01/04/2018
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Activités étrangères en Ramchourie - Page 4

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Un Mandat Ascendant, Bienveillant et Universel...



Il est communément d'usage d'affirmer par proverbe que si les bonnes nouvelles tardent se perdent sur le chemin, les mauvaises ont quand à ailes des ailes qui leur permettent de se répandre ci et là dans la contrée avant même que n'apparaisse leurs opposées aux antipodes, mais quand est-il de celles que l'on ne saurait catégoriser ? En tout état de cause, cela dépend des situations, de l'ordre des nouvelles et surtout car c'est là le point le plus important ainsi que déterminant, la détermination de ses auteurs à voir le tout répandu aux quatre vents afin que tout être existant puisse en avoir connaissance. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le Céleste Empire des Ushongs entendait en ce jour que la volonté de la Cité Interdite et de son imposante administration bureaucratique devienne connue de tous car elle concernait par le fait le plus grand nombre, pas uniquement au sein des frontières impériales actuelles mais même au delà, visant sans le nommer l'ensemble des morceaux de verre du vitrail impérial brisé en mille morceaux à travers le continent, cherchant à apporter une solution alchimique permettant de recoller lesdits morceaux. C'était là la volonté la plus chère du Trône et de bien d'autres, mettre fin au cycle du chaos et de la destruction, achever l'ère de la désunion et restaurer ce qui fut jadis comme cela a toujours finit par l'être à chaque fois que l'histoire s'est répété au gré des siècles. Prospérité, décadence, crise, destruction, anarchie, silence, calme, vent nouveau, guerres, ralliement, résurgence, réunification, répétition.

C'était dans l'ordre des choses, c'était l'ordre des choses, millénaire, intemporel, il en était ainsi et ne pouvait en être autrement, la finalité était déjà acté à ceci près que l'on ne connaissait jamais le nom du vecteur de résurgence que sur les soubresauts de l'entreprise, ce n'était pas uniquement affaire de volonté ni de puissance après tout. L'entreprise de réunifier un empire et un peuple millénaire était après tout quelque chose qui dépassait le simple désir d'un ou plusieurs mortels, c'était une série de quêtes épiques s'inscrivant dans l'équivalent des légendes d'antan afin de créer un nouveau mythe, sublimant les sens et mettant à l'épreuve toutes les qualités et compétences humaines pouvant exister afin de combler un vide béant, une fracture à la taille inégalée au demeurant invisible qui empoisonnait l'existence du monde phénoménal au plus grand désarroi du monde fantasmagorique qui voyait l'auguste ciel pleurer des océans de larmes face à la terre et aux hommes meurtries par leurs propres égos et aspirations. Et ce quand bien même le temps était quelque chose de finalement très théorique dans ce cycle, après tout au regard des immortels une décennie ou même un siècle n'était qu'un instant passager dans une existence par essence éternelle, un souvenir parmi d'autres qui se verrait bien assez vite sublimé par le retour de l'astre solaire et son aube tant attendue, qu'importe si ce dernier ne se pressait point et mettait cinq décennies de plus à amorcer son retour.

Le genre humain pouvait prendre son temps, les cieux étaient patients, ils avaient tout le leur. Peut-être était-ce d'ailleurs l'essence même du Mandat conféré aux hommes, la tempérance du Divin et sa miséricorde qui même durant les affres des crises et des heures sombres ne s'évaporaient jamais totalement, une graine de bienveillance permettant à l'espoir de germer à nouveau persistant envers et contre tout. Les Dieux sont justes et bon après tout et laissent à leur héro le soin de guider les siens et d'assurer la pérennité de son existence car c'est là l'essence même de son devoir ainsi que la source de la légitimité faisant socle de son pouvoir. Le Fils du Ciel reçoit les bénédictions des vents et des tempêtes afin d'abreuver la terre et les peuples de la vie, il commande aux nuages et aux rivières afin de faire abonder les récoltes, mettre à bas les incendies, permettre aux individus de traverser les landes jusqu'aux confins du monde. Il ordonne aux esprits de bénir les êtres vivants afin de les purger des maux qui les accablent, tout comme il banni les démons qui cherchent à jouer des tours ou se repaître de l'infortune de chacun car nul parasite ne saurait fouler le monde phénoménal sous un mandat fort et ascendant. Il préserve la terre et tout ce qui habite, respire et vie en son sein, garde ceux se mettant sous sa protection de la malfaisance et l'ignominie d'un monde que certains peu scrupuleux cherchent à rendre laid et odieux.

Le Mandat n'est pas quelque chose d'unique à un seul sens, c'est un tout, une philosophie. Plus encore, c'est un idéal, ce vers quoi la gouvernance doit tendre car l'interprétation de son état est très simple, lorsque les bienfaits abondent et que les rires supplantent les larmes, le Mandat est alors sans nul doutes ascendant, il a accomplit son dû, ce pourquoi même il a été conféré. C'est alors une ère de bienveillance et de bienfaits qui règne sur la terre à l'ombre des cieux qui sourient en conséquence. A l'inverse, lorsque ce sont les larmes qui supplantent les rires, que la terre elle même se soulève et que les rivières sortent de leurs gonds jusqu'à ce que les cieux pleurent des larmes de sang, là où pestilence et famines prennent place et où les démons parcourent à découvert les mêmes arpents que les hommes en désarroi, alors le Mandat est descendant, réputé perdu pour son détenteur qui doit alors s'absoudre de ses péchés car il n'aura guère fait preuve de la vertu et de la dévotion inhérente à l'ascendance.

D'aucun dirait que ce sont là des superstitions, de simples légendes et contes d'enfants établit en des temps plus obscurs pour expliquer ce que l'on ne comprenait guère, mais est-ce vraiment le cas ? N'est-ce-pas plutôt là l'aigreur des gens de peu de vertu à l'esprit étriqué et la vision si ancrée dans la terre qu'il ne peuvent percevoir ce qui se trouve au delà de leur vision directe ? Nationalisme... Patriotisme... Idéologie... Indépendantisme... Ce sont là des concepts purement matériels portés par des hommes de peu de foi qui n'ont à coeur que leurs intérêts directs sous couvert d'une fausse vertu malvenue ne servant qu'à justifier leurs déviance et leur manque d'humanisme. Le Mandat dépasse ces simples idées mortelles, il les transcendent, les rends infiniment insignifiante face à la grandeur et l'idéal qu'il cherche à incarner. Et ce notamment car ledit Mandat, conféré par les cieux au représentant de ces derniers décidé par la grâce du Divin, de l'univers même, est le vecteur de ce qui doit être, le Ying et le Yang en parfait équilibre, le gardien du monde qui permet à l'humanité d'accomplir sa vocation avec la bénédiction des forces surnaturelles.

Le Mandat est l'humain, le mandat est l'humanité, le mandat est universel. En cela il ne connaît guère de frontières et se doit d'accorder ses bienfaits à tous et toutes. Mais que faire face à ceux qui refusent catégoriquement de par leurs regards viciés et esprits corrompus par des idées suggérés ainsi que soufflés par les démons du vice et du malheur qui cherchent à se repaître des souffrances du genre humain ? Il n'y a guère de réponses uniques tout comme chacune ne peut se targuer d'être parfaite. Chaque Fils ou plus rarement Fille du Ciel ont trouvé les leurs d'eux même la plupart du temps, grâce à des conseils parfois habiles mais plus souvent malavisés d'autres fois. C'est ainsi. Parfois il faut emprunter la voie des ombres pour émerger à nouveau dans la lumière, tandis que de temps à autres la plume suffit, cela dépend de l'obstination et du degré de perdition des uns et des autres... Le genre humain peut se montrer extrêmement têtu après tout. Toujours est-il que au delà des solutions à apporter à des problèmes éminemment où les ambitions et les aspirations se confrontent, il demeure du devoir du tenant du Mandat de préparer l'après.

Car il ne suffit pas d'intégrer sous l'égide des Cieux et de son Mandat les individus, il faut conquérir les coeurs et les rallier aux bienfaits, c'est à ce prix seul que l'ascendance se poursuit, lorsque l'esprit finalement émerge de la caverne et contemple bien au delà de ce qui se trouve sous ses yeux mortels et à court terme. Lorsqu'il contemple le monde phénoménal et au delà de ses frontières mortelles, la réalité de l'univers et du monde fantasmagorique. Lorsqu'il réalise qu'il a besoin des bienfaits du Mandat, car ce dernier est seul absolue garantie de prospérité et de la poursuite d'un idéal. C'est d'autant plus vrai lorsque les populations perdues, les fils et filles, frères et soeurs du genre humain, Ushongs par l'essence et l'âme plutôt que les gênes, ont été pervertis, empoisonnés dans leurs psychés même par les démons insidieux tapis dans les abysses et ayant profité d'un Mandant descendant pour commettre mille et uns méfaits. La reconquête des âmes et des coeurs est ainsi une priorité afin que le cycle soit accomplie et que le Céleste Empire ne soit à nouveau plus qu'un tout unique et présupposé éternelle jusqu'à la prochaine séquence de répétition qui adviendra inévitablement un jour.

Le Grand Secrétariat, sous les Ordres du Trône du Dragon, a à cette fin entrepris une vaste entreprise visant à proclamer les intentions bienveillantes du Fils du ciel, et à rappeler l'objet du Mandat Céleste et ses aspirations à ceux qui ont été inondé par les mensonges et l'infamie depuis des décennies jusqu'à voir en leurs frères et soeurs, des ennemis à abattre plutôt que des homologues voué à profiter des bienfaits du monde comme cela devrait être. L'action manifeste temporelle n'est qu'une partie de ce qu'il convient de faire afin de rectifier les choses, l'établissement d'un décret intemporel visant à clarifier les incertitudes et à rassurer les âmes en peine est un accompagnement absolument nécessaire, une condition sine qua non afin de permettre le retour des brebis égarés dans le troupeau avant d'aller paître vers des espaces toujours verdoyants.

Ainsi s'accompagne la Volonté du Trône du Dragon.






Décret Impérial du Cinquième Cycle Lunaire de l'An 4617 du Dragon


Relatif quand à l'équité des sujets de l'Empire devant le Droit Impérial qu'importe leurs ethnies ou croyances et au caractère transcendant la simple culture du Peuple Ushong



Préambule

Le Décret si présent a été édicté en conformité avec le légalisme et les formes d'usages relatifs aux convenances attendu de tout documents officiels rédigés sur Ordre du Trône du Dragon par le diligent Grand Secrétariat, sa rédaction a été de facto supervisée directement par le Chambellan Impérial Yao Liang et ses aides les plus compétentes, a été apposé à la suite d'une cérémonie officielle de mise en application au sein de la Cité Interdite, le Sceau Impérial, actant de fait la légitimité et la prise d'effet dudit Décret.

Article Premier,

Le Céleste Empire des Ushongs, par le Mandat Céleste octroyé des cieux eux mêmes au Fils du Ciel, leur représentant sur la terre des mortels, réaffirme dans un premier lieu le Yantésinisme comme sa Philosophie spirituelle d'état attitrée. En vertu des notions de syncrétisme inhérente à ladite Philosophie établit la possibilité claire et évidente de coexistence avec les cultes divers et variés existant en ce bas monde.

Ces derniers sont réputés comme émanant des cieux et s'apparentant aux Immortels régissant l'univers par delà le voile du monde phénoménal.

Le cas échéant, est reconnu à chaque loyal sujet de l'Empire officiellement le droit inaliénable de choisir ses croyances spirituelles et de pratiquer le culte de ces derniers librement tant que les pratiques susmentionnées ne contreviennent pas à l'ordre public ou à la législation en vigueur visant à préserver l'ordre et l'harmonie au sein de l'Empire. Le processus s'inscrit dans la poursuite des traditions syncrétiques et des Us et Coutumes, gravant définitivement dans le marbre au regard du droit ce qui était déjà acté par le fait.

Article Second,

Le Céleste Empire des Ushongs, par le Mandat Céleste octroyé des cieux eux mêmes au Fils du Ciel, leur représentant sur la terre des mortels, acte la mise sur un pied d'égalité au regard du Droit Impérial, l'ensemble des sujets impériaux et ce qu'importe désormais leurs ethnies, qu'ils soient Beï, Leï, Nin, Ramchoures, Lan Xin, Chandekolzans, ou tout autre tant que ses individus s'apparentant à ces groupes se déclarent comme sujets de l'Empereur.

Est réputé sujet de l'Empereur quiconque est inscrit dans les registres officiels d'administration de recensements de l'Empire, vit au sein du territoire Impérial, paye ou entends une fois reconnu comme sujet de l'Empereur payer des impôts à l'Empire via les magistratures ou tout autres officiels représentant le Trône à l'échelle locale et reconnaît le Fils du Ciel comme son Souverain Temporel.


Addendum 1,

La condition de paiement d'impôts relative au statut de sujet de l'Empereur peut être transposée par une "volonté" future, avec une prise d'effet effective différée au regard des situations d'intégration et de réintégration de l'Empire afin de ne point peser financièrement sur des foyers dans le besoin inaptes à s'acquitter d'obligations financières en l'état. De ce fait, des exemptions d'impôts peuvent être décidés temporairement selon des durées à déterminer administrativement à des échelles locales, afin d'accommoder l'intégration des individus désirant devenir ou redevenir sujets de l'Empire.


Est accordé à tout sujet de l'Empereur, la jouissance des droits comme indiqués dans la Législation en vigueur, la protection de l'Empire qui est réputé comme inhérente et acquise à tout loyal sujet, et la tenue des devoirs du Mandat quand au peuple à savoir le partage des bienfaits et la poursuite de la prospérité partagée avec chaque sujet du Trône.

Sont soumis en échange à un devoir de respect de la législation impériale en vigueur, d'obéissance ainsi que de loyauté au Fils du Ciel tout comme à l'Empire, et du respect de l'Harmonie entre la Terre et les Cieux.

Article Troisième,

Au regard du Droit Impérial et dans une optique d'égalisation des droits et des devoirs de chaque groupe ethnique divers auxquelles appartiennent les sujets de l'Empereur, ces derniers sont réputés comme faisant partie du Peuple Ushong dont le concept est le cas échéant élevé de façon transcendantale afin de désigner les Sujets de l'Empereur dans leur ensemble, dépassant la simple conception relative à l'aire Culturelle Cathayenne afin de s'inscrire dans un principe d'universalisme répondant mieux aux besoins administratifs et humains de justesse du Céleste Empire.

Le Peuple Ushong est de fait réputé comme la désignation des Sujets de l'Empereur, disposant de la jouissance des droits et devant s'acquitter des devoirs tels que décrété par la législation Impérial en vigueur.

Article Quatrième,

Toute forme de discrimination ou d'inégalités sur des fondements ethniques ou de croyances sont de facto officiellement prohibés et feront l'objet de sanctions adéquates dont la teneur sera déterminé par la gravité de l'offense réalisée, du préjudice subit par tout sujet de l'Empereur en étant victime mais aussi de la stature de l'individu se rendant coupables d'actes ou de paroles discriminatoires.

Seront plus sévèrement châtiés tout fonctionnaire, représentant de la fonction public ou Exécutant des forces de Sécurité Civiles Impériales, prit à s'exercer à ces processus ce en vertu d'un devoir inhérent d'exemplarité quand à l'application du présent Décret incarnant la Volonté du Trône Impérial.

Les Magistrats et autres organes recevant les doléances et plaintes afin de rendre justice sont tenus d'enquêter et d'adresser le cas échéant si confirmation il y de la perpétration de faits discriminatoires, les affaires qui sont portés à leur connaissances. Toute inaction ou passivité pourra entraîner des sanctions, voir des révocations sur ordre du Trône Impérial.

Si les hérauts impériaux annoncèrent la mise en application du nouveau décret en grande pompes dans le coeur de l'Empire, en place publiques comme au sein des organes de presse naissant en pleine ascension, ce dernier vit plusieurs de ses exemplaires s'exporter par delà les frontières, accompagnant notamment les livraisons de denrées vivrières dans certaines localités pauvres et reculés de Ramchourie comme du Chandekolza dans un premier temps. Ce avant d'apparaître petit à petit dans les organes de presse locaux, poussés par des individus ayant intérêt à ce que la nouvelle se répande, notamment au sein de ceux qui étaient considérés de façon inhérente comme des sujets historiques de l'Empire, perdus et mis à mal par des décennies d'incompétences et de corruption, attendant en priant la grâce des cieux que l'on vienne les sortir du marasme et du malheur dans lequel ces régions vulnérables étaaient empêtrés.

