20/11/2017
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[PRESSE] Affaires nationales et bulletins officiels - Page 8

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Akai Kagami
Le Miroir Rouge, définitivement radical.


Les Brigades Fraternelles : La Garde Communale au service de la souveraineté etznabiste

Ce matin, un premier détachement de la Garde Communales kah-tanaise a débarquée à Silimihi. L'espace d'un bref instant, un cinquième des habitants de la nouvelle porte vers le monde des Républiques était kah-tanaise. Envoyés en Aleucie suite à la signature d'accord de coopération fraternelle entre les deux unions, cette force de formation militaire s'ancre dans un programme plus large d'aide au développement, visant ici à transmettre à la jeune nation les outils de l'autodéfense populaire.
https://i.imgur.com/ngl0gOZ.jpeg

La première leçon, avant même le maniement des armes, fut doctrinale. Il existe un accord de principe fondamental entre les sept Républiques Natives et la Confédération Kah-tanaise : le rejet absolu de l'héritage impérial. Ayant souffert de l'oppression coloniale et de l'appropriation du monopole de la violence par l’État, les Etznabistes savent mieux que quiconque en Aleucie les dangers associés à l'armée de caserne. Le modèle eurysien – antérinien, pour le nommer – a ainsi été vertement critiqué lors des premières réunions visant à définir les contours de la coopération militaire. Dans les documents officiels qui en ont découlé, l'armée de métier est qualifiée de « force coupée du peuple, hiérarchique, conçue pour l'oppression intérieure et l'aventure impérialiste extérieure ». C'est un contre-modèle absolu, un poison dont les Républiques veulent purger leur avenir.

C’est dans ce refus salutaire que s’est inscrite l’offre kah-tanaise. Le modèle de milice populaire, au cœur des doctrines de la Garde Communale, offre une logique plus adaptée aux réalités de la jeune nation aleucienne. Les formateurs des Brigades de Formation Fraternelles déployés sur place ont donc pour mission de forger des unités ancrées dans chaque république et commune. L’objectif est clair : bâtir une force de défense émanant du peuple et lui rendant des comptes, où les soldats sont des citoyens avant d’être des militaires. Une garantie structurelle contre toute dérive autoritaire – un risque hélas trop présent dans les jeunes nations à peine sorties du joug colonial.

Au-delà de ces fondations idéologiques, la question centrale reste l’adaptation aux besoins immédiats. Sur le plan pratique, la priorité est d’asphyxier la Réaction. La menace terroriste que représente la branche locale de l'organisation des Raches n'est que le dernier soubresaut de la barbarie coloniale, une tumeur qui doit être excisée pour assurer l'avenir de la région. À cette fin, le Grand Kah transmet son savoir-faire éprouvé en matière de contre-guérilla, forgé dans les feux du Mokhaï et de la Communaterra. Les forces etznabistes sont ainsi formées en priorité aux doctrines de contre-insurrection et de guerre asymétrique.

Dans la praxis kah-tanaise, la contre-insurrection n'est ni une doctrine purement militaire, ni une pratique répressive. Elle est avant tout politique. Il s'agit de gagner le soutien des populations civiles en les intégrant pleinement aux processus démocratiques et économiques, afin d'isoler les terroristes et de permettre des opérations militaires ciblées et chirurgicales.

Parallèlement, les modules de formation se concentrent sur le contrôle démocratique de l'armée. S'inspirant des modèles libertaires déjà aprouvés, ils incluent l'élection des officiers de rang inférieur, la mise en place d’assemblées de soldats, et des sessions de critique et d'autocritique après chaque opération. C’est ce que nous confirme la Citoyenne-Capitaine Mextelt, du 2ème Corps d'Armée Léger, vétérane des opérations au Mokhaï : « Nous ne sommes pas ici pour leur apprendre à obéir, mais pour leur donner les moyens de ne plus jamais avoir à le faire. Le soldat ne doit pas être aliéné mais acteur de sa communauté. C'est primordial : la souveraineté commence lorsque le peuple tient le fusil. »

Au-delà de la menace rachiste, immédiate, l'objectif à long terme est de doter les Républiques Etznabistes d'une capacité de dissuasion autonome. Les risques de résurgence impériale, qu'ils viennent de l'Antérinie ou d'autres régimes "libéraux" du continent animés par un racisme latent envers les premiers peuples, sont réels. S'ajoute à cela la prédation des puissances de l'ONC ou de l'OND, toujours à l'affût d'une cible facile. La présence kah-tanaise en Aleucie tient donc du devoir internationaliste : comme l'a répété le citoyen-directeur Kitano, renforcer chaque bastion révolutionnaire est le seul moyen sûr d'affaiblir le système impérialiste mondiale.

