasion, pour observer la nature. Ce n’était pas vraiment quelque chose auquel Jules Vinsonge était habitué. Fonctionnaire pressé, urbanisé jusqu’à la moelle, il ne se souvenait plus de la dernière fois où il avait touché de l’herbe avec sa main. Sans doute lors du dernier pique-nique estival avec les collègues, sans doute.
Les perce-neige avaient l’air bien solitaires comme ça plantés au bord du parterre. Dans quelques mois il y aurait des fleurs ici, les allées gravillonneuses en seraient bordées de chaque côté. Quand il passait dans la rue qui longeait le parc floral en été, le parfum le saisissait toujours et il se disait tient ralentissait le pas un peu, regardait à travers les grilles comme maintenant, tâtait ses poches pour s’assurer qu’il avait bien pris ses mouchoirs puis reprenait son chemin. Il ne prenait presque jamais le temps de s’arrêter. Depuis quinze ans que Jules Vinsonge travaillait dans l’administration, il avait fini par connaître le chemin de chez lui jusqu’aux bureaux comme sa poche et il savait précisément à quelle heure partir pour arriver avec cinq minutes d’avance. L’avantage de faire le trajet à pied était qu’il n’y avait jamais d’imprévu, à condition bien sûr de ne pas s’arrêter sur le chemin.

Alors qu’il fixait toujours les perce-neige, Jules Vinsonge réalisa soudain que son esprit s’était mis à dériver. C’était de plus en plus fréquent ces derniers temps, depuis que son psychologue avait mis des mots nouveaux sur sa situation. « De ce que vous me dites, vous avez plusieurs symptômes dépressifs » avait expliqué le psychologue d’une voix calme et Vinsonge de s’étonner « Mais tout va bien ! ». Le psychologue avait secoué la tête d’un air concerné. « Jules, vous venez en consultation depuis un mois, chaque semaine, personne ne vous y a forcé, alors essayons de regarder la situation en face : perte d’appétit, fatigue chronique, des difficultés à trouver le sommeil, un sentiment d’ennui profond, ce sont des symptômes dépressifs. Je ne vous dis pas que vous êtes dépressif, mais vous avez des symptômes et il faut que nous nous en occupions. »
Jamais ô grand jamais Jules Vinsonge n’avait pensé qu’il puisse être dépressif. C’est qu’il n’avait pas de raison d’être malheureux : il était pressenti pour obtenir une promotion, son travail le passionnait, et il faisait du sport : une fois par semaine, le mardi et une fois par semaine, le vendredi, il allait boire un coup avec ses collègues. D’ailleurs une fois par semaine le mercredi il regardait son émission préférée à la télévision et une fois par semaine le samedi il allait au marché. Enfin, une fois par semaine le lundi désormais il avait rendez-vous chez le psy. Sa vie était réglée de manière tout à fait exemplaire selon un rythme qui lui assurait des divertissements, un peu de compagnie humaine et beaucoup de concentration au travail. Voilà cependant, il fallait bien reconnaître que depuis quelque temps les choses avaient commencé à se dérégler malgré lui.

- Depuis combien de temps suivez-vous cette routine, Jules ? avait demandé le psychologue de sa voix douce. Jules Vinsonge l’entendait encore cette voix dans sa tête, avec son léger accent qu’il ne resituait pas.
- Dix ans, je dirai, avait répondu Vinsonge.
Le psychologue avait hoché la tête. « Peut-être vous faut-il un peu de nouveauté pour commencer ? Vous pourriez commencer par des choses simples, changer de trajet pour aller au travail par exemple. Par où passez vous exactement ?
- Par le Boulevard Catherine II, je remonte la promenade et je longe le parc jusqu’au ministère.
- Ah, avait fait le psychologue en notant quelque chose dans son carnet. Et au parc vous vous y arrêtez de temps en temps ?
Vinsonge avait fait non de la tête.
- Ça pourrait vous faire du bien. Je sais que ce sont des détails qui peuvent sembler insignifiants Jules mais de ce que vous me racontez j’ai l’impression que vous avez un vrai problème de routine, si on peut appeler ça ainsi. Vous faites les mêmes choses depuis dix ans et votre corps commence à demander du changement même si votre tête l’ignore peut-être encore. »

Le psychologue n’a pas tort, pensait Vinsonge en continuant de fixer ses perce-neige. Je devrai essayer de nouvelles choses.

C’était difficile à concevoir pour lui. Célibataire endurci, homosexuel complétement refoulé il ne s’était jamais senti attiré par une femme et refusait de s’imaginer avec un homme. Il vivait donc seul et, avec le temps, avait fini par se persuader que cela lui convenait ainsi. Il avait ses habitudes, ses marques, son emploi du temps. Aux yeux de ses collègues et de ses supérieurs, cela faisait d’ailleurs de lui un fonctionnaire exemplaire : ponctuel, sympathique mais pas exubérant, il traitait ses dossiers avec rigueur et assiduité. En outre, Jules Vinsonge se pliait très volontiers aux règlements, quels qu’ils soient, et de fait jamais on n’avait eu quoi que ce soit à lui reprocher en matière de sécurité. Il anonymisait consciencieusement les dossiers, s’assurait de toujours finir ce qu’il avait à faire au travail, quitte à terminer tard, ne parlait pas de ses fonctions à sa famille et même pas à ses collègues qui pourtant des fois se laissaient un peu aller à bavarder, surtout après avoir bu une bière. On ne travaillait pas à la sécurité si l’on n'était pas capable de se maîtriser un minimum et de donner des gages de fiabilité et Jules Vinsonge était l’un des employés les plus fiables du ministère. C’était sans doute pour cela qu’on allait lui donner une promotion.

Comment se faisait-il alors qu’il se sente si las ? Le psychologue avait comme mis un pied en travers d’une porte dans l’esprit de Jules Vinsonge et ce qu’il apercevait, même à demi, dans son entrebâillement révélait une pièce vide. Un pan de sa vie qu’il n’avait jamais rempli avec rien et s’était persuadé que cela n’en valait pas la peine, que la maison était trop grande pour lui de toute façon, qu’il n’avait pas besoin de ça pour être heureux. En cela, il avait peut-être eu tort, mais c’était difficile de se l’avouer. Si Jules Vinsonge avait eu tort, s’il avait eu tort de considérer un peu dédaigneusement les vies des autres, dissolues, pleines de problèmes et de prises de tête, s’il n’avait pas été si intelligent que ça en se préservant des ennuis et des angoisses qu’inévitablement charrient l’inconnu et la nouveauté, s’il n’avait pas été plus malin mais plus lâche, à se refuser de vivre pour s’épargner la complexité du monde, alors la vie de Jules Vinsonge n’avait aucun sens. Alors son petit emploi du temps bien rangé n’était pas une preuve de rigueur mais de médiocrité. Alors ses séries, sa séance de sport, son trajet toujours le même, ce n’était pas le signe d’un esprit clair et rigoureux, mais celui d’un être dépassionné et sans aucune fantaisie.

