
01/10/2016
Agouti, l’offensive électrique ou juste idéologique?Après cette conférence qui aura vu s’affronter principalement deux personnes, de nombreuses questions demeurent, comme par exemple si Monsieur Vernier, et par extension Agouti, ne sont pas simplement déconnectés de la réalité raskenoise. Nombre de questions que vous vous posez et qui trouveront sûrement réponse dans cet article, qui s’articulera autour de 3 thèmes importants tels que les sujets économiques et environnementaux, par exemple. Mais revenons au commencement.
À la base, Agouti est un petit constructeur originaire du Duché de Sylva dans le Paltoterra, cependant, avec ses récents développements, celui-ci se rêve en constructeur de renommée mondiale avec comme fer de lance les voitures électriques. Celui-ci a choisi comme axes de développement deux principaux pays : la Translavia et notre beau pays Rasken. Ces deux pays n’ont pas été choisis au hasard par Agouti. En effet, la Translavia est connue pour être sous une domination totale des constructeurs teylaï, quant à Rasken, celui-ci est connu pour être l’empire du thermique. Ainsi, on peut facilement comprendre que derrière leurs soi-disant ambitions écologiques se cache en réalité un défi plus qu’autre chose. Cela se confirme quand on y regarde de plus près. En effet, le marché translave est dominé par les constructeurs teylaï, constructeurs qui produisent des voitures électriques, tandis que notre pays dispose déjà d’une feuille de route afin de développer une production de biocarburants censée rendre neutre en CO₂ une voiture thermique, ou du moins s’en rapprocher. Enfin bref, entre déconnexion de la réalité et mensonge écologique, nous allons répondre à toutes vos questions dans la suite de cet article.
Commençons par le sujet qui, disons-le franchement, importe le plus pour nos concitoyens : le prix.
L’environnement est également un point important, mais c’est avant tout le prix qui revient lors des enquêtes publiques. Monsieur Vernier commence ce point en disant qu’une voiture électrique est plus chère à l’achat qu’une thermique, ce qui est vrai — un mauvais point pour Vernier, venu défendre l’électrique donc. Cependant, il enchaîne rapidement en disant que ce surcoût se compense rapidement de par les caractéristiques intrinsèques du véhicule électrique, c’est-à-dire une maintenance moins lourde donc moins coûteuse et un plein moins onéreux grâce au rendement bien plus élevé et au prix de l’électricité. Ces deux arguments sont valables de manière générale, surtout celui de la maintenance. Cependant, affirmer cela avec autant d’assurance sans avancer de chiffres, devant une audience majoritairement raskenoise connaissant les réalités de leur pays, est un pari risqué. Et cette prise de risque se retourna contre le Sylvois, notre envoyé sur place Friedrich von Blaise ne manquant pas de le lui faire remarquer, démontrant soit une méconnaissance, soit une déconnexion totale de la réalité. Friedrich ne manqua pas de faire remarquer que les affirmations de Vernier étaient pour une grande majorité fausses, du moins dans le cas raskenois. Commençons par l’entretien : oui, une voiture électrique coûte moins qu’une thermique, cependant, cela n’est pas énorme. Comme l’a mentionné Friedrich, sa Vino lui coûte dans les 100 Sleks (200 euros) par an, ce qui est dans la moyenne d’après les statistiques raskenoises. Dans le même temps, une voiture électrique semblable à la Vino, donc une voiture comparable à la Super Cité d’Agouti, revient en moyenne à 75 Sleks (150 euros) par an, soit une différence de 25 Sleks. L’électrique coûte donc bien moins cher à l’entretien qu’une thermique, cependant, cela n’est pas significatif. Quand on sait qu’une voiture électrique coûte entre 2500 et 5000 Sleks (5000 et 10000 euros) de plus qu’une thermique, il faudrait au minimum 100 ans pour compenser la différence de prix. Oui, mais une voiture électrique coûte moins pour rouler qu’une thermique, allez-vous me dire. Eh bien, même si c’est vrai dans la majorité des cas, Rasken ne fait pas partie de cette majorité. En effet, le prix de l’essence à Rasken est fixe depuis plusieurs années, et ce prix est de 0,25 Sleks (0,5 euro) par litre pour l’essence et 0,2 Sleks (0,4 euro) pour le gasoil. Dans le même temps, le prix de l’électricité pour une recharge serait de 0,1 Sleks (0,2 euro) par kWh sur une borne à domicile et 0,25 Sleks (0,5 euro) sur une borne publique. La génération actuelle de la Vino a une consommation moyenne de 4,8 litres d’essence pour 100 km, revenant ainsi à 1,2 Sleks (2,4 euros). Une électrique du gabarit de la Super Cité consomme dans les 17 kWh d’électricité pour 100 km, soit 1,7 Sleks (3,4 euros) si vous rechargez chez vous, et 4,25 Sleks (8,5 euros) si vous utilisez une borne publique.
