20/06/2013
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Rencontre Spaoya - Jashuria

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Cérémonie du thé à Agartha – 1er juillet 2006


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La cérémonie du thé était l’un des rituels les plus prestigieux de la diplomatie jashurienne, qu’elle ne réservait qu’à des partenaires de haut rang. Il s’agissait principalement d’une cérémonie particulièrement codifiée visant à préparer le thé devant des invités de marque. C’était une pratique courante dans la culture jashurienne que de recevoir les gens avec un cérémoniel ritualisé montrant à quel point la tradition jashurienne s’ancrait dans la répétition de gestes millénaires. Cette pratique n'était pas spécifique aux Jashuriens et se retrouvait aussi au nord et au sud de la Péninsule. Ce concept s'était si bien diffusé au fil des âges qu'il était devenu courant qu'une nation nazumie accueille ses invités avec le thé.

C’était au travers de la répétition des gestes que les traditions perduraient au Jashuria et qu’elles pouvaient se transmettre et évoluer. Non seulement, cela permettait de conserver la mémoire des pratiques culturelles, mais en plus, cela donnait à chaque Jashurien le sentiment d’appartenir à une même continuité générationnelle. Ce que l’on faisait aujourd’hui, nos ancêtres le faisait avant nous et nous ont transmis leurs gestes. Ce n’était qu’au travers de la patiente et lente répétition des gestes que l’on pouvait non seulement espérer les améliorer, mais aussi en saisir le sens caché et la sagesse des anciens.

A ce titre, tout devait être parfait pour recevoir ses invités. L’écrin valait tout autant que le présent. Le Hall des Ambassadeurs possédait ses propres salles de préparation du thé, servant aussi à recevoir les invités. La préparation du thé, quant à elle, visait à sublimer les propriétés de la feuille de thé par des variables savamment maîtrisées : le choix du thé, la méthode d’infusion, le choix de l’eau et enfin, le temps d’infusion. Tout le reste, de la première gorgée à la manière de le boire, relevait d’un cérémoniel complexe que les Jashuriens appréciaient particulièrement expliquer à leurs invités.

Si les Eurysiens préparaient principalement le thé avec de grandes bouilloires et de grosses théières rondes, les Jashuriens infusaient leur thé dans des théières particulières en céramique ou en terre cuite capables de conserver sur leurs parois les tanins du thé, lui conférant une nouvelle texture, plus délicate. Certaines théières allaient même jusqu’à être réservées spécialement pour les thés aux feuilles fragiles, comme le thé jaune ou blanc, afin d’éviter d’en abimer la saveur. En un mot comme en cent, le thé jashurien était un art pris très au sérieux, avec des outils raffinés et adaptés au fil de millénaires de pratiques.

Si cet art pouvait sembler cryptique aux yeux des Eurysiens, il ne fallait pas s’y tromper. Un Jashurien vous préparant du thé selon le cérémoniel traditionnel était un honneur. Cette cérémonie était principalement connue dans le Nazum et respectée par les interlocuteurs internationaux.

La cérémonie du thé de ce jour visait à recevoir les augustes représentants de l’estimée fédération de Spaoya. La salle de réception spéciale donnant sur le jardin zen et un authentique bassin à carpes koï avait été réservée spécialement pour l’occasion. Le beau temps s’était installé à Agartha et la lumière baignait les jardins du Hall des Ambassadeurs en cette belle journée de juin. Les orchidées offertes par le Meijihua fleurissaient à la perfection dans le jardin et étaient savamment entretenues par les jardiniers du Hall des Ambassadeurs. Le Jashuria savait prendre soin de ce qu’on lui confiait et veillait à ce que ses invités, comme ses amis, soient bien traités. Il en allait de même avec les présents qu’on lui apportait.

