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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a Ă©crit :Jeudi 21 novembre 2014
Jour 75
23h55

Toi que j’affectionne tant,

En ce soixante-quinzième jour où je t’écris sans t’avoir vu, je me suis demandé s’il fallait vraiment que je continue à t’écrire, si j’en avais encore besoin. Je me suis demandé si, oui ou non, je serais en mesure de d’adresser quelques derniers mots. J’ai beau eu douté, la réponse est finalement évidente, si bien que ce dilemme en prend un caractère tout à fait grotesque.
Aujourd’hui j’ai vu des gens mignons s’embrasser. Je suis en train de réaliser que j’oublie peu à peu le sentiment que cela procure. Je sais évidemment que j’ai toujours aimé te donner des baisers, que si j’ai peu en refuser quelques uns je ne reproduirai plus cela et que l’on ressent, en ce simple contact, une passion dévorant la raison et la réalité. J’aimais tout cela, et cette magie que je t’attribuais me rend nostalgique de nos nuits passées ensemble.
Pour en revenir aux lettres, il va falloir qu’un jour je me décide, tout en ne cessant pas de concevoir pour toi un Amour sans borne, à ne plus t’écrire. Ce jour là, j’aimerais bien te faire parvenir à la fois l’expression de mon chagrin et celle de mon inclination. Je le ferai quand bien même je saurai que tu n’en liras rien, car tu es comme ça : tu es indifférente à tou, et surtout à ton passé. J’espère au moins, bien que sans conviction, que tu vivras ton présent en apprenant à ne plus ignorer jusqu’à l’existence de ceux qui t’aiment.

Cordialement,

Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a Ă©crit :Vendredi 22 novembre 2014
Jour 76
23h55

Ma sensationnelle dulcinée,

Je t’aime de tout mon cœur. Aujourd’hui, j’ai pris rendez-vous chez la psychologue du boulot, car en la croisant elle m’a demandé de la suivre pour savoir quand nous pourrons nous voir elle et moi. Elle m’a demandé si j’avais vu ma psychologue à moi. Je lui ai dit que non. Je n’ai plus envie de parler de tout cela à quelqu’un d’autre que toi.
Je ne sais pas trop quoi te dire d’autre. J’ai sommeil, et je sais que je me répète chaque fois. Je n’en peux plus. Tout cela n’a plus aucun sens. Je m’accroche à toi comme si, en disparaissant de ma vie moi aussi je devais en faire de même. Disparaître de ma vie…
Je voulais aussi te parler d’autre chose. Hier, une fille m’a dit que j’étais beau, et aujourd’hui une autre m’a demandé à deux reprises si je pouvais lui faire un câlin – proposition à laquelle j’ai évidement décliné. Parfois, j’ai l’impression que mon cœur est figé et que je ne pourrai jamais aimer quelqu’un d’autre, comme si j’étais conditionner à t’aimer et n’aimer que toi pour l’éternité. J’y pense parfois. « Arriverai-je à tomber de nouveau amoureux ? » Rien qu’en me posant la question j’ai l’impression de te tromper. Tout cela est horrible. Je m’en veux. Je me déteste. Je suis tellement désolé de t’écrire tout cela, tu n’as pas besoin de savoir que je cherche désespérément à ne plus t’aimer. Je ne sais ce qui te pousse à l’ignorer. J’espère qu’un jour tu me pardonneras.

Avec la plus pure et plus grande dévotion au monde.

Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a Ă©crit :Samedi 23 novembre 2014
Jour 77
13h52