- Vous avez des amis ? avait demandé le psychologue. Et Jules d’affirmer Oui ! en pensant à ses collègues, aux soirées du vendredi soir au bar, où ils buvaient une bière, une pinte, pas deux par contre, sinon il se réveillerait tard et alors il raterait le marché le samedi matin. Sont-ce là mes seuls amis ? se demandait Jules Vinsonge et la réponse était oui. De si bons amis qu’il ne connaissait aucune de leurs dates d’anniversaires et qu’ils n’étaient jamais partis en vacances ensemble, qu’ils n’avait jamais dînés ensemble. Jules eu soudain l’impérieuse envie de refaire le monde avec un ami, de marcher dans le parc floral, de profiter qu’il faisait encore froid à Manticore pour avoir le parc pour eux tout seuls et se promener sous les arbres sans feuilles. Il avait envie de parler et d’écouter aussi. Ça lui manquait avec son psy, c’était un gars sympa mais payé pour l’écouter lui, ils se vouvoyaient d’ailleurs même s’il l’appelait par son prénom. Ce n’était pas un ami, ça, c’était un psy, et Jules réalisait maintenant qu’il avait envie d’un ami. Pas d'une relation à sens unique, de quelque chose qui se construit réciproquement et si possible sans parler boulot et sans payer la séance à la fin.

Le sentiment que lui procura cette soudain épiphanie le transporta d’angoisse et de joie. C’était si simple et si vertigineux à la fois… il fallait qu’il en parle à son psy, oui, qu’il lui explique ce qu’il avait compris et son psy serait de bons conseils, ils trouveraient un moyen ensemble et alors adieux les symptômes dépressifs ! adieux la pièce vide dans son cœur, il avait soudain envie de tout remplir, de refaire la décoration de fond en comble.

Il se rendit d’un pas léger au ministère, ce jour-là, et se surprit à siffloter dans son bureau.

Deux semaines s’étaient écoulées et les choses n’avaient pas beaucoup avancé. Jules Vinsonge venait de tourner comme à son habitude à l’angle du Boulevard Catherine II et remontait les grilles du parc floral quand son regard fut comme irrésistiblement attiré par les perce-neige. Ils étaient morts, ces fleurs-là ne tiennent pas longtemps et l’on était à la mi-mars, les températures remontaient. Vinsonge s’en sentit attristé. Il se souvenait assez clairement de ce matin où il avait beaucoup réfléchi sur lui-même. Depuis, il avait parlé à son psychologue qui l’avait écouté avec attention en prenant des notes. Puis le psychologue l’avait félicité et ils avaient même profité des vingt dernières minutes de la séance pour envisager des idées qui permettraient à Vinsonge de rencontrer de nouvelles personnes. S’inscrire dans un club, par exemple. De quoi ? peu importait, tant qu’il s’y plaisait. Sinon, sortir dans des bars.
Comme l’année était déjà entamée et que les inscriptions dans les clubs se faisaient en général en janvier ou en septembre, Jules Vinsonge avait opté pour la solution plus simple : les bars. Normalement il savait faire, prenant sa bière chaque vendredi avec les collègues, mais c’était une chose de pousser la porte de leur bar habituel et de s’installer en compagnie de gens qu’on connaissait de longue date et celle d’entrer dans un lieu méconnu et chercher à nouer la conversation. Le premier bar qu’avait visité Jules Vinsonge était vide. Comme il n’avait pas osé faire demi-tour devant le propriétaire il s’était installé au comptoir et avait piteusement commandé un demi de blonde. On le lui avait servi en silence et Jules Vinsonge était rentré chez lui dépité.

Il lui avait fallu deux jours pour oser retenter l’expérience. Cette fois-ci, il avait décidé d’y aller le samedi soir, soir de match de foot. Il avait choisi le bar aux cris qui en sortaient et s’était faufilé dedans, avait demandé une pinte cette fois puis s’était joint au reste du groupe. D’abord, il avait trouvé ça facile, personne ne faisait attention à lui et la joie communicative l’emporta rapidement. Il cria au premier but et fit ooooh au second marqué par l’équipe adverse. Il dit des petites phrases comme « On est bon, on est bon… » et « Allez ! Alleeeez ! » quand les attaquants se rapprochaient des cages. Il dit aussi « Vous venez souvent voir le foot ? » à son voisin et son voisin de répondre « A chaque fois qu’il y a match. » Jules Vinsonge avait hoché la tête.

En rentrant chez lui le samedi soir, il avait tenté de se rassurer. Ce n’est qu’un premier essai se disait-il. Si j’y retourne régulièrement à force je pourrai me faire des amis. Mais il n’en était pas complétement sûr en vérité. D’une part ce n’était pas simple d’avoir de vraies conversations avec des inconnus qui voulaient regarder le match et crier, d’autre part il n’aimait pas le foot.

Le week-end était passé, Jules Vinsonge s’était levé tard dimanche et déjà c’était lundi. Il était parti un peu plus tôt de chez lui, sans bien s’en rendre compte, et soupira en regardant à travers les grilles du parc floral. C’était difficile de faire abstraction de la solitude. Maintenant que son psychologue avait mis un pied dans l’entrebâillement de la porte et que Jules Vinsonge avait projeté de combler le vide de son existence, il en ressentait d’autant plus le poids. Ce n’est pas grave pensa-t-il. Je vais réessayer, autant qu’il le faudra. Je n’ai pas eu de vraie discussion sur autre chose que le boulot depuis des années, ça ne se réapprend pas du jour au lendemain. Ce n'était qu'une question d'occasion, au fond, il fallait provoquer sa chance et, s'il y mettait suffisamment d'énergie, il y parviendrait. Seulement... force était de reconnaitre qu'il ne savait pas s'y prendre. Il en avait un peu honte mais avait passé ses jeunes années à ne pas se soucier de tout cela et maintenant il lui fallait tout réapprendre. La tâche lui sembla soudain étouffante et il voulu s’enfuir.