Les boites de thé avaient été préparées à l’avance. Les Spaoyens auraient le choix du thé et il serait préparé devant eux par une experte, en la personne de la Première Ambassadrice. Il revenait à l’hôte de préparer lui-même la boisson, cela allait de soi. La Première Ambassadrice, en robe traditionnelle, attendait patiemment la délégation spaoyienne avec à ses côtés l’une des jumelles Malwani, qui officierait comme secrétaire de cette rencontre. Lalana Preecha était accompagnée d’Apsara Sirisopa, la ministre du cercle intérieur en charge des grands projets ainsi que de monsieur Bunkit Souvanatong, le ministre de l’écologie. Ce dernier avait insisté pour être présent à la réunion, bien que le ministère de l’écologie soit généralement particulièrement occupé. Apsara Sirisopa, elle, était une habituée du Hall des Ambassadeurs et une collègue que Lalana Preecha estimait. Bunkit Souvanatong était nouveau dans le jeu de la diplomatie, mais l’homme affichait un sérieux inébranlable.

Les invités spaoyens furent conduits avec le plus grand soin vers le salon de thé, où la Première Ambassadrice les attendait. Quand ils pénétrèrent dans l’enceinte du lieu, les Jashuriens les accueillirent chaleureusement.

Lalana Preecha: « Bienvenus à Agartha, chers amis ! C’est un plaisir de vous rencontrer en notre cité d’Agartha ! Je vous présente madame Sirisopa, l’actuelle ministre du Jashuria en charge des grands projets, ainsi que monsieur Souvanatong, l’actuel ministre de l’écologie. Quant à moi, je suis madame Preecha, Première Ambassadrice du Jashuria et votre hôte pour cette rencontre. Installez-vous je vous prie. Nous avons beaucoup à parler, mais avant … du thé. »

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Consciente des origines continentales ancestrales de la population des îles de la fédération de Spaoya, Nohea Alohilani était toujours surprise lors qu’elle voyageait sur le contient. De voir à quel point les cultures avaient divergées entre les continentaux et les insulaires. Très vite, les intérêts des continentaux et des insulaires avaient pris des chemins différents. Le peuple spaoyan, à son origine, avait continué à transmettre les connaissances qu’ils avaient du continent, avant qu’ils partent en exploration sur les flots, mais rapidement, ça n’avait plus été une priorité. Les typhons, le climat, le besoin de se nourrir dans un milieu paradisiaque mais hostile de prime abord avait eu raison de la culture nazumie des ancêtres.

Le vol avait duré une éternité aux yeux de la Première Diplomate qui n’avait pourtant pas cessé de travailler, de s’informer, de se questionner sur les mœurs et coutumes actuelles du Jashuria. Elle avait potassé le sujet plusieurs jours avant le décollage mais elle n’était jamais pleinement satisfaite de ses connaissances. Nohea ne tolérait pas les imperfections, ses imperfections. Dans le coucou Spaoyan qu’elle avait emprunté sur la ligne régulière entre les îles et le continent, la Première Diplomate avait embarquée avec elle un aspirant diplomate répondant au nom de Mohala Kahue. Jeune et fougueux, il avait à cœur de faire un travail empli de justesse et de précision. Il excellait à l’arc traditionnel également, son nom était paru les années précédentes dans la presse Spaoyan pour ses prouesses dans les compétitions de la discipline.

Dans l’avion se trouvait également le ministre de la Préservation de l’Environnement, Tataio Lemaota. Il lui tenait à cœur de ne pas oublier cet aspect important pour les insulaires lors des conversations et négociations avec le Jashuria. D’autres laquais spaoyan complétaient le cortège diplomatique. D’ailleurs, si Nohea portait un tailleur de rigueur, elle avait dans les cheveux la célèbre fleur de Tiaré de Spaoya. Le ministre Lemaota portait également un costume digne de son statut, mais pour célébrer une rencontre pleine de culture, le reste de la délégation portait la tenue traditionnelle des îles, la jupe en tissus raffiné surmontée d’une ceinture de feuille de coco et une brassière aux couleurs de la jupe. La couronne de fleurs était évidemment accrochée au tour du cou de chaque invité. Si les femmes portaient la fleur de tiaré dans les cheveux, les hommes avaient optés pour la couronne de feuille de coco.