Ces appels, cette volonté, qui concordait avec celle du Mandat même, n'étaient ainsi pas restés sans réponse, l'évolution de législation Impériale n'était que la suite logique des conséquences de l'ascendance retrouvée du Mandat. Un accompagnement nécessaire, qui était le prélude à d'autres changements bien plus grands visant à répandre les bienfaits et réunifier les milles et un morceaux d'un Empire brisé vulnérable face à la pestilence étrangère qui se pressait toujours plus aux portes afin de faire chanceler les fondements même de l'Harmonie.

L'union faisait la force, et puis face à la corruption et l'incompétence notoire de dirigeants ayant depuis longtemps cessé de convaincre quiconque par des promesses creuses et des mensonges éhontés, n'était-il peut être pas temps d'essayer quelque chose d'autres ? Pourquoi ne pas retenter l'aventure Impériale ? Après tout valait-il mieux mourir de faim dans l'indifférence générale ? Valait-il mieux attendre se faire occire pour les ambitions de seigneurs de guerres querelleurs ne cherchant que leur propre fortune ? En quoi la Dynastie Xin et l'Empire qui connaissait un sursaut de prospérité jamais vu depuis plus d'un siècle dans la région où son règne s'étendait autrefois était-elle une infamie sans nom ? Cette "liberté" factice et mensongère, qui n'était finalement que la liberté de mourir dans d'atroces souffrances, valait-elle mieux qu'une allégeance qui serait certainement récompensée et permettrait non plus de survivre, mais de vivre tout simplement ?

La question reposait dans les mains des individus. Le Doute était semée. Le choix allait s'imposer.

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Les oreilles dressées: le Zijian se montre enfin




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Ils sont venus...et sont repartis...


Les individus vont et viennent. La Ramchourie se remplit d'armes, de soldats, au même rythme que le nombre de morts s'accumule. Et il y a les étrangers, de plus en plus nombreux autour de la carcasse du pays au soleil bleu. Dans ce contexte, au sein de la cellule locale de la Segreda velsnienne, désormais basée dans la capitale ushong, chaque bruit est important, chaque remontée d'information du terrain est à trier, classifier et à prendre en compte. Le bruit enfle, on l'entend fort fort fort...mais il est parfois difficile d'y distinguer des mots ou même des phrases cohérentes. Nul doute que plusieurs pays eurysiens sont déjà présents, et qu'ils observent la situation avec la même acuité que les velsniens...mais pour l'instant, tout le monde cache son jeu. Du moins, tous les malins cachent leur jeu, et malheureusement, certains se font parfois prendre bien malgré eux, ou même sur une erreur. Personne n'ignore les prétentions des ushong à reprendre le contrôle de ce qu'ils nomment ouvertement une province impériale, mais ils ne sont pas les seuls à assumer d'avoir des pions dans la partie. Plus discrets jusqu'à présent, peut-être même plus investis, les gens de l'ancienne province impériale du Zijian ont laissé poindre le bout de leur nez...du moins, il y a des corrélations à faire, des parallèles et des pattern qui mis bout à bout, deviennent très intéressants.

Les rumeurs enflent, elles passent de village en village et le bouche à oreilles est un outil puissant: des gens du commun se sont soudain mis à dire, sans qu'un quelconque évènement n'en ait été en corrélation, que par une quelconque magie, tous les gens du pays de Zinjan étaient des frères des ramchoures qui avaient raison avant tout le monde... alors qu'au même moment, des navires de cette nation sécessionniste mouillaient à un jet de pierre des côtes du pays. Il n'en fallait pas plus que ces deux évènements pour éveiller les soupçons de la Segreda, qui adoptait désormais une attitude vigilante à l'égard de ce nouvel acteur.

Mais il n'était plus le temps de scruter, d'évaluer, mais d'agir. L'horloge tournait rapidement, très rapidement, et il n'y avait désormais plus de temps à dépenser en menues observations lointaines. Quelque chose se préparait, quelque chose de gros, et les frumentarii de la Grande Tribune velsnienne au Nazum commençaient à s'agiter dans les campagnes ramchoures que jusque là, ils s'amusaient à terroriser sous des faux drapeaux. L'heure n'était plus à l'agitation. Ils n'étaient pas plus d'une poignée sur tout le territoire, mais ils dormaient peu, et marchaient beaucoup. Ils rôdaient de plus en plus près des installations militaires, des garnisons...leurs rapports étaient de plus en plus réguliers, de plus en plus précis quant aux forces de chacune des factions. Le tout était consciencieusement rapporté à l'empereur, au fils du ciel, à celui qui de là haut, observait son jeu s’étoffer au rythme des jours, face à un adversaire de moins en moins flou, dont le comportement prévisible.

Les frumentarii n'avaient pourtant pas encore remplit la tâche la plus importante de leur mission, la clé de voûte de la réussite ou de l’échec de la future opération. Les forces coalisées et le Royaume constitutionnel étaient en position de force, alors il suffirait de renverser la vapeur. Cette coalition était puissante, mais elle était lourde et lente, trop hétéroclite, trop éclatée, constituée de factions nombreuses aux idées bien trop polarisées pour tenir sur le long terme. Cet ensemble a été estimé "fort et faible" à la fois. Il ne reposait pas tant sur des convictions que sur un besoin d'alliance circonstancielle. Il suffirait donc d'identifier le socle de cette coalition, et de le renverser pour que la structure soit profondément fragilisée. Indéniablement, la figure de Mei-Lin s'était imposée dans l'esprit des frumentarii comme la cible à abattre. L'action a été décidée depuis déjà près d'une année, mais jusqu'alors le temps et les moyens avaient manqué à la réalisation du projet. C'était désormais en haut de la liste que l'opération intitulée sobrement "La corde et le puits" s’inscrivait.


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Esquisse d'une toile



Hmmmmm... Non. Plus à droite... Quoique... Non, non et non. Un peu plus à gauche finalement. Ici ? Là ? Peut être là bas ?

...

AH ! Et pourquoi pas... Non. Cela n'irait pas.

...

Ou bien... Oui. Oui ! Les reliefs, la perspective, les points fugaces ! Tout était bien mieux vu de cet angle.

L'artiste acquiesça d'un hochement de tête, ayant finalement acté sa décision, ce alors que ses assistants et la pléthore de serviteurs à sa suite dont certains s'étaient jeté au sol en implorant les cieux que leur sire ne se perde point des heures durant à de nouvelles élucubrations commencèrent alors à laisser échapper des soupirs de soulagement. Les cieux étaient cléments et avaient donné à l'intéressé l'inspiration qu'il recherchait à ce moment ci, au bas mot une heure après avoir commencé à s'interroger et planifier la pose de son chevalet, ce dont il s'affaira désormais à faire sur cette colline surplombant les faubourgs de Madong en contrebas tandis que au loin s'étendait le reste de cette "Cité-Forteresse". D'aucun aurait pu se questionner sur le choix porté quand à l'objet de la peinture à venir, qui était des plus atypiques alors que la Ramchourie était en proie à la guerre civile et voyait ses campagnes et ses cités se gorger toujours de sang à mesure que les ambitions des seigneurs de guerres rivaux se mêlaient à une folie hors norme qui engloutissait tous et toutes sur son passage tel une marée dévorante ne rechignant guère à absorber en son sein quoique ce soit jusqu'à former un amalgame d'ignominie sans noms.

Autant dire que les préoccupations régionales n'étaient nullement portés sur l'art alors que les forgerons aiguisaient les sabres, que les paysans levaient les palissades et que les coureurs des steppes portaient de villages en villages les nouvelles de tel affrontement ou tel massacre. Et pourtant...

Et pourtant. C'était peut être dans ces situations où l'équilibre entre Clair Obscur, entre noir et blanc, était rompu avec fracas, tendant en l'état vers les tréfonds de l'obscurité, qu'il était assurément le plus intéressant de portrayer les faits même si ceux ci seraient assurément magnifiés, altérés, et d'une certaine manière tordues par le pinceau comme l'esprit de l'artiste voir même plus certainement par les instructions à demi mots divulguées par le commanditaire, le généreux mécène derrière cette entreprise. Car oui, bien évidemment qu'il y avait un Mécène, un richissime individu dépensant sans compter afin d'offrir libre cour au génie d'un individu talentueux de s'exprimer afin de satisfaire une commande sous réserve de se plier à quelques menus exigences qui en somme n'étaient rien de plus qu'un dû pour un donné. Un échange équitable, équivalent pourrait-on dire, qui en soit profitait en apparence bien plus au peintre même qu'au "Padrone" comme l'on disait dans le monde fortunéen, mais était-ce réellement le cas ?

La question n'avait cessé de trotter dans l'esprit du peintre lorsqu'il s'était mis avec toute sa harde sur les routes bétonnés nouvellement crée au cours de l'année dernière, les Nouvelles Voies Impériales comme on les nommait officiellement dans la presse d'état ou à travers les proclamations des hérauts au sein des campagnes. D'agréables voies empruntables qui avaient été conçu et pensé afin d'agréer aux reliefs et terrains changeant, notamment lorsque l'on passait de la Vallée de la Yongzu avec ses plaines, cours d'eaux et terrains relativement plats au Duché de Leï Shang qui se décomposait en une multitudes de collines, vallons boisés et autres hauteurs inégales qui faisaient elles même pâles figure au regard des hautes montagnes minières qui faisaient la richesse de la région. Les Ingénieurs et architectes du réseau tentaculaire d'infrastructures impériales avaient habilement planifiés leur coup tant et si bien qu'il était bien plus aisé de se rendre de Beiyfon à Leïyuan de nos jours que deux décennies auparavant, les chevaux tendant à s'étaler le long des routes pavés mal entretenues après avoir fait un faux pas dans un nid de poule artificiel causé par des pavages disparus, probablement dérobés par quelques paysans pour s'en servir de cale quelque part dans les champs. Désormais, il suffisait d'arpenter les longues voies aussi noirs que la nuit, au demeurant encore peu épargnées par la circulation, à bord des derniers véhicules à la mode, voitures individuelles, vans de tournée ou même des camions, autant de possibilité rendues possible par un développement fulgurant de l'industrie automobile qui avait trouvé bien assez vite ses champions nationaux naissants et qui fut un succès immédiat dans un contexte de miracle économique où la population et même l'ensemble de la société s'enrichissaient globalement.

Désormais, et c'était là sans compter la circulation sur ces voies qui si elle demeurait assez fluide dans l'ensemble, aller de la Capitale au siège du domaine des Zhuan était une affaire d'heures uniquement, une aubaine pour tous et toutes d'autant que un certains nombres de nobles de provinces avaient trouvé dans l'acquisition de parts et d'actions dans des sociétés de transport en communs une nouvelle manne de revenue juteuse face au déclin et à la disparition inéluctable de tout simili de servage. L'inter-connexion des cités, villages et autres localités autrefois séparés et lointaines les unes des autres par manque de jonctions routières ou de moyens de locomotions répandus permettant d'étendre les horizons et les possibilités de tous et toutes, et participant au dynamisme retrouvée d'un Empire en pleine résurgence dont le Mandat se voulait ascendant. A bien des égards, ceux là même qui se souvenaient encore des affres et de l'incertitude d'il y a deux décennies n'en revenaient toujours pas, et voyaient dans les résultats flagrants des réformes et investissements judicieux du trône, la faveur du divin. L'on avait réellement l'impression de vivre un rêve éveillé, d'exister dans une époque que les philosophes et historiens n'hésitaient plus à décrire comme bénie, quand bien même il y avait encore de la route et énormément de choses à accomplir, les années sombres étaient globalement et en bien des domaines derrière les Ushongs qui pouvaient profiter des fruits d'un dur labeur et d'années d'efforts, d'un authentique miracle que personne n'aurait pu espérer voir advenir, mais qui s'était révélé contre toute attente une réalité.

Même ici, dans la dénommée Clique de Xun en Ramchourie, là où les vents de la guerre étaient encore loin mais voyait tout de même poindre à l'horizon les ombres sinistres de sombres nuages, l'on pouvait tout de même observer les conséquences et l'influence de l'insolente prospérité impériale. Les Voies après tout se poursuivait jusqu'ici, jusqu'à Madong, l'on bétonnait encore progressivement ces dernières afin d'acter les liaisons, de proclamer ces rapports et ces échanges qui ne cessaient de se développer. Après tout, la Vallée de la Yongzu déversait là aussi ses bienfaits aux soutiens des loyaux vassaux de l'Empereur par delà la frontière, et il convenait de pouvoir les acheminer sans accroc. Il fut dès lors tout naturel que les stratèges de Beiyfon en concordance avec leurs partisans Ramchoures assistent ces derniers de manière plus explicite et active qu'auparavant, dans tous les cas et de leur point de vue d'ensemble, la chose serait bénéfique à biens des égards dans d'autres domaines et ce surtout dans le futur. Les échanges profitaient toujours à tous et toutes, et une voirie que l'on pouvait arpenter avec aisance en était le socle commun, cela même qui permettait sa poursuite sans accroc.

En tout état de cause, au delà des simples mouvements de flux de denrées, des flux humains avec les individus allant et venant, il y avait aussi toute une envergure stratégique bien évidemment. Vue de la haut, de sa colline surélevée, même un humble peintre pouvait apercevoir la logique subtile terrée sous ces "avantages dédiées à la société civile". Le Martial était l'alter égo dudit civil après tout et l'inverse était tout aussi vrai. Ce qui pouvait le jour être employé afin de soulager la société de ses maux pouvait la nuit être réutilisé afin de voler au secours d'une clique si le danger venait à se présenter à ses portes. Quelques heures pour parcourir à pleine vitesse ces routes de Leïyuan jusqu'à Madong sans accroc pouvait se multiplier certes en impliquant convois militaires et autres colonnes de matériel et d'hommes mais même en prenant en compte ces considérations, cela demeurerait tout de même éminemment plus rapide, et organisé que de demeurer aux vieilles voies mal entretenues ou de passer à travers champs. C'était là le génie de la logistique, la polyvalence et l'adaptabilité. Les doubles sens d'utilisations... Les stratèges avaient savamment planifiés leur oeuvre, tissant un réseau intriqué aux objectifs et opportunités multiples en dissimulant de moitié leurs ambitions et intentions comme le dictait les versets anciens de l'Art de la Guerre. Habile...

D'ailleurs à mieux y repenser, entrevoir les pensées des planificateurs et décideurs de la Cité interdite soulevait aussi la question quand à savoir si cette commande, cette oeuvre devant représenter le Siège du pouvoir de la Clique de Xun de manière "romancée" et magnifiée, n'était-ce pas là un énième stratagème que la Cour était en train d'élaborer pour de nouveaux plans et autres intentions... Sans doutes, les on-dit disaient que les imprimeurs et la presse d'état en plein essor avaient vu des représentants et autres pontes être convoqués derrière les murs du Palais Impérial afin d'assister paraissait-il à d'obscures réunions dont l'objet était hautement nébuleux... Peut être entendaient-ils user de la peinture comme d'un modèle à reproduire et à répandre pour quelques proclamations et autres volontés de transmettre une vision particulières...

Hmmmm... Cela semblait plausible. Pour autant. La chose était-elle importante ? Le Peintre n'était guère un politicien, il n'était pas un général, encore moins un magnat. C'était un artiste, un artiste ayant reçu la chance de surcroit de se faire payer rubis sur l'ongle pour exercer son talent avec des restrictions en somme minimales, qui y avait-il de mal à cela ? Une oeuvre, même détournée et orientée, qui servirait de fondement à exprimer une dizaine d'autres, son art dans toute sa splendeur et cette fois sans restriction ? Quelque part c'était là un maigre sacrifice, une concession pour dix autres bienfaits. L'échange était acceptable, un négoce équivalent, quoique même peut être avantageux pour lui... Peut-être était-ce là encore une décision calculée des décideurs de Beiyfon afin de créer une offre si tentante qu'il n'aurait pu refuser. Vieux renards qu'ils étaient...

Le Peintre haussa les épaules, laissant naître sur son visage un sourire en coin. Toutes ces considérations importaient peu finalement. L'instant présent était là, il pouvait faire ce qu'il aimait, exercer sa passion, et même si sa toile était une commande cette fois ci, il avait encore assez de latitude pour l'élever pour que cela ne pèse pas sur son âme. L'échange était définitivement équitable. Soit. Un petit sacrifice pour quelque chose de plus grand dans le futur.

