Depuis quelques temps, le gouvernement fédéral observait d’un œil inquiet la situation en mer du nord, ce n’était un secret pour personne, Novigrad se méfiait comme de la peste des nations septentrionales. Certains experts expliquaient cette attitude par le prisme d’une histoire violente parsemée de conflits eurysiens entre le nord et le sud, l’est et l’ouest, cette violence se retrouvant intériorisée au sein même de la culture novigradienne contemporaine. Néanmoins de cette méfiance traditionnelle était née l’ambition inavouée de Novigrad de se placer comme la forteresse de stabilité au cœur d’une région troublée par l’hostilité. S’ils voulaient réussir à se construire cette image tant espérée, la diplomatie novigradienne allait devoir réussir un tour de force en se constituant des partenaires de choix. C’était donc dans cette optique qu’allait se tenir cette première rencontre entre le Walserreich, une rencontre annonciatrice d’un nouvel espoir la civilisation eurysienne.
Le ministre se tenait fièrement au bout de la haie d’honneur, c’était un exercice qu’il commençait à connaitre jusqu’au bout de ses doigts. Ce petit homme au teint blafard et aux lunettes rondes était en réalité un négociateur charismatique et un polyglotte reconnu, c’était notamment cette dernière qualité qui avait retenue l’attention du Chancelier lorsqu’il avait eu l’occasion de former son gouvernement. Face à lui arrivait finalement le représentant de la Bundesrepublik, le ministre inclina légèrement la tête en sa direction, non seulement en guise de salutations mais aussi pour lui faire comprendre qu’il n’avait pas besoin de s’excuser pour le retard, c’étaient les aléas des calendriers diplomatiques.
« C’est un honneur de vous recevoir, Monsieur Zückerstürm, j’espère que le vol n’a pas été désagréable. N’ayez aucune inquiétude concernant le retard, nous étions préparés à une telle situation et nous avons bien évidemment été prévenus. Monsieur le Chancelier est prêt à vous recevoir directement au Palais Sofia, le siège de notre gouvernement, si vous voulez bien me suivre dans cet hélicoptère, vous aurez la chance de pouvoir apercevoir la splendeur de notre capitale depuis le ciel, en attendant de découvrir le célèbre palais qui fut autrefois le siège de la Grande-Principauté. » Annonça-t-il finalement.
Derrière lui se tenait un hélicoptère de transport appartenant vraisemblablement au gouvernement fédéral, la délégation embarqua rapidement dans l’appareil qui s’envola presque aussitôt en direction du cœur historique de Novigrad C.F. Depuis le ciel, la mégapole de presque treize millions d’habitants semblait gigantesque, la ville fumante et bouillonnante dévoilait toute sa beauté tandis que le soleil matinal rayonnait sur les toits de la cité à l’architecture caractéristique des vieilles puissances eurysiennes. Sur le chemin, Varban, le ministre, n’hésitait pas à faire office de guide touristique, décrivant parfois l’origine des monuments qu’ils apercevaient depuis le ciel.
L’hélicoptère se posa finalement dans le jardin d’une magnifique propriété entourée d’un vaste parc, une aire d’atterrissage ayant été mise à disposition pour les allées et venues des ministres dans ce secteur. Quelques agents de sécurités accueillirent la délégation qu’ils guidèrent à travers le chemin qui longeait la façade nord du palais. L’édifice quant à lui était impressionnant tant par sa splendeur que par sa taille, il était la preuve d’une histoire riche et prospère qu’on devinait aisément. Enfin, la délégation arriva près d’une petite fontaine où des sièges avaient été disposés tout autour afin d’accueillir les invités. C’était là qu’attendait le Chancelier qui trépignait d’excitation, souriant et bienveillant, il s’empressa aussitôt de serrer la main des représentants étrangers. « Bienvenues amis ! Novigrad est fière de recevoir les diplomates de la célèbre Bundesrepublik. Je ne vais pas vous mentir, nous avons beaucoup à discuter mais allez-y prenez vos aises ! » Il pointait du doigt les chaises auxquels étaient accoudés des petites tables rondes où il avait fait disposer des pâtisseries locales et quelques verres de vins.