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Democracy du 21 juillet 2015
Democracy


Débat Notizia TV : un Simeon Belagri en position de force face aux divisions de la droite

Image d’illustration d’un plateau télévisé pour débat politique.
Image d’illustration d’un plateau télévisé pour débat politique.

Le deuxième débat de l’année 2015 a pris place dans la soirée du 20 juillet, à partir de 20h30, sur la chaîne Notizia TV, sous le nom de “Sénat 2015 : Face au peuple”. Contrairement au premier débat sur Jōhō NWK qui a réuni uniquement deux candidats, la première chaîne de télévision madrerianne a fait le choix d’inviter quatres personnalités politiques majeures, représentant chacune leur propre camp dans les élections à venir. En premier, le Sénateur Simeon Belagri, leader naturel de l’Alliance Sociale et Démocrate, regroupant les partis de la gauche westalienne, et le Premier Ministre Fédéral Arthur Horvanx, représentant le Parti de l’Union Républicaine. Ces derniers sont suivis par les deux nouveaux invités, par rapport au précédent débat, à savoir le Président du groupe Parti Libre et Démocrate au Congrès Suprême, Justin Darfor, et le Sénateur Henry Ross, Président du Parti National Westalien. Au cours de la soirée, le débat a été l’émission la plus suivie par les westaliens, avec 18,5 millions de téléspectateurs, soit 78,6% de l'audience, réalisant un meilleur score que la précédente (17 millions de téléspectateurs). A deux mois des sénatoriales primaires, les tensions montent, l’indécision des citoyens se réduit de plus en plus et les partis politiques avancent leurs derniers pions sur la très complexe scène politique qui se joue actuellement dans notre pays. Pour convaincre les électeurs, ces quatre invités ont abordé différents sujets suivants les perspectives de leur propre vision politique : crise rurale, diplomatie et présentation de leur futur de la Grande République ont été au rendez-vous hier soir. Comme pour le précédent débat, nous avons commandé une série de sondages auprès de la Westalian Society of Opinion, à partir desquels nous allons pouvoir vous partager une analyse de l’avis des téléspectateurs, les moments forts du débat, mais également les surprises retenues lors des échanges. Alors que les scrutins prévus en septembre vont déterminer l’avenir de notre pays, qui, lors de ce débat, a réussi à convaincre les électeurs ? Les premiers éléments de réponse à suivre…

“Crise rurale” et solutions pour les campagnes westaliennes : la surprise Justin Darfor sur le plan global et l’écrasante victoire des nationalistes sur le plan rural.

Fin juin 2015, Columbia est de nouveau secoué par une manifestation populaire de grande ampleur. Les habitants du monde rural westaliens envahissent la capitale fédérale et s’installent devant le Sénat de la Grande République et le Palais d’Argent, résidence officielle de la Présidence Fédérale, débutant un siège de quelques jours, dont le but est de réclamer plus de moyens pour moderniser les campagnes, pour aider les agriculteurs et également pour dénoncer l’inaction de la classe politique face à ces problématiques, qui n’ont réellement étaient misent sur le devant de la scène qu’après ce rassemblement de ruraux mécontents, le plus important de l’histoire du pays. Ainsi, le sujet que l’on qualifie de “crise rurale” était inévitablement un thème de débat qui n’aurait pas pu être évité par les différents invités, tout particulièrement lorsque celui-ci a été présenté pour débuter les échanges politiques. Pour cette partie, nous avons décidé de réaliser une analyse qui présente deux points de vue : la première est celle du ressenti globale de la population sur le sujet abordé, quelles personnalités les citoyens westaliens, dans leur ensemble, ont trouvé la plus convaincante sur les problématiques rurales. La seconde est celle du ressenti des principaux concernés, celle des habitants vivant dans les territoires profonds de notre pays et qui subissent de plein fouet cette crise dévastatrice.

Crise rural (global)

D’un point de vue global, la surprise fut plutôt importante en voyant que le Délégué asfortiste Justin Darfor fut l’invité de ce débat à avoir convaincu le plus de téléspectateurs (27,6%) avec sa vision pour résoudre la crise rurale. Qu’est-ce qui a permis à son discours de se démarquer de celui des autres ? D’après Marcus Odwent, professeur en science politique à l’Université de New Landor, “Monsieur Darfor s’est démarqué des autres candidats en abordant le sujet de façon à ce que les téléspectateurs puissent se reconnaître dans les propositions qu’il a avancées. Il a également touché indirectement un sujet bien plus indirect que la simple problématique des campagnes westaliennes, il a désigné une cause qui se retrouve dans d’autres problèmes que rencontrent nos citoyens : la lourdeur de l’administration et des lois spécifiques. Si je laisse à chacun se faire son avis sur ce qui doit être jugé comme un problème ou non avec ces éléments, il est d’une évidence irréfutable qu’une bonne partie des westaliens considèrent ces dernières comme un tracas quotidien, que cela soit dans leur travail, comme dans leur vie personnelle. Ainsi, le représentant asfortiste a sorti son épingle du jeu en se positionnant comme le porteur d’un système plus rapide, plus simple et moins coûteux pour la population. En marquant d’entrée avec ce premier sujet, il est évident qu’il a fait gagner de précieux points au Parti Libre et Démocrate”. Quand est-il de ses adversaires ? Suivi de peu derrière, le Premier Ministre Fédérale a réussi à convaincre un nombre respectable de téléspectateurs (24,2%). En tant qu’un des acteurs principaux dans la résolution de cette crise, sa prise en main rapide lors du “siège de Columbia” et le succès des négociations avec les syndicats agricoles a permis de le positionner comme un homme fort, qui a déjà des résultats à présenter devant le peuple, bien que peu de chose ont réellement été acté en moins d’un mois. Du côté de la gauche, le Sénateur Simeon Belagri se positionne avec un score inférieur à son principal rival (22,3%), mais tout de même assez proche. Toujours dans sa lignée politique de leader de l’Alliance Sociale et Démocrate, ce dernier a accentué ses propositions vers un meilleur modèle social, un des principaux piliers idéologiques de la gauche sur cette campagne 2015, mais n’aura pas réussi à se démarquer face à ses adversaires sur ce sujet. En bon dernier, on retrouve pourtant l’homme qui a fait de cette crise son sujet de prédilection et ceci bien avant le “siège de Columbia”, dont il est l’un des principaux instigateurs, nous parlons bien de Henry Ross qui, bien qu’avec un score correct (18,4%), a été le moins convaincant à l’échelle nationale sur ce sujet, probablement pour ces prises de positions polémiques et extrémistes qui ont repoussé une partie des téléspectateurs.

Crise rural (campagnes)

Si l’on prend cette fois-ci uniquement l’avis des westaliens vivant en milieu rural, le résultat de ce premier sujet change complètement. En effet, si Henry Ross a été la personnalité la moins convaincante sur le plan national, son discours a été beaucoup plus apprécié par les principaux concernés de cette crise, écrasant ses adversaires avec une approbation de 37,9% des téléspectateurs ruraux. Toujours selon le Professeur Marcus Odwent, “Henry Ross a de nombreux avantages dans la conquête de l’opinion rurale. Le premier, et le plus évident, c’est sa prise en compte des problématiques qu’ils rencontrent et ceci depuis plusieurs années. Cette “ancienneté” dans ce débat a permis d’instaurer une forme de discours acquise au sein de nombreuses communautés rurales. L’autre grand avantage, c’est qu’Henry Ross est “l’un des leurs”, un citoyen d’origine rural et qui a un passé marqué par la longue période de silence qui a permis à cette crise d'émerger. Il entretient tout particulièrement son histoire où ses parents agriculteurs ont tout perdu du jour au lendemain et comment ses politiques, lors de son mandat en tant que Maire de Brokenbridge, ont permis de revitaliser le secteur agricole des terres adjacentes à la seconde plus grande ville de l'État-Républicain d’Horvanx. Si la majorité de la population westalienne considère cet homme comme un extrémiste, de nombreux ruraux le considèrent comme un représentant de leur colère, ce qui le place en force avec cet électorat longtemps marginalisé”. Ses adversaires, de leur côté, réalisent des scores bien inférieur, avec seulement le Délégué Justin Darfor qui obtient un score assez proche de celui révélé dans notre premier sondage à l’échelle nationale (24,1%), devant un Arthur Horvanx qui connait l’approbation bien plus basse au sein des populations rurales (19,4%), en comparaison du Président Fédéral Victor Hardenbor, il y a quatre ans, dont la popularité à la même période atteignez le score de 34,7%, en 2011. Loin derrière, et sans surprise, on retrouve le Sénateur Simeon Belagri qui réalise un score de 12,2%. Si ce dernier rencontre toujours autant de difficulté à se forger une popularité décente auprès des populations rurales, il réalise tout de même un meilleur score qu’en 2011, qui était de 5,4%, auprès de ces communautés. Cette augmentation majeure est probablement due à une croissance importante des idées sociales au sein des campagnes westaliennes, un effet politique grandement mis en valeur lors du “siège de Columbia”, où plusieurs syndicats ruraux de gauche ont réussi à se démarquer dans un milieu traditionnellement dominé par la droite radicale.

Objectifs diplomatiques des invités : la revanche de Simeon Belagri

Diplomatie

Avec l’ouverture sur le monde, le regard des westaliens sur l’actualité internationale et la diplomatie de la Grande République a grandement changé. Si, il y a dix ans, le citoyen moyen ne s’intéressait guère à ce genre d’information, nombre d’entre eux suivent désormais avec assiduité les nouvelles en provenance de l’extérieur du pays, principalement aleuciennes. La première raison de ce changement est l’apparition de nouvelles opportunités à l’échelle continentale et mondiale, qui n’existaient pas jusqu’à la mise en place de la doctrine du Kaiko-bu d’Henry Takajiwa, étudier ou travailler à l'étranger n’étant plus aussi difficile d’accès de nos jours. Une autre raison majeure de cet intérêt est la transformation de l’économie tournée vers l’intérieur du pays en une économie porté sur l’internationale, principal succès de l’ouverture sur le monde et qui aura permis à la Grande République de se hisser jusqu’au rang de troisième puissance économique aleucienne en quelques années, tout en pavant un avenir prometteur à l’échelle mondiale. Entre les opportunités, l’économie, mais également la situation d’une Westalia de plus en plus active dans les affaires du continent, ce sujet s’est donc forgé une place d’importance dans l’esprit des westaliens comme des politiques qui les représentent. Au cours du débat, c’est le Sénateur Simeon Belagri qui a réussi à présenter le futur de la diplomatie westalienne le plus convaincant, toujours selon les téléspectateurs (35,3%). Selon Mark Tenley, professeur en géopolitique à l’Université de New Landor, “l’année 2014 et l’année 2015 ont été marquées par de nombreux événements où la diplomatie a été régulièrement au coeur de l’actualité, que cela soit la crise des manifestations d’Antegrad, la disparition de John Alkent ou l’antagonisation des relations avec la Fédération de Stérus. Dans son discours, je pense que Simeon Belagri saisit correctement les enjeux de la diplomatie pour les quatre prochaines années à venir, mais également les attentes de la population sur un élément de gouvernance qui va, je le pense, être encore plus au centre de l'actualité. En mettant en avant la nécessité de réformer l’ASEA vers un modèle plus social, démocratique et favorisant la cohésion, il démontre clairement qu’il veut tourner la page de l’époque stérusienne de cette organisation, avec la volonté de recentrer l’attention de l’alliance sur ses autres membres, mais également sur les pays aleuciens qui ne le sont pas encore. C’est un changement de politique important et qui a été correctement calculé, quand on sait que le Front Populaire et Démocrate avait promis un rapprochement avec la Fédération de Stérus, il y a encore un an de cela. L’opinion populaire anti-Stérus est toujours présente et je pense qu’il a bien saisi que cet objectif ne pourrait pas être accueilli sans y perdre en popularité, surtout depuis le début de l'ère Pandoro”.

Du côté de son principal rival, le Premier Ministre Fédéral Arthur Horvanx, on retrouve aussi un score assez haut (30,9%), qui marque un attachement particulier des téléspectateurs aux discours pro-ASEA des représentants des deux principaux mouvements politiques du pays. Soutenant un horvanxisme anti-isolationniste, à l’inverse du leader d’extrême-droite, le chef du gouvernement s’est positionné comme l’homme de droite le plus convaincant sur ce plan, probablement dans une volonté électorale d’aller chercher des électeurs de la droite modéré ou asfortienne, majoritairement en faveur de ce genre d’organisation internationale, là où la droite radicale se montre souvent plus sceptique. Un fait qui rappelle qu’Arthur Horvanx doit composer, en interne, entre les libéralistes d’Henry Takajiwa et les traditionalistes d’Alfred Eisendorf. A l’inverse, le Délégué Justin Darfor s’est démarqué pour une position de forte décentralisation de l’alliance aleucienne, en justifiant la nécessité de favoriser la signatures d’accords bilatéraux pour faire prospérer le pays à l’international, plutôt que de favoriser le renforcement de l’organisation qu’il juge “particulièrement utile pour le développement de liens diplomatiques et le maintien d’un marché commun”, mais rappelant que “les intérêts divergents et la dépendance à un traité qui ne cesse d’élargir ses membres va nécessairement être moins efficace que si nous allions directement négocier par nous-même avec d’autres nations, sans contraintes internationales derrière”, tout en soulignant son engagement à voir la Grande République rester un membre à part entière de l’ASEA, mais dans une version beaucoup plus affaiblie de l’organisation, à priori.

Réalisant le pire score d’approbation sur ce sujet (8,2%), le Président du Parti National Westalien a tenu un discours particulièrement hostile à l’alliance aleucienne dont notre pays fait partie. Alternant entre propos complotistes, isolationnistes et rejet de toutes les idées qui se trouvent à la gauche des siennes, Henry Ross a marqué cette partie du débat par une prise de parole pleine de haine et de peur. En effet, celui-ci a réaffirmé sa volonté d’entamer un départ de l’ASEA pour la Grande République, ou “Westalexit”, pour reprendre le terme utilisé par ses partisans. Avançant un argumentaire comme quoi cette organisation nous coûterait “bien trop cher” et nous volerait “de nombreuses ressources utiles à notre développement”, sans réellement avancer des exemples concrets sur ces propos. Il a également réitéré sa position profondément anti-Stérus, qualifiant le gouvernement actuel d’avoir “fait preuve de trop de laxisme et de complaisance à leur égard” et proposant “d’établir les sanctions les plus sévères et les plus punitives à l’encontre de l’État crapule du Consul Pandoro”. Ces positions diplomatiques aux antipodes des autres invités se base sur la volonté de voir la Grande République retourner dans une forme d'isolationnisme et de replis sur soi-même, pour mieux lutter contre “les invasions idéologiques venant de l’extérieur”, avec la volonté de tourner le pays vers d’autres nations partageant des idéologies beaucoup plus traditionalistes et conservatrices que les relations actuelles de Westalia. “Si un jour cet homme arrive au pouvoir, notre pays va s’effondrer sur lui-même, sous le propre poids de ses délires isolationnistes et de sa lubie de lutte contre le monde extérieur. On est plus dans les années 60, hein, la Viétie communiste a été écrasée et nous vivons correctement notre démocratie. Pas besoin de faire un bond en arrière jusqu’au XIXème siècle pour que notre pays puisse rester puissant et sache se protéger des dangers qui pourraient nous guetter”, nous a confié ce matin un habitant de New Landor. Pour le Professeur en science-politique Marcus Odwent, “cette peur de l’extérieur est une opération électorale visant à trouver un bouc émissaire facile, très récente qui plus est, pour se positionner comme un mouvement anti-système et particulièrement accueillant des westaliens qui n’ont pas réussi à profiter de l’ouverture sur le monde. Il n’y a aucune preuve qu’un ou plusieurs pays extérieurs cherchent à influencer la politique intérieure de la Grande République, je conseil à nos concitoyens de faire très attention avec ce genre de discours qui ne se base sur aucune source tangible et qui cherche uniquement à créer une peur construite de toute pièce par ceux qui affirment la combattre”.

Le futur de la Grande République : opération séduction réussie pour Simeon Belagri

Futur

Le dernier grand sujet de ce débat télévisé s’est porté sur un sujet volontairement libre et assez large pour que les différents invités puissent partager leur propre vision du futur de la Grande République, pour les quatre prochaines années. De toute l’émission, c’était le moment à saisir pour que les représentants des mouvements politiques présents sur le plateau puissent réellement se démarquer de leurs rivaux. Déroulé de leur programme, objectifs et hypothétique conclusion de leur mandat, supposément en 2019, ont été le cœur des différentes prises de paroles, toutes uniques et à l’image des personnalités qui les ont prononcées. Une fois de plus, c’est Simeon Belagri qui a réussi à se démarquer de ses rivaux de la droite, avec un discours accès sur un élément politique qu’il a toujours accentué au cours de ses précédentes campagnes : une réforme démocratique des institutions du pays, qu’il juge encore imparfaites dans leurs capacités à représenter le peuple de manière indépendante, ramenant sur la table la suppression du Conseil Électif, l’élection au suffrage universel direct de la Présidence Fédérale ou encore un fonctionnement de nomination assez proche à celui d’avant 2003, pour le Conseil de la Justice Fédérale, une réforme constitutionnelle contre laquelle il a longuement lutté à l’époque et qui fut le tremplin de son ascension politique au début des années 2000. “Moi, je veux bien qu’il réalise tout ce qu’il a dit, le Sénateur Belagri, lors du débat. C’est bien la démocratie, mais j’ai du mal à y croire quand il a décidé que l’Alliance Sociale et Démocratique devrait accueillir le Parti des Ouvriers Libres en son sein. Je sais que les westaliens n’aiment pas, à juste titre, ces fanatiques du communisme, qui ne s’en revendiquent pas, mais agissent tout comme. Si le Sénateur devient Président Fédéral, j’espère qu’il respectera sa promesse d’écouter le peuple et qu’il ne donnera pas une trop grosse importance à ces fous d’extrême-gauche, dans les politiques du pays. Ils font déjà bien assez peur en ayant rejoint la coalition de gauche…”, nous a confié une habitante inquiète de Columbia, en parlant du débat télévisé de la veille.

Loin derrière, avec presque dix points d’écart (27,5%), on retrouve le Premier Ministre Fédéral Arthur Horvanx, qui a de nouveau martelé le fer de lance du conservatisme westalien : l’Union Nationale. Théorie politique presque sanctifiée par ses partisans, probablement le chef du gouvernement en première ligne. Il a, cette fois-ci, avancé un point de vue beaucoup plus ouvert qu’à son habitude, en incluant de façon directe le peuple hamajak dans cette “alliance des peuples westaliens”, chose que la droite radicale à bien du mal à faire et que l’extrême-droite rejette complètement. Si les critiques à l’encontre des autonomistes et indépendantistes sont toujours présentes dans ses discours politiques, ce changement surprenant marque une rupture avec les positions très traditionalistes qu’il a tenu jusque-là. Réelle volonté de changement ou opportunisme électoral ? Nul ne pourra le dire jusqu’à ce qu’il arrive de nouveau au pouvoir, en septembre… Ou peut-être jamais. En tout cas, il est sûr que cette position, plus modérée sur l’Union Nationale, aura peut-être une chance de séduire un électorat de droite ou centriste plus soucieux de ce genre de question, tout en essayant de se forger l’image d’une personnalité unificatrice et ouverte.

Encore plus loin derrière, on retrouve l’invité asfortiste, Justin Darfor, qui recueille 17,5% d’approbations auprès des téléspectateurs. Dernier à s’exprimer dans ce débat, il a particulièrement appuyé son discours sur l’héritage laissé par Stanislas Asfort, fondateur et premier Président Fédéral de la Grande République (1919-1931), qui jouit encore d’une image extrêmement positive au sein de la population, malgré le fait que le parti ayant toujours défendu ses idées ne se portent plus aussi bien depuis une vingtaine d’années. Il a également surpris son auditoire en s'alignant bien plus sur le discours de son opposant Simeon Belagri, que ses homologues de droite, en soutenant le suffrage universel direct pour élire le Président Fédéral, ou encore en soutenant une plus grande autonomie des États-Républicains, abandonnant la tournure centraliste de son partie et lui faisant prendre un retour à ses origines fédéraliste, bien plus proche de l’asfortisme originel. Il faut dire que le Sénateur de gauche et le Délégué du PLD se connaissent bien, puisqu’ils ont longtemps côtoyé les bancs du Congrès Suprême, au sein du même parti politique, à la fin du XXème siècle, rappelant une fois de plus que le Front Populaire et Démocrate est avant tout une scission de l’aile gauche du Parti Libre et Démocrate.