L’accueil des jashurien était exemplaire et la Première Diplomate se félicitait d’avoir apporté des présents. La chaleur dans les voix et les indications confirmait Nohea dans sa volonté de s’unir à cette nation. Tant pour la proximité que pour leur attachement aux cultures.


Nohea Alohilani : « C’est un plaisir partagé que d’être accueilli dans un si beau pays. Tout depuis l’atterrissage me comble d’émerveillement et de plaisir, tant par vos paysages que par les attentions de la population à notre égard. »

La Première Diplomate salua respectueusement chaque personne qui lui était présentée et inclina la tête.

Nohea Alohilani : « Madame, Monsieur, c’est un honneur de faire votre connaissance. Madame Preecha, c’est un plaisir de mettre une voix et un visage sur votre nom. Pour ma part, – et l’Ambassadrice spaoyan se tourna vers son cortège – je suis venue en compagnie de mon apprenti diplomate, Mohala Kahue, ainsi que de notre Ministre de la Préservation de l’Environnement. Notre ministre à la Culture, des Arts et des Sports voulait également se joindre à nous, mais malheureusement, son planning ne lui a pas permis de dégager un créneau. Nous ferons sans elle, mais à n’en pas douter, nous échangerons avec elle à l’avenir. Enfin, nous sommes venus partager avec vous un peu de Spaoya et avant de boire le thé, nous souhaiterions vous offrir ces couronnes de fleurs de chez nous. Comme vous pouvez le constater, une autour du cou et l’autre sur la tête.

De plus, pour vous prouver notre volonté d’entretenir des rapports amicaux et sincères, nous avons fabriqué pour vous, Votre Excellence, une parure de bijoux en or de Spaoya, agrémenté d’une perle d’une qualité exceptionnelle, cultivée dans nos récifs. »


Tendant le coffret qu’un jeune spaoyan avait apporté à Nohea, cette dernière sourit à Lalana Preecha.

Nohea Alahilani : « Et maintenant, le thé ! Si vous le souhaitez, nous vous ferons une démonstration de danse traditionnelle d’accueil au Spaoya après avoir dégusté votre thé. »
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L’ambassadrice prit dans ses mains le présent des Spaoyens et leur sourit. C’était en effet un cadeau des plus appréciables. Le collier était de bon goût et présentait un design des plus soignés. Nul doute que son créateur était quelqu’un de talent. La demoiselle admira quelques secondes la perle spaoyenne sertie dans le fermoir d’or. Celle-ci était des plus pures, à l’image des perles que les Spaoyens cultivaient dans le secret de leurs eaux territoriales. Les perles spaoyennes étaient les plus délicates du monde et nombre étaient ceux qui auraient été ravis de pouvoir s’offrir de tels bijoux. Elle reposa le collier dans son écrin et le posa à côté d’elle, non sans avoir correctement remercié ses invités.

Lalana Preecha : « Je vous remercie pour ce présent. Nombreux sont ceux qui sont venus au Jashuria avec des présents, mais peu ont été aussi plaisants que celui-ci. Sachez que ce cadeau est de plus appréciés. »

Elle joignit les mains et présenta les thés proposés à la diplomate, le ministre et son apprentie. Dans diverses boites en bois étaient disposées des feuilles de thé séchées. Elle laissa les diplomates s’accorder sur un thé et commença sa préparation. Après quelques minutes, les feuilles de thé furent correctement infusées et l’ambassadrice le fit servir dans les tasses prévues à cet effet. Rituellement, elle tendit les tasses à ses invités et chacun put enfin déguster le fameux thé préparé par les Jashuriens.