Le chevalet et la toile vierge en place, il contempla Madong en contrebas et les Voies Impériales en pleine rénovation, se saisissant de son pinceau et d'une couleur ocre sur sa palette, il entama son oeuvre par les traits naissants d'un soleil rayonnant de mille feu...
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La Bête chute :

Ne nous laisse pas entrer en tentation mais délivre-nous du mal. Amen.




S'il y avait bien quelque chose de peu commun à Tang'an, surtout depuis le début de la guerre civile, c'était bien les véhicules. La plupart de ceux qui avaient les moyens de se déplacer autrement qu'avec leurs deux pieds se déplaçaient généralement à cheval ou en chariot pour les plus fortunés, ceux épargnés par Dai Po. Simple oubli ou corruption du pouvoir ? Ces questions n'avaient que peu d'importance pour la population locale, tant qu'ils pouvaient continuer à manger à leur faim et éviter si possible les violences de rue banalisées par les hommes de Dai Po, alors la population ramchoure, dont les basses exigences choqueraient probablement les opinions publiques de la plupart des pays eurysiens, continuait à aller et venir à sa vie quotidienne sans se plaindre. Les Ramchoures avaient appris à vivre avec des poids énormes sur le dos, imposés par leurs supérieurs et ce, sous toutes ses formes : les petits et grands seigneurs nobles, les commerçants peu scrupuleux, les agents étrangers à la solde d'Etats impérialistes, les idéologues fanatisés par des idées venues d'autres continents ou de simples tyrans qui, sous couvert d'une bonne cause, agissaient en seigneurs de guerre et en despotes sur leur petit lopin de terre. Une vie de souffrances, clairsemé par les petits moments de bonheur communautaire qui faisaient tenir la plupart des gens, voilà la triste réalité du peuple ramchoure. Cependant, ils n'étaient pas les seuls exemples de peine dans ce pays. Une minorité de ce peuple débrouillard, enhardi par les discours idéologues de certains appâtés par les promesses de gloire et de gains par d'autres, ont pris les armes pour combattre leurs semblables dans une affreuse et douloureuse guerre fratricide. Ce groupe d'individus ne subissait pas seulement les caprices des dirigeants, ils étaient vidés de leur substannce humaine pour être transformés en machines à tuer, en chair à canon, en boucliers humains. La dévotion envers une cause de leurs troupes était bien utile aux dirigeants pour se protéger des conséquences de leurs conneries. Plusieurs camps se déchiraient la Ramchourie et parfois, ces mêmes camps se déchiraient en leur sein. C'était le cas de la République Populaire de Ramchourie. Dai Po était certain que la dispersion de l'ALST avait suffi à éradiquer l'opposition ; il s'était manifestement trompé, surtout lorsqu'on lui avait appris la mort de plusieurs dignitaires et gradés du régime dans les zones rurales, des raids sur des résidences secondaires, des assassinats nocturnes dans les rues, des embuscades sur les routes de campagne. Une terreur qui visait non pas les soldats mais bien les officiers. Cependant, personne n'avait su déterminer la source de ces attaques, bien qu'on supposait fortement que des forces spéciales d'un pays étranger étaient impliqués, peut-être à la solde d'une faction voisine comme le Royaume Constitutionnel. On supposa aussi des cas de fragging dans les rangs de la RPR, il n'était pas rare en Ramchourie que certains officiers impopulaires finissaient assassinés par leurs propres troupes. Mais aucune preuve ne permettait d'affiner cette hypothèse. Cette terreur, elle était infligée par un autre groupe d'individus ramchoures, encore plus minoritaire que le précédent : les désillusionnés. Après tout, la guerre attire les naïfs par les belles promesses puis rend les soldats apathiques. Oui, la vie militaire est basée sur un mensonge, celui de la grandeur, mais ceux qui peuvent se targuer de le dire sont souvent ceux qui en ont fait la macabre expérience. Combien de soldats sont morts en pensant défendre une cause juste alors qu'ils ne défendaient qu'une petite classe d'oligarques corrompus ? Combien de soldats sont tombés au combat en croyant défendre son pays face à l'envahisseur alors même que ceux en face étaient convaincus de la même chose qu'eux ? Tous ces gens n'ont pas eu le luxe de méditer sur la question. Ils sont morts. Et ceux qui reviennent...ne sont plus réellement partie intégrante du monde des vivants.

Or, ce soir, l'état-major allait découvrir la nature de ses assaillants, de la pire des manières. En effet, les assaillants eux-mêmes avaient mis le paquet dans leur plan et ils savaient que leur équipement ferait défaut à leur discrétion. Un camion. Non...deux camions, blindés jusqu'à la moelle, visiblement importés clandestinement par pièces détachées, assemblées puis blindés à la main. On voyait bien encore les soudures toutes fraîches sur le blindage, preuve d'un travail tout sauf industriel. Pourtant, ce n'était pas du travail d'amateur : trois plaques d'acier trempé espacées de 20mm, des vitres blindées et teintées et avec un bon moteur de 150 chevaux qui permettait au camion d'atteindre les 100 km/h sans trop se fouler. La RPR avait beau avoir des armes, elle ne prévoyait rien contre ce type d'intrusions.

"Trente secondes. Enfilez vos masques."
Ren enfila son masque en même temps que le reste de ses hommes. L'assaut était imminent. Elle regarda Ivan qui la fixait à travers son masque. C'était bizarre : d'habitude, les Estaliens restaient en retrait. Leur faible nombre expliquait ce genre d'approches. Il y avait des centaines d'opposants à Dai Po sur qui ils pouvaient compter mais eux, ils étaient une petite dizaine. Pourquoi s'exposer à autant de risques ? Ren préférait ne pas y penser. Elle chargea son fusil d'assaut, enclencha la chambre et sortit la sécurité dans une suite de gestes mécaniques, comme si elle avait appris ça toute sa vie durant.

Les Estaliens se doutent d'un truc, peut-être."- Mon capitaine, vous m'avez fait demander ?
- Oui, Ivan. J'ai pris la liberté de m'affranchir des directives du QG pour l'opération à venir. Je sais que ce n'est pas très sûr de le faire mais les circonstances du terrain exigent que nous nous salissons les mains.
- Que voulez-vous dire, capitaine ?
- Vous allez participer à la prochaine opération...et Vlad aussi.
- Je ne vais protester contre cette décision, capitaine, je savais pertinemment les risques en m'engageant dans cette mission et je suis prêt à accomplir mon devoir. Cependant, est-ce possible de connaître les raisons de votre décision ?
- Ren...
- Pardon ?
- C'est votre poulain, n'est-ce pas ?
- Je dirais pas ça...mais ça s'en rapproche. Je lui ai appris à guider des hommes, à manier des armes et à se battre.
- Et vous n'avez rien remarqué chez elle ?
- Eh bien, je crois que le dernier raid l'a peut-être un peu secouée.
- On m'a rapporté quelques...préoccupations à son sujet. Je ne sais pas à quoi elle pense mais si elle pète un câble pendant l'opération, ce n'est pas bon du tout. J'ai donc besoin d'un garde-fou. Je n'ai aucune confiance envers les Ramchoures, ce sont de bons combattants grâce à nous mais ils sont psychologiquement...différents. Je compte donc sur un de nos hommes pour s'assurer que cette opération soit menée à bien.
- Très bien, mon capitaine. Je garderais Ren à l'oeil et reprendrait la suite des opérations si elle s'avère défaillante au leadership.
- Merci Ivan, rompez."


Les cercueils blindés.

Ren savait ce qu'elle avait à faire, le plan était encore frais dans sa tête. La sensation des quelques secondes avant le début des combats était étrange. Elle se sentait...légère. Comme si tous ses remords, toutes ses souffrances, tous ses traumas et tous les cauchemars qu'elle avait pu faire depuis qu'elle avait perdu tous ses anciens camarades et son propre père à Pieng-Mon, tout ça avait disparu. Pourquoi toute cette peine avait subitement disparue, comme si elle n'avait existé ? Car l'esprit de Ren était ailleurs : elle avait perdu le recul et la lucidité empathique qui faisait d'elle un être humain sain d'esprit. Au lieu de ça, elle s'était auto-persuadée de ne penser qu'à la mission. La mission et seulement la mission. C'était son seul faisceau de lumière, son unique espoir. Une fois Dai Po tué, elle aura vengé tous ses camarades tombés au champ d'honneur et elle pourra enfin s'engager dans une quête salvatrice de bonheur, elle pourra laisser la guerre, la politique et toutes ces conneries derrière elle car plus personne n'aurait besoin d'une tueuse psychopathe comme elle (ou du moins, c'est l'image qu'elle renvoyait à la plupart de ses subordonnés), pas même les Estaliens. Elle se savait comme un outil mais ça lui convenait : le but atteint par ceux qui l'employaient comme un outil était le même que le sien, pourquoi se plaindre ? Alors comme un outil, elle restera infaillible. Et comme un outil, une fois son utilisation achevée, elle sera jetée quelque part et rouillera. Rouillée et oubliée, voilà ce qu'elle voulait : que le monde l'oublie, que la folie de ce pays l'oublie et arrête de l'harceler chaque jour avec ses guerres, ses morts et ses déchaînements de violence sans fin. Mais il fallait mener un dernier combat, le dernier combat salvateur qui mettra fin au cycle perpétuel de violence morbide dans laquelle elle s'était engagée par chagrin, par deuil mais surtout par haine.

Le chauffeur accéléra, la résidence de Dai Po allait être attaquée de deux côtés, un premier camion devait enfoncer l'entrée tandis qu'un deuxième devait prendre à revers le dispositif de sécurité en fonçant dans l'arrière de la résidence, séparée du monde extérieur par une grande palissade en bois, un outil défensif correct pour la plupart des troupes ramchoures mais clairement pas assez pour un camion blindé. Le camion de Ren accéléra à toute allure, on entendait le bruit des ricochets des balles des gardes présidentiels, tirant en panique sur l'énorme tas de ferraille qui leur fonçait dessus à 100 km/h. Pas le temps de s'abriter, le chauffeur écrase sauvagement un des gardes qui est propulsé en l'air devant les yeux paniqués de ses camarades et qui s'éclate au sol dans une mare de sang. La scène est suffisamment choquante pour laisser le temps à l'équipe de Ren de sortir du camion en quelques secondes et ouvrir le feu sur les défenseurs. Surpris et sans couverture, les gardes présidentiels à l'entrée ne tiennent que quelques secondes avant d'être abattus avec une rapidité mécanique. Cependant, ce n'était que l'échauffement, le bâtiment était rempli de gardes et ils étaient bien plus nombreux que les assaillants. Oh mais vous aviez cru que les survivants de l'ALST, ceux qui ont survécus à l'enfer, à l'oppression et à la répression dans les égouts des villes et dans les collines des campagnes allaient fléchir devant la supériorité numérique de leurs adversaires. Une fois entrés dans le bâtiment, il ne fallut que quelques secondes pour que les premiers coups de feu soient tirés et que Ren donne l'ordre fatidique, celui que tous les combattants attendaient :

"Gaz, gaz, gaz !"
Soudain, l'équipe lâche dans les couloirs de la résidence présidentielle plusieurs grenades de Novitchok (A-234). Le gaz se répand à une vitesse alarmante et les gardes présidentiels, dépourvus d'équipements pour faire face aux menaces chimiques, tombent comme des mouches. Le Novitchok, vous savez, c'est un gaz particulièrement vicieux. Vous sentez l'acétylcholine entrer et s'accumuler dans vos synapses, vous sentez vos muscles, vos glandes et vos organes stimulés sans aucune raison, comme si votre corps se mettait dans un état de transe intérieur durant lequel vous perdiez complètement pied avec la réalité, vos sens sont foutus. Le système nerveux est frappé de convulsions et de confusion, les muscles sont paralysés, vos poumons refusent d'inspirer et d'expirer comme vous en aviez l'habitude depuis votre naissance. L'appareil respiratoire, en plus d'être paralysé, est sollicité et est victime d'hypersécrétion : en d'autres termes, vos pleurez toutes les larmes de votre corps (littéralement), toute la morve dans votre nez s'accumule et inonde vos narines et votre bouche produit une salive pâteuse qui vous empêche de respirer ou de prononcer des mots compréhensibles. Et le plus drôle (enfin, drôle...), c'est qu'une simple inhalation d'une petite dose suffit à être létal. Sauf que l'équipe de Ren balance plusieurs grenades à la fois dans les couloirs. Les chances de survie sont...inexistantes.

Les assaillants avancent sans aucune résistance. Ren marchait presque tranquillement dans les couloirs car toute résistance disparaissait au bout de quelques dizaines de secondes lorsque le gaz était déployé. Malgré la sueur dans son casque, elle pouvait voir à travers la souffrance dans les yeux des gardes qu'elle venait de gazer. Ses hommes ne prenaient même pas la peine de gaspiller leurs balles pour abréger leurs souffrances, ils étaient condamnés dans tous les cas. Est-ce comme ça que ses camarades ont vécus leurs derniers instants ? Agonisant au sol, plus maître de son corps, sécrétant tout ce que le corps humain pouvait sécréter, perdre ses cinq sens en quelques secondes ?

"Comment te sens-tu, une fois à la place du bourreau ?"
Ivan était resté derrière elle, l'observant alors qu'elle s'était arrêtée pour observer une pile de quatre cadavres inanimés de gardes tués par le gaz.

"Est-ce que c'est ce que tu voulais, Ren ? Tu te sens mieux ?
- Pas...pas vraiment.
- Ils ont fait la même chose à ton peuple. N'est-ce pas juste de leur infliger le même sort ?
- CE N'EST PA-
"

Elle se retourna, furieuse, vers Ivan mais son expression colérique tourna rapidement à la surprise en regardant Ivan dans les yeux. Même à travers le masque, elle pouvait sentir le cynisme de l'homme qui lui faisait face. Ivan n'était pas là pour la juger sur ses actes, il cherchait cyniquement à mettre la tête de Ren dans la merde qu'elle avait elle-même produite. Est-ce qu'elle était contente du résultat ? Est-ce que son père aurait voulu qu'elle le venge ainsi ? Est-ce qu'elle aimait ça ? Tuer des gens ? Est-ce qu'elle apprécie le moment ?!

"NON ! JE...je...j'ai fait quelque chose d'horrible. Mais je ne peux plus reculer maintenant, je dois assumer mes choix.
- Si l'Homme n'était pas une créature pleine de contradictions, alors nous ne serions plus humains après tout. Ton réflexe fut d'accepter la haine dans ton cœur, comme un réflexe de survie. Qui peut t'en vouloir pour ça ?
"

Ivan poursuivit son chemin dans le nuage de gaz toxique, laissant Ren seule, plantée là, entourée des cadavres mutilés par le gaz qu'elle avait elle-même lâchée. Elle devait continuer. Dai Po n'était pas encore mort ; elle pouvait bien être brisée à jamais, incapable de vivre une vie normale après les montagnes de cadavres qu'elle avait accumulée sous elle, si elle ne continuait pas, alors tout cela n'aurait servi à rien. Sa vie aurait un sens tant que Dai Po était encore dans les parages. Mais une fois mort...argh, avance, tais-toi ! Elle s'avança auprès de ses hommes. La résistance avait radicalement diminué au fil des minutes, le gaz avait clairsemé le rang des défenseurs désormais en infériorité numérique. Ils approchaient du but, les gardes s'étaient regroupés en un ultime bastion, un baroud d'honneur pour protéger leur despote et sa femme. Ils espéraient quoi ? Un miracle de la Providence ? Une arrivée soudaine du Dieu de la Guerre ? Une épopée rappelant leur sacrifice héroïque ? Rien de tout ça : les vainqueurs diabolisent les vaincus une fois les faits déroulés, ils blasphèment l'histoire des vaincus jusqu'à leurs convictions les plus profondes, pour le simple plaisir de se mettre en valeur, d'antagoniser à posteriori toute une génération de vainqueurs et de leur assurer leur supériorité morale, religieuse, politique ou militaire sur les peuples vaincus car les vaincus sont des vilains, des fous, des imposteurs, des démons. Ils ne sont pas humains. Ils avaient perdus, pourquoi aller plus loin ? Alors pourquoi ces gardes espéraient, malgré le destin funeste qui les attendaient, obtenir quelque chose en se battant jusqu'à la mort ? Peu importe.