Bien éloigné de ses adversaires, le Sénateur nationaliste Henry Ross recueille un score de 9,7% d’approbation, accumulant un nouvel échec dans ce débat. Une fois de plus, ses positions extrémistes et clivantes ont rencontré une population westalienne fermée à l’idée d’un retour à l’isolationnisme, à la ségrégation et à l’autoritarisme depuis longtemps révolu. Dépeignant une société “nettoyée de ses tumeurs”, à savoir le “désunionisme hamajak” et les “idées communistes”, le Président du PNW a présenté un futur dystopique digne des nations les plus totalitaires de l’Histoire mondiale et une fin programmé de la démocratie telle que nous la connaissons aujourd’hui. Au moins, il n’aura pas menti sur une chose, il promet bel et bien un changement radical de la Grande République.

L’avis des westaliens : Simeon Belagri dépasse Arthur Horvanx

Global

Sans surprise, nous retrouvons le Sénateur Simeon Belagri en tête du sondage sur l’avis global (32,7%), après être ressorti victorieux de deux sujets sur trois lors du débat (toujours selon nos sondages). Si le candidat de la gauche westalienne pour la Présidence Fédérale n’avait pas réussi à battre le chef du gouvernement lors de leur précédente rencontre télévisée, en mai dernier, il a cette fois-ci réussi l’exploit de remporter un débat politique face au leader de campagne du Parti de l’Union Républicaine, ayant toujours échoué dans ses débats face à l’ancien Premier Ministre Fédéral Akito Fujitawa et tout autant face à son rival historique, le Président Fédéral Victor Hardenbor. Il aura fallu attendre un adversaire comme Arthur Horvanx pour arriver à surpasser ce plafond jusque-là inatteignable pour lui et son parti. Contrairement à l’émission de Jōhō NWK, sa présence en tant que seul représentant de la gauche a probablement beaucoup aidé dans sa volonté de se différencier des autres partis politiques et d’incarner une véritable volonté de changement aux yeux des westaliens. Déjà en position de force après sa victoire écrasante aux élections représentatives de juin, l’Alliance Sociale et Démocrate pose un premier pied avantageux sur la ligne de départ pour les sénatoriales primaires, qui se dérouleront dans bientôt deux mois.

Ayant échoué à réitérer sa victoire en mai, et probablement affaiblie politiquement par l’échec dévastateur de son parti aux élections représentatives, le Premier Ministre Fédéral Arthur Horvanx se retrouve une fois de plus en position de difficulté face à son adversaire, mais également au sein de son propre parti, où sa figure d’unité, qu’il a eu tant de mal à se construire en un an de poste, commençait déjà à s'effriter depuis juin. S’il réalise un score respectable auprès de l’audience sondée (29,5%), il marque surtout le déclin visible du parti conservateur le plus influent de l’histoire westalienne. Selon le Professeur en science-politique Marcus Odwent, “le déclin du PUR n’est pas vraiment dû aux échecs d’Arthur Horvanx en tant que leader des conservateurs, mais plus d’un effet dominos remontant bien plus loin dans le passé, entre la très contesté réforme constitutionnelle de 2003 et les nombreuses manifestations populaires de 2013 et 2014. A vrai dire, le Premier Ministre Fédéral a réussi à tenir la barre d’un navire troué de toute part et à la diriger d’une main particulièrement habile depuis sa nomination. En seulement une année, le chef du gouvernement a pris différentes réformes populaires qui ont inversé l’impopularité du parti, qui aurait, à mon avis, réalisé des scores bien plus bas en juin. Malgré les élections, les manifestations agricoles et une surexposition médiatique, Arthur Horvanx a réussi à devenir, et à rester, la seconde personnalité politique préférée des westaliens, derrière son principal rival, Simeon Belagri. Désormais, le destin du PUR sur la scène politique de la Grande République repose entre ses mains et il a encore quelques cartes à abattre pour atteindre ses objectifs. Quoi que puisse être le résultat, je pense qu’il continuera à jouer un rôle important dans la vie politique du pays, étant toujours Sénateur du comté de Reggio di Terracristo après tout”.

Celui qui a tiré le plus son épingle du jeu dans ce débat, c’est incontestablement le Délégué Justin Darfor. Leader d’un parti en plein milieu de son déclin, il a réalisé un score d’approbation bien plus important que ses prédécesseurs (20,9%), au cours des dix dernières années. Compromis idéologique entre un asfortisme belagrien allié à la gauche et un néo-horvanxisme hardenborien, il incarne peut-être le retour d’une droite libérale et asfortienne qui a dominé la scène politique du pays au cours du XXème siècle. Réformant les positions centralistes et peu ouvertes au changement de son parti, il ne serait pas risqué de dire que Justin Darfor souhaite se positionner en tant que leader qui revendique un attachement à un asfortisme originel et non à une version particulièrement modifiée par un siècle d'existence. S’il n’est pas le premier des invités, il a réussi à faire jeu égal avec les principales figures de ces élections et pourrait être celui qui a le plus gagné de ce débat, où rien ni personne n’attendait quelque chose du Parti Libre et Démocrate.

Figure la plus marquante de ce débat, pas nécessairement dans un bon sens, le Sénateur Henry Ross est sans surprise bon dernier dans l’approbation des téléspectateurs (10,6%). Entre propos frôlant le racisme, la haine et l’anti-démocratisme, ce n’est pas réellement une défaite pour le leader du camp nationaliste, qui réalise au contraire un taux d’approbation historique en comparaison à son dernier débat de 2011 (5,2%). Ce dernier profite d’une polarisation de la société entre la gauche et la droite, boosté par le déclin de son principal rival en termes d’électorat, le PUR, qui a vu nombre de ses partisans les plus radicaux se tourner vers un vote PNW aux dernières élections. Une situation particulièrement inquiétante qui pourrait se traduire par une nouvelle division des droites westaliennes, au profit de l’extrême-droite, qui pourrait en ressortir victorieux pour la première fois de son histoire, d’ici quelques années, si l’électorat de la droite radicale n’est pas sérieusement reconquis par les mouvements conservateurs. Si l’inquiétude est présente, les derniers sondages sur les sénatoriales primaires n’indiquent qu’une légère évolution du nombre de sièges des nationalistes, où le Parti de l’Union Républicaine reste toujours en position de force, à droite.

Un avenir toujours indécis : la peur du blocage toujours présente

Si l’Alliance Sociale et Démocrate se présente comme favorite pour obtenir une majorité lors des prochaines élections sénatoriales, le risque d’un blocage est toujours bel et bien présent. En effet, pour assurer sa victoire totale, l’ensemble de ses sénateurs doivent former une majorité absolue, afin de prendre le contrôle du poste de Président du Sénat, dernier siège du Conseil Électif mis en jeu, mais surtout un gouvernement solide pour assurer le contrôle du pays. En effet, s’ils ne remplissent pas cette condition, il y a une forte probabilité que les partis de droite s’unissent dans un vote de censure contre tout gouvernement de gauche, qui serait présenté devant la chambre basse de la Grande République, et n'hésiterons pas à reconduire le Président du Sénat actuellement en poste, Wilson Larster. Un effet papillons qui pourrait entraîner un blocage du pays, aussi bien dans la formation d’un gouvernement, que l’élection d’un Président Fédéral. Le futur n’a jamais été aussi indécis et l’ASD pourraient bien être mise à rude épreuve tout au long de ces derniers mois de campagnes, alors que la droite westalienne a déjà acté sa volonté d’opposition totale à la coalition de gauche, malgré une désunion affichée et incapable de former un gouvernement en cas de blocage. Un futur flou, terrifiant et qui risque de plonger le pays dans une instabilité politique historique depuis l'avènement de la Grande République. Le sort du pays sera donc décidé le 17 septembre (1er tour) et le 24 septembre (second tour) 2015 par les électeurs…
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Democracy du 25 septembre 2015
Democracy


Sénatoriales primaires 2015 : Le nouveau visage de la Grande République

Le Sénateur et Président du Front Populaire et Démocrate, Simeon Belagri, annonçant la victoire de son camp aux élections sénatoriales primaires de 2015, Santa Maria, 24 septembre 2015.
Le Sénateur et Président du Front Populaire et Démocrate, Simeon Belagri, annonçant la victoire de son camp aux élections sénatoriales primaires de 2015, Santa Maria, 24 septembre 2015.

Des élections décisives

Le 17 septembre, les citoyens-électeurs ont été appelés à se rendre aux urnes pour exprimer leur choix sur le renouvellement de deux tiers des sièges du Sénat. Bien que le Parti de l’Union Républicain a remporté le plus de sièges, lors du premier tour, le nombre de candidats encore en lice pour les partis membres de l’Alliance Sociale et Démocratique ont été bien plus nombreux que ceux du camp présidentiel. Le 24 septembre, les citoyens-électeurs ont été de nouveau appelés pour exprimer leur choix définitif sur la composition de la chambre basse de la Grande République, principale composante démocratique de notre pays. Jusqu’à l’annonce des premiers résultats, nombreux étaient ceux qui craignaient un blocage du pays en cas de majorité absolue non acquise pour les nouveaux sénateurs affiliés à l’ASD, cette situation pouvant mener vers une importante difficulté à constituer le prochain gouvernement et surtout l’impossibilité d’élire un nouveau Président Fédéral, le Conseil Électif pouvant se retrouver avec deux candidats possédant exactement le même nombre de voix. Entre une droite westalienne plus divisée que jamais et une coalition de gauche qui, bien que favorite, rencontre des difficultés à s’imposer dans une société très conservatrice, il n’était pas difficile, pour n’importe quel observateur, de comprendre que ces élections sont particulièrement décisives pour l’avenir du pays.

Victoire de l’Alliance Sociale et Démocratique ou victoire du Front Populaire et Démocrate ?

Vers 21h, le 24 septembre, les premières estimations sur les résultats des élections sénatoriales primaires ont été publiées par la Westalian Society of Opinion, avant d’être indirectement confirmées par le Ministère Fédérale de l’Unité Nationale, le lendemain des élections. Sans surprise, l’Alliance Sociale et Démocratique devient la première force au Sénat de la Grande République et, double victoire, cette dernière rassemble un total de 232 sénateurs, soit plus que le minimum attendu pour détenir une majorité absolue dans l’hémicycle (227). Avec 170 sénateurs, c’est le Front Populaire et Démocrate de Simeon Belagri qui forme désormais le groupe politique le plus important au Sénat, loin devant ses alliés de gauche. C’est une performance particulièrement importante pour ce parti, fondé il y a neuf ans à peine, qui connaît une croissance continue depuis sa création par le Sénateur Simeon Belagri, en 2005. L’ancien Ministre Fédéral de l'Économie Nationale, sous les gouvernements de Jacob Hulter (1981-1989) et de Ronald Abek (1989-1991), fut un ancien pilier asfortien de la scène politique westalienne, jusqu’à ce qu’il décide de quitter le Parti Libre et Démocrate avec plusieurs de ses fidèles, pour créer sa propre formation politique “dans une volonté de mettre en place une véritable opposition à l’autoritarisme hardenborien et d’offrir un renouveau démocratique à la Grande République”. Si les sénatoriales primaires de 2007 n’ont pas permis au FPD de s’imposer dans l’hémicycle, la donne change en 2009, lorsque celui-ci devient le premier parti politique d’opposition avec ses 93 sénateurs, dans une période où le Parti de l’Union Républicaine possédait encore une écrasante majorité. Après une suite d’élections favorables, les asfortiens “de gauche”, ont désormais à portée de main le pouvoir, grâce à leur majorité au Sénat. Cependant, quand est-il de ses autres alliés au sein de l’ASD ? Si le FPD a réalisé un score historique (+ 52 sièges), ce n’est pas nécessairement la même chose pour les autres partis membres de leur coalition. Après ces derniers, les socialistes de l’Union Sociale et Démocrate sont ceux qui s’en sortent le mieux, en inversant la chute progressive de leur popularité, obtenant 7 sièges supplémentaires. Un succès principalement dû à son alliance avec le FPD : “Les socialistes ont bénéficié de la montée en popularité de leur principal allié pour gagner certaines circonscriptions où ces derniers étaient en bonne position, mais jamais victorieux. C’est un bon jeu de leur part, il reste désormais à voir à quel point ils seront redevables et quel sera leur rôle dans le futur gouvernement”, a commenté Marcus Odwent, professeur en science politique à l’Université de New Landor. Le Mouvement Social Hamajak du Sénateur et activiste Gary Sikyatavo a également réussi à obtenir trois sièges supplémentaires, restant à ce jour le seul parti “ethnique” au Sénat et dont le poids politique pourrait jouer un certain rôle dans les réponses qu’apporteront le nouvel exécutif dans la résolution de la question Hamajak, que les membres de l’ASD se sont promis d’y apporter des prises de décisions justes et historiques. A gauche, le grand perdant de ces élections est le Parti des Ouvriers Libres, seul membre de l’alliance à perdre un siège. Le Professeur Marcus Odwent y apporte une explication qui se base sur la radicalité de leur discours, le projecteur médiatique et la montée d’autres mouvements d’extrême-gauche, qui ont concurrencé ces derniers : “Avec sa participation au sein de l’ASD, le POL n’a jamais été autant au centre de l’attention médiatique que depuis les années 70-80. Régulièrement présenté comme le “membre extrémiste et dangereux”, sa présence même qualifiée de “pacte avec le diable” par la droite, la radicalisation des discours du Délégué et Secrétaire-Général du Parti, John Taranti, a probablement beaucoup joué sur l’opinion publique, dont une partie de l’électorat traditionnel a préféré se tourner vers des alternatives comme l’UDS, voir même le Rassemblement Communaliste, sans parler du barrage unanime de la droite face ces derniers, qui a beaucoup affecté leur résultat final”. Dans cette alliance aux poids politiques déséquilibrés, le Front Populaire et Démocrate est en position de force majeure face à ses alliés. Désormais, il va être question de savoir comment toutes ces personnalités aux idées si diverses arriveront à s'entendre pour l'avenir...

Un Parti de l’Union Républicaine amputé, un Parti Libre et Démocrate ressuscité et un nationalisme en vogue

Nouvelle composition du Sénat de la Grande République, après les élections sénatoriales primaires de 2015.
Nouvelle composition du Sénat de la Grande République, après les élections sénatoriales primaires de 2015.

Sans surprise, le Parti de l’Union Républicaine connaît la plus grande perte de siège à la suite de ces élections, arrêtant le nombre de ses sénateurs à 125. Bien que les conservateurs subissent une puissante défaite, ils restent toujours l’une des forces politiques majeures au Sénat, devenant à nouveau, après vingt-quatre ans de règne, le premier parti d’opposition dans cette composition législative. Le Premier Ministre Fédéral Arthur Horvanx, après l’annonce des premiers résultats au soir des élections, a tenu un discours dans son QG de campagne, à Columbia, où il reconnaît la défaite de son parti politique : “C’est avec tristesse que notre programme de l’Union Nationale n’a pas réussi à reconquérir le coeur de nos concitoyens. De cette défaite électorale, j’en prend l’entière responsabilité et il est de mon devoir, en tant que représentant de si nombreux westaliens, de respecter les promesses que nous leur avons faites en défendant corps et âme notre société, notre unité et nos traditions en tant que mouvement d’opposition déterminé à ne laisser passer aucune dérive de cette gauche décadente et s’alliant aux idéologies les plus répugnantes que nous pouvons trouver dans l’offre politique de notre pays. C’est une page qui se tourne pour le Parti de l’Union Républicaine, mais c’est également l’occasion de faire évoluer notre groupe pour offrir un programme encore plus moderne et toujours plus proche du peuple. Dans deux ans, les westaliens auront compris la supercherie de l’Alliance Sociale et Démocratique et c’est à ce moment-là que nous serons prêts à revenir les servir dignement”. Qui a le plus profité de la chute de ce géant politique, amputé de presque la moitié de ses sièges ? Si on peut facilement citer le Front Populaire et Démocrate comme le premier bénéficiaire de cette défaite, le Parti Libre et Démocrate a réussi, lui aussi, à sortir son épingle du jeu, au cours de ces élections. En effet, le mouvement asfortiste a connu une croissance de popularité importante, après la participation de Justin Darfor au débat télévisé du 20 juillet, mais également par le retour de l’électorat de la droite libérale vers le PLD, des électeurs déçu des politiques hardenboriennes, mais également farouchement opposé à l’idée de voir l’ASD arriver au pouvoir. Cette réussite fait de ce parti le second groupe du Sénat a avoir connu le plus grand gain de sièges, inversant la chute de popularité historique du PLD depuis sa défaite aux élections de 1991. Autre bénéficiaire de la chute du PUR, l’extrême-droite représenté par le Parti National Westalien a presque doublé son nombre de sièges, passant de 18 à 34. Une augmentation qui pourrait s’expliquer par un contexte économique et sociale qui pousse de plus en plus l’électorat conservateur vers ce genre de mouvement nationaliste, dont le rôle au Sénat se renforce élection après élection, acquis grâce à un contrôle important des crisconscriptions rurales. Pour autant, même si le PNW obtient un très bon score, c’est beaucoup moins que ce que les sondages avaient pu prévoir jusque-là, envisageant une poussée qui aurait pu faire d’eux le second parti de droite du pays, avec une estimation de 42 à 54 sièges, dans une logique d’alternative à droite pour l’électorat PUR. Visiblement, cette alternative s’est plus tournée vers le centre-droit et l’asfortisme du PLD, pour le bien de tous.

Le Rassemblement Communaliste : entre nouveauté, rivalité au sein de l’extrême gauche et hostilité de la droite

Du côté de la gauche non-ASD, peu de changement pour les écologistes, qui ne gagnent et ne perdent aucun siège après les élections. Seule surprise de cette année, c’est l'arrivée au Sénat de trois sénateurs membres du Rassemblement Communaliste, dont l’un d’entre eux n’est autre qu’Abel Ordan, le secrétaire-général du mouvement. D'inspiration kah-tanaise, ce mouvement promu un communalisme proche du Kah, visant “à transformer la société westalienne en une grande démocratie direct, avec l’abolition des politiques capitalistes, méritocratiques et aristocratiques”, pour offrir au peuple “les moyens de mener une révolution politique qui permettra de chasser les idéologies horvanxiennes et l'oligarchie historique. Tout en promouvant le partage du pouvoir entre tous les citoyens et non plus entre les mains de certains hommes riches, puissants et corrompus. Permettant aux communautés locales de gagner en autonomie et de ne plus subir une centralisation autoritaire et hors de la réalité”. Si ce mouvement, classé à l’extrême-gauche par le Ministère Fédérale de l’Union Nationale, n’a jamais été un grand acteur de la politique westalienne, c’est tout simplement pour sa présence relativement récente dans l’offre politique, comme nous le confirme le Professeur Marcus Odwent : “Si on peut retrouver des mouvances communalistes ou proche du communalisme au début du XXème siècle, principalement entre la fin de la dictature et l’établissement de la démocratie, ces idées n’ont jamais réussi à gagner en popularité, notamment concurrencée par d’autres mouvements de la gauche "traditionnelle" qui se sont affiliés au socialisme ou au communisme (avant son interdiction). Cependant, depuis que la Grande République a lancé sa politique d’ouverture sur le monde, à la fin des années 2000 et au début des années 2010, la diversité des idées politiques a grandement augmenté, aussi bien à gauche qu’à droite, voyant des idéologies jusque-là marginales entrer en concurrence avec celles en place historiquement dans notre société, notamment grâce à la popularisation d'internet. Le communalisme est de celle-ci, où elle a trouvé un terreau propice au sein d’un électorat d’extrême-gauche lassé de la nouvelle vision qu'adopte le Parti des Ouvriers Libres et notamment grâce au grand coup de projecteur qu’ils ont eue, lors de ce que l’on appel le “siège de Columbia” en juin de cette année. Pour être exact, beaucoup de nouveaux militants du Rassemblement Communaliste sont des anciens membres du POL en désaccord avec la direction de John Taranti. Visant un électorat plus ou moins similaire, le RC a réussi à se démarquer en trouvant une certaine popularité au sein des communautés rurales, à l’image de deux de ses trois sièges au Sénat, qui sont issus de circonscriptions rurales”. Le Ministre Fédéral à l’Union Nationale, Ladislas Andover, a déjà annoncé que les mouvances communalistes ont été classifiées comme “extrémistes, désunionistes et dangereuses” et, si on ne parle pas encore d’interdiction, le rapprochement avec le rejet du communisme est bel et bien présente. Cependant, il est peu probable que le Ministre Fédéral acte quoi que ce soit vis-à-vis de ces derniers, puisque le gouvernement actuel devrait prochainement annoncer sa démission dans la semaine, dans le respect démocratique qui suit la défaite électorale du PUR. Désormais, reste à voir quelle sera la position du futur gouvernement à ce propos.