Il abandonna les grilles et, en se retournant vers la rue, manqua de percuter un jeune homme. Il était plutôt petit, assez svelte et, ne pu s'empêcher de noter Vinsonge, tout à fait charmant.

- Oh, pardon, dit-il, et le jeune homme lui sourit. Il avait un très beau sourire, avec des dents blanches très droites.
- Il n’y a pas de mal.
- Vous aussi vous regardiez le parc ?
- Je venais voir mes fleurs préférées, expliqua le jeune homme d’une voix douce.
- Oh, dit Jules Vinsonge, et ce sont lesquelles ?
- Les perce-neige, avait répondu le jeune homme et Jules Vinsonge se fit la réflexion qu’il avait la même voix douce et le même accent liquide que son psychologue.
- Je les aime beaucoup aussi. Mais vous n'avez pas de chance, elles ont fleuri la semaine dernière.
- Tu as l'air de t'y connaitre en fleurs.
Jules haussa les épaules d'un air gêné. « En amateur seulement. »
- C'est un chouette passe-temps.
- Dites je ne veux pas vous… tu… vous n’êtes pas Teylais ? C’est ton, votre accent, j’ai l’impression de le connaître ?

Le jeune homme eut un rire léger, un rire d’oiseau et Jules Vinsonge sentit son cœur battre bizarrement soudain et il eut eu un peu chaud au ventre et du mal à déglutir.

- Vous avez raison, je ne suis pas d’ici, je suis Pharois, et il se remit à rire en regardant les fleurs.
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Le coup de la sirène

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Comme le temps filait et qu’il allait être en retard, la conversation s’arrêta là. Mais le lendemain matin, Jules Vinsonge partit de nouveau un peu en avance, passa d’un pas rapide le boulevard Catherine II et pris l’angle aux grilles du parc floral. Le jeune homme se trouvait là encore.

- Quelle coïncidence ! avait dit Jules Vinsonge.
- Oui, avait répondu le Pharois en riant.
- Malheureusement les perce-neige ne fleuriront pas avant l’année prochaine…
- Ah oui, c’est vrai que tu es expert en fleurs.

C’était niais, un brin moqueur, mais Jules Vinsonge se sentit flatté malgré tout. Il m’en faut peu pensa-t-il, pas complétement désillusionné sur son état, mais cette rencontre avait quelque chose de parfait qu’il ne pouvait pas renier complétement. Quelque chose qui sonnait, comme on le dit parfois, comme un conte de fée. Et Jules Vinsonge avait désespérément besoin de magie dans sa vie.
Alors il s’était pris au jeu, sans trop y croire au début, sans trop oser, mais parce qu’il n'était pas un expert en amour il ne su pas voir le piège et déjà, après une semaine de ce petit manège, à se saluer tous les matins de quelques mots au niveau des grilles, après s’être surpris à attendre avec impatience ces fragments timides de conversations, après avoir eu la gorge nouée quand, au troisième matin, le jeune homme n’était pas là, mais le quatrième oui, il avait finalement cédé et lui avait proposé de prendre un café. L’idée était venu de lui, bien sûr, le Pharois n’avait presque rien fait en fait. Il s’était contenté d’être là, charmant, de se faire désirer, de ne rien donner sinon des sourires et un intérêt adorable pour toutes les phrases maladroites de Vinsonge, ses tentatives de conversation. Dès que le Teylais tendait une perche, le Pharois la saisissait, mais s’il ne disait rien, le Pharois ne disait rien non plus, de sorte que tout était venu de Jules Vinsonge et qu’à aucun moment ce-dernier n’eut le sentiment qu’on venait de le hameçonner. Pourtant c’était bien là le principe d’un hameçon, d’autant plus efficace que le pêcheur demeurait silencieux.

Quelque part au nord, sur ces falaises rocheuses et écharpées que sont les côtes pharoises, se tenait le pêcheur. La CARPE muette ressuscitée des profondeurs par les sociétés secrètes de la vieille Albi jetait de nouveaux ses lignes et les fils de pêches invisibles à l’œil nu dessinaient autant de tentacules de la pieuvre pharoise, ou de toiles d’araignées.

Ils avaient donc pris un café et le Pharois avait parlé un peu de lui. Jules Vinsonge avait découvert qu’il adorait l’écouter parler, et ressentait une frustration de gosse dès lors qu’il se dérobait à ses questions. Le Pharois était de passage seulement à Manticore. Il appartenait à un équipage qui faisait de longs voyages depuis la Manche Blanche jusqu’à la côte ouest-afaréenne. Ils mouillaient en ce moment même à Saint-de-Tour le temps de se trouver de nouveaux armateurs, leur dernier contrat avec des industriels Cantais arrivant à son terme. Ils repartiraient donc d’ici quelques semaines et Jules Vinsonge en eu le cœur serré. Voilà qu'à peine je me fais un ami qu'il disparait pensa-t-il. Jules Vinsonge avait aussi parlé de lui, dans la limite du raisonnable bien sûr, son métier était secret sur beaucoup d’aspects qu'il résuma sommairement en expliquant qu’il travaillait au ministère et s’occupait de « tout un tas de paperasse, ce n’est pas vraiment intéressant ». Le Pharois n’avait pas insisté du tout et Vinsonge en fut soulagé. Il était jeune, plein de vie et de curiosité, quel intérêt pouvait-il bien avoir pour un travail aussi ennuyant que le sien ? Quel intérêt pouvait-il avoir pour lui, en fait ? Cela, Jules Vinsonge n’y pensa pas. Ou n’osa pas y penser. Se poser cette question ouvrait la possibilité d’une trahison et à cet instant précis, Jules Vinsonge ne voulait pas l’être. Ne pouvait pas l’être. Il en allait de sa confiance en lui, de ses espoirs secrets, de son cœur maltraité, bref il en allait de choses profondes, invisibles et vitales.
Au demeurant, le Pharois jouait son jeu astucieusement. Contrairement à d’autres, il soufflait le chaud et le froid. Jamais en demande de rien, mais ne donnait jamais trop non plus. Il fallait aller le chercher pour obtenir des réponses et Jules Vinsonge se fit un plaisir de jouer avec lui, de chercher à en savoir plus, de s’intéresser vraiment. Il lui semblait que cela faisait des années qu’il n’avait pas partagé de conversations aussi profonde et que sa curiosité n’avait pas été à ce point stimulé. Peut-être cela faisait-il vraiment des années d’ailleurs.