Que les choses soient claires : le Grand Kah ne livre pas des armes à un État-client. Il transmet une doctrine de libération à un peuple frère. Cette présence est temporaire et ne durera que le temps nécessaire à la formation de forces etznabistes pleinement autonomes. En partageant son savoir-faire, le Grand Kah ne fait aujourd'hui que rendre au peuple etznabiste les outils de sa propre histoire, une histoire de liberté qui ne fait que commencer.
22009
Akai Kagami
Le Miroir Rouge, définitivement radical.

24/10/2017Amer Béton : la contre-révolution technocratique dans nos murs

Alors que la Convention Générale vient d'approuver les plans d'une nouvelle "cité réticulaire modèle" à Nayoga Lamanai, et que les cercles technocratiques et certains modérés applaudissent la "vision" du citoyen-architecte Lars Valerius, nous publions avec un plaisir non dissimulé ce texte, rappelant que la Révolution ne se mesure pas à la hauteur de ses édifices, mais à l'espace qu'elle offre à ses citoyens. La contre-révolution technocratique, même vaincue en 1992, continue d'empoisonner les esprits. Ses apôtres, qui confondent efficacité et entassement, voudraient transformer nos communes en ruches productivistes, nos citoyens en variables d'ajustement. Ce texte, camarades, est une arme. Servez-vous en.
https://i.imgur.com/CgMNkjd.jpeg

La croûte sur laquelle nous vivons, ce fragment de Paltoterra et d'ailleurs que nous nommons l'Union, a une surface finie. Faisons d'emblée une première digression : ce concept, l'idée que nos ressources ne sont pas infinies, a mis des millénaires à pénétrer les crânes des empires et des capitalistes, mais il est enseigné dès l'enfance dans nos telpochcalli. Voilà qui démontre la stupidité de la distinction entre ce qui est /simple/ et ce qui est /complexe/ à comprendre. C'est pourquoi une doctrine comme le Kah, qui affirme la marche de l'Histoire par cycles et ruptures révolutionnaires, ne saurait s'abaisser à ne présenter à la classe émancipée que des concepts prémâchés et "faciles".

Contrairement à certains tribuns qui vous bercent de formules creuses, nous allons vous poser des problèmes très, très difficiles. Mais nous vous donnerons les questions et les réponses.

Notre Union, dans sa totalité continentale et exclave, couvre environ 850 000 kilomètres carrés. Une part non négligeable est constituée de jungles impénétrables, de cordillères acérées ou de déserts arides. Conservons, par prudence, 750 000 kilomètres carrés de terres habitables. La population de l'Union, selon le dernier rapport du Commissariat au Consensus, s'élève à 77 millions d'âmes (sans compter celles, bien plus nombreuses, de nos martyrs qui nous observent). Un calcul simple (enseigné dans les premières années de l'éducation communale) nous apprend donc que notre espèce dispose, en moyenne, d'un kilomètre carré pour environ 102 de ses membres.

La densité moyenne de notre Union est donc de 102 citoyens au kilomètre carré.

Nous avons tous une idée de ce que représentent cent personnes. Quant au kilomètre carré, c'est l'espace qu'occupe le Grand Parc de la Révolution à Axis Mundis. Sachant que lors des grandes célébrations, plus d'un million de camarades s'y rassemblent dans une ferveur compacte, un kilomètre carré pourrait contenir la population entière de Heon-Kuang, soit plus de cent fois notre densité moyenne.

Ainsi, si nos 102 citoyens moyens symboliques se plaçaient aux intersections d'un réseau parfaitement égalitaire, ils se trouveraient à environ 98 mètres les uns des autres. Ils pourraient échanger des nouvelles d'un bout à l'autre de la parcelle. Quelle harmonie !

Mais le citoyen kah-tanais n'est ni un arbre enraciné, ni une unité statistique dans un plan technocratique. Par les migrations, les choix communaux et les hasards de l'Histoire, il s'est établi de manière très irrégulière. Nos communes exclaves en témoignent : la densité de Reaving dépasse les 100 hab./km², celle des Marquises est de 38, et celle de Gokiary de 61. Notre territoire principal lui-même est un damier de contrastes, des plaines agricoles aérées du sud-est aux zones côtières surpeuplées.

