Posté le : 27 nov. 2021 à 16:02:00
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III. Histoire
a. Histoire Abrégée
L'Empire Ushong est de très loin l'une des plus anciennes nations du Nazum encore existantes dont les us, coutumes et surtout la forme gouvernementale n'ont que très peu évolués depuis la lointaine antiquité. Le Céleste Empire comme il apprécie se nommer se revendique comme le coeur du continent et plus encore du monde, la nation dites au centre de tout, celle qui abrite le Fils du ciel qui par un mandat accordé par les cieux fait régner la loi des immortels et des éternels par delà les nuages au sein des peuples mortels afin de faire prédominer l'harmonie et la prospérité.
Ironiquement, malgré une philosophie et une politique hautement millénariste donnant une large suprématie à la vertu et à la notion d'équilibre, le Céleste Empire a toujours été pendant très longtemps non seulement la nation la plus puissante et influente du Nazum mais plus encore celle disposant d'une propension à s'effondrer pour mieux se reconstruire. En effet, la longue histoire des Ushong peut se résumer à la répétition d'un cycle sempiternel de période d'ordre d'une part suivies par des effondrements passagers provoquant une dislocations à plus ou moins grande échelle de la structure territoriale même de l'Empire qui plusieurs années plus tard se reforme à chaque fois dans sa forme originelle. Toujours est-il que chaque fin de cycle s'est toujours accompagnée de la chute inévitable des dynasties régnantes en place qui furent remplacés encore et encore par celles qui tirèrent leurs épingles du jeu lors des périodes chaotiques, une espèce de darwinisme en quelque sorte qui eut toutefois le mérite d'assurer que le Céleste Empire dispose d'un pouvoir dynamique et fort au fil des siècles tant que ces cycles perduraient, lui évitant une décadence certaine et ce malgré une tendance à la stagnation.
Cependant, toutes les bonnes choses ayant une fin, et le destin réservant bien des surprises, une dynastie arriva en fin de compte à outrepasser contre toutes attentes les dangers et périls qui avaient tant fait chuter de prédécesseurs, il s'agit des Xin du Lon Xang, des seigneurs de guerre originaires d'un peuple guerrier de la région susmentionnée et située au sud-est du Céleste Empire où les plaines fertiles s'entremêlent aux jungles impitoyables et aux mangroves sournoises. Toutefois et contrairement à la croyance commune promulguée par la propagande impériale Ushong, le Clan Xin, car c'était son appellation d'origine, n'était en fin de compte qu'une tribu parmi d'autres en ces temps reculés et avec ses homologues ne cessait de se disputer les terres arables et cultivables bordant les mangroves et les fleuves tant que cela était possible car en effet chaque année des crues indécentes et des pluies diluviennes noyaient lesdites terres sous les eaux, assurant leur fertilité mais dans le même temps rendant leur contrôle passager et d'autant plus crucial afin de nourrir les membres des clans. Pendant plusieurs siècles, cette querelle régionale assura la division des tribus du Lon Xang, et fut aussi il faut le dire largement accentué par des ingérences étrangères, les peuples voisins profitaient en effet bien de ce chaos local en manipulant certains clans pour les employer contre leurs ennemis par procuration ou directement en tant que auxiliaires dans leurs armées ce que bien évidemment les rivaux d'un tel faisaient aussi afin de contrebalancer.
Cette "anarchie" perpétuelle dura jusqu'à ce qu'un jeune chef du Clan Xin manoeuvra autant avec force que Ruse, par voie martiale comme diplomatique, pour défaire les autres clans et les intégrer au sein d'une seule unique structure militaire plus que réellement étatique qui par la suite se retourna immédiatement contre les peuples et royaumes voisins qui durant des décennies avaient usés et abusés des habitants du Lon Xang pour leurs intérêts personnels. Dis comme ceci, cela peut sembler vertueux, mais il ne s'agissait réellement que d'un calcul intéressé visant à user de l'élan "unificateur" associé à un besoin de conquête mis en place à grand renfort de promesses et de galvanisation d'un avenir radieux. De fil en aiguille, de conquête en conquête, les Xin quittèrent leurs mangroves et jungles natales, renversant des royaumes centenaires, soumettant des cités millénaires et marchèrent toujours plus vers le nord jusqu'à finalement atteindre la frontière méridionale de l'Empire Ushong de la Dynastie Wong qui subissait de plein fouet une crise majeure déclenchée par une longue sécheresse ayant provoquée des famines à travers tout l'empire tant et si bien que le peuple et les opportunistes se soulevèrent ça et là pensant que le Fils du Ciel avait perdu le Céleste mandat lui octroyant sa capacité à gouverner.