Vers un nouveau gouvernement fédéral et une élection présidentielle déjà gagnée

Le Sénateur George Garandor (FPD), potentiel prochain Premier Ministre Fédéral, lors de la soirée électorale du FPD, Santa Maria, le 24 septembre 2015.
Le Sénateur George Garandor (FPD), potentiel prochain Premier Ministre Fédéral, lors de la soirée électorale du FPD, Santa Maria, le 24 septembre 2015.

Le Sénateur Albert Parsent (USD), potentiel prochain Premier Ministre Fédéral, au cours d’une conférence de presse pour son parti, Columbia, le 25 septembre 2015.
Le Sénateur Albert Parsent (USD), potentiel prochain Premier Ministre Fédéral, au cours d’une conférence de presse pour son parti, Columbia, le 25 septembre 2015.

Après les élections, place désormais à l’organisation de la Grande République, qui entame désormais un processus démocratique de changement de gouvernance. Avec sa nouvelle majorité au Sénat, l’Alliance Sociale et Démocratique devrait présenter assez rapidement le gouvernement qu’elle souhaite mettre en place d’ici la semaine prochaine ou la semaine d’après, après que le gouvernement actuel aura présenté sa démission ou que le Chef de l’État aura décidé de le renvoyer. Le Président Fédéral Victor Hardenbor (PUR), dans un communiqué officiel, a annoncé “reconnaître un changement majeur dans les forces politiques et la nécessité de convoquer chacun des groupes du Sénat et du Congrès Suprême au Palais d’Argent pour décider du futur de la Grande République”, une reconnaissance à demi-mot de la victoire de ses opposants, alors que celui-ci connaît ses dernières semaines à la tête du pays. Au sein de l’ASD, si aucune annonce officielle n’a encore été faite, le profil du Sénateur George Garandor, petit-fils de l’ancien Président Fédéral John Garandor (1975-1987) et figure importante du Front Populaire et Démocrate, serait la personnalité la plus probable pour être nommé à ce poste par la coalition de gauche. D’autres rumeurs parlent également de la potentielle nomination du Sénateur Albert Parsent en tant que chef du futur gouvernement fédéral. Bien que membre de l’Union Sociale et Démocrate, il a été un acteur important dans la tournure sociale-libérale de son parti, mais également dans la fondation de l’ASD, à qui on peut lui accorder d’avoir été probablement l’élément le plus important pour avoir réussi à négocier une alliance avec le FPD. Il ne serait donc pas impossible que l’Alliance le nomme à ce poste, sinon à un autre titre important, comme celui de Président du Sénat ou à un Ministère d’importance.

C’est d’ailleurs le poste de Président du Sénat qui devrait rapidement se décider, lors de l’ouverture de la première séance au Sénat, le 1er octobre, qui verra les différents groupes proposer leur candidat et voter pour celui qui aura la charge de cette fonction de haute importance. En effet, le parti qui verra son candidat être élu à la présidence sénatoriale obtiendra par la même occasion une voix supplémentaire au Conseil Électif, ce que l’ASD recherche particulièrement à avoir pour atteindre la majorité lors des élections présidentielles, qui se tiendront le 8 octobre. Traditionnellement, ce poste est obtenu par le groupe possédant le plus de sénateurs. Dans notre cas, il est assez fort probable qu’un sénateur du Front Populaire et Démocrate soit élu en tant que Président du Sénat. Une fois un membre du FPD élu, le Conseil Électif devrait voir en son sein cinq de ses huit membres être favorable à la candidature de Simeon Belagri, ce qui ferait de lui le douzième Président Fédéral de la Grande République de Westalia, si les événements se suivent correctement, succédant à son éternel rival, Victor Hardenbor, qui occupe ce poste depuis 1991, soit vingt-quatre années consécutives ou tout simplement six mandats.

L’avenir proche du pays est assuré et le blocage tant redouté semble avoir été évité. Désormais, le processus démocratique va se lancer et il va être très important de surveiller avec attention les premières décisions du prochain gouvernement fédéral.

19926
Democracy du 4 octobre 2015
Democracy


Nouveau gouvernement fédéral et Président du Sénat : toutes les cartes entre les mains du Front Populaire et Démocrate

Le nouveau Premier Ministre Fédéral George Garandor (FPD-ASD), après l’intronisation de son gouvernement par le Président Fédéral Victor Hardenbor (PUR), Columbia, 30 septembre 2015.
Le nouveau Premier Ministre Fédéral George Garandor (FPD-ASD), après l’intronisation de son gouvernement par le Président Fédéral Victor Hardenbor (PUR), Columbia, 30 septembre 2015.

Chute du gouvernement et rétrospective sur le mandat d’Arthur Horvanx

Avec la victoire de l’Alliance Sociale et Démocratique aux élections sénatoriales primaires de septembre, la majorité législative du Parti de l’Union Républicaine a chuté et son gouvernement fédéral l'a suivi dans un jeu de dominos politique. Dès le 27 septembre, soit trois jours après les élections, le Premier Ministre Fédéral Arthur Horvanx a publié un communiqué officiel affirmant avoir déposé la démission de son gouvernement auprès du Président Fédéral Victor Hardenbor, qui aura répondu favorablement à cette dernière le jour même. Symbole de la transition du pouvoir, la fin du gouvernement Horvanx, le plus court de l’histoire de la Grande République (soit 1 an, 3 mois et 22 jours), marque également la fin de l’ère hardenborienne et de la dominance totale conservatrice sur les affaires du pays. Si son “règne” n’a pas été le plus long, il est indéniable que de nombreuses choses ont changé au cours de celui-ci et qu’il restera un chef de gouvernement fédéral que beaucoup de westaliens se souviendront, notamment pour sa grande popularité, à rebours de la baisse d’influence de son parti politique.

L’ex-Premier Ministre Fédéral Arthur Horvanx et sa femme quittant le Château de Pourpre, résidence officielle du chef du gouvernement fédéral, après la transmission des pouvoirs, Colubmia, 30 septembre 2015
L’ex-Premier Ministre Fédéral Arthur Horvanx et sa femme quittant le Château de Pourpre, résidence officielle du chef du gouvernement fédéral, après la transmission des pouvoirs, Columbia, 30 septembre 2015.

Quels ont été les moments marquants de la gouvernance Horvanx ? Comment le retour d’un membre de la famille du célèbre dictateur a-t-il permis aux conservateurs d’éviter une catastrophe ? Le premier, et le plus important, fait de son mandat reste sans conteste l’adoption de l’italien madrerian en tant que troisième langue officielle de la Grande République. Alors que le Parti de l’Union Républicaine connaît le plus bas taux d’approbation de son histoire, l’imposition de ce sujet dans le débat public et son adoption via un référendum a permis un fulgurant retour de ce parti dans le jeu politique, dont la figure de proue est progressivement devenue son chef du gouvernement. Acteur populaire, novice de la politique et défenseur acharné de la culture madrerianne, le profil d’Arthur Horvanx a déchaîné autant de passion que de désaccord, dans son camps comme en-dehors, mais il fut probablement l’homme de droite le plus à même de faire émerger un nouveau sentiment de proximité et de rassemblement, en essayant d’incarner une nouvelle offre politique, à partir de tout ce qui faisait l’ancienne. A commencé par une critique assez surprenante de sa part de la loi Safety & Security III où il a fermement condamné toute attaque à la liberté de la presse et de la démocratie, faisant un pas vers un électorat plus modéré, mais toujours en jouant l’équilibriste avec les plus radicaux, dans une promesse de durcissement des lois sécuritaires. S’il a plutôt bien réussi le jeu des débats télévisés face à ses adversaires, on peut sûrement considérer que la perte de contrôle a débuté à partir du “siège de Columbia” par le monde rurale, qui a gravement affecté son autorité et son incarnation de l’unité, tout particulièrement par le fait que c’est une population qui vote traditionnellement pour son parti. Décisions coup de poing, reconquête de popularité et tentative d’approche réformiste, le mandat d’Arthur Horvanx a été un jeu d’équilibre pour satisfaire l’aile libérale et l’aile traditionaliste du PUR, alors que beaucoup s’attendaient à un style de gouvernance beaucoup plus ancré à droite que son prédécesseur, ce qui n’a pas tant été le cas, probablement par manque de temps et d’influence. Désormais, de retour en tant que simple Sénateur du comté de Reggio di Terracristo, il souhaite se positionner comme la figure d’unité au sein de son mouvement politique, mais la perte de son poste de Premier Ministre Fédéral pourrait avoir un mauvais effet sur sa capacité à rassembler, désormais. Mise à part ça, il laisse à son successeur un pays encore plus divisé politiquement, socialement et ethniquement, mais les finances de l’État ne se sont jamais aussi bien portées que sous son mandat, notamment grâce à la plus grande évolution du PIB, de ces dernières années, sous sa gouvernance.

George Garandor : le nouveau chef du gouvernement fédéral westalien

Le nouveau Premier Ministre Fédéral, George Garandor, présentant sa fiche de route politique devant les sénateurs, Columbia, 2 octobre 2015.<br>
Le nouveau Premier Ministre Fédéral, George Garandor, présentant sa fiche de route politique devant les sénateurs, Columbia, 2 octobre 2015.

Dès que la démission du gouvernement fédéral Horvanx fut actée, les membres de l’Alliance Sociale et Démocratique n’ont pas hésité à présenter immédiatement la composition de l’équipe qui lui succédera. A sa tête, le Sénateur du comté de Fort Harvey, George Garandor, un fidèle de la première heure de Simeon Belagri, mais également le chef de file de l’aile progressiste de son parti. La désignation d’un profil “proche des sociaux-démocrates” est probablement une stratégie visant à conserver l’unité politique de l’alliance, qui ne tient pour le moment que sur un sentiment d’opposition frontale à la droite radicale et à l’extrême-droite. Le nouveau chef du gouvernement est un ancien socialiste membre de l’Union Sociale et Démocrate (USD), où il n’a jamais occupé de rôle d’importance jusqu’à son départ, pour former le Front Populaire et Démocrate, à l’appel de Simeon Belagri, suivant par la même occasion de nombreux membres proche des idées libérales et réformistes. En tant que petit-fils du Président Fédéral John Garandor (1975-1985), un ancien chef de l’État dont l’indice de popularité est toujours au plus haut, même à 91 ans, son adhésion à ce parti politique nouvellement né lui a attiré une visibilité médiatique jusque-là sans précédent. Ce braquage de projecteurs par la presse, il va s’en servir pour se démarquer par un discours particulièrement accentué sur des idées de grandes réformes démocratiques, de gains sociaux pour les classes moyennes et populaires ou encore son soutien indéfectible à la création d’un salaire minimum dans les lois fédérales, à l’image de ce qui se fait déjà, par exemple, dans État-Républicain de Dakantia. Sa présence de plus en plus régulière sur la scène politique westalienne va faire assez rapidement de lui un haut cadre du FPD, très proche de la sphère dirigeante.

Cette ascension prend donc son apogée par sa nomination au poste de Premier Ministre Fédéral, à la suite des nombreux échanges entres les forces politiques sénatoriales avec le Président Fédéral, depuis le 25 septembre, où le chef de l’État lui a donné pour mission de constituer un cabinet “représentatif du vote populaire et en capacité de répondre aux enjeux actuels et à venir”. La transition avec son prédécesseur s’est déroulée dans la douceur, au cours de la journée du 30 septembre, où il a esquissé les grands projets qu’il compte mener dès les premiers mois de son mandat : “Nous l’avons promis et nous le réaliserons : il est nécessaire d’entamer au plus tôt une réforme de la loi Safety & Security, pour que celle-ci ne soit plus un outil de muselage politique, de répression sociale et de matraquage ethnique. La sécurité de la nation est un enjeu de premier ordre et mon gouvernement apportera toutes les réponses nécessaires pour lutter contre la grande criminalité, la piraterie et le terrorisme en tout genre. Cependant, cela ne doit pas se faire au détriment de nos citoyens, dont les libertés et les droits fondamentaux doivent être respectés. Protéger notre peuple et faire de notre société un lieu plus sûr, ce n’est pas utilisé des boucs-émissaires politiques pour justifier la mise en place de mesures anti-démocratiques. D’ici la fin du mois d’octobre, mon gouvernement déposera un projet de réforme sur ces lois sécuritaires, pour les rendre plus efficaces, plus démocratiques et plus respectueuses des libertés de nos citoyens”. La seconde grande annonce de cette prise de parole porte sur le cœur du programme de l’ASD, une réforme démocratique de la Grande République : “Nos institutions sont loin d’être parfaites et garde bien souvent en leurs seins des héritages archaïques qui freinent aujourd’hui l’expression populaire. Les hardenboriens désormais loin du pouvoir, nous avons le devoir d’entamer une grande réforme constitutionnelle pour améliorer et sécuriser la démocratie westalienne de toute nouvelles tentatives de transformations autoritaristes. La justice doit retrouver son indépendance, le peuple doit avoir la possibilité de choisir directement son principal représentant et la culture démocratique doit pouvoir être à la portée de tout un chacun et non de certains privilégiés. Dès la nomination d’un nouveau Président Fédéral, dans les jours qui vont venir, je prendrai contact avec le nouveau chef de l’État pour débuter ce projet historique et nécessaire pour notre futur, dont nous présenterons plus de détails dans les mois qui arriveront. Je peux vous le promettre dès à présent, cette réforme sera présentée en 2016 et sera soumise au vote suprême du peuple, en qui nous voulons redonner la maîtrise de son destin. Nous allons faire de grandes choses et les bénéfices en seront encore plus grands pour tous”. Cette volonté de réformer le pays vers un système plus démocratique et indépendant ne date pas d’hier, puisque le Front Populaire et Démocrate soutient ce discours depuis sa création, dont la force et la répercussion ont fait de cette thématique un sujet incontournable pour de nombreux partis politiques, qui promettent tous à leur façon des réformes sociétales d’ampleurs. Reste désormais à voir le contenu de ces différentes réformes et de la réception de celles-ci par nos concitoyens.

Un cabinet de ministres très asfortiens, connus, mais sans ouvriériste

Le nouveau Ministre Fédéral aux affaires étrangères, Richard Kaylor (FPD), lors de la passation des pouvoirs, Columbia, 2 octobre 2015.
Le nouveau Ministre Fédéral aux affaires étrangères, Richard Kaylor (FPD), lors de la passation des pouvoirs, Columbia, 2 octobre 2015.

Dans la liste des ministres du gouvernement Garandor I, on retrouve de nombreuses personnalités politiques connues et qui ont été de grands soutiens pour former l’Alliance Sociale et Démocratique depuis l’année dernière. Déjà connu pour ses nombreuses tribunes et conférences en géopolitique, c’est le Sénateur du comté de Saint-Louis, Richard Kaylor, qui occupe désormais le très stratégique Ministère Fédéral aux affaires étrangères, succédant à Henry Takajiwa, rare membre de l’ancien gouvernement a avoir été complimenté par son successeur pour sa gestion diplomatique, dont Kaylor n’a jamais caché son admiration pour la doctrine du Kaiko-bu. Ce dernier n’est d’ailleurs pas à sa première fois au sein du Palais de Heismester, la résidence officielle du premier diplomate de la Grande République, puisqu’il a déjà occupé ce poste sous le gouvernement de Ronald Abek, bien que la splendeur et l’importance de la diplomatie n’était pas aux beaux jours à cette époque-là. Pressenti à ce poste bien avant la victoire de l’ASD aux élections, le “bras droit” de Simeon Belagri est le maître d’oeuvre du projet de politique extérieure présenté dans le programme de son parti : “L’ouverture sur le monde n’a pas été un long fleuve tranquille. Nombre d’obstacles et d’entités extérieures à notre pays ont essayé de nous ralentir dans notre progression, désormais impossible à arrêter. D’autres problématiques nous font déjà face, mais pourtant cette aventure n’a jamais été aussi bénéfique pour notre peuple. Sortir de l’isolationnisme a été la meilleure décision que la Grande République a pu prendre depuis un demi-siècle et celle-ci nous réserve encore plus de bénéfices que nous ne pouvons l’imaginer. Du travail, il va y en avoir beaucoup, beaucoup plus que ces quatre dernières années, je peux vous l’assurer. Westalia est membre de la plus grande alliance du continent, troisième économie aleucienne et un acteur diplomatique de premier ordre au niveau régional. Désormais, nous devons élargir nos horizons, arrêtons de nous mettre des barrières avec nos voisins et les nations du monde, avec qui nous avons tant à gagner que de coopérer et de tisser des liens d’amitié. Bien évidemment, la démocratie est et sera toujours au centre de nos enjeux diplomatiques, comme elle le sera dans nos politiques intérieures. Nous l’avons vu ces dernières années, l’Aleucie n’est plus aussi paisible qu’elle a pu l’être par le passé. Les risques qu’une guerre éclate sur notre continent ne sont plus nuls, certains pays sombre dans l’autocratisme, tandis que d’autres font le choix d’une diplomatie menaçante et militaire. Notre pays n’est pas entièrement propre dans son histoire, aussi bien passé que récente, mais avec l’arrivée au pouvoir de la force politique à laquelle j’appartiens, nous avons désormais un devoir de la plus haute importance : faire de la Grande République un phare de démocratie libérale à travers tout le continent. L’instabilité n’est pas une option, la répression n’est pas acceptable et la menace gratuite ne sera jamais une réponse. D’ici quatre ans, nos services diplomatiques vont transformer Westalia en une puissance régionale rayonnante et une force diplomatique internationale incontournable. Nous tirerons tous les bénéfices de vivre dans un monde plus stable, coopératif et libre”.

Le nouveau Ministre fédéral aux affaires intérieures, Albert Parsent (USD), lors de la passation des pouvoirs, Columbia, 3 octobre 2015.
Le nouveau Ministre fédéral aux affaires intérieures, Albert Parsent (USD), lors de la passation des pouvoirs, Columbia, 3 octobre 2015.

La grande surprise, qui n’en est pas vraiment une, de ce nouveau cabinet est la disparition totale du Ministère Fédérale de l’Unité Nationale. Apparu sous le gouvernement Terford en 2003, pour soutenir les efforts de la réforme constitutionnelle adoptée la même année, ce portefeuille a englobé toutes les fonctions de la gestion de la politique intérieure, en s'appropriant également quelques pouvoirs judiciaires et policiers pour “protéger le peuple contre l’extrémisme et lutter avec efficacité contre le désunionisme”. Qualifié par l’opposition de “Ministère de la répression politique”, il n’a connu que deux occupants : celui qui en a donné tous les traits, le leader de l’aile traditionaliste du PUR, Alfred Eisendorf, connu pour ses prises de paroles polémiques, ses tentatives à peine dissimulées de museler la presse et sa haine de la population hamajak, qui a occupé ce poste de sa fondation jusqu’à l’année dernière, où il a été écarté à la suite de ses décisions impopulaires et ayant provoqué la chute du gouvernement Fujitawa. Le second est un proche du précédent, Ladislas Andover, ancien Président de l’État-Républicain de New Austaria, il a été intronisé à ce ministère par le précédent chef du gouvernement, Arthur Horvanx, dans lequel il n’aura pas réellement le temps de se démarquer ou de porter des projets d’ampleurs. Ainsi, ce portefeuille a été dépouillé de plusieurs de ses pouvoirs par le nouveau gouvernement, avant d’être divisé en deux ministères : le Ministère Fédéral aux affaires intérieures, qui fait son retour après sa disparition en 2003, et le Ministère Fédéral pour la Cohésion des peuples, première occurrence dans l’histoire de la Grande République. Les affaires intérieures, poste de grande importance au sein du gouvernement, a été remis entre les mains du socialiste Albert Parsent (USD), l’un des principaux architectes dans la fondation de l’ASD. Il est donc à prévoir que ce soit lui qui mènera de front le projet de réforme de la loi Safety & Security, tout en jouant un rôle assez particulier dans l’organisation des réformes constitutionnelles à venir, puisque ce Ministère joue très généralement un rôle assez important dans la gestion de la vie démocratique du pays.