Cette répartition inégale n'est pas un accident. Elle est le produit de l'Histoire, et notamment des logiques productivistes que même notre Révolution peine à totalement éradiquer.

Les Ruches Urbaines

Si l'on met de côté la population "dispersée", majoritairement rurale, et que l'on se concentre sur les citoyens "agglomérés" dans nos grandes métropoles, on observe un bond spectaculaire, un changement d'ordre de grandeur. Il n'est pas difficile de comprendre que la densité des campagnes, elle, chute bien en dessous de la moyenne de l'Union.

Faisons une estimation grossière : un tiers de notre population vit dans les grands centres urbains. Ce chiffre varie, bien sûr. Nul n'est besoin de préciser qu'il est proche de zéro dans les communes forestières du Sud et tutoie les 100% à Heon-Kuang.

Prenons Nayoga Lamanai. Sur les 600 kilomètres carrés de son agglomération principale, s'entassent près de 5 millions de citoyens. Densité : 8 300. C'est déjà 80 fois la moyenne de l'Union. Mais dans les quartiers historiques du port, les "vieux nids", on atteint des pics de 40 000 habitants au kilomètre carré, soit 400 fois la moyenne ! Si l'on applique un modèle abstrait, celui d'un quartier d'habitation communaliste standard – immeubles de cinq étages, espaces verts et services collectifs occupant la moitié de la surface – un calcul simple montre que chaque citoyen dispose d'environ 20 mètres carrés d'espace "urbain". Cela nous ramène à une densité de 50 000 habitants/km².

Le processus historique qui a concentré les citoyens dans nos villes les a fait passer d'une densité moyenne de 102 à une densité urbaine qui, même dans les cités-jardins les mieux pensées, dépasse les 10 000 (cent fois plus que la moyenne de l'Union).

Nous savons que cette concentration trouve ses racines dans la période coloniale et les débuts de l'industrialisation. Les régimes pré-révolutionnaires se contentaient de quelques capitales administratives dominant une mer de villages. Mais le capitalisme, même dans sa forme embryonnaire ou dans les logiques productivistes qui lui survivent, ne peut pas s'arrêter. Tout ce qui réduit l'espace vital du citoyen au profit d'une abstraction productive est une trahison de la Révolution.

L'Unité d'Habitation Cohésive

Et pourtant, quelqu'un a pensé, et malheureusement construit, encore pire. Son nom : Lars Valerius. Architecte de son état, mais surtout idéologue masqué. Vous le connaissez tous : les grands hommes aiment à se faire connaître. Valerius fait partie de cette caste d'experts, de technocrates, qui constitue un danger suffisant pour nous dégoûter des grands commissariats et de leurs plans quinquennaux. On dit grand bien de lui dans les cercles du Club de l'Ouverture et de Technocratie ©, on vante ses "solutions" et ses "optimisations". Pire, on encourage l'application de ses théories, dont certaines défigurent déjà nos villes nouvelles, ces cités réticulaires dont la logique froide commence à inquiéter jusqu'aux plus modérés d'entre nous.

Axis Mundis, notre cœur politique, a su résister à Sukaretto grâce à ses espaces, à ses constructions basses et aérées qui rendirent l'incendie de la tyrannie impossible. Aujourd'hui, Axis Mundis voudrait rivaliser avec les métropoles du monde capitaliste, et certains y voient une vertu. Mais les gratte-ciel de l'Alguarena et la paranoïa d'un Valerius, ce n'est pas la même chose.

Nous avons lu une description brillante de l'édifice que Valerius a fait construire à Nayoga Lamanai, son "prototype". L'auteur a des formules efficaces. Il dit que dans les 330 "cellules" destinées à 1 600 habitants, « l'espace est plus précieux que le lithium des batteries de nos navettes ». Ce n'est pas une caricature, mais un résumé fidèle des doctrines de Valerius : « mon architecture anticipe un avenir où l'humanité n'aura plus de place pour s'étendre », « c'est une lutte contre le superflu, une conquête anxieuse d'espace pour la vie ».

Mais laissons les jugements de valeur et regardons les chiffres. C'est là que l'on comprend comment la quantité se transforme en qualité – et comment le progrès technique peut devenir une régression humaine.