Mon exceptionnel Amour,

Je pense que tu ne comprends pas. Je cas contraire, les nombreuses qualités que je te connais t’auraient fait te comporter différemment. Tu m’aurais répondu.
Ma sœur m’a donné, à l’instant, un dessin qu’il faudrait que je t’envoie. Elle m’a dit que ma mère lui avait expliqué que nous nous étions disputés. Elle m’a alors sorti « Tiens, comme ça tu le donneras à Flora et vous serez encore amoureux ! ». C’est vraiment compliqué. J’ai l’impression que tout s’effondre autour de moi, que plus rien n’a de sens et que tout n’est plus qu’une douleur à supporter. D’après ma mère, cela fait plusieurs fois que ma soeur va la voir et lui dit que tu lui manques. J’aimerais juste au moins comprendre comment nous en sommes arrivés là.
Hier, dans le métro, il y avait quelqu’un, stéréotype de l’homme viril, autour duquel tournaient de nombreuses filles. Je ne partage rien avec lui, j’en suis heureux mais me demande si notre histoire aurait changé et pris un cours différents, si quelques uns de mes aspects s’approchaient de ceux du personnage en question. Je me demande si un jour tu seras dans les bras d’un homme de cette race, un homme de cette immonde espèce, ceux que j’ai toujours appelé « porcs ». Un jour, je sais que ceux que je méprise gagneront ton cœur et j’ai mal en y pensant. Je ne dis pas ne pas m’inclure dans cette catégorie d’animaux. Tu sais combien je me méprise moi-même et ai honte d’être mâle. Toutefois, sans doute pour me donner bonne conscience, je sais cela et rêverais d’être né autrement – sans pour autant vouloir en changer. J’espère que tu tomberas amoureuse, mais de véritables poètes – dans l’âme ; le poème ne fait pas le poète – ou de femmes. Ne crois pas que ce soit parce que j’aimerais rester le dernier comme moi à avoir été aimé de ton cœur. Je voudrais simplement t’épargner davantage de douleur et de dégoût : la vie a déjà été assez dure envers toi. Peut-être au moins aurai-je réussi à te dissuader d’aimer ceux qui ne le méritent pas ou pas assez.

Je t’aime.

Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a Ă©crit :Dimanche 24 novembre 2014
Jour 78
23h17

Mon estimée dulcinée,

J’ai failli, aujourd’hui, t’envoyer un messager. Je ne sais même pas pourquoi, mais j’étais poussé à le faire par une force intérieure dont je ne connais l’origine. Je crois que je voulais seulement souffler un peu, t’envoyer tout ce que je pense comme pour m’en débarrasser, alors que tu ne liras jamais ce que je t’écris, et nous le savons aussi bien l’un que l’autre. Je ne souhaite le blâmer : c’est là tout ton droit, et si je tends à me questionner quant aux raisons de ta soudaine indifférence, je la respecte comme je te respecte toi, soit autant que je t’aime.
Il est peu probable que tu dormes déjà, presque autant que tu penses à moi. Peut-être ne le fais-tu jamais. Ta cohérence m’a toujours intriguée, et me donne aujourd’hui encore quelques frissons. Tout chez toi a de tout temps été rationnel, ou du moins a semblé l’être ; tu n’as jamais recherché la poésie dans ton rapport aux autres. Moi je le fais avec un constance désespérante. S’il t’arrive d’imaginer le futur, tu as le don de ne rien idéaliser. Tu es cohérente dans tout ce que tu es. Ta pensée est froide, ton comportement est froid, tout est froid. Pourtant, tu entretiens avec les autres des relations « normales », et ne m’as jamais paru associable en réalité. Certes parfois tu ne voyais personne, par choix, mais avec ceux que tu souhaitais voir cela se passait généralement avec une stupéfiante banalité. Je t’admire en particulier pour cela. J’ai pensé un temps que nous nous ressemblions beaucoup, et moi qui avais du mal avec tous me suis ouvert à toi. Je n’ai compris que tard le fait que tout le monde s’identifie en permanence à ton être, et que je n’étais en réalité que l’une de ces personnes convaincues d’une illusion. Je t’ai beaucoup aimée, chaque jour davantage, et arrive aujourd’hui à cet amertume sentimentale qui caractérise l’Amour n’étant plus partagé des deux parties.
Une voix dans ma tête me hurle que tout cela était une erreur. Je ne le pense pas. Je ne regrette pas. Cette petite voix c’est toi, que je transporte partout, qui me transporte tout le temps, et que j’aime et aime croire m’aimer. Tu me connais, je n’ai que peu de doute là-dessus, alors tu dois savoir, ou du moins soupçonner, que ce qu’il se passe – là où tu emploierais le passé – entre nous m’obsède et constitue le drame actuel – que je crois infini et éternel – de ma vie. Si l’on me demandait ma plus grande peine, je répondrais ton départ. Toi, à l’inverse, même si tu m’aimais, même si ton cœur avait été calciné du silence de celui que tu avais alors aimé soixante-dix-huit jours après, tu n’en serais pas là. Tu aurais répondu la note – pourtant tout à fait correcte – de ton dernier devoir ou ta fatigue presque chronique. Tu es au romantique ce que Musset est au classique. Ce n’est pas grave. Ce qui est grave, c’est que je continue de t’aimer pour cela.