Le nouveau Ministre Fédéral pour la Cohésion des peuples, le Chef Vipponah Shuman (MSH), lors de son introduction à ce tout nouveau Ministère, Columbia, 3 octobre 2015.
Le nouveau Ministre Fédéral pour la Cohésion des peuples, le Chef Vipponah Shuman (MSH), lors de son introduction à ce tout nouveau Ministère, Columbia, 3 octobre 2015.

De l’autre côté, le Ministère Fédéral pour la Cohésion des peuples est un tout nouveau portefeuille qui devrait avoir pour objectif de renforcer le lien d’unité entre les différentes communautés du pays et surtout apporter une réponse à la “question hamajak”, une promesse de campagne de l’ASD. Pour ce poste, le chef du gouvernement George Garandor a décidé de présenter le Sénateur et Chef de clan hamajak Vipponah Shuman, membre d’importance du Mouvement Social Hamajak, mais également un activiste au discours plus modéré que son leader. Ce dernier est un membre actif dans la lutte pour les droits de son peuple et tient de nombreuses conférences et manifestations à travers le pays à ce sujet, ayant même effectué un voyage en Akaltie, en 2013, pour défendre la cause hamajak devant les autres peuples natifs aleuciens : “Mes objectifs sont clairs : Westalia doit devenir une terre d’égalité et de respect des cultures nationales. Nul ne doit se sentir inférieur à un autre et aucun citoyen n’a de droit supérieur à un autre. Notre peuple souffre de ses divisions poussées par une droite radicale et réactionnaire qui instrumentalise les agissements de certains extrémistes comme une vérité générale pour toute une communauté. Maintenant que la raison et le bon sens sont arrivés au pouvoir, nous allons pouvoir mettre autour d’une table les représentants de chaque communauté, pour mettre en place une véritable union des peuples, égaux, fraternels et plus puissant que jamais”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse officialisant sa prise de poste. Si ce Ministère existe officiellement, il ne dispose pas encore de locaux, de personnel et d’un budget nécessaires à son fonctionnement. Mais la plupart de ces manques devraient être complétés d’ici la fin de l’année, toujours selon les propos du premier intéressé.

Pour d’autres ministères d’importances, on retrouve Alexander Vakter (FPD) à l’économie nationale, Edgar Latender (USD) aux fonctions publiques et au travail, Alicia Petroni (FPD) à la justice, ou encore Sadayoshi Yasumoto (FPD) à la Défense. Certains membres du précédent gouvernement restent également à leur poste, uniquement pour les postes liés aux affaires militaires, tel que le Ministre Fédéral aux armées, le Général Richard Meylan, ou encore le Chef d’État-major des armées, le Général Maxwell Ledford. Les officiers militaires qui occupent ces postes sont généralement considérés pour leurs compétences et leur volonté de neutralité politique. Dans notre cas, le Premier Ministre Fédéral George Garandor se justifie par “le besoin de conserver des éléments très compétents, de confiance et qui doivent continuer à maintenir l'élan de la transformation de l’armée fédérale en une force militaire de grande importance”. A l’inverse, aucun portefeuille n’a été attribué aux membres du Parti des Ouvriers Libres, mais seulement quelques postes dans certains ministères ou au Sénat de la Grande République. Un premier geste de division dans la gauche, alors que les socialistes ont pu récupérer quelques ministères, dont deux importants ? Probablement plus une stratégie politique pour éviter de crisper une large partie de l’électorat qui pourrait considérer qu’un Ministre de cette mouvance politique pourrait influencer la politique du nouveau gouvernement vers une dépénalisation du communisme. Pour autant, le chef du gouvernement n’a pas abordé ce sujet lors de la présentation de sa fiche de route et a préféré rester vague sur le sujet, lorsqu’un sénateur lui a posé la question : “Notre alliance est présente pour accomplir les réformes nécessaires. Nous avons mis de côté nos différends idéologiques pour avancer, non pas pour décider tout et n’importe quoi une fois au pouvoir”.

Une arrivée inattendue à la Présidence du Sénat

Le nouveau Président du Sénat et Sénateur du comté d’Astaran, Ronald Abek (FPD), peu après sa nomination à son poste, Columbia, 1er octobre 2015.
Le nouveau Président du Sénat et Sénateur du comté d’Astaran, Ronald Abek (FPD), peu après sa nomination à son poste, Columbia, 1er octobre 2015.

De son côté, au cours de la matinée du 1er octobre, le Sénat s’est réuni pour sa première séance depuis les élections fin septembre, ouvrant une rentrée politique aux couleurs et rapports de forces bien différents de ce qu’ils étaient quelques mois plus tôt encore. Très rapidement, ce premier rassemblement d'élus s’est porté sur la nomination de celui qui présidera le Sénat pour les quatre prochaines années, sauf imprévu. Si l’élection d’un candidat du Front Populaire et Démocrate était plus que prévisible, l’identité de ce dernier a grandement surpris les observateurs politiques, puisque ce ne fut nul autre que Ronald Abek, ancien Premier Ministre Fédéral sous les couleurs du Parti Libre et Démocrate entre 1989 et 1991, sous la présidence de François Grenier (PLD). Devenu membre du FPD depuis 2010, il a été réélu aux dernières élections au poste de Sénateur du comté d’Astaran. Figure emblématique de l’asfortisme et personnalité historique pour avoir repris la gouvernance du pays, alors plongé dans la crise des ghettos et le retour des conservateurs au pouvoir, il fait désormais son grand retour à ce poste d’importance, obtenu grâce à l’appui de son ancien Ministre Fédéral à l’économie nationale, Simeon Belagri. Son élection devrait confirmer, sauf surprise, l’élection du leader du FPD en tant que douzième Président Fédéral de la Grande République, chose qui devrait être confirmée d’ici au 9 octobre, date où les membres du Conseil Électif vont se réunir pour statuer à ce sujet. L’ASD a désormais toutes les cartes en main pour gouverner et la prochaine arrivée de Simeon Belagri au plus haut sommet de l’État ne sera qu’une confirmation de cette observation.
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Columbia Chronicle du 12 octobre 2015
Columbia Chronicle


Simeon Belagri : Nouveau Président Fédéral de la Grande République


Le nouveau Président Fédéral de la Grande République de Westalia, Simeon Belagri, après sa convocation par le Conseil Électif, Columbia, 9 octobre 2015.
Le nouveau Président Fédéral de la Grande République de Westalia, Simeon Belagri, après sa convocation par le Conseil Électif, Columbia, 9 octobre 2015.

La conclusion d’une année de campagne électorale historique

Avec l’élection du Président du Sénat, Ronald Abek, par ses pairs lors de la première séance de la chambre basse westalienne, le dernier siège du Conseil Électif fut enfin complété pour organiser la seule réunion pour laquelle cette entité existe : l’élection du chef de l'État. Composé des six Présidents de chaque État-Républicain qui composent la Grande République, ainsi que du Président du Congrès Suprême et de celui tout nouvellement élu du Sénat, ces huit personnalités aux fonctions importantes se sont rassemblées le 9 octobre pour décider du futur de notre pays, avec pour objectif de désigner à la majorité le prochain Président Fédéral qui représentera la population. Pour rappel, avant l’élection du Président du Sénat, l’Alliance Sociale et Démocratique possédait un total de 4 voix hypothétiques sur 8, tandis que le Parti de l’Union Républicaine en possédait 3 voix hypothétiques sur 8, ce dernier grand rôle devant déterminer l’issu du vote entre l’élection du candidat ASD ou le blocage du pays. Un scénario qui a affolé de nombreux politiques de tout bord, mais également des observateurs et des acteurs de la vie publique, qui ont régulièrement appelé au pragmatisme et à l’intérêt du peuple, par rapport aux querelles idéologiques. Finalement, avec la nomination indirecte de Ronald Abek à l’ultime siège, cet obscur avenir s’est évaporé très rapidement et a laissé place au début d’une transition démocratique sans inquiétude pour le pays et sa population.

Vingt-quatre années d’Hardenbor, le Président-Fédéral au mandat le plus long de l’histoire fait ses adieux au Palais d’Argent

Le Président Fédéral sortant, Victor Hardenbor, lors de la passation des pouvoirs, au Palais d’Argent, Columbia, 11 octobre 2015.
Le Président Fédéral sortant, Victor Hardenbor, lors de la passation des pouvoirs, au Palais d’Argent, Columbia, 11 octobre 2015.

Victor Hardenbor, voilà un nom qui est indéniablement entré dans l’histoire de la Grande République au rang des personnalités politiques qui ont le plus impacté notre pays ces dernières décennies. Entrepreneur et homme d’affaires aux nombreux succès, première fortune du pays depuis presque trente années consécutives, vétéran de la guerre de 58, fondateur du conservatisme westalien moderne et Président Fédéral au mandat le plus long (vingt-quatre années), l’irréductible résident du Palais d’Argent a franchi les portes de sa demeure pour la dernière fois au cours de la passation des pouvoirs avec son successeur, Simeon Belagri, redevenant un simple citoyen, selon ses vœux de se retirer de la vie politique pour des raisons de santé. Si sa présence s’est grandement affaiblie ses dernières années sur la scène politique westalienne, et même au sein de son propre parti politique, les crises sociales et les décisions impopulaires des derniers gouvernements n’ont pas vraiment mises à mal sa popularité auprès de la population, où il reste le troisième homme politique le plus populaire de la Grande République (2014), derrière Simeon Belagri (1er) et Arthur Horvanx (2nd). Il est également le troisième dirigeant moderne westalien le plus apprécié par la population, selon un sondage réalisé fin 2013, qui le place derrière le premier Président Fédéral Stanislas Asfort (1er) et le neuvième Président Fédéral John Garandor (2nd), dont le petit-fils est récemment devenu le nouveau chef du gouvernement.

Quel héritage laisse-t-il derrière lui au pays et à son successeur ? Bien que le sujet de la sécurisation nationale est encore en plein coeur des débats, l’arrivée de Victor Hardenbor a permis de résoudre dans les faits la crise des ghettos (1989-1994) avec l’instauration de la désormais célèbre loi Safety & Security, qui permettra d’apporter une réponse ferme, parfois au prix d’une certaine moralité, aux problèmes d’insécurités. Côté économique, si le Parti Libre et Démocrate a réussi à sortir le pays de la crise économique qu’il a subi au début des années 80, c’est réellement les politiques très libérales de Victor Hardenbor et de son nouveau gouvernement qui vont pousser le pays vers une revitalisation du marché intérieur et, à partir du début des années 2000, une ouverture progressive sur les échanges internationaux, faisant de la Grande République, vingt-quatre ans après ses réformes, la troisième économie aleucienne et la dix-septième économie mondiale. Sur le plan militaire, sa présidence a permis une renaissance de l’armée fédérale via une augmentation drastique du budget dédié à la défense, désormais à 5% du PIB, qui a permis au cours des années 2000 le développement technologique de nombreuses armes ayant pour but de remplacer l’équipement vieillissant jusque là en dotation, tout comme son ambitieux projet de refonte de la marine fédérale, avec la construction de nouveaux bâtiments de guerres modernes, et ceci malgré le décommissionnement du porte-avion “Columbia”, entrée en service en 1981 et désarmé en 2012, qui devrait être prochainement remplacé par les nouvelles classes de porte-avions en cours de développement par le gouvernement. Institutionnellement, Victor Hardenbor a transformé en profondeur le rôle de Président Fédéral, qui avait progressivement perdu de nombreux pouvoirs, notamment sous la présidence de John Garandor, pour se transformer vers un titre plus honorifique que politique. Chose qu’il a finalement grandement inversée, en s’imposant comme une personnalité active dans les prises de décision du gouvernement et en réformant grandement ce poste lors de la réforme constitutionnelle de 2003, qui lui a rajouté de nouveaux pouvoirs, faisant de la Grande République une démocratie au pouvoir de plus en plus présidentiel. Idéologiquement, il laisse derrière lui un renouveau de l’horvanxisme, qualifié de néo-horvanxisme ou d’hardenborisme, qui met l’accent sur le principe de “sacralisation de l’unité nationale”, de la figure dirigeante héroïque, du culte de la personnalité et de la dédiabolisation de la dictature (1876-1919) sous Henry Horvanx. Bien que l’âge d’or de ces principes fut très majoritairement dans les années 2000, les divisions dans le camp conservateur entre les modérés et les radicaux refont surface au cours des années 2010, alors que les premiers souhaitent de plus en plus une réforme plus ouverte de cette idéologie, tandis que les seconds prônent une vision extrême de cette dernière. C’est sur le plan diplomatique que sa présidence a révolutionné la Grande République, en actant la sortie de l’isolationnisme et le début de l’ouverture sur le monde, en soutenant la doctrine du Kaiko-bu, théorisé par son Ministre Fédéral aux affaires étrangères, Henry Takajiwa. Multiplication des traités internationaux, retour de l’alliance lermando-westalienne, fondation de l’ASEA et dominance diplomatique sur l’Aleucie de l’Ouest, les réussites sont nombreuses, mais dont la récente sortie de l’isolationnisme fait qu’elles n’ont été réalisés que sur un court laps de temps, cette période ne représentant qu’une fraction de son long mandat.

Génie politique ou populiste, visionnaire ou démagogue, sauveur de la nation ou dirigeant autoritaire, beaucoup de westaliens l'apprécient et beaucoup d’autres se sont opposés fermement à sa vision de notre nation. Mais il est indéniable qu’il a marqué pour toujours de sa trace l’histoire de notre pays et qu’il laisse derrière lui un pays plus fort économiquement, diplomatiquement et militairement, mais dans un contexte politique et social de plus en plus instable, alors qu’une polarisation de la population se fait toujours plus sentir dans les débats. Devant la presse, personnalités politiques, représentants et dirigeants étrangers venu assister à son départ, celui-ci a rappelé une dernière fois son espoir pour le futur de la nation : “La Grande République de Westalia est un pays au destin prometteur, à l’avenir radieux et aux capacités plus grandes qu’à tout moment de notre histoire. Il va être du devoir de mon successeur de s’assurer que nous restions un peuple uni dans l’adversité, innovant face aux problématiques d’aujourd’hui et de demain, et surtout une puissance libre et indépendante où chacun de nos citoyens, peu importe leurs opinions politiques, pourront se retrouver dans une grande communauté patriote, riche et soudée”. Le dirigeant conservateur a par la même occasion réaffirmer sa décision de quitter la vie politique westalienne et de se retirer à New Landor, “pour profiter de ma famille et d’une liberté de mouvement qui me permettra de démarrer un nouveau chapitre de ma vie personnelle, probablement dans des voyages internationaux”.

L’arrivée d’un nouveau Président Fédéral libéral, social et asfortien

Le nouveau Président Fédéral Simeon Belagri, lors de son investiture au Palais d’Argent, s’adressant à la presse et aux invités, Columbia, 11 octobre 2015.
Le nouveau Président Fédéral Simeon Belagri, lors de son investiture au Palais d’Argent, s’adressant à la presse et aux invités, Columbia, 11 octobre 2015.

Réunis le 9 octobre, les membres du Conseil Électif ont approuvé à la majorité la candidature de Simeon Belagri en tant que douzième Président Fédéral de la Grande République de Westalia. Cette dernière nomination marque la victoire finale de l’Alliance Sociale et Démocratique, mais surtout du Front Populaire et Démocrate, sur cette année électorale où l’ensemble des scrutins qui se sont joués en 2015 leur ont été grandement favorables. Si le passé de Simeon Belagri possède plusieurs similitudes avec celui de Victor Hardenbor, entrepreneur et homme d'affaires à succès, fondateur d’un nouveau mouvement politique, vétéran de la guerre de 58… Les similitudes s’arrêtent ici, puisque les deux hommes s’opposent assez frontalement sur le plan politique. Si l’ancien et le nouveau chef de l’État ont côtoyé les rangs du même parti politique, le Parti Libre et Démocrate, entre 1982 et 1983, ces deux hommes entretiennent une rivalité politique qui fera vibrer toute la scène politique westalienne des années 2000 et du début des années 2010. Alors que Simeon Belagri connaît ses derniers mois en tant que Ministre Fédéral de l’économie nationale, sous le gouvernement de Ronald Abek, il critique déjà les positions de son adversaire et du tout récent Parti de l’Union Républicaine, en 1991 : “Les conservateurs promettent de résoudre les problèmes de violences par la violence. Tout ce qu’ils vont nous offrir, c’est plus de sang dans nos rues, plus de familles endeuillées et une guerre totale entre les communautés. La répression fonctionnera un temps, mais cela va radicaliser les différents camps dans cette crise [des ghettos] et on aura encore plus d’instabilité à l’arrivée qu’au départ. Tôt ou tard, il faudra payer cher l’usage de cette méthode, s’ils venaient à l'appliquer”. Après la victoire électorale du PUR, la même année, il regagne les bancs du Congrès Suprême jusqu’en 2004. Durant ces années, les ténors du PLD perdent peu à peu en influence et le discours du parti s’oriente de plus en plus vers la droite. En tant que meneur d’une aile progressiste importante, il va accentuer son engagement sur la scène politique en se faisant élire Sénateur de Santa Maria, en 2005, où il restera uniquement une année sous les couleurs de son ancien parti. Dénonçant un manque d’investissement face à la réforme constitutionnelle de 2003 et une trop grande complaisance des cadres du parti envers “celui qui devrait être notre principal ennemi”, il quitte le PLD avec plusieurs de ses fidèles pour fonder le Front Populaire et Démocrate, provoquant ainsi un véritable schisme de l’asfortisme. Avec un score important lors des sénatoriales primaires de 2007, son discours d’opposition et d’alternative politique accentué par une critique forte du gouvernement et une volonté de réformer le pays, va très rapidement faire de son parti le principal mouvement d’opposition au sein de la Grande République, dès les élections sénatoriales intermédiaires de 2009. Leader de la contestation populaire contre la loi Safety & Security III en 2013 et se positionnant en défenseur de la liberté d’expression lors de la tentative de censure du journal Democracy en 2014, le succès du madrerian atteint son apogée cette année, avec une grande victoire aux élections représentatives et l’obtention d’une majorité au Sénat, en septembre.

Actant de sa troisième participation aux présidentielles, le nouveau dirigeant westalien marque sa victoire face à son adversaire du PUR, Arthur Horvanx, l’héritier désigné de Victor Hardenbor, qui n’a pas réussi à maintenir son camp au pouvoir après une campagne particulièrement intense. Si le Conseil Électif a officialisé la victoire de Simeon Belagri en tant que nouveau Président Fédéral de la Grande République, le 9 octobre, il faudra attendre le 11 octobre pour que la passation de pouvoir officialise ce changement de pouvoir. Si la cérémonie était déjà planifiée depuis plusieurs semaines, en raison des récents résultats électoraux, nombre de personnalités westaliennes importantes et étrangères ont fait le déplacement jusqu’à Columbia pour découvrir le nouveau visage qui représentera Westalia pour les quatre prochaines années. Parmi les invités de marque, on retrouve notamment les anciens Président Fédéral encore en vie, soit John Garandor, et François Grenier, ce dernier ayant récemment fait son retour en politique en tant que Sénateur, toujours sous les couleurs du PLD. On retrouve également différents représentants des Dynastic Families, comme Henry et Victor Jr. Hardenbor, Lars et Arthur McAubert, Wilson et Jonathan Larster ou le très influent Hirayoshi Akiyama, pour ne citer que les plus connus. Lors de son investiture, le nouveau Président Fédéral a repris une partie des annonces faite par le Premier Ministre Fédéral George Garandor, quelques jours plus tôt devant les Sénateurs : “Derrière nous se trouve une époque révolue, celle d’une nation en proie aux divisions, à la peur de l’autre et à la tentation autoritariste. Aujourd’hui, le peuple a fait le choix de l’alternative démocratique, celle du renouveau des libertés, pour un monde d’unité, de fraternité et d’égalité. Devant nous, un avenir plein d’ambition nous attend, mais pour l’atteindre nous avons besoin de remobiliser l’élément le plus important de notre pays : son peuple. Je souhaite que nos citoyens puissent s’exprimer plus librement et avec moins de barrières issues d’un héritage archaïque et dépassé par les besoins de notre époque. Désormais, nous devons offrir un système qui permettra à tout un chacun d'avoir capacité de décider pour son avenir avec le plus de simplicité et le plus naturellement possible, dans une vie démocratique qui sera renouvelée par une série de réformes nécessaires pour que la Grande République devienne la grande puissance qu’elle a toujours souhaité devenir. La coopération, l’union, la liberté et la démocratie seront les maîtres-mots de mon mandat. En Westalia comme en Aleucie, tous les hommes souhaitent pouvoir vivre paisiblement et dans le confort de ne plus avoir à s’inquiéter du lendemain. D’ici quatre ans, nous allons faire de notre nation un exemple irréprochable de démocratie, de qualité de vie et de richesse pour tout le continent. Les entraves horvanxiennes ont été coupées, et maintenant que nous sommes au pouvoir, il est grand temps de faire le nettoyage tant attendu pour que notre pays puisse enfin avancer sereinement vers l’avenir, loin de l’autoritarisme et proche du peuple”.