"Tenez, une grenade, pour changer !"
Ren lance une grenade à fragmentation dans la salle où se sont barricadés les gardes et leurs protégés. Aucune idée de combien de personnes cette grenade a atteint les entrailles avec ses bouts de métal mais une chose est sûre, il ne faut pas une seconde de plus pour les deux équipes d'assaillants d'attaquer des deux côtés, par la porte et par le mur via une charge de démolition, pour attaquer en tenailles et abattre tous les hommes armés présents. Les tirs de rafales sont nombreux, les assaillants n'ont aucune once de pitié, au point où la fumée de la poudre s'accumule dans la pièce. Quelques secondes passent, la fumée se dissipe petit à petit. Ren s'avance dans la fumée. Elle observe un homme à terre, visiblement blessé. Si seulement Dai Po n'avait pas exposé sa sale gueule dans tout le pays pour son culte de la personnalité, Ren aurait pu croire que c'était un simple vieillard pris au hasard dans la fusillade. Au-dessus de lui, Leng Po protégeait de son corps son mari alors au sol. Son dévouement, malgré la fumée de la poudre qui aveuglait de larmes ses yeux et le sang giclant d'une blessure à la jambe, visiblement une des balles perdues lors de la fusillade, se reconnaissait dans ses yeux. Ren resta immobile quelques secondes devant le couple, son esprit lui disait de mettre fin à cette folie. L'amour de Leng Po pour Dai Po crevait les yeux : comment un homme aussi horrible pouvait attirer de l'amour et de la loyauté auprès d'autrui ? C'était incompréhensible. Elle ne savait pas quoi faire. Puis elle se reprit, se rappelant que sa mission était de tuer Dai Po, son but final, enfin là :

"Tu es moins impressionnant que sur tes affiches de propagande, vieillard.
- Qui êtes-vous ?! Qu'est que vous nous voulez à la fin ?!
- Leng Po...éloigne-toi, elle va te tuer aussi...
- Pas question, Dai ! Je ne bougerais pas d'un centimèt-
"

Elle n'eut le temps de finir sa phrase qu'une balle traversa le crâne de Leng, elle tomba brusquement au sol, aussi lourd qu'un parpaing qu'on lâche du troisième étage. Dai ne se concentra pas sur Ren, le fusil pointé en sa direction, le canon encore fumant du coup qu'elle venait de tirer sur sa femme.

"LENG ! LENG ! NON, MON DIEU, NON ! LENG !"
Hâtive de mettre fin aux supplications du dictateur, Ren tira sur Dai mais une once d'hésitation lui fit rater son tir, la balle n'atteignit pas sa tête mais son cou. Dai arrêta de crier, se contentant de gesticuler au sol, luttant pour respirer, sa bouche inondée de sang coagulé. Alors que le vieillard agonisait dans d'atroces souffrances en face d'elle, elle resta immobile. On aurait pu penser qu'elle aurait gardé son air impassible devant cette scène. N'avait-elle pas torturé, massacré, brûlé et tué tout un tas de gens avec une si grande froideur auparavant ? La tueuse au service de l'Estalie, la chienne de garde de la Révolution, la psychopathe du SRR. Oui, c'est le rôle qu'elle jouait d'habitude mais face à son ennemi juré, du moins l'ennemi qu'elle s'était auto-désignée, une peur primitive l'avait envahie. Dans son masque, on pouvait entendre les sanglots de celle-ci. Des larmes de joie car elle avait enfin tué le meurtrier le plus macabre du Hen ? Un esprit simpliste répondrait certainement ça. Mais ces larmes, elles étaient contre elle-même, contre sa naïveté, contre l'instrumentalisation de sa propre haine qui s'est retournée contre elle. Elle s'était persuadée que l'ennemi en face d'elle était un monstre, insensible, macabre et diabolique. Elle s'attendait à de grandes répliques de méchants avant de le tuer, à un homme dénué de tout sentiment humain. Et son dernier mot...pourtant, ce fut le nom de son épouse. Elle regardait un vieillard se vider de son sang devant le corps inanimé de sa femme. Voilà ce qu'elle avait fait. La Révolution, la vengeance, l'ALST, la RPR l'Estalie, l'unification de la Ramchourie...TOUTES CES CONNERIES N'AVAIENT AUCUN SENS. Elle avait tué un être humain. Certes, un dictateur mais un être humain. Pourquoi flanche-t-elle devant lui ? Elle en a tué tellement d'autres avant lui. Peut-être car elle pensait encore à ce moment-là qu'elle avait une raison légitime et juste de tuer, que c'était pour le bien. Mais pour le bien de qui ? Des familles dont elle avait sûrement enlevé un père, un fils ou un frère ? Aux Ramchoures sous la RPR qui seront sous la bannière de quelqu'un d'autre pour mener une guerre qui provoquera encore plus de morts ?


Abandonnée, dissoute, passible face à l'inéluctabilité. En quoi est-ce différent de la Mort ?
Ophelia - John Everett Millais (1851-1852)

Qui suis-je ? Suis-je morte aussi ? C'est peut-être ce que j'ai ressenti à cet instant. Quand il mourut, je mourus aussi.


Alors que l'équipe repart dans les camions, se dépêchant de prendre leurs jambes à leur cou avant que les renforts arrivent, Ren monte à bord la dernière. En se retournant, elle regarde le bâtiment présidentiel incendié par ses troupes. La résidence brûla comme un bûcher sacrificiel. En échange de la mort d'innombrables personnes, de sa sante mentale et de souffrances insupportables, la mort de Dai Po devait apporter un nouveau départ pour la RPR, pour la Ramchourie toute entière. Du moins, c'est ce qu'elle pensait avant. Au milieu de l'incendie, elle pouvait encore voir distinctement la fumée du gaz se confondre avec le ciel jaune. Devant l'ironie de la scène, Ren sourit de cynisme.

"Au fond, rien n'a vraiment changé. Je serais à mon tour chassée."
Ainsi, le cycle se perpétuait, telle était la volonté des Hommes, toujours avides du sang d'autrui mais toujours avares du leur.
5480
La chasse aux amis d'antan (L'installation).

Thème musical.

03/05/2017.

L'hélicoptère que le Code Communautaire nous prêtait était flambant neuf. Le général Denizli compte vraiment s'impliquer durablement en Ramchourie, pour nous fournir un de ses meilleurs jouets. Mais d'ailleurs, je ne savais pas qu'on avait les capacités de produire ce genre d'engin. Il n'est pas très moderne, mais il fonctionne. Il n'a pas été récupéré je ne sais ou sur un théâtre d'opération douteux ou au marché noir. Le plaisir m'envahit enfin un petit peu, notre travail n'était pas vain, le pays se relevait petit à petit des horreurs passées. Contrairement à la Ramchourie. Ce lieu devait être sauvé, comme j'aurai aimé l'être quelques années plus tôt. Nos amis nomades souffraient. Le reste importait peu. J'admire le Code Communautaire de faire preuve d'une telle ferveur pour leur cause. La guerre forge, dans la désolation naît la capacité des humains à faire ce qui est juste de faire.

Nous étions cinq espions pour retrouver la trace d'un seul homme. Soit il a énormément de soutien et donc il est bien caché, soit c'est un monstre de survie, soit le Code Communautaire sous-estime ma Communauté. Mais au fait pourquoi nous avons été choisis pour cette mission alors qu'objectivement, il y a des Communautés bien plus apte à la réussir. On a été payés, très bien payés, bien plus que d'habitude ce qui fait nos affaires. On nous a expliquées, en gros, notre objectif et... c'est tout. Pas de directives précises, pas de plans, pas de marche à suivre, on doit se débrouiller. Je pensais que pour une opération extérieure, en son nom, le Code Communautaire allait nous forcer un minimum à suivre une route choisie en amont. Ils ne s'occupent donc pas à ce point des activités des Communautés ? Il y a quelque chose qui cloche. Je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi nous avons été choisis, ni pourquoi nous n'avons aucune directive. Il y a peu être un lien. Nous n'avons pas de plan à respecter, mais néanmoins nous avons quand même du matériel, des vivres et de la monnaie, c'est déjà pas mal.

- "T'en penses quoi toi ? "
- "De quoi ? "
- "Ah oui, putain, je parlais pas à voix haute."
- "Ça y est, il devient fou."


Les amis de Majid rigolaient de cette petite blague d'Hamidreza. L'ambiance était bonne malgré les angoissent qui le torturais. C'était sûrement grâce à Hamidreza qui compensait les énergies négatives de cet angoissé de Majid. D'une constitution structurellement joyeuse, il donnait envie de le suivre dans sa joie de vivre. Pour le dire plus simplement, il avait une tête rigolote et il en jouait parfaitement. Concernant les trois autres amis accompagnant Majid, il y avait Melika, Azari et Nader. Melika était une experte en informatique et en technologie de tout genre. Elle avait développé ses talents dans les quelques universités jalonnant le territoire des Quatre Vallées. Né de parents sédentaires possédant nombre de capitaux, par rapport au reste de la population, elle poursuivait une carrière brillante et était une artisane majeure du développement technologique du pays. D'un développement technique réfléchis et mesurer, car ses valeurs allaient à l'encontre de nombre de celles appliquées dans la société Lav P'iri. Azari était douée dans la logistique discrète, fille de nomade issue d'une communauté peu influente, elle a appris, pour survivre, tous les rouages du commerce informel et des magouilles en tout genre. Nader, lui, était un as de la survie. Ayant grandi dans une communauté nomade particulièrement isolée, il a appris à survivre avec ce qu'il trouvait sur place. Quant à Hamidreza, il excellait dans la collecte d'informations grâce à son charisme naturel et son réseau surdéveloppé s'étendant aux quatre coins du monde. Majid était leur chef, disposant d'un talent particulier pour la discrétion, l'agilité dans le domaine du meurtre et du combat rapproché comme éloigné. C'était une arme de guerre d'exception. Même s'il était complètement fou, il avait un sens aigu de la justice.


L'hélicoptère Lav P'iri se posa sur un héliport obscur proche de la capitale de la Confédération, Yanmang. Ils furent accueillis en petit comité par des non-officiels du régime de la CR. Une fois à la capitale, ils furent installés dans un petit appartement, situé au premier étage d'un immeuble vétuste. À l'intérieur, celui-ci était miteux, mais il était spacieux et tout ce dont avait besoin Majid et son équipe était présent. Seun-Li ne pouvait donc pas se permettre d'offrir à des étrangers aussi importants des locaux dignes de ce nom ? Ou alors était-ce voulu ? La guerre était à ce point destructrice, Majid le savait, mais il ne pensait pas que Seun-Li était tant au aboi. Ou alors c'est ce qu'il essaie de faire croire ? Les questions pleuvaient dans sa tête, mais aucune ne pouvait être satisfaite. Il se ressaisissait en ce disant que de toute manière, ils n'étaient pas là pour prendre des vacances et que l'éminent Seun-Li souhaitait être le plus discret possible concernant leur venu. Finalement, la situation était idéale pour Majid. Ils s'installèrent tous de manière à travaillé dans les meilleures conditions. Lorsqu'ils eurent fini, Majid exposa la situation clairement à tout le monde avant de donner ses directives.

- "Hamidreza, je compte sur toi pour prévenir tes contacts de ta venue sur place et je te laisse trouver des pistes ou des noms qui pourront nous aider dans notre mission. Melika, je te laisse faire ce que tu as à faire, je veux que l'on reste le plus discret possible et cela passe par nos appareils électronique. Je veux aussi que nous protège contre toute attaque potentielle, met en place des pièges, matériels comme immatériels si jamais des ennemis parvenaient à nous localiser. Et préviens nous de tout ce que tu mets en place pour pas que l'on finisse par tomber dedans. Azari et Nader, débrouillez vous pour réceptionner le matériel que l'on attend, pour coordonner les équipes qui arrivent et pour trouver un endroit où stocker tout ce bordel, y compris les gens. Demandez aux Ramchoures qui vont sûrement venir ou trouvez-en pour vous aider. Faite, ça le plut discrètement possible. Moi, je vais aller m'entretenir avec Seun-Li."
- "Bien chef." répondirent ils tous en cœur.

Majid se leva et alla vers la porte déterminée à effectuer sa mission.

- "Eh, Majid détend ton string, on dirait que tu vas te chier dessus."

Hamidreza était vraiment un pitre, mais cette petite intervention permis une nouvelle fois de faire rire tout le monde. Le rire détend aussi bien que le cul, disait-il. Il avait sûrement raison...
3950
La chasse aux amis d'antan (La rencontre).

Thème musical.

03/05/2017.

Majid se balada dans les rues de Yanmang. Le désordre était de mise dans la plupart des ruelles par lesquelles il passait. Le peu de béton présent s'effritait et les pierres qui le remplaçaient ne faisaient pas non plus bonne figure. Il demanda son chemin à plusieurs passant qu'il arriva à interpeller et très peu d'entre eux avait l'air d'avoir la foi de lui répondre avec un minimum d'enthousiasme. Rien d'étonnant compte tenu de la situation déplorable que chacun d'entre eux avait sans doute à gérer. Il trouva tout de même son chemin et c'était le plus important. Il devait se concentrer sur la prochaine interaction avec Seun-Li. Elle allait être d'importance, il le sentait. Il arriva vers la place centrale, qui elle était d'une beauté sans pareille. Les nomades n'étaient pas les sauvages dont leur réputation les dépeignait. Au contraire. Il savait construire des villes, des bâtiments d'importances, ils avaient des connaissances très approfondies de la nature et étaient des experts en commerce et en logistique. Bien plus que n'importe quel sédentaires avec un équipement similaire. Si toutefois leurs cités ne valent pas celles des grandes cités impériales Xins, c'est par ce qu'ils n'en ont pas l'utilité. Ils gouvernent leurs territoires non par la démonstration de puissance, mais à dos de cheval avec une efficacité primant sur la splendeur. Ils mesuraient très bien la valeur des ressources et ils savaient qu'ils ne pouvaient pas en utiliser trop pour des choses aussi futiles.

Pour en revenir à Majid, il traversa la magnifique place centrale en direction du palais de Seun-Li. Les gardes présents l'interpellèrent. Il dégaina un document rédigé par le Code Communautaire. Après de longues vérifications, ils le laissèrent rentrer. À l'intérieur, le palais était encore plus magnifique. Des ornements sublimes tapissaient l'ensemble et donnait une âme spéciale au bâtiment. Tout était bien entretenu, Majid senti le frais et le parfum instantanément. Des conseillers arrivèrent à sa hauteur. Ils lui firent une visite des lieux. Pendant une dizaine de minutes. Vingt minutes. Trente. Une heure. Majid s'impatienta. Il sentait que quelque chose n'allait pas. Les proches de Seun-Li le retenaient, ils lui faisaient découvrir l'histoire de chaque ornement, puis très rapidement l'histoire de la Ramchourie tout court, mais jamais Seun-Li n'apparaissait. Il était là pour le rencontrer lui, il n'avait pas le temps pour ses conneries, aussi intéressantes soient-elles.

- "Où est Son Excellence Seun-Li, je suis venu ici pour le rencontrer. Nous avons à parler de sujet de la plus haute importance."

- "Eh bien, Son Excellence est occupé."

- "Notre rendez-vous était convié en amont, ce n'est pas mon problème. Amenez-moi à lui tout de suite, je n'aime pas me répéter."

Le regard d'autorité de Majid était terriblement froid. Tellement que ses interlocuteurs ne lâchaient plus un mot. Au bout d'un court silence, court mais écrasant, un des conseillers se décida à l'escorter vers les bureaux de Seun-Li. Majid entra dans ceux-ci. Il vit Seun-Li debout, pencher sur l'étude d'une carte. Il ne semblait pas avoir remarqué la présence de Majid. Ce dernier demanda à toutes les autres personnes présentent de se retirer. Il se rapprocha doucement de son interlocuteur du jour, et d'une voix plus intense, il déclara :

- "Votre Excellence. Je suis Majid Khoshkam. Je suis envoyé par le Code Communautaire pour vous informer que l'aide promis est arriver en Ramchourie."

Il leva à peine les yeux de ses travaux. Il regarda Majid avec un air absent. Ses yeux étaient vitreux et il sentait l'alcool.

- "Bien Majid, merci."

Il retourna à son étude comme si la discutions était terminée. Et de fait elle l'était. Majid en avait assez vu. Il ne dit plus mot et il sortit du bureau. Il s'arrêta quelques instants pour se rendre compte à quel point la situation qu'il venait de vivre était lunaire. Le respect était mort et il comptait bien en parler aux dirigeants du Code Communautaire. Il se dépêcha de rentrer vers leur planque...