MĂ©lancoliquement,

Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a Ă©crit :Lundi 25 novembre 2014
Jour 79
23h54

Ma divine Flora,

Je t’aime. Je ne sais quoi te dire d’autre tant tout, à côté de cela, paraît insignifiant. Je me demande si tu attends quelque chose de moi. Le silence ? Une preuve d’Amour ? Une dispute qui mette fin définitivement à tout cela ? Un simple message qui ne fasse état de rien : ni d’Amour, ni de peine ? Moi qui t’ai toujours trouvée relativement directe, j’aimerais volontiers que tu le sois davantage.

Je m’excuse. Je ne suis pas d’humeur bavarde.

Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a Ă©crit :Mardi 26 novembre 2014
Jour 80
23h59

Mon exaltante Flora,

Je t’écris bien tard, pire encore que d’ordinaire. [...]
C’est horrible hein ! J’ai l’impression de revenir trop tard d’un travail dont chaque aspect t’épuise. J’ai l’impression de t’écrire aussi tard comme un amoureux auprès de sa dulcinée déjà endormie. Il pénètre tout habillé dans l’obscurité de la chambre, défait son manteau qu’il accroche au mur, se déchausse, se change puis se glisse sous la couverture dans un souffle de bonheur et un soupir de regret : celui de n’être arrivé plus tôt. Si je fus cet homme et toi cette femme, je me serais allongé de profil pour te regarder, toi qui demeurerais de dos. Alors peut-être te serais-tu tournée, et sans ouvrir les yeux aurais esquissé un sourire que je t’aurais rendu. Je t’aime. Tu es si belle que ma passion n’en finit plus.

Je t’aime beaucoup beaucoup beaucoup.

Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a Ă©crit :Mercredi 27 novembre 2014
Jour 81
23h16

Ma marginale,

J’ai longuement discuté Amour aujourd’hui, et bien des fois j’ai pensé à toi. L’Amour et le doute sont-ils incompatibles ? Ne doutant pas de l’inclination que j’éprouve à ton égard, il ne me semble pas de que j’en sois le premier concerné. Toutefois, je pense qu’il est possible d’aimer tout en se questionnant sur l’intensité même de ce lien. Nous nous sommes également demandé si l’Amour se résumait à la face dévoilée de l’être aimé, ou si son entièreté, inconnu compris, faisait l’objet des sentiments d’un amant véritable. Bien entendu, je considère qu’aimer ce n’est pas adorer une version ou un visage : c’est aimer pleinement et avec passion. Enfin bref, nous nous sommes interrogés sur des notions de cet ordre.
Pour le deuxième soir consécutif je m’excuse, bien que pour des raisons différentes. Il me faut d’urgence aller dormir : demain je me lève encore plus tôt que d’ordinaire pour aller voir Madame l’Agent Comptable afin qu’elle me renseigne sur une tableau qui sera bu le soir en Conseil d’Administration du Palais des Peuples. Bref, je te laisse.

Bisou.

Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a Ă©crit :Jeudi 28 novembre 2014
Jour 82
23h41

Mon Amour absolu,

Tu es merveilleuse. Je t’aime tellement. J’aurais besoin de te parler. Vraiment. J’aurais besoin de partager avec toi un fragment de ce que je vis et que tu me partages en retour un fragment de ce que tu éprouves en ce moment même. Souffrance, frayeur, indifférence, jalousie, joie, affection… Je voudrais juste continuer d’apprendre à te connaître. Je voudrais découvrir de nouveau ce que tu es. Je voudrais t’aimer sans ce voile immonde et répugnant de l’Espoir su mort d’avance. J’aurais souhaité perdre avec toi toute image du couple tel qu’il doit être pour fonder la seule chose qui nous ressemblerait. J’aurais souhaité qu’en me prenant dans tes bras tu me fasses de nouveau penser qu’il n’y a rien de plus fort que ton cœur tout près du mien.
Tu es exceptionnelle, au sens premier du terme comme à ceux plus courants, si bien que je ne puis aimer différemment ou ne plus le faire : j’aime ta marginalité, la lutte constante et involontaire contre le conformisme social ainsi que ton air revendicatif concernant ce qui fait de toi l’être unique et unique être que j’aime.
Je t’espère heureuse, car tu le mérites, car je le voudrais tout simplement. Je t’espère joyeuse, qui rit comme ces soirs où le moindre regard attise le brasier de la folie sentimentale, qui chante comme tu le faisais parfois dans ta salle d’eau en pensant que je pouvais t’entendre, qui danse comme tu t’es toujours refusé de le faire avec moi.