Le principe de la sur-exploitation de l'espace mène à cette doctrine monstrueuse : le Verticalisme. Superposer les jardins, les routes et les habitations sur une seule et même empreinte au sol. Le capitalisme est verticaliste. Le communalisme doit être horizontaliste. Pour la dictature impériale, on coupait les têtes qui dépassaient. Pour la dictature du prolétariat, il faudra aussi raser les bâtiments qui dépassent. Nous pouvons respecter nos architectes révolutionnaires, mais certainement pas ce technocrate de Valerius.

Citoyens ou sardines ?

Son "unité d'habitation", qu'il a eu le cynisme de baptiser La Concorde, repose sur 36 pilotis de béton. En dessous, une rue et un "jardin minéral". Le rectangle bâti fait environ 800 m² au sol. Au-dessus, neuf "rues intérieures" desservent 330 cellules pour 1600 habitants, où chaque centimètre est "optimisé" pour servir de rangement, de meuble ou de lit. On se demande où est le local prévu pour raboter les citoyens trop grands...

Faire tenir 1 600 camarades sur 800 m² au sol, même sur neuf étages, signifie qu'on est passé de 10 m² couverts par habitant à un demi-mètre carré ! Soyons généreux : admettons que tout n'est pas logement, qu'il y a des services. Chaque habitant occupe alors un espace de 1,5 m². Dans sa cellule même, il dispose d'environ 5 m² – la taille d'une remise.

En appliquant ce modèle à une ville entière, en gardant des espaces pour les rues (disons 30%), on arrive à une densité de 400 000 âmes au kilomètre carré. Même en ajoutant des parcs, Valerius, cet entasseur de génie, réussit à parquer 200 000 bipèdes sur un kilomètre carré.

La nature nous a donné assez de terres pour être 102 au km².
La Révolution, par nécessité, a accepté que nous soyons 1 000 dans nos villes.
La folie technocratique, au nom de la "rationalité", veut nous entasser 2 000 fois plus.

Ceux qui applaudissent une telle vision ne sont pas seulement des complices de la dérive bureaucratique, mais des fossoyeurs de l'idéal communaliste. Ils vantent une science qui fonde les cités sur leurs propres rejets et prétendent organiser la vie de manière si "fonctionnelle" que le citoyen de demain ne saura plus distinguer sa douche des égouts collectifs.

La lutte révolutionnaire pour démanteler les métropoles monstrueuses peut se résumer ainsi : oxygène communaliste contre cloaque bureaucratique. Espace contre ciment.

Cette course à l'entassement ne vient pas d'un manque d'espace. L'espace abonde. Elle vient de la persistance de logiques productivistes qui exigent une concentration toujours plus grande du travail dans des masses de citoyens.

HIER

L'économie sur les "moyens de production collectifs"


Nous n'écrivons pas pour la gloire de l'analyse, mais au service de la Révolution. Il nous faut donc prouver que nous ne faisons que marcher sur les traces de notre doctrine.

Après avoir décrit, dans "La Roue et le Métier à Tisser", le processus de production communaliste, qui analyse le rapport entre le travailleur et la collectivité au sein de la coopérative, et après avoir étudié la circulation des biens (c'est-à-dire comment une part de la production sert non pas à la consommation, mais à renouveler les outils pour la production future), le grand théoricien Xicotencatl "Le Tisseur" étudie dans son troisième volume, hélas inachevé, "le mouvement de la richesse sociale comme un tout".

Le capitalisme, nous le savons, vise à maximiser le profit. Mais même dans notre système, une dérive est possible : celle où la coopérative ou le commissariat cherche à maximiser l'excédent de production, non pour le bien commun, mais pour sa propre expansion, au détriment des conditions du travailleur. C'est ce que Xicotencatl nomme "l'économie sur les moyens de production collectifs".

Le coût de production se divise en deux : la part allouée à la subsistance des travailleurs, et la part allouée aux moyens de production collectifs (matières premières, entretien des machines, bâtiments). Le moyen le plus évident d'augmenter l'excédent est de réduire la part allouée aux travailleurs, mais ce n'est pas la seule menace.

Supposons que la part des travailleurs reste juste. Le gestionnaire zélé (le bureaucrate, le technocrate) cherchera toujours à réduire le coût des moyens de production collectifs.