Une fois arrivé, il décrocha instantanément un des téléphones satellites et il appela un de ses contacts travaillant au Code.

- "Oui allô. C'est Majid. J'aimerais prévenir le Code Communautaire que Seun-Li n'était pas quelqu'un de fiable. Il est dangereux d'investir dans son pouvoir, qui, va obligatoirement s'effondre s'il est aussi peut regardant avec ses partenaires qu'il ne l'a été avec moi."

Après quelques minutes, son interlocuteur lui répondit.

- "Je comprends la situation. Pour l'instant ne faites rien avec Seun-Li et contenter vous de retrouver Temujin. Nous vous recontacterons lorsque le Code Communautaire aura pris une décision..."
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Blason du secrétariat royal des affaires étrangères

Reconnaissance du Royaume Constitutionnel de Ramchourie
31/01/2018

Le gouvernement de Sa Majesté annonce reconnaître comme seule autorité politique légitime héritière de la Seigneurie Élective Ramchoure le Royaume Constitutionnel de Ramchourie. Le gouvernement de Sa Majesté reconnaît également Sa Majesté Mei-Li comme souveraine légitime de toute la Ramchourie.

Fidèle à son engagement en faveur de la paix et de la coopération internationale, le gouvernement de Sa Majesté réaffirme son souhait de voir une solution pacifique émerger dans le conflit en cours. Il appelle les États le pouvant à s’engager dans ce sens.

Le gouvernement de Sa Majesté reconnaît et salue les efforts de démocratisation entrepris par le gouvernement constitutionnel. Il manifeste son soutien aux réformes entreprises, dans l’espoir qu’elles débouchent sur une démocratie véritable.

Le gouvernement de Sa Majesté exprime son soutien au gouvernement constitutionnel dans son entreprise de réunification du pays.
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Caratrad reconnaît officiellement le Royaume Constitutionnel de Ramchourie



Un communiqué inattendu publié ce soir du Secrétariat Royal aux Affaires Étrangères a déclaré reconnaître cette faction du conflit Ramchoure comme l’unique autorité légitime.

Dans une déclaration publiée sur Echo International, la Première Ministre a affirmé : « Face à l’horreur croissante au Nazum, nous agissons pour maintenir la possibilité d’une paix et d’une réunification. »

Certains autres membres de l’OND pourraient suivre. Cette décision a suscité de vives critiques de la part de l’Opposition. Réagissant dimanche, le chef du Parti Travailliste Ciaran Störmer a déclaré qu’un royaume constitutionnel en Ramchourie « n’adviendra pas ». S’adressant au gouvernement au sujet de cette reconnaissance, il a ajouté : « Vous offrez un énorme cadeau à cette tyrannie. »

Les partis de l’aile gauche de l’Opposition estiment que cette reconnaissance constitue un « cadeau diplomatique » pour la reine Mei-Li, après son offensive contre les daimonistes en 2017, qui avait fait plusieurs milliers de victimes, selon des chiffres non confirmés. La Première Ministre a cependant insisté sur le fait que cette décision « n’est pas une récompense pour un régime autoritaire ». « Notre appel en faveur d’une véritable démocratisation est l’exact opposé de l’image d’une tyrannie archaïque et sanguinaire », a-t-elle précisé.

Cette mesure est « un engagement envers le peuple ramchoure pour qu’il puisse avoir un avenir meilleur », a-t-elle poursuivi, qualifiant les « famines et les dégâts [En Ramchourie] d’absolument insoutenables » et la « mort et la destruction d’horrifiante pour nous tous ».

Le chef du DKIP, Jeremiah Chase, a salué cette décision, estimant qu’elle « ouvrira la voie à une Ramchourie vivant dans la sécurité et la paix».
Le Secrétariat aux Affaires Étrangères a précisé que Caratrad « reconnaît la souveraineté ramchoure sur des frontières provisoires, basées sur les lignes d’avant la guerre civile, à finaliser dans le cadre de futurs réajustements ».

En décembre, Hanmer avait fixé un délai jusqu’à février pour que le Royaume-Uni annonce cette reconnaissance, un porte-parole du gouvernement a annoncé. Cette limite chronologique était alors restée secrète, le temps de mener des négociations avec le Royaume Constitutionnel de Ramchourie.

Des sources gouvernementales ont indiqué que la situation sur le terrain s’était « considérablement détériorée » ces derniers mois, évoquant des images de « famine et de violence en Hezian et en Hanchourie» que Sir Padraig avait précédemment qualifiées « d’intolérables ».

La dernière offensive terrestre dans le centre du pays, décrite par un élu travailliste comme « cataclysmique », aurait forcé des milliers de personnes à fuir. Cette guerre, qui dure depuis près de quatre ans, a provoqué le déplacement d’une importante part de la population, la destruction des infrastructures et au moins plusieurs centaines de milliers de morts, selon le Secrétariat aux Affaires Étrangères.

La vice-Première ministre, Daisy Davey, a reconnu que cette reconnaissance ne changerait pas nécessairement la réalité sur le terrain, mais a déclaré : « Il est temps de défendre vraiment un projet de réunification. » Interrogée par les RBCN, elle a ajouté : « Est-ce que cela nourrira des enfants ? Non. C’est le rôle de l’aide humanitaire que nous devons organiser dans les mois qui viennent. Est-ce que cela soulagera la population ? Cela dépend du gouvernement constitutionnel. »

Réagissant à cette annonce, la cheftaine des sociaux-écologistes Anna Claire a qualifié cette décision d'« absolument désastreuse », accusant le gouvernement de « soutenir une tyrannie sans aucune garantie offerte en retour ». L’ancienne ministre Sven Ewing a accusé Hanmer de « capituler devant les factions de droite radicale de son parti », tandis que le chef des nationalistes dyffryniens, Rhun ap Gwyfor, a salué une mesure « longtemps attendue ».

La reconnaissance de la Ramchourie est une cause récente au sein du Parti conservateur, et Hanmer a davantage initié que subi une pression pour adopter une position plus claire sur ce conflit qui dure depuis des années.

Selon des rapports non confirmés, un appareil militaire transportant des officiels ramchoures aurait atterri ce soir à Government House à Osthaven, où se trouve Sir Padraig en visite officielle au Nazum.

Mark Richards à Osthaven pour The Warden,
31 janvier 2018, 22H00
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Installation d'une ambassade de Caratrad à Muan


https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/7/7c/Embassy_of_the_United_Kingdom_in_Beijing_%2820210406162713%29.jpg/1280px-Embassy_of_the_United_Kingdom_in_Beijing_%2820210406162713%29.jpg

Le Royaume-Uni d'Ynys Dyffryn et du Kentware vient d'ouvrir une nouvelle ambassade à Muan, capitale du Royaume Constitutionnel de Ramchourie. Située dans le centre-ville dans un bâtiment style buggudien, l'ambassade n'est située qu'à quelques centaines de mètres des offices gouvernementaux et du palais royal.

Sir Maxwell MacDonald est le nouveau représentant de la couronne en Ramchourie. Expérimenté, celui-ci a déjà rempli cet office au Wanmiri. Il a également exercé des responsabilités dans la gestion du Gabalaigh d'Osthaven. Interrogé par les RBCN, celui-ci a déclaré être "enchanté par [mes] nouvelles fonctions". "La Ramchourie occupe une place spéciale au Nazum, et il est important que nous appuyions le Royaume Constitutionnel dans son entreprise de réunification", a-t-il ajouté.

L'ambassade ne désire pour l'instant pas ouvrir de consulats en Ramchourie. Interrogé sur cette possibilité, en particulier dans les territoires controlés par les alliés du Royaume Constitutionnel, le Chief Advisor Victor Marlowe a répondu que "D'une part, nous ne reconnaissons pas encore comme légitimes les autorités du Tahorintang et du Gualintang, et d'autre part, nous ne désirons pas inciter plus que de raison l'immigration ramchoure vers Caratrad".

Cependant, l'ambassade compte un nombre inhabituel de personnels pour une installation a priori réduite en taille. Selon Gerard ap Donald, ancien ambassadeur en Teyla, une installation de ce type ne devrait compter qu'une centaine d'employés directs du gouvernement. Selon les chiffres du Secrétariat Royal aux Affaires Étrangères, plus de 350 personnes qui y sont employées sont des salariés directs du gouvernement.


Gwyn O'Callaghan à Muan pour les RBCN,
07 février 2018, 22H00
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Glorieux logo de WOTS

Numéro 32, février 2018

Qu’est-ce qu’une victoire en Ramchourie ? Pour une nouvelle stratégie nazuméenne.


Pr. Victor van der Loos, professeur d’histoire du Nazum central à l’époque contemporaine, Université de Camford

Sitôt élu, le nouveau gouvernement a annoncé une « New Global Strategy ». Son volet nazumi est particulièrement important et marque un regain d’intérêt pour cette région largement ignorée par le gouvernement précédent.

Le Nazum, c'est grand
Rappelons un fait trivial : le Nazum, c’est grand. Le nord n’est pas particulièrement intéressant pour Caratrad si ce n’est pour ses axes de commerce maritime. La zone d’intérêt pour Caratrad commence à l’axe Yukanaslavie-Faravan. On arrive ensuite à Osthaven : c’est le début du Nazum central. C’est là que c’est fait et défait l’empire caratradais, et c’est là où il subsiste encore le plus fortement.

À vol d'oiseau, Osthaven, qui fut un temps le « joyau dans la couronne », n’est qu’à 800 km de la Ramchourie. Sang Gong, où Caratrad dispose encore de bases militaires, n’est qu’à 300 km de la frontière Ramchoure. En bateau, d’Osthaven aux cités libres de Zu, il n’y a que 2400 km, soit une poignée de jours de navigation. C’est dans ce triangle que Caratrad déploie activement sa nouvelle conception géopolitique.

Plus au sud, on rejoint le Wanmiri et Yddaerirdwyrain. Le premier a beaucoup retenu l’attention après les catastrophes naturelles qu’il a subies, et sa reconstruction a présenté de nombreuses opportunités que Caratrad n’a pas tellement saisi. Le Wanmiri occupe tout de même une place à part, puisque la réforme de ses forces armées a été conçue comme dans un laboratoire par la société caratradaise Parand. Celle-ci travaille en étroite collaboration avec le gouvernement pour la réforme des Forces Armées Caratradaises Army 2020. L’Yddaerirdwyrain est un des territoires ultramarins les plus importants de Caratrad, tant en termes de population que d’économie et d’intérêt stratégique. Cet intérêt est d’autant plus manifeste depuis qu’un Commandement Intégré du COMOND y est établi, et qu’une frégate tanskienne y est basée dans ce cadre et celui des accords de Norja. Mais la région est loin d’être aussi agitée que le Nazum central.


Du vide ramchoure aux polycrises
En effet, on constate depuis l’élection du nouveau gouvernement une énorme intensification des efforts diplomatiques entrepris au Nazum ou en rapport avec le Nazum. Hanmer elle-même a consacré au Nazum une part de son programme dans le cadre de ce qui était alors désigné comme « une renaissance de Caratrad sur la scène internationale ». Pour le gouvernement actuel, il apparait clairement que cette renaissance doit avoir lieu en redonnant une stature de puissance à Caratrad, en jouant si possible à l’arbitre. Caratrad n’est pourtant pas Teyla ou Tanska, et encore moins l’Alguarena. Il est donc nécessaire, comme le dit Sir Padraig, de « poursuivre la puissance par des voies obliques ». Il semblerait que pour le nouveau gouvernement, il s’agisse de déployer autant que possible la puissance caratradaise dans tous les « vides » laissés par des puissances plus grandes que Caratrad.

Car la Ramchourie est bien un « vide ». Plusieurs pays ont manifesté de l’intérêt pour le conflit, mais contrairement à une mécanique bien connue des relations internationales, le « dogpiling », qui veut que n’importe quelle crise suscite des réactions démesurées de la part de puissances pressées de s’affirmer, il n’y a pour l’instant pas eu d’interventions directes massives dans le conflit en cours. Certes, des pays comme Tanska ont déployé de manière plus ou moins ostentatoire des troupes dans la région. Mais, pour l’instant, personne n’a encore procédé à des actions militaires à visage découvert contre une des factions du conflit Ramchoure.

Cela pourrait être amené à changer dans un nazum central en pleine transformation. La guerre et l’annexion du Chandelkolza représentent un dangereux précédent. L’empire Xin, qui n’a jamais été connu pour son pacifisme, a entrepris une vaste politique de déstabilisation de la région. Il est partie prenante du conflit ramchoure par le biais de son « vassal » de Xun. Maintenant que la « situation » chandelkolzane est plus ou moins réglée, avec, rappelons-le, d’importantes interventions extérieures, le Xin est libre de tourner son regard vers son faible voisin Ramchoure.

C’est l’occasion de rappeler quelques chiffres. L’empire Xin et la Ramchourie d’avant la guerre civile comptaient un peu plus de 30 millions d’habitants chacun. Toutefois, alors que la Ramchourie est engagée dans un conflit qui se révèle destructeur pour son économie et sa population, avec une faible croissance industrielle essentiellement liée à l’armement, le Xin dispose aujourd’hui d’un PIB estimé 5 fois supérieur à celui de la Ramchourie dans son intégralité. Sachant que son économie est très fortement militarisée, il est facile de prédire l’issue d’une intervention Xin dans le conflit en cours.

Quelle victoire ?
C’est pourquoi il est urgent de définir à quoi ressemble une victoire en Ramchourie pour Caratrad. Le gouvernement semble avoir initié cette démarche en reconnaissant officiellement la Reine Mei-Li et son gouvernement. Mais est-ce suffisant ? Pour Caratrad, l’issue la plus intéressante repose sur une Ramchourie unifiée, indépendante et libérale. Très clairement, il s’agit du programme proposé par le Royaume Constitutionnel, du moins officiellement. Le soutien à cette faction plutôt qu’au Gualintang semble avoir davantage reposé sur des affinités personnelles et un goût idéologique pour les monarchies que sur des critères objectifs. Soit, cela peut se défendre si l’on considère que le Royaume Constitutionnel est la faction la plus à même d’atteindre les objectifs mentionnés sans le « bain de sang propre à toute révolution », selon les mots de Hanmer. Mais qu’est-ce que Caratrad retire de son soutien désormais très manifeste au Royaume constitutionnel ?

Pour l’instant, officiellement, rien. Aucun accord, aucun traité n’a été signé à l’exception de celui invitant le représentant de la Couronne a s’installer à Muan. À part protéger les intérêts de Caratrad en utilisant un « tampon » entre Osthaven et le Xin, une hypothèse faible dans un monde où le parapluie onédien règne sans conteste, on ne voit guère en quoi la Ramchourie peut représenter une grande victoire géopolitique pour Caratrad, sauf si on lit l’implication du Royaume-Uni sous l’angle de la performativité. Pour le gouvernement Hanmer, il semblerait qu’il s’agisse de montrer par une sorte d’entreprise néocoloniale loufoque que Caratrad est toujours en capacité de mener en solitaire une « grande stratégie » pour exercer son autorité et affermir sa puissance.

On voit mal ce qui pourrait ressortir d’autres des liens resserrés entre la Ramchourie et Caratrad. Le pays est pauvre, très faiblement industrialisé et ne dispose ni de ressources ni d’une population vraiment importante.

Il faut donc poser la question : le gouvernement Hanmer perd-il son temps en Ramchourie ? L’auteur de ces lignes pense que non, à condition d’infléchir sa politique. Le soutien à la Ramchourie doit être fortement mis en valeur dans l’espace public : il faut que la victoire du Royaume Constitutionnel devienne une victoire de Caratrad et de son modèle politique, économique et militaire. Pour cela, le gouvernement ne pourra se contenter d’une aide discrète ; il devra modeler le Royaume Constitutionnel à son image. Il faudra pour cela acquérir une influence importante sur la reine Mei-Li et son gouvernement, un exploit que Caratrad n’a pas même tenté depuis le siècle dernier.

