Il est communément d'usage d'affirmer par proverbe que si les bonnes nouvelles tardent se perdent sur le chemin, les mauvaises ont quand à ailes des ailes qui leur permettent de se répandre ci et là dans la contrée avant même que n'apparaisse leurs opposées aux antipodes, mais quand est-il de celles que l'on ne saurait catégoriser ? En tout état de cause, cela dépend des situations, de l'ordre des nouvelles et surtout car c'est là le point le plus important ainsi que déterminant, la détermination de ses auteurs à voir le tout répandu aux quatre vents afin que tout être existant puisse en avoir connaissance. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le Céleste Empire des Ushongs entendait en ce jour que la volonté de la Cité Interdite et de son imposante administration bureaucratique devienne connue de tous car elle concernait par le fait le plus grand nombre, pas uniquement au sein des frontières impériales actuelles mais même au delà, visant sans le nommer l'ensemble des morceaux de verre du vitrail impérial brisé en mille morceaux à travers le continent, cherchant à apporter une solution alchimique permettant de recoller lesdits morceaux. C'était là la volonté la plus chère du Trône et de bien d'autres, mettre fin au cycle du chaos et de la destruction, achever l'ère de la désunion et restaurer ce qui fut jadis comme cela a toujours finit par l'être à chaque fois que l'histoire s'est répété au gré des siècles. Prospérité, décadence, crise, destruction, anarchie, silence, calme, vent nouveau, guerres, ralliement, résurgence, réunification, répétition.
C'était dans l'ordre des choses, c'était l'ordre des choses, millénaire, intemporel, il en était ainsi et ne pouvait en être autrement, la finalité était déjà acté à ceci près que l'on ne connaissait jamais le nom du vecteur de résurgence que sur les soubresauts de l'entreprise, ce n'était pas uniquement affaire de volonté ni de puissance après tout. L'entreprise de réunifier un empire et un peuple millénaire était après tout quelque chose qui dépassait le simple désir d'un ou plusieurs mortels, c'était une série de quêtes épiques s'inscrivant dans l'équivalent des légendes d'antan afin de créer un nouveau mythe, sublimant les sens et mettant à l'épreuve toutes les qualités et compétences humaines pouvant exister afin de combler un vide béant, une fracture à la taille inégalée au demeurant invisible qui empoisonnait l'existence du monde phénoménal au plus grand désarroi du monde fantasmagorique qui voyait l'auguste ciel pleurer des océans de larmes face à la terre et aux hommes meurtries par leurs propres égos et aspirations. Et ce quand bien même le temps était quelque chose de finalement très théorique dans ce cycle, après tout au regard des immortels une décennie ou même un siècle n'était qu'un instant passager dans une existence par essence éternelle, un souvenir parmi d'autres qui se verrait bien assez vite sublimé par le retour de l'astre solaire et son aube tant attendue, qu'importe si ce dernier ne se pressait point et mettait cinq décennies de plus à amorcer son retour.
Le genre humain pouvait prendre son temps, les cieux étaient patients, ils avaient tout le leur. Peut-être était-ce d'ailleurs l'essence même du Mandat conféré aux hommes, la tempérance du Divin et sa miséricorde qui même durant les affres des crises et des heures sombres ne s'évaporaient jamais totalement, une graine de bienveillance permettant à l'espoir de germer à nouveau persistant envers et contre tout. Les Dieux sont justes et bon après tout et laissent à leur héro le soin de guider les siens et d'assurer la pérennité de son existence car c'est là l'essence même de son devoir ainsi que la source de la légitimité faisant socle de son pouvoir. Le Fils du Ciel reçoit les bénédictions des vents et des tempêtes afin d'abreuver la terre et les peuples de la vie, il commande aux nuages et aux rivières afin de faire abonder les récoltes, mettre à bas les incendies, permettre aux individus de traverser les landes jusqu'aux confins du monde. Il ordonne aux esprits de bénir les êtres vivants afin de les purger des maux qui les accablent, tout comme il banni les démons qui cherchent à jouer des tours ou se repaître de l'infortune de chacun car nul parasite ne saurait fouler le monde phénoménal sous un mandat fort et ascendant. Il préserve la terre et tout ce qui habite, respire et vie en son sein, garde ceux se mettant sous sa protection de la malfaisance et l'ignominie d'un monde que certains peu scrupuleux cherchent à rendre laid et odieux.