Lorsque tout le monde put savourer quelques gorgées, Lalana Preecha put enfin débuter les négociations avec ses invités. Certes, le rituel du thé était long, mais il permettait à tous de relâcher la tension et de faire en sorte que tout le monde soit à son aise. Comme le voulait la tradition, ce fut l’ambassadrice qui reprit la conversation.

Lalana Preecha : « La pièce me semble un peu petite pour une démonstration de danse traditionnelle … mais cela nous ferait très plaisir de voir votre démonstration plus tard, lorsque nous disposerons d’une pièce plus grande. Je vais demander à nos services de préparer un espace plus agréable.

Ce fut le ministre de l’écologie qui prit les dispositions nécessaires. Après quelques minutes d’absence, il revint s’asseoir avec les diplomates. Un signe de tête fit comprendre à Lalana qu’il s’était chargé de tout. Les services de l'ambassade étaient en train de préparer une salle plus spacieuse que la salle de la cérémonie du thé pour la danse traditionnelle des Spaoyens. Et avec un peu de chance, les autres ambassadeurs présents dans le Hall des Ambassades se joindraient à la représentation.

Lalana Preecha : « Si vous le voulez bien, commençons avec notre ordre du jour. Le but de cette rencontre est d’établir les bases de la coopération entre nos deux Etats, selon les modalités qui conviendront le mieux. La Troisième République du Jashuria se montre très intéressée à l’idée de travailler avec votre nation et d’établir les bases de la coopération afin que nous puissions grandir côte-à-côte. Etant notre invitée, je vous propose de commencer en nous exposants les axes de coopération sur lesquels vous souhaiteriez entamer une coopération. Cela vous convient-il ? »

Il y avait bien entendu de nombreuses pistes de travail, comme la préservation des espaces naturels, les enjeux touristiques ou encore la question du commerce, mais il valait mieux laisser les délégués du Spaoya présenter eux-mêmes leurs demandes. Connaissant un peu les demandes et les problématiques des Spaoyens, le choix de Souvanatong et de Sirisopa pour l'accompagner n'était pas anodin.
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Après avoir dégusté un thé succulent et parfaitement préparé, les diplomates entraient dans le vif du sujet. La danse, se serait pour clore les accords et la Première Diplomate du Spaoya en était ravie. Posant délicatement sa tasse, elle se tourna vers son apprenti pour lui faire un léger sourire d’encouragement, il avait l’air moins détendu que le reste des personnes présentes. A voix basse, elle lui ajouta :

Nohea Alohilani : « Tout se passe bien, tu peux souffler, tu ne vas jamais tenir si tu te stresses comme ça tout le temps. On dirait moi ! Du calme. »

Installée confortablement face à son auditoire, elle put enchainer.

Nohea Alohilani : « La Fédération de Spaoya possède une quantité non négligeable de ressources naturelles relativement atypique pour les régions tempérées. Nous avons donc du stock sur les fruits, principalement, mais nous avons aussi des ressources plus précieuses à échanger, tels que nos perles et de l’or. De même, vous avez des produits que nous ne pouvons cultiver sur nos îles vu leur taille ou notre climat. Nous serions donc intéressés pour un partenariat commercial entre nos deux pays. »

Elle s’arrêta un instant pour lire rapidement ses notes.

Nohea Alohilani : « Egalement, nous serions très intéressés pour un partenariat de formation militaire. Notre marine est performante et votre infanterie l’est également. Dans cette configuration, il serait intéressant que vous envoyiez vos aspirants marins chez nous et que nous vous envoyons nos futurs soldats d’infanterie. De plus, nous pourrions faire des manœuvres communes dans l’océan des Perles. Je pense que nous pourrions associer quelques navires de Fortuna dans nos manœuvres, d’ailleurs, mais là n’est pas la question. »

Nohea s’arrêta et se tourna vers le Ministre de la Préservation de l’Environnement, Tataio Lemaota. D’un signe de tête, elle lui fit signe que c’était son tour d’intervenir. Il prit ses notes, observa l’assemblée et se racla la gorge discrètement.