Toutefois, si ce « pari ramchoure » fonctionne, il est clair que non seulement l’importance de Caratrad au Nazum central sera confirmée, mais que le Royaume-Uni pourra se prévaloir d’être une grande puissance, ou du moins d’une puissance avec une clientèle, ce qui, lorsqu’on regarde les « cinq grandes » (Alguarena, Grand Kah, Velsna, Teyla, Tanska), semble être le principal critère de puissance du monde d’aujourd’hui et de demain.
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La Formation des officiers de la Clique du Xuan Shi



Depuis plus d'un an, l'assistance velsnienne aux représentants du pouvoir ushong en Ramchourie se sont lancés dans une procédure similaire à celle qui avait été la leur de l'autre côté de la frontière: l'armée du chef de guerre Xuan Shi devait être totalement réformée dans la plupart de ses aspects tactiques, au delà même de la fourniture des armes promises par la Grande République en sous-main. Le soutien à la faction n'est pas encore officiel, mais les manœuvres en coulisses ont débuté il y a déjà longtemps. Les instructeurs velsniens, présents depuis plusieurs mois en sol ramchoure, commencent ainsi la distribution d'un document adressé à tous les officiers subalternes et supérieurs, sous la forme d'une série de conseils afin de transformer la force féodale en une armée dotée de bases opérationnelles modernes.



Document a écrit :
La Guerre velsnienne
Traité de Matteo Di Grassi (2018)


a



Préface: Ce que nous devons aux étrangers



Notre cité doit bien plus aux étrangers qu'il n'y paraît, plus particulièrement à nos adversaires. En effet, l'avancement des tactiques et leur histoire est le résultat d'un très long processus d'échange au sein duquel le champ de bataille est le lieu de transmission de tous les savoirs. La guerre et les choses de la stratégie ne sont rien d'autre qu'un éternel mouvement de pendule vers le perfectionnent de nos tactiques et de nos doctrines. Je ne puis, par exemple conseiller cet ouvrage à un éventuel lecteur dans un futur lointain, pour la simple raison que la guerre aura tant changée que ces lignes seront obsolètes dés lors. Ainsi, pour que ces conseils s'étendent dans le temps au plus possible, il me paraissait pertinent d'exposer un traité lié à la mentalité à adopter en temps de guerre que des choses de l'opérationnel. Ce texte n'a donc point à vocation de dicter les absolues nécessités de chaque instant, mais de procurer au lecteur la sagacité requise pour répondre aux situations de l'imprévu au mieux de ses capacités.

Je dédie cet ouvrage à tous les gens de ma patrie, et des autres patries, qui souhaiteraient bénéficier de mes observations accumulées au fil des années, et de mes différentes expériences, afin que la cité velsnienne et toutes les autres patries du monde puissent se gargariser de posséder les officiers les plus audacieux, les plus courageux et les plus compétents.


Maxime première: Dispositions morales de la guerre et courtoisie à l'égard des ennemis.

La cité et ses vieux juges évoquent souvent le principe de "guerre juste" afin de justifier les actions du Gouvernement communal. C'est là chose louable de penser que sa cité est dans son bon droit de faire la guerre et la paix. Ainsi, nos anciens nous ont signifié que la Guerre contre l'AIAN, à une certaine époque, était chose juste, tout comme ceux ci ont réitéré, en jugeant que les carnavalais qui avaient massacré les impériaux d'Estham, méritaient de se voir recevoir une épée sorte de son fourreau de la part des onédiens. Là encore, les onédiens avec les carnavalais, comme les velsniens avec les achosiens pensaient leur combat moral. Or, je me permettrai de répondre avec véhémence à toutes ces positions dans cet ouvrage. En effet, il est inutile de rappeler le mal qu'il a été d'attaquer des civils en Achosie du Nord dans les années 1970, car c'est là position évidente. La moralité, telle que je la conçois n'est pas tant de connaître la justesse d'un combat que la justesse du concept même de la guerre, prise seule. Les mots qui suivront seront avant tout destinés aux officiers et aux généraux qui me liront, car il est vrai que persuader les soldats du bien fondé de leur cause les aidera toujours à mieux se battre. Mon but est de vous donner la froide vérité de la guerre, et que vous y réfléchissiez dans le silence de vos tentes. Il convient ainsi de rappeler ces faits:
- Votre ennemi est bien souvent persuadé autant que vous du bien-fondé de son combat.
- Vous devez disposez en toute circonstance de la bienséance de la guerre à l'égard de votre ennemi, sauf si celui-ci n'en a pas fait de même.


La guerre, certes, ne porte en elle aucune autre moralité que celle d'assurer l'interêt de son État, mais cela ne signifie pas que la bonne conduite des soldats et des généraux qui les dirigent est d'une importance première, autant par interêt politique que pour permettre des marges de manœuvre ultérieure. Une armée n'évolue pas en vase clos: elle agit sur un territoire, ses actions ont des conséquences sur l'état qu'elle sert et sur celui qu'elle attaque. Chaque manoeuvre ou décision militaire se doit d'avoir un sens politique, qui rentre parfaitement en ligne de compte dans le cadre d'une position qui reflète celle de son camp et des buts de guerre qu'il revendique.

A tous les hommes de guerre qui me lisent, je recommande donc de ne point les émotions laisser guider votre jugement quant à votre conduite en guerre, et votre degré de violence à l'égard de vos adversaire, car la violence efficace est un outil davantage qu'un moteur. J'en prends pour témoin les armées loduariennes du grand et défunt Lorenzo, dont l'action fut systématiquement amoindrie, voire gâchée, par le comportement irrascible et inadapté de son chef, qui malgré ses qualités militaires pures, n'a pas retiré la moindre chose de ses actions militaires, quant bien lorsque celles ci étaient des succès. La guerre doit être menée froidement, et avec détachement, sans y prendre le moindre autre plaisir que celui du devoir dû à la cité des velsniens. J'ai vu par trop de fois dans ma jeunesse, des supérieurs se gargariser de la souffrance des achosiens de l'AIAN, qui n'a fait que prolonger la colère et le conflit inutilement.

A ceux qui tiennent des prisonniers adverses, je vous encourage à traiter ceux ci comme des égaux, des hommes libres et non des esclaves, car ceux-ci pratiquent la même besogne infâme que nous autres. Nourrissez les bien, et logez les bien, et ils répandront le récit de votre bonté et des bienfaits de se rendre à vous. Si ils ont les moyens d'être rançonnés, rançonnez les, ce qui gonflera vos coffres. S'ils n'en ont pas les moyens, alors relâchez les simplement une fois la guerre terminée à titre gracieux et gratuit. Honorez les pour leur bonne besogne, et dites leur qu'ils se sont battus bravement pour leur patrie. Ne percevez jamais l'ennemi comme inférieur à vous, quant bien même il est vaincu, car le sous-estimer revient à lui accorder la chance de nous battre par notre imprudence.

Naturellement, cette bonté trouve ses limites dans celles que fixe votre adversaire. Ainsi, il convient de punir sévèrement les hommes fourbes qui s'en prennent aux civils, qui prennent des otages et assassinent des prisonniers. Ceux-là, tuez les.


Maxime deuxième: L'armée parfaite n'existe que dans l'adaptation, et la victoire ne réside que dans la gestion de l'imprévu.

Pendant très longtemps, nos compatriotes ont cru que la perfection résidait dans la conservation stricte des choses, et ceux-ci appliquaient cette pensée au militaire. Si j'apprécie la continuité comme tout Homme, il convient de dire que chaque chose de l'univers n'existe qu'en vertu d'un contexte qui lui permet une bonne évolution, et qu'il en va de même pour les armées. Chaque troupe est le résultat d'un schéma de pensée,d'une doctrine qui répond à des impératifs liés à l'usage que l'on entend en faire et aux ressources à notre disposition, à une philosophie de la guerre. Je pense que chaque doctrine peut être renversée et mise à mal dés lors que l'on connaisse suffisamment son adversaire pour prévoir ses manœuvres.

Les velsniens pestent beaucoup à l'égard des achosiens, pourtant, nous devons nous rendre à l'évidence que des siècles d'affrontement avec ces derniers nous ont rendu service, puisque nous avons appris à les connaître afin de parer à chacune de leurs menaces. Les achosiens les premiers ont été maîtres dans l'art de lire leurs ennemis, et c'est quelque chose qu'ils nous ont transmis par la guerre. Avant les guerres celtiques, l'armée velsnienne était un monolithe devant répondre à toutes les situations avec un nombre limité de solutions et de formations pré-existantes. Après les guerres celtiques, Achos avait apprit à Velsna l'art de générer l'imprévu. A ce titre, je le pense, que l'achosien Erwys Gyndel, en plus d'être le plus grand général de tous les temps, fut le père de la stratégie velsnienne malgré le fait qu'il soit notre ennemi. Parmi tous, il fut le premier à prendre en compte son environnement, ses ressources à disposition et le comportement de ses adversaires velsniens pour mieux les vaincre. Ainsi je le dis: pour vaincre un adversaire, il faut apprendre à le connaître comme son propre frère, sans le mépriser le moins du monde.

Ainsi, je puis dire par exemple que les kah-tanais, si jamais ils étaient en état de guerre contre moi sont prompts à répondre à l'agression par l'agression, et que ceux-ci, lorsqu'ils agissent, exercent leur courroux par la terreur de la masse. Ce comportement les conduit à plusieurs grandes faiblesses opérationnelles, dont les deux plus importantes sont les suivantes:
  • l'Armée kah tanaise souffre par conséquent, dans le cadre de beaucoup de ses opérations, d'un degré d’impréparation certain.
  • L'armée kah-tanaise prend la mauvaise habitude de dégarnir lourdement ses autres points d’intérêt, et focalise sa puissance en un point précis, ce qui n'est pas sans exposer leur ventre au moindre danger.
  • Ceux-ci s'aventurent volontiers loin de leurs bases, et leurs lignes de ravitaillement sont souvent étirées.
Ainsi, sachant cela, et ayant conscience de mon infériorité numérique, je puis dire qu'il est de mon interêt à ce que les kah-tanais s'exposent en position offensive qui les rend souvent vulnérables. Dans cette situation, je prendrais soin de les laisser se focaliser sur un point de résistance modestement défendu de ma part, et je frapperais leurs lignes logistiques et maritimes, tout en répondant à cette attaque par une multitude d'escarmouches en d'autres points. A ce titre, je pense que la stratégie de bombardement des aérodromes libertaires par les hotsaliens en 2017 lors de la guerre slave, fut une bonne manoeuvre.


Compte tenu de tous ces éléments, il serait foutaise de croire qu'il existe une armée velsnienne typique et adaptée à toutes les situations, tout en étant monolithique: celle-ci ne doit pas exister, en aucun cas, car nous n'évoluons pas dans un univers figé. Dame Fortuna nous donne autant d'idées sur la manière dont il faut se battre qu'elle en donne à nos ennemis, et celle-ci récompense les plus prévenants des belligérants. Une armée velsnienne ne se distingue pas tant par sa composition que par son objectif premier: provoquer l'Inattendu, adopter un comportement imprévisible permis par la prise d'initiative personnelle de nos subordonnés. Or, inattendu prend un nombre infini de formes et de composition d'armée. Les kah-tanais attaquent en masse, alors il est nécessaire de temporiser leurs ardeurs en frappant sur tous les points d'une ligne avec la même violence, de sorte à ce que leurs zones dégarnies finissent par céder. Les onédiens aiment à prendre méthodiquement le contrôle du territoire qu'ils convoitent, alors il faut dans ce cas les sortir de leur zone de confort et les provoquer sur leurs arrières, prévoir une guerre longue et asymétrique qu'ils peinent à contrer, comme les expériences carnavalaises à leur encontre l'ont prouvé. Les achosiens disposent d'une armée rigide refusant de céder le moindre pouce de terrain, alors dans ce cas, il faut la briser, car c'est une bête bien peu malléable qui ignore le principe de défense en profondeur. A chaque problématique se présente une solution qu'il s'agit de trouver: la contre-attaque pour les kah tanais, le repli stratégique et le harcèlement pour les onédiens, l'attaque décisive pour percer un front monolithique pour les achosiens.

Bien entendu, il convient de souligner que ce besoin de la nécessité d'adaptation se retrouve dans la limite des moyens à notre disposition. Les doctrines ne s'appliquent pas de manière monolithique pour la raison que bien souvent, nous ne disposons pas des moyens de nos ambitions. Les troupes à notre disposition doivent déterminer une partie de notre comportement, et nous ne devons pas imposer à des troupes une tactique à laquelle elles ne sont pas rompues. Ainsi, il est inutile d'imposer à des chasseurs strombolains ou à des auxiliaires celtes autre chose que des tactiques de harcèlement, de guérilla et de contre-guerilla, car ils sont formés spécifiquement à la petite guerre. Il est également inutile de prendre d'assaut l'ennemi avec des troupes peu expérimentées et néophytes, car une posture offensive nécessite une coordination dont celles-ci ne sont pas pourvues. Quant aux margoulins de Rasken, ils sont mobiles tout en étant lourdement armés et pourvus en dispositifs lourds. Ils peuvent ainsi prendre de vitesse l'adversaire par ses flancs, ou en passant sur ses arrières.


Maxime troisième: la vitesse assure le succès, la précipitation condamne à l’échec


Comme dit, la guerre ne connait pas d'autre succès que celui de la surprise et de l'imprévu, et il n'y a guère de surprise qui puisse survenir d'une armée lente, et à la marche laborieuse. Il y a de nombreux exemples de ces armées inaptes qui ont fait face à de grandes calamités par leur lourdeur et leur lenteur, à l'exemple de ces nombreux pays d'Afarée et du Nazum, qui modestes dans leurs moyens, ont sacrifié la mobilité au profit du plus grand nombre. L'ancienne armée de l'Empire des Xin a ainsi été dans ce cas. Or, une armée nombreuse ne peut servir si elle est n'est pas soutenue, premièrement par un appui feu important et un appui logistique, mais surtout par la motricité, et le contrôle des airs. Je ne peux concevoir d'armée velsnienne qui ne se rue pas sur les lignes adverses en tentant d'y frapper les esprit d'un choc apte à briser la résistance. Si ce choc ne suffit pas, au lieu de se concentrer sur une seule zone de front, alors il faut piquer par petites touches sur l'ensemble de la ligne, de manière à provoquer un appel d'air au bon moment de par la pression exercée en tous points. Cette démarche ne fonctionne cependant que dans le cas où vous feriez face à une puissance équivalente ou plus faible que la votre.

Toutefois, je ne saurais mettre davantage en garde le lecteur, sur la confusion qui peut-être faite entre réaction rapide et manoeuvre précipitée. Une armée ne s'organisera jamais à la vitesse à laquelle vous l'envisagez, et un déploiement en bon ordre ne peut-être effectué qu'en ayant parfaitement conscience de vos limites opérationnelles. Il est évident, ainsi, qu'une armée faiblement motorisée ne disposera jamais du même potentiel opérationnel qu'une armée eurysienne dite "moderne", et il est vain de prétendre à une efficacité similaire dans la rapidité des mouvements. Dans n'importe quel cadre, c'est la planification qui doit prendre le dessus en tout circonstance sur l'idée d'une offensive foudroyante. Cette erreur est régulièrement commise par des armées très diverses: c'est cette précipitation qui a coûté la victoire aux forces putshistes de Dino Scaela en 2014 sur l'Arna, tout comme l'expédition punitive du Liberlintern à l'égard d'Hotsaline en 2017 a conduit à une multitude d'erreurs ayant diminuée l'efficacité de leur dispositif, dont les hotsaliens et les teylais ont profité.

Le secret de la réussite réside sur ce point, en la connaissance des limites opérationnelles de votre force.


Maxime quatrième: Décidez du lieu de l'affrontement (reconaissance du terrain et usage des renseignements militaires)

Il est possible de contrôler toute situation, même dans un contexte d'infériorité numérique et tactique flagrante. A ce titre, le contrôle du terrain est l'un des éléments contributeurs d'une victoire les plus précieux. Laisser l'initiative nous échapper est chose à corriger en toute circonstance, et si celle-ci ne peut point être assurée, il faut alors avoir recours à des procédés afin de faire prendre à nos ennemis une confiance excessive qui lui fera négliger beaucoup d'interstices par lesquels nous glisser. Si vous êtes en position défensive, il n'est pas absurde de laisser à l'adversaire le contrôle du terrain, à partir de l'instant où c'est vous qui décidez des termes du combat. De ce que vous connaissez déjà de la Maxime seconde, vous devez connaître les préférences de vos adversaires selon les spécifications de leurs troupes: si ceux-ci disposent d'une domination aérienne et d'un matériel lourd supérieur, il convient donc de provoquer le combat en milieu urbain et/ou très peuplé par des civils. A l'inverse, si les ennemis agissent en guérilla, établissez des périmètres de contrôle large et éloignez vos adversaires des centres de population dont ils cherchent le soutien.