En conclusion, là où elle est censée vous faire gagner de l’argent en consommant moins et en ayant un entretien moins coûteux, c’est au final tout le contraire qui se produit. Elle vous coûte plus cher à l’achat, elle vous coûte légèrement moins cher en entretien, mais elle vous coûte beaucoup plus cher en carburant. Le carburant, reparlons-en d’ailleurs, car pour recharger votre voiture, vous aurez besoin d’une borne chez vous, borne qui va coûter dans les 500 Sleks (1000 euros). Vous pourriez cependant vous dire qu’une borne à domicile est inutile et que vous allez utiliser les bornes publiques. Eh bien là, c’est simple : à trajet égal, la voiture électrique vous coûtera 3,5 fois plus qu’une voiture thermique. Une voiture électrique, dans le cas raskenois, ne vous fera jamais gagner de l’argent, car tout est plus cher sauf l’entretien. Monsieur Vernier fit d’ailleurs preuve de mauvaise foi lors de sa deuxième intervention, disant qu’il n’avait pas en tête les comparatifs de prix alors que Friedrich les lui avait donnés juste avant.
Passons maintenant à l’aspect écologique, l’un des aspects les plus importants après celui financier pour les Raskenois. Vernier commence son argumentaire en nous parlant d’une Smart, petite voiture appartenant à la catégorie des petites citadines. Cependant, à peine le graphique affiché à l’écran qu’une erreur fait déjà son apparition : il est écrit qu’une Smart, voiture de même pas une tonne, aurait des émissions de 16,1 tonnes de CO₂ sur 100 000 km, donc de 161 grammes par km. Ces émissions sont tout bonnement hallucinantes pour une voiture de ce type. En comparaison, ces émissions correspondent en réalité à peu de chose près à la version 2,5 litres de la Véga, une berline de 1,6 tonne. En réalité, les émissions d’une Smart sont bien plus basses, à vrai dire, quasiment deux fois plus basses pour la dernière génération, qui s’établit à
88 grammes de CO₂ par km. Vous allez peut-être me dire qu’ils se sont basés sur la première génération de Smart, cependant, même celle-là dépassait difficilement les 120 grammes de CO₂ par km. En fin de compte, il y a deux possibilités : soit le personnel d’Agouti ayant fait cette étude s’est tout simplement trompé, soit il y avait une véritable volonté de rendre le thermique plus polluant qu’il ne l’est vraiment afin de promouvoir l’électrique. Si l’on prend les vrais chiffres, une Smart aurait des émissions de l’ordre de 12,3 tonnes de CO₂ sur 100 000 km, soit moins qu’une équivalente électrique avec un mix électrique digne des Hotsaliens.