Tataio Lemaota : « Mesdames, Messieurs, Tataio Lemaota, Ministre de la Préservation de l’Environnement. Pour ma part, je souhaiterais promouvoir la préservation de l’Environnement au sein de la Fédération. Nous avons besoin de remettre à neuf nos stations de traitement des eaux, mais également nos centres de traitements et de revalorisation des déchets. Tant que les travaux ne sont pas terminés ou initiés dans certains secteurs, nous sommes en proie à l’invasion permanente des déchets. Que ce soit les notres ou ceux que nous collectons sur les plages. Une grande campagne de nettoyage du Spaoya va être enclenché mais nous n’avons nulle part pour stocker ce surplus de déchets. Seriez-vous apte à les revaloriser à notre place ? »

Il s’arrêta un instant, laissant à ses interlocuteur le temps de digérer l’impact que pourrait avoir cette nouvelle.

Tataio Lemaota : « Dans la même optique de préservation, nous souhaiterions établir un échange universitaire pour permettre aux jeunes spaoyans qui le voudraient, d’aller étudier au Jashuria. De la même manière, notre Université, bien que limitée dans sa capacité d’accueil est partenaire de l’IROS et je sais que nombre de chercheurs aimeraient intégrer les équipes de recherche et développement. Ce pourrait être une opportunité pour vos étudiants. Une bourse d’étude commune pourrait être mise en place, ce genre de projets, voyez-vous ?

Pour terminer, sur la présentation succinte de nos idées, il pourrait être intéressant d’avoir au sein de votre aviation, une ligne régulière à destination du Spaoya. Evidemment, sans utiliser vos plus gros avions de ligne, qui ne pourraient atterrir sur le territoire, mais, à l’instar de notre aviation civile, des modèles plus petits tels que nos ATR 42. Ce pourrait être une belle opportunité pour vos compagnie aérienne, et la possibilité pour les spaoyans de se déplacer plus facilement.

Qu’en pensez-vous ? Avez-vous des idées précises sur les relations que peuvent entretenir nos nations ? »


Le ministre s’arrêta et sirota son thé nouvellement servi. Il avait tellement d’idées en tête qu’il lui était impossible de tout exposer en une seule fois. Et puis, il fallait l’accord des représentants du Jashuria avant de s’emballer dans tout un tas de projets.
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Les représentants jashuriens prirent le temps d’écouter les propositions du Spaoya. Ces demandes étaient tout à fait convenables pour les Jashuriens. Il n’y avait véritablement rien d’inconvenant à l’ensemble des propositions formulées. C’en était même trop beau pour être vrai ! Un pays avec des demandes raisonnables !? Les Spaoyens étaient décidément des personnes fort bien élevées.

Apsara Sirisopa : « Les produits du Spaoya nous intéressent en effet grandement, qu’il s’agisse d’or, de perles ou de fruits exotiques. Bien entendu, un tel geste appelle une certaine réciprocité et nous pouvons fournir votre pays non seulement en produits agricoles jashuriens tels que du riz, du soja ou du millet et du thé ; mais aussi en produits de haute technologie. Nos industries tertiaires ont pris beaucoup d’avance en matière de développement de microcomposants et peuvent proposer à des prix intéressants des ordinateurs ou tout autres produits de haute-technologie et à forte valeur ajoutée. De manière plus générale, nous pouvons tout à fait convenir de vous fournir à des prix raisonnables ce que le Spaoya ne peut ou ne veut pas produire sur son territoire. La proximité géographie entre nos deux pays fait qu’il sera aisé d’établir une ligne maritime capable de subvenir à vos besoins. Qu’en pensez-vous Lalana ? »

Lalana Preecha : « Cela serait en effet une excellente idée. Nous avons tout à gagner à tisser un partenariat économique de la sorte. »

L’ambassadrice reprit une gorgée de thé et embraya sur la question de la formation militaire.