Ils avaient pris un café, puis une bière. Puis le Pharois avait dit « je ne suis pas disponible cette fois désolé mais peut-être une prochaine. » Jules Vinsonge s’était dit que c’était normal après tout, qu’on ne pouvait pas être disponible tout le temps et que ce Pharois devait avoir d’autres amis à voir et d’autres choses à faire que de traîner avec un quarantenaire Teylais qui n’avait rien de bien palpitant à raconter. Il en fut mortifié.

Quand ils se revirent, de nouveau pour boire une bière, Jules Vinsonge se lança très rapidement dans une analyse un peu plus détaillée de la situation géopolitique de la Manche Blanche. C’était un sujet formidable car son ami était Pharois et qu’il avait donc forcément des opinions très différentes des siennes et nouvelles aussi. Jules Vinsonge, lui, c’était un sujet qu’il maîtrisait vraiment. Normal, il avait le nez dedans toute la journée au travail, alors c’était l’occasion d’avoir quelque chose à dire d’intéressant. En effet, le Pharois eu l’air intéressé. Il avait les yeux qui brillaient et ses dents blanches, mon dieu ses dents blanches, si droites et alignées quand il souriait. Lui n’avait « pas trop d’opinion sur tout ça », forcément, il est jeune pensa Jules Vinsonge. Il naviguait depuis qu’il était en âge de s’embarquer sur un navire, chez lui c’était assez courant. Même si les nouvelles générations de Pharois se tournaient davantage vers la tech ou les sciences, nombreux étaient encore ceux qui prenaient la mer dès qu’ils en avaient l’occasion. Son éducation, avait-il expliqué « mes parents sont marins alors moi aussi. » Ça a l’air si simple avait pensé Jules Vinsonge, on naît Pharois et nous voilà partis pour l’aventure et il se demanda pourquoi lui s’était enfermé dans ce mouroir de ministère, à passer ses journées devant l’ordinateur à n’en plus pouvoir.

Les récits que lui faisaient le Pharois de ses voyages le laissaient systématiquement à la fois émerveillé, envieux et dévasté. Il y avait tant de beautés dans le monde, qu’il n’avait vu qu’à la télévision ou lors de ses rares, très rares voyages pendant ses courtes, très courtes vacances. Les Pharois avaient tant de chance de pouvoir les contempler à leur bon vouloir, vies de marins et de pirates, aventurier des mers et comme sa vie à lui lui semblait misérable soudain. « Attention » avait prévenu le jeune homme quand même « la vie en mer c’est dur, c’est fatigant. » Mais qu’est-ce qu’une fatigue théorique ? Qu’est-ce qu’un mal de dos qu’on ne fait qu’imaginer ? L’effort, c’est toujours plus facile quand on ne le fait pas. Jules Vinsonge avait rapidement balayé ces avertissements comme il avait balayé ses doutes premiers à l’égard du Pharois. Il avait passé sa vie entière à être rationnel, froid, calculateur, réglé comme du papier à musique et cela ne lui avait apporté que du malheur semblait-il. Désormais, Jules Vinsonge voulait de la passion.

Cette passion, le Pharois l’attisait, l’air de pas y toucher. A leur troisième rendez-vous succéda un quatrième et à leur quatrième un cinquième.

Lors du sixième rendez-vous, le Pharois avait dit comme ça « la semaine prochaine je pars. » et Jules Vinsonge avait senti une bouffée d’angoisse lui remonter les tripes et il n’avait plus réussi à respirer. Le Pharois semblait s’en être rendu compte et s’était inquiété « ça va ? » Oui avait-il voulu répondre, mais n’était sorti de sa gorge qu’un coassement cassé. Ces rendez-vous c’était devenus quelque chose d’important pour lui, de viscéral. Il en avait parlé à son psy bien sûr, qui était toujours de bonne analyse. Chaque lundi ils avaient débriefé ensemble, Jules Vinsonge avait posé des mots sur la situation, qu’il dormait mieux et qu’il était de meilleure humeur, que la perspective d’un rendez-vous le soir le rendait distrait la journée et qu’il ne pouvait s’empêcher d’envoyer un sms dès le lendemain pour fixer une autre date.

- Vous avez l’air d’avoir des sentiments très forts, avait dit posément le psychologue et Jules Vinsonge avait simplement serré les dents. Il ne pouvait pas nier qu’il pensait beaucoup à ce Pharois, qu’il avait très rapidement pris une place importante dans sa vie jusqu’à rendre tout le reste assez fade. Son sport, ses émissions télé, ses sorties avec les collègues, ça n’avait plus le même goût qu’avant ou plutôt, il avait pris conscience d’à quel point c’était fade. D’à quel point sa vie était un enchaînement ininterrompu d’activités sans saveurs, réalisées comme un automate. Le Pharois lui avait fait goûter à la mer, à l’aventure, aux navires dans la tempête, aux côtes luxuriantes de l’Afarée, il incarnait une vie que n’avait pas vécu Jules Vinsonge et une jeunesse qui lui échappait. Avec son rire, son accent qui clapotait comme de l’eau, et son teint halé par le sel et les embruns.

Jules Vinsonge n’était pas prêt à tomber amoureux, pas encore. Pas d’un homme. Il s’y était refusé si longtemps et l’occasion ne s’était de toute façon jamais présentée. Mais l’occasion elle était là, là tout de suite devant lui et elle venait de lui annoncer que dans une semaine c’était fini. Dans une semaine le Pharois serait reparti, il aurait pris la mer sans lui, profiter de la chaleur des tropiques, il croquerait dans des fruits juteux, chanterait sous les étoiles, découvrirait des terres exotiques et lui, Jules Vinsonge, resterait derrière, dans son bureau du ministère, avec ses émissions, son sport et ses putains de collègues. Il eut envie de pleurer et il eut l’impression qu’il allait crever sur place. Le Pharois lui tapotait le dos d’un air soucieux puis il se mit à rire. Jules Vinsonge se sentit légèrement mieux, mais à peine.

- Buvons alors ! Buvons au départ et aux amis !