Le Mandat n'est pas quelque chose d'unique à un seul sens, c'est un tout, une philosophie. Plus encore, c'est un idéal, ce vers quoi la gouvernance doit tendre car l'interprétation de son état est très simple, lorsque les bienfaits abondent et que les rires supplantent les larmes, le Mandat est alors sans nul doutes ascendant, il a accomplit son dû, ce pourquoi même il a été conféré. C'est alors une ère de bienveillance et de bienfaits qui règne sur la terre à l'ombre des cieux qui sourient en conséquence. A l'inverse, lorsque ce sont les larmes qui supplantent les rires, que la terre elle même se soulève et que les rivières sortent de leurs gonds jusqu'à ce que les cieux pleurent des larmes de sang, là où pestilence et famines prennent place et où les démons parcourent à découvert les mêmes arpents que les hommes en désarroi, alors le Mandat est descendant, réputé perdu pour son détenteur qui doit alors s'absoudre de ses péchés car il n'aura guère fait preuve de la vertu et de la dévotion inhérente à l'ascendance.
D'aucun dirait que ce sont là des superstitions, de simples légendes et contes d'enfants établit en des temps plus obscurs pour expliquer ce que l'on ne comprenait guère, mais est-ce vraiment le cas ? N'est-ce-pas plutôt là l'aigreur des gens de peu de vertu à l'esprit étriqué et la vision si ancrée dans la terre qu'il ne peuvent percevoir ce qui se trouve au delà de leur vision directe ? Nationalisme... Patriotisme... Idéologie... Indépendantisme... Ce sont là des concepts purement matériels portés par des hommes de peu de foi qui n'ont à coeur que leurs intérêts directs sous couvert d'une fausse vertu malvenue ne servant qu'à justifier leurs déviance et leur manque d'humanisme. Le Mandat dépasse ces simples idées mortelles, il les transcendent, les rends infiniment insignifiante face à la grandeur et l'idéal qu'il cherche à incarner. Et ce notamment car ledit Mandat, conféré par les cieux au représentant de ces derniers décidé par la grâce du Divin, de l'univers même, est le vecteur de ce qui doit être, le Ying et le Yang en parfait équilibre, le gardien du monde qui permet à l'humanité d'accomplir sa vocation avec la bénédiction des forces surnaturelles.
Le Mandat est l'humain, le mandat est l'humanité, le mandat est universel. En cela il ne connaît guère de frontières et se doit d'accorder ses bienfaits à tous et toutes. Mais que faire face à ceux qui refusent catégoriquement de par leurs regards viciés et esprits corrompus par des idées suggérés ainsi que soufflés par les démons du vice et du malheur qui cherchent à se repaître des souffrances du genre humain ? Il n'y a guère de réponses uniques tout comme chacune ne peut se targuer d'être parfaite. Chaque Fils ou plus rarement Fille du Ciel ont trouvé les leurs d'eux même la plupart du temps, grâce à des conseils parfois habiles mais plus souvent malavisés d'autres fois. C'est ainsi. Parfois il faut emprunter la voie des ombres pour émerger à nouveau dans la lumière, tandis que de temps à autres la plume suffit, cela dépend de l'obstination et du degré de perdition des uns et des autres... Le genre humain peut se montrer extrêmement têtu après tout. Toujours est-il que au delà des solutions à apporter à des problèmes éminemment où les ambitions et les aspirations se confrontent, il demeure du devoir du tenant du Mandat de préparer l'après.
Car il ne suffit pas d'intégrer sous l'égide des Cieux et de son Mandat les individus, il faut conquérir les coeurs et les rallier aux bienfaits, c'est à ce prix seul que l'ascendance se poursuit, lorsque l'esprit finalement émerge de la caverne et contemple bien au delà de ce qui se trouve sous ses yeux mortels et à court terme. Lorsqu'il contemple le monde phénoménal et au delà de ses frontières mortelles, la réalité de l'univers et du monde fantasmagorique. Lorsqu'il réalise qu'il a besoin des bienfaits du Mandat, car ce dernier est seul absolue garantie de prospérité et de la poursuite d'un idéal. C'est d'autant plus vrai lorsque les populations perdues, les fils et filles, frères et soeurs du genre humain, Ushongs par l'essence et l'âme plutôt que les gênes, ont été pervertis, empoisonnés dans leurs psychés même par les démons insidieux tapis dans les abysses et ayant profité d'un Mandant descendant pour commettre mille et uns méfaits. La reconquête des âmes et des coeurs est ainsi une priorité afin que le cycle soit accomplie et que le Céleste Empire ne soit à nouveau plus qu'un tout unique et présupposé éternelle jusqu'à la prochaine séquence de répétition qui adviendra inévitablement un jour.