La gestion des éléments constitue le dernier facteur de contrôle du terrain. Là encore, il est nécessaire de déployer toute votre ingéniosité afin de sonder au mieux de vos connaissances l’environnement que vous avez à disposition: chaque gué de rivière, chaque massif, chaque plateau peut constituer une défense acceptable si vous vous saisissez de toutes les subtilités du terrain. Vous ne pouvez pas tout faire tout seul, et votre état major non plus: le cerveau ne fait pas, ce sont les mains qui doivent remplir leur office. Pour ma part, afin de sonder le terrain et les populations, j'use fréquemment des Frumentarii et des exploratores: pour la campagne du Chandekolza, j'ai ainsi déployé deux cohortes de 100 hommes chacun chargés de passer en avant de la troupe dans ma manoeuvre, depuis les plages de l'estuaire chandekolzan jusque dans les faubourgs de la capitale de Seipalbon. Il n'est nul avis du peuple, ou nulle position qui n'aurait pas été découverte par la reconaissance aérienne qui aurait pu faire meilleur travail que ces individus. Pour les sélectionner, j'ai demandé l'avis de l'ensemble des maîtres de cohortes de ma Grande Tribune: qu'ils me donnent 10 meilleurs éléments de chacune des tribunes de notre armée, et qu'ils me les envoie. Je recommande ainsi pour ces tâches de renseignement vis à vis des populations des éléments expérimentés dans l'art de la subversion, mais qui présentent également une grande loyauté. A choisir entre les deux, je recommande la loyauté avant toute autre qualité, compte tenu de la nature sensible de la mission qui leur est confiée.

Pour ce qui est de l composition d'une telle troupe, je recommande un commandement velsnien issu de votre propre clientèle et de votre réseau de fidélité. Choisissez des hommes et des femmes que vous avez au préalable payé de votre poche, plutôt que des individus payés par le Sénat. L'argent attire la loyauté à lui, et il n'est guère de troupe plus loyale que celle qui vous est personnellement reconnaissante. Si le commandement de ces unités doit être constitué de citoyens avant toute chose, les nécessités du renseignement militaire peuvent rendre nécessaire l'apport local. Ainsi, c'est là qu'intervient u autre outil qu'est la bonté et la générosité vis à vis des populations des territoires au sein desquels votre armée progresse. Si vous devez être impitoyables avec vos ennemis, la population civile est une ressource précieuse, et votre succès dépendra grandement du degré de coopération dont celle-ci sera disposée à votre égard. N’hésitez pas à recruter parmi cette population, qui connaît certainement mieux le terrain que vous.

Ce renseignement militaire terrestre constitue un apport indispensable à la reconaissance aérienne et radar, et il est beaucoup d'armées qu délaissent cet aspect pour se donner corps et entier à ces technologies, qui si elle sont devenues indispensables à l'exercice de la guerre, ne constitue pas l'intégralité de la solution à la connaissance du terrain: caches, chemins étriqués et troupes dissimulées peuvent parfois échapper aux drones les plus efficaces.


Maxime cinquième: Lorsque l’adversaire frappe de toutes ses forces, donnez lui votre ventre.

A beaucoup d'occasions dans son Histoire, la patrie des velsniens a dû faire face à des armées bien supérieures par le nombre, et parfois même, par leur qualité. Cette situation de manque constant d'hommes et de femmes de valeur nous a contraint, entre autres, à utiliser la ruse pour voir Dame Fortune nous souri. Il est aisé de vaincre avec la supériorité du nombre, il l'est moins avec des moyens limités. C'est la tromperie et la ruse qui ont toujours été nos plus grands alliés. Ainsi, cette maxime est adressée à tous les hommes de guerre désespérés de leur situation, et en position de défense. Les armées supérieures commettent bien souvent davantage d'erreurs de jugement et de gaspillage de ressources, puisqu'elles peuvent se le permettre. Le front est une feuille où il faut choisir où écrire, et beaucoup d'adversaires vont au plus simple en concentrant leur attention sur un point précis du dispositif. Dans le cas où celui-ci userait de la force brut pour percer votre front, feignez de lui donner ce qu'il désire: un point faible bien en évidence sur lequel il pourra concentrer sa fureur. Plutôt que de subir les assauts, vous devez être l'instigateur de l'opportunité que vous ennemis tentent d'exploiter. Feignez de lui résister et abandonnez lui du terrain chèrement payé, mais avec des troupes que vous pourrez vous permettre de sacrifier. J'apprécie particulièrement de laisser s'avancer imprudemment l'adversaire dans mon dispositif, puis de refermer la nasse avec des troupes rapides qui accompliront un débordement prenant de court vos ennemis.


Maxime Sixième: Vous avez une armée composite ? Servez-vous en.


Dame Fortune a donné à tous les hommes et les femmes de l'univers des forces et des failles qui sont propres à chacun. La nation des velsniens reconnaît qu'il en va de même pour tous les peuples dans l'exercice de la guerre. Il est des nations qui pensent la guerre avec des armées homogènes et hautement standardisées comme celles des onédiens. Il en est d'autres, comme celle des fortunéens, et celle des velsniens, qui pensent que la diversité des origines et des expériences, est un atout précieux dans la guerre telle que je la conçois. Les onédiens et les libertaires kah tanais sont des nations redoutables et efficaces, mais dont la multiplicité des affrontements dans lesquels ils ont été engagés laissent transparaître une chose: les uns comme les autres sont très prévisibles, car leurs armées sont pensées de telle manière qu'elles ne sont pas capables d'agir autrement. Or, vous devez penser différemment de cette guerre que je qualifierais de monolithique. L'ennemi ne peut être prit au dépourvu que par l'usage d'une stratégie inattendue, telle que dit plus tôt. Il est impossible d'arriver à un tel résultat avec un effectif limité à des hommes et des femmes ayant une expérience identique de la guerre. Pour cela, les pères de notre cité ont très tôt fait le choix de la diversité. Eux qui avaient subit les assauts des achosiens par cette faute qu'est l'homogénéité, ils ont su saisir la valeur combattive des individus qu'ils avaient combattu, et ils ont ajouté leurs tactiques et leur armement à leur arsenal de compétences. Vous voulez vous battre en terrain montagneux ? Alors engagez des auxiliaires d'Achosie du Nord. Vous voulez organiser une opération coup de poing ? Alors recrutez des mercenaires loduariens, telle est la volonté de Dame Fortune.

Ainsi, j'estime que nous ne pouvons nous contenter d'une armée d'une seule nation, et que les velsniens ne peuvent vaincre sans le concours d'unités hautement spécialisées dans des domaines qui nous font défaut. Si le noyau de notre armée doit être composé en priorité de gardes civiques expérimentés, soutenus par de jeunes néophytes, ceux-ci ne peuvent concevoir la guerre que comme on leur appris. Il en va tout autrement si nous ajoutons aux velsniens des auxiliaires makotans, qui sont doués dans les repérages et les attaques d'escarmouche: ils font de bons fantassins légers. Il en va de même pour les chasseurs strombolains d'Achosie du Nord, qui savent exploiter mieux que quiconque le terrain accidenté et en combat urbain. Les raskenois, quant à eux, se sont montrés redoutables dans la tenue d'une ligne ou d'objectifs précis, amortissant le choc immense d' troupes bien plus nombreuses qu'eux, et laissant le temps d'organiser une défense. Ainsi, plus vous aurez d'unités de nature fondamentalement différente dans la manière qu'elles auront de se battre, et plus les combinaisons que vous pourrez vous permettre de faire seront nombreuses et complexes. Si cela rend la gestion de votre armée plus relevée, en particulier dans l'optique de frictions et d'incompréhensions entre les différents corps d'armée, cela rendra votre armée plus imprévisible, et plus difficile à appréhender par votre adversaire.


Maxime Septième: Une armée n'avance que le ventre plein.

Comme dit dans la Maxime troisième, il n'est guère de surprise sans vitesse, et guère de vitesse sans logistique, mais celle-ci est un besoin autrement plus impérieux encore que celui de prendre vitesse pour subjuguer l'ennemi, il s'agit là de faire la gestion de l'essence vitale même de votre armée. Aucune force moderne ne peut plus se permettre de manquer de motorisation, qui permet le ravitaillement et le bon équipement des troupes. Une infanterie isolée est une unité perdue dés l'instant d'un affrontement qui tourne à la retraite. Ainsi, je recommande à minima l'usage de 500 camions de soutien pour chaque Grande Tribune Militaire de 10 000 hommes, et il en va de même avec les citernes. De plus, une rupture quelconque avec la chaîne opératoire logistique permettant le ravitaillement d'une armée est à déconseiller strictement, s'il est possible de faire ainsi.


Maxime Huitième: Face à un territoire occupé, gagnez l'amour de sa population

Si la dureté doit rencontrer l'adversaire, il convient d'affirmer que la population n'est pas votre ennemi dans la théorie, et que tout affrontement avec celle-ci s'avérera plus longue et coûteuse que n'importe quelle guerre avec un adversaire conventionnel. Tout gâchis d'énergie est proscrit, et toute répression ne doit intervenir que dans le cadre où toute tentative de ralliement de la population aurait échoué. Tout mouvement de rébellion repose sur les relations que celui-ci entretient avec la population. Il apparaît donc capital de tout mettre en œuvre afin de dissocier les interêts des forces locales qui vous sont opposées, et celles de la population en deux systèmes dirigeants empêchant tout appui éventuel de la seconde catégorie d'occupés.

Ce cas de figure sort de mon expérience, qui avec celle de nombreux de mes compatriotes, fut précieuse dans le cadre de la Guerre de l'AIAN, qui présenta la configuration parfaite afin de mettre à l'épreuve de telles méthodes. Il est impératif que les conditions matérielles des habitants des territoires occupés connaissent le moins de privations possibles, et si possible, n'aperçoivent le moins possible les forces d'occupation dans le cadre de leur quotidien. Tout usage de démonstration de force est proscrit, de même que tout rationnement de la population doit être limité au strict minimum, sous peine d'une perception de "parasites" par les habitants des territoires occupés.

De même, cette occupation parcimonieuse du terrain doit se coupler d'une campagne d'information soutenue, de la part d'un service de presse compétent directement affilié au commandement militaire, et sans interférence des pouvoirs civils de la métropole velsnienne, qui rendraient toute communication longue et laborieuse. L'élimination des intermédiaires entre les "journalistes de terrain" affiliés à l'armée et la population occupée constitue une priorité, de même que l'action des journalistes étrangers doit être contrôlée sans pour autant interdire tout accès aux zones d'enquête. Il est important de sélectionner consciencieusement des "zones de conflit" ou de tension déjà sous un étroit contrôle armé, afin de minimiser la violence hypothétique des combats sur l'opinion publique.


1826
Les fusils

Les armes de la victoire



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Depuis quelques jours, on peut observer un mouvement renouvelé de part et d'autre de la frontiière ramchouro-ushong. Un mouvement de fond est à l’œuvre à l'arrière de ces camions, qui vont et viennent, depuis les postes frontières tenus par les xin jusqu'à la capitale de la clique: Xunshi se peuple progressivement de ces véhicules, qui viennent décharger des cargaisons entières de ces chargements tous identiques. Les manœuvriers se brisent le dos, ils se dépensent douze heures par jour pour accomplir les souhaits de ce qui reste du gouvernement légitime de la Seigneurie élective, telle que se présente la clique. Fabbrica di armi di Dodecapoli, voilà donc ce qui se présentait sur chacun de ces chargements, le nom d'une parie lointaine, qui n'est que l'un des très nombreux maillons d'un réseau mis en place depuis un autre endroit tout aussi éloigné, tout dédié au triomphe de la cause du seigneur de guerre local. Le nom d'une patrie étrange était inscrit sur chacune de ces caisses, mais c'est bien la marque de la cité sur l'eau qui se promenait par-ci par là, dans une discrétion toute velsnienne. Il n'était pas là question de déclaration éclatante, d'annonce tonitruante, d'acte de foi, mais d'une série de pousses dans le dos, de pots de vins et de "coups de pouce".

Les caisses étaient transportées depuis les entrepôts jusqu'aux casernes, où les soldats avaient le réflexe de les ouvrir: le M-11. On en avait entendu parler, de ci et de là, mais le fusil était à présent entre les mains de ce soldat ramchoure. Il était un peu lourd, mais portait en lui de nombreuses qualités qui étaient vantées haut et fort par ses vendeurs. Ce fusil, si il n'était pas velsnien de fabrication équipait déjà son armée, celle de nombreuses cités de la Dodécapole, Rasken, et dernièrement, celle de l'Empire celeste des ushong. Désormais, il appartenait à la Clique de Xuan Shi et loin de là, on avait à cœur que cela constitue un tournant de la guerre civile en cours. Loin de là, dans les couloirs du Palais impérial de Beyfon, et dans ceux du Palais des Patrices de Velsna, on attendait...


Fusil Corenno a écrit :
...le fusil Corenno M11


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Caractéristiques générales:

Masse (non chargé) 3,95 kg/4 kg
Masse (chargé) 4,66 kg
Mode d'action Automatique
Munitions 5,56 mm/ 7,62 mm
Capacité 30/25 cartouches
Cadence de tir 650 coups/min
Vitesse initiale 980 m/s
Portée pratique 450 m/500/600 m


Genèse du projet et développement: Les années 2000 à 2010 sont marquées par une recrudescence des conflits régionaux, principalement de par l'activité de la Loduarie communiste et d'instabilités locales. La guerre de l'Okaristan, puis la davantage encore la guerre civile velsnienne ont eu pour effet de mettre en exergue l'obsolescence des modèles antérieurs qu'étaient le Corenno M5 et M6, massivement utilisés par les différentes factions de la guerre civile. Il était alors apparu que ces derniers étaient surclassés par leurs homologues loduariens, kah tanais, fortunéens ou encore raskenois. Face à cette situation, le bureau d'études de la FADD a ordonner le démarrage du projet M11: une entreprise devant permettre le développement du successeur du M6, alors utilisé dans toutes les cités de la Dodécapole et à Velsna. L'enjeu allait être de taille, puisqu'il s'agissait ni plus ni moins que de récupérer les parts de marchés que le "moulin à balles" avait perdu au profit de la concurrence étrangère (Velsna, principal client, ne considérant plus à partir de 2014 la FADD comme étant son fournisseur en armes légères). L'enjeu derrière ce projet est donc lourd de conséquences pour l'entreprise, puisqu'un échec lui aurait certainement été fatal, et une faillite, inévitable.

Il fallu deux ans de développement pour accoucher en janvier 2016 du "Corenno M11", dont les livraisons ont immédiatement débuté. Il faut en premeier lieu noter que le temps de développement aura été relativement court pour un projet de ce type. Le Corenno M11 est fabriqué exclusivement au Moulin à balles d'Apamée, et la liste de sous traitants a été volontairement réduite au minimum afin de minimiser le temps de production, et contourner les problèmes de livraisons pouvant survenir en cas de tensions diplomatiques avec les éventuels pays livreurs de matières premières. La FADD est donc supposée pouvoir assembler ce fusil en prenant en compte son objectif premier: l'autonomie stratégique du début à la fin de la chaîne de production, à la fois du fabriquant, et des armées qui daignent s'en porter acquéreurs. Il va sans dire que le M11 Corenno tire certaines de ses caractéristiques de matériel étranger déjà existant. La quête de fiabilité face aux conditions climatiques tire son inspiration des modèles de fusils d'assaut loduariens actuels, de même que son principe de crosse repliable et l'attention qui est portée au fait de garantir un encombrement réduit. En effet, son caractère compacte a eu pour conséquence qu'il soit gardé comme arme personnelle pour les unités blindées ou pour l'artillerie, ce qui pourtant n'était pas la fonction première de l'arme lorsque le projet a été mis sur la table deux ans plus tôt. La longueur de son chargeur est également un atout supplémentaire qui a contribué à sa popularité parmi les troupes (840/614 mm).

Si le fusil présente un avantage certain en terme de fiabilité et de réparabilité, il faut toutefois y noter des défauts qui n'avaient pas été prévus au début de développement, et que la FADD tend à corriger sur les futures variantes, dont la prochaine devrait entrer en phase de production d'ici septembre 2016. Le principal problème du M11 réside incontestablement dans son poids, que ses concepteurs tentent actuellement de corriger. Il est plus lourd que que la majorité de ses homologues océniens, onédiens ou kah tanais. Il est ainsi souvent considéré comme un poids supplémentaire au sein de l'infanterie, qui est supposée être sa principale cible.