Le Pharois parlait souvent d’amitié. Il semblait que c’était quelque chose de culturel, de ce qu’avait compris Jules Vinsonge en lisant un peu sur le sujet. Les Pharois étaient amis avec tout le monde et tout le monde était ami avec les Pharois. Mais Jules Vinsonge ne voulait pas d’une amitié sans lendemain. Ils demandèrent une deuxième pinte, puis une troisième et une quatrième. A ce moment-là Jules Vinsonge avait lâché prise. Son angoisse existentielle était complétement noyée dans l’alcool. Ils rirent ensemble, se tapèrent dans le dos, changèrent de bar, recommandèrent à boire. On était vendredi soir, ou plus exactement samedi très tôt et plus rien ne comptait, ni la gueule de bois, ni les courses au marché. Si le Pharois repartait dans une semaine, Jules Vinsonge voulait la passer toute entière avec lui et si c’était une idée absurde, il était trop ivre pour s’en rendre compte.
Le lendemain matin, ou plutôt l’après-midi, Jules Vinsonge se réveilla avec un mal de tête abominable. Si abominable qu’il lui fallu attendre d’être de retour de la salle de bain avec un verre d’eau pour réaliser que le Pharois était aussi dans son lit. Il dormait là sur le ventre, à moitié couvert par le drap et, fallait-il le préciser, parfaitement nu comme lui. Jules Vinsonge resta interdit devant la scène, plusieurs longues secondes où son cerveau passablement embrumé tentait de remettre en place les pièces d’un puzzle dont il ignorait par ailleurs l’existence. Puis il fut pris d’une autre sorte d’angoisse et sortit sur son balcon pour s’aérer l’esprit.

Il avait une vue assez panoramique sur Manticore et le boulevard Catherine II – son statut de cadre au ministère payait confortablement pour s’offrir le luxe d’un appartement bien situé – et le Bouelvard Catherine II avait en retour une vue panoramique sur lui. Mais à cet instant, Jules Vinsonge s’en foutait pas mal. Et tant pis si sa voisine se plaignait au syndic, et tant pis si ses vis-à-vis passait un coup de fil à la police pour atteinte à la pudeur. Il avait l’impression d’étouffer, il avait besoin d’air et tout l’air de la capitale ne semblait pas suffire. Il lui fallu un long quart d’heure pour que passe la crise d’angoisse et cinq bonnes minutes supplémentaires pour arrêter de trembler.

Quand il retourna dans la cuisine, le Pharois s’était réveillé et se beurrait une tartine.

- J’ai utilisé ton grille-pain, dit-il d’un ton tranquille.

Il n’a pas remis ses vêtements pensa Jules Vinsonge mais il ne fit aucune remarque et vint s’asseoir à la table de la cuisine.

- Tu as bien dormi ? demanda-t-il.
- Parfait, répondit le Pharois mais j’ai trop bu quand même.

Et moi donc. A cet instant Jules Vinsonge n’avait aucune idée de ce qu’il devait faire ou dire, alors il se saisit d’un morceau de baguette et se leva pour le mettre à griller.

- C’était… je n’avais jamais… avant…
- Je sais, rit le Pharois, et Jules Vinsonge se sentit un peu honteux, et un peu heureux aussi. Il prit une respiration profonde et expulsa l’air longuement jusqu’à n’en avoir plus du tout dans les poumons. Le Pharois s’était remis à rire, il avait des miettes sur le coin de la bouche.
- Désolé c’est… la vache ! Pas l’habitude !

Le Pharois hocha la tête. « C’était un peu pour te dire au revoir. »

C’est vrai qu’il devait partir. L’alcool et la nuit n’avait rien remis en question de tout cela.

- Je pars avec toi ! s’exclama Jules Vinsonge mais cette fois le Pharois ne ria pas, se contentant de le fixer d’un œil curieux.
- Tu es encore ivre je crois.
- Non ! … peut-être. Mais je veux partir quand même.

Le Pharois secoua la tête. « Tu n’es pas marin, qu’est-ce qu’on irait faire de toi sur un navire ? »

Jules Vinsonge se sentit idiot, et désespéré. C’était vrai qu’il n’était pas marin, à peine s’il savait faire un nœud, et encore, c’était celui de ses lacets. Mais il ne pouvait pas retourner à son travail. Cette soirée, cette nuit, cette rencontre… elles avaient cassé quelque chose en lui. Ou plutôt, avait déterré quelque chose. Un désir. Dévorant, brûlant. La simple idée de retourner au bureau de faire comme si… non, c’était impossible. Il en mourrait. Et il ressentit encore cette angoisse qui remontait.

- Pitié… je ne… je ne peux pas y retourner…

Il avait parlé comme un gosse et fut choqué de s’entendre ce ton si suppliant. Mais il n’en renia rien, il se sentait vide et complétement neuf à la fois. On lui avait fait goûter à la vie et on menaçait déjà de la lui retirer. C’était une véritable torture.

Le Pharois eut l’air de sentir sa détresse car il s’essuya la bouche d’un revers de la main et se leva. Il est beau comme une sirène, pensa Jules Vinsonge. Avec ses cheveux en bataille écrasés par l’oreiller, on a l'impression qu'il sort de l'eau. Quand il vint l'envelopper dans ses bras, Jules Vinsonge eu l’impression qu’on venait de l’autoriser à reprendre sa respiration. Il était en apnée, il se noyait et ce Pharois, c’était tout ce qui lui restait d’oxygène.
Dans son dos, il entendit le sursaut du grille-pain. Le Pharois relâcha son étreinte et posa ses deux mains sur ses épaules, le visage grave.

- C’est trop tard, mais peut-être la prochaine fois.
- Quand ? demanda Jules Vinsonge.
- Dans quelques mois ? Cinq ? Six peut-être ? Ce n’est pas si loin l’Afarée. On en fait vite le tour.

Six mois… il allait mourir, c’était sûr, il allait mourir. Le Pharois fronça les sourcils.

- Il faut être raisonnable on n’embarque pas comme ça du jour au lend…
- NE ME PARLE PAS D’ÊTRE RAISONNABLE.

Il avait crié et s’en voulu immédiatement. « Excuse-moi… six mois ? Je ne peux pas, six mois… »

- Peut-être moins. Il faut que mon capitaine t’accepte aussi.
- J’ai de l’argent de côté, je peux payer ma place, je me formerai à bord.
- Ce n’est pas une question d’argent.
- Quoi alors ?
- D’amitié.
- Je ne comprends pas…

Le Pharois eut un sourire et vint poser sa tête sur l’épaule de Jules Vinsonge. Il était légèrement plus petit et il avait dû se mettre sur la pointe des pieds.

