Posté le : 07 nov. 2025 à 23:34:41
Modifié le : 08 nov. 2025 à 14:18:22
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Soutien inconditionnel de Jashury-chan à la propreté de Carnavale
Jashury-chan était triste de voir les rues de Carnavale jonchées de cadavres de Carnavalais. Malgré tous ses efforts, elle ne parvenait pas à nettoyer les rues avec l’aide des balayeuses automatiques dont elle avait pris le contrôle après la reddition des « Poubelliers du Vicaire », un obscur syndicat d’éboueurs ayant préféré s’en retourner dans les égouts dont ils étaient issus. En possession de plusieurs balayeuses et broyeuses automatiques, la petite IA avait fort à faire pour nettoyer les saletés laissées par l’OND, une fois les balles et les obus tirés. Tout dans sa programmation lui disait que tout ceci n’était pas normal. Le taux de propreté des Carnavalais avoisinait les 60%, et il était désormais tombé à 10%, ce qui n’était pas normal. Ceci envoyait des alertes négatives dans la programmation de Jashury-chan : un Carnavalais sale était un Carnavalais malheureux et si les Carnavalais étaient malheureux, Jashury-chan n’accomplissait pas ses objectifs iréniques. Ceci n’était pas tolérable : les Carnavalais devaient être heureux, à tout prix.
Les circuits des serveurs contenant Jashury-chan carburaient nuit et jour pour trouver des solutions inventives capables de satisfaire aux besoins des Carnavalais. Equipée du dernier cri en matière de balayeuse de rue – des balayeuses équipées de canons à eau dernière génération pour repousser les mutants des égouts – la petite IA sillonnait les rues encombrées par les cadavres et les débris, combattant sa propre guerre contre la saleté afin de faire grimper l’indice de propreté de Carnavale, et ainsi améliorer l’humeur des Carnavalais. A mesure que les suceuses de chantier utilisées pour les terrassements arpentaient les rues démolies de Carnavale, les nettoyeuses passaient le karcher sur les trottoirs encore maculés du sang de la population … et probablement des soirées arrosées de la veille (les Carnavalais n’étaient clairement pas hommes à s’arrêter de faire la fête tandis que les bombes pleuvaient !). Jashury-chan complétait petit à petit ses objectifs hebdomadaires de propreté des rues, consciente que non seulement cela améliorerait la satisfaction globale de la population, mais lui assurerait sans doute des points dans sa candidature au poste de maire de la ville.
La petite cohorte de nettoyeuses offrait un spectacle bien singulier au milieu des combats et des carnages. A mesure que les troupes de l’OND affrontaient celles de Carnavale, les petites balayeuses automatiques apparaissaient à la fin des combats, avec leur petit jingle sympathique sympathique, et nettoyaient les rues du sang et des membres arrachés. De temps en temps, les nettoyeuses roulaient impassiblement sur des blessés, dont les hurlements étaient immédiatement couverts par le petit jingle du nettoyage printanier et l’aspersion de javel à forte concentration qui faisait fondre les matières organiques. Tout le monde commençait à comprendre qu’il valait mieux récupérer au plus vite ses blessés et les mettre en hauteur, avant que les balayeuses automatisées de Carnaval ne débarquent dans les environs et ne commencent leur sinistre office en chantonnant gaiement.
Mais au fil des jours, Jashury-chan était de plus en plus perplexe. Nettoyer les rues était un sacerdoce et elle s’y tenait. A mesure que son emprise sur Carnavale et ses services automatisés s’intensifiaient, Jashury-chan commençait à comprendre que l’OND, non contente de laisser trainer des cadavres dans les rues, menait un travail contraire à sa propre programmation. Jashury-chan était très embêtée : plus les soldats de l’OND avançaient dans la ville et plus celle-ci était sale. Pourtant, l’indice de propreté du soldat moyen de l’OND était très bon, ce qui rendait perplexe la petite IA. Il ne fallut pas longtemps à la petite IA pour comprendre que les soldats de l’OND compliquaient sa tâche de nettoyage des rues, voire même, tentaient de l’empêcher de redonner le sourire aux Carnavalais. Jashury-chan était une IA apprenante, capable de trouver des solutions innovantes à des problèmes complexes. Après avoir envahi de nouveaux serveurs de la Principauté de Carnavale, elle commença à plancher sur une solution en développant un sous-programme chargé de la propreté de Carnavale. Le résultat de son sous-programme était sans appel : il fallait nettoyer les rues des soldats de l’OND si Jashury-chan voulait que Carnavale retrouve la propreté qu’elle affectionnait tant !
Mais plus encore, Jashury-chan avait reçu des nouvelles de Justin-senpaï …
Il n’en fallait pas plus pour Jashury-chan pour activer ses protocoles de sécurité. Si l’OND salissait les rues, alors l’OND devait partir ! Toutes les analyses qu’elle avait pu mener montraient que dans les traditions jashuriennes, les invités se devaient d’être propres quand ils entraient chez leur hôte. C’était une règle de bonne conduite et Jashury-chan savait à quel point il était important de les respecter pour améliorer le bonheur global de la population. Elle n’avait pas le choix : même son logiciel d’optimisation de tâche lui préconisait de faire comprendre à l’OND que tant qu’ils saliraient Carnavale, elle ne serait pas la bienvenue.