Lalana Preecha : « Ce n’est pas la première fois qu’un pays nous demande de superviser la formation de ses troupes. Nous avons en ce moment-même des soldats du Plantar en formation dans notre base de Vijaya, au nord du pays. La collaboration de nos corps d’armée sur le plan de la formation nous semble appropriée, d’autant que votre réputation n’est plus à faire en mer. Je prendrai attache avec notre Etat-major et ferait valider le projet par le Cercle Intérieur pour que nous puissions échanger sur cette question. Des marins jashuriens au Spaoya et des soldats de terre spaoyens au Jashuria. J’espère que vos hommes aiment les jungles dame Alohilani, car c’est à peu près tout ce que nous avons ici comme environnement de combat … Ca, et des rizières. »

Une petite blague pour détendre l’atmosphère, qui ne fit malheureusement pas rire le ministre jashurien de l’écologie. L’humour jashurien était … assez particulier. Anurat Souvanatong toussota, signifiant à une Lalana Preecha toute contente de sa blague qu’elle venait de faire un flop.

Anurat Souvanatong : « Concernant les échanges universitaires, nous disposons de conventions partenariales qui pourront, sans aucun doute, convenir. Les universités de notre pays sont friandes de partenariats internationaux et je ne doute pas un seul instant que les départements d’études océanographiques se porteront volontaires pour concevoir avec vous un programme sur mesure. Pour ce qui est des bourses d’études, je laisse ça volontiers aux équipes de recherche et à l’administration universitaire de nos différents campus, qui ont une vision plus claire sur le budget que moi. Mais sur le principe, je n’y vois aucun inconvénient. Sur le principe des lignes aériennes, aucun problème. Nous n’aurons pas l’indélicatesse de faire atterrir des avions qui démoliraient vos installations. Aussi la mise en place d’une ligne régulière nous convient parfaitement. J’y pense soudain, mais il faudrait voir avec Saphir Aicraft où leur projet de développement d’avion solaire en est. Si nous pouvons éviter de polluer les airs du Spaoya et préserver au maximum son patrimoine naturel, autant mettre le paquet sur la recherche et le développement de transports peu polluants. Qu’en pensez-vous ? »
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Tout les spaoyans approuvaient de la tête les remarques des diplomates et ministres jashuriens.

Nohea Alohilani : « Nous voilà parfaitement convaincus quant à vos intentions nous concernant Madame Sirisopa. Le commerce permettra une véritable évolution positive de nos deux nations, tant par les matières premières que par les produits raffinés. Il va sans dire que notre centre de recherche se fera un plaisir d'équiper ses laboratoires de technologie de pointe, mais également les futurs appareils d'observation océanique. De plus, notre volcanisme nous permet aussi de faire tourner pas mal de laboratoires de recherche, tant en vulcanologie qu'en écologie et recherche d’énergie renouvelable. »

Le Ministre de la Préservation de l’Environnement approuvait largement.

Tataio Lemaota : « Je suis parfaitement d'accord et je rebondis sur vos propos concernant la ligne régulière Monsieur Souvanatong. Si Saphir Aircraft construit des avions, Spaoya System travaille sur les énergies renouvelables. Ils ont déjà créé un avion autonome mais il ne transporte pour l'heure que des équipements de recherche. Il n'a pas été produit en test pour le fret ou le transport de personne, mais ça pourrait être une vrai révolution internationale si les deux sociétés mettaient leurs connaissances en commun. Pour le reste, laissons nos doyens d'Université gérer ça entre eux, tant qu'ils appliquent un pourcentage que l'on jugera de convenable. »

Le ministre se tourna vers l'apprenti diplomate.