Il existe d'ores et déjà plusieurs variantes et appendices de l'arme, dédiés à divers usages:
- Avec la version d'origine, on peut citer l'existence d'une poignée de transport et un bipied, tandis qu'une autre version, beaucoup plus courante, existe sans bipied.
- Le M11 B, est un modèle équipé d'un canon court, dédié aux parachutistes et personnel d'artillerie et de char. Il est particulièrement populaire.
- Le M11 C, constitue une variante munie du canon le plus court et dont l'architecture est si différente du modèle d'origine qu'il serait difficile de le qualifier de M11. C'est un modèle peu utilisé, avant tout en guise d'arme personnelle et dédié aux interventions clandestines. Est assez petit pour être dissimulé.
- Le M11 D, version légère avec visée modifiée destinée aux forces de polices d'intervention.
- Le M11 E, version civile conçue pour le tir sportif et la compétition.



Effets: la livraison des fusils Corenno M-11 devrait débuter sous peu.
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Les fous de Velsna



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A l'ombre des logements privatifs de la délégation velsnienne auprès du fils du ciel, un petit groupe d'hommes observent la brume s'élevant sous le corps de garde de la cité interdite. Peu d'étrangers peuvent avoir le privilège d'avoir une telle vue, peu l'ont eu en tout cas. Cette partie de la cour des fils du ciel réservée aux étrangers n'avait qu'eux pour invités. Il n'y avait que eux, sur ce petit promontoire fortifié et les toits à pagode qui réussissaient à poindre par dessus le brouillard. Un garde impérial s'écarte sur leur passage lorsqu'ils accèdent au plus haut balcon: alliés qu'ils sont, ils demeurent surveillés par les autorités impériales, éternellement méfiantes vis à vis des "occidentaux", des "eurysiens", des "blancs". Qu'importe le nom qu'on leur donne, cela ne dérangeait en rien ce petit groupe de velsniens, visiblement rassemblés autour d'un barycentre, un individu au cœur de leur attention. Matteo Di Grassi s'occupe depuis de longs mois de l'affaire ushong. Lui et ses "compagnons", ceux que l'on nomme lorsqu'on évoque la faction sénatoriale des "achosiens", demeurent en orient une bonne partie de cette année, et celle passée. Ils sont cinq, toujours les mêmes têtes depuis 2014, depuis la guerre civile qui a noué leurs liens. Ce sont des sénateurs, certes, mais ce sont avant tout des militaires, et aucun de leurs rassemblements n'est anodin. Abiate, Abondiolis, Frashi, Calvane, et Di Grassi. Ils viennent toujours par cinq. Le Maître de l'Arsenal est penché près du bord: on ne voit même pas la courtine qu'il est censé y avoir en bas. Duccio Abiate le rejoint, et se met à son niveau. Il allume une cigarette avant d'en proposer une à son "patron", dont il préfère qu'on l'appelle "son égal". Il accepte sans rien dire, attendant certainement la sagacité des mots de son compagnon, qui finit par venir:

" J'en ai entendu des plans complètement fous, Matteo. On a fait la guerre de l'AIAN ensemble, je t'ai suivi à Cerveteri, et on a traversé l'océan jusqu'à débarquer à Umbra. Mais ce que tu viens de nous sortir à l'instant, en présence d'un ambassadeur impérial ushong, c'est probablement le plan le plus fou que tu nous as sorti. Qu'est ce que t'as dans le crane bordel... Des fois, je me demande si t'es génial, ou si t'as juste été incroyablement chanceux jusqu'ici. Putain... est-ce qu'on veut vraiment intervenir directement en Ramchourie ? C'est pas pareil que le Chandekolza, Matteo: cet endroit, c'est un vrai bourbier. On est sûrs de vouloir faire ça ?"

Il règne un silence parmi le petit groupe d'hommes: tous ont quelque chose à dire, mais personne ne sait vraiment par où commencer. Le Maître de l'Arsenal brise alors le silence.

" Je vous ai fait venir ici non sans raison. Vous êtes mes amis et mes frères, parce que je vous sait les meilleurs, mais aussi et justement, parce que vous êtes les plus fous des Hommes. Nous avons nos engagements avec le fils du ciel. Nous lui avons promis des investissements, et nous avons tenu parole. Nous avons promis de moderniser son armée, et nous avons tenu parole. Nous avons promis la reconquête du Chandekolza, et nous avons tenu parole. Nous avons déjà beaucoup fait, mais nous n'étions jamais venu ici, à la base, pour accomplir ces labeurs. Ce sont de beaux succès, mais nous sommes venus pour la Ramchourie, et j'ai bien l'intention de m'atteler à la tâche, tôt ou tard. L'heure approche, je le sens, les pions se déplacent plus vite de l'autre côté de la frontière, et ce depuis quelques temps. Si les xin entendent sécuriser leurs flancs, il leur faut agir maintenant, ou qu'ils ne le fasse jamais. Je vous ai fait venir parce que sans vous, je suis aussi utile qu'un vieillard des Comices Splendori en fin de carrière. Alors ? Des observations sur la situation dans laquelle nous sommes ? Abondiolis, tu n'as rien dit durant notre entrevue avec les ushong: à quoi tu penses ?"

L'Homme, qui malgré sa quarantaine paraissait le plus jeune d'entre eux, avec son air juvénile et ses airs d'Apollon, ainsi l'appelait t-on parmi ses amis, sorti de ses réserves à son tour:

- Toutes les factions de cette guerre civile peuvent mobiliser quoi... 200 000 hommes ? Je crois que Velsna n'a jamais affronté une telle armée...
- Ils seront levés en masse et on les tuera en masse.
- répondit aussitôt le Maître de l'Arsenal, avant de temporiser. - Et puis...j'ai bon espoir que toutes ces "petites nations" restent profondément divisées, comme elles le sont à l'instant. La force brute ne suffit pas, mais je pense que nous pourrons convaincre suffisamment de ces gens de se joindre à notre cause. La coalition ramchoure est certes puissante, mais elle est divisée, et constituée d'individus qui se haïssent et se craignent mutuellement. La "Reine-guerrière" est assise sur un château de cartes qui s'effondrera lorsqu'il subira un choc. Il suffit d'un scandale, d'une révélation, ou bien d'une défaite militaire pour faire comprendre aux membres de la Coalition la gravité de la situation dans laquelle ils sont empêtrés. Combien de temps pensez vous que les socialistes et les communalistes ramchoures tiendront dans cette alliance si ils voient le gouvernement central subir une série de revers ? Pensez vous vraiment que les républicains ont digéré la conquête qu'ils ont subit l'an passé ? Le Royaume constitutionnel est fort et faible à la fois, et pour nous, la guerre ne sera pas tant un moyen de conquête que de démonstration de cette faiblesse. Il faut frapper fort et durement, et ainsi montrer la voie aux autres factions, et aux partenaires mineurs de la Coalition, et ils abattront ce château de cartes à notre place. Ainsi, nous verrons si cette reine qui n'a jamais combattu mérite vraiment son surnom...

Il convient que la Clique ne frappe que le plus tard possible, et de toutes ses forces, pas avant que la Confédération n'en fasse de même. En aucun cas une guerre doit être provoquée à l'instant où notre cher chef de guerre local n'est point paré à la mener. Confédération, socialistes, nous trouverons des appâts n'importe où, coûte que coûte. C'est ce que nous avons trop tardé à faire, occupés comme nous l'avons été avec le Chandekolza. Mais désormais, nous avons nos yeux braqués droit sur ces barbares, et nous ne les lâcherons plus... Abondiolis, mon frère, as-tu contacté le Sénat des Mille pour demander des renforts ? De combien pouvons nous disposer si nos plans devaient s’accélérer ?


Le second hésita un instant, mais il affichait un sourire confiant qui écartait d'emblée l’hypothèse d'une mauvaise nouvelle:
- Ces excellences nous ont fait savoir qu'elles désiraient un succès quoi qu'il en coûte, nous aurons accès à toutes les ressources dont nous ferons la demande. Davantage même qu'au Chandekolza.
- C'est très bien. Nous n'aurons pas à nous soucier de cet aspect-ci donc. Mon ami, j'ai une autre tâche à te confier: il nous faut faire la travail de la guerre, mais il nous faut également faire celui des tractations diplomatiques. Je veux que tu sois responsable de cet aspect. Tu dois contacter les autorités de la Confédération de Ramchourie, afin de les convier à une rencontre. C'est là d'une importance capitale dans ce que nous voulons entreprendre. Ensuite, une fois que leur alliance est sécurisée, si c'est le cas, contacte les moritoniens à leur tour.
- A tes ordres Matteo.
- Il est temps de faire cesser cette farce.


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Êtes vous certain que ces gens sont vos amis, excellence ?

La première tête de l'hydre



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Avec la guerre, il n'y a guère plus beaucoup d'endroits où accuser son repos, où se poser, se mettre à une table, prendre sa place et regarder autour de soi. La pauvreté extrême de la majeure partie de la population ne permet pas d'avoir accès à ce simple loisir, qui consiste simplement à "perdre du temps": l'impératif des travaux agricoles ne permet pas telle chose. Mais malgré le conflit, il existe toujours quelques uns de ces endroits discrets, réservé à ceux qui peuvent encore se permettre de telles excentricités: l'accès au loisir de la boisson, parfois des breuvages d'importation, comme du vin landrin, du whiskey de Caratrad, du saqué du Fujiwa. Cet endroit, ce petit club discret, était le lieu où des élites se consacraient aux privilèges qui étaient les leurs. Loin des yeux de ceux qui n'ont plus rien, ceux qui ont encore quelque chose s'accrochent à ces moments, qui leur donne l'illusion qu'ils appartiennent à un monde à part. Les petites élites du Gualingtang s'amusent à singer la façon de faire des occidentaux, qu'ils voient comme un horizon indépassable. Cette singerie ne se limite pas à un amour ostentatoire de la démocratie, loin de là. La démocratie, elle n'est rien de plus que l'un des critères qui permettent pour ces gens de passer d'un monde à un autre. C'est un ticket d'entrée vers un monde se clamant plus juste vis à vis de la gêne des élites devant la misère des peuples: la douce hypocrisie de proclamer la fin des privilèges depuis le comptoir d'un club de privilégiés...

On trouve dans les rangs de cette petite assemblée officieuse, outre les cafetiers habillés à l'occidentale, des hommes et des femmes (mais surtout des hommes). Cela ressemble étrangement à un groupe de personnes en attente impatiente de leur entrée dans le petit monde des démocraties se prévalant de leur pureté. On parle, on échange, on rit dans l'initimité d'un tout petit monde ou la souffrance n'existe pas. Il y a ici des politiciens proches du pouvoir du Gualingtang, il y a là des diplomates, des ambassadeurs, des hauts fonctionnaires. Il y avait aussi des étrangers, qui donnaient à voir un aperçu intime de la promesse de la démocratie, une démocratie dorée où la vertu s'affiche dans les modes vestimentaires, dans les discours et les déclamations émouvantes: et on trinquait "A la liberté !" "A la réussite !" "A nos perspectives !". Quelqu'un n'a pas déjà dit à ces gens que la satisfaction des besoins matériels surpassait tous les idéaux ? Peut-être devrait-on leur dire...mais ce n'est pas le rôle que s'était donné la jeune femme qui barbotait sur une des baquettes du fond de la pièce. Elle n'avait pas des traits nazumi, elle était belle, le visage rond, le nez petit, presque celui d'une fouine, les yeux pétillants, qui se perdaient en observations, qui venaient se poser sur ceux qui entraient dans la pièce, t qui se figeaient sur ceux qui entraient dans sa petite bulle délimitée par sa table.

Le Guolingtang était une construction jeune, certes, mais sa classe politique était toujours celle qui gravitait dans les arcanes du pouvoir du temps de la seigneurie élective: un groupe de seigneurs qui décida de couronner l'un d'entre eux, non pas avec le titre pompeux de roi, qui rappelait l'ancien temps, mais celui de "président", encore dans une tentative maladroite de singer les étrangers eurysiens. Une élection législative faite en temps de guerre, sensible à toute tentative de corruption, que pouvait-il mal se passer après tout... Voilà donc ce qu'était le Guolingtang: une singerie de démocratie, sans les fondations nécessaires à son bon développement.

La jeune femme s'intéressait à ceux dont les costumes étaient les plus beaux et les plus propres, dans l'espoir d'approcher des hauts officiels de la République, qui aimaient à flirter et à flâner dans ce genre d'endroit. Parfois, elle faisait signe de la main, afin qu'ils s'approchent et qu'ils échangent, le plus souvent des discussions sans suite. Ce soir là, la pêche fut particulièrement bonne: deux officiers de l'armée, et un homme aux atours laissant penser qu'il fut proche du pouvoir. Elle sourit, il sourit et la rejoint. Elle croise les jambes, puis les décroise, elle lui effleure la main, il réagit. Elle le reconnaît:
- Sun-la. Vous m'avez manqué vous savez... Moi qui croyait que je ne vous verrais pas cette semaine.
- Jamais je ne raterai une occasion e vous voir, madame.
- Venez. Vous pouvez même faire venir vos amis si vous souhaitez.


Le ramchoure bien guindé prend immédiatement place auprès de "sa dame", laquelle ne se fait pas attendre pour lui verser un verre de whiskey à ras-bord.
- Alors ? Outre votre éclat, mon bon monsieur, y-a t-il des nouvelles du monde ?
- Vous savez madame...toujours les problèmes à la frontière de la Confédération.
- J'espère que cette guerre se terminera bientôt. A ce qu'il paraît, il y a de forts beaux monuments au delà de la frontière, et il vaudrait mieux y hisser un drapeau républicain qu'un étendard de cette horde de cavaliers et criminels...
- Je l'espère aussi, mais parlons de vous madame, je vous en prie, changeons de sujet.


Les deux boivent, encore et encore, le ramchoure davantage que la jeune femme, bien davantage... Et bien malgré le ramchoure, la politique refait surface de ci et de là dans leur conversation. Elle émerge, furtive et insidieuse, elle conditionne l'existence de cet homme qui y revient régulièrement, et avec de moins en moins de filtres compte tenu de son degré d'alcoolémie galopant. La drague laisse place à la plainte, et l'homme fulmine, encore et encore, contre tout et n'importe quoi...mais plus particulièrement envers sa hiérarchie:
- Je vous le dit ma bonne dame: on s'est alliés avec des serpents...
- Vous m'en direz tant. Je suis de votre avis mon ami: le Guolingtang est en train de se faire siphonner par une dame bien moins généreuse que moi: la "reine" Mei-Lin essaie de se construire un capital sympathie à l'international, elle parade dans des robes sa satin pendant que les ramchoures souffrent. Elle fait l'éloge de la démocratie tout en instituant un culte de la personnalité, en un sens. Je le pense: son seul mérite est d'avoir été l'épouse d'un seigneur, et d'avoir été là au bon endroit, et au bon moment. Le tout pour quoi faire ? Se vendre à des étrangers ? Probable...
- Ma dame, vous lisez en moi comme à travers un livre. Pendant qu'elle se construit, le gouvernement du Guolingtang fait son sale boulot: on a combattu l'Empire, on combat désormais la confédération. Et qu'avons nous gagner si ce n'est lui tenir la chandelle ? Qu'est ce qui adviendra de la République quand nous serons seuls face à la reine ?

La jeune femme sourit, un sourire éméché et joueur.

- Lorsque vous parlez, j'ai l'impression que vous évoquez un ennemi. Mais peut-être est-ce le cas... Êtes vous sûr que ces gens sont nos amis, excellence ? A quoi sert-il de se battre pour la démocratie si le résultat final est de devoir subir la tyrannie d'un nouveau monarque ? Et sans parler de vos autres alliés...
- Les communistes ? ça, je ne vous en parle pas. Depuis quand avons nous besoin d'eux ? Ce sont des insectes qui ne contrôlent qu'une parcelle de rizière. Si j'avais eu des responsabilités plus grandes, je ne vous cache pas que cette "alliance" aurait sautée depuis longtemps.
- Comme vous dites, mon ami. Trinquons à ça ! Et n'y pensons plus pour le reste de la nuit !
- A la vôtre, madame.



Effets: les services de la Segreda entament un travail de sape de la "Grande coalition".
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