Xicotencatl identifie trois grandes sources d'économies, qui sont en réalité des appropriations des bénéfices du travail social :

  • 1. La concentration des travailleurs : Rassembler des artisans auparavant isolés dans un seul atelier génère une économie massive sur les bâtiments, le chauffage, etc. "Cette économie," écrit Le Tisseur, "découle du caractère social du travail tout autant que l'excédent juste est issu du travail de chaque citoyen-producteur." La collectivité génère une richesse, mais qui en profite ?
  • 2. La récupération des rejets : Les déchets d'une grande production deviennent la matière première d'une autre. Encore un bénéfice qui naît uniquement du caractère social et à grande échelle du travail.
  • 3. Le progrès technique dans d'autres secteurs : Une coopérative bénéficie des inventions faites par une autre qui lui fournit ses machines ou ses matériaux à moindre coût. "C'est le développement de la force productive du travail social, issu de la division du travail au sein de l'Union et du travail intellectuel de nos chercheurs. Le bureaucrate profite des avantages de tout le système."

Ce que les réformistes et les technocrates oublient, c'est que l'antagonisme ne réside pas seulement dans la part du produit qui revient au travailleur, mais dans l'appropriation par une caste administrative des fruits du progrès social collectif. Si l'on supprimait le surtravail, on travaillerait moins. Mais si l'on redistribuait les gains de productivité sociale, on ne travaillerait qu'une heure par jour !

Où il faut frapper

Aujourd'hui, le système kah-tanais, dans ses dérives, tend à considérer que ces gains sont une vertu de la Planification, et que le travailleur est étranger aux conditions de réalisation du travail. Le citoyen n'a pas à se soucier des économies faites sur les bâtiments ou les machines, seulement de la part qui lui est allouée. C'est ainsi qu'on en vient à économiser sur la sécurité et l'hygiène, à entasser les travailleurs dans des espaces malsains. "Cette économie," poursuit Le Tisseur, "va jusqu'à bourrer les camarades dans des locaux étroits, ce qui, en langage de gestionnaire, s'appelle économiser des bâtiments ; à négliger les protections contre les accidents ; à ignorer les mesures de sécurité dans les processus insalubres. La production communaliste, malgré sa prétendue rationalité, est ainsi terriblement gaspilleuse de matériel humain."

Voilà la description, faite il y a un siècle, de la dérive qui menace aujourd'hui nos cités sous les traits séduisants du "progrès" et de la "modernité" vantés par les Valerius de ce monde.

AUJOURD'HUI

Inflation de technocratie


L'argument de Xicotencatl s'applique parfaitement à la planification de nos villes. "Économiser les faux-frais" est le motif criminel du gestionnaire qui entasse les usines à côté des logements, qui densifie à l'extrême pour "rationaliser les transports", sans comprendre que la première mesure rationnelle serait de décongestionner, de redonner de l'espace. Les leçons des bombardements de la Junte n'ont-elles servi à rien ?

La Révolution a libéré les paysans que les haciendas clouaient à la terre. Mais l'urbanisation a recréé une autre forme de servitude : celle de la densité, nécessaire à l'époque des premières manufactures, mais aujourd'hui rendue absurde par le progrès technique.

Le nombre de travailleurs nécessaires pour une production donnée – ce que nous appelons la densité technologique – ne cesse de diminuer. Une usine de composants automatisée demande une poignée de techniciens là où il fallait autrefois des centaines d'ouvriers. Un tracteur remplace des dizaines de bras. Un navire de fret moderne est manœuvré par moins d'hommes qu'une galère de l'antiquité.

Coordonner, pas étouffer !

Ce que le progrès nous a offert, c'est la coordination de travailleurs dispersés, pas leur entassement. Les formes de production les plus modernes (centrales énergétiques, réseaux de communication) unifient l'action de camarades séparés par des centaines de kilomètres.

Si l'agglomération urbaine et productive subsiste avec une telle densité, ce n'est pas par nécessité technique. C'est à cause de la permanence de la logique de la rentabilité et de la dictature sociale de la bureaucratie.

Quand la dictature du prolétariat aura enfin balayé ces relents contre-révolutionnaires, quand chaque plan sera subordonné à l'amélioration des conditions du travail vivant, alors le verticalisme des monstres de ciment sera abattu. Dans les immenses étendues d'espace libéré, les villes géantes une fois dégonflées, l'intelligence de notre espèce rendra enfin uniforme la densité de la vie et du travail, en harmonie, et non plus en conflit comme dans la civilisation difforme d'aujourd'hui.