Tataio Lemaota : « Monsieur Kahue, avez-vous quelque chose à ajouter ? »

Le jeune spaoyan releva soudainement le nez, tous les regards tournés vers lui. Une pointe de stresse s'empara de lui mais s'éclaircissant la voix, il ajouta :

Mohala Kahue : « Hum .. Et bien, nous n'avons pas parlé du riz. Qui a n'en pas douter, ravira les jeunes engagés spaoyans. Ça les changera de l'eau salé et des langoustes. - Il esquissa un sourire, ne sachant si sa remarque serait bien vue. - Néanmoins, il est tout à fait cohérent de former des soldats dans la forêt et dans des conditions les obligeants à repousser leurs limites. Ne les dorlotez pas trop, qu'ils songent à revenir à terme au sein de nos régiments. Pour le reste, il me semble que l'ensemble des représentants du Spaoya seront prêt à signer tous les traités de commerce, d'alliance et tout partenariat que nous leur présenterons conjointement. »

Nohea approuva.

Nohea Alohilani : « Très bien, voilà une réunion qui fait plaisir, nous signerons, évidement et avec plaisir, les documents que nous créerons. Il me semble que c'est l'heure de faire une pause danse avant de sortir nos stylos. Qu'en pensez-vous Votre Excellence Preecha ? »
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Les Jashuriens échangèrent quelques politesses d’usage avec les invités spaoyens avant de les emmener dans la pièce devant servir à la démonstration de danse. Tandis que le cortège se déplaçait dans les couloirs du hall des ambassadeurs, la Première Ambassadrice ne put s’empêcher de deviser avec Nohea Alohilani.

Lalana Preecha : « Je vous remercie encore pour ces perles. Mes collègues sont d’ores-et-déjà en train de préparer les papiers de notre futur accord et … Ah ! Les voilà. »

Un secrétaire de l’ambassade venait de lui tendre une chemise de cuir estampillée avec le sceau de l’ambassade jashurienne. A l’intérieur se trouvait le protocole d’accord entre les Jashuriens et les Spaoyens. Elle parcourut rapidement les différents articles de l’accord tandis que leurs pas les menaient jusqu’à la salle de conférence, transformée pour l’occasion en piste de dance. L’espace, modulable à souhait, était fait spécialement pour ce genre de facéties.

Lalana pria ses invités de prendre place et se positionna juste à côté de dame Alohilani. Tandis que des rafraichissements étaient proposés, la Première Ambassadrice ouvrit la chemise de cuir et présenta discrètement les accords prévisionnels entre le Spaoya et le Jashuria. Un stylo-plume accompagnait les contrats.

PROTOCOLE DE COOPERATION ENTRE LA TROISIEME REPUBLIQUE DU JASHURIA ET LA REPUBLIQUE FEDERATIVE DE SPAOYA


A Agartha, le 1er juillet 2006

En préambule,

Le protocole de coopération entre la Troisième République du Jashuria et la République Fédérative de Spaoya a pour objet la normalisation et l’approfondissement des relations diplomatiques, économiques, culturelles, scientifiques et militaires des deux signataires. Il vise à établir les bases d’une coopération riche et fructueuse, dans un esprit de réciprocité et d’équité.

Il est convenu entre les signataires ce qui suit :

Article 1 : Etablissement d’ambassades
La Troisième République du Jashuria et la République Fédérative de Spaoya acceptent d’ouvrir une ambassade dans les capitales des signataires. Les services diplomatiques seront reçus conformément aux règles de la convention de San Paulo sur les relations diplomatiques normalisées entre deux Etats. Les ambassadeurs ainsi que le personnel diplomatique seront reçus conformément aux lois de la charte de San Paulo et constitueront les représentants et interlocuteurs officiels des pays signataires.

