On avait décrit Cuetlachquiauhco comme une petite ville discrète. Ce n'était pas loin du compte mais ce n'était pas tout à fait ça. Peuplée d'à peine plus de cent-trente mille âmes, la ville était enclavée entre la jungle et les montagnes, où elle s'étendait fastidieusement, en petits quartiers imbriqués, à l'architectures ancestrale typique de ce que les colonisateurs asiatiques avaient laissés dans la région. Les rues étroites et les maisons de bois entouraient les zones plus modernes, métalliques, apparues au profit de l'important commerce frontalier qui traversait la région depuis qu'on y avait creusé une série de tunnels remplaçant la vieille route de montagne, et d'importants financements communaux visant à établir au sein du sud peu peuplé du Grand Kah une « cité modèle », dont la planification serait issue des meilleurs esprits de l'Union.
Le résultat était convaincant, et la ville continuait depuis une lente mais certaine expansion, profitant de sa réputation paradoxale de pôle économique de lieu calme. De récentes fouilles archéologiques avaient aussi déterrées des curiosités historiques encore mal comprises, parmi lesquelles une structure pouvant prétendre au titre de plus ancienne construction humaine déblayée à ce jour, genre de petit amphithéâtre couvert et orné de sculptures dont la particularité était qu'il précédait, et de quelques millénaires, la date à laquelle on avait théorisé que le genre humain avait commencé à développer des poteries. Ces découvertes avaient ouvert la voie à l'arrivée de nombreux universitaires kah-tanais et étrangers.
En somme Cuetlachquiauhco était le résultat de plusieurs décisions politiques et hasards historique, conjuguant à la fois les avantages indéniables des petites villes historiques, charmantes et agréables à vivre, et des grandes métropoles bien desservies et ancrées dans la modernité de leur époque. La décision d'y inviter les floraliens n'était donc pas innocente.
En l'état deux des huit membres du Comité de Volonté Publique, organe exécutif du gouvernement Kah-tanais, avaient fait le déplacement pour les accueillir. L'immanquable Actée Iccauhtli, une jeune asiatique au visage allongé, air grave, vêtue d'un long manteau gris clair et d'une cravate pourpre, et Edgar Alvaro Maximus de Rivera, son aîné et de loin, cheveux gris coiffés en arrière, air fatigué, habits sobres, sombres. Très grand. Les deux se tenaient sur la piste de l'aéroport où l'on attendait les invités de l'Union. Un groupe de gardes en uniformes de parade se préparait à former une haie d'honneur tandis qu'un orchestre réduit finissait d'accorder ses instruments en préparation du moment où il faudrait jouer l'hymne floralien. A l'écart, des journalistes placés de façon à ce qu'il n'y ait pas de bousculades. Certains prenaient déjà des photos.
Actée maugréait. C'était sa manière à elle de se préparer psychologiquement. Laisser libre cours à sa mauvaise humeur, à son cynisme, une bonne fois pour toutes avant de les faire taire.
– Vingt-quatre et vingt-six ans. Elle secoua la tête. Nous allons avoir affaire à des gosses.
À côté d'elle, celui que l'on surnommait la Raison haussa un sourcil et se racla la gorge.
– Actée. Vous êtes trentenaire.
Elle cligna des yeux et rangea ses mains dans son dos, faisant mine de ne pas comprendre. Elle n'ajouta rien mais laissa tout de même apparaître un petit sourire en coin. Touché. L'autre acquiesça à son tour, satisfait. Comme les floraliens arrivaient, l'orchestre se mit à jouer. Des choristes de l'Université centrale de Cuetlachquiauhco étaient venues renforcer les instrumentistes militaires, récitant dans un phonétique parfait les paroles de l'hymne étranger. La musique s'arrêta au moment où, enfin, les délégués invités faisaient face aux deux membres du Comité. Le citoyen de Rivera les salua d'un signe de tête.
– Nous sommes heureux de vous accueillir sur le sol de notre modeste Union. Tout le comité et moi-même espérons que vous avez fait un bon voyage.