La course à l'entassement n'est pas due à un manque de place. Elle est due à la logique d'un système qui a besoin de prospecter le travail dans des masses de citoyens. Notre Révolution n'est pas finie tant que le dernier mur de ces prisons de béton ne sera pas à terre.

HIER

L'Appropriation du Travail Social


Nous n'écrivons pas pour la vaine gloire de l'analyse, mais parce que nous sommes au service de la Révolution. Il nous faut, comme toujours, faire une pause pour prouver que nous ne faisons que marcher sur les traces de notre doctrine, celle qui a libéré cette terre.

Après avoir décrit, dans les premiers volumes de "La Roue et le Métier à Tisser", le processus de production communaliste – ce rapport entre le citoyen-producteur et la collectivité au sein de la coopérative – et après avoir étudié la circulation des biens – comment une part de notre production collective sert à renouveler nos outils pour l'avenir –, le grand théoricien de la Première Révolution, Xicotencatl "Le Tisseur", analyse dans son troisième volume, hélas inachevé, "le mouvement de la richesse sociale comme un tout". C'est cette analyse qui nous permet aujourd'hui de démasquer la contre-révolution qui se cache dans les plans de nos gestionnaires.

Le capitalisme, nous le savons, vise à maximiser le profit. Mais même au sein de notre Union, une dérive est possible, une trahison de nos principes. C'est celle où le Commissariat, le Keiretsu ou la coopérative elle-même ne cherche plus à répondre aux besoins de la communauté, mais à maximiser l'excédent, non pour le bien commun, mais pour sa propre expansion, son propre prestige, sa propre survie bureaucratique, au détriment direct des conditions de vie et de travail de nos camarades. C'est ce que "Le Tisseur" nommait, avec une prescience effrayante, l'économie sur les moyens de production collectifs.

Le coût de notre production collective se divise en deux parts : la part qui revient aux citoyens pour assurer leur existence digne et libre, et la part allouée à l'entretien et au renouvellement de nos moyens de production collectifs (matières premières, machines, usines, infrastructures). Le moyen le plus évident pour un gestionnaire sans scrupule d'augmenter son excédent est de rogner sur la part des travailleurs. Mais ce n'est pas la seule menace, ni la plus insidieuse.

Supposons que la part des citoyens soit respectée. Le technocrate, le planificateur zélé, cherchera toujours à réduire le coût des moyens de production collectifs. Xicotencatl identifie alors trois grandes sources d'économies qui, en réalité, ne sont que l'appropriation des fruits du travail social par une caste administrative :

  • 1. La concentration des travailleurs : Entasser des artisans autrefois dispersés dans une seule et même usine, une seule "unité de production", génère une économie massive sur les bâtiments, le chauffage, l'éclairage. "Cette économie," écrit Le Tisseur, "découle du caractère social du travail lui-même, de l'intelligence collective de la coopération. Mais qui, en fin de compte, en récolte les fruits ? Le travailleur, ou l'administration qui le supervise ?" La richesse est créée par la collectivité, mais elle est trop souvent captée par les structures qui prétendent l'organiser.
  • 2. La récupération des rejets : Les déchets d'une grande coopérative deviennent la matière première d'une autre. Encore un bénéfice immense qui n'est possible que grâce au travail à grande échelle, à l'effort socialisé. Qui en profite ? Le réseau de Keiretsus et leurs planificateurs, ou le peuple qui a produit à la fois le bien et le déchet ?
  • 3. Le progrès technique dans d'autres communes : Une coopérative textile profite des nouvelles machines-outils inventées par les camarades d'un pôle industriel. Elle produit plus, mieux, avec moins d'effort. "C'est le développement de la force productive du travail social," explique Le Tisseur, "issu de la division du travail au sein de l'Union et du génie intellectuel de nos chercheurs et ingénieurs. Le gestionnaire, le Commissariat, profite des avantages de tout le système sans y avoir contribué directement."

C'est sur ce point essentiel que nous devons nous battre. L'antagonisme ne réside pas seulement dans la part du produit qui revient au travailleur, mais dans l'appropriation par une caste administrative des fruits du progrès social collectif. Si l'on supprimait le surtravail, on travaillerait peut-être une heure de moins par jour. Mais si l'on redistribuait équitablement les gains de productivité de la coopération et de l'innovation, camarades, on ne travaillerait qu'une heure par jour !