- Je te dirai quoi. Un bateau Pharois ça marche à la confiance et la confiance il faut la gagner. Ne t’inquiète pas. Tu es ivre alors tu es un peu fou, ça va aller mieux dans quelques heures.
- Je ne suis pas fo…
- On a une semaine pour en discuter d’accord ? Si tu veux toujours embarquer avec nous j’en parlerai à mon capitaine et il te dira comment devenir notre ami.
- Tout ce que vous voudrez…
- Oui, dit le Pharois en riant. Tout.
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La coopération entre les services teylais et syvlois dans la lutte anticorruption :

Lorsque l'on évoque la corruption, c'est en premier lieu aux pots-de-vin que l'on pense. C'est pourtant le vecteur le plus simple à prévenir selon les Trois Agences Gouvernementales de Corruption (TAGC). Ces agences, que l'on ne présente plus à qui s'intéresse un tant soit peu au contre-espionnage sylvois, répondent à cette menace assez simplement en formant les fonctionnaires à repérer et dénoncer contre rémunération les tentatives pour soudoyer, puis en employant des agents pour essayer de corrompre lesdits fonctionnaires. Les agents de l'État ont alors à faire un choix simple : accepter la corruption et risquer qu'elle soit le fait d'un complice gouvernemental et donc se retrouver condamner, ou dénoncer la tentative de corruption et être rémunéré sans encourir le moindre risque. Étaient de cette façon assez vite balayée les risques d'ingérences par des moyens financiers.

Mais il existait des méthodes bien plus sournoises, insidieuses et parfois même violentes auxquelles les TAGC étaient familières, et même autorisées à recourir. Plus un individu est à un poste à responsabilité, plus il sera potentiellement sujet à une tentative violente d'influence exigeant de lui d'y être préparé. Et les TAGC ne lésinaient pas sur ça. Elles étaient connues pour avoir charmé pas moins qu'un comte et carrément simulée une prise d'otage. Il était à ce stade impossible pour les fonctionnaires sylvois de distinguer un acte si vicieux, si extrême qu'il pouvait relever d'un acte réellement terroriste ou simplement du TAGC. La seule certitude était la balance bénéfice-risque systématiquement favorable à une dénonciation avec des accompagnements adaptés après les nombreux retours d'expérience. Même en cas de prise d'otage, les enseignements tirés mettaient en évidence le risque moindre à coopérer avec les autorités gouvernementale pour amener de façon plus ou moins détournée à la libération desdits otages. Même en coopérant avec les preneurs d'otage, rien ne garantissait que les choses se passent bien pour les victimes. Alors que dénoncer, c'était mettre en place un véritable protocole pour protéger, et surtout, assurer un retour à la normale pour l'agent soudoyé et ses proches.

Fort d'une expérience assez importante rien qu'avec les jeux d'influence en Sylva et les dérives en tout genre qui en découlaient, les TAGC s'exportaient dans le reste de l'OND, dont Teyla. De concert travaillaient les services de renseignement et contre-espionnage du Duché et du Royaume pour traquer les failles dans les administrations. Teyla se montrait toutefois bien moins radicale sur certains points : pas de prise d'otage ou de menace, l'intégrité physique et psychologique des fonctionnaires ne devait pas être menacée. À défaut de simuler de tels cas de figure, on formait simplement les agents de Teyla aux recours qu'ils avaient à disposition pour se faire aider dans ce cas de figure et mettre en sécurité leurs proches.
Mais l'intégrité psychologique, et surtout émotionnelle, restait cependant un spectre assez large dont on s'autorisait quelques secousses en dessous d'un certain seuil, et plus particulièrement amoureux. La séduction était le meilleur moyen d'obtenir des informations et le plus difficile à prévenir, selon le TAGC. Même avec toute la prévention du monde, toutes les formations imaginables, un agent sous l'emprise de manipulations et d'ingénieries sociales n'aura même pas conscience d'être manipulé. Et c'était en soi pour le plus grand plaisir des TAGC qui avaient pour fonction de dénicher les failles et se voyaient grandement rémunérées quand elles y parvenaient. Une telle brèche qu'on ne parvenait jamais à réellement sceller était dès lors un buffet à volonté pour eux et elles mettaient les moyens pour séduire, c'était devenue mécanique. Elles avaient fini par développer de véritables manuels du "petit séducteur" :
-Identifier un agent à responsabilité compatible (mode de vie extravagant, ou inversement une terrible routine dans la solitude ou dans un couple sans passion), il y avait de nombreux cas sociaux assez évidents.
-Approcher les cibles repérées, là encore selon des processus presque formalisés tant il y avait une cohérence dans les schémas.
-Et laisser le travail se faire avec les bonnes conditions, jusqu'à orienter le sujet pour développer une dépendance, une confiance qui l'amènera à baisser sa garde.

Les TAGC avaient un redoutable succès avec cette méthode, à un point où cela faisait se poser des questions sur les limites morales. Plus d'un agent avait eu le cœur brisé en apprenant qu'il était victime de manipulations sociales et qu'il n'y avait aucune grande amitié, aucun amour, juste une domination d'un prédateur émotionnel sur eux. Mais la réponse était toujours la même : les agents seront exposés à ce genre de méthodes opérées par de véritables mafias mal intentionné et il était de leur responsabilité de s'y prémunir. Si cela nécessitait de briser quelques cœurs à titre d'exemple, alors soit. Les cas d'étude se multipliaient et les fonctionnaires étaient formés à ces retours d'expérience, on les apprenait à identifier les schémas, les patterns. "Suis-je un sujet typique de manipulation ?", "Ai-je constaté des éléments y correspondant ?", Et surtout le plus terrible : "Est-ce que je retrouve dans mes relations, des éléments jouant sur ma dépendance affective pour abuser de moi ?"

C'était un exercice intéressant puisqu'il met en évidence non pas que des cas d'espionnage / corruption via des axes affectifs, mais des manipulations plus générales qui sans concerner le domaine professionnel, occasionne malgré tout un certain tort pour les victimes.
Quoi qu'il en soit, ces formations avaient deux atouts certains pour imperméabiliser les services de l'OND à ce genre de méthodes :
-Les fonctionnaires ont maintenant les outils pour savoir quand ils sont potentiellement la cible de manipulation.
-Ils ne savent jamais si les gens qui leur demandent des services portant atteinte à leur institution sont issus d'une mafia ou d'un complice gouvernemental qui le dénoncera.
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Corruption, psychologie humaine et sciences sociales :
Albigärk entre théorie et pratique


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Omniprésentes dans une presse tendanciellement bavarde et unanimiste, les trois agences gouvernementales de corruption (TAGC) sylvoises étaient scrutées avec curiosité depuis Albigärk. Les vastes universités versées dans les arcanes de la psychologie et des sciences humaines considéraient comme un sujet d’étude digne d’intérêt toute entreprise – systématiquement vaine – des Etats à tenter de réguler et de modeler l’esprit humain. Fut-ce celui de leurs propres citoyens. L’anarchiste sait qu’il s’agit là d’un fantasme voué à l’échec, mais le constat semblait encore difficile à accepter pour des sociétés archaïques comme celles de l’OND qui multipliaient ces derniers mois les initiatives de lutte contre la corruption. Pompeusement auto-qualifiées de démocratiques, ces nations déployaient les grands moyens pour justifier leur qualificatif, au risque de doucement glisser, à leur façon, dans une autre forme de société de contrôle.

