On savait Toni Herdonia politiquement ambitieux. Lui-même avait annoncer au journal ultra-conservateur Quotidia son intention, un jour, d’entrer en politique quitte à devenir sénateur. Il se vante sur tous les toits d’avoir inspiré le programme économique du Triumvir Vittorio Vinola. Mais comme vous le savez certainement, chers lecteurs, Toni Herdonia ne fait rien comme les autres. Lui a décidé d’entrer dans les sphères de la politique par la petite porte. Et quoi de mieux dans cette situation que de devenir le directeur d’un Institut de sciences politiques et économiques livrant des « analyses publiées par des éminences grises ». Pourquoi exposer sa propre image en politique lorsque l’on peu influencer ceux qui y sont déjà ? C’est en partant de ce postulat que l’homme d’affaires a annoncé la création de l’Institut Herdonia. Son but officiel ? Promouvoir à travers le monde les principes de liberté individuelle, de libre-échange et de minarchisme. Officieusement, cela sous-entend de peser dans le débat public de démocraties libérales afin de détricoter le droit du travail, le système des services publics nationaux et faire la promotion d’un libre-échange non faussé entre tous les pays d’Eurysie occidentale et au-delà. Concrètement, ce « think tank » possède plusieurs axes d’étude et de propositions :
• Réforme de l'État et des services publics : Suppression du principe d’hôpital public et des systèmes d’éducation publique.
• Réforme de la fonction publique : réduction globale des effectifs et astreindre la fonction publique à des missions « purement régaliennes ».
• Réforme de la fiscalité : Suppression de toute forme d’impôts sur la fortune et réduction des impôts sur les entreprises.
• Réforme du marché du travail : ouverture des magasins le dimanche, suppression du principe de salaire minimum, augmentation du volume de travail horaire hebdomadaire.
Concrètement, un « État minimal » inspiré de certaines politiques déjà en cours à Velsna comme l’absence de santé ou d’éducation publique. Sur certains points, l’institut va même plus loin que la réalité de la situation velsnienne, en particulier sur le libre-échange qui actuellement, est sous le bon vouloir des « conventions de secteurs d’entreprise ». Mais le projet de l’Institut Herdonia dépasse de loin Velsna. En effet, le jeune entrepreneur aurait été aperçu il y a quelques mois à Teyla en compagnie des cadres dirigeants du Groupe Laurenti Alfonso, alors en inspection dans les tout nouveaux chantiers navals de l’entreprise à Teyla. Selon des sources anonymes, le sujet n’avait rien d’anodin avec la présence du « consultant star qui murmure à l’oreille des patrons » : en cause, un droit du travail encore trop peu flexible au goût de ces derniers. Ni une ni deux, l’Institut Herdonia semble avoir fait de Teyla la première de ses priorités au vu de l’intérêt du patronat velsnien pour ce pays. L’objectif d’Herdonia est tout trouvé : il est nécessaire pour assurer leur « liberté d’entreprendre » que le patronat soit représenté comme il se doit pour les prochaines échéances électorales, par un candidat qui serait dans l’idéal conseillé par l’institut.
Il faut également souligner que Teyla semble être le terrain d’expérimentation idéal. Ce pays passe en effet pour avoir l’un des droits du travail les plus « flexibles » d’Eurysie occidentale. Cela a pour conséquence le fait que la population est certainement plus en phase, ou du moins à davantage l’habitude de s’entendre dire que l’économie de marché est un horizon indépassable. Dans l’idéal, l’Institut Herdonia chercherait à se créer des relais à l’échelle nationale, ayant bien conscience que sa trop grande présence pourrait passer pour de l’ingérence étrangère.
Objectif principal de ces prochains mois : prendre davantage de place dans le débat public, infiltrer les plateaux télés et les rédactions. Parmi les patrons et éditorialistes teylais, tous préfèrent pour l’instant rester discrets sur leurs liens avec le réseau velsnien. Tous ont de nombreux liens entre eux et avec des hommes d’affaires et des grandes fortunes velsniennes membres de l’Insrtitut, ainsi qu’avec toutes les nuances de la droite et de l’extrême-droite des deux côtés de la frontière.
Pour renforcer la crédibilité, il faut s’afficher comme experts objectifs ou comme défenseurs des simples contribuables, il faut réussir à imposer ses idées et ses thèmes parfois jusque dans les discours gouvernementaux, sur l’éducation ou le logement par exemple. Le projet politique ultra libéral de Toni Herdonia est une vision de société globale où le lien social n’a plus sa place. Parmi les formations politiques qui pourraient se montrer sensibles à ce discours, l’Institut compte bien se faire un nid au sein de LR par le biais de partenariats avec des associations et fondations ultra libérales teylaises, le parti de la droite traditionnelle du pays. Mais il serait également possible de nouer des contacts avec le MR, en théorie social-démocrate mais dont l’atonie face à des politiques libérales prouvent une prédisposition à l’acceptation de la casse sociale.
Cependant, tout n’est pas rose pour l’Institut et certains commentateurs politiques à Velsna n’hésitent pas à remettre en cause les méthodes de travail de l’Institut et le degré de sérieux avec lequel prendre les articles publiés. Ainsi, le journaliste velsnien Luca Gorino, travaillant pour Quotidia, journal qui se fait pourtant porteur du discours d’Herdonia, a critiqué le fait même de considérer l’Institut Herdonia comme un organe de recherche. Il argue le fait par exemple, qu’aucun des collaborateurs de l’Institut n’est détenteur d’un véritable diplôme attestant de leur compétence dans les domaines qu’ils abordent dans leurs articles. Aucune revue internationale d’économie n’a encore daigné leur montrer de l’attention. Qui sait si l’Institut Herdonia parviendra à percer à Teyla…Prions pour que ce ne soit pas le cas.