Aujourd'hui, dans ses dérives, notre système tend à considérer que ces gains de productivité sont une vertu de la Planification, et que le citoyen-producteur est étranger aux conditions de réalisation de son travail. Il n'a pas à se soucier des économies faites sur les bâtiments ou les machines, seulement de la part qui lui est allouée pour sa subsistance. C'est ainsi que, pour "optimiser les coûts", on en vient à économiser sur la sécurité et l'hygiène, sur l'espace vital, sur le bien-être de nos camarades. C'est cette logique qui nous ramène à notre thème : ville et campagne, espace et ciment. "Cette économie," poursuit Le Tisseur avec une colère prophétique, "va jusqu'à bourrer les camarades dans des ateliers étroits et malsains, ce qui, en langage de gestionnaire, s'appelle économiser des bâtiments ; à entasser des machines dangereuses, à négliger les protections contre les accidents ; à ignorer les mesures de sécurité dans les processus insalubres. La production communaliste, malgré sa prétendue rationalité, est ainsi, dans ses dérives, terriblement gaspilleuse de matériel humain."

Voilà la description, faite il y a plus d'un siècle, de la contre-révolution bureaucratique qui menace aujourd'hui nos cités sous les traits séduisants du "progrès" et de la "modernisation" vantés par les Lars Valerius de ce monde.

AUJOURD'HUI

Inflation de Technocratie


L'analyse de Xicotencatl "Le Tisseur" s'applique avec une précision chirurgicale à la planification de nos villes. "Économiser les faux-frais" est le motif criminel du gestionnaire qui entasse les usines chimiques des Keiretsus à côté des nouvelles "cités réticulaires", qui densifie les transports jusqu'à l'asphyxie pour "rationaliser les flux", sans comprendre que la seule mesure véritablement révolutionnaire serait de décongestionner, de redonner de l'espace, de l'air, de la vie. Les leçons des bombardements de la Junte, qui nous ont appris la vulnérabilité de la concentration, n'ont-elles donc servi à rien ?

La Révolution a libéré les peuples des haciendas qui les clouaient à la terre. Mais l'urbanisme technocratique a recréé une autre forme de servitude : celle de la densité, nécessaire à l'époque des premières manufactures, mais aujourd'hui rendue absurde et criminelle par le progrès technique.

Le nombre de travailleurs nécessaires pour une production donnée – ce que nous appelons la densité technologique – ne cesse de diminuer. Une usine de composants automatisée à Chan Chimu demande une poignée de techniciens là où il fallait autrefois des centaines d'ouvriers. Les drones agricoles dans les communes du Sud remplacent des milliers de bras. Nos navires de fret modernes, construits dans les chantiers de Reaving, sont manœuvrés par moins de camarades qu'une péniche du siècle dernier. Et surtout, le Communet, ce réseau qui est le sang de notre Union, permet le travail à distance, la planification décentralisée, la coordination instantanée sans que les corps n'aient besoin de s'entasser !

Ce que le progrès technique nous a offert, ce n'est pas la possibilité d'entasser plus, c'est la coordination de travailleurs libres et dispersés ! Les formes de production les plus modernes de l'Union – nos réseaux énergétiques, nos plateformes de communication, nos chaînes logistiques – unifient l'action de camarades séparés par des milliers de kilomètres.

Si l'agglomération urbaine et productive subsiste avec une telle densité, ce n'est pas par nécessité technique. C'est à cause de la permanence d'une logique de rentabilité bureaucratique et de la dictature sociale de l'administration centralisatrice. C'est un choix politique contre-révolutionnaire !

Quand la Révolution Permanente aura enfin balayé ces relents technocratiques, quand chaque plan sera subordonné à l'amélioration des conditions du travail vivant, alors le verticalisme des monstres de ciment sera abattu. Dans les immenses étendues d'espace libéré, les villes géantes une fois dégonflées, l'intelligence collective de notre peuple rendra enfin uniforme la densité de la vie et du travail, en harmonie, et non plus en conflit comme dans la civilisation difforme d'aujourd'hui.

La course à l'entassement n'est pas due à un manque de place. Elle est due à une idéologie qui a besoin de concentrer les citoyens pour mieux les contrôler, les gérer, les surveiller. Notre Révolution ne sera pas achevée tant que le dernier mur de ces prisons de béton ne sera pas à terre.

L'Union sera horizontale, ou elle ne sera pas !
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