Le Grand Secrétariat, sous les Ordres du Trône du Dragon, a à cette fin entrepris une vaste entreprise visant à proclamer les intentions bienveillantes du Fils du ciel, et à rappeler l'objet du Mandat Céleste et ses aspirations à ceux qui ont été inondé par les mensonges et l'infamie depuis des décennies jusqu'à voir en leurs frères et soeurs, des ennemis à abattre plutôt que des homologues voué à profiter des bienfaits du monde comme cela devrait être. L'action manifeste temporelle n'est qu'une partie de ce qu'il convient de faire afin de rectifier les choses, l'établissement d'un décret intemporel visant à clarifier les incertitudes et à rassurer les âmes en peine est un accompagnement absolument nécessaire, une condition sine qua non afin de permettre le retour des brebis égarés dans le troupeau avant d'aller paître vers des espaces toujours verdoyants.
Ainsi s'accompagne la Volonté du Trône du Dragon.
Décret Impérial du Cinquième Cycle Lunaire de l'An 4617 du Dragon
Relatif quand à l'équité des sujets de l'Empire devant le Droit Impérial qu'importe leurs ethnies ou croyances et au caractère transcendant la simple culture du Peuple Ushong
Préambule
Le Décret si présent a été édicté en conformité avec le légalisme et les formes d'usages relatifs aux convenances attendu de tout documents officiels rédigés sur Ordre du Trône du Dragon par le diligent Grand Secrétariat, sa rédaction a été de facto supervisée directement par le Chambellan Impérial Yao Liang et ses aides les plus compétentes, a été apposé à la suite d'une cérémonie officielle de mise en application au sein de la Cité Interdite, le Sceau Impérial, actant de fait la légitimité et la prise d'effet dudit Décret.
Article Premier,
Le Céleste Empire des Ushongs, par le Mandat Céleste octroyé des cieux eux mêmes au Fils du Ciel, leur représentant sur la terre des mortels, réaffirme dans un premier lieu le Yantésinisme comme sa Philosophie spirituelle d'état attitrée. En vertu des notions de syncrétisme inhérente à ladite Philosophie établit la possibilité claire et évidente de coexistence avec les cultes divers et variés existant en ce bas monde.
Ces derniers sont réputés comme émanant des cieux et s'apparentant aux Immortels régissant l'univers par delà le voile du monde phénoménal.
Le cas échéant, est reconnu à chaque loyal sujet de l'Empire officiellement le droit inaliénable de choisir ses croyances spirituelles et de pratiquer le culte de ces derniers librement tant que les pratiques susmentionnées ne contreviennent pas à l'ordre public ou à la législation en vigueur visant à préserver l'ordre et l'harmonie au sein de l'Empire. Le processus s'inscrit dans la poursuite des traditions syncrétiques et des Us et Coutumes, gravant définitivement dans le marbre au regard du droit ce qui était déjà acté par le fait.
Article Second,
Le Céleste Empire des Ushongs, par le Mandat Céleste octroyé des cieux eux mêmes au Fils du Ciel, leur représentant sur la terre des mortels, acte la mise sur un pied d'égalité au regard du Droit Impérial, l'ensemble des sujets impériaux et ce qu'importe désormais leurs ethnies, qu'ils soient Beï, Leï, Nin, Ramchoures, Lan Xin, Chandekolzans, ou tout autre tant que ses individus s'apparentant à ces groupes se déclarent comme sujets de l'Empereur.
Est réputé sujet de l'Empereur quiconque est inscrit dans les registres officiels d'administration de recensements de l'Empire, vit au sein du territoire Impérial, paye ou entends une fois reconnu comme sujet de l'Empereur payer des impôts à l'Empire via les magistratures ou tout autres officiels représentant le Trône à l'échelle locale et reconnaît le Fils du Ciel comme son Souverain Temporel.
Addendum 1,
La condition de paiement d'impôts relative au statut de sujet de l'Empereur peut être transposée par une "volonté" future, avec une prise d'effet effective différée au regard des situations d'intégration et de réintégration de l'Empire afin de ne point peser financièrement sur des foyers dans le besoin inaptes à s'acquitter d'obligations financières en l'état. De ce fait, des exemptions d'impôts peuvent être décidés temporairement selon des durées à déterminer administrativement à des échelles locales, afin d'accommoder l'intégration des individus désirant devenir ou redevenir sujets de l'Empire.
Est accordé à tout sujet de l'Empereur, la jouissance des droits comme indiqués dans la Législation en vigueur, la protection de l'Empire qui est réputé comme inhérente et acquise à tout loyal sujet, et la tenue des devoirs du Mandat quand au peuple à savoir le partage des bienfaits et la poursuite de la prospérité partagée avec chaque sujet du Trône.