Des enjeux diplomatiques, économiques, sécuritaires et sociaux sur la table

Avant la cérémonie d'investiture, l’ancien chef de l’État et son successeur ont longuement échangé, notamment dans la transmission des dossiers d’importance. Que cela soit la place de la Grande République au sein de l’ASEA, dont la volonté de réforme de l’alliance lermandienne semble plus partagé par le nouveau Président Fédéral que par l’ancien, la crise rurale toujours autant d’actualité, l’attrait migratoire du pays, la lutte contre la grande criminalité et la piraterie en Aleucie, domaine où la Grande République est l’une des nations les plus actives sur le continent, ou encore la nécessité de développer une armée fédérale puissante, complète et moderne, au fur et à mesure des aléas diplomatiques qui tendent à dessiner les futurs menaces qui pourraient planer sur notre nation. Avec un budget toujours plus élevé chaque année et par extension une capacité d’investissement plus large, le nouveau Président Fédéral devrait avoir une grande marge de manœuvre pour atteindre les objectifs qu’il a énoncé tout au long de sa campagne électorale. Reste désormais à savoir s’il arrivera à faire bon usage de cet énorme avantage de début de mandat et surtout, s’il arrivera à continuer à incarner la figure qui gardera la gauche unie, sans quoi son mandat pourrait se retrouver grandement affaibli , dans le cas d'un effondrement de l’Alliance Sociale et Démocratique, un objectif de cohésion qui va probablement être le fil rouge de ces prochaines années…
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Columbia Chronicle du 20 novembre 2015
Columbia Chronicle


Safety & Security IV : réforme plus juste ou déconstruction anti-hardenborienne ?


Le Premier Ministre Fédéral, George Garandor (FPD), lors des premiers débats sur la loi Safety & Security IV au Sénat de la Grande République, Columbia, 18 novembre 2015.
Le Premier Ministre Fédéral, George Garandor (FPD), lors des premiers débats sur la loi Safety & Security IV au Sénat de la Grande République, Columbia, 18 novembre 2015.

Safety & Security III, la précédente version fustigée par la gauche et le centre

Il y a désormais deux ans, le gouvernement du Premier Ministre Fédéral Akito Fujitawa (PUR) avait présenté devant les sénateurs le projet de loi Safety & Security III, une évolution encore plus radicale de la seconde version adoptée en 2003 et qui a particulièrement marqué pour avoir introduit le concept de “délit d’extrémisme”. Alors que l’ouverture sur le monde bat son plein, le terrorisme hamajak et la grande criminalité connaissent une nouvelle recrudescence à travers le pays et l’exécutif de l’époque avait justifié la nécessité de renforcer les moyens juridiques et policiers alloués aux agences travaillant pour la sécurité nationale, notamment dans le but de lutter contre “les idéologies désunionistes et anti-westalienne de l’intérieur”. Si l’ex-Premier MInistre Fédéral Akito Fujitawa fut celui qui introduisit cette proposition de loi, il n’était difficile de voir la main particulièrement importante de l’ex-Ministre Fédéral de l’Unité Nationale, Alfred Eisendorf, leader de la très radicale aile traditionaliste du Parti de l’Union Républicaine, comme en étant le principal auteur. Durant l’été 2013, le mouvement conservateur possédait encore une majorité absolue au Sénat et a donc réussi à faire adopter la loi lors de son vote, le 1er août 2013, avec la majorité de l’opposition ayant voté contre ou s’étant abstenue, comme l’extrême-droite et quelques membres du Parti Libre et Démocrate. Cependant, les véritables enjeux politiques allaient se jouer au Congrès Suprême, étape nécessaire pour l’adoption de toute loi dans notre système législatif. Là-bas, le PUR ne disposait alors que d’une simple majorité, une opposition unie ayant la capacité de pouvoir s’y opposer. Si le délai d’examen de la loi y est beaucoup plus court, 1 mois minimum au Congrès au lieu de 3 mois pour le Sénat, les conservateurs ont réussi à s’attirer les bonnes grâces des nationalistes du PNW, s’assurant leur vote en échange d’accords électoraux pour les élections de septembre, mais ne rassemblant toujours pas les voix nécessaires, laissant les centristes du PLD décider du sort de la loi. Si le groupe avait officiellement annoncé voter contre, cinq de ses délégués s’abstinrent, provoquant une égalité parfaite entre les votes, permettant indirectement à la loi de passer grâce à celle du Président du Congrès, membre du PUR, dont la voix compte double dans ce genre de situation, début septembre. Durant tout le reste du mois, l’opposition a fait descendre dans les rues de nombreux partisans opposés à cette loi, de 750 000 (selon les autorités) à 1,6 million de manifestants (selon les organisateurs) à travers tout le pays, pour la seule journée du 7 septembre, fête de la fondation de la Grande République. Cet événement est largement considéré par les politologues comme le point de non-retour de la chute des conservateurs, finalement survenue deux ans plus tard, et le début d’une confrontation beaucoup plus radicale de l’opposition, particulièrement de gauche et de centre-gauche, multipliant les manifestations d’ampleurs ces dernières années.

Vers une nouvelle version de la loi aux couleurs belagriennes

Désormais au pouvoir, les forces de l’Alliance Sociale et Démocratique ont présenté leur propre version revisitée du texte adopté sous la gouvernance conservatrice, en 2013. Annoncé dès l’investiture du nouveau gouvernement fédéral, début octobre, le quatrième “opus” de cette série de lois sécuritaires majeures est décrit par ses auteurs comme “un projet visant à apporter une protection claire, définie et dans le respect des libertés et de la démocratie westalienne”. Premier point d’importance de ce texte, c’est la réforme du délit d’extrémisme qui devrait aboutir à sa disparition totale, à l’adoption de ce dernier. Bête noire des partis de gauche durant tout le précédent mandat, il n’y a rien d’étonnant à voir cet aspect de la loi Safety & Security III sauter dans cette nouvelle version présentée par l’exécutif. Ce dernier va même bien plus loin que la suppression de délit, puisqu'il souhaite également apporter aux personnes ayant été condamnées pour ce fait de rendre leur jugement de nouveau présentable devant un juge, pour ne plus tenir en compte le caractère d’extrémisme des accusations. Selon Jack Eberton, professeur à l’Université de Santa Maria et expert en droit, “le nombre d'arrestations pour extrémisme entre 2013 et 2015 est particulièrement élevé. On décompte un total de 5 250 arrestations sur ce motif, dont 1 900 d’entre elles ont donné lieu à une condamnation engageant une peine de prison, de un à sept ans de détention, suivant les cas et les institutions en charge des affaires. Rien que sur la période s'étendant de novembre 2013 à mars 2014, on décompte plus de 2 000 arrestations pour ce motif, grâce à une application active de la loi par le Ministre Fédéral de l’Unité Nationale de l’époque, Alfred Eisendorf”. Ces chiffres, donnés par le Professeur Eberton, sont issues des statistiques publiés fin octobre 2015 par le Ministère Fédéral à la Justice, quelques semaines après l’accession d’Alicia Petroni (FPD), en tant que nouvelle cheffe de ce portefeuille, dans une volonté de la nouvelle Ministre Fédérale de “faire la lumière sur ces années de banalisation de la haine, de l’injustice et de mise à mal des libertés”. Notre expert en droit poursuit ainsi : “Jamais dans l’histoire de la Grande République, notre justice fédérale n’a fait preuve d’autant de zèle dans l’application d’une loi. Invalider les condamnations va entraîner de nouveaux jugements à travers tout le pays, qui pourrait aller dans le sens des accusés, dans la mesure où ils ne cumulent pas d’autres délits majeurs en plus de celui d’extrémisme. La majorité d’entre eux devrait être issus de l’ethnie hamajak, qui représente 70% des arrestations effectuées sous ce prétexte”. Si la notion d’extrémisme disparaît de la nouvelle loi, celle-ci se veut être renforcée de nouveaux outils, tel que la possibilité d'appliquer des QSW (Quick Search Warrant) ou mandat de perquisition rapide, théoriquement délivrable en moins de 12h par un juge fédérale sous une procédure accélérée, uniquement pour des cas pouvant concerner du terrorisme, du grand banditisme, de l’espionnage, du trafic de drogues ou du trafic d’armes. Tout comme l’application des DAW (Data Acquisition Warrant) ou mandat d’acquisition de données, qui permet à la Federal Homeland Security Agency d’acquérir toutes les données détenue par une entreprise publique ou privée à l’encontre d’un individu suspecté d’espionnage ou de terrorisme, qui reste dans le nouveau projet de loi, malgré une critique initiale de cet aspect par la gauche qui revient sur sa vision de ce nouveau type de mandat applicable depuis 2013 et dont le taux d’utilisation n’a pour le moment jamais été divulgué, ni par le gouvernement fédéral, ni par la FHSA. De manière globale, le projet de loi Safety & Security IV apporte beaucoup plus d’attention dans la lutte contre la grande criminalité et les trafics illégaux qui se multiplient dans le pays et sur le continent, bien plus que contre le terrorisme et “l’extrémisme”, qui avaient été mis en avant par les précédents chefs du gouvernement.

Des première critiques à gauche comme à droite

Façade du Sénat de la Grande République, Columbia.
Façade du Sénat de la Grande République, Columbia.

Sans surprise, la droite radicale a bondi face à la présentation de ce projet de loi et plusieurs de ses ténors ont annoncé qu’ils voteraient contre cette dernière, l’ancien auteur de la précédente en tête, Alfred Eisendorf (PUR) : “Il est naturel pour un gouvernement d’extrémistes de vouloir mettre un terme à une loi qui a permis de débuter un ménage nécessaire au sein de notre société. Les idéologies communistes, désunionistes et indépendantistes doivent être chassées jusqu’à leur disparition complète. Aujourd’hui, le nouveau gouvernement soutient la racaille anti-westalienne en supprimant un aspect nécessaire au maintien de l’ordre dans notre pays et à l’intégrité de notre civilisation. Je ne laisserai pas cet exécutif gangréné par des idées antipatriotiques, pro-hamajaks et communistes détruire ma nation. Les véritables défenseurs de la Grande République vont tout mettre en œuvre pour que notre mécontentement soit entendu, que Monsieur Garandor et Monsieur Belagri s’attendent à voir du bruit dehors”. Toujours à droite, le leader de l’aile libérale du PUR, Henry Takajiwa, désormais simple sénateur, a tenu des déclarations plus mesurées : “Le nouveau gouvernement fédéral devrait faire plus attention à ce qu’il présente auprès de notre population. Il ne peut pas déconstruire des mesures qui ont fait preuve de leur efficacité ces dernières années et ignorer presque la moitié de nos citoyens qui pensent que certaines d’entre elles sont nécessaires à notre sécurité générale. S’il faut réformer, alors il faut que nous soyons conviés pour rédiger un texte plus juste et moins orienté idéologiquement que celui-ci. Relâcher des criminels dans la nature ne va pas servir l’intérêt supérieur de nos concitoyens…”, a déclaré devant les journalistes, en sortie de séance du Sénat, l’ancien chef de la diplomatie westalienne. A gauche, la principale critique se fait entendre des nouveaux sénateurs communalistes, entrant pour la première fois de leur histoire au Sénat, en septembre dernier. A leur tête, le Sénateur Abel Orban a proclamé un discours très critique du nouveau gouvernement et de l’alliance de partis derrière ce dernier, tout cela devant les journalistes amassés à l’extérieur du Palais Horvanx : “Hardenbor, Belagri, Horvanx ou Garandor, ce sont tous les mêmes : des manipulateurs, des autocrates et des acteurs de la répression populaire. Ces lois répressives doivent être purement et simplement abolies pour faire que tous les westaliens puissent jouir d’une liberté totale et un contrôle acquis de leur vie et non par de quelconques agences gouvernementales qui ont tous les droits de nous piliers de ce que nous possédons et de nous espionner dans la plus grande légalité. Les communalistes voteront contre toute loi qui n'ira pas dans le sens d’une véritable démocratie et d’une liberté de chacun assurée en totalité, pas dans un simulacre de compassion, nos citoyens n’en veulent pas. S’il y en a qu’il faudrait contrôler, ce seraient tous ces oligarques qui volent impunément les fruits du dur labeur de la population”.

Vers un scénario de déjà-vu

Au Sénat, l’ASD est en position de force grâce à sa majorité absolue face à la droite, comme ce fut le cas pour le PUR en 2013. Ainsi, ils sont quasiment sûr que le nouveau projet de loi sécuritaire soit adopté par les sénateurs lors de son vote, en février 2016, quand bien même toute l’opposition viendrait à s’unir contre. Pour autant, dans un parallèle très révélateur, l’ASD ne possède pas de majorité absolue au Congrès Suprême, étape nécessaire pour adopter définitivement le projet, tout comme le PUR en 2013. Pire encore, la droite y est majoritaire, puisque les délégués affiliés à l’ASD ne sont que 41 dans l'hémicycle, contre 50 pour les délégués du PUR et du PNW combinés, qui devraient voter contre, sauf surprise ou négociation. Comme pour le vote de la loi Safety & Security III, le sort de ce projet de loi devrait être entre les mains du Parti Libre et Démocrate et ses 11 délégués. Si la majorité d’entre eux avait voté contre, deux ans auparavant, rien ne dit qu’ils voteront nécessairement pour la version de l’ASD l'année prochaine, tout particulièrement lorsque l’on sait que le nouveau leader en pleine ascension politique et Président du Groupe PLD au Congrès Suprême, Justin Darfor, s’est déjà montré très critique de l’alliance de gauche. Ainsi, même si les onze délégués décident de s’abstenir, la droite serait toujours majoritaire lors du vote. Pour que le texte puisse passer, il faudrait qu’au minimum dix des onze délégués du PLD vote pour avec la gauche, une situation beaucoup plus complexe qu’au Sénat. La partie n’est pourtant pas encore jouée, puisqu’à écouter la nouvelle figure de proue des asfortiens de droite, les négociations restent ouvertes : “Bien évidemment que nous jugeons que la loi Safety & Security III est beaucoup trop extrême dans ses proportions et qu’elle nécessite une réforme pour être réellement applicable, c’est pour cette raison que j’avais apporté mon opposition à ce projet en 2013. A la question, est-ce que mon groupe va soutenir le Safety & Security IV, l’année prochaine, je n’affirme rien pour le moment. Je laisse la porte de mon parti ouverte au gouvernement s’il souhaite négocier avec nous et faire preuve de sa bonne foi. S’il se montre tout aussi ouvert, alors nous pourrons envisager de soutenir la loi, dans le cas contraire, nous voterons en fonction du texte qui nous sera présenté et sur ce point nous ne nous sommes pas encore entièrement concertés. Monsieur le Premier Ministre Fédéral Garandor a tout intérêt à venir nous voir d’ici au début de l’année”.

Ce premier projet de loi présenté par le nouveau gouvernement est le premier défi politique qui l’attend depuis sa formation et qui pourrait avoir un impact assez significatif pour les prochaines ambitions de l’exécutif, notamment la grande réforme démocratique qu’il souhaite présenter au cours de l’année prochaine.
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Democracy du 22 décembre 2015
Democracy

Le Parti de l’Union Républicaine : entre divisions et absence de figure dirigeante

Logo du Parti de l’Union Républicaine, illustré fissuré à l’image de l’état du mouvement.
Logo du Parti de l’Union Républicaine, illustré fissuré à l’image de l’état du mouvement.

Une défaite électorale dévastatrice

Depuis plus de trois mois, le Parti de l’Union Républicaine, après vingt-quatre années consécutives au pouvoir, se retrouve dans l’opposition. Un statut qu’il n’avait pas repris depuis tout autant de temps et qu’il n’a réellement occupé que quelques petites années avant son ascension, à la fin des années 80. A cette époque, la figure écrasante et unificatrice de Victor Hardenbor avait réussi à rassembler tous les mouvements conservateurs sous sa bannière, des plus modérés aux plus radicaux, dans une harmonie qui avait surpris les partis traditionnels à l’époque. Cette unité lui avait permis de réaliser des scores électoraux improbables, le hissant au rang de troisième parti politique aux élections sénatoriales primaires de 1987, avec moins d’une année d’existence, avant de devenir le premier parti d’opposition, deux ans plus tard, lors des élections de 1989. Après son ascension au pouvoir, en 1991, le PUR se renforcera progressivement, atteignant un niveau de contrôle législatif digne de celui détenu par le Parti Démocrate entre les années 20 et les années 40, s’octroyant une capacité de dirigeance indétrônable. Pourtant, sur les quatre dernières années, les résultats électoraux furent en baisse avant d’atteindre un effondrement brutal de la majorité conservatrice, au cours des élections sénatoriales de septembre dernier et son départ du pouvoir. En cette année 2015, la figure unificatrice de Victor Hardenbor s’est faite beaucoup plus discrète au fur et à mesure des mois pour laisser place à celle d’Arthur Horvanx, “l’héritier désigné” pour prendre sa succession en tant que leader de la droite. Si le profil de l’ancien chef du gouvernement est très similaire à celui de l’ancien chef de l’État, tous deux ne se revendiquant pas d’une aile politique conservatrice et possédant une personnalité en capacité de rassembler les différents ténors conservateurs sous leur dirigeance. Si le “nouveau leader” a réussi à redresser la barre du parti, il n’a pas été en mesure d’éviter la défaite électorale, tout comme il n’a pas réussi à rassembler les autres partis de droite sous son aile et laissant la gauche arriver au pouvoir sans entraves. Si le parti a réussi à conserver un nombre de sièges suffisant pour être le premier parti d’opposition au Sénat, tout en contrôlant toujours le Congrès Suprême, il est indéniable que le coup qui lui a été porté semble empêcher le parti de se relever dans l’immédiat, voyant son poids politique à l’échelle nationale être gravement affaiblie, tout cela au profit des autres partis de droite, qui se sont allègrement appropriés une bonne partie de l’électorat perdu par le PUR.

Une polarisation des ailes du partis : un long processus ravageur

De gauche à droite, le Sénateur Alfred Eisendorf, le Sénateur Akito Fujitawa et le Sénateur Henry Takajiwa.
De gauche à droite, le Sénateur Alfred Eisendorf, le Sénateur Akito Fujitawa et le Sénateur Henry Takajiwa.