L'Invasion Xin, qui advint entre autres à l'aube du XIVe siècle, marqua un tournant dans l'histoire Ushong car pour la première fois depuis des centaines d'années, un peuple envahisseur pénétrait sur les terres de l'Empire, mais pire encore, bousculait les armées impériales sur son chemin et faisait tomber les forteresses les unes après les autres. Le fait que les armées Wong soient dispersés afin de tenter de mater les révoltes n'aida point certainement, mais pire encore fut les multiples trahisons des populations et forces armées du Sud qui pour beaucoup se soumirent immédiatement aux envahisseurs afin d'éviter les destructions, mais bien au delà de ça rallièrent aussi ces derniers en les encourageant à renverser la cour impériale en espérant établir leur influence sur la fondation d'un nouvel ordre. Ce qui advint inévitablement lorsque l'armée Impériale de l'est, envoyée à marche forcée en renfort le long des rives du fleuve Yongzu traversant en large le sud du pays, se fit purement et simplement écraser au cours d'une sanglante bataille après que les Xin feintèrent une retraite afin d'attirer l'armée Ushong épuisée par delà les eaux profondes du Yongzu. Ceux qui ne périrent pas par les armes furent impitoyablement piétinés par une charge dévastatrice de la cavalerie Xin pilotée notamment par un assortiment d'éléphants de guerre, ou se noyèrent en essayant de repasser le fleuve. Le triomphe à l'escarmouche de la Yongzu ouvrit non seulement la route de la Capitale de Dangnam, mais mit aussi la moitié de la cour impériale en cavale et ce qui restait d'un semblant d'état major impérial dans le chaos le plus complet, ses têtes les plus éminentes étant tombées sur les berges de la Yongzu.
Quelque semaines plus tard à peine, l'armée Xin entrait dans Dangnam et faisait décapiter le dernier Empereur des Wong, revendiquant le Mandat Céleste et l'Empire des Ushong pour leur chef suprême. Le premier Empereur des Xin, du nom de Jianlong s'employa ainsi en premier lieu à soumettre le reste des provinces impériales Ushong ayant fait sécession et refusés de le reconnaître, un double enjeu en considérant que ces dernières étaient menés par les restes de l'ancienne cour impériale et ce qui restait de la dynastie Wong. Une affaire passagère dans les faits, la pacification de l'Empire et l'affirmation de la nouvellement autorité impériale durèrent une poignée d'années seulement. Pour la première fois depuis des temps immémoriaux, l'Empire Ushong avait à sa tête une dynastie étrangère, mais l'histoire étant capricieuse et aimant l'ironie, celle ci était amenée à ne jamais s'effondrer.
Durant plus de six siècles maintenant, les Xin sont à la tête de l'Empire Ushong, et se sont imposés comme les dignes successeurs des précédentes Dynastie, affirmant l'hégémonie de leur Mandat envers et contre tous d'une part et survivant aux pires crises ayant pu frapper l'Empire dans le même temps. Qu'il s'agisse du choc des cultures lors des premières manigances Eurysiennes, de la fronde de certains tributaires ou encore du déclin progressif de la puissance impériale avec l'évolution des technologies et des moeurs s'opposant à un refus presque maladif du trône du Dragon de s'adapter à ce qu'ils considéraient déjà à l'époque comme un affront à la volonté des cieux, l'Empire tient bon. Même s'il convient d'admettre qu'il n'est plus que l'ombre de ce qu'il fut, les siècles récents n'ont pas été tendre avec les Ushong, et si des concessions ont été faites afin de tenir le cap et de pouvoir s'opposer un tant soit peu aux puissances étrangères ayant dépassées depuis longtemps l'Empire sur le plan technologique, celui ci accuse encore toutefois un retard incroyable que certains considéreraient comme irrattrapable à moins de consentir à des sacrifices et des réformes radicales. Le pays demeure ainsi un ilot de millénarisme et d'archaïsme tiraillé entre ses us et coutumes qui ont toujours prévalus malgré l'adversité et une nécessitée absolue d'évoluer afin de retrouver son prestige et sa grandeur d'antan.
L'histoire récente tend d'ailleurs à prouver que cette dualité et ce tiraillement entre deux modèles est d'autant plus fort, la faiblesse du pouvoir impériale ayant été illustré au cours d'un énième complot étranger ayant mis le feu aux poudres des rancoeurs et des mécontentements au sein de l'Empire, causant un vaste soulèvement au cour de la dernière décennie précédent l'avènement de l'an 2000. Des forces encore inconnues à ce jour ont en effet manoeuvré afin de mettre sur pied une force insurgée armée à l'occidentale qui, profitant de la dispersion des troupes des bannières impériales lancés ça et là dans le pays afin de mater des soulèvement locaux crées de toutes pièces en guise de diversion, atteint en un temps record la capitale de Beiyfon et manqua de peu de prendre la Cité Interdite, le siège du pouvoir impérial. Ce n'est que la dévotion du bon peuple de la cité qui transforma l'ensemble de la capitale en gigantesque site de guérilla urbaine qui sauva le Céleste Empire aux abois de sa chute définitive en gagnant assez de temps pour que la Clique des Wang à la tête de l'Armée de l'étendard écarlate, l'unique force modernisée sous le contrôle du trône du Dragon, puisse se jeter au devant des forces des intrigants, écrasant leur tentative de coup d'état dans le sang et les flammes et prouvant par la même occasion la nécessité absolue d'opérer des changements profonds au sein du pays.