Je t’espère toi.

Ton Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a Ă©crit :Vendredi 29 novembre 2014
Jour 83
23h25

Ma petite amie,

Aujourd’hui j’ai appelé mon ex. Il fallait que je le fasse rapidement pour l’informer du décès à venir de Madame XXXXX que tu connais. Nous en avons profité pour discuter de tout et de rien. Elle est depuis un an avec un afaréen de son ambassade avec section internationale et croule sous le travail. Moi, je lui ai dit que de mon côté, sentimentalement parlant, cela était compliqué, et elle a paru vouloir en savoir davantage. Après lui avoir raconté tout ce qu’il se passait, elle m’a vivement conseillé de te rappeler pour discuter avec toi. Tout cela me procure une sensation étrange. Cet être que j’ai aimé de tout mon cœur, voilà plus de deux ans que je ne lui avais pas parlé. Je sais que tu la déteste. Moi son existence m’importe peu désormais. Il est triste de savoir que tu me considères de la même manière. Je t’aime. Mon cœur n’est qu’à toi, et je sais ne plus avoir le tien. Cela est bien difficile. Appeler mon ex m’a rappelé que l’Amour n’est pas éternel, qu’il a une fin, et qu’il faudrait que je songe à cela concernant celui que je te consacre.

En attendant, prends soin de toi.

Piotr.
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Piotr a Ă©crit :Samedi 30 novembre 2014
Jour 84
22h00

Ma passionnante Flora,

Je m’adresse à toi ce soir car plus que jamais je voudrais t’écrire et te dire combien je t’aime. Je voudrais te parler, t’entendre, et prendre dans mes bras. Je voudrais te sentir vivre nos cœurs l’un contre l’autre dans une divine étreinte. Ton regard me manque, ton sourire me manque, ta voix me manque, ton odeur me manque, ta douceur me manque… Je me rappelle ces nuits où nous nous blottissions en hiver l’un contre l’autre. Depuis que tu n’est plus là, un oreiller a pris ton rôle, la chaleur a laissé place au silence.
Du bonheur de l’autre il me semblait que toi et moi avions le même souci. Je demeure trop faible pour imaginer par quels raisonnements tu as abandonné ce principe qui participait à faire de toi un être chérissable plus que tout autre. Je t’ai aimé, sais que tu as changé, ne te connais plus mais sais que toujours je t’admire et te voue une affection dont chaque fragment me pousse à revenir vers toi. Je t’aime, plus que nul ne le fera jamais, plus que tu ne le connaîtras chez quiconque. Je t’aime à la fois pour l’image de force intellectuelle que tu m’incarnes et pour la tendresse que tu offres lorsque tu le veux bien. J’ai connu avec toi cet Amour ne cachant pas son ambiguïté, plus qu’il n’est possible de t’aimer, plus qu’il n’est possible d’aimer. Nous avions composé ensemble quelque chose de puissant et magnifique, de spécial et poétique : il me semblait que nous nous y retrouvions tous deux. J’espère du moins que cela fut le cas un jour.

Je ne puis cesser de penser Ă  toi.

Piotr.
1949
Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a écrit :Dimanche 1er décembre 2014
Jour 85
22h55