Le début des années 2000 correspond à un tournant assez important au sein de l’organisation interne du parti. Alors que la réforme constitutionnelle de 2003 est adoptée, on voit progressivement apparaître un groupe d’adhérents radicaux dans leurs idées et dont la présence pose les premières bases du néo-horvanxisme. Assez rapidement, le tout nouveau Ministre Fédérale de l’Unité Nationale, Alfred Eisendorf, semble en devenir le leader naturel pour ses prises de position violentes envers les communautés hamajaks et sa détermination à faire appliquer les lois sécuritaires avec beaucoup de zèle. Ce mouvement interne au PUR va prendre beaucoup d’ampleur, au point que son influence sera suffisante pour pousser à une radicalisation des politiques du parti sur divers sujets d’importance. Pour autant, tous les membres de la formation politique ne suivent pas aveuglément ce nouveau courant conservateur, mais trouvent beaucoup de mal à s’organiser aussi solidement que ces “traditionalistes”, comme ils se font surnommés. Avec l’incapacité du Premier Ministre Fédéral Robert Terford de faire l’unanimité dans ses rangs, ce dernier est poussé à la démission par la direction du parti. A ça place, le Président Fédéral Victor Hardenbor décide de nommer son Ministre Fédéral à la Justice, Akito Fujitawa, qui devient rapidement une figure d’équilibre au sein du parti, arrivant à concilier traditionalistes et non-traditionalistes, bien souvent rangé sous l’étiquette de “modérés”. En parallèle, c’est un novice de la politique qui va réincarner la vision asfortiste au sein du parti. Ancien professeur et célèbre théoricien en géopolitique, notamment pour son invention de la doctrine Kaiko-bu, le Ministre Fédéral aux affaires étrangères Henry Takajiwa va connaître une ascension politique fulgurante, favorisant au cours des années 2000 la néo-libéralisation de l’économie westalienne et semant le terreau d’une sortie totale de l’isolationnisme, il va incarner la troisième aile du PUR, celle des “libéraux”. Accès sur une ouverture sur le monde et le développement économique de la nation, ils se montrent beaucoup plus sceptiques sur la radicalité des lois sécuritaires proposés par les traditionnalistes. Cette opposition va faire naître une rivalité profonde et progressivement de plus en plus antagoniste entre Henry Takajiwa et Alfred Eisendorf, dont seul Akito Fujitawa semble avoir la capacité de contenir pour le maintien du parti. Avec la chute de son gouvernement, en 2014, de nombreux garde-fous tombent et les deux ailes mènent depuis lors une confrontation souvent acharnée en interne, tenant souvent des positions opposées devant les médias sur certains sujets. Si l’aile traditionaliste a failli s’effondrer en 2014, avec la mise en retrait de son leader à la suite de ses tentatives de muselage de la presse, Alfred Eisendorf revient par la grande porte après une demi-année assez discrète au gouvernement, passée en tant que nouveau Ministre Fédéral à la Défense, où il retrouve sa popularité d’avant 2014, si ce n’est pas plus, en tenant des discours particulièrement convainquant sur les plateaux télévisés, entre la fin de l’année 2014 et le début de l’année 2015, dans un contexte de crise diplomatique à l’ASEA, où il fait figure de personnalité déterminée à défendre les intérêts des citoyens westaliens.

Avec la défaite du PUR aux élections représentatives de juin et celle aux élections sénatoriales primaires de septembre, la polarisation des différentes ailes n’a jamais été aussi forte, notamment entre l’aile traditionaliste et l’aile libérale, qui se rejettent conjointement la faute de la défaite et de l’incapacité à avoir réussi à rassembler la droite autour d’une coalition anti-gauche. De son côté, l’aile modérée se fait de plus en plus petite, à mesure que ses différents membres se retrouvent à prendre parti pour l’une ou l’autre, en fonction de leurs affinités politiques.

Qui pour diriger les conservateurs ?

De gauche à droite, le Sénateur Arthur Horvanx et le Président du Congrès Suprême Victor Jr. Hardenbor.
De gauche à droite, le Sénateur Arthur Horvanx et le Président du Congrès Suprême Victor Jr. Hardenbor.

En cette période de trouble et de division au sein de la droite, assez peu de profils semblent encore convenir pour rassembler au-delà des différences que chaque groupe entretient. L’ancien Président Fédéral, Victor Hardenbor, a acté son retrait de la vie politique et ne compte sûrement pas revenir sur cette décision pour diriger le parti qu’il a fondé, tout particulièrement lorsqu’il a justifié cette retraite publique pour des raisons de santé. Le profil de l’ancien Premier Ministre Fédéral, Akito Fujitawa, à l’origine rassembleur, ne semble plus faire autant consensus qu’il y a quelques années entre les différents membres du parti. Finalement, même si son contrôle sur le PUR est particulièrement ébranlé à la suite des défaites électorales de cette année, l’ancien chef du gouvernement Arthur Horvanx pourrait rester la personnalité qui aurait la capacité de maintenir en entier le mouvement politique conservateur. Deuxième personnalité politique la plus populaire du pays, il avait débuté un changement drastique de l’image du parti en jonglant entre libéraux et traditionalistes au cours de son mandat, bien qu’il n’ait pas réussi à aller jusqu’au bout de ses ambitions, la période particulièrement courte passée à son poste et les échéances électorales ayant grandement mis à mal ses objectifs internes. Son retour en tant que simple Sénateur ne l’a cependant pas empêché de rester déterminé à diriger le parti, comme il l’a déjà annoncé à plusieurs reprises depuis septembre : “Nous avons subi une défaite historique, une véritable claque dans la figure. Cela signifie que nous n’avons pas correctement répondu aux attentes de notre population ces dernières années. A cause de cela, nous avons laissé les loups entrer dans la bergerie, nous avons laissé une gauche dangereuse et décadente prendre entre ses mains notre sainte unité nationale et tout le pouvoir nécessaire pour défigurer notre magnifique civilisation. Aujourd’hui, l’ordre du jour est au rassemblement, à un front commun contre ces dérives. Nous devons entamer au plus vite une réflexion interne sur comment répondre au mieux aux attentes de nos concitoyens. Nous avons deux ans pour nous préparer, deux années de perdu où l’irréparable risque d’être commis…”, a-t-il déclaré lors d’une interview sur Notizia TV.

Pour autant, la figure d’Arthur Horvanx est loin de faire l’unanimité en interne, à en croire les nombreuses sources proches de la direction, que nous avons à notre disposition. Même si les traditionalistes restent sur une position de soutien envers Alfred Eisendorf, il n’y a pas réellement de grande opposition à l’encontre de l’ancien chef du gouvernement, qui leur a de nombreuses fois tendu la main au cours de son mandat. Chez les libéraux, à contrario, on considère ce rapprochement comme un déséquilibre dans le parti. S’il n’y a aussi que peu de chance qu’Henry Takajiwa parvienne à la tête du mouvement, on réfléchit à des alternatives plus modérées qu’Arthur Horvanx. Ainsi, le nom de Victor Jr. Hardenbor, Président du Congrès Suprême et fils aîné de l’ancien Président Fédéral, revient très régulièrement dans les couloirs du siège du PUR. Avec la chute du gouvernement conservateur, ce dernier s’est retrouvé propulsé en tant que membre du parti avec la position officielle la plus importante au sein de la Grande République. Depuis plusieurs années, il tient d’une main de fer la majorité conservatrice au Congrès Suprême, bien que relative, et a également joué un rôle important dans le passage de nombreuses lois avec les autres formations de droite, du Parti Libre et Démocrate au Parti National Westalien. S’il est plus proche des traditionalistes sur le plan social, il est particulièrement proche des libéraux sur le plan économique et diplomatique, ce dernier entretenant de bonnes relations avec Henry Takajiwa. Son nom avait déjà été cité pour la nomination d’un nouveau chef du gouvernement, en mai 2014, où il était en bonne position d’obtenir le poste, qu’il aura décliné avant toute proposition. Dans une interview télévisée sur WNN, il revient sur ces rumeurs et se positionne clairement : “Il n’est pas question pour le parti de se diviser dans des luttes d’ego. Je reste convaincu qu’il y a une nécessité de se rassembler et de surmonter nos différents autours d’un projet commun. Arthur Horvanx est pour le moment la personnalité la plus à même d’opérer ce renouveau politique et il aura tout mon soutien dans son entreprise. Nous avons un devoir d’exemple encore plus important que par le passé, si nous voulons de nouveau pouvoir reconquérir la confiance de nos concitoyens. Dans deux ans, nous allons avoir le résultat de nos efforts de reconstruction et j’espère que cela se fera avec la même fougue qui a permis notre victoire en 1991. Rien n’est perdu pour le PUR, tout est à moderniser”. Victor Jr. Hardenbor reste une personnalité très influente au sein du parti et occupe une place importante dans “la jeune relève conservatrice”, alors que de nombreux ténors du mouvement atteignent des âges de plus en plus avancés, qui les contraindront à passer le flambeau à la nouvelle génération, probablement d’ici les prochaines présidentielles.

Un avenir flou et un futur difficile pour l’unité du parti

Alors que le PUR peine à se relever et à maîtriser ses tensions internes, le vote au Sénat sur le projet de loi Safety & Security IV présente déjà de nouvelles divisions au sein du parti. En effet, d’un côté, les traditionalistes appels à une opposition totale envers ce nouveau texte qu’ils jugent comme “une déconstruction de la sécurité nationale et une atteinte à la protection fondamentale des westaliens”, menaçant d’appeler à défiler dans les rues si le gouvernement fédéral ne revient pas sur cette proposition de loi. De l’autre, les libéraux suivent la directive du parti sur l’opposition à ce projet, mais de nombreuses personnalités ont déjà fait savoir qu’ils n’étaient pas en opposition totale à ce nouveau texte, appelant le gouvernement à négocier pour constituer un texte de compromis avec la droite, un appel notamment relayé par le Sénateur Henry Takajiwa. Si dans un communiqué, la direction a déclaré “qu’aucune négociation avec le gouvernement ne pourra être reconnue sans une concertation avec les membres du partis, il n’est pas interdit pour ces derniers de proposer des solutions qui permettront d’arriver à un texte convenable pour tous”. Des propos des libéraux, comme de la direction, qui ont été très rapidement considérés comme une haute trahison pour de nombreux membres des traditionalistes, Alfred Eisendorf en première ligne : “Le parti ne devrait pas laisser la porte ouverte à une quelconque négociation avec le gouvernement fédéral, car nous n’obtiendrons rien avec eux. On ne négocie pas avec des extrémistes et des terroristes qui ont usurpé le pouvoir avec des élections frauduleuses et manipulées. De nombreux sénateurs du mouvement n’approuve pas ce laissé aller d’une frange de libéraux qui pensent pouvoir remodeler le PUR à leur convenance. Nous prévenons la direction, nous n’accepterons aucune négociation avec le gouvernement et nous attendons une opposition totale comme ligne directrice sur le vote qui arrive, ce n’est pas négociable si vous souhaitez conserver l’unité du parti d’ici à la fin de l’année”, a-t-il déclaré dans un communiqué publié sur internet et co-signé par d’autres sénateurs. De toute évidence, les prochaines décisions du PUR vont déterminer le degré de préservation de son intégrité, alors que les deux ailes s’opposent de plus en plus entre elles, avec les modérés impuissants face à ce conflit interne, qui prend de plus en plus les apparats d’une “guerre civile” chez les conservateurs…
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Columbia Chronicle du 1er janvier 2015
Columbia Chronicle

L’année 2015 en Westalia


Prévisible bien avant son début, l’année 2015 s’est placée sous l’actualité politique et électorale de cette “Big Three Year”, qui a vu se dérouler pas moins de trois scrutins majeurs entre juin et octobre. Avec la redéfinition du paysage politique, la colère du monde rural, une campagne historique, la criminalité en hausse, les inégalités sociales au centre des débats et les premiers pas du nouveau gouvernement fédéral, de nombreux enjeux et événements ont marqué cette période haut en couleur, que nous quittons pour entrer dans une nouvelle tout aussi prometteuse.

Comme chaque année, les équipes du Columbia Chronicle ont décidé de revenir sur les actes majeurs de l’année 2015. Vous n’avez pas réussi à suivre l’actualité nationale ? Nous allons nous faire un plaisir de tout vous la résumer, que vous ayez été à l’étranger durant toute l’année ou perdu dans la campagne de l’arrière-pays.

Avant de se lancer, toute la direction vous souhaite une bonne année 2016 et vous remercie d’être toujours aussi nombreux et fidèle à notre journal.


Une année électorale historique

Les différents candidats pour l’élection présidentielle de 2015, ainsi que leaders de leur formation politique pour les élections représentatives et sénatoriales de la même année. De gauche à droite, le Sénateur Arthur Horvanx (PUR), ex-Premier Ministre Fédéral, le nouveau Président Fédéral Simeon Belagri (ASD-FPD), le Délégué Justin Darfor (PLD) et le Sénateur Henry Ross (PNW).
Les différents candidats pour l’élection présidentielle de 2015, ainsi que leaders de leur formation politique pour les élections représentatives et sénatoriales de la même année. De gauche à droite, le Sénateur Arthur Horvanx (PUR), ex-Premier Ministre Fédéral, le nouveau Président Fédéral Simeon Belagri (ASD-FPD), le Délégué Justin Darfor (PLD) et le Sénateur Henry Ross (PNW).

L’année 2015 a vu se dérouler trois élections majeures pour l’avenir de notre pays : les élections représentatives, en juin, qui ont déterminé la composition des Assemblées de chaque État-Républicain, les élections sénatoriales primaires, en septembre, qui ont permis au peuple de participer au renouvellement de deux tiers des sièges du Sénat, et en finalité de ces dernières, l’élection présidentielle, ayant abouti à la nomination d’un nouveau chef de l’État. Dès 2014, les premiers jeux politiques et alliances stratégiques ont commencé à voir le jour pour se préparer à ce qui est reconnu par beaucoup comme la campagne électorale la plus intense de l’histoire de la démocratie westalienne, mais également celle ayant mobilisé le plus de moyens financiers. En effet, on décompte près de 450 millions de talirs dépensés pour toutes les formations combinées, dont environs 255 millions de talirs pour la campagne dirigée par Arthur Horvanx (PUR) et 140 millions de talirs pour celle dirigée par Simeon Belagri (ASD-FPD), avec de nombreux mécènes très généreux, telles que les grandes familles Horvanx, Hardenbor et Larster qui ont le plus contribué aux fonds électoraux conservateurs, tandis que les grandes familles Belagri, Humbert et Wei ont préféré accorder leur soutien à l’alliance de gauche, qui a également bénéficié du plus grand nombre de petits dons de particuliers. Ainsi, tout au long de l’année 2015, le pays a été grandement submergé par une communication omniprésente des différents camps à travers de nombreux spots télévisés de campagnes, des tracts de partisans ou encore l’organisation de meetings XXL. Pour beaucoup d'experts, cette augmentation des moyens électoraux de la part des partis politiques corrèle parfaitement avec la croissance économique du pays, et par extension des principaux donateurs, qui ont vu pour certains leur patrimoine être quasiment doublé en l’espace de six ans.

Carte représentant la nouvelle présidence de chaque État-Républicain, à la suite des élections du 11 juin 2015.<br>En rose, l’Union Sociale et Démocrate. En bleu foncé, le Parti de l’Union Républicaine. En bleu clair, le Parti de la Croissance Nipozam. En jaune, le Front Populaire et Démocrate.<br>
Carte représentant la nouvelle présidence de chaque État-Républicain, à la suite des élections du 11 juin 2015.
En rose, l’Union Sociale et Démocrate. En bleu foncé, le Parti de l’Union Républicaine. En bleu clair, le Parti de la Croissance Nipozam. En jaune, le Front Populaire et Démocrate.

Première des trois, les élections représentatives ont permis de recomposer l’ensemble des assemblées de chaque État-Républicain et permettre l’élection d’un nouveau président pour chacune d’entre-elles, dominé par le Parti de l’Union Républicaine, depuis 1991, ces élections ont marqué une véritable chute du quasi-monopole conservateur, passant de quatre États-Républicains à un seul. Ainsi, on voit naturellement se dessiner une nouvelle majorité politique au sein de la Grande République, avec le Front Populaire et Démocrate qui gagne deux États-Républicains supplémentaires, passant à trois à son total, et même à quatre, grâce à ses alliés socialistes qui conservent et renforcent leur contrôle sur Dakantia. La grande surprise de ces élections reste la montée en puissance d’un parti ethno-régionaliste, le Parti de la Croissance Nipozam, qui est le premier de l’histoire à obtenir le contrôle de la présidence d’un État-Républicain, celui de Lerant, avec le soutien de ses alliés conservateurs, qui cèdent leur place à ces derniers, mais reste toujours membre de la majorité et du nouveau cabinet. Le PUR, quant à lui, se retranche dans son bastion fort, en Horvanx, dans lequel il recule aussi, contraint de se satisfaire d’une majorité relative. Ces élections sont également marquées par un net recul de la participation des citoyens-électeurs par rapport à 2009, dans certains États-Républicains, tels que Lerant (-13% de participation), Dakantia (-9% de participation) ou encore New Austaria (-7% de participation), un phénomène assez unique et que certains sondages permettent d’associer à un rejet de l’offre électorale, entre une déception des conservateurs et un rejet de l’Alliance Sociale et Démocratique pour son inclusion du Parti des Ouvriers Libres, la formation politique au taux de méfiance le plus élevé du pays. A l’inverse, l’État-Républicain d’Horvanx a vu une augmentation de son taux de participation (+6%) qui, toujours selon des sondages, a grandement contribué à la montée en puissance du Parti National Westalien, d’extrême-droite, du fait de la mobilisation d’une population rurale traditionnellement abstentionniste.

Nouvelle composition du Sénat de la Grande République, après les élections sénatoriales primaires de 2015.
Nouvelle composition du Sénat de la Grande République, après les élections sénatoriales primaires de 2015.

Seconde des trois élections de cette année, et probablement la plus décisive pour l’avenir, les citoyens-électeurs ont été appelés aux urnes pour élire le sénateur qui représentera leur circonscription pour les quatre prochaines années, du moins pour deux tiers des circonscriptions, au cours du mois de septembre. Après la large victoire de la gauche aux élections représentatives, l’Alliance Sociale et Démocratique a réussi l’exploit de mettre hors-jeu le candidat conservateur pour les élections présidentielles, Arthur Horvanx, grâce à la sécurisation de la moitié des sièges du Conseil Électif (CEGR), instance chargée d’élire le Président Fédéral. Pour autant, s’il était certain que le PUR n’obtienne pas la présidence fédérale, l’ASD n’était pas sûr de la gagner, en raison du dernier siège nécessaire au CEGR pour détenir la majorité absolue des voix, nécessaire pour assurer une victoire totale, dans le contexte de cette année. Cette dernière voix tant convoitée, c’est celle du Président du Sénat, membre de facto du CEGR, qui est traditionnellement issu de la formation politique possédant le plus de sièges au Sénat. En effet, si ce vote était tombé entre les mains du PUR, celui-ci aurait eu autant de voix que l’ASD, ce qui aurait pu provoquer une paralysie institutionnelle du pays, dans la sélection de son chef de l’Etat, mais également dans la composition d’un gouvernement fédéral, un scénario qui a provoqué une certaine peur dans les esprits de beaucoup de westaliens. Dès le mois de juillet, la droite s'est réunit à Reggio di Terracristo, à l’appel du chef du gouvernement, qui souhaite former une coalition anti-ASD, allant de la droite libérale à l’extrême-droite, ayant pour objectif de faire barrage à la gauche et de la faire échouer dans sa quête de pouvoir. Malgré une volonté commune de défaire l’alliance dirigée par Simeon Belagri, les droites westaliennes ne parviendront pas à s’attendre sur la formation d’une coalition, tout au plus sur quelques accords électoraux assez fragiles. Ainsi, cette division a largement permis à la gauche de s’unir dans une victoire particulière serrée dans l’obtention de sa majorité nécessaire pour élire son président du Sénat et pour revendiquer la formation d’un nouvel exécutif. Dans cette victoire, la plus grande contribution est sans surprise celle du Front Populaire et Démocrate, qui connaît le plus grand gain de sièges dans l’hémicycle, tandis que ses alliés peinent un peu plus à percer, tel que le Parti des Ouvriers Libres, qui perd un siège. La grande surprise de ces élections reste sans contexte le retour en force des asfortiens du Parti Libre et Démocrate, qui sortent la tête de l’eau en étant la deuxième force politique à remporter le plus de sièges, notamment grâce à une campagne réussie menée par le Délégué au Congrès Suprême Justin Darfor, captant par la même occasion une partie de l’électorat PUR, tout comme l’extrême droite, qui double presque son nombre de sièges. Les élections de 2015 voient également l'arrivée d’une nouvelle formation politique au Sénat, le Rassemblement Communaliste, qui sécurise trois sièges de sénateur pour sa première victoire électorale de son existence.

Finalement, le succès de l’ASD aux précédentes élections lui permettent de s’assurer sa victoire lors de l’élection présidentielle, possédant la majorité des voix pour élire son candidat, Simeon Belagri, devenant le douzième Président Fédéral de la Grande République, succédant à son rival de toujours, Victor Hardenbor, qui laisse sa place après une gouvernance sans interruption de vingt-quatre années, tournant ainsi la page de ce que beaucoup d’historiens qualifient d’ère “hardenborienne”, soit celle du chef d’État westalien, démocratiquement élu, à avoir dirigé le pays le plus longtemps.


Crise rurale, crise sécuritaire, crise sociale… : la convergence des crises

Agriculteurs manifestants sur la place de la Révolution, devant le Sénat de la Grande République, Columbia, le 23 juin 2015.
Agriculteurs manifestants sur la place de la Révolution, devant le Sénat de la Grande République, Columbia, le 23 juin 2015.