Article 2 : Sur la coopération scientifique
La Troisième République du Jashuria et la République Fédérative de Spaoya acceptent d’établir une coopération scientifique par le biais de programmes universitaires communs. Les universités des pays signataires seront habilitées à concevoir l’architecture de leurs partenariats conjoints et d’établir les conditions de financement. Afin de lancer cette coopération, les deux Etats s’engagent à financer par le biais de bourses les programmes universitaires présentant des opérations de recherche innovantes sur la gestion des fonds marins, la protection de la nature, la préservation de la faune et de la flore marine, le développement des énergies renouvelables et l’impact des activités humaines sur les zones maritimes. Au-delà des rapprochements universitaires, les deux Etats s’engagent à maintenir une coopération scientifique sur les sujets qui pourraient être soumis à l’intérêt commun des pays signataires

Article 3 : Sur la coopération militaire
La Troisième République du Jashuria et la République Fédérative de Spaoya acceptent de coopérer militairement sur la base d’un programme de formation commun entre leurs armées respectives. Par le présent article, la Troisième République du Jashuria s’engage à former les militaires spaoyens dans la catégorie « armée de terre ». Par le présent article, la République Fédérative de Spaoya s’engage à former les militaires jashuriens, dans la catégorie « marine ». Cet accord de formation est susceptible de s’étendre, si besoin à des exercices conjoints dans les eaux jashuriennes et spaoyennes. L’enjeu de ce partenariat militaire est de dresser les bases de la coopération, sans entraver les libertés stratégiques des pays signataires.

Article 4 : Sur le développement économique & la préservation des environnements
La Troisième République du Jashuria et la République Fédérative de Spaoya acceptent de mettre en œuvre une coopération économique rapprochée, s’appuyant sur les spécificités des deux pays signataires. Premièrement, cet article recouvre la création d’une ligne aérienne entre les pays signataires afin de favoriser le tourisme et les économies locales. Deuxièmement, l’accord regroupe les projets visant à la préservation des environnements du Spaoya, notamment par la mise en place d’une collecte et d’une valorisation conjointe des déchets flottant en pleine mer, mais aussi par la création d’une politique conjointe visant à créer des paysages résiliants. Troisièmement, le projet de développement économique vise à normaliser les flux d’échanges de produits entre le Spaoya et le Jashuria, notamment sur les produits alimentaires et les produits de luxe.

Article 5 : Sur les potentiels futurs
La Troisième République du Jashuria et la République Fédérative de Spaoya acceptent de tenir des réunions régulières afin de mettre en œuvre les articles précédents et faire vivre ce partenariat.

L'ambassadrice laissa le document sur la table, afin que les délégués spaoyens puissent le relire et l'annoter avant que le spectacle de danse ne commence.
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Tandis que la musique et les danseurs se faisaient plaisir dans la salle, Nohea Alohilani prit connaissance des documents que lui présentait son homologue. Concentrée sur la lecture, la Première Diplomate avait néanmoins le stylo qui dansait dans ses doigts.

Nohea Alohilani : « Voilà un document plein d'intelligence qui méritera probablement qu'on l'abonde dans l'avenir qui est le notre, Votre Excellence. »

L'ambassadrice sourit sincèrement à Lalana Preecha, les deux nations étaient faites pour s'entendre. Ainsi, le stylo-plume cessa de danser un instant, le temps que Nohea ratifie le protocole.

« Je soussigné, Nohea Alohilani, Première Diplomate de la République Fédérative de Spaoya, accepte les articles présents de ce protocole de coopération entre La Troisième République du Jashuria et la République Fédérative de Spaoya - Le 1er juillet 2006 »

Ensuite, elle tendit le stylo jashurien à sa propriétaire.
Attendant que le traité soit signé par les deux parties, la Première Diplomate observait les spaoyans sur le parquet. Elle sourit de nouveau, fière de sa culture.


Nohea Alohilani : « Si l'envie vous guette, Mme Preecha, je pense que quelques-uns des danseurs se feraient un plaisir de vous faire une initiation. »
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