– Et dans le cas contraire... Actée se retourna pour attraper un fourreau que lui tendait un garde protocolaire. Elle le tendit humblement aux représentants étrangers. L'écrin contenait un élégant katana d'argent, sertis de pierres reprenant un motif floral. Nous avons pris toutes les dispositions pour que votre séjour ici soit des plus agréables. Nous avons de nombreuses choses à discuter.
Le résultat était convaincant, et la ville continuait depuis une lente mais certaine expansion, profitant de sa réputation paradoxale de pôle économique de lieu calme. De récentes fouilles archéologiques avaient aussi déterrées des curiosités historiques encore mal comprises, parmi lesquelles une structure pouvant prétendre au titre de plus ancienne construction humaine déblayée à ce jour, genre de petit amphithéâtre couvert et orné de sculptures dont la particularité était qu'il précédait, et de quelques millénaires, la date à laquelle on avait théorisé que le genre humain avait commencé à développer des poteries. Ces découvertes avaient ouvert la voie à l'arrivée de nombreux universitaires kah-tanais et étrangers.
En somme Cuetlachquiauhco était le résultat de plusieurs décisions politiques et hasards historique, conjuguant à la fois les avantages indéniables des petites villes historiques, charmantes et agréables à vivre, et des grandes métropoles bien desservies et ancrées dans la modernité de leur époque. La décision d'y inviter les floraliens n'était donc pas innocente.
En l'état deux des huit membres du Comité de Volonté Publique, organe exécutif du gouvernement Kah-tanais, avaient fait le déplacement pour les accueillir. L'immanquable Actée Iccauhtli, une jeune asiatique au visage allongé, air grave, vêtue d'un long manteau gris clair et d'une cravate pourpre, et Edgar Alvaro Maximus de Rivera, son aîné et de loin, cheveux gris coiffés en arrière, air fatigué, habits sobres, sombres. Très grand. Les deux se tenaient sur la piste de l'aéroport où l'on attendait les invités de l'Union. Un groupe de gardes en uniformes de parade se préparait à former une haie d'honneur tandis qu'un orchestre réduit finissait d'accorder ses instruments en préparation du moment où il faudrait jouer l'hymne floralien. A l'écart, des journalistes placés de façon à ce qu'il n'y ait pas de bousculades. Certains prenaient déjà des photos.
Actée maugréait. C'était sa manière à elle de se préparer psychologiquement. Laisser libre cours à sa mauvaise humeur, à son cynisme, une bonne fois pour toutes avant de les faire taire.
– Vingt-quatre et vingt-six ans. Elle secoua la tête. Nous allons avoir affaire à des gosses.
À côté d'elle, celui que l'on surnommait la Raison haussa un sourcil et se racla la gorge.
– Actée. Vous êtes trentenaire.
Elle cligna des yeux et rangea ses mains dans son dos, faisant mine de ne pas comprendre. Elle n'ajouta rien mais laissa tout de même apparaître un petit sourire en coin. Touché. L'autre acquiesça à son tour, satisfait. Comme les floraliens arrivaient, l'orchestre se mit à jouer. Des choristes de l'Université centrale de Cuetlachquiauhco étaient venues renforcer les instrumentistes militaires, récitant dans un phonétique parfait les paroles de l'hymne étranger. La musique s'arrêta au moment où, enfin, les délégués invités faisaient face aux deux membres du Comité. Le citoyen de Rivera les salua d'un signe de tête.
– Nous sommes heureux de vous accueillir sur le sol de notre modeste Union. Tout le comité et moi-même espérons que vous avez fait un bon voyage.
– Et dans le cas contraire... Actée se retourna pour attraper un fourreau que lui tendait un garde protocolaire. Elle le tendit humblement aux représentants étrangers. L'écrin contenait un élégant katana d'argent, sertis de pierres reprenant un motif floral. Nous avons pris toutes les dispositions pour que votre séjour ici soit des plus agréables. Nous avons de nombreuses choses à discuter.