L’année 2015 est également marquée par une accentuation des crises déjà existantes au sein de la Grande République et qui ont trouvé un écho tout particulier dans les débats et campagnes électorales pour les dernières élections. Celle ayant le plus fait parler d’elle n’est autre que la crise dite “rurale”, un mal longtemps silencieux et grand oublié des sujets d’actualité, mais qui frappent durement les campagnes westalinnes : pauvreté, manque d’infrastructure, difficulté face à la concurrence agricole étrangère, accès aux soins et aux services publics presque inexistant… Cette catégorie de la population, traditionnellement un soutien du PUR, s’est pourtant “soulevée”, fin juin, pour faire remonter sa colère jusqu’aux plus hautes sphères de l’État fédéral. Plus qu’une simple manifestation, c’est plusieurs milliers d’habitants du monde rural, principalement des agriculteurs, qui ont pour beaucoup traversé le pays pour rejoindre la capitale fédérale et débuter ce que l’on appelle aujourd’hui le “siège de Columbia”. Trois longues journées de pression sur le gouvernement pour que celui-ci entende les revendications de ces derniers. Chose qui sera faite à partir du second jour de siège, avec une invitation des différents syndicats et associations rurales présentent dans les rues à une entrevue avec le Premier Ministre Fédéral de l’époque, Arthur Horvanx, qui a par la suite annoncé toute une suite de projets visant à “améliorer le système pour permettre à tout un chacun de disposer d’une environnement sain, confortable et viable”, ainsi qu’une “revalorisation de l’agriculture westalienne”, via la mise sur la table d’aides fédérales aux exploitations en difficultés financières.

Si cette crise rurale fut la plus médiatisée de toute, surtout pour son rôle prépondérant au cours des débats pour les sénatoriales primaires, d’autres crises n’ont pas été pour autant éclipsées par cette dernière, avec qui elles ont souvent certains liens assez évidents. Présentée par la gauche, cette dernière dénonce la présence d’une “crise sociale” qui combine à la fois un manque d’écoute, de respect de la démocratie et une réduction des libertés individuelles provoqués par les lois conservatrices, tout en pointant du doigt de grandes inégalités sociales, démontrant que “l’âge d’or économique” que traverse le pays ne profite presque pas aux westaliens, mais seulement “aux familles les plus fortunées du pays”. Une observation qui va au-delà du milieu politique, puisque de nombreux experts alertent déjà de la nécessité d’éviter un appauvrissement de la population westalienne, au profit des multinationales qui ont la main mise sur l’économique de la Grande République, avec “un terreaux fertile pour l’apparition d’une contestation populaire aux conséquences dramatiques, aussi bien pour l’économie du pays que pour la stabilité politique de notre nation”, avertie avec grande inquiétude le Professeur en Sociologie économique à l’Université de Saint-George, Alberto Batteci. Probablement une conséquence de la précédente, la crise sécuritaire est toujours d’actualité en Westalia, malgré les nombreuses lois votées et les actions prises par les différents gouvernements ces dernières années. L’ouverture sur le monde a permis l’émergence d’une nouvelle grande criminalité qui profite des nombreux échanges extérieurs pour s’implanter dans de nouveaux marchés étrangers et renforcer leur présence sur le territoire nationale, entraînant nécessairement une augmentation de la violence sur fond de lutte territoriale, de trafic d’armes et tout particulièrement de drogues, qui inondent les quartiers défavorisés des grandes villes de la mégalopole westalienne. Une situation qui attise de plus en plus la population vers l’acceptation de mesures radicales, selon un récent sondage de la Westalian Society of Opinion, qui présente un rejet moins présent des citoyens pour des lois sécuritaires comme Safety & Security III, dont 20% des sondés soutiennent même un renforcement de cette dernière, au détriment de certaines libertés, à contre-courant du nouveau gouvernement fédéral qui en a longtemps fait son texte bouc émissaire, quand ses membres étaient encore dans l’opposition.


Le nouveau gouvernement fédéral Garandor I : entre objectifs ambitieux et enjeux sensibles

Le Premier Ministre Fédéral, George Garandor (FPD), lors des premiers débats sur la loi Safety & Security IV au Sénat de la Grande République, Columbia, 18 novembre 2015.
Le Premier Ministre Fédéral, George Garandor (FPD), lors des premiers débats sur la loi Safety & Security IV au Sénat de la Grande République, Columbia, 18 novembre 2015.

Avec la victoire de l’Alliance Sociale et Démocratique aux sénatoriales primaires, c’est également la formation d’un gouvernement fédéral à ses couleurs qui prend place, avec à sa tête le social-libéral George Garandor, leader de l’aile progressiste au sein du FPD, qui a eu la charge de constituer un cabinet représentatif de la coalition dont il fait partie, voyant l’un des lieutenants de Simeon Belagri propulsé au rang de numéro deux de la Grande République. Petit-fils du neuvième Président Fédéral de la Grande République, John Garandor, si cet ancien socialiste ne se revendique pas de l’asfortisme, son cabinet ministériel est composé de nombreuses figures issues de ce courant de pensée politique, symbole d’une influence particulièrement importante du nouveau Président Fédéral et de son parti sur l’ASD. Pour autant, certaine figure plus à gauche détiennent certains portefeuilles de grande importance, tels que Albert Parsent, nouveau leader incontesté des socialistes et fondateur de l’ASD, qui devient Ministre Fédéral aux affaires intérieures, un poste au centre de nombreux enjeux et qui fait sa réapparition après douze années à être absorbé dans l'ancien Ministère Fédéral à l’Unité Nationale, qui a toujours été qualifié de “Ministère de la répression politique” par la gauche, et qui est aujourd’hui complètement démantelé dans la nouvelle composition du gouvernement fédéral Garandor. L’autre figure majeure non-FPD de cet exécutif est bien évidemment le Ministre Fédéral pour la Cohésion des peuples, Vipponah Shuman, chef de clan Hamajak et membre du Mouvement Social Hamajak. Cet activiste, aux discours plus modéré que son leader, s’est vu attribué un Ministère, jusque-là inexistant, dont l’objectif est de mettre en place les solutions nécessaires pour rapprocher les différentes communautés ethniques qui composent la Grande République, mais également pour trouver des réponses plus concrètes à la “question hamajak”, qu’il souhaite pouvoir résoudre au cours de son mandat, dont l’objectif est d’atteindre “une union des peuples, égaux, fraternels et plus puissants que jamais”.

Sur la table, le chef du gouvernement a déjà présenté sa proposition de réforme de la loi Safety & Security III, sous le nom de Safety & Security IV, qui a pour objectif de “recentrer les efforts de la sécurité intérieure dans la lutte contre la grande criminalité, le trafic de drogue et d’armes qui ravagent nos villes”, mais c’est surtout l’accomplissement d’une promesse de campagne, seulement quelques semaines après leur victoire, que de déconstruire cette loi que la gauche a très longtemps considéré comme liberticide et antidémocratique, avec notamment la suppression du “délit d’extrémisme”, qui a entraîné l’arrestations et la condamnation de milliers de citoyens depuis 2013, dont une grande partie d’ethnie hamajak, et bien évidemment la possibilité pour ceux ayant été condamnés de faire réexaminer la sentence qui leur a été donnée. Vent debout, la droite radicale a déjà annoncé qu’elle s'opposerait avec force à ce projet de loi, tandis que les asfortiens de droite, les membres du Parti Libre et Démocrate, restent ouvert à la négociation d’une nouvelle loi, alors que les voix du groupe dirigé par Justin Darfor (PLD) pourraient être celles qui décideront du sort de cette première réforme majeure de la présidence Belagri, puisque le gouvernement fédéral aurait besoin du vote favorable des délégués PLD au Congrès Suprême pour arriver à l’adopter. En parallèle, le projet de réforme constitutionnelle “pour un système plus démocratique” est toujours en cours de constitution par le Président Fédéral Simeon Belagri et son Ministre Fédéral aux affaires intérieures, Albert Parsent, qui devrait être le texte le plus important présenté sous son mandat. D’autres sujets sont également en cours de discussion, telle que la signature de nouveaux accords de Columbia, qui devrait être présenté par Vipponah Shuman, tandis qu’un projet de loi sur le travail et sur les aides sociales est en cours de rédaction par le Ministre Fédéral aux fonctions publiques et au travail, Edgar Latender (USD).
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Democracy du 7 février 2016
Democracy


Marche conservatrice sur Columbia : entre violence et radicalité

Manifestants devant le Sénat de la Grande République, Columbia, 6 février 2016.
Manifestants devant le Sénat de la Grande République, Columbia, 6 février 2016.

Un appel à manifester contre le projet de loi Safety & Security IV

Le projet de loi Safety & Security IV a été présenté aux sénateurs mi-novembre 2015 et le vote de ce dernier devrait se dérouler au cours de la journée du 16 février, dont l’issue favorable est déjà plus que certaine et dont les véritables enjeux d’une adoption définitive vont se poser sur les délégués du Congrès Suprême, où le gouvernement ne possède pas une majorité absolue de voix face à une droite majoritairement opposée au projet. Considéré par de nombreux conservateurs comme une déconstruction des acquis sécuritaires établis au cours de ces vingt dernières années, le quatrième volet de cette suite de réformes particulièrement clivante est pointé du doigt par ses nouveaux détracteurs pour la dépénalisation du délit d’extrémisme, qui était devenu un pilier majeur de cette dernière, après l’adoption sur le fil de la troisième version du texte, Safety & Security III. Depuis plusieurs semaines, le Premier Ministre Fédéral a multiplié les échanges privés avec les principaux représentants des groupes de la droite westalienne, à l’exception de l’extrême-droite, pour trouver des compromis concernant le texte présenté. D’importantes personnalités de ces partis politiques ont donc été accueillies au Château de Pourpre pour échanger sur ces sujets majeurs, telles que le Sénateur Henry Takajiwa, leader de l’aile libérale du PUR, Victor Jr. Hardenbor, Président du Congrès Suprême et numéro deux du PUR, ou encore le Délégué Justin Darfor, Président du groupe PLD au Congrès Suprême et leader des asfortiens de droite, qui a été accueilli au moins trois fois par le chef du gouvernement fédéral depuis le début de l’année, son parti détenant la clé pour faire passer la loi.

Ainsi, les grands oubliés de ces concertations sont les conservateurs de la droite radicale et les nationalistes du PNW qui, les uns comme les autres, ont annoncé une opposition totale et non-négociable face à ce projet de loi. Figure de proue de cette opposition et leader de l’aile traditionaliste du PUR, Alfred Eisendorf avait déjà menacé le gouvernement fédéral de descendre dans la rue avec ses partisans si la loi n’était pas retirée ou “de nouveau examinée convenablement”. Après plusieurs mois à réitérer cette menace, le néo-horvanxien a mis en exécution cette dernière en appelant “tous les citoyens patriotes, soucieux de l’intégrité nationale et de la sainte Union Nationale” à descendre dans les rues pour manifester leur opposition au projet de loi Safety & Security et “pour faire pression sur les dérives anti-unioniste du gouvernement fédéral décadent de George Garandor”, avec une date fixée au 6 février.

Une marche historique et extrémiste sur Columbia

Manifestants armées lors de la “marche sur Columbia”, Columbia, 6 février 2016.
Manifestants armés lors de la “marche sur Columbia”, Columbia, 6 février 2016.

Le plus grand rassemblement de manifestants a été mesuré à Columbia, rassemblent un total de 150 000 manifestants, selon les autorités, à 850 000, selon les organisateurs. Si les premières personnes ont commencé à arriver en milieu de matinée, le cortège a débuté sa marche à partir de 14h, depuis le sud de l’Avenue du 11 mai 1918, avec pour destination la place de la Révolution, afin de faire face au Palais Horvanx, le bâtiment qui héberge le Sénat de la Grande République. Les profils des manifestants étaient très hétéroclite, mais on y a principalement retrouvé des anticommunistes, de nombreux vétérans des deux dernières guerres contre la Viétie, des partisans arborant encore des drapeaux “Horvanx is my President” et même des familles, principalement d’ethnie austarienne, accompagnant le cortège. Nos journalistes sur place ont d’abord pu faire la marche aux côtés des manifestants et interroger certains d’entre eux pour connaître leurs motivations : “Je suis venu avec mes anciens camarades de l’armée pour affirmer notre opposition, en tant que vétéran, à ces politiciens qui tournent la tête et détruisent notre pays sous nos yeux. J’ai perdu mon frère en 1959, tué par une saloperie de communiste viétien. Il a donné sa vie pour que nous puissions mieux vivre aujourd’hui, pas pour laisser ces gauchistes faire n’importe quoi avec notre nation”, nous a confié Frank, un vétéran de la guerre de 58. “Le gouvernement de Garandor ne doit pas relâcher dans la nature des milliers de criminels qui ont déjà fait savoir leur haine de Westalia. S’il y autant de monde en colère, c’est parce que nous ne sommes pas d’accord de devoir vivre avec des extrémistes, reconnus comme tels par la justice, être pardonnés et libres de pouvoir recommencer sans s’inquiéter d’une quelconque condamnation, ce n’est pas acceptable. Heureusement qu’il y a des gens comme le Général Eisendorf pour faire bouger les choses, il n’en reste plus beaucoup aujourd’hui…”, nous a déclaré Olaf, un étudiant de l’Université de Saint-George et membre d’une association d’étudiants conservateurs.

Nos envoyés spéciaux ont été très surpris de voir plus d’une centaine de personnes armées et en tenue paramilitaire défiler aux côtés des autres manifestants. Ces “miliciens” ont d’abord été très hostiles à leur présence, qualifiant notre journal de “vendu” et de “communiste”, avant qu’un de leurs supposer leaders n'intervienne et accepte d’être interrogé par nos journalistes, qui n’ont plus été dérangés par la suite. Ces hommes, pour beaucoup équipés de tenues de combats et de fusils d’assauts de différents modèles, sont majoritairement membre du groupuscule paramilitaire “Les légions horvanxiennes”, une milice nationaliste et d’extrême-droite qui défend le port d’arme, la chasse aux communistes et la haine de l’activisme hamajak, un groupe fondé dans les années 90, peu de temps après la dissolution de l’ensemble des milices affiliées au Parti National Westalien, en 1994. Un de leur représentant, un dénommé “Captain Dwight”, un pseudonyme, a pris le temps de nous expliquer la raison de leur présence et leurs attentes à la suite de cette manifestation : “Le gouvernement fédéral a pactisé avec le diable, en s’alliant à ces traîtres d’ouvriéristes, des communistes déguisés qui ne cache même plus leur admiration pour cette idéologie morbide et dangereuse. Le trucage des élections, l’année dernière, a permis au loup d’entrer dans la bergerie et il est évident que nous devons le combattre de toutes nos forces pour libérer la nation de ce fléau. Cette nouvelle loi, c’est la porte ouverte à la légalisation du terrorisme hamajak et la liberté pour les raclures qui le soutiennent de se montrer à la lumière du jour, grâce à leurs amis désormais au gouvernement. On a répondu positif à l’appel du Général [Eisendorf] qui défend nos idées et qui est le seul conservateur à afficher une vraie opposition, pas comme ces vendus de libéraux qui pourrissent le PUR de l’intérieur. Beaucoup de nos gars sont des anciens militaires, où certains ont même démissionné de leur poste en opposition aux mesures anti-unionistes prises par le gouvernement et à la complaisance d’une partie de l'État-Major, qui ne réagit pas en conséquence”. Cependant, selon lui, hors de question de faire preuve de violence durant les manifestations : “Nos armes ne sont pas là pour blesser qui que ce soit ici, nous soutenons le principe d’ordre dans notre société. Nos frères policiers sont soumis à leur devoir et ce profond respect à leur égard est une raison de plus pour éviter tout acte de violence, ce n’est pas une manifestation de gauchistes ou d’hamajaks ici. Par contre, on montre que nous sommes là et qu’il vaut mieux pour le gouvernement de ne pas oublier le petit peuple qui souhaite vivre tranquillement hors de ses néfastes tentatives d’influences idéologiques. Que le Premier Ministre Fédéral n'oublie pas qu'il sert les westaliens avant de servir son parti”. Du côté de ces miliciens, cependant, de nombreux discours révisionnistes et nostalgiques de la dictature ont été tenus tout du long de la marche par ces hommes, avec des chants horvanxiens plusieurs fois chantés, tel que l’hymne utilisé sous la dictature, “Hail Westalia”, une ode dédiée au Président à vie Henry Horvanx.

A partir de 16h, la manifestation est montée en tension, avec l’arrivée de plusieurs personnes, habillées en noir et cagoulées, incendiant des voitures et des poubelles, face aux forces de l’ordre. Cette violence connaîtra son apogée avec l’infraction d’une dizaine de manifestants dans les locaux du Parti des Ouvriers Libres, qui seront saccagés et partiellement incendiés, avant que la Garde Républicaine ne disperse la foule pour maîtriser la situation. Selon la direction du parti, aucun membre de son personnel n’était présent à ce moment dans le bâtiment, grâce à une “consigne préventive” de ne pas s’y rendre de la journée. Dans la capitale fédérale, on compte un total de 424 arrestations, dont les auteurs du saccage des quartiers du POL. Le président du SCC Joseph Lenford et son Chef de département aux affaires intérieures ont affirmé que la manifestation avait pu être majoritairement contenue au tracé annoncé, à l’exception de l’escale chez les ouvriéristes. Ils ont également confirmé le fait que “aucun des manifestants armés n’a fait usage de son arme, bien que 7 d’entre eux ont été arrêtés par les forces policières, sans résistances”. Dans un communiqué, ils ont dénoncé “la tentative d’intimidation de plusieurs manifestants postés devant les portes du Sénat”, tout en rappelant qu’aucun d’eux n’a pu pénétrer dans le Palais Horvanx et que ses abords ont été dégagés de toute présence à partir de 17h, le jour même.

Alfred Eisendorf et ses soutiens traditionalistes en première ligne

Le Sénateur Alfred Eisendorf (PUR), lors de son discours devant les manifestants, sur la place de la Révolution, Columbia, 6 février 2016.
Le Sénateur Alfred Eisendorf (PUR), lors de son discours devant les manifestants, sur la place de la Révolution, Columbia, 6 février 2016.

Derrière cet attroupement de conservateurs, des radicaux jusqu’aux très extrémistes nostalgiques horvanxiens, le Sénateur Alfred Eisendorf a réussi à s'ériger en tant que figure fédératrice du mouvement d’opposition de la droite radicale élargie, au cours de cette manifestation dont il est le principal organisateur. Ancien Ministre Fédéral de l’Unité Nationale, un portefeuille supprimé par le nouveau gouvernement, de 2003 à 2014, puis Ministre Fédéral à la Défense, de 2014 à 2015, il est le représentant de la ligne la plus dure au sein du Parti de l’Union Républicaine, dont son importante influence est souvent considéré comme ayant permis au parti de s’orienter vers une direction de plus en plus horvanxienne et radicale. Ce dernier a accompagné le cortège, en première ligne, aux côtés de plusieurs de ses soutiens, tels que le Sénateur et ancien Président de New Austaria, Ladislas Andover, ou le Président d’Horvanx, Theodore Aterley, pour ne citer que les plus connus. On y retrouve également des personnalités moins politiques et associées à de grande familles westaliennes, tels que le Directeur Général de la Northern Mining Alliance, Arthur McAubert, de même que le second fils de l’ancien Président Fédéral Victor Hardenbor, Henry Hardenbor, ou encore l’actrice madrerianne et fille cadette de l’ex-chef du gouvernement Arthur Horvanx, Luminosa Horvanx. Depuis la place de la Révolution, le leader traditionaliste a tenu un discours très critique du gouvernement fédéral, face à un public conquis d’avance : “Monsieur Garandor souhaite ouvrir les portes de nos prisons pour relâcher une horde d’extrémistes et de terroristes qui n'auraient jamais dû en sortir. Pire, il veut leur pardonner l’odieux crime de haïr notre grande civilisation et en faire quelque chose de tout à fait acceptable. Non, Monsieur Garandor, ce n’est pas ainsi que l’on trouve des solutions aux problèmes sécuritaires de notre pays, pas en libérant de nouveaux criminels en pleine nature. Derrière vous, au Sénat, nos représentants discutent et échangent pour trouver des compromis sur cette loi. Je vous le dis avec sérieux : on ne négocie pas la sécurité de nos concitoyens, la menace a déjà été identifiée depuis longtemps et il faut l’éliminer dès que possible. Pendant que notre Président Fédéral s’amuse à faire copain-copain avec ces terroristes de kah-tanais, notre Premier Ministre Fédéral récompense l’extrémisme hamajak pour l’avoir aidé à arriver au pouvoir. Le communalisme s'infiltre dans nos institutions, le socialisme est au pouvoir et le communisme ressort de sa tombe, pendant ce temps l’opposition de droite prend le thé avec ces traîtres au Château de Pourpre. Nous sommes les seules à comprendre l’urgence de la situation, vous êtes de ceux qui voient le danger arriver à pleine vitesse sur notre civilisation. Certains collaborent, d’autres ferment les yeux, mais nous, nous allons résister jusqu’au bout à cette tentative de destruction de notre culture et de nos traditions. La Grande République a besoin d'un second souffle poussé par un conservatisme éclairé, actif et visionnaire dans sa façon de rendre toute sa beauté à notre pays. Nous devons être les instigateurs du Nouvel Ordre en Westalia, celui qui combattra le terrorisme et l’extrémisme hamajak, repoussera les assauts idéologiques de l’extrême gauche et instaurera une société de grandeur et de renouveau historique. Ensemble, libérons la Grande République, ensemble apportons le Nouvel Ordre en Westalia ! Maintenant (Now) !”.