Mon ensorceleuse,

Tu m’appelais pour la première fois depuis longtemps. Ta voix était magnifique, si bien que de tes mots le sens ne m’arrivait que quelques minutes passées. Et en mourant du désir de te voir je mourais de ta parole. Pour un premier appel depuis longtemps ressemblant à celui-ci j’aurais dû me tuer. Sauter, couper, boire, lâcher, m’avancer : je ne sais pas. J’aurais dû me tuer.
Pour la première fois depuis longtemps je ne passais mon soir seul à écrire mille vers dont seuls deux termineront en poème. Ton regard cherchait à me séduire et je me laissais prendre avec la facilité d’un enfant. Alors, tu étais amoureuse. Tes lèvres roses formaient une belle courbe dont les extrémités tendaient vers le fin de ta mâchoire dans leurs angles supérieurs. Une fois ou deux tu te levais, et je ne pouvais qu’attendre que tu reviennes. À la manière d’une lecture dans un café bruyant ou un hall de gare, ma pensée était suspendue à ta présente : je ne réfléchissais à rien, et tout mon être semblait focalisé sur quelques détails. Durant deux heures tu me parlas des autres avec une fascination que tu n’éprouvais plus pour moi. Tu espérais d’eux un fragment de ce que je te donnais, et pourtant je voyais bien que si ton cœur connaissait une passion, celle-ci ne pouvait rien pour moi. Je t’écoutais avec attention, comme je m’efforce toujours de le faire, et compris peu à peu la raison de tes regards, de tes sourires, de ton appel.
Tu m’aimais. Je n’en doute aucunement. Mais tu m’aimais sans passion, avec un Amour que tu savais exister tout en ayant oublié ses origines. Un Amour qui pour toi, je le voyais bien, perdait peu à peu son sens. Depuis ce jour là – au moins – nous le savions, et avons décidé de tout ignorer. Nous avons réussi. Nous avons réussi à ignorer l’évidence, au prix de notre Amour. Je me demande parfois si en parlant ensemble de tout cela au bon moment, nous aurions pu éviter la situation dans laquelle nous sommes. J’aurais dû essayer. Le déni, mon Amour, mon déni est le responsable de tout cela, et je suis responsable de lui. Je sais que nous avions encore des milliers de moments à partager. Je suis désolé que nous soyons passé à côté de cela.

S’il te plaît ne m’oublie pas tout de suite.

Ton Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a écrit :Lundi 2 décembre 2014
Jour 86
23h52

Ma céleste dulcinée,

Je ne puis trouver de mot qui soit assez fort pour décrire ni combien ni comment je t’aime. J’ai froid. J'avais oublié que j'avais coupé mon unique chauffage, et je ne viens de le rallumer qu’à l’instant. Je voudrais me trouver sous ma couverture à écouter de la musique tout en jouant à un jeu stupide, ou lire un livre, ou composer, ou écrire des poèmes, ou tout simplement penser. Mais non. Je suis assis, courbé sur une inutile feuille à griffonner quelques inutiles mots.
Je n’ai d’autres expressions que celles du pardon pour ce quotidien et pitoyable spectacle. Te professer mon Amour est, chaque jour, un acte de résistance contre la tristesse d’une âme qui cherche à s’étendre sur mon cœur, et dont l’ombre déjà me navre suffisamment pour redouter tout échec de ma raison sur mon malheur.
Tout cela c’est aimer. Et si tu m’as aimé suffisamment un jour, tu connais les troubles que portent les passions, mais si tu connaissais ces troubles tu m’aurais répondu. Pourtant, je ne voudrais remettre en cause ni ton Amour passé ni tes qualités humaines. Les sentiments me brandissent à la figure leurs paradoxes : mais que seraient-ils sans ces ambiguïtés ? L’inclination ne connaît nulle obligation cartésienne, et j’aime encore me tenir à distance des logiques froides. Sans doute s’il existait un protocole amoureux alors je n’aimerais plus. Toi qui en cherchais inlassablement un : je compatis à ta déception quoique ne la partageant pas.

Plein de belles Amours,

Piotr.
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Lettre de Piotr Ă  Flora

Piotr a écrit :Mardi 3 décembre 2014
Jour 87
23h58

Mademoiselle,

Je sens tout Espoir me quitter. Pourtant, je sais que je t’aime encore. Je voudrais que le fragment d’espérance qu’il me reste puisse durer toute une vie. J’arriverai à exister du moment où je me persuaderai de cette illusion. Je ne sais quoi demain sera fait ni si j’aurai eu assez peu de courage pour refuser une vie sans toi. J’ai beau t’aimer : rien n’est plus sûr. Le soir je t’aime et me scarifie en voulant disparaître ; le jour je t’oublie et donnerais tout pour qu’il continue d’en être ainsi. Et puis y a ces lettres… J’aime te les écrire comme j’aimerais les brûler.

Sincèrement,

Ton Piotr.
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