La morgue libertaire et absurde des Albiens les faisaient considérer avec une certaine sympathie ces initiatives, largement documentées dans la presse. On sentait que l’OND était fière de lutter contre la corruption, au point d’en avoir fait un cheval de bataille et braves Don Quichottes, érigée en moulin. Il va de soi que la corruption menace toute société organisée car dès lors qu’il existe une structure bureaucratique, la volonté du peuple se trouve immanquablement broyée dans les engrenages de l’administration. C’était le spectre de l’Etat comme force qui s’autonomise toujours, le pouvoir exécutif ramifié se soustrayait au contrôle démocratique et dans les ombres des bureaux, devenait un monopole de fonctionnaires.

Etats autoritaires, Etats démocrates, Etats, toujours des Etats qui ne savaient pas, n’osaient pas embrasser le seul mode de gouvernance viable pour le peuple et par le peuple. A. Nar. Chie. La Commune d’Albigärk s’était depuis longtemps débarrassé de cet Etat encombrant. D’aucuns mauvais esprits disaient qu’elle devait ce privilège à l’ombre du Pharois, planante, qui lui assurait paix et prospérité, mais les Albiens étaient d’un autre avis. Ils avaient tout simplement parachevé l’œuvre des penseurs du 20ème siècle et cela par des moyens si simples, si évidents qu’il devenait presque absurde que le monde entier ne s’y soit pas encore adonné. A Albigärk, il n’existait pas d’administration d’Etat, le mandat impératif faisait la loi, la mission était la norme. Privilège de commune peut-être, mais bien réel, le vote n’existait que de circonstance, situé dans le temps et l’espace et le pouvoir qu’attribuait ponctuellement le peuple à ses élus ne concernait toujours qu’une tâche unique et précisément circonscrite.

Quelques fâcheux y voyait une autre sorte de dérive, qui sacrifiant la structure de gouvernement sacrifiait également le droit. Mais c’est toujours comme ça quand on est révolutionnaire, immanquablement on fraye avec les frontières de la morale et le brouillard de guerre politique est nécessairement une zone grise. La différence se situait dans qui donnait les ordres et c’était le peuple qui s’autosaisissant et s’auto-dissolvant en assemblée déterminait lui-même ses besoins et les moyens qu’il mettait à sa propre disposition et à celle de ses élus. Pas d’Etat. Pas de bureaucratie. Pas de corruption. Un courant continu et imprévisible d’agitation démocratique et de débats sans fins. Ce n’était pas très fonctionnel, cela prenait du temps, mais c’était mieux que d’être un Etat.

Parce qu’ils étaient anarchistes, les Albiens étaient également prétentieux. Toute leur humanité joyeuse ne rachetait pas l’effet que vous fait un regard critique et cru sur vos pratiques. Quand Albigärk scrutait, le bilan grinçait, car c’est le propre des humanistes de chercher sans cesse à s’améliorer eux-mêmes et le monde et d’aller de défauts en qualités, de problèmes en solutions, conscients contrairement à certains communistes de la vieille école, ou certains fascistes bas du front, que le paradis ne serait achevé. Que c’était le voyage qui comptait.

Sur ce chemin d’ornières, Albigärk pavait la route de ses pamphlets, rapports, essais, études, gestes audacieux et propositions artistiques parfois mais, comme on ne peut pas attendre d’un peuple qu’il soit tout entier artiste, au même titre que jamais il ne sera complétement philosophe, généralement Albigärk produisait des travaux universitaires longs, poussiéreux et prétentieux de leur forme académique. Le présent rapport tenait – heureusement pour nous – davantage de la note de synthèse que de l’article scientifique. Il avait été produit par des sociologues aventuriers, de braves gens exilés dans le monde qui observaient autour d’eux et produisaient des travaux qui allaient droit au but. L’objectif y était moins de dire la vérité avec précision que de donner une idée honnête de ce qui se passait, dans toutes les limites que peut avoir un texte long de seulement quelques paragraphes. L’idée honnête remontait alors, comme un premier jet, un premier essai, vers des scientifiques et les sociétés secrètes qui s’inspiraient de ces travaux pour développer de nouveaux outils profitables à la Commune et à ses ambitions.

Sur les TAGC on pouvait par exemple lire ceci :

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Limites et opportunités des méthodes de lutte contre la corruption chez les pays membres de l'OND :

De nos observations et conversations, nous pointons du doigt un budget anti-corruption dans les Etats de l’OND qui peut être qualifié de « paranoïaque ». Les critiques ne manquent pas et elles sont directement corrélées au niveau de suspicion auquel sont soumis ceux qui, disons-le, subissent ces TAGC au quotidien. La défense anti-corruption de l’OND a développé un arsenal de préventions et de formations intrusif et violent pour ceux qui en font l’objet. Outre faire peser un soupçon quotidien sur la qualité du travail des fonctionnaires d’Etat, ce qui peut s’apparenter à une forme de management toxique, les TAGC participent à créer un sentiment de défiance généralisé, non seulement entre collègues mais également entre supérieurs et subordonnés hiérarchiques.
Les fonctionnaires sont ainsi non seulement suspectés par principe d’être corrompus, mais également d’être faibles psychologiquement. L’accusation porte sur tous les aspects de la vie intime, les formateurs des TAGC n’hésitant pas à suspecter des proches des fonctionnaires voire la famille elle-même. Cela participe, outre des dépenses importantes pour mettre en place un système de flicage généralisable à toute la haute administration, à effriter la loyauté de ses membres qui, quels que soient leurs agissements, seront toujours considérés comme potentiellement déloyaux. Un tel déploiement de ressources, parfois au détriment du bien-être au travail et des moyens des administrations, est de nature à fragiliser les liens de confiance pourtant nécessaires au quotidien et à favoriser l’anomie au sein de l’appareil d’Etat. Il peut en résulter un sentiment de malaise, de colère ou d’indignation face à des politiques de surveillance et de contrôle intrusives pouvant mener, dans les cas les plus extrêmes, à des demandes de mutation ou des démissions.