Sont soumis en échange à un devoir de respect de la législation impériale en vigueur, d'obéissance ainsi que de loyauté au Fils du Ciel tout comme à l'Empire, et du respect de l'Harmonie entre la Terre et les Cieux.
Article Troisième,
Au regard du Droit Impérial et dans une optique d'égalisation des droits et des devoirs de chaque groupe ethnique divers auxquelles appartiennent les sujets de l'Empereur, ces derniers sont réputés comme faisant partie du Peuple Ushong dont le concept est le cas échéant élevé de façon transcendantale afin de désigner les Sujets de l'Empereur dans leur ensemble, dépassant la simple conception relative à l'aire Culturelle Cathayenne afin de s'inscrire dans un principe d'universalisme répondant mieux aux besoins administratifs et humains de justesse du Céleste Empire.
Le Peuple Ushong est de fait réputé comme la désignation des Sujets de l'Empereur, disposant de la jouissance des droits et devant s'acquitter des devoirs tels que décrété par la législation Impérial en vigueur.
Article Quatrième,
Toute forme de discrimination ou d'inégalités sur des fondements ethniques ou de croyances sont de facto officiellement prohibés et feront l'objet de sanctions adéquates dont la teneur sera déterminé par la gravité de l'offense réalisée, du préjudice subit par tout sujet de l'Empereur en étant victime mais aussi de la stature de l'individu se rendant coupables d'actes ou de paroles discriminatoires.
Seront plus sévèrement châtiés tout fonctionnaire, représentant de la fonction public ou Exécutant des forces de Sécurité Civiles Impériales, prit à s'exercer à ces processus ce en vertu d'un devoir inhérent d'exemplarité quand à l'application du présent Décret incarnant la Volonté du Trône Impérial.
Les Magistrats et autres organes recevant les doléances et plaintes afin de rendre justice sont tenus d'enquêter et d'adresser le cas échéant si confirmation il y de la perpétration de faits discriminatoires, les affaires qui sont portés à leur connaissances. Toute inaction ou passivité pourra entraîner des sanctions, voir des révocations sur ordre du Trône Impérial.
Si les hérauts impériaux annoncèrent la mise en application du nouveau décret en grande pompes dans le coeur de l'Empire, en place publiques comme au sein des organes de presse naissant en pleine ascension, ce dernier vit plusieurs de ses exemplaires s'exporter par delà les frontières, accompagnant notamment les livraisons de denrées vivrières dans certaines localités pauvres et reculés de Ramchourie comme du Chandekolza dans un premier temps. Ce avant d'apparaître petit à petit dans les organes de presse locaux, poussés par des individus ayant intérêt à ce que la nouvelle se répande, notamment au sein de ceux qui étaient considérés de façon inhérente comme des sujets historiques de l'Empire, perdus et mis à mal par des décennies d'incompétences et de corruption, attendant en priant la grâce des cieux que l'on vienne les sortir du marasme et du malheur dans lequel ces régions vulnérables étaaient empêtrés.
Ces appels, cette volonté, qui concordait avec celle du Mandat même, n'étaient ainsi pas restés sans réponse, l'évolution de législation Impériale n'était que la suite logique des conséquences de l'ascendance retrouvée du Mandat. Un accompagnement nécessaire, qui était le prélude à d'autres changements bien plus grands visant à répandre les bienfaits et réunifier les milles et un morceaux d'un Empire brisé vulnérable face à la pestilence étrangère qui se pressait toujours plus aux portes afin de faire chanceler les fondements même de l'Harmonie.
L'union faisait la force, et puis face à la corruption et l'incompétence notoire de dirigeants ayant depuis longtemps cessé de convaincre quiconque par des promesses creuses et des mensonges éhontés, n'était-il peut être pas temps d'essayer quelque chose d'autres ? Pourquoi ne pas retenter l'aventure Impériale ? Après tout valait-il mieux mourir de faim dans l'indifférence générale ? Valait-il mieux attendre se faire occire pour les ambitions de seigneurs de guerres querelleurs ne cherchant que leur propre fortune ? En quoi la Dynastie Xin et l'Empire qui connaissait un sursaut de prospérité jamais vu depuis plus d'un siècle dans la région où son règne s'étendait autrefois était-elle une infamie sans nom ? Cette "liberté" factice et mensongère, qui n'était finalement que la liberté de mourir dans d'atroces souffrances, valait-elle mieux qu'une allégeance qui serait certainement récompensée et permettrait non plus de survivre, mais de vivre tout simplement ?
La question reposait dans les mains des individus. Le Doute était semée. Le choix allait s'imposer.