Parlons maintenant de la comparaison douteuse de Vernier entre le thermique et l’électrique. Celui-ci commence donc en disant que même une toute petite voiture comme une Smart pollue plus qu’une électrique, quel que soit le scénario — chose que nous venons de réfuter. Cependant, il enchaîne rapidement en disant que l’on parle d’une Smart, pas d'une voiture raskenoise sophistiquée avec un rendement de fou, continuant en disant que même une Zora, avec toute l’ingénierie de Steiner, pollue plus qu’une Smart… Je ne sais pas si vous vous rendez compte, mais Vernier compare une Smart, voiture de moins d’une tonne et d’une puissance de 45 chevaux, avec une super voire hypercar, la Zora Absolute, d’une tonne cinquante-cinq et de 980 chevaux. Je ne sais pas si vous saisissez l’absurdité de la comparaison, notre journaliste sur place, Friedrich, ne manquant pas de le lui faire remarquer. Vernier tenta alors de se rattraper en disant que la Zora Absolute est la seule voiture de Steiner dont on dispose d’informations, ce qui est vrai… pour le 6 temps du moins. En effet, Steiner est une marque centenaire, la Zora Absolute n’est pas son premier modèle, les informations sur les modèles de la précédente génération sont tout à fait disponibles. Si l’on prend une citadine comme la Vino, qui est la principale classe qu’Agouti veut concurrencer, celle-ci consomme 4,8 litres d’essence et a des émissions de CO₂ de l’ordre de 110 grammes. Avec ces émissions, la Vino se classe à peu de chose près au même niveau qu’une électrique se rechargeant avec des centrales à charbon hotsaliennes. Cependant, cela n’est valable qu’avec l’ancienne génération. Avec la nouvelle génération 6 temps, les chiffres seront bien plus bas. Alors, bien que l’on ne dispose pas d’informations, on peut tout de même faire des estimations — chose que Vernier s’est visiblement refusé à faire mais que nous allons faire pour lui. Une Vino milieu de gamme a une consommation de 4,8 litres. Or, lors de son interview, Monsieur Fiedler a mentionné le gain de consommation entre un 6 et un 4 temps, et ce gain est compris entre 20 et 40 %. Prenons 30 %. Donc un moteur 6 temps consomme 30 % de moins, ce qui ferait que la Vino milieu de gamme consommerait autour de 3,36 litres d’essence pour faire 100 km. Au niveau des émissions de CO₂, d’après les cycles d’homologation raskenois, chaque litre d’essence brûlé émet environ 2,3 kg de CO₂ contre 2,6 pour le gasoil. Cela donnerait donc environ 77 grammes de CO₂ par km. Si l’on reprend le tableau de Vernier, une Vino milieu de gamme émettrait 11,2 tonnes de CO₂ sur une durée de vie de 100 000 km, soit 2,8 tonnes de moins qu’une électrique tournant au charbon. Il est également bon de mentionner que Rasken dispose d’une feuille de route afin de développer la filière des biocarburants, qui rendrait théoriquement les véhicules neutres en CO₂. Dans un monde où une thermique roule avec des biocarburants, elle s’établirait au même niveau d’émissions de CO₂ qu’une électrique disposant d’un mix électrique totalement décarboné.
Passons à autre chose. Durant toute la conférence, Agouti s’est concentré sur les émissions de CO₂, et cela pour masquer une réalité dont ils ont honte. En effet, le CO₂ n’est pas la seule pollution à prendre en compte ; à vrai dire, c’est l’une des moins importantes. Les NOx, hydrocarbures imbrûlés et autres monoxydes de carbone en sont de bien plus importants, par exemple. Sur ce niveau-là, il n’y a rien à dire : une électrique bat à plate couture une thermique classique. Cependant, on parle bien de thermique classique, pas de thermique 6 temps, qui peut se targuer d’être un moteur propre, non pas parce qu’il filtre ses déchets, mais parce qu’il ne les produit tout simplement pas. En effet, de par sa conception, et surtout grâce à son injection d’eau, un 6 temps réduit grandement l’émission de ces polluants. Avec la première génération de moteur 6 temps, les NOx seraient réduits de 80 %, les hydrocarbures imbrûlés de 75 % et le monoxyde de carbone de 66 %. Mais on parle bien de la première génération. La deuxième génération, qui devrait arriver d’ici un an ou deux, devrait réduire encore les émissions de ces polluants. D’après Fiedler, les émissions devraient descendre de 95 % pour les NOx, 87,5 % pour les hydrocarbures imbrûlés et 83,3 % pour le monoxyde de carbone. Ainsi, ce genre de pollution n’est plus réellement à l’ordre du jour avec l’arrivée du 6 temps. Quel autre type de pollution évoque-t-on, me direz-vous ? Eh bien, c’est simple : afin de proposer des voitures électriques à un prix relativement bon marché, Agouti sera obligé de se tourner vers un certain pays dont la notion de norme environnementale n’existe tout simplement pas. Je parle bien entendu de Drovolski. Ce pays est connu pour produire à lui tout seul la moitié de la pollution au soufre et aux métaux lourds du monde entier. J’exagère un peu, bien évidemment, mais cela reste proche de la réalité. Cette pollution a des conséquences dramatiques : premièrement, les métaux lourds provoquent des cancers et des maladies respiratoires ; quant au soufre, il a pour effet d’acidifier les océans, à tel point que plus on se rapproche de Drovolski, plus l’eau se rapproche d’un acide.