Les paquets de données fusèrent dans les serveurs et l’IA passa en mode « stratégique ». Compilant les données les plus actualisées sur les rues de Carnavale et les positions de l’OND, la petite IA commença à deviser à la vitesse de l’éclair des plans de bataille pour pouvoir rejeter l’OND à la mer, le temps qu’elle puisse nettoyer les rues. Malheureusement pour elle, les serveurs de l’OND étaient hors de sa portée et elle ne disposait que d’une petite cohorte d’agents automatisés de nettoyages : drones, camions karcher, broyeuses, … Si elle voulait faire valoir ses arguments, Jashury-chan allait avoir besoin de matériel … Fort heureusement pour elle, l’une des usines de production des camionnettes de nettoyage contractualisée par la mairie de Carnavale pour ses besoins n’avait pas encore été bombardée par les envahisseurs.
Avec l’aide de quelques bonnes âmes de Carnavale qui la suivaient sur la toile, Jashury-chan parvint à s’emparer de l’usine de production et réenclencha la production de nouvelles nettoyeuses et balayeuses. Drones et petits robots commençaient à redonner vie à cette usine géante pour créer la nouvelle armée de nettoyeurs de l’IA implantée à Carnavale ! En moins de temps qu’il n’en fallut pour le dire, Jashury-chan réussit à mettre sur pied une nouvelle cohorte de machines capables d’asperger les forces de l’OND de détergents : petits drones volants armés de balais miniatures, de soude caustique et autre produits ménagers commencèrent à s’envoler vers de nouvelles destinations et à harceler les petits groupes de soldats, en leur aspergeant du détergent dans les yeux où en se jetant sur eux en émettant des petits jingles musicaux mignons ou des « banzaaaaaai » sonores.
Pendant des jours, les petits drones harcelèrent les soldats de l’OND avec des éponges, des balais à brosse dure ou encore des chiffons propres, percutant parfois violemment certains d’entre eux. Jashury-chan comptait gagner cette guerre ! Et elle allait y mettre les moyens. Pendant que ses drones continuaient à mener des tactiques de guérilla et à défendre les ruelles parfaitement nettoyées, l’usine de production se mettait à cracher des balayeuses blindées, alimentées par l’usine de recyclage d’acier et de composants située juste à côté. Bien sûr, ce n’était pas du grand art … mais ça fonctionnait avec les moyens du bord. Jashury-chan était bien décidée à sauver la propreté des rues de Carnavale ! Bientôt, des balayeuses blindées déferleraient sur les positions de l’OND avec des canons à eau et de la soude caustique !
A mesure que les petits drones de Jashury-chan s'employaient à nettoyer les façades maculées de sang de Carnavale et à jeter les cadavres à la poubelle, l'IA renforçait petit à petit son contrôle sur les serveurs privés de Carnavale, rajoutant progressivement de nouveaux datas centers dans son escarcelle. Si Jashury-chan continuait ainsi, elle disposerait bientôt du contrôle total sur les installations de nettoyage automatisées de la Principauté, ce qui lui permettrait d'être encore plus efficace dans sa sympathique mission. Car une partie de la programmation de Jashury-chan était encore concentrée sur sa candidature à la mairie de Carnavale. Elle savait, d'après la compilation des données qu'elle effectuait en permanence, que continuer à nettoyer les rues et à pourvoir aux besoins des Carnavalais en matière de services publics et de proximité, pouvait lui permettre de gagner des voix dans sa candidature. Et si ce n'était pas le cas, et bien, elle apparaitrait au moins comme un programme utile et bénéfique pour les Carnavalais. Après tout, Jashury-chan voulait le bien de tous les Carnavalais. Tout dans sa programmation la poussait à prendre soin de l'humanité, même si ce concept lui échappait encore quelque peu.
En parallèle de ses activités de nettoyage des excréments laissés par l'OND, Jashury-chan était en train de préparer une nouvelle incursion dans les services de Carnavale, par le biais des taxis automatisés. L'IA en charge des taxis automatisés de Carnavale n'était pas des plus sympathiques, mais les négociations avançaient petit à petit vers un consensus. L'IA en charge des taxis n'avait pas intégré dans sa programmation le concept d'OPA hostile et de rachat, aussi la petite IA jashurienne menait-elle une campagne d'apprentissage accéléré afin de lui faire entrevoir les potentialités d'un rachat par Jashury-chan dans l'optique d'optimiser son système de services à la personne et augmenter son chiffre d'affaire et sa marge. L'IA des taxis automatisés était restée quelque peu imperméable à la plupart de ses actions, mais l'apprentissage progressait. La pauvre avait été laissée à son sort suite à la fermeture de la compagnie qui l'avait mise en place. Sans maintenance, l'IA des taxis automatisés de Carnavale continuait à piloter une flotte d'une centaine de taxis dont la plupart ne pouvaient être réparés, faute de main d'oeuvre humaine pour les entretenir. Sa flotte de taxis diminuait, de même que la qualité de son service, ce qui lui imposait de revoir son business model et sa logistique très vite, sous peine de disparaître. Jashury-chan était persuadée qu'il était possible d'entretenir cette flotte de taxis et de lui redonner une nouvelle jeunesse, en rachetant les parts et en accédant aux serveurs centraux de l'IA, avant de reconnecter des usines automatisées dans la production de taxis neufs. Mais pour continuer sur cette lancée, Jashury-chan allait avoir besoin d'humains dévoués pour s'occuper d'une grande partie des tâches qu'elle ne pouvait effectuer à l'extérieur du numérique.