Dénonciation du gouvernement et distanciation au sein du PUR

Dans la soirée, le Premier Ministre Fédéral George Garandor a qualifié de “terrifiant, malsain et inconscient” les propos tenus par le leader traditionaliste. Le Président Fédéral Simeon Belagri, de son côté, a commenté de façon très critique la manifestation qui s’est tenue : “Le peuple de la Grande République a exprimé son opinion en septembre dernier et il a fait le choix d’accorder sa confiance à un changement de politique porté vers une meilleure démocratisation de notre société, la fin des inégalités et une unité revigorée. Bien évidemment que les personnes qui se sont rassemblées à cette manifestation ont le droit d’exprimer leur propre vision de ce que devrait être Westalia, nous avons tous notre propre avis. Mais quand j’entends les propos du Sénateur Eisendorf, cela renforce ma conviction que ce que nous souhaitons mettre en place est juste, que notre projet est fait pour sécuriser notre démocratie face aux dérives autocratiques qui ont été permises par le précédent gouvernement et dont nous devons nous assurer qu’elle ne reprendront plus et encore moins aboutir dans le retour d’une dictature horvanxienne comme certains s’amusent à le vouloir. La droite devrait faire attention à la composition de ses rangs, le peuple ne veut plus d’autoritaristes et il l’a fait comprendre, de par notre victoire, que l’offre politique se doit d’être désormais orientée vers une plus grande écoute du peuple et un plus grand respect de la démocratie. Voir ces horvanxiens s’agiter ne leur fera rien gagner politiquement ou électoralement, ce n’est qu’un échec à en devenir”.

Au sein du Parti de l’Union Républicaine, la direction a publié un communiqué où elle annonce “prendre ses distances avec les différents discours tenus au cours de la manifestation”, tout en rappelant “que ses adhérents ont le droit de s’exprimer comme il le souhaite, mais pas au nom du parti”. Arthur Horvanx, leader désigné du mouvement, a déclaré “qu’il est plus que nécessaire de trouver un compromis dans la nouvelle offre politique conservatrice, au cours de l’année. Il ne faut pas laisser la division nous détruire, il est nécessaire de s’unir pour s’opposer à la gauche et ses objectifs idéologiques dangereux”. De son côté, le principal rival en interne d’Alfred Eisendorf, Henry Takajiwa, s’est montré très critique de l’initiative prise par ce dernier : “Le Sénateur Eisendorf a décidé de placer lui-même les bombes qui dynamiteront le parti. Là où il passe, seules la division et la haine restent sur son passage. Il reste fixe sur ces positions politiques intenables aujourd’hui et je ne peux pas apporter mon soutien à ce genre de discours, ce n’est pas acceptable, cela salit le parti et ce n’est pas bien mieux que ce que déclare déjà l’extrême-droite”. Ce qui est sûr, c’est que le Parti de l’Union Républicaine est une fois de plus ébranlé par ses divisions internes, alors que beaucoup pointent du doigt le discours d’Alfred Eisendorf comme les prémisses d’une scission du mouvement, entre libéraux et traditionalistes.
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Diffusé le 28 février 2016, à 18h

WNN



World view : Westalia et la crise aleucienne


Image d’illustration : A gauche, le Sénateur Henry Takajiwa (PUR). A droite, le Général Maxwell Ledford, Chef d’état-major des armées.
Image d’illustration : A gauche, le Sénateur Henry Takajiwa (PUR). A droite, le Général Maxwell Ledford, Chef d’état-major des armées.


Contexte de l’émission : World view est une émission qui traite de sujets d’actualités internationales sur la chaîne WNN. Elle y invite régulièrement des personnalités publiques, westaliennes ou étrangères, à commenter et à débattre sur un sujet précis. Elle porte généralement son attention sur les contextes diplomatiques et économiques liés à la Grande République, mais de plus en plus d’émissions se centre sur d’autres affaires internationales ces dernières années, principalement aleuciennes, avec la popularisation de “l’esprit kaiko-bu”, que l’on peut interpréter comme l’intérêt grandissant des westaliens pour les affaires extérieures à leurs pays, depuis l’ouverture sur le monde. Cette émission est animée par le présentateur Joseph Heirfond depuis sa première programmation, en 2007.


Joseph Heirfond : Chers téléspectateurs, bonsoir à tous. Dans cette émission du 28 février 2016, nous allons aborder un sujet d’actualité majeur et qui a fait beaucoup parlé de lui cette semaine : la crise aleucienne entre notre pays, la Lermandie et le Stérus, notamment avec les menaces d’un déploiement militaire stérusien à proximité de nos frontières maritimes. Pour mieux comprendre cette problématique, nous avons fait le choix d’inviter deux personnalités très au fait de cette affaire et dont leurs connaissances permettront d’éclairer vos interrogations.

A ma gauche, Monsieur le Sénateur Henry Takajiwa, membre du Parti de l’Union Républicaine, ancien Ministre Fédéral aux affaires étrangères de 2003 à 2015 et professeur en géopolitique à l’Université de New Landor. A ma droite, le Général Général Maxwell Ledford, Chef d’état-major des armées et tête pensante de notre défense nationale dans cette crise.

Avec nos invités, nous allons d'abord étudier les enjeux diplomatiques de cette crise, avant d’apporter un regard plus militaire sur la potentielle menace qui pourrait frapper notre territoire et celui de notre allié.

Pour commencer, Monsieur Takajiwa, avez-vous une explication à cette hostilité croissante de la Fédération à l’égard de notre pays et plus globalement de nos alliés ?

Henry Takajiwa : Je vous remercie pour cette question Monsieur Heirfond. Avant de parler d’hostilité, il faut déjà comprendre le contexte au sein de la Fédération et surtout du dirigeant actuel à sa tête. Depuis son élection en tant que Consul, Cristobal Pandoro s'enfonce dans une politique qui laisse peu de place au dialogue et à la coopération, aussi bien au niveau national qu’international. Depuis 2014, on a pu constater une recrudescence majeure des crises internes et diplomatiques dans lesquelles son pays s’est retrouvé, principalement à cause des actions mêmes du Consul. Sortie de la CAN, sortie de l’ASEA, invectives régulières à notre encontre et l’encontre de toutes les nations qu’il n’apprécie pas… Je n’irai pas dire que le dirigeant stérusien est un dictateur ou un fou, mais il est clair que ce dernier possède un caractère très autoritaire, impulsif, impatient et dans un nationalisme profond. Avec des pensées aussi extrêmes, on a un cocktail des plus dangereux à la tête d’une des puissances majeures du continent, c’est assez grave.

Joseph Heirfond : Vous pensez que c’est ce caractère qui est à l’origine de tout ça ? Vous avez déjà rencontré le Consul par le passé. Est-il une menace pour la Grande République ?

Henry Takajiwa : C’est un peu plus compliqué que de réunir l’ensemble du problème à la personne de Cristobal Pandoro. Il a beaucoup contribué à envenimer cette crise, notamment en développant un sentiment anti-westalien fort dans son électorat, jouant sur la peur et la colère pour asseoir son pouvoir national. Lors de ma rencontre avec le Consul, une des premières de son mandat, j’ai pu découvrir un homme sûr de lui, un peu trop peut-être. Beaucoup d’arrogance dans ses paroles et une certaine détermination à voir ses interlocuteurs se plier à ce qu’il exige, lorsqu’il sait par avance qu’il rencontrera une certaine forme de résistance au cours d’une rencontre, soit quelqu’un de peu enclin à la négociation. Mais c’est un peu à l’image de son entourage, de ses conseillers et du cabinet qu’il dirige depuis bientôt un an et demi. Depuis l’annonce de leur départ de l’ASEA, vécu comme une victoire par ses partisans, j’ai remarqué une certaine forme de radicalisation du discours à l’encontre de nations comme Westalia ou la Lermandie. Des discours plus durs, plus violents et avec encore moins de retenue que par le passé. Mais aussi beaucoup plus d’incohérence dans ses critiques : tantôt la Grande République est un État fasciste, tantôt un État communiste. Il y a juste une recherche de bouc émissaire évidente pour essayer de gouverner par la peur en Stérus, toujours dans l’objectif de renforcer toujours plus les pouvoirs de son gouvernement.

Joseph Heirfond : Bien avant l’apogée de cette crise, la presse lermandienne a régulièrement tenu à jour ce qu’ils ont qualifié de menaces stérusiennes. Avec l'éventualité d’un conflit en vue, les partis politiques lermandiens ont formé à l’unanimité une “union sacrée”. Premièrement, pourquoi le gouvernement westalien a pris autant de temps avant de réagir ? Ensuite, avec la guerre qui pourrait également frapper à notre porte, est-ce que nos propres politiques arriveraient à se réunir sous la forme d’une “union sacrée” ?

Henry Takajiwa : Je pense que le gouvernement de Monsieur le Président Fédéral Belagri et de Monsieur le Premier Ministre Garandor n’était pas dans une optique de mettre un pied dans cette crise. Ces derniers mois, on a pu observer une multiplication des voyages et visites diplomatiques de nos dirigeants, probablement dans un objectif de refaçonner l’image de la Grande République à l’étranger. A titre personnel, il est fort probable que nos dirigeants ont attendu le plus longtemps possible pour ne pas se “salir” dans une nouvelle crise diplomatique avec Stérus. Finalement, ils ont laissé le mal se propager et on se retrouve aujourd’hui avec cette crise et une flotte militaire prête à nous menacer.

Pour votre seconde question, c’est mon humble avis, mais je ne pense pas qu’il puisse y avoir une “union sacrée” westalienne, pas sous le même modèle que celui des lermandiens en tout cas. De toute notre histoire, il n’y a jamais eu un tel précédent et dans un contexte politique de plus en plus basé sur la division, même une guerre n’y changerait rien. Nos précédents conflits avec la Viétie n’y ont pas poussé, c’est donc encore moins probable aujourd’hui. A minima, il pourrait bien y avoir la formation d’une nouvelle coalition de gouvernement plus large et une recomposition de l’exécutif qui pourrait accueillir des membres de la droite libérale, dans un symbole d’unité patriotique. Mais je ne fais que de la fiction à ce niveau-là.

Joseph Heirfond : Le déplacement d’une importante flotte stérusienne à nos frontières est-elle une réaction proportionnée de la part de la Fédération ? Est-ce que c’était prévisible ?

Henry Takajiwa : Cette réaction est bien évidemment disproportionnée, autant qu’elle fut imprévisible, bien qu’elle n’a pas été surprenante à mon avis. De mes nombreux contacts à l’étranger, cette vision d’une action impulsive et non proportionnée à la situation est partagée par beaucoup. On passe d’un conflit commercial à un conflit militaire en seulement quelques heures, alimenté par un discours stérusiens au maximum de son extrémisme, face à une Lermandie qui n’a fait qu’appliquer ses lois, à la suite de menaces très sérieuses de la Fédération. Celle-ci invoque la protection de ses citoyens présents sur place pour justifier sa réaction. Mais je pense juste qu’elle cherche à légitimer son casus belli pour une intervention militaire dans la région et pour s’opposer frontalement à la Grande République, qu’elle pose dans une relation de rivalité unilatérale. Nous n’avons rien à envier aux stérusiens, notre économie, nos politiques et nos différentes forces se portent bien mieux qu’elles ne l’ont jamais été. Pendant que la Fédération subit ses crises, nous continuons de surmonter nos obstacles en maintenant un âge d’or dans quasiment tous nos domaines. S’il y a une guerre, ce ne sera le fruit que d’un mégalomane obsédé par son revanchisme infondé et son nationalisme extrême. Je ne le souhaite à personne. Ni aux westaliens, ni aux lermandiens, ni aux stérusiens et encore moins aux autres aleuciens. Un tel conflit serait un désastre pour notre continent et il est évident qu’il faut tout faire pour l’éviter.

Joseph Heirfond : On parle de plus en plus qu’une médiation va se tenir entre les différents pays, afin de résoudre cette crise. Pensez-vous que nous avons une chance de mettre fin aux tensions ?

Henry Takajiwa : Je reste confiant que notre force diplomatique est suffisante pour qu’un tel sommet puisse aboutir à quelque chose de concret et de sensé. En tant que Président du groupe d’observation diplomatique au Sénat, je serai probablement membre de cette délégation, en tant que représentant du Sénat de la Grande République. Les tensions sont plus profondes que ces dernières semaines, c’est une tumeur qui grandit depuis plusieurs années. Si je ne doute pas de la volonté de notre pays à aller au-delà de ces différences, cela risque d’être beaucoup plus problématique avec la Fédération de Stérus, notamment vis-à-vis de la République de Lermandie. Si notre soutien aux lermandiens est assuré et renouvelé, il ne faudra pas que nos dirigeants comprennent que le rôle de la Grande République sera d’éviter un échec de ces négociations. Nous devons rester fermes, forts, mais aussi diplomate et ouverts aux dialogues, ce que mes échanges avec Monsieur Richard Kaylor, mon successeur en tant que chef de la diplomatie, m’ont semblé être la position que prendra notre délégation. Désormais, la question sera de voir si les lermandiens et les stérusiens feront preuve d’une bonne foi équivalente.

Joseph Heirfond : Les rumeurs d’un échec de cette rencontre pourraient déboucher sur une guerre. Mais est-ce que la Grande République est prête à ce genre d’éventualité ? Nous allons poser la question au Général Maxwell Ledford, militaire actuellement à la tête de nos armées fédérales.

Maxwell Ledford : Depuis plusieurs années, notre pays a entamé un vaste plan d’armement et de modernisation de nos forces armées. Nous avons décidé de suivre une doctrine se basant sur la qualité, les compétences de nos soldats, mais également de l’avantage technologique dont nous disposons ou que nous cherchons à disposer dans divers domaines. Nous sommes encore loin d’être arrivés à la fin de ce programme de renforcement militaire, qui s'étalera encore sur les années à venir, mais nous possédons déjà plusieurs avantages. Le premier est notre capacité de production, nos industries spécialisées dans la défense possèdent une des capacités de production les plus importantes du continent et probablement le meilleur dynamisme aleucien. Ceci s’ajoute à une économie et un budget dédiés à la défense permettant de développer nos armées avec rapidité et qualité, tel qu’à pu le prouver nos récentes négociations de commandes à l’étranger. D’un point de vue stratégique, nous possédons déjà l'une des flottes les plus puissantes du continent et disposant d’un vivier d'officiers supérieurs expérimentés par la dernière guerre contre la Viétie, tout autant que leurs marins habitués aux opérations en haute mer, grâce à nos nombreuses opérations de lutte contre la piraterie ces dernières années. Une bonne partie de nos navires sont récents et à la pointe de la technologie, tandis que nous avons toujours appliqué une politique de modernisation importante pour nos anciens engins. Nos forces aériennes ne restent pas sans reste dans cette composition, avec l’introduction de nos nouveaux modèles de chasseurs, probablement le meilleur modèle de sa génération. Je peux vous le garantir, d’ici 2017-2018, la Grande République disposera de la seconde plus puissante force aéronavale d’Aleucie. Pour finir, nos services militaires travaillent toujours à prévoir toute éventualité qui pourrait menacer l’intégrité de notre pays et nous ne manquons pas de plans de défense pour protéger nos concitoyens.

Joseph Heirfond : Pour ce qui est de nos moyens actuels, sont-ils en capacité de pouvoir repousser cette force stérusienne qui pourrait menacer nos côtes ?

Maxwell Ledford : C’est ici que nous pouvons faire un comparatif de nos forces avec celles des stérusiens. Ces derniers appliquent une doctrine de quantité, mettant de côté la qualité pour s’équiper hâtivement et à moindre coût d’une force armée importante. Sur le court terme, la Fédération s’y retrouve gagnante, mais sur le long terme, c’est une condamnation à se faire dépasser militairement. Elle va se retrouver rapidement avec des moyens peu qualitatifs, nombreux et de plus en plus chers à entretenir avec le temps. Westalia joue sur le long terme : nous développons une armée moderne et équipée qualitativement, certes plus longue à constituer et avec un entretien élevé, mais qui ne nous fera jamais défaut dans le futur. Notre second avantage, dans une attaque hypothétique, est bien évidemment le lieu des combats. Ces derniers seraient tout naturellement à proximité de nos frontières maritimes. Nous aurions alors une capacité de déploiement bien supérieure à celle d’un quelconque attaquant. Nous disposons de tout ici, alors que tout assiégeant aurait bien plus de mal à se ravitailler dans des eaux aussi hostiles, tout comme de moyens pouvant être déployés à notre encontre.

Joseph Heirfond : D’un point de vue défensif, nous aurions l’avantage. Mais si, hypothétiquement, un blocus naval viendrait à s'opérer, serions-nous en capacité de pouvoir le surmonter ?

Maxwell Ledford : Il est vrai que l’éventualité d’un blocus serait dramatique pour notre économie qui repose beaucoup sur ses exportations. Malgré tout, nous disposons ici encore de deux avantages sur les stérusiens. Le premier, c’est leur terrible logistique. L’armée stérusiennes, c’est une force militaire avec de nombreux canons, de nombreux soldats, plein de navires et d’avions, mais ni assez pour acheminer suffisamment de force jusqu’ici, ni pour leur faire durer une guerre sur le long terme. Soit, tout le contraire de l’armée fédérale westalienne, qui dispose d’une des chaînes logistiques les plus sophistiquées du continent et probablement à un niveau au-dessus de nos réels besoins actuels. Les stérusiens se retrouveraient plus rapidement à court d’obus que nous n’aurions le temps d’ouvrir notre seconde caisse de munitions. Ils disposent d'une armée visiblement impressionnante, nous disposons d'une armée réellement efficace.

Le deuxième avantage dont nous disposons sont nos alliés. Unie, une force de contre-attaque pourrait avoir largement la capacité de mettre un terme au conflit, dans une victoire commune évidente à ce jour. Dans l’hypothèse d’un conflit armée avec le Stérus, nous aurions un avantage défensif largement supérieur. Cependant, une telle guerre s’arrêterait probablement à une défense de nos eaux territoriales. Dans le fond, très peu d’armées dans le monde disposent des moyens pour réaliser une invasion militaire amphibie efficace et durable. Ni Westalia ou ses alliés, ni Stérus ne sont en capacité de pouvoir réaliser ce genre de manœuvre complexe et très cher, aussi bien financièrement qu’humainement.

Henry Takajiwa : J’ajouterai même que c’est ce constat qui fait qu’un conflit militaire est plus qu’improbable, puisqu’il serait naturellement au désavantage stérusien, aussi bien d’un point de vue militaire, que diplomatique. De nombreuses nations s’attellent à préserver la “Pax Aleucia” et les menaces stérusiennes ont naturellement fait bondir de leur siège quelques dirigeants de notre continent et même d’encore plus loin. Tout se jouera dans des négociations pour un retour au calme, qui ne pourront qu’aboutir, au risque de voir un ou plusieurs acteurs se retrouver dans une position internationale plus que délicate.

Joseph Heirfond : Ceci marquera la fin de notre émission et de nos échanges. Je remercie une fois de plus nos invités qui ont pu partager leur point de vue sur cette situation particulièrement tendue. La diplomatie est à l'œuvre, nos défenses sûres et le contexte propice à un retour au calme. Nous espérons que, dans une prochaine émission, nous pourrons aborder la réussite de cette médiation à venir. D’ici là, je vous souhaite à tous une très bonne soirée !

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