Un autre aspect important est l’utilité. Si une voiture électrique est plus utile qu’une thermique, alors même si elle coûte plus cher de manière générale et que son bilan environnemental est douteux, son utilité compenserait ses défauts. Pour la suite de ce point, nous allons nous concentrer sur les deux modèles principaux qu’Agouti veut implanter dans notre pays : la Super Cité et la Micro Vivide. Pour cette dernière, nous ne voyons pas vraiment son utilité. L’objectif principal d’une voiture est de transporter des personnes d’un point A à un point B avec leurs effets personnels. Or, de par son gabarit, la Micro Vivide ne permet d’emporter que deux personnes avec très peu d’effets personnels. Agouti vous répondra que ce n’est pas grave car elle dispose d’une excellente maniabilité, ce qui, soit dit en passant, ne règle pas le problème d’emport d’effets personnels. Sa vitesse maximale est également un gros handicap, la limitant quasiment exclusivement à la ville. Mais ce n’est pas grave, me direz-vous, si elle n’est pas chère. Eh bien c’est vrai. Cependant, pour le même prix, vous pourriez vous acheter une moto de quasiment 700 centimètres cubes pour 4000 Sleks (8000 euros), sur laquelle on peut monter à deux, disposant d’une maniabilité en ville bien plus importante (une moto pouvant faire de l’interfile, mais pas la Micro Vivide) et d’une capacité d’emport d’effets personnels quasiment identique. De plus, une moto de ce type peut aisément dépasser les 150 km/h, vous permettant de ne plus être prisonnier des villes. La Super Cité, elle, possède réellement une utilité en comparaison de la Micro Vivide. Elle dispose d’un gabarit similaire à la Vino et pèse à peu de choses près le même poids. Cependant, les ressemblances s’arrêtent là. L’autonomie ne vous permet de faire difficilement qu’un Eberstadt-Mielaska (environ 300 km) et encore, en prenant uniquement la distance à vol d’oiseau. Une Vino, de son côté, peut aisément parcourir plus de 800 km, distance qui devrait augmenter car les réservoirs de la nouvelle Vino devraient être identiques aux anciens. De plus, un désavantage sous-estimé est la vitesse maximale. En effet, la Super Cité ne peut atteindre que les 135 km/h, ce qui est peut-être suffisant pour le duché de Sylva, mais pas pour Rasken, avec une vitesse maximale de 150 km/h sur les autoroutes. Il faut aussi prendre en compte le fait que, pour recharger une voiture électrique jusqu’à 80 %, il vous faut une trentaine de minutes, là où pour n’importe quelle voiture thermique, le plein se fait en une minute. À partir de ce que je viens de dire, vous pouvez aisément comprendre que les voitures qu’Agouti propose ne présentent pas vraiment d’avantages par rapport à une thermique : elles vont moins loin, elles vont moins vite, et cela sans même parler du prix, que l’on a traité dans le premier point.
À partir des éléments que nous venons de développer, on peut noter plusieurs choses. Premièrement, un quasi-mépris du thermique, allant jusqu’à donner des chiffres totalement faux (émissions de CO₂ de la Smart) ou même en faisant des comparaisons douteuses (Smart électrique de 45 chevaux vs Zora de 980 chevaux). Ensuite, vient la méconnaissance du marché raskenois, Agouti arrivant à la conférence persuadé que l’électrique coûte moins cher que le thermique, alors que c’est tout le contraire. Enfin, le fait que Rasken soit plus vu comme un défi qu’autre chose, en témoigne les campagnes de pub intensives d’Agouti, montre une volonté d’imposer sa vision écologique à un pays qui dispose déjà d’une feuille de route pour l’avenir.