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Lettre de Piotr Ă Flora
Piotr a Ă©crit :Dimanche 27 octobre 2014
Jour 50
18h29
Ma belle amoureuse,
Il m’est très difficile de me dire que tu auras quelqu’un qui, un jour, partagera avec toi une vie. Je crois que cela me fait peur, vraiment. Tu es magnifique. Tu est unique dans cette beauté, comme dans ton intelligence, comme dans ton sourire, comme dans tes étreintes. Nombreux doivent t’admirer. Et toi qui ne m’aimes plus, tu éprouves sans doute pour certains d’entre-eux peut-être une fascination, voire un affection, sûrement un intérêt. Un jour, comme si l’Amour n’était qu’un cycle, tu trouveras les deux ans passés ensemble insignifiants face à la moindre seconde que tu passeras en compagnie de celui – ou celle – qui aura pris la place que j’ai occupé. Lorsque nous nous aimions encore réciproquement, c’était quelque chose à laquelle je ne pensais pas. Cette « place » me semblait acquise, ton cœur se disait, parfois à défaut de l’être, séduit, et le rêve emportait la raison loin de la réalité. Dériver vers ce songe participa à la splendeur de nos instants, car hors du temps, hors de la logique, chaque baiser semblait délivrer le message de toute une éternité supposément acquise.
Si de l’Amour la candeur m’a conquis, je la regrette sous le nom de naïveté, et où je ne connaissais pas encore le mot « Espoir » : la vérité se conformait à mes croyances. Sous utopie sentimentale, mon dernier vœu aurait sans aucun doute été l’imagination du pire. Aujourd’hui qu’il n’est pas plus navrant que ton silence, je maudis ma vision et mes pensées du passé. Tu m’as toujours parue plus « terre à terre » que moi dans tous les domaines et toutes les disciplines. L’amour n’en était une exception. Si parfois tu te laissais imaginer un avenir sublime, tu étais consciente qu’il s’inscrivait dans un vaste songe – auquel j’ai toujours cru jusqu’à peu. Le dévouement qu’est l’Amour doit t’être bien triste au-delà des faits qu’il entraîne. J’aurais été incapable de tenir comme tu l’as fait jusqu’à présent – ou presque – en ne voyant que les faits (baisers, câlins, etc.) et conséquences (joie, tristesse, parfois regret) que cela entraînait. À être trop dans le réel, c’est comme si tu avais toujours ressenti l’Amour sans ne jamais le comprendre, sans ne jamais le connaître. Je t’en suis sincèrement désolé pour toi. J’espère vraiment qu’un jour, avec un – ou une – autre, tu t’ouvriras à ce bonheur.
Je t’aime ♥.
Piotr.