La suspicion totale des TAGC pousse à développer un rapport au monde hostile et dangereux. C’est celui de la guerre permanente et de l’ennemi de l’intérieur. Outre les effets psychologiques désastreux que cela peut avoir sur les hauts fonctionnaires, c’est également une façon d’être au quotidien susceptible de fausser leur jugement et leur lucidité en empêchant un partage sain d’informations, ou la mise en commun de réflexions et de pensées critiques. Si le collègue est suspect, si l’amant est suspect, si le coach sportif est suspect, les hauts fonctionnaires seront moins enclins à partager leurs observations et tendront à douter de leur propre jugement, potentiellement manipulé par l’ennemi, et de celui de leurs collègues. Cela prive inéluctablement la haute administration de l’émulsion intellectuelle pourtant nécessaire à la gestion quotidienne de l’Etat, la résolution de problèmes et la prise d’initiatives personnelles. En résulte un fort risque de tétanie dû à la charge mentale qu’implique les précautions les plus basiques.

Pour ce qui est des enquêteurs eux-mêmes, le risque en généralisant le sentiment de méfiance au sein de l'administration est de générer du "bruit" c'est à dire de voir remonter un flot de dénonciations ou d'alertes injustifiées de la part des fonctionnaires qui, en définitive, contribuera à noyer les véritables dangers. Une part conséquente des efforts des autorités consistera dès lors à faire le tri dans les signalements de bureaucrates affolés. Associer les cadres à leur propre sécurité est une bonne chose, mais sans formation professionnelle, un individu au quotidien n'est pas capable de correctement distinguer un indice de corruption ou de manipulation de la simple coïncidence. Le cerveau humain est porté sur l'abduction, c'est à dire à reconstruire des architectures cachées à partir de simples observations qu'il relie abusivement. Il n'est pas improbable de voir se développer une culture complotiste voire paranoïaque qui contribuera à brouiller le travail des véritables enquêteurs.

Il y a comme toute opération de prévention purement morale une externalité négative d’accoutumance. Autrement dit le fait d’être formé pour résister à des tentatives de manipulation mentale peut avoir pour effet pervers de provoquer chez ceux qui suivent ces formations une forme de surconfiance. Les populations qui subissent cet effet sont d’autant plus à risque que ce sont des cadres et hauts fonctionnaires, c’est-à-dire des gens éduqués à avoir confiance en leur propre jugement et convaincus de leur intelligence. Ces gens sont donc persuadés en raison de leur statut social et d’un habitus de CSP+ qu’ils sont imperméables aux manipulations. Ou selon l’adage « les cons c’est les autres ». On sait depuis plusieurs décennies de travaux sur le sujet que les populations les plus éduquées, du fait de ce biais de surconfiance en leur propres capacités intellectuelles, sont les moins réceptives aux messages de prévention et aux mises en garde et tendant à davantage compter sur leur capacité à faire preuve d’esprit critique et de discernement, que sur des méthodes d’auto-défense psychologiques pourtant connues pour leur efficacité.

Les politiques mises en place par les administrations de l’OND sont donc susceptibles de provoquer deux types d’externalités négatives que la Commune d’Albigärk pourrait être amenée à étudier ou exploiter.

D’une part en proposant des formations théoriques, elles provoquent un faux sentiment de sécurité chez les acteurs qui, mis face à des situations n’ayant pas été spécifiquement pointées du doigt par les formateurs, sont susceptibles de leur paraître d’autant plus sûres qu’ils sont convaincus d’être bien formés pour identifier les pièges. A l’inverse, ces formations peuvent provoquer un sentiment de fébrilité voire de paranoïa chez des esprits fragiles, ce qui peut affecter le bien être au travail des personnes vulnérables et donc les inciter à développer des stratégies d’évitement, parfois même à leur insu, pour mettre à distance un monde jugé hostile et rempli d’ennemis. Ce procédé d’auto-exclusion du monde fonctionne dès lors comme un tunnel de vente, mettant hors-jeu les personnes méfiantes il filtre naturellement pour nos services les gens plus susceptibles de faire l’objet d’une opération de rapprochement.

D’autre part le caractère intrusif et personnel des méthodes de prévention contre les attaques psychologiques (pour rappel, les TAGC invitent à se méfier y compris de gens très proches), ainsi que le fait de pointer du doigt de potentielles fragilités psychologiques que les concernés auront par ailleurs du mal à reconnaître seul et sans un suivi psychologique approfondi, peut provoquer un phénomène de réactance chez des individus en position de domination sociale. Autrement dit un cadre supérieur de l’administration supportera mal de se voir expliquer par des formateurs souvent inférieurs dans la hiérarchie sociale qu’il serait potentiellement fragile psychologiquement et que sa raison et son jugement sont suspects. N’importe quelle personne atteignant les places les plus prestigieuses au sommet de l’Etat est soit un intrigant habile ayant un fort ego, soit un yes man discipliné, dans les deux cas ce sont des gens plus aveugles que la moyenne à leur propres biais et moins portés sur la remise en question et sur leur propre examen critique.

Considérant les réflexions ci-dessus, nous recommandons :
  • de multiplier des tentatives d’approches audacieuses que les TAGC ne pourront pas anticiper, étant contraintes par la force des choses de faire de la prévention à un certain niveau de généralité et d’abstraction.
  • de continuer de développer par ailleurs nos propres grilles et outils de surveillance dans le domaine de la psychologie et de la sociologie afin de cibler non pas les fragilités des individus mais leurs biais, invisibles a qui n’a pas notre niveau de finesse d’analyse en sciences sociales.
  • de cibler en priorité les passions que la raison ne peut que difficilement dompter : flatter l’ego ; jouer sur la confiance en soi ; sur les fragilités psychologiques profondes ET sur les structures anthropologiques locales auxquels les individus, parce qu’habitués, sont aveugles ; sur la confiance et le temps long pour provoquer l’accoutumance ; voire si nécessaire provoquer sentiment amoureux.
  • décrédibiliser par l'absurde une méfiance qu'il est aisé d'associer à du complotisme ou à de la paranoïa en multipliant les signaux suspects pour d'une part mener les fonctionnaires à baisser leur garde à force de fausses alertes et d'autre part détourner le regard des enquêteurs des véritables opérations menées par ailleurs.

Au service de la Vihje
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